CHAPITRE II :
CHAPITRE II :LA STRATEGIE PRATIQUE DE LA VACCINATION
ET DE LA SENSIBILISATION DE SOIN ET DE SANTE
LA STRATEGIE PRATIQUE DE LA VACCINATION ET DE
LAGRATUITS
SENSIBILISATION DE SOINS ET DE SANTE
GRATUITS
Les campagnes de soins et de santé gratuits sont
devenues en générale un enjeu très important pour
l'amélioration de la santé des populations. Au Cameroun, ces CSSG
sont appréhendées avec diverses connotations. Or c'est dans le
souci de garantir la santé en luttant contre certaines
épidémies et pandémies que l'OMS à travers le
MINSANTE met sur pied ces campagnes. Pour couvrir le triangle national, il est
question de développer les stratégies au plan national,
régional et départemental. Chaque aire de santé
détient le monopole de l'organisation stratégique de sa zone. De
ce fait, ce chapitre intitulé la stratégie pratique de la
vaccination et de la sensibilisation nous présente l'ensemble de
méthodes organisationnelles et leurs effets chez les résidents du
quartier Briqueterie.
II. La formation des agents des campagnes de soins et
de santé gratuits.
Du latin « formatio » (action de former),
la formation ici est une sorte de mouvement par lequel on enseigne au groupe de
personnes convoquées une certaine disposition ou un ensemble de conduite
à tenir pour arriver à un but précis. Elle consiste
également à enseigner à un employé les
connaissances et les compétences nécessaires à
l'exécution de ses fonctions courantes. Mieux encore, c'est un ensemble
des mesures adoptées en vue de l'acquisition ou du perfectionnement
d'une qualification professionnelle pour les travailleurs afin d'effectuer des
travaux demandés. MAURY s'interroge de cette formation en nous
reprécisant que,
Le communiqué de cette formation qui se passe
d'ailleurs par le « réseau » relationnel c'est- à-dire
une convocation basée sur le lien de parenté, de famille ou
encore de service. Les personnes recensées dans ce cadre viennent
généralement de divers horizons (quartiers) et très peu
savent lire et/ou écrire le français qui est la langue la plus
utilisée à Yaoundé. Ici, compte tenu de l'espace
réduit au centre de santé PMI Briqueterie, les grandes campagnes
comme celles de lutte contre le paludisme sont déplacées vers
l'école publique d'EKOUDOU lors de la formation72. Elle
continue en disant :
Récemment en Mai/Juin 2016 dans le cadre de la
formation pour la distribution des moustiquaires (MILDA), nombreuses
étaient des personnes convoquées incompétentes dans la
mesure où lors des épreuves écrites certaines ne savaient
même pas écrire leur nom. Ces derniers étaient
épaulés par d'autres d'une manière ou d'une autre. Cette
formation va connaitre des inepties à cause de qualificatifs de certains
membres notamment ceux qui ne savent ni lire, ni
écrire73
Nous comprenons ici que ces personnes rassemblées dans
le cadre campagnes de lutte contre le paludisme notamment le partage des
moustiquaires sont alors soumises à des épreuves écrites
réparties en trois sections sous forme de (Question à Choix
Multiples) QCM en majorité et quelques-unes sous forme de (question
à réponse ouverte) QRO. Cette évaluation se solde par la
publication d'une liste des retenues. Ici, seules les personnes moins
« cotées » ou non insérées dans un bon
réseau sont victimes de l'élimination.74 ASKANDAR
révèle également que :
Lorsqu'on m'a dit que les campagnes des moustiquaires sont
tombées ; la période là j'étais encore en
troisième. Je suis parti voir le responsable pour qu'on
m'enregistre. Il a d'abord refusé après il a
accepté. Il a pris mon nom. Tout allait bien. Le jour de la
formation, je suis parti mais il fallait voir les
72 MAURY, agent de sensibilisation. Entretien du
03/03/2018
73 MAURY Opot cit
74 ASKANDAR, agent de sensibilisation. Entretien du
03/03/2018.
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mamans. Même celle qui a de la peine à se
déplacer est là. Les autres ont même abandonné leur
marchandise pour venir jongler. J'étais tranquille vu qu'il y'avait mon
nom aussi sur la liste. Mais ce qui m'a d'abord surpris c'est qu'ils parlaient
majoritairement seulement en langue locale. Les groupes des bamouns à
part, les haoussas et les bétis.... A huit heures trente minutes
très précise, on a commencé à nous donner les
conseils. Moi particulièrement j'étais convaincu que je serais
parmi les retenus vu que je me voyais déjà ayant rempli beaucoup
de critères. Je vous assure j'ai même aidé beaucoup des
mamans là-bas à écrire. Mais par la fin on me dit que je
ne suis pas retenu. J'ai une fois compris que c'est le pays. On va faire
comment ? Quand je me suis rapproché un jour plutard auprès du
responsable, il m'a dit que je n'avais pas de CNI alors qu'il y'avait certains
qui n'avaient pas les CNI elles sont venues avec les cartes de leur soeur, les
autres qui travaillaient avec les cartes scolaire75.
Cette interview laisse comprendre que même la
sélection pour les campagnes gratuites est motivée par la fraude
et la corruption.
Ainsi, ces dernières reviennent le jour lendemain pour
exécuter le programme établit par le chef du centre.
Subdivisée en deux phases, la première phase des campagnes
consiste à former les agents mobilisateurs qui seront chargés de
parcourir toute la population cible pour sensibiliser. Puis la seconde qui
consiste à mettre sur pied des équipes de travail pratique.
Par ailleurs s'agissant des campagnes de sensibilisation et de
vaccination contre la polio, les mobilisateurs sont formés
généralement à la veille lors d'une séance
d'explication organisée par le chef du centre. Ici les agents
convoqués ont une demi-journée de formation. Durant ce temps, le
chef Mr Ousseni tient à expliquer à ses agents le
mécanisme du fonctionnement et les différentes tâches
à effectuer. Pour permettre la bonne compréhension, il soumet
à ses agents un tableau indiquant les conduites auxquelles ils seront
soumis. Par sa voix et son autorité, il insiste sur les marquages des
maisons les unes après les autres.
75 ASKANDAR, entretien du 11 Janvier 2018.
La photo ci-dessous fait éclairage de cette
formation.
Photo n° 1 : Tableau de formation
Source : photo prise le 21/07/2017 par
MOUNGOUM.
Dans le cas échéant les agents convoqués
sont appelés à une prise de connaissance certaine pour effectuer
leur travail assigné par le chef. Durant ce premier processus
d'apprentissage certains agents prennent des notes et d'autres observent tout
simplement sans rien écrire.
Photo n° 2 : Formation JNV
Source : photo prise le 21/07/2018. JNV par
MOUNGOUM.
Par ailleurs ces travaux élaborés
connaîtront des insuffisances au niveau du management sur tous les plans
car d'aucuns y sont justes pour négocier uniquement les « miettes
». La rigueur ou les travaux bien faits ne font pas surface dans leur
esprit.
C'est toujours dans cette même lancée que les
agents de vaccination contre la polio nous interpellent sur la question de la
sélection et de la gérance des campagnes de soins et de
santé gratuits. C'est ainsi que KATHY, la fille d'une des responsables
de l'air de santé (Briqueterie) nous donne les détails non
seulement sur la méthode mise sur pied mais plutôt une sorte
d'esclavage. Elle stipule que :
Nous sommes ici pour un passe-temps. Sinon même
l'argent qu'on nous donne est vraiment insignifiant. Imaginez-vous qu'on nous
donne 1000 francs CFA le jour de la formation. Or cette formation dure
généralement une demi-journée. Après cela
même, on perçoit généralement deux 2000 francs CFA
pas plus. C'est la somme que perçoit une camerounaise ayant
effectuée un travail difficile tout le long de la journée. On
commence à 08heures pour achever à 15heures. Ton argent de taxi y
compris la nourriture est dans cette somme. Alors nous aussi, on doit donc se
battre comme on peut. Franchement ils nous payent d'ailleurs mal. fl y'a pas un
encadrement normal et même valorisant76
Nous constatons ici que la formation donne l'impression de
quelques choses de rigueur et du sérieux. Mais à
l'intérieur il y'a des incompréhensions motivées par le
taux de paiement sensiblement faible. Les agents convoqués se plaignent
des sommes assez insignifiantes. Par ailleurs compte tenu du chômage, des
difficultés de toutes sortes y compris les moyens de distractions, ils
sont obligés de le faire. Ici, c'est la simple présence au
rendezvous qui est important pour gagner quelques choses même si c'est
moins motivant. Mille francs de frais de formation pour une demi-journée
y compris les frais de transport, puis deux milles francs par jour pour les
journées de travail de terrain ne justifient pas leur temps et leur
énergie dépensée. Alors, les agents convoqués sont
moins motivés du fait que l'argent qu'ils perçoivent à
partir même du jour de la formation n'est pas satisfaisant. Ces agents
sont là pour « remplir la formalité ».
II.1 Organisation stratégique des campagnes de soins
et de santé gratuits Cameroun.
a) Le porte à porte
Dans l'optique de couvrir le secteur de Yaoundé
briquèterie, la stratégie la plus utilisée ici c'est le
porte à porte. Cette technique consiste de partir à la rencontre
des gens là où ils sont ou encore dans leurs habitations. C'est
une façon très personnelle de répandre de l'information.
L'activité porte à porte sert à sensibiliser le public de
la façon la plus significative. Puisqu'il permet d'atteindre facilement
toute la couche sociale et veiller de fond en comble au dénombrement de
toutes les maisons et les « Sarés ». Alors ici, les
équipes sont
76 Kathy, entretien du 03/03/2018.
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formées de façon de plus ou moins
aléatoire. On retrouve deux personnes par groupe lorsqu'il s'agit du
premier tour appelé phase de mobilisation et de
sensibilisation. C'est une phase dans laquelle le chef du comité Mr
Ousseni, attribue aux agents mobilisateurs et sensibilisateurs les
différentes taches à remplir sur le terrain. Dans ce cadre la
première personne est chargée du marquage au niveau des seuils
des portes et à l'entrée des Sarés ou des maisons. C'est
ce marquage que nous présente cette image.
Photo n° 3 : Opération de marquage de
maison
Source : 3- Photo prise le 03/03/2018 par
MOUNGOUM.
C'est ainsi que cette agente aura à sa disposition des
barres de craies de multiples couleurs comme le témoigne mademoiselle
MAURRY :
Je suis membre du comité des campagnes de soins et
de santé gratuits depuis trois ans. Mais ici compte tenu de mon effort
à bien faire, le patron me met toujours devant. Comme aujourd'hui, c'est
moi qui note sur le mur et les devantures des Sarés. Parlant des
infrastructures, il m'a donné et il donne toujours trois barres de
craies à chaque chef pour servir de notation même comme certaines
arrivent à voler pour offrir à leurs
enfants.77
Le constat ici est que les pouvoirs publics mettent à
la disposition des agents des infrastructures nécessaires qui permettent
de faire un travail méticuleux. Il est aussi à noter une
organisation en équipe et l'attribution de rôle dont chaque membre
doit jouer.
Puis la deuxième personne passe l'information
c'est-à-dire, elle pose le problème qui les amène et
explique ce qui va se passer par la suite quand ils reviendront. C'est ce
marquage de maisons après maisons qui permettra à la fin de
savoir si le secteur est couvert dans sa
77 MAURY, entretien du 03 mars 2018.
9
totalité. « Présentement avec la
session du 01 au 04 mars 2018 donc nous vivons à l'heure actuelle, la
notation ou l'indication du dénombrement est sous forme d'un code :
N°DE MAISON/SASNIM/2018/JNV »78.
b) Les établissements scolaires.
Le quartier Briqueterie est parsemé de quatre grandes
écoles primaires et maternelles. Ces écoles non seulement
assurent son but primordial qui est l'éducation des enfants, mais aussi,
elles servent des sites permettant de vacciner les enfants cibles. Dans ce
milieux, l'accessibilité semble favorable car les maîtres sont
conscients et arrivent à donner accès aux agents de faire leur
travail. C'est donc pourquoi nous explique Mr Ousseni FIFEN,
Le fait de commencer à travailler le jeudi est
stratégique. On commence les campagnes le jeudi avec la formation suivie
de vendredi qui est déjà le premier jour du travail parce que
nous devons d'abord aller dans les écoles, c'est le samedi et dimanche,
le jour de porte à porte. Voilà pourquoi nous partons
immédiatement dans les écoles. Les responsables des écoles
sont toujours informés avant notre départ79.
Ici nous comprenons que, aller sur le terrain à la
veille du week-end permet de rencontrer les élèves dans les
salles de classes puis dans le quartier pour ceux qui ne partent à
l'école.
De ce fait la descente sur le terrain ici est
coordonnée par le chef lui-même. Puis que de temps en temps, il
passe contrôler ou encore vérifier si le travail avance. Ici,
comme c'est encore les établissements scolaires on relève la
présence effective des superviseurs et des contrôleurs. Car les
écoles sont traversées par des routes bien bitumées de
part et d'autres sauf celle de l'école primaire et maternelle de
police.
Dans ce milieu, d'après YIPOU, « les maitres
et maîtresses des écoles dans cette localité de la capitale
politique sont ouverts et accessibles aux soins gratuits pour la plupart. Mais
quelques enseignantes arrivent toujours à présenter des
comportements des réticences »80. Madame Maimounati
explique dans cette entrevue :
Je ne suis ni réticente ni mauvaise, mais il y'a
certains parents qui viennent nous faire les problèmes ici qu'on a
laissé vacciner les enfants. De préférence je refuse
qu'ils entrent dans ma salle de classe. J'ai une petite fille au
troisième banc au nom de Salmata. Son père a failli me
créer les litiges au
78 MAURY, entretien du 03/30/2018.
79 Ousseni FIFEN, agent de santé communautaire.
Entretien du 01/03/2018.
80 Raphie YIPOU, agent sensibilisateur. Entretien du
03/03/2018.
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quartier car son enfant était tombé malade
après la vaccination. Et, c'est à moi qu'il a pointé le
doigt accusateur. C'est qui est là c'est que selon moi tout ce qui vient
de l'Etat a encore un problème d'enracinement ici. Moi par exemple, je
n'ai pas des problèmes avec les campagnes de soins et de santé
gratuits. Je sais que c'est un moyen pour nous sortir des souffrances, des
maladies qui, des jours en jours évoluent dans notre
société. Mais alors, est-ce à moi de demander aux parents
de laisser vacciner leurs enfants ? Mes enfants se vaccinent et je ne suis pas
réfractaire aux campagnes gratuites au soin et à la santé
comme tu l'as bien intitulé.81
Ici, agir au niveau des écoles pose des
véritables problèmes chez la plupart des familles. Elles
n'apprécient pas cette méthode. Elles préfèrent le
porte-à-porte car cette méthode va lui permettre d'accepter ou
rejeter la vaccination selon sa conception. Madame MFOKOU également ne
cesse d'insister sur ce comportement qu'elle rejette avec sarcasme en ces mots
:
Plus d'une fois je suis allé faire des
problèmes à l'école à cause des vaccinations. Mon
problème n'est pas toujours la vaccination. Normalement, quand ils
arrivent les enseignants doivent nous avertir qu'ils viendront vacciner nos
enfants et surtout comprendre notre avis. Voilà pourquoi parfois quand
ils arrivent ici je coupe souvent ça tout court. Soit j'accepte soit je
refuse. Mais quand il passe sensibiliser ici puis aller attendre nos enfants
dans les écoles, je ne sais plus s'il faut dire à mon enfant de
ne pas aller à l'école ce jour-là ou pas. C'est une raison
pour laquelle je ne veux même pas entendre qu'on a vacciné mon
enfant à l'école. Mon enfant est très précieux pour
moi. 82
Nous relevons ici, l'inquiétude et la peur qui animent
les parents lorsque leurs progénitures sont vaccinées dans les
écoles. Pour elle, elles doivent juger et accepter avant qu'on ne touche
à leurs enfants.
Le poste fixe.
Les hôpitaux, les centres et districts de santé
sont les lieux par excellence qui permettent de vacciner et sensibiliser en
permanence les populations sur la question de la santé. La
création de ces institutions permet de mieux concourir à la
régulation du système de santé. Ces sont des
établissements de soins où un personnel soignant peu prendre en
charge des personnes malades ou victimes de traumatismes trop complexes pour
être traités à domiciles. Ces unités de soins
permettent également aux banques de vaccins lors des
81 Madame MAIMOUNATI, entretien du 27/01/2018.
82 Madame MFOKOU, entretien du 11 janvier 2018.
5
campagnes gratuites et aussi un lieu où l'Etat oriente
une stratégie de lutte permettant d'améliorer le système
de santé.
Le quartier Yaoundé-Briqueterie est couvert et
gouverner par deux hôpitaux et un centre social connu sous le nom de PMI
brique, siège de la vaccination et la sensibilisation sur la question de
la santé. L'hôpital de police et l'hôpital de la mission
catholique.
Photo n° 4 : Le centre de santé notre dame la
merci : paroisse de la briqueterie.
Source : photo prise par téléphone
le 09/05/2018 par MOUNGOUM.
Ce centre de santé créé dans l'optique de
protéger la société environnementale et d'ailleurs permet
à la population de s'approvisionner en médicament et en
qualité de soins. Il est également très important de noter
que ces centres de santé sont aussi les points fixes permettant la
vaccination hebdomadaire. Ici, les femmes enceintes et les mamans des «
tous petits » bénéficient des vaccins gratuits et même
des moustiquaires. L'infirmier ARMAND AUBIN TOTCHUM nous précise que :
« la vaccination hebdomadaire ici est gratuite. Elle est
supporté par l'Etat »83.
S'agissant de la condition à remplir, il suffit d'avoir
une fiche de compte. Cet infirmier nous dit également que : «
certes, la vaccination permanente ici dans ce centre permette de diminuer les
maladies évitables mais cette méthode n'est pas toujours efficace
en ce qui concerne le paludisme»84.
83 Armand AUBIN TOTCHUM, infirmier médical,
entretiens du 22/05/2018. Centre de santé Briqueterie notre dame de la
merci.
84 AUBIN Armand. Opot. Cit.
5
On comprend dès lors que, selon Armand AUBIN,
« ces méthodes et ces stratégies de lutte doivent
être revisitées et même contextualisées
85». Car cette population n'a pas non seulement la culture
de l'hôpital, mais aussi un problème sur la connaissance des
maladies qui nuisent leur environnement.
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