REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
UNIVERSITE DE KAMINA
B.P. 279
KAMINA
ECOLE DE SANTE PUBLIQUE
DETERMINANTS DE LA DENUTRITION CHEZ LES DETENUS DE LA
PRISON CENTRALE DE KAMINA
(Etude menée à la prison centrale de
Kamina)
PAR : MBUYA DYANDA Robi
Gradué en Santé Publique
Mémoire présenté et
défendu en vue de l'obtention du grade de licencié en
santé publique.
Option : Hospitalière
Novembre 2022
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
UNIVERSITE DE KAMINA
B.P. 279
KAMINA
ECOLE DE SANTE PUBLIQUE
DETERMINANTS DE LA DENUTRITION CHEZ LES DETENUS DE LA
PRISON CENTRALE DE KAMINA
(Etude menée à la prison centrale de
Kamina)
PAR : MBUYA DYANDA Robi
Gradué en Santé Publique
Mémoire présenté et
défendu en vue de l'obtention du grade de licencié en
santé publique.
Option : Hospitalière
Directeur : Professeur Dr Michel KABAMBA NZAJI
*
ANNEE ACADEMIQUE 2021-2022
TABLE DES MATIERES
TABLE DES MATIERES
I
LISTE DES TABLEAUX
III
RESUME
IV
ABREVIATIONS ET ACRONYMES
V
EPIGRAPHE
VI
DEDICACE
VII
AVANT-PROPOS
VIII
0. INTRODUCTION
1
0.1. Etat de la question
1
0.2. Problématique
4
0.3. Objectifs de l'étude
6
0.3.1. Objectifs général
6
0.3.2. Objectifs spécifiques
6
0.4. Justification de l'étude
6
0.5. Hypothèse
6
0.6. Méthodologie
7
0.7. Délimitation du travail
7
0.8. Subdivision du travail
7
Première partie : considérations
théoriques
8
CHAPITRE I. GENERALITES SUR LA DENUTRITION
8
I.1. DEFINITION DES CONCEPTS CLES
8
I.2. NOTIONS SUR LA DENUTRITION
8
I.2.1. LES DIFFERENTES FORMES DE MALNUTRITION
9
II.2.2. APPRÉCIATION DE L'ÉTAT
NUTRITIONNEL
10
II.2.2.1. ANTHROPOMÉTRIE NUTRITIONNELLE
10
II.2.2.1.1. Paramètres
anthropométriques
10
II.2.2.1.2. Indices anthropométriques
11
II.2.2.1.3. Echelles d'expression des indices
12
II.2.2.1.4. Utilisation des normes de
référence
14
II.2.2.2. CLASSIFICATION DE LA
MALNUTRITION/DENUTRITION
14
Tableau I : classification de la
malnutrition/Dénutrition (WHO/NIT/NCD, 2006).
14
Tableau II. Appréciation de l'état
nutritionnel en fonction de l'IMC (WHO/NIT/NCD, 2006).
15
II.2.3. DIAGNOSTIC
15
Deuxième Partie : Considérations
pratiques
17
CHAPITRE II : PRESENTATION DU LIEU DE RECHERCHE
17
II.1. Cadre de l'étude
17
II.2. Aspect administratif
17
II.3. Aspect sanitaire
17
II.4. Aspect géographique
18
CHAPITRE III. APPROCHES METHODOLOGIQUES
19
III .1. MATERIELS UTILISES
19
III .2. METHODE
19
III.2.1. Types d'étude
19
III.2.2. Population d'étude et
échantillon
19
III.2.3. Collecte des données
19
III.2.3.1. Technique de collecte des
données
19
III.2.3.2. Outils de collecte
19
III.2.4. Plan de traitement des données
19
III.2.5. Critères de sélection
20
III.2.6. Variables retenues
20
III.2.7. Considérations éthiques
24
III .2.8. Difficultés
rencontrées
24
CHAPITRE IV. PRESENTATION DES RESULTATS
25
CHAPITRE V. DISCUSSION DES RESULTATS
41
1. CONCLUSION ET SUGGESTIONS
44
2. REFERENCES
46
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I. Répartition des détenus
selon l'état nutritionnel
1
Tableau II. Répartition des détenus
selon l'âge, le sexe, la provenance et la religion.
1
Tableau III. Répartition des détenus
selon le niveau d'instruction, la température, la fréquence de
nettoyage
1
Tableau IV. Répartition des détenus
selon l'utilisation des détergents, l'appréciation de
l'état des latrines et le nombre des repas consommés par
jour
1
Tableau V. Répartition des détenus
selon l'appréciation de la nourriture en quantité, en
qualité et l'accès à l'eau potable.
1
Tableau VI. Répartition des détenus
selon l'utilisation des MILDA dans la cellule, habitude de se laver par jour,
et la possession des vêtements de rechange.
1
Tableau VII. Répartition des détenus
selon le nombre de rechange des vêtements par semaine, le nombre des
visites par mois, et le motif d'incarcération.
1
Tableau VIII. Répartition des détenus
selon le temps passe en détention, le régime de détention,
et la Contraction d'une maladie au cours du derniers mois.
1
Tableau IX. Répartition des détenus
selon le poids, et la taille.
1
Tableau X. Répartition des détenus
selon les sources d'approvisionnement : l'administration pénitentiaire,
l'apport familial et amical, les ONG, les confessions religieuses, et la
cuisine personnelle.
1
IV.2. Analyses bivariées
1
Tableau X I. Relation entre la dénutrition
et l'âge, le sexe, la provenance et le niveau d'instruction.
1
Tableau XII. Relation entre la dénutrition
et l'appréciation des latrines, les Nombres des repas pris par jour, et
l'appréciation sur la nourriture en quantité.
1
Tableau X III. Rélation entre la
dénutrition et l'appréciation de la nourriture en qualité,
l'accès à l'eau potable, Ainsi que l'utilisation des MILD dans
la cellule.
1
Tableau XIV. Rélation entre la
dénutrition et l'habitude de se laver par jour, la possession
échange des vêtements, Ainsi que nombre d'échange des
vêtements par semaine.
1
Tableau XV. Rélation entre la
dénutrition et les nombres des visites par mois, le temps passé
en détention et le régime de détention.
1
Tableau XVI. Rélation entre la
dénutrition et les ressources d'approvisionnement, Administration
pénitentiaire, Apport familial et les ONG
1
Tableau XVII. Rélation entre la
dénutrition et les ressources d'approvisionnement,les confessions
religieuses, les cuisines personnelles et la contraction de la maladie en
prison
1
Analyses multi variées
1
Tableau XVIII. Déterminants de la
dénutrition.
1
RESUME
Introduction : Le présent travail
présente une synthèse des facteurs pouvant influencer
l'état nutritionnel d'un détenu. L'étude a visé
à décrire les caractéristiques sociodémographiques
et épidémiologiques des détenus de la prison centrale de
Kamina ; déterminer la fréquence de la dénutrition
chez les détenus de la prison centrale de Kamina et à
identifier les déterminants de la dénutrition chez les
détenus de la prison centrale de Kamina.
Méthodologie : Cette étude
analytique transversale a été menée auprès de 147
détenus de la prison centrale de Kamina. Les données ont
été collectées par interview structuré face
à face avec les enquêtés à l'aide d'un questionnaire
préalablement pré-testé et paramétré sur
l'outil ODK.
Résultats : Les résultats
de cette étude montrent que la fréquence de la dénutrition
chez les détenus de la prison centrale de Kamina est de 35,4%.La
majorité de détenus soit 51,0% avaient un âge compris entre
18 et 45 ans ; 91,2% étaient du sexe masculin ; 44,9%
étaient protestants et 57,1% avaient un niveau d'étude
secondaire.Les déterminants de la dénutrition chez les
détenus dans notre milieu d'étude sont l'âge =46 ans
(ORa=3,530 ; IC95%= [1,731-7,201] ; pa=0,001) ; la prise d'un
seul repas par jour (ORa=15,195 ; IC95%= [6,363-89,489] ; pa=0,008) ;
l'appréciation sur la nourriture en quantité (insuffisante vs
suffisante) (ORa=4,018 ; IC95%= [1,851-8,723] ; pa=0,000) ainsi
que la contraction d'une maladie en prison (ORa=25,205; IC95%=
[3,408-70,558] ; pa=0,003)
Conclusion : l'étude vient de
mettre en évidence que l'état nutritionnel des détenus
demeure un sérieux problème dans notre communauté. Le
gouvernement, les partenaires sanitaires et tous les décideurs doivent
mettre en place des stratégies et politiques pouvant améliorer la
santé nutritionnelle des personnes vulnérables dont fait partie
les détenus.
Mots clés :
déterminants, dénutrition, détenu, prison centrale
ABREVIATIONS ET ACRONYMES
EDS : Enquête Démographique et de Santé
ET : L'écart-type
FAO: Food and Agriculture organisation.
IMC/Âge: L'Indice de masse corporelle -pour-âge
IMC : Indice de masse corporelle
MILD : Moustiquaire imprégné a longue
durée d'action
MONUC : mission de l'organisation des nations unies en
république démocratique du Congo
ODK : Open data quit
OMS : Organisation mondiale de la sante
ONG: Organisation non gouvernementale
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PB ou PBMH: Périmètre brachial
PBrA: Le Périmètre brachial pour âge
PC :Le Périmètre crânien
PCT: Le pli cutané tricipital
PT: Le Périmètre thoracique
RDC: République Démocratique du Congo
RP/A: L'indice poids/âge
RP/T: L'indice poids pour taille
RP/T: L'indice poids/taille
RT/A: L'indice taille pour âge
SNCC: société nationale de chemin de fer du
Congo
SUS système de santé universel
TB: tuberculose
UNICEF: Fond des nations unies pour l'enfance
VIH: Virus immunodéficience humaine.
EPIGRAPHE
? Manger sucré, manger salé ;
l'essentiel est de veiller à l'équilibre de la bonne nutrition.
Mangeons bien, mangeons sain. ?
Camilo José cela.
DEDICACE
A mes chers parents DYANDA KALAMBA Dieudonné et
LENGE WA UMBA Denise, pour n'avoir pas seulement consenti ma présence
sur cette terre aux prix des maladies ; douleurs et souffrance mais aussi
de m'avoir élevé à l'excellence dont je tire une grande
joie et fierté.
MBUYA DYANDA Robi
AVANT-PROPOS
Nous avons le réel plaisir de nous acquitter d'une
exigence académique consistant à l'élaboration et
défense de travail de fin de cycle sanctionnant la fin de notre
formation du deuxième cycle en santé publique.
La période d'apprentissage était longue ;
exigeante ; épuisante et ennuyeuse ; mais les résultats
qui en découlent permettent le plus vite que possible d'oublier toutes
les longues années des souffrances et des peines qu'on a eu à
faire face, car là où il y a la volonté un chemin se
trace.
Avant toute chose, je rends continuellement un culte
d'adoration à notre DIEU tout puissant pour le souffle de vie qu'il
nous accorde par la grâce. Que mon Dieu soit loué à jamais.
Nous éprouvons nos profondes gratitudes envers le
Professeur Michel KABAMBA NZAJI , directeur du présent travail qui,
malgré ses lourdes et multiples occupations , a acceptée
d'assurer la direction de ce travail de fin de cycle.
Disons, seul on ne peut rien ; donc nos efforts et
compétences n'ont pas suffit pour élaborer ce travail ;
c'est ainsi que nous remercions de tout notre coeur le corps académique
et scientifique de l'école de santé et d'autres facultés
qui nous ont transmis avec dévouement les connaissances scientifiques.
Nous exprimons également nos sincères
remerciements à tous les membres du comité de gestion de
l'université de Kamina en général ; à Monsieur
le Recteur Professeur BANZA LENGE KIKWIKE Paulin en particulier ; au
directeur de l'école de santé publique le chef de travaux NGOY
LUMBULE John, au chef de travaux et aux membres de la direction de
l'école de sante publique pour leurs encadrement.
Nous présentons nos plus profonds remerciements
à nos frères et soeurs : IVON DYANDA,BEN ILUNGA ,PROMESSE
KALAMBA ,RUPHIN DYANDA , GULAIN DYANDA, LUCIEN DYANDA , KANONGE RIGAINE .
Nous pensons à nos camarades et connaissance ;
notamment : KASONGO KYALUPUNGA KEN, FRANCOIS MUKADI, LUCIEN ILUNGA,
ORNELLA MUKANGALA, IVE NDALA , RIGAINE NDALA , HULUMBA MWANA BUTE
Noé, KABEYA MUKOMA Jean, MONGA MULEKA Christ, NYANGE KADIA Jean-louis,
Pour leurs conseils.
Nous pensons également à ma très
chère fiancée NZADI NGOY Mamie, à mon grand frère
ALAIN MUKANGALA et son épouse ILUNGA WAKUNYEMBA MAMITSHOU pour leurs
soutien spirituel et ses conseils qui m'ont donné l'impression de croire
que je n'étais pas seul à Kamina, malgré les multiples
circonstances de la vie.
Que toute personne qui n'a oeuvré pour notre valeur
actuelle dont son nom ne figure pas dans le présent travail sente notre
signe de gratitude et de reconnaissance.
MBUYA DYANDA ROBI
INTRODUCTION
1.1. Etat de la question
La dénutrition est l'état du corps
observé lorsqu'il y a un déséquilibre nutritionnel.
Le corps reçoit, par l'
alimentation,
insuffisamment d'énergie, de protéines et
de nutriments pour bien fonctionner et couvrir ses besoins (OMS,
2016).
Une appréciation de l'état nutritionnel ne se
justifie que lorsqu'elle représente le point de départ d'une
intervention. En d'autres termes, le diagnostic nutritionnel est une
étape nécessaire du processus de planification (BEGHIN et
al, 2008).
Les détenus sont une population particulièrement
vulnérable à la dénutrition, avant même
l'incarcération. Ils sont souvent dans des situations sociales
très précaires, marginalisés, sans revenus et dans un
état de santé fragilisé par la dénutrition
chronique. En plus de tous ces facteurs de stress, leur état de
détention n'est souvent pas conforme aux droits humains (Ashdown J et
al, 2018).
Toute la littérature montre que la dénutrition
est causée par une combinaison de facteurs, faible revenu,
analphabétisme, environnement malsain, services de santé
insuffisants, habitudes alimentaires inadéquates, faible
productivité agricole etc...., et que tous ces facteurs s'influencent
réciproquement, mais de manière différente selon chaque
situation particulière. La dénutrition a de multiples causes, et
sa solution exige que l'on intervienne dans plusieurs secteurs (Hetzel,
2009).
Selon l'association médicale mondiale (2015), les
détenus constituent un groupe à haut risque de
dénutrition. La surpopulation, le confinement prolongé dans un
espace restreint, peu éclairé, mal chauffé et par
conséquent mal ventilé et souvent humide des conditions souvent
associées à l'emprisonnement et contribuent à propager
maladies et mauvaise santé. Lorsque ces facteurs sont conjugués
à une alimentation inadaptée, les prisons constituent un
problème majeur de santé publique.
Selon les récentes études
réalisées par l'organisation mondiale de la santé, les
causes de la dénutrition des prisonniers sont multiples. Les
résultats de l'étude ont indiqué que, les populations
carcérales sont généralement constituées par les
couches les plus pauvres (83,2%) et les plus marginalisées de la
société (81,6%), dont l'état nutritionnel est souvent
précaire ou dégradé dès avant
l'incarcération. Néanmoins, les conditions de détention et
les problèmes découlant de la surpopulation carcérale,
ainsi que les comportements à risque de certains détenus,
contribuent à accroître les taux des morbi-mortalités
nutritionnelles (OMS, 2017).
En Europe, les résultats des quêtes menées
par le programme européen FOOD, stipule que depuis la crise
économique de 2008, le nombre de détenus confrontés
à la dénutrition augmente dans certains pays Europe. En 2013, 40
millions de détenus dans certains pays européen n'avaient pas
accès à un apport énergétique quotidien suffisant
(équivalent à 2 000 calories) (Food, 2015).
Au Brésil, une étude a été
menée pour évaluer l'état nutritionnel des détenus
dans les prisons de l'État de Rio de Janeiro. D'après
l'étude,les détenus sous alimentés étaient jeunes
(âge moyen : 30 ans), pauvres, majoritairement noirs et bruns (70,5%),
avaient peu d'éducation (seulement 1,5% d'entre eux ont un diplôme
d'études supérieures), et étaient en prison depuis plus de
quatre ans. Parmi les problèmes qui affectent indirectement leur
santé nutritionnelle, les auteurs ont soulignés la surpopulation
(68,4%), la violence et les relations de conflit (52,1%),
les problèmes respiratoires, tels que sinusite (55,6%), rhinite
allergique (47%), bronchite chronique (15,6%), tuberculose (4,7%) et autres
(11,9%) ; et les maladies de la peau. Malgré les exigences
légales qui incluent les soins de santé en prison parmi les
obligations du système de santé universel (SUS), les services
sont rares et inefficaces et une cause majeure d'insatisfaction des
détenus (Maria C et Adalgisa P, 2019).
Dans les pays en voie de développement, la
dénutrition est courante dans les prisons et augmente l'incidence de
mortalité dans les milieux carcéraux. En Egypte, selon le
rapport de l'organisation mondiale de la santé, plus de la moitié
des détenus soit 62,8% sont gravement sous-alimentés (OMS,
2020).
Selon une étude menée à Madagascar par
Lantonirina R et al (2019), la proportion de détenus
sous-alimentés était de 38,4 %. L'âge moyen des
détenus dénutris était de 38#177;1,6. Cependant, 59,2% des
détenus dénutris n'avaient pas leurs familles sur place. Les
facteurs liés à la dénutrition des détenus
étaient la prise de deux repas par jour au lieu de trois, apport
énergétique insuffisant, durée d'incarcération de
plus de 10 mois, absence de famille visites et manque d'aide financière
de la famille.
En Afrique du Sud, 34% des détenus hommes et femmes
dans huit prisons étaient touchés par la malnutrition
protéino-énergétique (Abouba, 2010). Selon l'Enquête
Démographique et de Santé (EDS) réalisée entre 2013
et 2014, 56,7% des détenus souffraient de dénutrition (Indice de
Masse Corporelle, IMC inférieur à 18,5 kg/m 2)
(EDS, 2013-2014).
En Guinée, une enquête conduite en 2004 dans la
prison dénommée Maison centrale a montré que 10 à
15 % des détenus souffraient de malnutrition ; chaque mois, sept
détenus y mourraient, soit de malnutrition, soit des suites de maladies
(Human Rights Watch, 2006). Souvent, les prisonniers comptent sur leur famille
et leurs amis pour compléter le régime alimentaire
carcéral (Atabay, 2006).
En République Démocratique du Congo (RDC), les
ONG des droits de l'homme dénoncent la malnutrition dans les prisons.
Les prisons de la RDC sont devenues des mouroirs, d'après les ONG de
défense des droits de l'homme. Les conditions de détention
laissent à désirer. Les prisonniers meurent souvent de faim
à cause de la rupture de stock des aliments. Par ailleurs, la prison
leur offre une nourriture de mauvaise qualité qui met leur santé
et leurs vies en dangers. Cependant, des initiatives sont envisagées
pour lutter contre la faim dans nos prisons (John Bompengo, 2020).
D'après une récente étude menée
dans la prison centrale de Bunia, environ 10% des détenus
présentaient des symptômes de dénutrition
accompagnés de problèmes de digestion et de diarrhées. En
décembre 2006, trois détenus étaient
décédés par suite d'une malnutrition aigüe. Selon les
auteurs, une alimentation pauvre et insuffisante accroît les risques de
contracter une maladie et accélère sa progression. Elle
entraîne également un état de dénutrition (IRIN,
2007).
A Mbuji-Mayi, l'étude menée par Kalonji MP et al
(2018) stipule que la situation nutritionnelle dans les prisons des pays en
développement nécessite une attention particulière et une
évaluation de l'état de santé de la population
carcérale. Selon les résultats des auteurs, l'âge des
détenus dénutris variait entre 18 et 70 ans et la majorité
(88.7%) était de sexe masculin. Au total, 24.0% de détenus
présentaient une malnutrition sévère. Les détenus
qui étaient en état de dénutrition modérée
représentaient 62%. Au cours de l'étude, 75% avaient une
durée de détention au-delà de six mois. les facteurs
associés à la malnutrition sévère chez les
détenus étaient essentiellement : la durée
d'incarcération, l'origine du repas et la présence de TB, VIH
et/ou infections intestinales.
1.2. Problématique
Selon l'organisation mondiale de la santé, la
dénutrition constitue un sérieux problème de santé
publique dans les milieux carcéraux qui touche aussi bien les pays
développés que les pays en voie de développement (OMS,
2018).
D'après le Rapport du programme européen FOOD
(2015), un (1) détenu sur trois soit plus de 200 millions est
sous-alimenté. Près de 2 détenus sur 3 ne sont pas nourris
avec des aliments qui répondent aux besoins de leur corps et de leur
cerveau. Cela les expose à un risque de faible immunité,
d'accroissement des risques d'infections et, dans de nombreux cas, à un
risque de décès. Il décrit un triple fardeau de la
malnutrition : dénutrition, « faim
cachée » causée par une carence en nutriments
essentiels, en notant qu'au niveau mondial : 149 millions des
détenus souffrent d'un retard de croissance ou sont trop petits pour
leur âge.
La dénutrition joue un rôle dans environ 50 % des
décès de détenus. Ces décès interviennent
principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Dans le même temps, dans ces mêmes pays, 1,2 millions de personnes
sont incarcérées arbitrairement (Black RE et al, 2018).
Selon les statistiques de Médecin sans
frontière/France, la sous-alimentation affecte quelques 800 millions de
personnes dans le monde, tandis que l'obésité affecte plus de 300
millions de personnes, en moyenne, un détenu meurt de dénutrition
toute les 48 heures (MSF/France, 2018).
En revanche au Burundi, cette situation se voit dans toutes
les prisons. Selon un rapport de Health African Prison de 2009, l'état
des lieux observé dans les trois grandes prisons dénonce combien
l'état nutritionnel, la disponibilité en médicament et la
facilité d'accès aux soins de santé occupent une place
importante pour la survie des détenus car à Mpimba environ 36
décès avaient été enregistrés contre 199
à Gitega et 379 à Ngozi (Health African Prison, 2009).
Le rapport de la FAO, indique que la grande majorité
des détenus sous-alimentés du monde vivent dans des pays en
développement où se trouvaient 691 millions de personnes
souffrant chroniquement de la faim. Sept pays rassemblent, à eux seuls,
65% de ces personnes il s'agit de l'Inde, la Chine, la République
démocratique du Congo, le Bangladesh, l'Indonésie, le Pakistan et
l'Éthiopie (FAO, 2008).
La dénutrition de l'enfant contribue à la
morbi-mortalité de ce dernier, par ricochet à une augmentation de
risque de contracter des maladies infectieuses et porter atteinte à son
développement intellectuel, une fois que celui-ci est parvenu à
l'âge adulte. Cette déficience intellectuelle sera
également associée à une diminution de sa capacité
de travail. (Black et al, 2013). Sur les 7,6 millions de décès
qui surviennent chaque année chez l'enfant âgé de moins de
5 ans (UNICEF, 2012), environ 35 % sont dus à des facteurs liés
à la nutrition, et il a été démontré que 4,4
% des décès sont attribuables spécifiquement à
l'émaciation sévère (Black et coll, 2013).
Les visages émaciés et hagards des
détenus dans la plupart des établissements pénitentiaires
en République Démocratique du Congo (RDC) traduisent
aisément leur agonie et les signes patents du sentiment de
désespoir qui les habite. Certains sont déjà
condamnés à des peines privatives de liberté et d'autres
en instance de jugement. En effet, le manque de budget spécifique pour
nourrir les détenus dans la plupart des prisons en RDC a
contribué à la détérioration des conditions de vie
des prisonniers et à des cas de décès enregistrés
ici et là.
La situation la plus alarmante a été
notée à Goma, où 237 prisonniers seraient affamés.
De même, à Mbuji-Mayi, dans la Province du Kasaï Oriental, 12
prisonniers seraient morts de faim en 2015. La Section humanitaire de la MONUC
fait un inventaire de la situation dans plusieurs localités tout en
prenant l'initiative de faire inscrire cette cuisante question à l'ordre
du jour de la réunion hebdomadaire de coordination humanitaire.
Certaines organisations humanitaires, y compris le Programme Alimentaire
Mondial (PAM), font preuve de réticence à une éventuelle
assistance dans ce domaine qui, précisent-elles, est contraire à
leurs mandats respectifs. Cependant, le PAM serait prêt à soutenir
un programme alimentaire pour des personnes en liberté conditionnelle
financé par un bailleur de fonds. La MONUC à travers sa Section
humanitaire s'évertue à trouver un palliatif et à
encourager, dans le même temps, les organisations humanitaires à
explorer les voies d'une solution durable, de concert avec les autorités
congolaises. (Patrice Bogna/Monuc, 2010). Face à tout ce qui
précède, nous nous préoccupons de savoir :
- Quelle est la fréquence de la dénutrition chez
les détenus de la prison centrale de Kamina
- Quelles sont les caractéristiques
sociodémographiques et épidémiologiques des détenus
de la prison centrale de Kamina ?
- Quels sont les déterminants de la dénutrition
chez les détenus de la prison centrale de Kamina ?
1.3. Objectifs de l'étude
1.3.1. Objectifs général
L'objectif général de cette étude est de
contribuer à l'amélioration de la santé des détenus
de la province du Haut-Lomami en général et ceux de la prison
centrale de Kamina en particulier.
1.3.2. Objectifs spécifiques
De manière spécifique, cette étude vise
à :
- Décrire les caractéristiques
sociodémographiques et épidémiologiques des détenus
de la prison centrale de Kamina ;
- Déterminer la fréquence de la
dénutrition chez les détenus de la prison centrale de
Kamina ;
- Identifier les déterminants de la dénutrition
chez les détenus de la prison centrale de Kamina.
1.4. Justification de l'étude
Afin de définir des politiques ou de choisir des
interventions appropriées pour combattre ou prévenir la
dénutrition surtout chez les personnes vulnérations, les
décideurs, les planificateurs, les gestionnaires et les nutritionnistes
ont besoin de connaître avec précision, la situation
nutritionnelle considérée et ses facteurs déterminants.
Une appréciation de l'état nutritionnel ne se justifie que
lorsqu'elle représente le point de départ d'une intervention. En
d'autres termes, les études épidémio-nutritiennelles
constituent une étape très nécessaire du processus de
planification. C'est dans ce cadre que s'est inscrite cette étude
traitant de déterminants de la dénutrition chez les
détenus de la prison centrale de Kamina.
1.5. Hypothèse
Hypothèses alternatives (H1) : Il y aura une
association statistiquement significative entre la dénutrition et les
caractéristiques sociodémographiques,
Hypothèses nulle (H0) : Il n'y aura pas de
relation statiquement significative entre la dénutrition et les facteurs
susmentionnés.
1.6. Méthodologie
Il s'agit d'une étude analytiquetransversale
menée auprès des détenus de la prison centrale de Kamina.
Pour collecter les données, nous avons utilisé la technique
d'entretien enrichi par un questionnaire préétabli.
1.7. Délimitation du travail
Ce travail a été réalisé à
la prison centrale de Kamina pendant une période allant de
Février à Octobre 2022.
1.8. Subdivision du travail
Hormis l'introduction, la conclusion et les suggestions, ce
travail s'articule sur deux grandes parties :
Ø La première partie porte sur l'approche
théorique et comprend un seul chapitre dont :
· Les généralités sur la
dénutrition
Ø La seconde partie se penche sur les aspects pratiques
et est composée de quatre chapitres dont :
· La présentation du milieu de recherche ;
· Les approches méthodologiques ;
· La présentation des résultats
· La discussion des résultats.
Première partie :
considérations théoriques
CHAPITRE I. GENERALITES SUR
LA DENUTRITION
I.1. DEFINITION DES CONCEPTS
CLES
- Déterminants : Il s'agit des
facteurs explicatifs, indiquant ou définissant les causes physiques d'un
phénomène donné (Lalande, 2003).
- Dénutrition :La
dénutrition est un état pathologique provoquée par une
inadéquation persistante entre les besoins métaboliques de
l'organisme et les biodisponibilités en énergie et/ou
protéines et/ou micronutriments (EMILIE F., 2000). Selon l'OMS la
dénutrition un état pathologique résultant d'une carence
ou d'un excès, relatif ou absolu, d'un ou plusieurs nutriments
essentiels (OMS, 2015).
- Détenus : Personne faisant
l'objet d'une peine privative de liberté. On distingue les
condamnés, les prévenus et les contraints par corps (Larousse,
2010).
- Prison : c'est un endroit clos
où sont enfermés les personnes condamnées à peine
de privation de liberté ou les prévenus en attente de jugement
(Larousse, 2010).
Selon l'organisation mondiale de la santé, la prison
est une structure destinée à recevoir des détenus. On
distingue : les maisons d'arrêt destinées à recevoir les
prévenus, les maisons de correction destinées à recevoir
les condamnés, les centres pénitentiaires agricoles pour les
condamnés bénéficiant d'un régime de
semi-liberté et les centres de rééducation et de formation
professionnelle pour les jeunes condamnés (OMS, 2015).
I.2. NOTIONS SUR LA
DENUTRITION
Par «malnutrition», on entend les carences, les
excès ou les déséquilibres dans l'apport
énergétique et/ou nutritionnel d'une personne. Ce terme couvre 3
grands groupes d'affections :
· La dénutrition, qui comprend l'émaciation
(faible rapport poids/taille), le retard de croissance (faible rapport
taille/âge) et l'insuffisance pondérale (faible rapport
poids/âge);
· La malnutrition en matière de micronutriments,
qui comprend la carence en micronutriments (manque de vitamines et de
minéraux essentiels) ou l'excès de micronutriments;
· Le surpoids, l'obésité et les maladies
non transmissibles liées à l'alimentation (par exemple, les
cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux, le
diabète et certains cancers) (Bah H et al, 2016).
I.2.1. LES DIFFERENTES FORMES
DE MALNUTRITION
a. La dénutrition
Les personnes souffrant de dénutrition, et les enfants
en particulier, sont beaucoup plus susceptibles de tomber malades et de
mourir.
On qualifie d'«émaciation» un faible rapport
poids/taille. Il est souvent le signe d'une perte de poids récente et
grave due au fait qu'une personne n'a pas ingéré
assez d'aliments et/ou qu'elle a été atteinte d'une maladie
infectieuse, par exemple la diarrhée, qui lui a fait perdre du poids. Un
vieillard souffrant d'émaciation modérée ou
sévère présente un risque accru de décès,
mais cette affection peut être traitée (Bah H et al, 2016).
b. Malnutrition en matière de
micronutriments
On peut regrouper l'insuffisance des apports en vitamines et
en minéraux, à savoir en micronutriments. Les micronutriments
permettent au corps de produire des enzymes, des hormones et d'autres
substances essentielles à une bonne croissance et un bon
développement.
L'iode, la vitamine A et le fer sont les plus importants pour
la santé publique à l'échelle mondiale. Les carences dans
ce domaine représentent une menace majeure pour la santé et le
développement des populations du monde entier, en particulier pour les
enfants et les femmes enceintes dans les pays à revenu faible (Bah H et
al, 2016).
c. Surpoids et obésité
Une personne est en surpoids et/ou obèse lorsque son
poids est trop élevé par rapport à sa taille. Une
accumulation anormale ou excessive de graisse peut avoir des
conséquences néfastes pour la santé. L'indice de masse
corporelle (IMC) met en rapport le poids d'une personne et sa taille, et il est
habituellement utilisé pour déterminer le surpoids et
l'obésité. Il est défini comme le poids en kilogrammes
divisé par la taille en mètres au carré (kg/m2). Chez les
adultes, le surpoids est défini comme un IMC supérieur ou
égal à 25 alors que l'obésité intervient à
partir d'un IMC à 30 (Bah H et al, 2016).
Le surpoids et l'obésité découlent d'un
déséquilibre entre l'énergie consommée
(excès) et l'énergie dépensée (déficit).
Dans le monde entier, les personnes consomment des aliments et des boissons
plus caloriques (à forte teneur en sucre et en graisses) et ont une
activité physique plus réduite (Bah H et al, 2016).
d. Maladies non transmissibles liées à
l'alimentation
Les maladies non transmissibles liées à
l'alimentation comprennent les maladies cardiovasculaires (par exemple les
infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux, qui
ont souvent un lien avec l'hypertension), certains cancers et le
diabète. Une mauvaise alimentation et une mauvaise nutrition font partie
des principaux facteurs de risque pour ces maladies à l'échelle
mondiale (Bah H et al, 2016).
II.2.2. APPRÉCIATION DE
L'ÉTAT NUTRITIONNEL
II.2.2.1. ANTHROPOMÉTRIE
NUTRITIONNELLE
L'étude des dimensions du corps humain est un moyen
simple et relativement accessible pour l'appréciation de l'état
nutritionnel des individus à travers l'établissement
d'indicateurs reposant sur certains paramètres (Cogill Bruce, 2013).
II.2.2.1.1. Paramètres
anthropométriques
e. Le poids
C'est une mesure simple et reproductible, largement
utilisée pour l'anthropométrie nutritionnelle. D'une bonne
précision, son usage en présence d'oedèmes est à
proscrire (Cogill Bruce, 2013).
f. La taille
Elle est fréquemment utilisée mais plus
délicate à mesurer chez les personnesagitées(Cogill Bruce,
2013).
g. Le périmètre brachial
C'est le périmètre mesuré en
centimètres au milieu du bras gauche, le point se trouve entre
l'acromion et le coude. Il a été beaucoup utilisé du fait
de la simplicité de sa mesure dans les dépistages de masse de la
malnutrition. Il a une bonne valeur prédictive du risque de
mortalité (Cogill Bruce, 2013).
h. Autres mesures
Elles sont moins utilisées en pratique :
? Le Périmètre crânien
(PC)
On utilise un ruban métrique métallique ou
plastifié placé sur les bosses du front et de l'occiput, au
niveau du périmètre maximum. On prend la précaution de
relever les cheveux. Son intérêt est limité après 3
ans (Cogill Bruce, 2013).
? Le Périmètre thoracique (PT)
II se prend au niveau des mamelons et, si possible, dans la
position intermédiaire entre inspiration et expiration. Cette mesure ne
présente pas beaucoup d'intérêt en elle-même. Mais,
par son rapport avec le périmètre crânien, elle peut donner
une indication sur l'état de nutrition indépendamment de
l'âge (Cogill Bruce, 2013).
?Le pli cutané tricipital (PCT)
C'est une mesure de la masse grasse de l'organisme. Elle est
très operateur dépendant. Le tissu adipeux sous cutané
représentent 50 % de la masse grasse totale. Cette méthode se
pratique avec une pince à pli cutané ; la reproduction exacte des
plis (localisation, pincement des doigts, pression des mâchoires de la
pince) est assez difficile et nécessite beaucoup d'expérience
(Cogill Bruce, 2013).
II.2.2.1.2. Indices
anthropométriques
Les mesures anthropométriques, souvent
rapportées à l'âge et/ou au sexe permettent le calcul
d'indicateurs nutritionnels variés (Jellife D.B, 2016).
a. L'indice poids/taille (RP/T)
C'est le poids mesuré comparé au poids
idéal correspondant à la taille (ou longueur) du sujet. Un faible
indice poids/taille (< - 2 z-score) indique la présence d'une
malnutrition aiguë aussi appelée émaciation. Le
poids-pourlongueur (chez les enfants de moins de 2 ans) ou le poids-pour-taille
(chez les enfants de plus de 2 ans) permet d'examiner les effets des
changements d'apport alimentaire ou du déficit nutritionnel suite
à une maladie (Jellife D.B, 2016).
b. L'Indice de masse corporelle -pour-âge
(IMC/Âge)
C'est une mesure de l'émaciation ; l'indice de masse
corporelle est le rapport poids (en kg) sur le carré de la longueur
couchée ou de la taille debout (en m2). Il reflète les
stocks de graisse de l'organisme. C'est un indicateur proposé par l'OMS
pour dépister la malnutrition aigüe chez les sujets de plus de cinq
ans (Jellife D.B, 2016).
c. L'indice taille/âge (RT/A)
C'est la taille (ou longueur) mesurée comparée
à la taille (ou longueur) idéale correspondant à
l'âge du sujet. Il est utilisé pour apprécier la croissance
staturale par rapport à l'âge. Quand cet indice est faible (< -
2 z-score), on parle de retard de croissance ou de malnutrition chronique
(Jellife D.B, 2016).
d. L'indice poids/âge (RP/A)
C'est le poids mesuré comparé au poids
idéal correspondant à l'âge. Lorsque cet indice se situe en
dessous de deux écart- types de l'indice moyen de la population de
référence, on dit qu'il s'agit d'une insuffisance
pondérale. Cet indice a pour avantage de refléter à la
fois la sous-alimentation passée (chronique) et/ou présente
(aiguë) (Jellife D.B, 2016).
e. Le Périmètre brachial pour
âge (PBrA)
C'est le périmètre mesuré comparé
au périmètre idéal du bras à l'âge du sujet.
Le PB donne une estimation relativement fiable de la masse musculaire. La
réduction de la masse musculaire est un des mécanismes les plus
frappants d'adaptation à des apports insuffisants en énergie. Il
est signe de malnutrition aiguë (Jellife D.B, 2016).
f. Autres indicateurs
Ils sont peu utilisés par rapport aux
précédents ; on peut citer lerapport Périmètre
Crânien sur périmètre thoracique (PC / PT) et l'indice
PB/PC ou indice brachio-céphalique encore appelé indice de
Kanawati Mc Laren (Jellife D.B, 2016).
II.2.2.1.3. Echelles
d'expression des indices
Les différents indices anthropométriques peuvent
s'exprimer selon des échelles variées.
a. L'écart-type (ET) ou z-score
Le z-score ou unité d'écart type (ET) est
défini comme la différence entre la valeur pour un individu et la
valeur médiane de la population de référence pour le
même âge ou la même taille, divisée par l'écart
type de la population de référence.
L'équation est la suivante :
Le z-score est l'échelle d'expression conseillée
actuellement car l'interprétation des valeurs seuils est la même
pour tous les indices (par exemple il y a toujours 2,3% des individus de la
population de référence en dessous de -2 z-score quel que soit
l'indice) ; par conséquent, la proportion de sujet au-dessus où
en dessous d'un seuil donné se compare plus aisément à la
population de référence (Penal Reform International, 2019).
b. Le pourcentage de la médiane
C'est le ratio, exprimé en tant que pourcentage, d'une
valeur observée chez un individu et la valeur médiane de la
donnée de référence pour le même âge, la
même taille, ou le même sexe.
L'équation est la suivante :
Cette échelle, ne tenant pas compte de la distribution
par rapport à la médiane des valeurs de références,
engendre du même coup une interprétation variable des valeurs
seuils par groupe d'âge ou selon la taille (Penal Reform International,
2019).
c. Le percentile
C'est un chiffre qui correspond à l'une des 100
divisions égales d'une gamme de valeurs. Il mesure l'emplacement
relatif. Par exemple, le 60e percentile signifie que 60% des
valeurs de l'ensemble des données sont inférieures ou
égales à ce chiffre et que 40% (100 - 60) sont plus grandes ou
égales à ce percentile (Penal Reform International, 2019).
II.2.2.1.4. Utilisation des
normes de référence
L'appréciation de l'état nutritionnel d'une
population se fait par comparaison des mesures de celle-ci à celles
d'une population dite de référence. De ce fait, il est
nécessaire que la population de référence soit
représentative de celle étudiée.C'est ainsi que de
nombreuses études réalisées dans nos pays en
développement, aboutissant à des résultats assez distincts
des normes du national center for health statistics (NCHS) établies en
1977, énoncèrent la nécessité d'établir des
références locales ((NCHS, 1977).
L'organisation mondiale de la santé a
développé, en utilisant les données recueillies par une
étude multicentrique au Brésil, au Ghana, en Inde, en
Norvège, à Oman, et aux États-Unis entre 1997 et 2003, de
nouvelles courbes pour évaluer la croissance et le développement
des enfants de la naissance à l'âge de cinq ans en vertu des
conditions environnementales optimales. Ces normes publiées en 2006 et
complétées en 2007 par celles des enfants en âge scolaire
et les adolescents sont destinées à être utilisées
pour évaluer les enfants partout dans le monde, indépendamment de
l'origine ethnique, du statut socioéconomique et du type d'alimentation
(OMS, 2007).
II.2.2.2. CLASSIFICATION DE LA
MALNUTRITION/DENUTRITION
Tableau I : classification
de la malnutrition/Dénutrition (WHO/NIT/NCD, 2006).
Population cible
|
Indicateurs
|
Type de malnutrition
|
Degré de malnutrition
|
Enfant de moins de cinq ans
|
Périmètre
Brachial
(chez les plus de six mois)
|
Dénutrition aigue
|
Absente si PB = 12,5cm
Modérée si 11,5cm= PB< 12,5cm
Sévère si PB < 11,5cm
|
Rapport poids pour taille
|
Dénutrition aigue
|
Absente : z-score de l'indice considéré
est = - 2 ET.
Modérée : z-score de l'indice
considéré =- 3ET et < -2 ET. Sévère:
z-score de
L'indice considéré < - 3
écarttype(ET).
|
Rapport taille pour âge
|
Malnutrition chronique
|
Rapport poids pour âge
|
Insuffisance pondérale
|
Adolescents et adultes
|
Indice de masse corporelle pour âge
|
Dénutrition aiguë
|
Rapport taille pour âge
|
Dénutrition chronique
|
Rapport poids
Pour âge
|
Insuffisance pondérale
|
Tableau II.
Appréciation de l'état nutritionnel en fonction de l'IMC
(WHO/NIT/NCD, 2006).
IMC (kg/m2)
|
Classification
|
<18,5
|
Dénutrition
|
18,5 à 19,9
|
Normal
|
20 à 24,9
|
Surpoids
|
25 à 29,9
|
pré obésité
|
= 30
|
Obésité massive
|
II.2.3.
DIAGNOSTIC
Nous nous intéresserons au diagnostic
anthropométrique. Dans les formes frustres, la dénutrition peut
n'être détectable que par l'anthropométrie qui est
basée sur des mesures telles le périmètre brachial, le
sexe, l'âge, la taille et le poids. A partir de ces mesures, plusieurs
indices reflétant l'état nutritionnel (par comparaison à
une population de référence) sont alors calculés (Penal
Reform International, 2019).
a. L'indice poids pour taille (RP/T)
Il traduit l'état nutritionnel actuel. On parlera
d'émaciation ou de maigreur pour les valeurs inférieures à
80 % de la médiane ou à - 2 z-score.
b. L'indice de masse corporelle rapporté
à l'âge ou indice de Quételet pour âge
(IMC/Âge)
Il a été proposé par l'OMS pour
apprécier l'état nutritionnel actuel des adolescents. On parlera
également d'émaciation pour des valeurs inférieures
à -2 z-score. (Confère annexe 1)
c. L'indice taille pour âge (RT/A)
C'est le reflet de la croissance staturale par rapport
à l'âge. Quand cet indice est inférieur à - 2
z-score, on parle de retard de croissance ou malnutrition chronique.
d. L'indice poids pour âge (RP/A)
Il définit l'insuffisance pondérale s'il est
inférieur à - 2 z-score de la médiane.
e. Périmètre brachial (PB ou PBMH)
Il trouve son intérêt dans les cas où la
mesure des paramètres comme le poids ou la taille avec précision
s'avère difficile (enquêtes rapides dans les situations
d'urgences). Les seuils de 12,5 cm pour la malnutrition aigüe
modérée et 11 cm pour la malnutrition aiguë
sévère ont été longtemps utilisés chez les
enfants de six (6) à cinquante-neuf(59) mois. Cependant il est de plus
en plus délaissé du fait de controverses quant à sa
variabilité selon le sexe et l'âge des enfants (Penal Reform
International, 2019).
Deuxième
Partie : Considérations pratiques
CHAPITRE II : PRESENTATION DU LIEU
DE RECHERCHE
II.1. Cadre de
l'étude
La présente étude s'est déroulée
dans la prison centrale de la ville de Kamina. La prison centrale de Kamina se
localise dans la province du Haut-Lomami qui est l'une de province au contexte
économique précaire. La prison centrale de Kamina est
destinée à accueillir les détenus de 5 territoires que
compte la province du Haut-Lomami à savoir, le territoire de
Malemba-Nkulu, de Kabongo, de Bukama, de Kaniama et de Kamina.
La prison centrale de Kamina comprend les bâtiments de
détention (divisés en quartiers), un parloir, des bâtiments
administratifs (action sociale, garde de sécurité
pénitentiaire), une cuisine, des lieux de cultes, de loisirs (terrain de
sport) et une infirmerie.
II.2. Aspect administratif
La Prison centrale de Kamina dispose :
- D'un directeur qui assure sous l'autorité du chef de
service provincial, la direction de l'établissement à la
tête duquel il est placé. Il est responsable du fonctionnement, de
la sécurité et de la discipline intérieure de
l'établissement, de la mise en oeuvre des méthodes d'observation,
de traitement des détenus et de la formation du personnel. La prison
centrale de Kamina est dotée d'un règlement intérieur qui
fixe notamment l'emploi de temps des détenus, l'horaire des parloirs,
les modalités de visite et de correspondance.
- D'un personnel de sécurité comprenant un chef
d'établissement, un surveillant chef, des surveillants, un intendant ;
et selon le nombre de détenus, un greffier, un greffier économe
assisté d'une aide comptable et d'un secrétaire.
- D'un personnel d'action sociale qui s'occupe des liens des
détenus avec leurs familles mais également des conditions de
détention d'une façon générale (hygiène,
alimentation, santé).
II.3. Aspect sanitaire
Sur le plan sanitaire, la prison centrale de Kamina
obéit au droit des conditions satisfaisantes d'hygiène et de
salubrité ainsi qu'aux soins. À cet effet, elle est pourvue d'une
infirmerie et, du personnel médical et paramédical qui y sont
attachés à temps complet ou partiel par le ministre de la
santé à la demande du ministre de la justice.
II.4. Aspect
géographique
La prison centrale de Kamina est de limitée :
- Au Nord par le Camp police ;
- Au Sud par, l'avenue Camp Kadel ;
- A l'Est par l'avenue Mobutu ;
- A l'Ouest par le Camp SNCC.
CHAPITRE III. APPROCHES
METHODOLOGIQUES
III .1. MATERIELS UTILISES
- Détenus
- Balance
- Mètre ruban
-
Gants en latex
- Thermomètre
III .2. METHODE
III.2.1. Types
d'étude
Il s'agit d'une étude analytique transversale
prospective menée auprès des détenus de la prison centrale
de Kamina.
III.2.2. Population
d'étude et échantillon
Notre population d'étude a été
constituée de détenus de la prison centrale de Kamina
incarcérés pendant notre période d'étude. En vue
d'obtenir un résultat représentatif, nous avons pris tous les
détenus de la prison centrale de Kamina incarcérés de
Février jusqu'au mois d'Octobre 2022. Notre étude s'est
avérée donc exhaustive et a concerné tous les 147
détenus incarcérés au cours de notre période
d'étude.
III.2.3. Collecte des
données
III.2.3.1. Technique de
collecte des données
Pour collecter les données, nous avons utilisé
la technique d'entretien enrichi par un questionnaire
préétabli.
III.2.3.2. Outils de
collecte
- Balance électronique de l'Unicef (SECA 881 U,
numéro série 1881287088138) ; capacité de pesage 150 kg en
divisions de 100g avec une exactitude de +/- 100g.
- Altimètre S 208 (Fazzini srl lot 06.03), pour la
mesure de la taille des adolescents et adultes, graduation 1 cm, taille
maximale 2 m. Il se fixe sur un mur à 2 mètres du sol.
- Gants en latex, source lumineuse, thermomètre,
tensiomètre, eau de javel.
III.2.4. Plan de traitement
des données
Les données ont été recueillies à
l'aide de l'outil ODK, puis téléchargées sous format Excel
avant d'être analysées sur le logiciel SPSS version 23.
Les analyses statistiques descriptives et analytiques ont
été réalisées successivement. Le test de khi-deux
de Pearson nous a permis d'objectiver le degré de signification de la
mesure d'association. Le seuil de signification utilisé était
p<0,05. L'odds ratio et son intervalle de confiance à 95% ont
été calculés pour mesurer la force de l'association entre
les variables aléatoires.
La régression logistique ascendante par la
méthode de pas à pas de Wald a permis de déceler les
déterminants de la dénutrition chez les détenus et
à mesurer la force d'association de chaque déterminant (Odds
ratio ajusté) au seuil de signification p-value ajusté<0,2.
III.2.5. Critères de
sélection
- Critères d'inclusion
Ont été inclus dans cette étude, tous les
détenus de la prison centrale de Kamina qui étaient
présent pendant notre période d'enquête et qui ont
donné leurs consentements libres de participer à l'étude.
- Critères d'exclusion
Ont été exclus de l'étude, tous les
détenus de la prison centrale de Kamina ne répondant pas à
nos critères d'inclusion.
III.2.6. Variables
retenues
a. Variable dépendante :
dénutrition.
b. Variables indépendantes
Variable
|
Définition
opérationnelle
|
Echelle de mesure
|
Age
|
Ou âge révolu : durée de la vie
écoulée depuis la naissance jusqu'au dernier anniversaire. C'est
donc l'âge au dernier anniversaire.
|
Variable quantitative.
Pour l'étude, la variable a été
groupée en 3 modalités :
- <20 ans
- 20-35 ans
- = 36 ans
|
Sexe
|
Le sexe fait référence aux
différences biologiques entre les femmes et les hommes.
|
Variable qualitative dichotomique.
- Féminin, tout sujet ayant des caractéristiques
biologiques liées à la femme
- Masculin, tout sujet ayant des caractéristiques
biologiques liées à l'homme
|
Provenance
|
Il s'agit du lieu de provenance des détenus
|
La variable a été groupée en 2
modalités dont :
Autres lieux, pour les détenus provenant d'autres
villes
Kamina, pour les détenus provenant de la ville de
Kamina
|
Religion
|
Il s'agit ici de la confession religieuse de
l'enquêté
|
Variable Nominale
- Catholique
- Protestante
- Musulmane
- Kimbanguiste
- Sans confession religieuse
|
Niveau d'étude
|
Ici nous avons pris en compte le plus haut niveau
d'études atteint par l'enquêté :
Sans niveau : n'a pas achevé l'école
primaire
Primaire : a achevé l'école primaire
Secondaire : a eu son diplôme d'Etat
Supérieur/ou universitaire : gradué et
plus
|
Nous avons regroupé en variable dichotomique, les
modalités sont devenues alors :
Sans niveau/primaire=non instruit
Secondaire/univ=Instruit
|
Poids
|
C'est la qualité de ce qui est pesant, on peut aussi
le définir comme la masse d'un corps.
|
Variable quantitative continue
- = 52kg
- ?52 kg
|
Taille
|
C'est la dimension en hauteur d'un corps
|
Variable quantitative continue
- = 164 cm
- ?164 cm
|
IMC
|
L'indice de masse corporel ou IMC, en Anglais le bobby mass
index est une grandeur qui permet d'estimer la corpulence de la personne.
|
Variable quantitative continue
|
Nombre de repas pris par jour
|
Il s'agit de nombre des repas consommes par jour
|
Nous avons regroupé en variable dichotomique.
1 repas
2 repas et plus
|
Appréciation de la nourriture quantité
|
C'est la capacité d'apprécier la nourriture
|
Nous avons regroupé en variable dichotomique :
Suffisant
Non suffisant
|
Appréciation de la nourriture en qualité.
|
C'est la capacité d'apprécier la nourriture en
fonction de la qualité.
|
Variable dichotomique
- Bonne
- Mauvaise
|
Usage des MILD
|
Il s'agit de l'utilisation des moustiquaires
imprégné à longue durée d'action
|
Variable dichotomique
Oui
Non
|
Motif d'incarcération
|
Le motif d'incarcération, c'est la raison
d'emprisonnement
|
Variable nominal
- Vol
- Attaque à main armée
- Avortement
- Coup et blessure volontaires
- Coups mortels
- Empoisonnement
- Orpaillage anarchique
- Recel
- Viol
- Abus de confiance
|
Le temps de détention
|
C'est le moment passe sous détention.
|
Variable nominale
- ? 1 année
- = 1 année
|
sources d'approvisionnement alimentaire
|
C'est le moyen par lequel nous recevons notre nourriture.
|
Variable nominale
- Apport familial et amical
- Confessions religieuses
- Les ONG
- Cuisines personnelles
|
Maladie au cours de ce dernier mois
|
C'est la manière de contracter une maladie au mois
dernier.
|
Variable dichotomique
- Oui
- Non
|
Etat nutritionnel
|
C'est le statut nutritionnel de l'enquêté. Cette
variable a été calculée sur base de l'IMC.
|
Variable nominale
- Bon
- Mauvais
|
III.2.7. Considérations
éthiques
Les autorisations des autorités
politico-administratives en général et de la direction
générale de la garde de sécurité
pénitentiaire en particulier ont été obtenues avant la
collecte des données.
Pour des raisons de respect de la personnalité de tous
les participants à cette étude, nous avons gardés
l'anonymat pour renforcer la sécurité et surmonter le doute de la
part de ces derniers. Nous nous sommes donné le devoir d'expliquer
à chaque détenu que les résultats ne serviront qu'à
des fins scientifiques, nous avons reçu leur consentement libre et ils
ont pu répondre volontairement à notre questionnaire.
III .2.8.
Difficultés rencontrées
- Insuffisance des ressources financières et
matérielles (pour la prise des mesures
anthropométriques) ;
- Le respect de l'intimité au cours de l'enquête
a souvent été difficile du fait du manque de locaux
adaptés. Dans certains cas, nous avons dû demander une extraction
individuelle du sujet de sa cellule pour un minimum d'intimité.
CHAPITRE IV. PRESENTATION
DES RESULTATS
IV.1. Analyse tri à
plat
Tableau I.
Répartition des détenus selon l'état nutritionnel
Etat nutritionnel
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Malnutri
|
52
|
35,4
|
Normal
|
95
|
64,6
|
Total
|
147
|
100,0
|
Les résultats de cette étude montrent que sur un
total de 147 détenus ayant constitué notre échantillon, 52
soit 35,4% étaient malnutris.
Tableau II.
Répartition des détenus selon l'âge, le sexe, la provenance
et la religion.
Age
|
Effectifs (n=147)
|
Pourcentage
|
=17 ans
|
6
|
4,1
|
18-45 ans
|
75
|
51,0
|
=46 ans
|
66
|
44,9
|
Sexe
|
|
|
Féminin
|
13
|
8,8
|
Masculin
|
134
|
91,2
|
Provenance
|
|
|
Mettre entre parentheses certaines provenances
65
|
44,2
|
|
Kamina
|
82
|
55,8
|
Religion
|
|
|
Catholique
|
22
|
15,0
|
Musulman
|
8
|
5,4
|
Protestant
|
66
|
44,9
|
Sans confessions religieuse
|
51
|
34,7
|
Il ressort de ce tableau que la majorité de détenus
soit 51,0% avaient un âge compris entre 18 et 45 ans ; 91,2%
étaient du sexe masculin ; 55,8% provenaient de la ville de
Kamina ; 44,9% étaient protestants.
Tableau III.
Répartition des détenus selon le niveau d'instruction, la
température, la fréquence de nettoyage
Niveau d'instruction
|
Effectifs (n=147)
|
Pourcentage
|
Aucun
|
11
|
7,5
|
Primaire
|
32
|
21,8
|
Secondaire
|
84
|
57,1
|
Univ/sup
|
20
|
13,6
|
Température
|
|
|
< 36°C
|
2
|
1,4
|
36°C
|
28
|
19,0
|
> 36°C
|
117
|
79,6
|
Fréquence de nettoyage des cellules par
semaine
|
|
|
= 3 fois
|
138
|
93,9
|
> 3 fois
|
9
|
6,1
|
Le passage en revue de ce tableau indique que la
majorité de nos enquêtés soit 57,1% avaient un niveau
d'étude secondaire ; 79,6% avaient une température
supérieure à 36°C. 93,9% avaient déclaré que
la fréquence du nettoyage des cellules était inférieure ou
égale à 3 fois par semaine.
Tableau IV.
Répartition des détenus selon l'utilisation des
détergents, l'appréciation de l'état des latrines et le
nombre des repas consommés par jour
Utilisation des détergents
|
Effectifs (n=147)
|
Pourcentage
|
Non
|
142
|
96,6
|
Oui
|
5
|
3,4
|
Appréciation sur l'état des
latrines
|
|
|
Y a-t-il combien de latrines a la prison
16
|
10,9
|
|
Mauvaise (insalubre)
|
131
|
89,1
|
Nombre des repas pris par jour
|
|
|
1 repas
|
131
|
89,1
|
2 repas et plus
|
16
|
10,9
|
La lecture de ce tableau nous montre que la majorité de
nos enquêtés soit 96,6% utilisaient le détergent ;
89,1% ont répondu que l'état des latrines était
mauvais et 89,1% prenaient un seul repas par jour.
Tableau V.
Répartition des détenus selon l'appréciation de la
nourriture en quantité, en qualité et l'accès à
l'eau potable.
Appréciation sur la nourriture en
quantité
|
Effectifs (n=147)
|
Pourcentage
|
Insuffisante
|
126
|
85,7
|
Suffisante
|
21
|
14,3
|
Appréciation sur la nourriture en
qualité
|
|
|
Bonne
|
3
|
2,0
|
Mauvaise
|
144
|
98,0
|
Accès à l'eau potable
|
|
|
Mais ces prosonniers sont tous dans les memes locaux, comment
expliquer que 8 n'ont pas acces.
Les résultats de ce tableau nous montrent que 85,7%
détenus ont déclaré que la nourriture en quantité
était insuffisante ; 98,0% ont déclaré que la
nourriture était de mauvaise qualité ; 94,6% avaient
accès à l'eau potable.
Tableau VI.
Répartition des détenus selon l'utilisation des MILDA dans la
cellule, habitude de se laver par jour, et la possession des vêtements de
rechange.
Utilisation des MILDA dans votre cellule
|
Effectifs (n=147)
|
Pourcentage
|
Non
|
89
|
60,5
|
Oui
|
58
|
39,5
|
Habitude de se laver par jour
|
|
|
Ne se lave pas
|
33
|
22,4
|
1 fois
|
113
|
76,9
|
2 fois
|
1
|
0,7
|
Possession des vêtements de rechange
|
|
|
Non
|
102
|
69,4
|
Pourquoi cette variable, qu'elle est sa relation avec la
malnutrition
Le passage en revue de ce tableau nous montre que 60.5% des
détenus utilisaient les MILD ; 76,9 % avaient l'habitude de se
laver une fois par jour ; 69,4% ne possédaient pas les
vêtements de rechange.
Tableau VII.
Répartition des détenus selon le nombre de rechange des
vêtements par semaine, le nombre des visites par mois, et le motif
d'incarcération.
Nombre de rechange des vêtements par
semaine
|
Effectifs (n=147)
|
Pourcentage
|
1 fois par semaine
|
125
|
85,0
|
Pas necessaire
|
|
|
Nombre des visites par mois
|
|
|
? 5 visites
|
116
|
78,9
|
= 5 visites
|
31
|
21,1
|
Motif de l'incarcération
|
|
|
Vol
|
40
|
27,2
|
Attaque à mains armées
|
1
|
0,7
|
Avortement
|
10
|
6,8
|
Coups et blessures volontaires
|
13
|
8,8
|
Coups mortels
|
16
|
10,9
|
Empoisonnement
|
1
|
0,7
|
Orpaillage anarchique
|
4
|
2,7
|
Recel
|
19
|
12,9
|
Viol
|
14
|
9,5
|
Abus de confiance
|
29
|
19,7
|
Ce tableau nous montre que 85 ,0 % des détenus
avaient habitude de s'échanger une fois par semaine ; 78,9%
recevaient moins de 5 visites par mois. Notons encore que les principaux motifs
d'incarcération étaient le vol (27,2%), l'abus de confiance
(19,7%), le recel (12,9%) et le coup mortels (10,9%).
Tableau VIII.
Répartition des détenus selon le temps passe en détention,
le régime de détention, et la Contraction d'une maladie au cours
du dernier mois.
Temps passé en
détention
|
Effectifs (n=147)
|
Pourcentage
|
> 1 année
|
46
|
31,3
|
= 1 année
|
101
|
86,7
|
Régime de détention
|
|
|
Détenus
|
118
|
80,3
|
Prévenus
|
29
|
19,7
|
Contraction d'une maladie au cours du derniers
mois
|
|
|
Non
|
84
|
57,1
|
Oui
|
63
|
42,9
|
Les résultats du tableau ci-haut nous montrent que 86,7%
des détenus ont passé un temps de détention
inférieur ou égal à une année ; 57,1 % n'ont
pas souffert d'une maladie au cours de leur incarcération. Par rapport
au régime de détention, 80,3% étaient des
détenus.
Tableau IX.
Répartition des détenus selon le poids, et la taille.
Poids
|
Effectifs (n=147)
|
Pourcentage
|
= 52 kg
|
78
|
53,1
|
> 52 kg
|
69
|
46,9
|
Taille
|
|
|
= 164 cm
|
74
|
50,3
|
> 164 cm
|
73
|
49,7
|
Il ressort de ce tableau que 53,1% des détenus avaient
un poids inférieur ou égal à 52kg ; 50,3% avaient une
taille inférieure ou égale à 164 cm.
Tableau X.
Répartition des détenus selon les sources d'approvisionnement :
l'administration pénitentiaire, l'apport familial et amical, les ONG,
les confessions religieuses, et la cuisine personnelle.
Sources d'approvisionnement alimentaire
|
Effectifs (n=147)
|
Pourcentage
|
Administration pénitentiaire
|
|
|
Non
|
2
|
1,4
|
Oui
|
145
|
98,6
|
|
|
|
Apport familial et amical
|
|
|
Non
|
50
|
34,0
|
Oui
|
97
|
66,0
|
ONG
|
|
|
Non
|
54
|
36,7
|
Oui
|
93
|
63,3
|
Confession religieuse
|
|
|
Non
|
50
|
34,0
|
Oui
|
97
|
66,0
|
Cuisine personnelle
|
|
|
Non
|
45
|
30,6
|
Oui
|
102
|
69,4
|
Ce tableau nous montre que les principales sources
d'approvisionnement alimentaire étaient l'administration
pénitentiaire (98,6%) ; Apport familial et amical (66,0 %) ;
ONG (63,3%) les confessions religieuses (66,0%) ; et la cuisine personnelle
(69,4%).
IV.2. Analyses
bivariées
Tableau X I. Relation
entre la dénutrition et l'âge, le sexe, la provenance et le niveau
d'instruction.
Paramètres étudiés
|
Etat nutritionnel
|
|
|
Dénutris
|
Normal
|
Age
|
n=52(%)
|
n=95(%)
|
OR [IC95%]
|
P
|
=17 ans
|
2 (33 , 3)
|
4 (66 ,7)
|
1,285 [0,218-7,553]
|
0,78
|
18-45 ans
|
21 (28)
|
54 (72)
|
1
|
|
=46 ans
|
29 (43 ,9)
|
37 (56,1)
|
2,015 [0,945-4,317]
|
0,04
|
Sexe
|
|
|
|
|
Masculin
|
46(34,3)
|
88(65,7)
|
0,610 [0,194-1,921]
|
0,39
|
Féminin
|
6(46,1)
|
7(53,9)
|
|
|
Provenance
|
|
|
|
|
Autres lieux
|
26(40,0)
|
39(40,0)
|
1,568 [0,7381-3,336]
|
0,24
|
Kamina
|
17(29,8)
|
40(70,2)
|
|
|
Instruction
|
|
|
|
|
Non instruits
|
14(33,0)
|
29(67,0)
|
0,838 [0,395-1,779]
|
0,64
|
Instruits
|
38(36,5)
|
66(63,5)
|
|
|
Il ressort de ce tableau qu'il existe une association
statistiquement significative entre la dénutrition et l'âge
supérieur à 35 ans (OR=2,015 [0,945-4,317], p=0,04). Par contre,
une association non significative a été observée entre
l'âge inférieur à 20 ans (OR=1,285 [0,218-7,553],
p=0,78) ; le sexe (OR=0,610 [,194-1,921], p=0,39) ; la non
instruction (OR=0,838 [0,395-1,779], p=0,64) et la dénutrition.
Tableau XII. Relation
entre la dénutrition et l'appréciation des latrines, les Nombres
des repas pris par jour, et l'appréciation sur la nourriture en
quantité.
Paramètres étudiés
|
Etat nutritionnel
|
|
|
Dénutris
|
Normal
|
Appréciation sur l'état des
latrines
|
n=52(%)
|
n=95(%)
|
OR [IC95%]
|
P
|
Mauvaise
|
49(37,4)
|
82(62,6)
|
8,963 [1,148-69,974]
|
0,01
|
Bonne
|
1(6,3)
|
15(93,7)
|
|
|
. Nombre des repas pris par jour
|
|
|
|
|
1 repas
|
50(38,2)
|
81(61,8)
|
4,32 [0,942-18,815]
|
0,04
|
2 repas et plus
|
2(12,5)
|
14(87,5)
|
|
|
Appréciation sur la nourriture en
quantité
|
|
|
|
|
Insuffisante
|
49(39,0)
|
77(61,0)
|
3,76 [1,068-13,646]
|
0,02
|
Suffisante
|
3(14,2)
|
18(85,8)
|
|
|
La lecture de ce tableau indique que la mauvaise
appréciation sur l'état des latrines (OR=8,963 [1,148-69,974],
p=0,01) ; le nombre des repas pris par jour (OR=4,32 [0,942-18,815],
p=0,04) et la mauvaise appréciation sur la nourriture en quantité
(OR=3,76 [1,068-13,646], p=0,02) étaient significativement
associés à la dénutrition chez les détenus.
Tableau X III. Relation
entre la dénutrition et l'appréciation de la nourriture en
qualité, l'accès à l'eau potable, ainsi que l'utilisation
des MILD dans la cellule.
Paramètres étudiés
|
Etat nutritionnel
|
|
|
Dénutris
|
Normal
|
Appréciation sur la nourriture en
qualité
|
n=52(%)
|
n=95(%)
|
OR [IC95%]
|
P
|
Mauvaise
|
51(35,4)
|
93(64,5)
|
1,097 [0,097-12,291]
|
0,94
|
Bonne
|
1(33,3)
|
2(67,7)
|
|
|
Accès à l'eau potable
|
|
|
|
|
Non
|
6(75,0)
|
2(25,0)
|
6,06 [1,177-31,231]
|
0,01
|
Oui
|
46(33 ,0)
|
93(67,0)
|
|
|
. Utilisation des MILDA dans la cellule
|
|
|
|
|
Non
|
36(40 ,0)
|
53(60,0)
|
1,783 [1,873-3,644]
|
0,11
|
Oui
|
16(28,8)
|
42(72,0)
|
|
|
Le passage en revue de ce tableau nous montre qu'il existe une
association statistiquement significative entre la dénutrition et le non
accès à l'eau potable (OR= 6,06[1,177-31,231], p=0,01) ; par
contre, une association non significative a été observée
entre la dénutrition et la mauvaise appréciation de la nourriture
en qualité (OR= 1,097[0,097-12,291] p=0,94) et la non utilisation
des MILD (OR=1,783[1,873-3,644] ; p=0,11).
Tableau XIV. Relation
entre la dénutrition et l'habitude de se laver par jour, la possession
échange des vêtements, Ainsi que nombre d'échange des
vêtements par semaine.
Paramètres étudiés
|
Etat nutritionnel
|
|
|
Dénutris
|
Normal
|
Habitude de se laver par jour
|
n=52(%)
|
n=95(%)
|
OR [IC95%]
|
P
|
Ne se lavent pas
|
13(39,4)
|
20(60,6)
|
1,250 [0,563-2,777]
|
0,58
|
1 fois et plus
|
39(34,2)
|
75(65,8)
|
|
|
Possession des vêtements de rechange
|
|
|
|
|
Non
|
37(36,0)
|
65(64,0)
|
1,138 [0,543-2,385]
|
0,73
|
Oui
|
15(33,3)
|
30(66,7)
|
|
|
Fréquence de rechange des vêtements
|
|
|
|
|
1 fois par semaine
|
41(33,0)
|
84(67,0)
|
0,488 [0,195-1,219]
|
0,12
|
2-3 fois par semaine
|
11(50,0)
|
11(50,0)
|
|
|
Aucune association statistiquement significative n'a
été observée entre la dénutrition et l'habitude de
se laver (OR=1,250[0,563-2,777] p=0,583) ; la possession des
vêtements de rechange (OR=1,138[0,543-2,385] p=0,731) et la
fréquence de rechange des vêtements par semaine
(OR=0,488[0,195-1,219 p=0,120).
Tableau XV. Relation entre
la dénutrition et les nombres des visites par mois, le temps
passé en détention et le régime de détention.
Paramètres étudiés
|
Etat nutritionnel
|
|
|
Dénutris
|
Normal
|
Nombre des visites reçu par
mois
|
n=52(%)
|
n=95(%)
|
OR [IC95%]
|
P
|
? 5 visites
|
41(35,0)
|
75(36,0)
|
0,99 [0,434-2,276]
|
0,98
|
= 5 visites
|
11(35)
|
20(65)
|
|
|
Temps passé en
détention
|
|
|
|
|
> 1 année
|
23(50,0)
|
23(50,0)
|
2,48 [1,207-5,106]
|
0,01
|
= 1 année
|
29(29,0)
|
72(71,0)
|
|
|
Régime de détention
|
|
|
|
|
Détenus
|
50(42)
|
68(52)
|
9,92[2,255-43,695]
|
0,00
|
Prévenus
|
2(7,0)
|
27(93,0)
|
|
|
Il se dégage du tableau ci-haut qu'il existe une
association statistiquement significative entre la dénutrition et le
temps passé en détention OR=2,48[1,207-5,106] p=0,01 ;
régime de détention OR=9,92[2,255-43,695] p=0,00 ; par
contre l'association non significative a était observé entre les
nombres de visites reçu par mois OR=0,99[0,434-2,276] p=0,98.
Tableau XVI. Relation
entre la dénutrition et les ressources d'approvisionnement,
Administration pénitentiaire, Apport familial et les ONG
Sources d'approvisionnement
alimentaire
|
Etat nutritionnel
|
|
|
Dénutris
|
Normal
|
Administration pénitentiaire
|
n=52(%)
|
n=95(%)
|
OR [IC95%]
|
P
|
Non
|
1(50,0)
|
1(50,0)
|
1,843 [0,112-30,090]
|
0,66
|
Oui
|
51(36)
|
94(64)
|
|
|
Apport familial et amical
|
|
|
|
|
Non
|
26(52,0)
|
24(48,0)
|
2,958 [1,449-6,041]
|
0,00
|
Oui
|
26(27,0)
|
71(73,0)
|
|
|
ONG
|
|
|
|
|
Non
|
29(54,0)
|
25(46)
|
3,530 [1,731-7,201]
|
0,00
|
Veux tu me dire qu'il y a des prisonniers qui ne recoivent rien
par l'ONG
Les résultats de ce tableau montre qu'il existe une
association significative entre la dénutrition et l'approvisionnement
alimentaire non familial et amical OR=2,958[1,449-6,041] p=0,002 ; ONG
OR=3,530[1,731-7,201] p=0,000 ; par contre, une association non
significative a été observée entre la dénutrition
est le non approvisionnement alimentaire par l'administration
pénitentiaire OR=1,553[1,377-1,752] p=0,458.
Tableau XVII. Relation
entre la dénutrition et les ressources d'approvisionnement, les
confessions religieuses, les cuisines personnelles et la contraction de la
maladie en prison
Sources d'approvisionnement
alimentaire
|
Etat nutritionnel
|
|
|
Dénutris
|
Normal
|
Confession religieuse
|
n=52(%)
|
n=95(%)
|
OR [IC95%]
|
P
|
Non
|
26(52)
|
24(48)
|
2,958 [1,449-6,041]
|
0,00
|
Pas necessaire
|
|
|
|
|
Cuisine personnelle
|
|
|
|
|
Non
|
24(53,3)
|
21(46,7)
|
3,020 [1,456-6,264]
|
0,00
|
Oui
|
28(27,5)
|
74(72,2)
|
|
|
Contraction d'une maladie en prison
|
|
|
|
|
Oui
|
32(51,0)
|
31(49,0)
|
3,30 [1,633-6,680]
|
0,00
|
Non
|
20(24,0)
|
64(76 ,0)
|
|
|
Une association statistiquement significative était
retrouvé entre la dénutrition et le non approvisionnement
alimentaire par les confessions religieuses OR=2,958[1,449-6,041]
p=0,002 ; cuisine personnel OR=3,020[1,456-6,264] p=0,002 ainsi que
la contraction d'une maladie infectieuse en prison OR=3,020[1,633-6,680].
Analyses multi
variées
Tableau XVIII.
Déterminants de la dénutrition.
Déterminants de la dénutrition
|
B
|
E.S.
|
Wald
|
pa
|
Exp(B)
|
IC pour Exp(B) 95,0%
|
Inférieur
|
Supérieur
|
Age =46 ans
|
1,261
|
0,364
|
12,032
|
0,001
|
3,530
|
1,731
|
7,201
|
Nombre des repas pris par jour (1 vs 2 repas
|
1,162
|
0,435
|
7,142
|
0,008
|
15,195
|
6,363
|
89,489
|
Appréciation sur la nourriture en quantité
(insuffisante vs suffisante)
|
1,391
|
0,395
|
12,370
|
0,000
|
4,018
|
1,851
|
8,723
|
Contraction d'une maladie en prison (Oui vs
non)
|
1,186
|
0,552
|
,114
|
0,003
|
25,205
|
3,408
|
70,558
|
Constante
|
-,813
|
0,416
|
3,827
|
0,050
|
0,443
|
|
|
Légende : B : coefficient de
régression ; E.S : erreur standard du
coefficient de régression ; Wald : test de
Wald ; pa : p-valeur ajustée ;
Exp(B) : Odds Ratio ajusté, IC pour
Exp(B) : Intervalle de confiance de Exp(B).
Les déterminants de la dénutrition chez les
détenus dans notre milieu d'étude sont l'âge =46 ans
(ORa=3,530 ; IC95%= [1,731-7,201] ; pa=0,001) ; la prise d'un
seul repas par jour (ORa=15,195 ; IC95%= [6,363-89,489] ; pa=0,008) ;
l'appréciation sur la nourriture en quantité (insuffisante vs
suffisante) (ORa=4,018 ; IC95%= [1,851-8,723] ; pa=0,000) ainsi
que la contraction d'une maladie en prison (ORa=25,205; IC95%=
[3,408-70,558] ; pa=0,003)
CHAPITRE V. DISCUSSION DES
RESULTATS
Les résultats de cette étude montrent que sur un
total de 147 détenus ayant constitué notre échantillon, 52
soit 35,4% étaient malnutris. Nos résultats se rapprochent
à ceux de l'ONG « Terre des hommes-lausanne »
(à Conakry) qui rapportait, chez les détenus, la proportion de la
dénutrition de 36,2% (ONG Terre des hommes, 2011). Nos résultats
sont supérieurs de ceux de la MONUSCO qui avait noté une
fréquence de 23,75% des détentions à la MAC de Mbuji-Mayi.
Le contexte sociopolitique et économique peut contribuer à
expliquer ces différences. En effet, le contexte sociopolitique est plus
difficile à Kamina.
L'étude a indiqué une prédominance des
détenus dans la tranche d'âge comprise entre 19 et 45 ans (78,2%).
Les résultats relatifs à l'âge pourraient traduire une
délinquance accrue, ou une justice plus sévère, avec
l'augmentation de l'âge. En effet, en 2017 en France, 54,8%, 41,1% et
2,4% des détenus condamnés étaient âgés
respectivement de plus de 20 ans (Razafindranovono Tiaray, 2017). Il convient
de noter toutefois que l'âge de la responsabilité pénale en
République Démocratique du Congo est de 18 ans et plus. Ce qui
justifie la faible représentativité des mineurs (7,6%) dans notre
échantillon.
Les résultats de cette étude montrent
également une prédominance masculine (91,2%) parmi les
détenus de la prison centrale de Kamina. Nos résultats sont
semblables à ceux de Bado au Burkina qui notait une prédominance
des hommes dans les milieux carcéraux (92,5%). Même constat pour
Brisset qui notait en France que les garçons représentaient
environ 96% de personnes en détention (Brisset C., 2014). Cette
prédominance masculine a été également
rapportée par Walmsley R (2006), qui notait que le sexe féminin
contribue seulement pour 2 à 9 % de la population carcérale
mondiale. A cet effet, Combessie P (2011) affirmait que « la variable
sociologique la plus discriminante en matière de criminalité est
assurément le sexe ». Cliveti M, membre de la commission des
questions sociales, de la santé et de la famille de l'assemblée
européenne disait ceci : « le fossé entre les sexes est sans
doute l'un des aspects les plus remarquables de la criminalité. En
général, le crime est l'apanage des hommes, si bien qu'en
survolant l'histoire des femmes en prison, l'on retrouve les mêmes
inégalités » (Conseil de l'Europe, 2008). Dans nos
sociétés les hommes sont plus exposés aux comportements
délinquants car plus prompts à se retrouver dans la rue où
l'influence des autres est déterminante. En effet, comme le disait
Kvaraceus W, là où sévît la délinquance on
retrouve des `bandes de jeunes' qui se recrutent habituellement parmi les
adolescents instables, sans attaches et sans emploi, qui se retrouvent le plus
souvent dans la rue (Kvaraceus William C, 2014). Or, les filles
s'intègrent moins dans cette culture parce que, dans les
catégories populaires concernées, elles reçoivent la
charge d'aider leurs mères dans les tâches
ménagères, et sont donc moins tournées vers
l'extérieur.
Au regard de cette étude, nous disons que le risque de
dénutrition augmentait avec l'âge, il était très
élevé chez les détenus qui avaient plus de 35 ans. Au
regard de nos résultats, nous pouvons dire que le risque de
dénutrition augmente avec l'âge. Plusieurs auteurs ont
tenté d'expliquer ce phénomène à l'instar de Martin
A et al (2011) qui stipulent que dans le vieillissement normal, des
modifications de l'organisme favorisent la survenue de la dénutrition.
L'avancée dans l'âge peut s'accompagner de troubles de
l'appétit pouvant conduire à une consommation alimentaire
insuffisante. Selon Dinkins et al (2019) on observe chez les personnes
âgées des modifications du métabolisme protéique
conduisant à une diminution progressive de la masse maigre au profit de
la masse grasse. Ce mécanisme appelé sarcopénie conduit
à la dénutrition chez la personne âge de 40 ans et plus
surtout en état de détresse.
Nous avons noté une association significative entre la
prise de moins de deux (2) repas par jour ; la mauvaise
appréciation sur la nourriture en quantité et la
dénutrition chez les détenus. Une étude menée au
Bénin par Sinnaeve O, et al (2016) avait mis en évidence
l'association significative entre la dénutrition et le défaut
quantitatif de la ration alimentaire de 24 dernières heures. Ceci
peut s'expliquer par le fait qu'une bonne alimentation doit respecter quelques
conditions dont une bonne qualité, une quantité suffisante et une
fréquence de prise des repas acceptable.
Dans notre série statistique, une association
statistiquement significative a été trouvée entre la
dénutrition et le non accès à l'eau potable. Selon
Alassane Traore (2018), si la dénutrition ou la sous-nutrition ne peut
être considérée comme une maladie hydrique au sens propre,
on estime qu'elle est associée dans 50% des cas à des
diarrhées, elles-mêmes provoquées par l'ingestion d'eau
insalubre et de mauvaises pratiques d'hygiène. Cette
théorique peut expliquer ma relation trouvée dans notre
étude entre la dénutrition et le non accès à l'eau
potable. Certaines études ont obtenu des résultats similaires.
Une étude Egyptienne menée par Mohamed-Hussein AA et al
(2021) a montré également une relation entre la
dénutrition et le non accès à l'eau potable. Une autre
étude réalisée aux États-Unis a pour sa part
décelée que le risque de dénutrition était
très élevé chez les détenus qui n'avaient pas
accès à l'eau potable.
Signalons que dans cette étude, la durée
d'incarcération supérieure à une année augmentait
2,48 fois le risque de dénutrition chez les détenus. Ces
résultats rejoignent ceux d'autres auteurs qui ont constaté un
lien significatif entre la durée du séjour en prison et
l'accroissement du risque de la dénutrition. Dinkins et al (2019) ont
montré par exemple que dans les prisons d'Haïti, les détenus
bien nouris à leur arrivée en prison présentaient un
risque deux fois plus élevé de développer la malnutrition
après un an de détention. De même, selon Aerts et al (2020)
au Gabon, les prisonniers incarcérés pendant au moins deux ans
seraient plus à risque de développer la malnutrition que ceux qui
avaient été détenus pendant moins d'un an.
La relation entre la dénutrition et la contraction
d'une maladie infectieuse en prison OR=3,020[1,633-6,680] paraît
controversée. La relation entre ces deux pathologies est sujette
à des nombreuses controverses : certains auteurs avaient
trouvé que la dénutrition favoriserait les maladies infectieuses
(Unicef, 2010) alors que d'autres soutiennent que ces sont les maladies
infectieuses qui entraineraient la dénutrition (OMS, 2008), là
où les autres pensent, enfin, qu'il n'existerait aucune relation
statistiquement prouvée (Verhoef H et al., 2012). Dans le cadre de nos
résultats, cette relation s'expliquerait par le fait que les infections,
surtout si elles s'accompagnent de fièvre, entraînent souvent une
perte d'appétit et donc une diminution de la ration alimentaire.
Certaines maladies infectieuses provoquent généralement des
vomissements, ce qui revient au même. En effet, des nombreux auteurs
stipulent que la synergie entre malnutrition et maladies infectieuses est
maintenant reconnue et a été prouvée par les
expérimentations sur les animaux. La présence simultanée
de la malnutrition et de l'infection a des conséquences plus
sérieuses pour l'hôte que si les deux fonctionnent
séparément. Les infections aggravent la malnutrition et une
mauvaise nutrition accentue la gravité des maladies infectieuses. Le
nombre d'infections virales, bactériennes et parasitaires tend à
augmenter et chaque type d'infection peut avoir des répercussions
négatives sur l'état nutritionnel des enfants et des adultes. Une
situation similaire existait en Amérique du Nord et en Europe entre 1900
et 1925 ; les maladies infectieuses courantes ont eu un impact sur la nutrition
et ont entraîné des taux élevés de mortalité.
CONCLUSION ET
SUGGESTIONS
Il s'agit de l'une des premières études
nutritionnelles menées dans les milieux carcéraux de la province
du Haut-Lomami pour déterminer la fréquence de la malnutrition et
identifier les facteurs pouvant y être associés.
Cette étude transversale analytique a été
menée auprès des détenus de la prison centrale de Kamina.
Les données ont été collectées par interview
structuré face à face avec les enquêtés à
l'aide d'un questionnaire préalablement pré-testé et
paramétré sur l'outil ODK.
Les résultats de cette étude montrent que sur un
total de 147 détenus ayant constitué notre échantillon, 52
soit 35,4% étaient malnutris. Les déterminants de la
dénutrition chez les détenus dans notre milieu d'étude
sont l'âge =46 ans (ORa=3,530 ; IC95%= [1,731-7,201] ;
pa=0,001) ; la prise d'un seul repas par jour (ORa=15,195 ; IC95%=
[6,363-89,489] ; pa=0,008) ; l'appréciation sur la nourriture
en quantité (insuffisante vs suffisante) (ORa=4,018 ; IC95%=
[1,851-8,723] ; pa=0,000) ainsi que la contraction d'une maladie en
prison (ORa=25,205; IC95%= [3,408-70,558] ; pa=0,003)
Eu égard à ce qui précède, nous
suggérons ce qui suit :
· Au gouvernement :
- Approvisionner les établissements
pénitentiaires en nourriture en quantité suffisante et en bonne
qualité ;
- Mettre en place dans toutes les prisons une équipe
médicale pour la prise en charge d'épisode maladie au cours de
l'incarcération.
- De rendre l'école obligatoire et gratuite
jusqu'à l'âge de 16 ans.
· Au Ministre de la justice
- Apporter une assistance juridique aux détenus de
toutes les prisons de la République Démocratique du Congo en
évitant les tracasseries et autres violations des droits de l'homme.
- Veillez à la séparation des mineurs d'avec les
adultes à travers la construction des quartiers dans les maisons
d'arrêt qui n'en disposent pas.
· À la direction générale de
la politique criminelle et du sceau
- Veillez à l'effectivité d'une visite
médicale d'entrée des détenus et à la
continuité des soins dans les maisons d'arrêt.
- Travailler à l'amélioration de
l'hygiène, de l'alimentation et des soins de santé en tenant
compte des besoins spécifiques des détenus.
- Valoriser en milieu carcéral les pratiques
éducatives telles que la maçonnerie, l'ajustage, la coupe et
couture, l'agriculture et autres formations pouvant aider les détenus
pour sa survie pendant, même après son incarcération.
· Au Ministre de la santé
- Avoir un regard sur les activités sanitaires et
nutritionnelles menées dans les prisons (supervision).
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