1.1.2.Le climat, facteur du
fonctionnement du Lac Fitri
Le climat du Fitri est de type tropical semi-aride, avec des
fortes variations annuelles de la pluviosité. La saison de pluie
commence en juin et peut se prolonger selon les années jusqu'en
octobreavec une longue saison sèche (7 à 8 mois) et un vent sec
Nord-est qui souffle en permanence(Cabot, 1972). La mousson apporte,durant une
courte saison (4 à 5 mois)des précipitations variables.
Néanmoins, la présence dulac créée un microclimat
à Yao et aux alentours.Les épisodes climatiques en cours dans le
Fitri sont sous la dépendance des hautes pressions anticycloniques
subtropicales des Açores et de Sainte Hélène et de la
ceinture des basses pressions équatoriales (comme la majeure partie de
la bande sahélienne). Ce climat résulte de l'oscillation du Front
Inter--Tropical (FIT) par rapport à l'Equateur.Le régime des
précipitations est donc soumis à la rencontre de deux masses
d'air, l'une continentale sèche (harmattan), l'autre maritime humide
(mousson) qui déterminent le front intertropical (FIT) L'oscillation du
FIT produit l'arrivée de la saison pluvieuse lorsqu'il touche les pays
d'Afrique les plus septentrionaux, comme le Tchad, où il ne pleut
qu'à partir du mois de juin/juillet et redescend au mois d'octobre..
Cette alternance entre les deux masses d'air est ainsi
caractérisée par une forte variabilité interannuelle
Magrin etal.,(2012). La mousson apporte,durant une courte saison (4
à 5 mois) des précipitations variables.
Les températures moyennes varient entre 45°C au
moisde mai le jour, et 15° C au mois de janvier, la nuit.
L'évaporation annuelleest très élevée et se situe
en moyenne entre 3775 et 4000 mm. Ces moyennes sont égales à dix
fois celles des précipitationsdes années 1960 à 1997
(372,04mm) ou celles des années 1971 à 2010 qui sont de 364,2 mm
(Djibrine, 2011). La différence entre ces apports pluviométriques
et les pertes par évaporation est apportée par les
différents cours d'eau qui se déversent dans le Lac.
1.1.3.Une pluviosité
très variable dans l'espace et dans le temps
Résultantes de la confrontation de deux masses d'air de
nature différente, les pluies s'installent tardivement dans le lac
Fitri. Il pleut en moyenne 10 jours par mois en saison des pluies.
D'après les données recueillies par la Direction
Générale de la Météorologie Nationale (DGMN), il a
plu en moyenne 410,9 mm à Yao entre 1950 et 2015 avec des variations
interannuelles allant jusqu'à 776,6 en 1961 contre seulement 120,6 mm en
1975 et 217,7 mm en 1973 à Yao (Figure1). La moyenne des
précipitations sur 66 ans (1950-2015) est de 410,9 mm, avec un maximum
en 1961 (776,6 mm) et un minimum en 1993 (227,2 mm).Les pluies se concentrent
sur une courte période de juin à octobre. Celles-ci connaissent
une répartition très aléatoire dans le temps et dans
l'espace, sur une année, mais aussi sur des pas de temps interannuels
comme l'indique le graphique pluviométrique de la station de Yao.
Figure 1 : Tendance évolutive de la
pluviosité annuelle à Yao (de 1950 à 2015) selon les
moyennes mobiles sur trois ans (Béchir etal.,2016).
Le calcul des moyennes mobiles des précipitations sur
66 années d'observations avec un pas de 3 ans est
caractérisé par deux périodes marquées :
Ø Une première période de 1950-1970 qui
correspond à une succession d'années particulièrement
humides et où les moyennes mobiles fluctuent autour de la normale avec
un seul point d'inflexion en 1968 ;
Ø La période de 1970 à 2004 qui
correspond à une persistance d'années plutôt sèches
où les moyennes sont généralement au-dessous de la
normale. Les données pluviométriques de 1950 à 2015
renforcent l'assertion de certains auteurs qui signalent l'existence d'une
certaine anomalie dans le Sahel. Cette anomalie est donc réelle dans le
bassin du Fitri en ce sens que lesécarts observés montrent de
façon assez nette une répartition inégale de pluies sur
l'ensemble du bassin et ce, sur une faible échelle géographique.
Ainsi, les années 1970 marquent ce que Marty et al., (2012)
appellent une rupture climatique dans le bassin de Fitri. Ces auteurs
expliquent cette situation par le fait qu'il y a une très forte
variabilité spatiale des précipitations mal réparties dans
l'espace et dans le temps.
Ø Cette rupture climatique caractérisée
par la mauvaise répartition des précipitations dans l'espace et
dans le temps a joué en une grande partie sur la
végétation en général et celle ligneuse en
particulier. Cela s'est traduit par la dégradation de plusieurs hectares
de couverture végétale ainsi que la disparition de plusieurs
espèces végétales ligneuses dans la zone du Fitri.
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