II-2 Analyse théorique de la croissance
économique
II-2-1 Théories de la croissance
économique
Les théories explicatives de la croissance sont
relativement récentes dans l'histoire de la pensée
économique. Ces théories, sans négliger le rôle de
l'ensemble des facteurs de production tendent à mettre en avant parmi
ceux-ci le rôle primordial du progrès technique dans la
croissance. Sur le long terme, seul le progrès technique est capable de
rendre plus productive une économie (et donc de lui permettre de
produire plus, c'est-à-dire d'avoir de la croissance). Toutefois, ces
théories expliquent encore mal d'où provient ce progrès,
et en particulier en quoi il est lié au fonctionnement de
l'économie.
La plupart des économistes de l'école classique,
écrivant pourtant au commencement de la révolution industrielle,
pensaient qu'aucune croissance ne pouvait être durable, car toute
production devait, selon eux, inexorablement converger vers un état
stationnaire. C'est ainsi le cas de David Ricardo pour qui l'état
stationnaire était le produit des rendements décroissants des
terres cultivables, ou encore pour Thomas Malthus qui le liait à son
« principe de population », mais aussi pour John Stuart Mill.
Toutefois, Adam Smith, à travers son étude des effets de
productivité induits par le développement de la division du
travail, laissait entrevoir la possibilité d'une croissance
ininterrompue. Et Jean-Baptiste Say écrivait « Remarquez en outre
qu'il est impossible d'assigner une limite à la puissance qui
résulte pour l'homme de la faculté de former des capitaux ; car
les capitaux qu'il peut amasser avec le temps, l'épargne et son
industrie, n'ont point de bornes. » (Traité d'économie
politique, Livre I, chapitre XII)
Nikolai Kondratiev est un des premiers économistes
à montrer l'existence de cycles longs de 50 ans, et Joseph Schumpeter
développe la première théorie de la croissance sur une
longue période. Il considère que l'innovation portée par
les entrepreneurs constitue la force motrice de la croissance. Il étudie
en particulier le rôle de l'entrepreneur dans Théorie de
l'évolution économique en 1913. Pour Schumpeter, les innovations
apparaissent par « grappes », ce qui explique la cyclicité de
la croissance économique. Par exemple, Schumpeter retient les
transformations du textile et l'introduction de la machine à vapeur pour
expliquer le développement des années 1798-1815, ou le chemin de
fer et la métallurgie pour l'expansion de la période 1848-1873.
L'analyse schumpetérienne est intéressante car elle ne repose pas
seulement sur le progrès technique, sur l'évolution des
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connaissances ou les grandes inventions (avec le cycle des
révolutions industrielles successives).
Après la Seconde Guerre mondiale, les
économistes Harrod et Domar, influencés par Keynes, vont chercher
à comprendre les conditions dans lesquelles une phase d'expansion peut
être durable. Ainsi, s'il ne propose pas à proprement parler une
théorie de la croissance. Joseph Schumpeter, Les cycles des affaires,
1939 (expliquant son origine sur une longue période), le modèle
de Harrod-Domar permet, néanmoins, de faire ressortir le
caractère fortement instable de tout processus d'expansion. En
particulier, il montre que pour qu'une croissance soit équilibrée
:
- c'est-à-dire que l'offre de production n'augmente ni
moins (sous-production) ni plus (surproduction) que la demande ;
- il faut qu'elle respecte un taux précis, fonction de
l'épargne et du coefficient de capital (quantité de capital
utilisée pour produire une unité) de l'économie.
Ce modèle, construit après-guerre et
marqué par le pessimisme engendré par la crise de 1929, a
toutefois été fortement critiqué. Il suppose, en effet,
que ni le taux d'épargne, ni le coefficient de capital ne sont variables
à court terme, ce qui n'est pas prouvé
Robert Solow propose un modèle néoclassique de
croissance. Ce modèle repose essentiellement sur l'hypothèse
d'une productivité marginale décroissante du capital dans la
fonction de production. Le modèle est dit néoclassique au sens
où les facteurs de production sont utilisés de manière
efficace et rémunérés à leur productivité
marginale. Solow montre que cette économie tend vers un état
stationnaire. Dans ce modèle, la croissance de long terme ne peut
provenir que du progrès technique (et non plus de l'accumulation du
capital). L'une des faiblesses théoriques du modèle de Solow
vient du fait qu'il considère le progrès technique comme
exogène. Autrement dit, il ne dit rien sur la façon dont le
progrès technique apparaît.
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