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Etude des possibilités d'atténuation et d'adaptation au changement climatique des riverains dans les zones forestières et péri-forestières de Tiddas (plateau central, Maroc).


par Abderrahmane Moatassim
Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan-II - Ingénieur en agronomie & Option : Ecologie et Management des Ecosystèmes Naturels -EMEN 2019
  

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Introduction

L'appellation « écosystèmes forestiers » regroupe un ensemble d'habitats très diversifiés constitués de peuplements de différentes natures, de densités différentes, d'âges variables et plus ou moins modifiés par l'homme. Ils s'étendant sur plus de 9 millions d'hectares, représentent un enjeu stratégique pour le Royaume, et constituent un espace multifonctionnel qui conditionne l'économie rurale des populations usagères et riveraines.

D'ailleurs, les fonctions sociales, économiques et environnementales remplies par les formations forestières sont estimées à 17 milliards dirhams/ an.

En outre, la dimension écologique affirme le rôle des forêts dans (1) la conservation de la biodiversité, (2) la protection des sols et la régulation du cycle de l'eau et (3) la lutte contre la désertification. L'importance de ces fonctions et la gestion durable de ces écosystèmes, où l'effet des changements climatiques est très marquant, constituent une priorité nationale (CESE, 2020).

Les changements climatiques ont des effets néfastes sur lesdits écosystèmes, qui malgré leur diversité, sont très fragiles en raison de la pression humaine sur la ressource de plus en plus importante. Ces effets sont observés sur tous types d'écosystèmes marocains dont la subéraie, l'arganeraie, la cédraie, la tétraclinaie, etc.

Les peuplements de thuya, ont connu une régression sans commune mesure pour leur emploi en marqueterie. C'est ainsi, on constate une dédensification et un éclaircissement important dû notamment au phénomène d'exploitation irrégulière (coupe illicite, extraction de souche pour la recherche de la loupe, etc.) dans les régions d'extension du thuya et principalement dans le plateau des Haha, le Plateau Central (les forêts de Tiddas et d'El Harcha). Dans les parties orientales des Moyen et Haut Atlas marocains, les écosystèmes des cédraies et juniperaies ont péri, d'autres sont en voie de dépérissement sur de vastes étendues (Et-tobi, 2006, 2007, 2008 ; Mhirit et al. ; 2008).

Par ailleurs, l'évaluation de la vulnérabilité des écosystèmes forestiers reste une phase essentielle pour l'adaptation, et l'atténuation des impacts des CC. Elle pourrait être appréciée à travers l'ampleur de la dégradation et le rythme de déforestation, l'apparition et l'extension des dépérissements et les mortalités de nombreuses essences, ainsi qu'à travers les caractéristiques du contexte climatique du pays.

2.1 VULNERABILITES DU SECTEUR FORESTIER FACE AU CC

La situation du Maroc dans une zone de transition entre le climat tempéré et le climat sous influence désertique et tropical, lui confère un climat varié et contrasté et donc une grande vulnérabilité aux changements climatiques, ce qui signifie aussi des conséquences et des incidences souvent graves sur les écosystèmes forestiers nationaux.

Dans les bioclimats humides et subhumides, la tendance est une évolution vers des bioclimats plus secs et la disparition de certaines espèces forestières telles que, le Sapin de Talasemtante, le cèdre de Tizi Ifri, le chêne liège de la nappe numidienne, le cèdre de Ketama au Rif, le genévrier thurifère du Haut Atlas. A ces disparitions, succèderaient des espèces plus adaptées au stress hydrique comme le thuya, le caroubier, le genévrier rouge, le pin d'Alep, le pistachier et le genévrier rouge (Ibid.).

La vulnérabilité des forêts aux incendies et la gravité de ces incendies varient selon les régions. Ils sont directement liés au type de végétation et notamment du type de sous-bois.

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La pêche dans les eaux continentales et l'aquaculture relevant du domaine forestier seraient également touchées (GIEC/IPCC, 2007). Les impacts découlant de la dégradation et de la déperdition du tissu végétal forestier auraient des conséquences sur la biodiversité, sur la productivité forestière et sur le bien-être des populations riveraines.

Les principales manifestations de la vulnérabilité de la forêt aux impacts du changement climatique sont souvent évoquées en termes de dégradation, dysfonctionnement et transformation des écosystèmes forestiers, de santé et dépérissement des écosystèmes forestiers, et des incendies de forêt :

? DÉGRADATION, DYSFONCTIONNEMENT ET TRANSFORMATION DES ÉCOSYSTÈMES FORESTIERS :

En effet, suivant les constats de la FAO, au fur et à mesure que la population mondiale et le revenu par habitant dans de nombreux pays augmentent, les surfaces forestières diminuent. Cette augmentation de la population et du revenu par habitant augmente la demande en production agricole et alimentaire, et aussi une forte demande en produits et services forestiers (FAO/PCF, 2018).

Plusieurs organismes et auteurs considèrent l'agriculture comme le principal facteur de déforestation dans le monde qui se fait beaucoup plus dans les pays du Sud. Associée à la forte consommation de combustibles ligneux, elles conduisent à la dégradation des forêts (Bellassen et al., 2008 ; FAO/PCF, 2018 ; Lanly, 2003 ; WWF, 2019).

En réalité, il existe rarement une cause unique de la déforestation et/ou de la dégradation des forêts à un endroit donné ; c'est souvent une combinaison de plusieurs facteurs (Bellassen et al., 2008).

? SANTÉ ET DÉPÉRISSEMENT DES ÉCOSYSTÈMES FORESTIERS :

Le dysfonctionnements physiologique et écologique des EF traduit une grande fragilité de l'écosystème forestier et sa vulnérabilité aux attaques de différents agents pathogènes.

Cela représente un danger pour la santé des forêts et pour leur capacité à assurer leurs fonctions essentielles (production et services environnementaux). Les attaques parasitaires et phytopathologiques touchent principalement les pins, le cèdre, le chêne-liège et les eucalyptus.

L'apparition des dépérissements du cèdre date de l'été 2001 pour les forêts du Moyen Atlas. Et selon les travaux sur le dépérissement du cèdre au Moyen Atlas (Et-tobi et al., 2003, 2006 ; Et-tobi, 2006, 2008 ; Derrak et al., 2008 ; HCEFLCD, 2006a, 2006b, 2006c), l'impact climatique apparaît nettement à travers les 40% de surface atteinte de dépérissement et de mortalité.

En effet, l'analyse bioclimatique et dendrochronologique du cèdre de l'Atlas a permis de retracer l'évolution de la croissance du cèdre depuis 1940 ainsi que l'évolution des paramètres bioclimatiques dans les cédraies du Moyen Atlas. Cette évolution conjointe se traduit par une concordance des chronologies d'épaisseurs de cernes et des variations dans les paramètres climatiques (bilan hydrique). (Et-tobi M., 2008). L'action combinée des conditions édapho-climatiques et anthropiques se traduit par un impact négatif sur la croissance du cèdre (Ibid.).

? INCENDIES DE FORÊT :

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Figure 2. Evolution de la superficie moyenne incendiée des forêts au Maroc.
(Source : HCEFLCD, 2019).

La figure ci-dessus donne l'évolution du nombre d'incendies et des surfaces affectées de 2004 à 2019. L'analyse historique montre que la surface incendiée est en diminution.

Selon les chiffres statistiques relevés par le DEFLCD en Juillet 2019, le pays a connu une réduction significative de la superficie incendiée de 60% en comparaison avec la moyenne des dix dernières années durant la même période, le taux d'incendies par an a augmenté de 17%, le taux de la superficie moyenne brûlée a diminué de 13% (3.372 à 2.928 ha/an) et le taux de superficie moyenne brulée par incendie a, à son tour, baissé de 31% (8 à 5,5 ha/incendie).

En effet, le Rif (Chefchaouen, Tanger, Tétouan, Ouazzane, Larache) reste l'une des régions les plus touchées en termes de superficie globale incendiée par an.

? IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LA BIODIVERSITÉ

Le dernier rapport national sur la biodiversité (MDCE, 2014) cite le changement climatique parmi les principales menaces et causes d'appauvrissement de la diversité biologique (le coût économique de ces impacts reste cependant difficile à estimer).

L'enquête nationale sur l'état de conservation des zones humides entre 2000 et 2010, montre que dans 51% des cas étudiés, les évolutions observées sur les sites sont liées au changement climatique.

Selon le même rapport, la moyenne annuelle des coûts économiques additionnels de la perte de biodiversité due au changement climatique est estimée à 300 millions de dollars US pour l'année 2010. À l'horizon 2030, selon un modèle intensif en carbone, couplé avec le changement climatique, l'inaction fera passer ce chiffre à deux milliards de dollars. Les conséquences de perte de biodiversité sur les populations sont perceptibles à travers les exemples ci-après :

? Diminution du potentiel végétal risque de compromettre la sécurité énergétique. En effet, le bois de chauffe et le charbon de bois assurent encore une grande partie de ces besoins en milieu rural.

? Baisse du rendement agricole due à une baisse de la fertilité des sols par l'accélération de l'érosion éolienne et hydrique liée en partie au déboisement mais aussi à des phénomènes d'ensablement observés par exemple dans les oasis du sud du pays.

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? Détérioration de certains services notamment la qualité de l'eau, ainsi que la raréfaction des ressources halieutiques tel que le poisson peuvent entrainer des carences nutritionnelles et occasionner des maladies.

? Augmentation des phénomènes d'érosion en zones de montagne : Le phénomène des inondations observé dans les vallées des Atlas s'explique en partie par la perte des services de régulation de ces montagnes, qui contribuent à la résorption des eaux de ruissellement.

Les services fournis par les écosystèmes de montagne s'étendent bien souvent au-delà de leur zone géographique et incluent l'équilibre hydrique, la régulation du climat et la préservation des différentes espèces de plantes et d'animaux.

Compte tenu de leur altitude, de leur inclinaison et de leur exposition au soleil, les écosystèmes montagneux sont les premiers à subir les effets des variations climatiques.

Les montagnes sont particulièrement sensibles au CC, et nombreux sont les éléments (température, précipitations, etc.) qui déterminent la répartition des espèces dans ces régions. Les phénomènes météorologiques extrêmes sont de plus en plus courants dans les zones montagneuses.

? Réduction de la disponibilité des ressources naturelles : Il paraît évident que la réduction des espaces forestiers, des surfaces pastorales, de la fertilité du sol, ... ne peuvent avoir que des conséquences négatives sur la disponibilité des ressources naturelles et des services que procurent ces écosystèmes (bois, sous-produits de la forêt, céréales, légumes, unités fourragères, cheptel, etc.).

Il paraît évident également qu'une pénurie de ces produits ne peut se traduire sur le terrain que par une diminution des recettes et des revenus pour les populations, moins de journées et de postes de travail, plus de chômage, etc.

? Extension de la pauvreté : La pauvreté est une cause de la dégradation des ressources naturelles ; mais la pauvreté est également une conséquence de l'ensemble de ces menaces, aussi bien celles « naturelles » qu'anthropiques. C'est une question d'autant plus importante que la population marocaine est essentiellement rurale et que, justement, c'est dans ce milieu rural que sont concentrées les ressources forestières et agricoles et, donc, les ressources naturelles constituant le support des besoins de ces populations.

En effet, au Maroc, sur une superficie de 19 millions d'hectares, plus de 17 millions sont dégradées. La baisse prévue des ressources en eau, qui sont déjà dans une situation de surexploitation importante, est évaluée en moyenne entre 10 à 15% à l'horizon 2020. Ces dernières années, les conséquences des inondations répétées observées dans la région ont mis en exergue l'extrême vulnérabilité des pays d'Afrique du Nord et l'importance des conséquences sanitaires, économiques et environnementales, ainsi que la faiblesse de leur capacité de réponse.

La moyenne annuelle des coûts économiques additionnels de la biodiversité dus au changement climatique a été estimée à 300 millions de dollars US pour l'année 2010. À l'horizon 2030, selon un modèle intensif en carbone, couplé avec le changement climatique, l'inaction fera passer ce chiffre à 2000 millions de dollars (DARA, 2012). Selon la même source, le coût de l'inaction causera un déclin de la richesse biologique et donc des services écosystémiques estimé à $100 Millions à l'horizon 2030. La perte et l'érosion de la diversité génétique, en particulier en ce qui concerne les agriculteurs pauvres, est associée à la réduction de la sécurité alimentaire, à une incertitude économique accrue, à une plus

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grande vulnérabilité aux parasites et aux maladies, à la réduction des possibilités d'adaptation et à une accélération de la perte de connaissances locales sur diversité pour les générations futures.

Le rôle et l'importance des ressources biologiques dans la vie quotidienne des populations permettent d'appréhender les conséquences de la perte de biodiversité sur leur bien-être. La diminution de la diversité biologique affecte et continuera d'affecter négativement les secteurs de développement si le processus de dégradation se maintient. L'affectation des moyens de subsistance accentue le phénomène de pauvreté aux niveaux rural et péri-urbain.

Par ailleurs, le Maroc enregistre une tendance à la diminution, voire à l'éradication d'un certain nombre de maladies : en particulier, les maladies cibles de la vaccination, mais aussi les maladies à transmission hydrique, typhoïde et choléra en tête, le trachome, la bilharziose, la lèpre et le paludisme.

Toutefois, le changement climatique aura des répercussions directes et indirectes sur la santé humaine et sur la santé animale. Les effets des phénomènes météorologiques extrêmes et l'augmentation des maladies infectieuses, telles que des incidences accrues de leishmaniose comptent parmi les principaux risques à prendre en considération (Bounoua et al., 2013).

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984