Conclusion
Ce chapitre nous a permis d'évaluer et de mettre en
exergue les situations passées et actuelles de l'occupation des sols
dans le Fitri (1986 à 2013). L'étude diachronique (images
satellitaires et enquêtes rétrospectives) montre une
évolution des espaces de cultures et des sols nus au détriment du
couvert végétal. Elle met en évidence une tendance
régressive de la végétation ligneuse comparée aux
situations antérieures. En effet, les enquêtes menées
auprès des notables et la littérature retracent la structure
d'une végétation ligneuse ancienne différente de celle
d'aujourd'hui. L'accroissement de la population (humaine et animale)
favorisé par le progrès de la médecine, la multiplication
des villages à la recherche de terres riches ont participé
activement à la dégradation de la végétation
ligneuse. Le déboisement ou la diminution d'espaces boisés
provoqué par l'extension des surfaces cultivées, la
surfréquentation animale a entraîné la disparition de
plusieurs espèces végétales ou parfois des faciès
entiers de végétation provoquant ainsi par la même occasion
la disparition de la faune. Les pressions anthropiques se caractérisent
par la conjugaison de plusieurs facteurs qui sont la coupe de bois à des
fins diverses, les feux de brousse ayant plusieurs sources et l'élevage
extensif. Ces facteurs associés aux aléas climatiques qui se
manifestent par des sécheresses successives participent activement
à la dégradation de l'environnement et à la disparition
des espèces ligneuses les moins résistantes à la
sécheresse.La dynamique de la végétation ligneuse est donc
régressive car le paysage présente des stigmates d'une forte
dégradation.
CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS
CONCLUSION GENERALE
Les résultats obtenus dans le cadre de cette
étude apportent des renseignements sur les dynamiques (évolutive
et régressive) de la végétation ligneuse dans le Fitri.
Ils renseignent sur les principaux facteurs de dégradation et permettent
ainsi d'aborder de manière plus spécifique la question de la
gestion de la biodiversité du lac en général et plus
particulièrement celles des ressources végétales
ligneuses. Les observations menées ont en outre permis de mettre en
évidence des dégradations de la végétation ligneuse
en relation avec les modes de conduite des animaux en présence et les
différents modes d'exploitation et de gestion. En effet,les formations
végétales ligneusesdu lac-Fitri sont sous les effets de plusieurs
facteurs qui déterminent leur dynamique régressive dont les
principaux sont :
Ø l'emprise des activités agro-pastorales
provoquée par l'augmentation des populations humaine et
animale ;
Ø l'exploitation incontrôlée du bois
d'énergie à usage domestiquemais surtout pour l'alimentation de
grandes villes comme N'Djamena ;
Ø le climat qui se caractérise par des
années à pluviométrie déficitaire de plus en plus
fréquentes.
Les effets négatifs de ces principaux facteurs sont
perceptibles au niveau des espèces ligneuses qui constituent la
composante permanente de la végétation du lac Fitri. Cet
état de fait se caractérise par la baisse de la densité et
de la diversité floristique ligneuse dont dépend fortement la
population locale. Cette érosion de la biodiversité s'accompagne
d'une réduction des superficies forestières, menaçant
ainsi dangereusement la survie de certains animaux.Sous la poussée
démographique galopante, la recherche de terres propices à
l'agriculture conduit à un important défrichement et à un
accroissement des demandes en énergie et en ressources naturelles alors
même que leur disponibilité se trouve de plus en plus
limitée (UICN, 2002 ; Dia, 2003). Face à ces facteurs de
dégradation croissants, l'idée de protection de la nature et des
ressources biologiques s'impose (RAPAC, 2007).
Le classement du Lac Fitri comme réserve de
biosphère par le gouvernement tchadien depuis1989 n'est pas toujours
effectif. Cette situation doit interpeller le Gouvernement tchadien ainsi que
les ONG pour une plus grande attention afin de créer des structures de
gestion concertée et de cadres de prise de décisions pour cet
écosystème peu connu par les scientifiques mais beaucoup plus par
les agents destructeurs de l'environnement. En effet, l'exploitation anarchique
et excessive de ces ressources exige des interventions urgentes basées
sur de nouvelles règles plus solides que les précédentes
jugées sans effets. Pour assurer la conservation de ces ressources
exploitées aujourd'hui de façon non durable et améliorer
la sécurité alimentaire dans cette région, il faut adopter
une approche globale et intégrée du développement :
une intervention urgente et différente de celle du passé est
nécessaire pour inverser la tendance actuelle.
SUGGESTIONS
La région du lac Fitri reconnue comme Réserve de
la Biosphère et site d'importance internationale est en voie de
dégradation avancée. Elle ne bénéficie d'aucune
mesure de protection et de conservation de ses ressources naturelles telle que
prévu dans les documents cadres. C'est pourquoi,il est urgent et
nécessaire de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire
de cette zone une véritable aire protégée en mettant
surtout l'accent sur les obligations de la protection de
l'environnement :
Ø dans une zone à haute potentialité
touristique où cohabitent une faune et une flore riches et
variées, l'écotourisme pourrait y être
développé afin de valoriser économiquement les sites qui
seront mis en défens;
Ø des jardins botaniques villageois et des dispositifs
de suivi à long terme doivent être crées et
installés afin de permettre la conservation de certaines espèces
utiles (utilisées en médecine traditionnelle,
alimentation...);
Ø identifier et recenser les sites fragiles qui sont
menacés par les pressions anthropiques et les aléas climatiques
afin d'y mener des actions assurant leur conservation et leur
réhabilitation;
Ø reboiser les sols nus qui sont en croissance dans le
Fitri et encourager l'intensification au détriment de la production
extensives telle que pratiquée dans le Fitri et comme partout au Tchadet
reconnues comme l'un des principaux facteurs de dégradation de
l'environnement
Ø réfléchir à des politiques de
protection des ressources naturelles basées sur la sensibilisation des
populations dans l'utilisation des foyers améliorés, des gaz
butanes, la formation des populations aux techniques d'exploitation de
bois-énergie et de leur restauration...
Ø créer des forêts communautaires qui
seront gérées par les populations pour une gestion rationnelle et
durable des ressources forestières.
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