CHAPITRE I : GENERALITES
1.1. Problématique
Les moustiquaires imprégnées d'insecticides
s'utilisaient depuis longtemps pour prévenir les maladies à
transmission vectorielle. En effet, les forces armées
soviétiques, allemandes et américaines, au cours de la
deuxième guerre mondiale, ont utilisé des moustiquaires et
vêtements imprégnés d'insecticide dans le dessein de se
protéger contre le paludisme et la leishmaniose.
L'efficacité de cet outil a permis de relancer à
la fin des années 1970, des recherches qui ont
révélé le rôle prépondérant des
insecticides dans la lutte contre les moustiques et qui sont moins toxiques sur
les mammifères. Des dosages optimaux pour diverses combinaisons de
moustiquaires et d'insecticides ont été mis au point. Ainsi, la
disponibilité de moustiquaires imprégnées d'insecticides
était une réalité dans la médecine moderne vers les
années 1980.
C'est également au début de ces années
que l'OMS a commencé par s'intéresser aux moustiquaires. Il est
à noter qu'une impulsion spéciale a été
donnée pour la première fois à l'utilisation des
moustiquaires imprégnées d'insecticides avec la conférence
ministérielle sur le paludisme à Amsterdam en 1992. Au cours de
cette réunion consacrée à la définition des quatre
stratégies mondiales de lutte antipaludique, l'accent a
été mis entre autre sur la mise en oeuvre de mesures de
prévention sélectives et durables y compris la lutte
anti-vectorielle. Ensuite, la volonté politique de lutter contre le
paludisme a été réaffirmée avec le Sommet Africain
des chefs d'Etat sur l'initiative « faire reculer le paludisme »
(Roll Back Malaria RBM) en avril 2000 à Abuja, au Nigeria. Les
gouvernements intéressés ont accepté de mettre en oeuvre
la stratégie mondiale de lutte contre le paludisme, conçue
à Amsterdam (1992). C'est alors que l'exécution de la composante
lutte anti-vectorielle comprenant l'utilisation sélective de
méthodes basées sur la protection personnelle qui implique
l'usage des moustiquaires imprégnées d'insecticides est
rentrée dans sa phase active.
En effet, l'UNICEF, partenaire de RBM a mis en place au niveau
des pays des systèmes d'appui basés sur les moustiquaires
imprégnées. C'est alors qu'un partenariat entre le secteur public
et le secteur privé est né dans la plupart des pays africains
pour développer une véritable culture de la moustiquaire
imprégnée.
A l'heure actuelle, les moustiquaires imprégnées
sont vendues et distribuées par l'intermédiaire du secteur public
(gouvernements) et du secteur privé (organisations
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non gouvernementales, associations et autres). En ce qui
concerne la population en général, le paludisme contribue
à l'affaiblissement de l'organisme, et par conséquent,
réduit la force de travail des personnes actives. Cette situation est
singulièrement inquiétante en milieu rural où les
comportements vis-à-vis de cette maladie ne révèlent que
très peu une prise de conscience effective de ses dimensions.
Au Burkina Faso, le paludisme constitue pour les moins de 5
ans, 53,9% des motifs de consultation, 63,2% des motifs d'hospitalisation et
49,6% des causes de décès en formations sanitaires
(Ministère de la santé 2013).
Face à un tel contexte d'endémicité et de
gravité du paludisme, le gouvernement a organisé des campagnes de
distribution gratuite de Moustiquaires Imprégnées de Longue
durée d'Action (MILDA) en 2010 et en 2013. Concomitamment, il est
enregistré une baisse de la prévalence du paludisme chez les
enfants de 6 à 59 mois de 66% (EDSBF-2010) à environ 46% (EIPBF-
2014).
Au Bénin, le paludisme est l'une des principales
maladies qui sévissent au sein de la population. Le vecteur responsable
de sa transmission est le moustique, qui se retrouve partout dans le pays
compte tenu de sa situation géographique et des climats qui y
règnent. Il faut souligner au prime abord que le germe responsable de
cette épidémie est un protozoaire.
En effet, les conditions climatiques et hydrographiques
prévalant sur toute l'étendue du territoire national sont
favorables au développement de l'endémie palustre. L'absence
d'hygiène et d'un programme rigoureux d'assainissement des villes et
campagnes permet aussi la multiplication des moustiques.
Les catégories constituées des enfants de moins
de cinq ans et les femmes enceintes sont particulièrement très
vulnérables à cette affection. Les cas de décès
dans les couches sociales sont dans la plupart des cas la résultante de
ses complications et touchent principalement ces couches de la
société.
Face à cet état de choses, le gouvernement
béninois qui a le devoir de garantir la santé des populations a
pris des mesures. De fait, dans sa politique de couverture sanitaire et par
rapport à la déclaration d'Abuja en Avril 2000, l'Etat a
adhéré à l'initiative « Faire Reculer le
Paludisme». Dans cette optique, un plan est élaboré et porte
sur les politiques et stratégies de lutte contre cette maladie. La
priorité est accordée à la lutte préventive
fondée sur l'utilisation massive de la MII.
Cette dernière, comparativement aux autres moyens de
lutte anti-vectorielle (tels que les serpentins, les bombes
insecticides...etc.) est considérée apparemment
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comme sans inconvénients sur la santé humaine.
Ceci amène l'Etat, par le biais du Programme National de lutte contre le
Paludisme (PNLP) et des formations sanitaires, à faire la promotion de
la moustiquaire imprégnée d'insecticide à travers tout le
pays. De même, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) pilotent,
auprès des populations, des activités de plaidoyer et de
marketing social pour l'utilisation de la MII.
Nonobstant toutes ces dispositions pour une mobilisation
sociale et un changement de comportement favorable à l'emploi de la
moustiquaire imprégnée d'insecticide, le paludisme persiste
toujours. En termes clairs, la MII est peu utilisée en campagne. C'est
dire que l'adoption de cet instrument comme moyen de prévention du
paludisme n'est pas encore dans les habitudes des ménages ruraux. Elle
se trouverait donc confrontée à des barrières de divers
ordres.
Le milieu rural englobe les groupes sociaux qu'on appelle
généralement paysans. Ceux-ci ont leur logique qui se trouve
caractéristique de leur comportement propre à eux.
Le paludisme reste un problème majeur de santé
publique au Niger avec en moyenne de 850 000 cas notifiés chaque
année entre 2006 et 2010. Il est responsable de 30% des consultations
ambulatoires et de 50% de décès. La proportion de la population
vivant dans les zones à risque qui utilise des moyens de protection
efficaces contre le paludisme est passée de 48% en 2005 à 72.3%
en 2008.
En effet, la pratique de la MII reste très faible au
village. De ce fait, il serait intéressant d'aller rechercher dans les
comportements reliés à la MII en milieu rural pour
connaître davantage les déterminants de cet état de chose.
Il s'agira pour une originalité de cette étude, d'aller dans les
habitudes socioculturelles pour lire les fondements de cette attitude
d'indifférence vis-à-vis de la MII en campagne.
Ainsi cela va nous ramener à poser des questions comme
:
? Quel est le taux d'utilisation de MII dans le village de
Bilmari ?
? Quels sont les facteurs influençant l'utilisation de
la MII dans le village de Bilmari ?
Ainsi, la figure ci-dessous nous illustre des
différents facteurs qui peuvent influencer l'utilisation de la MII dans
le village de Bilmari, objet de notre étude.
Diagramme conceptuel
Facteurs économiques :
- Faible revenu des enquêtées ;
Coût élevé de la MII.
Faible niveau d'utilisation des MII en
milieu rural.
Facteurs environnementaux :
- présence d'eau stagnante ;
- présence des gites larvaires.
Facteurs socio-culturel et comportementaux :
- Faible niveau d'instruction ;
- Mauvaise utilisation de la MII ;
- Ignorance du risque lié à la non utilisation de
MII ;
- Refus d'utilisation de la MII ;
- Incommodité de dormir sous une moustiquaire ;
- Faible accès aux moustiquaires
Imprégnées d'Insecticides ;
- Connaissances étiologiques face au paludisme;
- Indisponibilité de la moustiquaire dans le
ménage ;
- Insuffisance du nombre de moustiquaire selon la taille du
ménage ;
- la faible priorité accordée à la MII par
le ménage
- La non utilisation de la MII à la saison sèche
;
- La faible utilisation des MII liée à d'autres
alternatives ;
- Faible connaissance de point de vente de la MII.
- Milieu de résidence.
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Enoncé : le faible niveau
d'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticide est
lié à des facteurs économiques, environnementaux et
surtout à des facteurs socio-culturels et comportementaux.
FigureN°1 : Diagramme conceptuel
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