Introduction
La commune de Tiddas connait depuis quelques années des
modifications climatiques qui compromettent de façon négative
tous les efforts de développement : les sécheresses
récurrentes, régime pluviométrique irrégulier
aggravé par une insuffisance pluviométrique. Pendant les
périodes estivales on assiste à des vents très chauds de
chergui liés à de fortes insolations qui réduisent
fortement les productions agricoles.
Ainsi, les populations rurales sont sérieusement
menacées par les effets néfastes de ces changements qui diminuent
les rendements agricoles qui ne satisfont pas la sécurité
alimentaire. Cette situation d'insécurité pousse les jeunes
ruraux à l'exode massif aux fins de fuir la pauvreté. Pour
survivre, les populations se rabattent sur l'exploitation des ressources
forestières par le parcours et les coupes de bois vifs, ce qui en
résulte une désorganisation des structures forestières
(matorralisation), et une dégradation par l'érosion des terres
sans abri du couvert végétal.
Par ailleurs, certaines études sur les impacts du
changement climatique prennent en compte l'adaptation des systèmes de
culture ou des populations. Les options d'adaptation disponibles en agriculture
pour faire face au changement climatique peuvent être classées en
quatre grandes catégories (Chuku et al., 2009) :
1) la gestion des revenus/actifs ; 2) les assurances et
programmes gouvernementaux ; 3) les pratiques de production des exploitations ;
4) le développement technologique.
En outre, de nombreuses options d'adaptation sont
déjà utilisées à l'échelle locale par les
agriculteurs marocaines. Ce sont généralement des pratiques de
production (gestion de l'eau, sélection de certaines
variétés, fertilisation), mais aussi des techniques de gestion
des revenus (diversification des revenus, migrations).
Cependant, dans la plupart des études sur l'Afrique du
Nord, l'adaptation n'est pas explicitement prise en compte. Dans certaines
études, la date de semis change chaque année, mais reste
fondée globalement sur la même technique de semis : cette attitude
est donc plus une adaptation à la variabilité interannuelle du
climat qu'au changement climatique (Müller et al., 2010).
D'autres simulent quant à eux le rendement de certaines
cultures avec et sans adaptation. Ils considèrent de nouvelles dates de
semis et d'hypothétiques variétés
améliorées. Les pertes de rendements futures sont ainsi
clairement limitées (Tingem et al., 2009). Dans le même ordre
d'idée, Butt et ses collègues présentent leurs
résultats conjointement sans adaptation et avec un ensemble d'options
d'adaptation théorique : options économiques, mélange de
cultures et variétés résistantes à la chaleur (Butt
et al., 2005). Là aussi, ces options augmentent clairement les
rendements futurs.
3.2.1 Tiddas un territoire agroforestier
La population de la Zone forestière et péri
forestière relevant des tribus ZAERS et BNI HKAM qui sont issues de la
tribu mère dite Beni Hkam, dont les origines remontent à la tribu
Beni Amklid issue des Sanhaja.
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La tribu des Zaer fait partie de la commune Joumât Moul
Lablad dont certains douars sont situés à proximité de la
forêt de Tiddas et utilisent par coutume les parcours de la forêt
qui est exploitée surtout par les Beni Hkam avec 82% de forêt
(DEFLCD, 2018).
Par ailleurs, la population rurale de Tiddas est regroupée
en deux (02) Unités Socio-Territoriales (UST), à savoir le
groupement humain « Beni Hkam » et « Zaer ». Ces dits
groupements sont décrits dans le tableau suivant :
Tableau 5. Territoires de la forêt de
Tiddas.
Territoire (UST)
|
Douars (sous douars)
|
Superficie dans la forêt (ha)
|
Superficie hors forêt
|
Superficie totale (ha)
|
Beni Hkam
|
Ait amar, Ait Ali ou amar, Ait Laânzi, Ait Boubker, A.S.
Youssef, Ait Ghassan, Ait Hmane, Ait Krad, Ait laalam, Krarcha, Ait Brahim, Ait
salmane, Ait ali ou amar, Ait Mhamed, Ait Hmane
|
3098,84
|
19552,7
|
22651,54
|
Zaer
|
Lamnasra, Swalha, Oulad Amira, Ait laaroussi
|
702,30
|
4384,9
|
5087,2
|
|
Total
|
3856,14
|
23937,6
|
27738,74
|
Source : (DEFLCD, op.cit.). ?
Agriculture
Le secteur agricole occupe une place importante dans les
activités des ménages. Ceux qui ne pratiquent pas l'agriculture,
ont souvent cédé leurs parcelles aux bonnes potentialités
agricoles en métayage ou en fermage.
La SAU moyenne des deux territoires de Beni
Hkam et Zaer se caractérisent par des superficies importantes par foyer.
La SAU moyenne par foyer est très variable et s'étale sur 3
à plus de 20 ha. Ceci témoigne de la présence de deux
grandes classes d'exploitants agricoles : les petites exploitations et les
grandes exploitations. En outre, on peut noter que les principales
spéculations agricoles sont le blé tendre, blé dur et orge
qui occupe en moyenne respectivement, 40%, 30% et 25% au niveau des territoires
de la commune de Tiddas (Ibid.).
La pluie est globalement la variable explicative
première de la productivité des céréales, les
rendements plafonds en Bour sont de l'ordre de 30-50 qx/ha en cas de bonnes
années pluvieuses. Par contre, ces rendements peuvent tomber à
moins de 5 qx/ha (enquête, 2020), pendant les compagnes très
sèches et/ou en cas de crise économique tel le cas de cette
année de l'extension de la pandémie du COVID-19.
L'utilisation des intrants sous forme d'engrais engrais
fertilisants est courante au niveau des deux territoires où on
relève, par contre, l'abandon de la jachère d'une manière
générale.
L'Arboriculture constitue l'activité
indispensable pour le développement rural et la valorisation de
l'espace. Le caroubier et l'olivier constituent les arbres fruitiers le plus
abondants dans la région étudiée. Certes, l'amandier,
malgré son adaptabilité écologique, n'est pas encore
développé dans la zone.
Les rendements de l'olivier sont variables en fonction de
l'âge des arbres, des densités de plantation et des soins
culturaux. Le rendement en olive par arbre est de l'ordre de 50-100 kg/arbre
(Ibid.).
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? Agroforesterie
Au sein du paysage agricole, les éléments
arborés offrent une grande diversité de produits (bois d'oeuvre
ou de chauffage, fruits, fourrages, etc.) et création d'habitat pour la
faune, microclimats, stabilité des sols (Fortier et al, 2010a, 2010b,
2011).
Les parcelles agroforestières constituent des zones de
refuges et assurent la fonction de corridors biologiques et de conservation de
la biodiversité et participent ainsi à la Trame Verte et Bleue
(Guyomard et al., 2013). Dans un contexte global, cette diversité de
fonction contribue aux stratégies d'atténuation et d'adaptation
de l'agriculture face aux changements climatiques. Cependant, les Techniques
Agro-Forestières (TAF) sont rarement adoptées dans la zone
d'étude e sont comme suit :
? Alignements d'arbres intra-parcellaires
Il s'agit d'association des arbres (olivier, jujubier
fruitier) aux grandes cultures (céréales, maïs,
fève...) ou aux prairies (fauche ou pâturage) qui constituent les
limites de propriété sont rares. L'agroforesterie de nouvelle
génération dont l'agencement intra-parcellaire des arbres qui
s'adapte à la mécanisation agricole est absente.
? Agroforesterie et maraichage
Ces systèmes associent les cultures
maraîchères (artichaud, radis, betterave, carotte, aubergine,
oignon, patate douce, etc.) aux arbres qu'ils soient fruitiers (abricotier,
caroubier, olivier, etc.) ou à vocation de production de bois
(eucalyptus, pin d'Alep, etc.), occupent un espace réduit.
? Pratique forestière
? Exploitation du bois
Les espaces forestiers de la zone produisent essentiellement
du bois de feu, qui, sont exploitées par les usagers pour satisfaire
leurs besoins domestiques. Les prélèvements effectués
varient en moyenne de 3 à 4 t/ménage/an (HCEFLCD, 2018),
proviennent de toutes les espèces ligneuses d'arbres et arbustes (thuya,
oléastre, lentisque, jujubier, arbousier, doum, sumac, etc.) qui sont
soumises à la même pression.
? Exploitation des Pam, et autres
En outre, la collecte du thym est pratiquée au niveau
de la zone pour les besoins domestiques des foyers et les personnes qui
pratiquent cette activité sont généralement pauvres ce qui
leur permet de dégager des revenus pouvant assurer un minimum de
conditions du bien-être. La collecte s'opère pendant deux mois
(avril et mai), et s'exerce souvent par arrachage à la main. Les
quantités moyennes récoltées annuellement sont de l'ordre
15 kg/personne/an ; soit 580 - 870 kg/an (DEFLCD, op.cit.).
? Exploitation des parcours
Le cheptel de la zone d'étude s'estime à 71 719
UPB dont les effectifs des ovins sont les plus dominants au niveau des deux
territoires de Beni Hkam et Zaer. Cependant, pour mieux valoriser la matorral,
les troupeaux de caprins dominent celui des ovins. (DEFLCD,
op.cit).
Ainsi, la charge réelle (Cr) imposée aux
parcours au niveau de la zone reste très élevée
(9,1 UPB/ha) vu les potentialités pastorales faibles
des faciès pastoraux de la zone (production moyenne estimée de
225 UF/ha/an). Compte tenu de la charge d'équilibre de 1UPB/ha/an, le
degré de surpâturage est de (91%) ce qui indique
un surpâturage important qui se traduit par une dégradation des
ressources sylvopastorales (DEFLCD, op.cit.).
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