II- STATUT VACCINAL DE CES MIGRANTS DANS LEUR PAYS
D'ORIGINE
Le statut vaccinal varie en fonction du pays d'origine de
l'immigré et peut être pauvre que ce soit à cause de
l'accès au soin, des guerres, de la politique vaccinale du pays ou des
croyances qui sont propres à ces patients (3).
Identifier un « migrant » selon son pays d'origine
reviendrait donc à lui proposer un meilleur schéma pour une
meilleure couverture vaccinale.
Il serait donc opportun de définir initialement
l'épidémiologie des maladies contagieuses à
prévention vaccinale dans le pays d'origine et ceux de passage de ce
migrant.
On se basera ici sur les données récentes,
publiées par l'OMS5, pour évaluer principalement les
mauvais taux de couverture de certains pays, préférentiellement
des pays en voies de développement, et ce dans toutes les régions
y compris la zone euro notamment chez les nourrissons.
1- Etats de lieux des vaccins recommandés en
France en 2016
On note des couvertures vaccinales insuffisantes dans les pays en
voie de développement : notamment en Afrique subsaharienne, en
Amérique latine, En Asie du Sud et dans le Pacifique (Figure 1 et 2).
Ces couvertures vaccinales restent très fragiles et peuvent varier
rapidement et éventuellement défavorablement en fonction du
programme vaccinal et du
3 WHO_EVAP_UK_v30_WEBx.pdf [Internet]. [Cité 7
févr. 2018]. Disponible sur:
http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0007/255679/WHO_EVAP_UK_v30_WEBx.pdf
4 Immunization_routine_table2_FR.pdf [Internet].
[Cité 7 févr. 2018]. Disponible sur:
http://www.who.int/immunization/policy/Immunization_routine_table2_FR.pdf
5 GHO | By category | Immunization [Internet]. WHO.
[Cité 7 févr. 2018]. Disponible sur:
http://apps.who.int/gho/data/node.main.A824?lang=en
contexte géopolitique du pays. L'ensemble des couvertures
vaccinales par pays peut se retrouver sur le site de l'OMS (4) :
http://apps.who.int/immunization
monitoring/globalsummary/countries?countrycriteria%5Bc ountry%5D%5B%5D=PHL
et au niveau européen (ECDC):
http://vaccine-schedule.ecdc.europa.eu/Pages/Scheduler.aspx.
Exemple du Diphtérie-Tétanos-Coqueluche en 2016
> Des couvertures vaccinales encore très
insuffisantes dans certaines zones (<50% de couverture vaccinale): Ukraine
(Europe de l'Est), Guinée équatoriale (19%), Soudan
du Sud (26%), Somalie, Syrie (42%), Tchad (46%), RCA (47%),
Nigéria (49%)
> Et les zones d'excellente couverture : notamment les pays
d'Amérique du Nord, d'Europe de l'ouest et du Centre, la Russie et
l'Australie.
a) Les oreillons :
Ce virus qui se veut cosmopolite, atteint surtout les enfants
entre 5 et 9 ans et peut aussi toucher les adultes. Les zones OMS d'Afrique et
d'Asie du Sud-est ne sont pas immunisées et certains des pays
concernés n'ont probablement pas de programme vaccinal contre ce virus
(Figure 3)
b) La rougeole :
En 2016, l'OMS estime qu'il y a seulement 85% des enfants des
pays OMS qui ont reçus 1 dose de vaccin contre la rougeole à 2
ans révolus et seulement 64% des enfants couverts à 2 doses selon
le schéma vaccinal recommandé. Les plus grandes
épidémies recensées en 2016 dans le monde sont en Inde,
Nigéria, Pakistan, Ukraine, Chine, Italie, Malaisie, RDC, Thaïlande
et en Italie (Figure 4), avec parallèlement, un taux d'immunisation
vaccinal bas (5) (Figure 5). On objective la distribution des cas de rougeole
dans le monde OMS en 2018 (figure 6), avec une évolution plutôt
cyclique de la maladie et des grandes épidémies notamment en
Europe, En Asie du Sud et Pacific Ouest (dernière épidémie
en cours en France avec pic en Novembre 2017). Cependant la quasi absence
d'épidémie dans la région Amérique (donc pas
d'immunisation naturelle). Cette tendance est confirmée par le tableau 3
ci-dessous qui expose le nombre de cas de rougeole reportés et
confirmés dans les différentes régions OMS avec une
très faible incidence dans la région Amérique par rapport
aux autres régions en janvier 2018.
Tableau 3 : incidence de rougeole selon les
régions OMS. (Données de janvier 2018)
10
WHO Region
|
Member States
Reported
(expected)
|
Total
Suspected
Total measles
|
|
Clinically
|
Epidemiologically
Linked
|
Laboratory-
|
Data received
|
African Region
|
43 (47)
|
51782
|
23610
|
confirmed
10198
|
8731
|
confirmed
4681
|
2018-01
|
Region of the Americas
|
30 (35)
|
|
272
|
1
|
0
|
271
|
2018-01
|
Eastern Mediteranean Region
|
20 (21)
|
32361
|
9402
|
237
|
672
|
8493
|
2018-01
|
European Region
|
52 (53)
|
20987
|
16006
|
2894
|
4290
|
8822
|
2017-12
|
South-East Asia Region
|
11 (11)
|
77732
|
56498
|
41996
|
8937
|
5565
|
2018-01
|
Western Pacific Region
|
26 (27)
|
47607
|
9329
|
2434
|
76
|
6819
|
2018-01
|
Total
|
182 (194)
|
|
115117
|
57760
|
22706
|
34651
|
2018-01
|
c)
11
La rubéole :
Des épidémies de rubéole notamment
infantile ont été reportées en 2016 en Afrique australe,
Inde entre autre (Figure 7) (6). Des cas de rubéoles ont aussi
été rapportés en France la même année.
L'annexe Figure 7a (7) vous montrent la distribution des cas de rubéoles
dans le monde de 2015 à 2018. Ainsi, certains migrants seront
originaires de pays où l'incidence est quasiment nulle et avec une
absence d'immunisation à leur arrivée en France, cette
dernière n'ayant pas éradiqué le virus (Figure 8). On
objective aussi des données de couverture vaccinale d'une dose de
rubéole dans les régions OMS avec un défaut majeur de
vaccination dans la région africaine et d'Asie du Sud et une couverture
insuffisante dans l'Est méditerranéen. Le taux de couverture
semble meilleur dans les 3 autres régions (Figure 9).
d) Le pneumocoque :
On note l'introduction dans le programme national de
vaccination du vaccin antipneumococcique mais uniquement pour les nourrissons
dans certains pays en voie de développement depuis 2011. La
mortalité induite par cette bactérie cosmopolite occasionne reste
assez élevée dans le monde.(4)
e) Haemophilus Influenzae (HiB)
:
Responsable de méningites et de pneumonie notamment
chez les nourrissons non vaccinés, avec une mortalité accrue donc
dans les zones sous vaccinées (PVD +++). Introduction du vaccin dans
certains pays non immunisés seulement depuis 2011 (Rwanda, Seychelles,
etc.)
f) La Varicelle :
Bien que les données sur la varicelle proviennent
surtout des pays riches, il est noté que la prévalence de cette
maladie est plutôt avant l'adolescence dans les zones
tempérées et plutôt en âge adulte (donc risque de
complication accru) dans les zones tropicales. Les études de
séroprévalence menées sur des populations insulaires et
dans des pays tropicaux d'Asie du Sud-est attestent d'une acquisition à
un âge plus tardif de l'infection varicelleuse par rapport à ce
que l'on observe en Europe et en Amérique du Nord 6 .
g) La méningite
bactérienne:
Responsable de septicémie et de méningites, il
s'agit d'une infection cosmopolite avec des zones d'endémie
localisées au niveau de la ceinture africaine. Le succès de
l'introduction du vaccin contre la méningite A a diminué
l'incidence de cette dernière et on voit émerger d'autres souches
jusqu'ici minoritaires. Les derniers cas d'épidémie
enregistrés en 2017 ont été localisés au Togo
(souche W), Nigéria et Libéria (souche C). En France, on vaccine
contre la souche C, le reste des souches étant le plus souvent
importées.
h) L'hépatite A :
Les adultes provenant des zones tropicales et/ou sous
développées sont le plus souvent immunisés (Figure 10).
Mais, il n'est pas rare que les adultes perdent leur immunité induite
par la maladie ou que les enfants n'en n'aient jamais eu (tableau 4). En
France, cette vaccination n'est recommandée que pour les voyageurs non
immunisés et les personnes à
6 Backround paper on varicella vaccines- SAGE working
group. [Internet]. [Cité 10 févr. 2018]. Disponible sur:
http://www.who.int/immunization/sage/meetings/2014/april/1_SAGE_varicella_background_paper_FINAL.pdf?
ua=1
12
risque (homosexuels notamment), ainsi que pour les nourrissons
de parents originaires de zone d'endémie (cependant, le vaccin
n'étant pas pris en charge par la sécurité sociale, il
n'est pas souvent proposé spontanément dans ce dernier cas de
figure).
i) La poliomyélite :
Les régions endémiques de poliomyélite
en 2014 ne concernaient que Le Nigéria, Le Pakistan et L'Afghanistan en
raison des conflits armés avec une réduction de plus de 90% de
paralysie induite par le virus secondairement au plan vaccinal mis en place par
l'OMS en 1988 7. Reste néanmoins qu'en cas de conflit
armé avec instauration de population et secondairement de conditions de
vie défavorable (malnutrition, insalubrité), on peut noter une
résurgence de cette maladie comme se fut le cas en Syrie et en
République Démocratique du Congo en 2017 si la population se
retrouve insuffisamment immunisée. La mise à jour vaccinale est
donc nécessaire pour éviter des foyers endémiques de
poliomyélite, qui rappelons le même si ne circule plus en Europe
n'est pas encore éradiquée.
j) Le tétanos :
Surtout présent dans les zones
sous-développées (Afrique et Asie de l'Est), on note cependant
une diminution du tétanos néonatal depuis l'introduction du
vaccin dans les programmes nationaux des pays concernés (Figure 11).
k) La coqueluche :
L'OMS estime en 2016 à 139 535 cas reportés de
coqueluches avec une mortalité pour 89000 d'entre eux et un taux de
couverture global à 3 doses de vaccins à 86%, donc très
loin des 90% que l'on voudrait atteindre. La couverture des enfants est encore
loin d'être atteinte dans certaines zones, principalement sous
développées avec des taux de couvertures inférieurs
à 50% dans certains pays à l'instar de l'Inde, le Tchad, le
Nigéria (figure 12). Cependant, la vaccination chez les nourrissons et
les enfants (notamment dans les pays développés,) va
déplacer l'incidence de la maladie chez les adultes jeunes, qui devront
donc aussi bénéficier d'une protection vaccinale par
anticipation. La bactérie est toujours en circulation en France et
l'immunisation-maladie n'est pas à vie.
l) Diphtérie dans le monde
:
La persistance de cette maladie cosmopolite et
héréditaire, associée à des conditions de vie
défavorable (guerres, ...) et à une insuffisance ou absence
d'immunisation, justifie d'une mise à jour vaccinale pour les migrants
et notamment ceux à risque (réfugiés, sans papiers, Sdf,
Roms, ou venant de zone d'endémie). (Tableau 5)
m) Hépatite B :
La persistance de la circulation du virus hépatite B :
notamment en Afrique et dans le Pacifique Occidental8. (Figure
13)
7 Polio-in-Emergencies_Sept2015_FR-on-website.pdf
[Internet]. [Cité 7 févr. 2018]. Disponible sur:
http://polioeradication.org/wp-content/uploads/2017/06/Polio-in-Emergencies_Sept2015_FR-on-website.pdf
8 OMS | Les nouvelles données sur
l'hépatite soulignent le besoin urgent d'une riposte mondiale
[Internet]. WHO. [Cité 7 févr. 2018]. Disponible sur:
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2017/global-hepatitis-report/fr/
n)
13
Tuberculose
Les épidémies de tuberculose favorisées
d'une part par la forte prévalence de cette maladie dans les zones
où on note une forte incidence de patients VIH. Ainsi, en 2016, on
dénombre une trentaine de pays à forte prévalence de
tuberculose principalement en Afrique et en Asie avec sept pays qui totalisent
à eux seuls 65% des cas ( Inde, Indonésie, Chine, Philippines,
Nigéria, Pakistan et Afrique du Sud). Les progrès mondiaux
dépendent de ceux qui seront faits dans ces pays pour la
prévention et les soins de cette maladie9. Cependant, une
couverture vaccinale encore moindre mais jugée partiellement efficace de
nos jours (81% environ en Afrique et 89% en Asie du Sud Est) (Figure 14).
(8)
o) La couverture HPV :
Le virus du papillomavirus, ubiquitaire souffre de programmes
vaccinaux insuffisants dans toutes les régions OMS. Du fait de son prix
et du manque de données sur son efficacité sur le cancer du col
de l'utérus, son introduction dans le programme vaccinal des pays sous
développés depuis 2011 est difficile. La France connaît
elle aussi une difficulté d'appliquer le programme vaccinal avec un taux
de couverture aux environs de 40%.
p) La fièvre typhoïde
:
Sa vaccination reste recommandée uniquement pour les
voyages en pays d'endémie de plus de 15 jours ou si conditions de vie
très précaires, pour les enfants en préscolaire ou
scolaire dans les zones où l'on a montré que la fièvre
typhoïde constituait un problème de santé publique. Les
populations originaires de ces pays peuvent donc ne pas être
vaccinés, et sont souvent immunisés par une primo infection
à l'enfance, et ne le seront pas en France (car zone non à
risque).
q) La fièvre jaune :
Ce vaccin est recommandé pour les voyages en transit
ou en partance pour une zone d'endémie. Les migrants légaux en
ont déjà reçus s'ils transitent par un pays
d'endémie et s'ils proviennent d'une zone d'endémie. Le vaccin
n'est donc pas recommandé en France et est donc payant.
r) Le rotavirus :
La mortalité à ce virus reste très
élevée dans les pays en voie de développement et est
toujours responsables de nombreux cas d'hospitalisation infantile en France. Le
vaccin reste dans les recommandations OMS à destination des nourrissons
mais n'est plus recommandé (mais non interdit) en France du fait de la
survenue d'invagination intestinale aigue au décours de son
introduction. De ce fait, il peut être proposé mais reste
payant.
2- Le programme élargie de
vaccination
Le programme élargie de vaccination (PEV) a
été mis en place en 1981 par l'OMS avait pour principal objectif
de réduire la morbi-mortalité des maladies infectieuses
évitables via la vaccination. Fort de ses premiers succès, dont
l'obtention d'une couverture vaccinale DTPC3 à 80 % chez les enfants,
elle se fixe d'autres objectifs dont l'éradication de la
poliomyélite en
9 OMS. OMS | Tuberculose [Internet]. WHO. 2018
[Cité 7 févr. 2018]. Disponible sur:
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs104/fr/
14
2000 et bien d'autres dont : la réduction de la rougeole,
l'élimination du tétanos néonatal, l'amélioration
de la surveillance des maladies évitables, l'introduction de vaccins
nouveaux ou améliorés, la promotion d'autres pratiques en
matière de soins de santé primaires, la réalisation et le
maintien d'une couverture vaccinale de 90 % contre toutes les maladies cibles
du PEV .
Le tableau ci- dessous récapitule la couverture
vaccinale actuelle et montre la nécessité d'efforts et de
volonté pour atteindre les objectifs à atteindre :
Tableau: WHO. Global and regional
immunization profile 2018.
http://www.who.int/immunization/monitoring
surveillance/data/gs gloprofile.pdf
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