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III. II. Les impacts de la privatisation des terres sur
la gestion des ressources naturelles dans la zone d'étude
Les personnes nanties ou agrobusiness men achètent la
terre pour rechercher du profit. Cette envie de faire fortune cause pour la
plupart des cas des dommages au milieu. Ainsi, les impacts de la privatisation
des terres dans ce milieu sont divers. Dans cette étude, nous avons
retenu les aspects écologiques et socio-économiques.
III. II. 1. Les aspects écologiques
Dans ce paragraphe, il s'agit d'étudier la perception
des populations sur trois types de gestions des ressources naturelles, à
savoir la gestion par les populations locales, celle des agro-business men ou
nouveaux acquéreurs et la gestion durable des terres dans ce milieu.
III. II. 1. 1. La gestion paysanne des ressources
naturelles
La dégradation des ressources naturelles (RN) est une
réalité dans notre zone d'étude. En effet, dans
l'ensemble, tous nos répondants (100 % des enquêtés)
reconnaissent unanimement la dégradation continue des RN. Pour cette
raison, ils entreprennent des actions de restauration du couvert
végétal et des sols. Assurément, pour lutter contre la
dégradation du couvert végétal et des sols, les paysans
pratiquent des reboisements. En effet, ceux-ci participent aux campagnes de
reboisements initiés par les organisations de la société
civile ou les leaders politiques dans leur milieu. Par séance de
reboisement près de 5 hectares peuvent être reboisés, mais,
le non entretien des plans conduit le plus souvent à leur mort. Ils
épargnent également quelques arbustes et arbres dans leurs
champs, d'où la régénération naturelle
assistée (RNA). Ils luttent contre la coupe abusive du bois et les feux
de brousse. En effet, pour cette action, les paysans mettent l'accent sur la
sensibilisation de leurs proches. Par ailleurs, ils apportent à leur
champ de la fumure organique et de l'engrais biologique pour améliorer
la fertilité des sols. Cependant, 7,19 % des populations conviennent que
les ressources naturelles se dégradent progressivement, mais qu'ils ne
disposent pas de moyens conséquents pour contrecarrer le
phénomène.
III. II. 1. 2. La perception paysanne sur la gestion
des agrobusiness men ou nouveaux acquéreurs
Le mode de gestion des nouveaux propriétaires terriens
est décrié par les paysans. Seulement, 14,67 % des paysans
considèrent que ceux-ci protègent les ressources contenues sur
leurs terrains. Selon eux, ils effectuent des reboisements sur leur parcelle.
Il est nécessaire
de noter que les terrains qui ne sont pas encore mis en
valeur sont laissés en jachère. Cela permet la reconstitution de
la biomasse.
Les populations enquêtées (85,33 %) pensent que
les nouveaux propriétaires contribuent à la dégradation
des ressources naturelles. En effet, pour la mise en valeur des terrains
achetés, les nouveaux propriétaires dévastent le couvert
végétal, remuent le sol, afin d'ériger leurs
infrastructures (magasin de dépôt, logement sociaux, centre de
santé, écoles, etc.) ou de pratiquer leurs activités
telles que les fermes, les usines, les garages, etc. (cf. photos 5). Dans le
même ordre d'idée, 82,34 % des enquêtés admettent que
la spéculation foncière constitue une menace pour la gestion des
ressources naturelles tandis que 17,66 % conviennent le contraire.
Photo 5 : des arbres déracinés pour
ériger une cité
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TIENDREBEOGO Y. / Zagtouli, août 2015
Cette photo présente des arbres abattus par un
agrobusiness men, notamment un promoteur immobilier pour ériger des
infrastructures sociales (logements sociaux, infrastructures scolaires, centres
de santés, etc.) à Zagtouli. Sur ce site plus de 100 arbres ont
été abattus. Ces promoteurs n'ont pas l'obligation de restaurer
un autre lieu pour compenser cette perte.
III. II. 1. 2. La perception paysanne sur la gestion
durable des terres Interrogées sur les terres cultivables
réservées aux générations futures, 64,67 % de la
population affirment n'avoir rien prévu à cet effet et qu'ils
finiront par tout vendre d'ici les
50
dix prochaines années. C'est-à-dire qu'ils n'ont
rien réservé pour leurs progénitures. Cependant, 35,33 %
de la population estiment qu'il est nécessaire de réserver une
part considérable à leurs descendants. Ces informations montrent
que dans l'avenir, certains enfants n'auront pas d'espaces cultivables dans
leur propre village.
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