X- Activité Physique et Obésité
L'activité physique [83] est un terme global se
référant à « tout mouvement corporel produit par la
contraction des muscles squelettiques provoquant une importante augmentation de
la dépense par rapport à la dépense
énergétique au repos » selon Bouchard en 2006. Elle a trois
composantes principales : travail professionnel, tâches
ménagères et activités de loisirs.
Ceci dit, les personnes obèses sont souvent inactives
et sédentaires et une des solutions est d'accroître leur niveau
d'activité. Il ne s'agit pas uniquement d'activités sportives
puisque l'on peut déjà tirer de nombreux bénéfices
d'un style de vie plus actif.
Des travaux de Kino-Québec montrent qu'en
rééducation, on va surtout chercher à influer sur leur
mode de vie et leurs habitudes de vie puisque l'on cherche à avoir des
effets à long terme. En effet, selon Reboul en 1980 [84], « une
éducation réussie est celle qui donne envie et les moyens de
poursuivre ». Il faut donc les aider à trouver une motivation,
à continuer ces habitudes de vie actives. [85]
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Pour que ces effets durent, il faut donc avoir un effet sur le
plan psychologique : la motivation, l'estime de soi ou la confiance en soi. Un
accroissement de l'exercice physique a de nombreuses répercussions
positives sur la santé et joue un rôle dans la réduction
pondérale. L'OMS montre que pour éviter l'obésité,
il faut rester physiquement actif durant toute sa vie, avec un degré
d'activité physique (dépense énergétique
quotidienne en plus du métabolisme basal) d'au moins 1,75, les gens
n'ayant aucune activité ont un degré d'activité de l'ordre
de 1,4. [85]
Des études [85] ont révélé un
rapport inverse entre IMC et activité physique selon différents
mécanismes :
? Combustion de calories
En faisant plus d'exercice physique, on augmente ses
dépenses énergétiques (rééquilibration de la
balance énergétique). En effet, dès le début de
l'AP, les besoins en énergie augmentent en commençant par la
dégradation du glucose puis ils continuent tout au long de l'exercice
mais ce n'est qu'à partir d'environ 30 minutes que les graisses sont
utilisées comme énergie. [86]
Cela signifie que la combustion de calories augmente et que
les dépôts de graisse (tissu adipeux) peuvent être
dégradés. C'est ce qu'on appelle la lipolyse (oxydation des
lipides). Cela favorise la perte de la masse adipeuse notamment la graisse
abdominale au profit de la masse musculaire avec une modification du rapport
taille sur hanche. En effet, l'une des adaptations les plus importantes de
l'exercice physique régulier est la capacité accrue à
utiliser les graisses plutôt que les glucides lors d'une activité
physique d'intensité modérée. Ces différences
deviennent considérables lorsque l'exercice est maintenu pendant une
période plus longue. [86]
Théoriquement, selon les recommandations de l'OMS, on
atteint le degré relatif maximal d'oxydation des graisses chez l'adulte
lorsque l'activité est modérée et se situe entre 50 et 60%
de la FC maximale [87]. C'est pourquoi, on privilégie des
activités physiques de faible intensité mais maintenues
longtemps. L'OMS donne un repère facile pour les patients : l'apparition
d'une suée témoigne le passage au seuil anaérobie.
Néanmoins, ce signe dépend de la particularité de chacun.
[88]
Puisque l'objectif est d'atteindre une durée
supérieure à 30 minutes pour induire des effets
métaboliques favorables, la fréquence doit être
régulière : au moins 3 fois par semaine. Malgré
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ces recommandations et des activités plus avantageuses
en termes d'oxydation des lipides comme l'endurance, le choix du patient doit
être guidé selon ses goûts et ses habitudes
(accessibilité, temps...). [89]
Comme on l'a vu auparavant, seule une activité
centrée sur le plaisir permet de favoriser une pratique
régulière et un maintien à long terme selon
Delignières. [90]
La quantité d'énergie dépensée
dépend des caractéristiques de l'activité physique (mode,
intensité, durée, fréquence). [91]
? Maintien de la masse musculaire (maigre) et perte de
la masse grasse : changement de composition corporelle (remodelage du
corps).
En perdant du poids par des mesures diététiques
seules, on perd simultanément de la graisse et des muscles. La meilleure
manière de réaliser en même temps une perte de poids et de
maintenir sa masse musculaire est de combiner une alimentation à
calories réduites et pauvre en matières grasses avec un programme
d'activité physique. Néanmoins, l'AP seule a néanmoins
très peu d'effet sur le poids, d'où l'importance de lier ces deux
mesures. [92]
? Influence positive du métabolisme basal (MB) :
maintien du MB
En pratiquant davantage d'exercice physique, on peut maintenir
le métabolisme basal alors qu'il baisse lorsque l'on est inactif. Le MB
étant une source de dépense énergétique, s'il est
maintenu, cela favorise une balance énergétique plus
équilibrée. [92]
Rissan en montre que la musculation ou l'exercice avec
résistance, entretient même le métabolisme
énergétique de repos puisqu'en augmentant la masse musculaire, on
augmente le MB. [92]
? Influence positive sur les affections liées
à l'obésité
L'activité physique régulière
entraîne une baisse de la pression artérielle au repos et à
l'effort. Elle améliore le profil lipidique : influence positive du taux
sanguin de cholestérol (augmentation du taux de HDL cholestérol
protecteur et diminution du mauvais LDL). Elle amène également
à une diminution des triglycérides dans le sang induisant une
baisse de l'athérome et permettant une baisse des risques de maladies
cardiovasculaires et respiratoires, celles-ci étant une complication
majeure de l'obésité. De plus, la transformation de la graisse
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abdominale en masse musculaire modifie le rapport taille
hanche et diminue le risque cardiovasculaire. [92]
La baisse de l'essoufflement qu'induit l'exercice
régulier n'est pas négligeable avec une augmentation du
pourcentage des fibres oxydatives, des enzymes oxydatives et des mitochondries
(nombre, taille, efficacité) ainsi qu'une baisse de la production de
lactate permettant ainsi l'amélioration de l'endurance, une meilleure
tolérance à l'effort et une amélioration de la
qualité de vie [93].
Amélioration des capacités physiques telles que
la mobilité, la souplesse, l'endurance, la mobilité, ceci
permettant de lutter contre les douleurs articulaires (diminution de l'arthrose
par assouplissement et perte de poids et de l'ostéoporose par
densification de l'os). L'activité permet donc la prévention de
nombreuses maladies et l'amélioration de la condition physique
générale et le développement d'une hygiène de vie
[88].
L'activité physique est un moyen puissant de
prévenir les maladies cardiovasculaires ou bien d'en limiter les
conséquences sur le plan de la morbidité et de la
mortalité. Par des impacts multiples, elle augmente les capacités
physiques et la qualité de vie. Elle représente un facteur
d'insertion ou de réinsertion sociale et professionnelle.
[93]
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