3.2.
Analyse des caractéristiques de la végétation ligneuse et
de sa diversité floristique
La composition et la structure de la végétation
ligneuse varient considérablement selon les localités,les
facteurs environnementaux et les perturbations anthropiques. Elles informent
sur des évolutions qualitatives et quantitatives des
phytocénoses. Dans cette étude, l'analyse de la diversité
de la flore ligneuse du Fitri organisée autour de ce lac
endoréique au milieu d'une zone sèche a été
effectuée afin de mieux appréhender son état actuel et sa
dynamique.En effet, par leurcomposante végétale, les ressources
biologiques constituent un immense réservoir de diversité et
jouent un rôle fondamental dans la satisfaction de nombreux besoins de
base des populations locales (RAPAC, 2007).
3.2.1.
Richesse et diversité floristiques de la zone
La flore ligneuse de la région du lac Fitri
comparée à d'autres de la sous-région est relativement
pauvre mais fortement diversifiée. Les inventaires
réalisés ont montré que le peuplement ligneux est
composé de 92 espèces ligneuses regroupées en 54 genres et
29 familles, totalisant 4368 individus. Les familles les plus
représentées en nombre d'individus sont : les familles des
Mimosaceae (39,41%), des Balanitaceae (10,08%), des
Asclépiadaceae (7,8%) et des Capparaceae (7,15%). Ces
familles représentent à elles seules 64% de l'ensemble des
espèces recensées (Figure 13).
Figure 6 : Spectre des familles
Les autres espèces représentent 11%. Une
répartition taxonomique similaire a été observée
par Béchir et Mopaté (2015) dans la même région avec
les mêmes familles représentées.
3.2.2. Fréquence
spécifique
L'étude montre que seulement 11 espèces (11,95%)
sont fréquentes sur les différents sites d'étude (Figure
7). En effet, elles ont été recensées dans au moins 50%
des relevés. Il s'agit d'Acacia nilotica (75,26%),
Balanites aegyptiaca (67,48%), Acacia tortilis (54,34%),
Hyphaene thebaica (40,12%), Acacia seyal (43,19%), Calotropis
procera (44,28%), Borassus aethiopium (39,75%), Acacia albida
(22,44%), Ziziphus mauritiana (15,34%), Capparis decidua
(10,82%) et Bauhinian rufesens (13,35%). Ce faible pourcentage
d'espèces fréquentes enregistrées s'explique par
l'uniformisation de la végétation ligneuse du lac surtout dans sa
partie nord. La plupart des espèces ont été rares car
elles ont été présentes dans moins de 25 % de
relevés phytosociologiques (Figure 7). Ce sont : Tamarindus
indica, Piliostigma reticulatum, Kigelia africana, Acacia sieberiana,
Stereospermum kunthianum, Diospyros mespiliformis, Celtis toka, Ficus
plathiphylla, Anogeissus leiocarpus, Ficus gnaphalocarpa, Crateva adansonii,
Terminalia macroptera, Cadaba farinosa.
Les espèces peu fréquentes sont au nombre de 21
soit 22,82%des espèces recensées. Ces espèces sont
présents entre 20 à 49% de relevés, ce sont principalement
: Capparis decidua, Cordia sinensis, Ziziphus spina-christi, Dalbergia
melanoxylon, Salvadora persica, Leptadenia pyrotechnica, Acacia senegal, Acacia
mellifera, Acacia laeta, Combretum glutinosum...
Figure 7. Spectre des fréquences observé sur les
différents sites
Globalement, toutes les unités de
végétation ligneuse identifiées ont montré une
richesse floristique assez différente selon la zone. Les sites de la
zone nord ont cependant montré la plus forte similarité du point
de vue composition floristique que physionomique. La plus faible richesse
floristique a été observée au sein des unités de
végétation de la zone nord du Fitri alors que ce sont les
unités des zones situées plus au sud et au centre qui ont
montré les richesses floristiques les plus importantes (51 et 48
espèces respectivement).
Comparée à la diversité floristique de la
zone soudanienne du Tchad plus humide (Béchir, 2010 ; Melom et
al., 2015), la diversité floristique de la zone du Fitri
apparait relativement faible. Cela peut s'expliquer d'une part, par sa position
à la lisière du Sahara dans le centre du Tchad souvent soumise
à des aléas climatiques et à l'intensification des
activités humaines, et d'autre part, par l'uniformité du paysage
(vaste pénéplaine). La faiblesse de la diversité
floristique peut également se justifier par la non exploration de
certaines zones (zone aurifère de Gueria, Galo, Teketé et Ati
Ardebé) à cause de leur inaccessibilité pendant la
période de collecte de données et ceci à cause de
l'insécurité qui y régnait et de l'inondation d'une grande
partie de la zone. En effet, les plus grandes diversités floristiques
sont liées à l'hétérogénéité
environnementale (notamment topographique) ou à la diversité des
habitats (White, 1986; Wala, 2004).
Parmi les espèces ligneuses les plus dominantes de la
région du lac Fitri, certaines espèces comme Acacia nilotica,
Acacia seyal, Hyphaene thebaica, Calotropis procera et Balanites
aegyptiaca ont une répartition régulière sur
l'ensemble de la zone d'étude. En revanche, d'autres espèces
comme Acacia siberiana, Acacia senegal, Bauhinia rufesens, Salvadora
persica, Acacia mellifera, Acacia laeta... sont très mal
réparties et se retrouvent regroupées pour former des ilots
à des endroits spécifiques selon les types de sols, la
topographie et le relief.
Selon les populations locales, certaines espèces
ligneuses qui ont disparu à cause des sècheresses successives
qu'a connues la région ont réapparu en la faveur de la
normalisation de la pluviosité durant les dernières
années.
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