Introduction
Ce chapitre nous permettra de décrire, la
dégradation des ressources qui constituent le territoire de Tiddas qui
atteignent des stades très avancés du fait de leurs
surexploitation par les paysans et leurs troupeaux, ainsi que les initiatives
paysannes pour remédier à la situation.
L'utilisation des terres de la commune est
intégrée dans un système agro-sylvo-pastoral qui s'appuie
sur les terres de cultures, les parcours collectifs et la forêt. Cette
gestion de l'espace est soumise à de nombreuses contraintes. En effet le
climat de la région appartient à l'étage bioclimatique
semi-aride caractérisé par des fluctuations interannuelles
où la sécheresse peut intervenir à n'importe quel moment
du cycle de croissance des cultures. En général, deux types de
sécheresses sont observées : la première a lieu au
début du cycle du démarrage de la culture et qui, réduit
le nombre de plantes et le tallage et donc la quantité de biomasse
totale. La deuxième sècheresse, la plus fréquente, a lieu
à la fin du cycle ce qui affecte le remplissage des grains par l'effet
du déficit hydrique. Notons que cette fin de cycle est souvent
marquée par hautes températures qui caractérisent cette
période. Un troisième type de sécheresse est parfois
observé, il concerne le milieu du cycle. De même, la plupart des
sols rencontrés dans la région, sont pauvres en matière
organique, peu profonds et érodable, leurs capacités de
conservation de l'eau sont très limitées et sont par
conséquent peu favorables aux cultures en bour (Farhaoui I ; 2008).
Par ailleurs, la dégradation concerne la disparition de
l'étage arborée de la végétation et sa
matorralisation, et la réduction de la biodiversité. Cette
surexploitation des ressources est due principalement au surpâturage et
l'exploitation du bois qui dépasse les potentialités de
l'écosystème forestier, entraîne annuellement la
réduction du couvert forestier et la raréfaction des ressources
pastorales. Les sols, sont souvent mis à nu, et surtout ceux en pente
font exposés aux phénomènes d'érosion.
De même, les sols des zones arides, semi-arides par
suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques, les
techniques culturales moins appropriées, et les activités
humaines sont appauvris en matière organique par divers types
d'érosion.
Cette dégradation a pour conséquences notamment
la diminution de la productivité agricole, la migration,
l'insécurité alimentaire, les dégâts apportés
aux ressources et aux écosystèmes de base et la perte de la
biodiversité du fait des changements subis par l'habitat (Farhaoui I ;
op.cit.).
Pour exploiter les terres de culture d'une façon
commode, les paysans ont mis en place des pratiques différentes de
gestion du système agraire, en relation avec la taille de
l'exploitation, la répartition spatiale des parcelles, la
disponibilité de la main d'oeuvre familiale. Ce système qui
constitue des prémices de lutte contre la dégradation et de
restauration de la fertilité des sols fait appel à la mise en
oeuvre des techniques de Conservation des Eaux et des Sols (CES). Parmi les
techniques utilisées : la rotation des cultures le parcours tournant sur
les parcelles sans trop les dégrader, l'installation des clôtures
biologiques (cactus) sur les parcelles en pente, etc. (Farhaoui I, op.cit.
; Aderghal & al,2011).
En outre, en sus de ces nombreuses options d'adaptation
utilisées pour améliorer la production (apport de fumure, gestion
de l'eau, sélection de certaines variétés), le paysan fait
appel aussi aux techniques de gestion en vue de diversifier ses revenus.
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? Facteurs de dégradation des terres
La dégradation des terres dans la région de
Tiddas, peut être expliquée par l'intervention d'un certain nombre
de facteurs naturels et humains ayant modifié les conditions de
l'environnement. Les dégâts observés touchent, en premier
lieu, les agriculteurs de la région auxquels ces
phénomènes posent de réels problèmes.
Parmi les facteurs mis en cause, on cite les facteurs naturels
et humains. Parmi les facteurs naturels de la
dégradation des terres, le climat méditerranéen
caractérisé par un été chaud et sec et un hiver
doux et pluvieux constitue un facteur explicatif de la dégradation des
terres. Ainsi, le caractère brusque et violent de ses pluies automnales
leur procure un pouvoir érosif élevé ; les
sécheresses naturelles fréquentes exercent sur la
végétation une pression négative très importante et
réduit son rôle de protection contre l'érosion.
De même, on signale que la région de Tiddas est
constituée d'une topographie disséquée, un substrat
géologique formé de couches friables à dominance marneuse
vulnérables à l'érosion hydrique ou éolienne. Les
sols sont battants pauvres en matière organique qui offrent
également un cadre adéquat pour l'érosion hydrique et
éolienne. La pente des versants est aussi un élément
déterminant dans le problème de dégradation des terres
surtout ceux dont la pente de plus de 15% sont plus érodables.
Les facteurs anthropiques qui se manifestent principalement
par les techniques de labour, sont mis en cause dans la dégradation.
Ainsi, le labour parallèle aux lignes des pentes de versants favorise,
par l'ameublissement du sol, sa vulnérabilité au ruissellement.
Par ailleurs, l'usage du tracteur des terrains en pente cause en plus du
tassement, la formation d'une semelle de labour favorable également
à l'érosion.
Les manifestations de la dégradation des terres dans la
région de Tiddas prennent des aspects différentiels en fonction
des caractéristiques physiques de la région elle-même ou de
l'utilisation des terres par la population. Elles se manifestent dans les
formes d'érosion qui représentent actuellement un
phénomène majeur dans la région. Ces formes
d'érosion sont multiples et variées et participent plus au moins
activement à l'appauvrissement des sols avec des pertes en
productivité. Parmi ces formes on cite les griffes et les rigoles qui se
développent, essentiellement, sur les terrains de culture
fragilisés par le labour mais peuvent également, s'installer sur
des terres non travaillées mais sans couverture végétale.
Les ravines ont une forme plus accentuée que les rigoles et atteignent
des dimensions considérables qui ne sont plus effacées par le
labour.
? Les effets de la dégradation
La technique des labours et la gestion inappropriée des
terres cultivées et la pauvreté due aux faibles revenus des
exploitants, ont pour conséquence une dégradation qui se
révèle à travers les dégâts apportés
aux ressources et aux écosystèmes de base et la perte de la
biodiversité du fait des changements subis par l'habitat aussi bien au
niveau des espèces qu'au niveau génétique. Cette situation
se traduit par la diminution de la productivité agricole,
l'insécurité alimentaire, la migration, etc.
Les terres Bour en pente ont connu une forte
dégradation sous l'effet des facteurs liés au surpâturage ;
à la compaction du sol par le piétinement du bétail
nombreux, ce qui a pour conséquence la réduction de la
productivité des sols et leur exposition à l'érosion
hydrique. Signalons que cette baisse de la
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productivité agricole n'est pas due uniquement à
la perte en sol, mais également et à la perte de nutriments par
détérioration de la fertilité.
La dégradation des terres sous l'effet de
l'agressivité des pluies conjuguées à une absence de
protection végétale, l'alternance de périodes
sèches et humides, la fragilité des formations géologiques
et l'action anthropique, provoquent des crues soudaines et violentes, ce qui
contribue à augmenter encore le volume et la charge solide de
l'écoulement et entraîner l'envasement des retenues des
barrages.
Face aux problèmes de dégradation des terres,
les paysans de la région développent des techniques de
restauration et conservation des terres agricoles pratiques dont les plus
utilisées sont : le labour isohypse, la rotation culturale et la
plantation fruitière (Aderghal, & al. 2011 ; Farhani, 2008 ; Roose,
E ,1994).
? Les stratégies de conservation des eaux et
des sols et les techniques appliquées Les techniques de CES
menées localement sont développées pour répondre
à des besoins précis (remédier à la
dégradation des terres, préserver les terres contre la
dégradation, gestion de la fertilité des terres, production des
produits alimentaire pour l'homme et les animaux) et permettre le
dépassement des conditions écologiques contraignantes
caractérisées en particulier par la rareté des ressources
naturelles, notamment les eaux et les sols.
Ces techniques, appliquées dans le cadre des
exploitations agricoles privées, relèvent d'une initiative
individuelle et s'inscrivent en même temps dans des modes d'organisation
institutionnelle, soit hérités des pratiques séculaires,
soit actuelles et relèvent de l'action de l'état ou du
déploiement du capital privé.
Deux types de techniques de CES sont en vigueur à
Tiddas parmi lesquelles, on cite (i) les techniques traditionnelles
développées dans la région à partir des pratiques
et des connaissances empiriques des paysans, et (ii) les techniques modernes
introduites par l'Etat dans le cadre de la mise en valeur des terres en bour au
Maroc (Farhaoui, op.cit.).
Nous distinguons entre 3 types de techniques de CES : les
techniques agronomiques, les techniques végétales et biologiques,
les techniques physiques.
La conservation des eaux et des sols dans Tiddas s'est
manifestée dans un premier temps par des pratiques agronomiques
autochtones visant à améliorer l'importance des quantités
d'eau stockées dans le sol.
Parmi les techniques empiriques utilisées, on cite
la rotation et l'assolement des cultures, le labour isohypse,
l'apport de fumier dans le sol et le billonnage isohypse...etc.
Sur le plan de l'efficacité environnementale, les
techniques agronomiques et végétales sont les techniques les plus
efficaces en matière de restauration des terres dégradées
et la conservation des terres contre la dégradation, car leurs
interventions se fait au niveau de la gestion de la fertilité de
terres.
a. Le labour isohypse
Le labour isohypse est utilisé, sur les versants
à différentes pentes, qui permet l'ameublement du sol en
profondeur sur 0-30 cm, l'enfouissement des résidus de récolte,
et facilite la préparation du lit de semence. Son but est de
réduire la densité apparente du sol et de briser les couches
compactées pour préparer le semis des cultures annuelles. Lors du
labour, le sol est retourné, ce qui entraîne son aération
et l'enfouissement des résidus de culture et des mauvaises herbes de
surface et donc favorise la minéralisation et la disponibilité
des éléments nutritifs pour les plantes. Par ailleurs,
l'ameublissement du sol en profondeur améliore l'infiltration de l'eau
et permet un bon développement racinaire assurant
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ainsi une bonne croissance des plantes. Il est certain que le
labour dans le sens des courbes de niveau est avantageux en termes de
conservation des eaux, et des sols et des nutriments.
Mais étant donné que les terres soumises
à ce type de labour sont souvent en pente et composé de sols
fragiles, le phénomène de dégradation continue à
être présent de manière moins marqué que sur des
terres labourées dans le sens de la pente. Cette pratique a tendance
à disparaitre pour laisser la place à l'utilisation du tracteur
suite à l'acquisition des terres par des non paysans mais qui n'est pas
sans inconvénients pour la conservation des sols.
b. Apport de fumier dans le sol
L'apport de fumier dans le sol est l'une des techniques
agronomiques de CES utilisées par les paysans de la zone. Cette
technique consiste en l'enrichissement du sol par des quantités
importantes de fumier organique produit dans l'exploitation agricole. En effet,
l'incorporation du fumier dans le sol par enfouissement par labour permet de
garantir sa fertilité, assurer la cohésion de ses
éléments et empêcher in fine son érodabilité
par ruissellement après les pluies. L'avantage de l'emploi du fumier
naturel est d'enrichir le sol par la matière organique qui maintient la
cohésion des mottes et augmente le rendement.
c. Rotation culturale et assolement
Pour améliorer la productivité des terres bour
en pente les paysans pratiquent des rotations culturales qui font
succéder une sole de légumineuse aux céréales
réduisant ainsi la période de jachère. Mais au-delà
de l'intérêt économique, cette pratique à des effets
au niveau de la conservation des sols, la couverture continue du sol permet la
réduction des effets de pluies sur les sols nus. Sur une même
parcelle deux cultures permettent une couverture continue des sols, et par
là ils le protègent contre les risques d'érosion.
De ce fait, la pratique de la technologie de rotation
culturale contribue à la conservation de l'eau et à
l'amélioration de la structure du sol et de sa stabilité
structurale, en plus de l'accroissement de l'activité biologique. Elle a
également des effets positifs sur l'augmentation des rendements qui
atteignent en moyenne 25 qx /ha dans le blé tendre de rotation
blé/légumineuse, et 20qx/ha dans la monoculture d'orge et 19
qx/ha dans le blé tendre de rotation blé/maïs. On ne peut
donc qu'affirmer que cette technologie améliore la
sécurité alimentaire et assure l'autosuffisance des paysans.
Cependant, la pratique de la rotation, malgré ses effets
bénéfiques, n'est pratiquée que par les exploitations qui
dépassent 5 ha (5 à 15 ha) et qui intègrent
l'élevage et l'agriculture comme activités principales (Farhani,
op.cit.).
? Les techniques végétales ou biologiques
de conservation des eaux et des sols Des techniques
végétales de conservation des eaux et des sols sont
utilisées par les paysans à un niveau individuel et collectif. Il
s'agit de la confection des haies autour des parcelles, des plantations
fruitières et la végétalisation des ravines par des arbres
d'eucalyptus ou des cactus.
i. Les haies
Les haies sont une combinaison d'arbres ou d'arbustes
généralement plantés et entretenus pour constituer une
fermeture. Elles sont usuellement disposées en limites des parcelles
pour assurer la séparation des propriétés ou la protection
contre l'intrusion des animaux et des personnes. Selon leurs compositions, les
haies vives, composées d'espèces locales (cactus, laurier, thuya)
ou introduites (pins, eucalyptus, oliviers) et sont entretenue et
taillée soit touffues. Les agriculteurs appréciaient autrefois
ces haies pour leurs capacités à délimiter les parcelles,
et comme brise vent pour protéger les cultures et de l'érosion
également. De plus, elles ralentissent fortement l'érosion
hydrique des sols et favorisent par l'infiltration
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de l'eau le long de leurs racines, l'alimentation des nappes
phréatiques et à limiter à la fois les risques et les
effets des phénomènes de sécheresses ou des
inondations.
ii. La correction biologique des ravines
Le paysan a depuis toujours eu le souci du danger que
présente le ravinement pour sa parcelle qui est souvent exiguë, et
a lutté contre ce phénomène par des opérations de
comblements ou de plantation d'arbres tels le figuier, le cactus, l'eucalyptus,
etc. Par cette technique, il réalise d'abord la correction du ravin et
donc la régularisation des écoulements, ensuite la
réduction du risque de dégradation des terres et l'amenuisement
des superficie cultivées.
iii. Les techniques physiques de conservation des eaux
et des sols
Les techniques physiques de CES rencontrées dans la
zone sont : les terrasses d'arboricultures, les murettes en pierres
sèches et les gabions sont des techniques modernes introduites à
une date récente par les paysans mêmes ou à la suite de
l'intervention des services techniques du ministère de l'agriculture
dans le cadre des programmes de mise en valeur bour (PMVB).
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