II-1-2-2 Les indicateurs alternatifs de la croissance
Les organisations internationales telles que le Programmes des
Nations Unies pour le
Développement (Pnud), la Banque Mondiale, l'Institut
américain Redifining Progress, la Commission Européenne ou les
organisations non gouvernementales ont ouvert la voie en prenant une
série d'initiatives. Les experts du Pnud utilisent l'IDH : Indice de
Développement Humain. Cet indicateur synthétique combine
trois critères : le PI3 par habitant, l'espérance de vie à
la naissance et le niveau d'instruction (taux de scolarisation et taux
d'alphabétisation). Il consiste à ramener des grandeurs
disparates sur une échelle allant de 0 à 1 puis à les
additionner.
La Banque Mondiale a mis au point l'épargne nette
ajustée encore appelée, épargne véritable,
pour exprimer la variation du capital économique, humain et naturel d'un
pays à l'issu d'un cycle de production. A partir de la mesure standard
de l'épargne nationale brute, il procède à quatre types
d'ajustements : déduction de la consommation de capital fixe, ajout des
investissements en capital humain (dépenses d'éducation),
déduction de la baisse des
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stocks de ressources naturelles consommées
(énergie, minerais, forêts) et des dommages causés par la
pollution (émissions de Co2).
L'institut américain Redifining Progress a
proposé en 1995 un indicateur de progrès
véritable.Les experts européens disposent de 155 indicateurs
pour analyser le développement durable, dont une dizaine
d'indicateurs dits de premier rang incarnent les objectifs majeurs (le PIB par
habitant doit rendre compte du développement socioéconomique).
Enfin, les ONG réunies au sein du Global Footprint
Network utilisent l'empreinte écologique. Cette dernière
évalue l'impact de la consommation d'une population donnée selon
la surface de sol et d'océan nécessaire pour la produire et pour
assimiler les déchets qu'elle génère.
II-1-3 Les facteurs de la croissance économique
La croissance est ainsi assimilée à un
phénomène autoentretenu par accumulation de trois facteurs
principaux : le capital humain; le capital public et les progrès
technique.
A- Le capital humain
Il a été mis en évidence par deux
économistes de l'Ecole de Chicago, Theodor Schultz et Gary Becker, et
est au centre des études menées par R.E Lucas (Prix Nobel en
1995). Le capital humain désigne l'ensemble des capacités
apprises par les individus et qui accroissent leur efficacité
productive. Chaque individu est en effet, propriétaire d'un certain
nombre de compétences, qu'il valorise en les vendant sur le
marché du travail.
Le capital humain renvoie à l'ensemble
des compétences qui peuvent être valorisées
économiquement. Cette notion a été introduite par
Théodore Schultz qui, dans «Investment in
human capital» (1961), fait valoir que les connaissances et les
compétences sont une forme de capital et que ce capital est le produit
d'un «investissement volontaire». Il montre alors qu'il
existe un lien entre la croissance des pays occidentaux et l'investissement
dans le capital humain notamment dans l'éducation.
Quelques années plus tard, Gary Becker
dans Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis
(1964), reprend à Schultz le concept de «capital humain»
et le définit comme un stock de ressources productives
incorporées aux individus eux-mêmes, constitué
d'éléments aussi divers que le niveau d'éducation, de
formation et d'expérience professionnelle, l'état de santé
ou la connaissance du système économique. En d'autres
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termes, toute forme d'activité susceptible d'affecter
ce stock (poursuivre ses études, se soigner, etc.) est définie
comme un investissement en capital humain.
B- Le capital public
Il correspond aux infrastructures de communication et de
transport. Elles sont au coeur du modèle élaboré par R.J
Barro. En théorie, le capital public n'est qu'une forme de capital
physique. Il résulte des investissements opérés par l'Etat
et les collectivités locales. Le capital public comprend
également les investissements dans les secteurs de l'éducation et
la recherche.
Robert Barro («Party politics of
growth«, 1994) souligne le rôle positif des
investissements publics lorsque ceux-ci restent toutefois dans des
budgets équilibrés (selon Barro, l'Etat est inefficace pour agir
sur la conjoncture économique au moyen du déficit public, mais
son action peut dégager des externalités positives à
condition qu'elles compensent l'impact négatif des
prélèvements obligatoires sur l'activité économique
notamment en aidant la recherche fondamentale et en adoptant une approche
favorable à l'existence de monopoles dans les secteurs à forte
croissance).
C- Le progrès technique:
On peut analyser le progrès technique comme le
résultat d'un investissement qui conduit à la mise au point d'un
nouveau procédé de production ou d'un nouveau produit lié
à une invention. Le progrès technique peut apparaître comme
une source du progrès économique car il contribue à
améliorer les conditions de vie des individus, à diminuer la
pénibilité du travail, à mieux satisfaire les besoins
individuels et collectifs.
Le progrès technique peut désigner à la
fois une amélioration qualitative des facteurs de production, du fait
d'innovations techniques, ou bien encore de leur utilisation, du fait des
innovations organisationnelles telles que le taylorisme par exemple. Au XXe
siècle, le progrès technique a joué un rôle
fondamental dans la croissance économique. Dans La croissance
française (1972), Carré, Dubois et Malinvaud s'appuient sur
la méthodologie de Solow pour montrer que, durant la période des
Trente glorieuses, la moitié de la croissance totale est due au
progrès technique.
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