1.2. Problématique
Selon l'organisation mondiale de la santé, la
dénutrition constitue un sérieux problème de santé
publique dans les milieux carcéraux qui touche aussi bien les pays
développés que les pays en voie de développement (OMS,
2018).
D'après le Rapport du programme européen FOOD
(2015), un (1) détenu sur trois soit plus de 200 millions est
sous-alimenté. Près de 2 détenus sur 3 ne sont pas nourris
avec des aliments qui répondent aux besoins de leur corps et de leur
cerveau. Cela les expose à un risque de faible immunité,
d'accroissement des risques d'infections et, dans de nombreux cas, à un
risque de décès. Il décrit un triple fardeau de la
malnutrition : dénutrition, « faim
cachée » causée par une carence en nutriments
essentiels, en notant qu'au niveau mondial : 149 millions des
détenus souffrent d'un retard de croissance ou sont trop petits pour
leur âge.
La dénutrition joue un rôle dans environ 50 % des
décès de détenus. Ces décès interviennent
principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Dans le même temps, dans ces mêmes pays, 1,2 millions de personnes
sont incarcérées arbitrairement (Black RE et al, 2018).
Selon les statistiques de Médecin sans
frontière/France, la sous-alimentation affecte quelques 800 millions de
personnes dans le monde, tandis que l'obésité affecte plus de 300
millions de personnes, en moyenne, un détenu meurt de dénutrition
toute les 48 heures (MSF/France, 2018).
En revanche au Burundi, cette situation se voit dans toutes
les prisons. Selon un rapport de Health African Prison de 2009, l'état
des lieux observé dans les trois grandes prisons dénonce combien
l'état nutritionnel, la disponibilité en médicament et la
facilité d'accès aux soins de santé occupent une place
importante pour la survie des détenus car à Mpimba environ 36
décès avaient été enregistrés contre 199
à Gitega et 379 à Ngozi (Health African Prison, 2009).
Le rapport de la FAO, indique que la grande majorité
des détenus sous-alimentés du monde vivent dans des pays en
développement où se trouvaient 691 millions de personnes
souffrant chroniquement de la faim. Sept pays rassemblent, à eux seuls,
65% de ces personnes il s'agit de l'Inde, la Chine, la République
démocratique du Congo, le Bangladesh, l'Indonésie, le Pakistan et
l'Éthiopie (FAO, 2008).
La dénutrition de l'enfant contribue à la
morbi-mortalité de ce dernier, par ricochet à une augmentation de
risque de contracter des maladies infectieuses et porter atteinte à son
développement intellectuel, une fois que celui-ci est parvenu à
l'âge adulte. Cette déficience intellectuelle sera
également associée à une diminution de sa capacité
de travail. (Black et al, 2013). Sur les 7,6 millions de décès
qui surviennent chaque année chez l'enfant âgé de moins de
5 ans (UNICEF, 2012), environ 35 % sont dus à des facteurs liés
à la nutrition, et il a été démontré que 4,4
% des décès sont attribuables spécifiquement à
l'émaciation sévère (Black et coll, 2013).
Les visages émaciés et hagards des
détenus dans la plupart des établissements pénitentiaires
en République Démocratique du Congo (RDC) traduisent
aisément leur agonie et les signes patents du sentiment de
désespoir qui les habite. Certains sont déjà
condamnés à des peines privatives de liberté et d'autres
en instance de jugement. En effet, le manque de budget spécifique pour
nourrir les détenus dans la plupart des prisons en RDC a
contribué à la détérioration des conditions de vie
des prisonniers et à des cas de décès enregistrés
ici et là.
La situation la plus alarmante a été
notée à Goma, où 237 prisonniers seraient affamés.
De même, à Mbuji-Mayi, dans la Province du Kasaï Oriental, 12
prisonniers seraient morts de faim en 2015. La Section humanitaire de la MONUC
fait un inventaire de la situation dans plusieurs localités tout en
prenant l'initiative de faire inscrire cette cuisante question à l'ordre
du jour de la réunion hebdomadaire de coordination humanitaire.
Certaines organisations humanitaires, y compris le Programme Alimentaire
Mondial (PAM), font preuve de réticence à une éventuelle
assistance dans ce domaine qui, précisent-elles, est contraire à
leurs mandats respectifs. Cependant, le PAM serait prêt à soutenir
un programme alimentaire pour des personnes en liberté conditionnelle
financé par un bailleur de fonds. La MONUC à travers sa Section
humanitaire s'évertue à trouver un palliatif et à
encourager, dans le même temps, les organisations humanitaires à
explorer les voies d'une solution durable, de concert avec les autorités
congolaises. (Patrice Bogna/Monuc, 2010). Face à tout ce qui
précède, nous nous préoccupons de savoir :
- Quelle est la fréquence de la dénutrition chez
les détenus de la prison centrale de Kamina
- Quelles sont les caractéristiques
sociodémographiques et épidémiologiques des détenus
de la prison centrale de Kamina ?
- Quels sont les déterminants de la dénutrition
chez les détenus de la prison centrale de Kamina ?
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