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Effet du commerce exterieur des produits agricoles sur la croissance economique au Cameroun


par Aboubakar IBNOU Ousman
Université de Maroua Cameroun - Master II en Sciences Economiques 2020
  

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I-1-2 Une analyse historique du commerce

Le rôle du commerce dans le développement économique et social des Etats, territoires et zones ne fait l'ombre d'aucun doute. Il constitue le fondement des progrès depuis l'Antiquité. Ce sont les échanges qui ont consacré la division du travail au sein des communautés primitives. Partout dans le monde, le commerce se positionne ainsi comme un des principaux vecteurs de la croissance économique et un des baromètres de l'appréciation de la conjoncture économique des Etats, voire des régions. De nombreux travaux ont montré par exemple qu'une simple augmentation d'un point des exportations des produits agricoles, pouvait générer environ 0,5 à 1,8 % de taux supplémentaire de croissance globale de l'économie dans certains pays (IFPRI1, 2005) en développement.

Le commerce est aussi considéré comme un puissant instrument de consolidation des relations sociales, de rapprochement des peuples, de sociabilité (AGIER, 1985), entre des groupes, de renforcement des liens entre les pays. Il permet également la mise en place de puissants réseaux intracommunautaires et Trans étatiques voire transcontinentaux. La création du GATT en 1946, au lendemain de la seconde guerre mondiale, a reposé sur la conviction que le développement du commerce entre les nations constituerait, non seulement une source importante de prospérité, mais aussi un puissant facteur de consolidation de la paix.

I-2 Analyse théorique du commerce extérieur

I-2-1 Théories du commerce extérieur

Selon sa théorie, Adam Smith explique dans son ouvrage paru en 1776 intitulé « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations », qu'un pays gagne d'avantage s'il se spécialise dans la production du bien dont il est absolument propriétaire. Par conséquent, Adam Smith incite le pays de cesser de produire les autres produits qui sont jugés moins avantageux par rapport aux autres plus compétitifs (Théorie des avantages absolus). L'acquisition de ses biens se fait par la substitution des importations dont le pays

1 International Food Policy Research Institute

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peut se procurer grâce aux excédents de ses propres exportations. Ainsi, il est convaincu que c'est la division du travail qui est à la base de la croissance économique d'un pays. De ce fait, les pays sous industrialisés doivent se spécialiser à l'exportation des produits agricoles et des matières premières qu'ils possèdent en abondance. Enfin la théorie d'Adam Smith n'explique pas tout, mais ce n'est qu'une partie des échanges extérieurs seulement, car au cas échéant, un pays peut ne pas avoir absolument des produits plus avantageux. Cette théorie sera remise en cause par ses détracteurs en se demandant si le pays ne pourra pas se lancer à l'échange lorsqu'il ne dispose pas d'avantage absolu ? C'est pour cette raison qu'apparait ultérieurement la théorie de David Ricardo (1772 - 1823) sur les avantages comparatifs.

David Ricardo avance dans son ouvrage paru en 1817 intitulé « Des principes de l'économie politique et de l'impôt », l'idée selon laquelle un pays a toujours intérêt à se lancer au commerce des produits agricoles même s'il n'est pas absolument avantageux par rapport aux autres. Le principe de l'avantage comparatif, dénommé aussi « principe des coûts comparés », rappelle aussi qu'à la condition nécessaire et suffisante, il existe une différence entre les coûts comparés constatés en autarcie dans plusieurs pays, chacun d'eux trouvera avantage à se spécialiser et à exporter les biens c'est-à-dire des produits agricoles pour lesquels ils disposent d'un avantage comparé ou d'un moindre désavantage comparé. Ainsi, la théorie confirme ainsi qu'il serait souhaitable que le commerce doit s'effectuer entre deux pays dont leurs productions de matière sont différentes en supposant que l'exportation de la technologie s'avère impossible.

Ces deux théories se heurtent à des obstacles du rendement décroissant des facteurs de production qui rend la croissance limitée par les rendements décroissant de la terre (Théorie de la rente différentielle de Ricardo). Tout comme l'état stationnaire de R. Malthus2 qui limite la possibilité de croissance par le nombre de la population active. Ces théories nient l'existence du facteur humain ainsi que ceux des facteurs de production transférable comme la technologie. Cela amène Heckscher à formuler une autre théorie plus objective, celle de : « la loi des facteurs ».

La théorie HOS (Heckscher-Ohlin-Samuelson) se fonde sur la différence des coûts de production. A cela, il ajoute la possibilité de transfert de la technologie d'un pays à l'autre. Et précise aussi la possession d'une différence de source de mains d'oeuvre entre les

2 Thomas Robert Malthus (1766 - 1836) ouvrage principal : « Essai sur le principe de population » (1798). Pour Malthus, la production progresse moins vite que la croissance économique.

pays coéchangistes. Dans ce cas, les deux facteurs considérés sont : Le facteur capital (K) et la main d'oeuvre (L). Par l'hypothèse de la mobilité internationale des facteurs de production avec identité du facteur technologie entre les pays, il y a possibilité de croissance illimitée. La théorie avance alors que, parce que les pays sont différemment dotés des facteurs de production et des coûts de productions différentes, ils se spécialisent dans la production des biens des produits agricoles à forte valeur ajoutée exportable à faibles coûts. Samuelson ajoute à son tour, qu'à long terme, le commerce extérieur tend à produire une équité à la rémunération des facteurs.

Ce qui conduit chaque pays à se spécialiser à la production de gammes des produits agricoles disposés en grande quantité. Selon cette théorie, un pays qui est mieux doté en facteur travail doit se spécialiser en la production des biens qui utilisent une main d'oeuvre abondante, et au contraire, un pays qui dispose de plus de capital a intérêt à fournir des biens demandant à forte intensité capitalistique.

Par rapport aux autres économistes précédents, Stuart Mill se distingue sur son analyse des échanges internationaux par sa thèse défendant que les produits agricoles s'échangent contre des produits agricoles dont la valeur des exportations doit correspondre à ceux des importations des autres (Offre est égale à la Demande). Cet échange s'effectue par un rapport des prix (terms of trade) à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Les avantages entre les pays sont repartis en fonction des rapports de changes. Donc, c'est celui qui peut offrir la quantité le moins élevée et qui arrive à obtenir le maximum possible, qui gagne le plus. Il a noté que chaque pays est à la fois offreur et demandeur, cette théorie est un prolongement de la loi de la valeur qui est généralement dénommée « La loi de l'offre et de la demande ». Cette dernière explique que la valeur d'une marchandise varie jusqu'à ce que le prix ajuste l'offre et la demande3. Le schéma suivant illustre bien la théorie :

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3 John Stuart Mill, in « Principes de l'économie politique et de l'impôt » (1848), p 592

Prix du dra p P

D > O

D < O

O

D

O

D

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Quantité de drap Q Quantité de drap Q

Pays A Pays B

Source: Roger Backhouse, «Economics and Economy»1997, p.78

Figure 1 : La loi des valeurs internationales

Si deux pays A et B vont produire plus et consommer moins, les quantités échangées vont dépasser les demandes internes. D'où dans en A : O > D, cela veut dire qu'il devient exportateur. Et si dans B : D > O, B devient importateur. En effet, l'équilibre des échanges extérieur s'établit lorsque les exportations de A égalisent les importations de B. Mais ce rapport d'échange est toujours fonction des rapports des prix à l'extérieur. En fin, le pays le plus riche est gagnant.

A la différence du libre-échange, Friedrich LIST4 (1789-1846) défend la philosophie selon laquelle, un certain degré de mesures protectionnistes est acceptable pour défendre surtout les industries naissantes. Ces barrières sont mises en place car l'existence des coûts énormes non encore amortis défavorise la compétitivité des industries locales. Ainsi, la rentabilité internationale ne peut être atteinte instantanément, car elle exige parfois de longues années d'effort. C'est cette théorie qui soutient le protectionnisme éducateur applicable à tous les produits non compétitifs. Le niveau de protectionnisme diffère énormément selon les pays, il peut être sectoriel ou ciblé voir même total. Mais dans un intervalle de temps relativement court (au maximum 50ans) il doit être accompagné par des critères de performance de la part des entreprises locales pour qu'elles soient encore compétitives après la suppression de ces barrières.

En résumé, je peux dire que les théories traditionnelles excluent dans leurs analyses les firmes multinationales et les équilibres partiels comme le cas des commerces intra-

4 Friedrich LIST (1789-1846), in « Le système national d'économie politique », 1973

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branches. Ces anciennes théories nient l'existence des rendements d'échelle croissants. Malgré les critiques attribuées à l'endroit des anciennes théories de la croissance, d'autres auteurs ont apporté quelques innovations dont : le paradoxe de Leontief, l'existence des économies d'échelles externes, la théorie de la demande représentative de Linder ainsi que les spécialisations par filières. Ces dernières constituent les principales incompatibilités de l'ancienne théorie du commerce extérieur. Cela a donné naissance aux nouvelles théories du commerce international qui fera l'objet de la section suivante.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein