WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'habitat participatif: programme alternatif de logement stratégie d'une SEM d'aménagement: la SERL, en matière d'habitat participatif


par Anthony FERARD
Polytech Tours - Ingénieur en aménagement 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Partie 1 : Comprendre l'habitat participatif

La première question, la plus évidente mais pas la plus simple, celle de la définition de l'habitat participatif. Nous allons le voir par la suite le terme d'habitat participatif est une expression générique et reste encore difficilement définissable.

L'absence d'une unanimité sémantique a d'ailleurs rendu les recherches difficiles, il a fallu être vigilent sur la signification des notions mobilisées par les différents auteurs. En effet, certains parlent d'habitat participatif, d'habitat alternatif, d'autres d'habitat coopératif... avec à chaque fois des significations biens différentes.

À l'issue de ce travail de définition du thème de recherche, nous effectuerons un état des lieux de l'habitat participatif en France. Comme nous le verrons, le contexte français du développement de l'habitat participatif est fortement lié à la mise en place

13

de la loi ALUR, nous consacrerons donc une partie aux modifications apportées par cette loi.

Partie 2 : La SERL et la Métropole Lyonnaise, deux acteurs institutionnels à la recherche d'innovations en matière d'offre de logement

La deuxième partie introduit l'aménageur : la SERL ainsi que son commanditaire : la Métropole de Lyon. Il s'agira ici de faire une description du rôle de cet aménageur, ainsi que ses particularités et plus particulièrement comprendre sa manière de monter une opération d'aménagement. Cette étude sera contextualisée à l'espace géographique d'intervention de la SERL, la Métropole Lyonnaise. Nous verrons ainsi que ce territoire est en constante évolution et que la SERL participe grandement à celle-ci. L'objectif de cette partie est de venir faire le lien entre l'habitat participatif, la SERL et la Métropole afin de définir quelles sont les opportunités d'introduction de ce type de produit immobilier à l'échelle du Grand Lyon.

Partie 3 : Quelle(s) stratégie(s) pour la SERL en matière d'habitat participatif ?

La troisième partie consiste en une analyse du montage opérationnel en habitat participatif. L'objectif est ici de faire état des risques liées à ce type d'opération et de la capacité de la SERL à venir en appui de ce type de montage. Enfin, nous viendrons proposer un modèle permettant le développement de l'habitat participatif. Ce modèle est le résultat de l'ensemble des éléments de cette étude.

Conclusion

La conclusion engage une discussion sur l'utilisation future de ce travail pour la SERL et propose des stratégies ainsi que des pistes d'évolution sur le développement de l'habitat participatif.

14

I) L'HABITAT PARTICIPATIF : DE QUOI PARLONS-NOUS ?

C

ette première partie a pour objectif de définir et de dresser un état des lieux de l'habitat participatif. Dans cette optique nous aborderons les questions suivantes : Qu'est ce que l'habitat participatif ? Quelles sont les caractéristiques de ce type de montage ? Quelles sont les formes juridiques de ce type d'habitat ? Comment l'habitat participatif est-il apparu ? Quel développement en France et à l'étranger ?

Cette analyse sera structurée en trois parties. Dans un premier temps nous définirons l'habitat participatif en identifiant les caractéristiques de cette forme d'habitat et sa définition juridique. Ensuite, nous dresserons un état des lieux de l'habitat participatif en France, nous verrons ainsi que pour comprendre le modèle qui se développe dans notre pays, une action de benchmarking est indispensable. Pour finir, nous analyserons les conséquences de la loi ALUR sur le développement de l'habitat participatif en s'interrogeant sur une probable institutionnalisation du mouvement.

A) DIFFÉRENTES FORMES D'HABITAT PARTICIPATIF

1. Quelle(s) définition(s) pour l'habitat participatif ?

H

abitat groupé ; auto-promotion ; habitat partagé ; habitat participatif ; cohousing ; coopératives d'habitants ; habitat coopératif ; habitat collectif choisi... Il existe une multitude de termes pour définir notre sujet d'étude ce qui témoigne d'une diversité en la matière. L'emploi des uns ou des autres, peut s'expliquer, comme nous allons le voir par la suite, par différents éléments liés aux caractéristiques propres de chaque projet, que ce soit la structure juridique utilisée ou bien le rôle du groupe d'habitants dans ce processus. L'habitat participatif en France peut être comparé à une nébuleuse dans l'offre de logement du parc immobilier, ni logement social, ni logement privé, ni logement collectif, le caractère hybride de cette forme de logement rend sa définition très complexe.

Dans cette étude, nous avons choisi d'utiliser l'expression d'« habitat participatif » pour qualifier notre sujet. Ce choix s'explique par son utilisation par le législateur dans loi ALUR de 2014. Ce cadre réglementaire participe aujourd'hui à la clarification du mouvement participatif et permet la fédération des acteurs de ce domaine autour d'une même expression.

Réclamée depuis des années, la loi ALUR a donné en plus d'une définition, un cadre juridique à ce type de logement. Elle définit l'habitat participatif comme « une démarche citoyenne qui permet à des personnes physiques de s'associer, le cas échéant avec des personnes morales, afin de participer à la définition et à la conception de leurs logements et des espaces destinés à un usage commun, de

15

construire ou d'acquérir un ou plusieurs immeubles destinés à leur habitation et, le cas échéant, d'assurer la gestion ultérieure des immeubles construits ou acquis. »

Étant donné le caractère générique de cette définition, nous avons choisi d'effectuer une précision sur cet élément et définissons l'habitat participatif à partir de l'analyse faite par Camille Devaux pour cadrer notre étude. Cette auteure a publié plusieurs ouvrages sur le thème de l'habitat participatif dont « L'habitat participatif, de l'initiation habitante à l'action publique » qui fait état des lieux du processus d'institutionnalisation du mouvement de l'habitat participatif. C'est sur la base des critères développés par cette auteure que nous définirons dans notre analyse les opérations d'habitat participatif qui se caractérisent par :

· L'engagement volontaire des ménages dans le projet,

· Une participation à la conception et/ou à la gestion du projet,

· Une vocation collective attribuée au projet par les futurs habitants,

· L'existence d'espaces communs,

· L'existence d'un socle commun de valeurs faisant écho au partage, au lien social et/ou à l'écologie,


· Un objectif économique secondaire.

Définir l'habitat participatif à partir de ces six points nous permet d'avoir une définition plus précise et opérationnelle que celle fournit par la loi ALUR. On voit ainsi à partir de ces caractéristiques plusieurs éléments qui se dégagent.

En premier lieu, l'aspect participatif qui place les habitants au coeur du projet. Ce qui sous-entend plusieurs éléments, ils participent à la conception du projet, pas seulement à son terme mais dès l'origine de celui-ci. Cette participation se poursuit également après la construction du projet avec la nécessité d'une intégration au processus de décision du groupe via un mode de prise de décision démocratique.

L'habitat participatif sous-entend également un aspect collaboratif dans le mode de vie avec l'existence de pièces communes, buanderie, chambre d'amis, espaces extérieurs etc. Un dernier point dans la compréhension de l'habitat participatif, c'est l'importance des espaces privatifs. Vivre en habitat participatif, ne-sous entend pas la suppression de toutes notions de propriété privée, mais plutôt une gestion collective de certains espaces et une participation à la vie collaborative du groupe.

16

Figure 1 : Infographie de l'habitat participatif. Réalisation personnelle

2. Quelles sont les formes juridiques d'habitat participatif ?

Décrire la forme juridique de développement de l'habitat participatif demeure un point délicat de l'analyse de cette forme de logement. En effet, jusqu'à la mise en place de la loi ALUR (Voir partie I-C) aucun statut ne permettait la mise en place de manière efficiente d'un collectif d'habitat participatif.

La présente partie consiste à décrire ces statuts et d'effectuer une synthèse comparative des modèles juridiques existants. En raison de l'importance de l'introduction de la loi ALUR et des nouveautés qu'elle apporte, une partie exclusive sera consacrée aux nouveaux statuts juridiques introduites par cette loi.

Jusqu'à présent les collectifs utilisaient des formes juridiques classiques qu'ils adaptaient en fonction des volontés du groupement et qui évoluaient parfois au fur et à mesure de l'avancement du projet.

1. L'indivision et/ou copropriété

L'indivision est un modèle juridique permettant à plusieurs personnes d'être propriétaire d'un même bien, sans nécessairement recourir à la création d'une personne morale. Les habitants sont ainsi propriétaires à hauteur de leur contribution financière via un système de quotes-parts. Ce statut nécessite peu de démarches administratives en raison de la non-création d'une personnalité morale.

A première vue ce modèle semble très simple, cependant la gestion quotidienne rend difficile la pérennité de ce modèle sur le long terme. En effet, pour toutes prises de décision au quotidien la majorité des 2/3 des droits indivis est nécessaire, ce qui entraîne bien souvent des blocages importants dans la gestion au quotidien des biens meubles.

17

Cette forme juridique n'est pas conçue pour perdurer dans le temps, en effet la gestion des départs et des arrivées est rendue impossible par le droit français. En effet, selon l'article 815 du Code Civile, « nul ne peut être contraint à demeurer dans l'indivision et le partage [É] à moins qu'il n'y ait été sursis par jugement ou convention », un des propriétaires s'il le souhaite peut donc décider de la vente du bien et donc entraîner la fin de l'indivision.

C'est pour cette raison que l'indivision évolue souvent en copropriété à l'issue de la réception des logements. Cette forme juridique est très classique dans le modèle français. Ici, les habitant se regroupent en syndicat de copropriété, l'organisation et le fonctionnement étant fixés dans le règlement de copropriété.

Si ce modèle est pour le moment largement utilisé, c'est avant tout en raison de l'absence de forme juridique réellement adaptée à l'habitat participatif. En effet, la copropriété est un modèle très rigide et selon M.Combourieu, notaire lyonnaise, « peu adaptée aux valeurs de l'habitat participatif ».

2. Les sociétés civiles immobilières (SCI)

La société civile est un statut qui introduit au montage une personne morale. Ainsi, c'est la société qui devient propriétaire du terrain et des constructions et non pas les habitants, comme dans le modèle précédent. Il permet d'avoir un bien détenu par un collectif de personnes. Deux modèles apparaissent et semblent être le plus couramment utilisés par les groupes d'habitat participatif.

Société civile d'attribution (SCIA)

Ce statut juridique peut être utilisé pour la construction ou l'acquisition d'un bien meuble. Contrairement à un modèle classique de propriété, les habitants ne sont pas propriétaires mais ont la jouissance du bien. Dans ce système la société est propriétaire du bien, mais la jouissance est réservée aux groupes de propriétaires des parts sociales. Une division de l'immeuble va être réalisée et consignée dans l'état descriptif de division, ce document fait foi de la division et est couplé à un règlement de jouissance. A chaque lot va correspondre un groupe de parts sociales de la société. Chaque associé est donc propriétaire de parts sociales et aura la jouissance du lot qui est rattaché à son groupe de parts.

Lorsqu'on quitte la société (donc son logement) on cède ses parts, les autres associés ont un droit de préemption, c'est-à-dire une priorité d'achat. S'il ne souhaite pas acheter, il y a une procédure d'agrément pour un nouvel entrant qui doit être accepté par l'ensemble des occupants.

Un choix libre est effectué par le groupement en ce qui concerne la possibilité d'effectuer une plus-value lors de la revente de son logement.

18

A l'origine ce montage avait pour objectif de permettre une construction à plusieurs. Ce statut était effectif le temps de la construction et devait se transformer automatiquement en copropriété à l'issue de cette étape. Le règlement de jouissance devenant par la même occasion règlement de copropriété. L'utilisation en habitat participatif n'est donc qu'une adaptation du modèle d'origine pour ce type de projet.

Société civile avec création d'une association.

Cette structure juridique est également une adaptation de la SCI classique aux valeurs de l'habitat participatif. Dans ce modèle, on constitue également une société personne morale propriétaire du bien. À la différence de SCIA on met en place en parallèle de la société une association constituée des mêmes membres. Pour rentrer dans cette association il faut acheter des parts sociales donnant un droit de jouissance du bien. L'association va détenir 90% de la société et les 10% restants sont acquis par les membres de l'association mais sous leurs noms propres. Chaque personne est donc propriétaire d'une faible valeur et pourra revendre cette part lorsqu'elle quittera le logement. Dans ce modèle il y a généralement la volonté d'introduire un principe de non-spéculation.

Contrairement à la SCIA, dans ce modèle il n'y a pas de division du bien immobilier, le bien est propriété de l'ensemble des associés. La difficulté de ce modèle est d'obtenir des garanties auprès des banques qui ne sont pas rassurées par la multitude d'acteurs et la possibilité de garantie financière. Il nécessite donc d'avoir des apports assez importants avant de s'engager dans ce type de projet.

3. Les autres montages

Il existe une multitude d'autres formes de montages qui sont utilisés par les groupements d'habitants. Ces autres formes sont des détournements par rapport à l'objet initial. On observe par exemple des groupements qui ont utilisé l'association de loi 1901. On observe également à la marge l'utilisation de montages qui sont des hybridations de plusieurs structures, par exemple la SCCI (Société Coopérative Civile Immobilière) ou SCA (Société Civile de construction et d'Attribution). Ces modèles sont utilisés à la marge et ne sont pas optimaux à la réalisation de projet participatif.

La diversité des montages juridiques observés illustre bien toutes les possibilités existantes pour monter un projet en habitat participatif. Néanmoins, nous venons de le voir les groupes d'habitants en France rencontrent de nombreuses difficultés liées notamment à l'absence d'un véritable statut juridique qui reconnaît cette forme de conception et d'habitat de logement. Nous allons le voir dans la partie suivante, ce n'est pas le cas dans de nombreux pays européens qui ont fait de l'habitat participatif, une véritable stratégie en matière de politique du logement.

19

INFORMATiONS CLéS

L'HABITAT PARTICIPATIF C'EST :

· L'ENGAGEMENT VOLONTAIRE DES MéNAGES DANS LE PROJET

· UNE PARTICIPATION à LA CONCEPTION ET/OU à LA GESTION DU PROJET

· UNE VOCATION COLLECTIVE ATTRIBUéE AU PROJET PAR LES FUTURS HABITANTS MAIS UN RESPECT DE L'ESPACE PRIVé

· L'EXISTENCE D'ESPACES COMMUNS

· L'EXISTENCE D'UN SOCLE COMMUN DE VALEURS FAISANT éCHO AU PARTAGE, AU LIEN SOCIAL ET/OU à L'éCOLOGIE

· UN OBJECTIF éCONOMIQUE SECONDAIRE LES FORMES JURIDIQUES :

· PAS UN MODèLE UNIQUE MAIS UN CHOIX SELON LES VALEURS DU GROUPE

· AVANT LA LOI ALUR

- INDIVISION

DIVISION CLASSIQUE SUIVANT LES APPORTS DE CHAQUE MEMBRE

COMPLEXE POUR LA GESTION, MEMBRE QUI QUITTE LE GROUPE, RECRUTEMENT NOUVELLE PERSONNE...

- SOCIéTé CIVILE IMMOBILIèRES

DEUX FORMES LE PLUS SOUVENT UTILISéES, SCIA : PAS DE PROPRIéTé, LES HABITANTS ONT LA JOUISSANCE DU BIEN PROPORTIONNELLEMENT à L'APPORT DE CHAQUE MEMBRE.

LA SOCIéTé CIVILE AVEC CRéATION D'UNE ASSOCIATION, SIMILAIRE MAIS PAS DE DIVISION DU BIEN, L'ASSOCIATION EST PROPRIéTAIRE DE L'ENSEMBLE DU BIEN.

· LA LOI ALUR

DONNE UN CADRE JURIDIQUE à LA COOPéRATIVE ET AU STATUT D'AUTOPROMOTION. (VOIR PARTIE C)

20

B) ÉTAT DES LIEUX DE L'HABITAT PARTICIPATIF

1. L'habitat participatif à l'étranger, quelles influences pour le(s)

modèle(s) français ?

C

ontrairement à ce qu'on peut observer en France, l'habitat participatif est un modèle très largement développé dans certains pays étrangers. Si pour certains, il est la résultante de caractéristiques culturelles, il est pour d'autres la conséquence de l'absence d'une offre suffisante en logements sociaux. Pour Olivier David, président d'Habicoop et membre du labo de l'Économie Sociale et Solidaire, « dès lors que l'État ne va pas subvenir aux besoins de développement de logements accessibles, c'est la population qui va se mobiliser pour développer sa propre offre »9. On retrouve ce constat dans les pays d'Europe du nord, mais également en Amérique du Nord.

La France, qui dispose d'une offre de logements sociaux très importante, environ 15 % des résidences principales10, a choisi une autre forme de développement de son offre de logement. Néanmoins, on observe aujourd'hui un foisonnement de projets sur l'ensemble du territoire ainsi qu'un intérêt de plus en plus fort de la part des ménages pour l'habitat participatif. Cet attrait s'observe plus particulièrement chez les jeunes couples vivant en zones tendues (O.David, 2016) qui cherchent un logement abordable et une autre forme d'habitat.

La présente partie de ce document consiste à étudier trois modèles qui influencent aujourd'hui la vision française de cette « nouvelle voie » au logement. L'objectif est ainsi de comprendre sur quoi se base le développement de l'habitat participatif en France. Nous aborderons ainsi trois formes d'habitat participatif : l'habitat coopératif au Canada, le modèle Suisse et enfin Le Baugruppen en Allemagne.

Trois modèles emblématiques d'habitat participatif : 1. Le modèle canadien de l'habitat coopératif

Le Canada est sans doute le pays au monde qui a le plus développé ce modèle d'habitat. Apparu dans les années 70, il existe aujourd'hui plus de 2000 coopératives au Canada. La seule province de Québec recense plus de 50 000 personnes vivant en habitat participatif. Elles revendiquent des valeurs communes, à savoir non-

9 Avec Jean-Philippe Magnen du Labo de l'ESS / France Inter. 2016. Avec Jean-Philippe Magnen du Labo de l'ESS /

France Inter. Podcast t: http://www.franceinter.fr/emission-carnets-de-campagne-avec-jean-philippe-magnen-du-labo-de-less. [Accès 3 février 2016].

10 Au 1er Janvier 2013, on comptait en France 4,6 millions de logements sociaux, soit 15 % des résidences principales. Source Insee.fr

21

spéculation, initiative, participation et contrôle des coopérateurs sur les projets. S'il existe plusieurs formes de coopératives au Canada, nous avons choisi de nous concentrer sur le modèle le plus répandu à savoir « les coopératives d'habitation locative à possession continue ».

Ici la coopérative est constituée de membres qui se rassemblent autour d'un projet partagé afin d'accéder à un logement abordable et de qualité. La coopérative est alors propriétaire des unités de logements, les locataires sont donc à la fois propriétaires individuellement de leur logement et collectivement de l'immeuble en raison de l'adhésion à la coopérative. Cette adhésion est appelée parts sociales à la coopérative. La gestion et le contrôle de celle-ci est alors assurée par leurs membres. La taille des opérations peut varier de 10 à 220 logements avec des constantes, une localisation majoritairement dans un tissue urbain ou péri-urbain et une volonté d'inscrire ce projet dans une dimension de développement durable.

Le développement de l'habitat coopératif est fortement lié à une politique volontariste de l'état et à des subventions très importantes. Ces subventions sont justifiées par le caractère social des programmes de logement. En effet, les futurs membres de la coopérative sont sélectionnés selon des critères de revenus, justifiant les aides publiques très importantes versées aux coopératives pour faire baisser le prix des logements.

Afin de se structurer, les coopératives bénéficient de l'appui d'organisations locales et nationales, on peut par exemple citer la Confédération Québécoise des Coopératives d'Habitants (CQCH) et les Fédérations de l'Habitation Coopérative du Canada (FHCC). Ces organismes peuvent aussi bien appuyer les groupes sur la formation des membres, sur l'aide à l'obtention de financements mais effectuent également un travail important de lobbying auprès des instances gouvernementales.

Figure 2 : Les 155 ménages de la Coopérative Le coteau vert et l'OBNL Un toit pour tous, quartier Petite-Patrie à Montréal. batirsonquartier.com

22

Bien que le modèle québécois d'habitat participatif qui se développe depuis plus de trente ans soit un des plus aboutis au monde, il est aujourd'hui confronté à des défis importants, le vieillissement de son parc ainsi que celui des habitants.

2. Le modèle Suisse de l'habitat participatif ou l'habitat coopératif d'utilité publique

Le mouvement suisse de l'habitat participatif s'est surtout développé et structuré à partir des années 70-80 en raison de l'apparition au sein de la société civile de critiques sur les grands ensembles ainsi qu'une prise de conscience des conséquences de l'étalement urbain et de l'apparition des mouvements squats à Genève (Golluccio, 2015).

Ce modèle est resté marginal jusqu'en 1990 et la création de la Centrale d'émission pour la Construction du Logement (CCL). L'apparition de cette organisation intervient dans un contexte les taux d'intérêts étaient aux plus hauts et que les banques entrainant une frilosité des banques à accorder des prêts. Trois associations faîtières11, l'Association Suisse pour l'Habitat (ASH), l'Association suisse des Coopératives d'habitation Radicale (ACR) et l'Association Suisse pour l'encouragement à la Construction et à la Propriété (ASCP), vont ainsi créer la CCL. C'est ainsi que va être adoptée la « charte des maîtres d'ouvrage d'utilité publique de la Suisse » qui va fixer l'organisation et le développement de l'habitat coopératif. Ainsi cette forme d'habitat doit :

· Être non spéculative,

· Fournir des logements abordables de bonne qualité et durables,

· Intégrer des foyers modestes,

· Faire participer les locataires.

La mise en place de cette charte a été faite en partenariat avec l'Office Fédéral du logement. L'objectif global étant de « garantir à tous un logement à des conditions abordables, [car] les lois du marché ne suffisent pas, il faut l'action des maîtres d'ouvrage d'utilité publique, soit en particulier des coopératives de construction et d'habitation »12. Cette mise en place est une date importante dans le développement

11 L'association faîtière est un modèle d'organisation très développé en Suisse, il s'agit d'une structure qui va regrouper une multitude de petites structures associatives. Cette association faîtière va ainsi défendre les intérêts de ses membres et va permettre de mettre en place des actions de lobbying à l'échelle nationale.

12 Charte des maître d'ouvrage d'utilité publique, 2013

23

du modèle suisse de l'habitat participatif car elle institutionnalise le mouvement et le garantit d'utilité publique. Ce mouvement s'est conforté ensuite en 2003 avec l'adoption de la loi fédérale sur le logement (LOG) qui encourage les habitats à des prix et des loyers modérés. Aujourd'hui l'habitat coopératif représente environ 5% de l'ensemble du parc immobilier suisse. À Zurich il représente 25% du parc immobilier avec un objectif d'ici 2025 d'atteindre une proportion de 33% des logements.13 Le succès du logement coopératif en Suisse s'explique par des loyers en moyenne 20% inférieurs aux prix du marché locatif (A.Golluccio, 2011). Comparé au modèle français, le modèle suisse a atteint une envergure impressionnante. En effet la plupart des coopératives sont d'environ 100 logements et peuvent représenter des quartiers entiers comme le projet d'Hunziker où 35 coopératives se sont regroupées pour créer un quartier de 450 logements !

Figure 3 : Projet Hunziker, un quartier de 35 coopératives soit 450 logements. duplex-architekten

Les instruments d'aide au logement Coopératif en Suisse

Il existe deux échelons d'aide aux logements en Suisse. Le premier échelon est celui de la commune, qui est un interlocuteur particulièrement important dans la logique d'obtention d'un terrain. Elles peuvent ainsi vendre un terrain bon marché aux coopératives, accorder un droit de superficie, dans ce cas la collectivité reste propriétaire et met à disposition un terrain en échange d'une redevance annuelle et enfin elles peuvent prêter gratuitement un terrain.

Le second échelon est celui de la confédération qui va apporter une aide financière, via le cautionnement de prêts auprès de la coopérative CCL. Comme on peut le voir sur le schéma ci dessous, la CCL va se procurer des capitaux sur les marchés à des

13Zurich: l'incroyable dynamisme des coopératives de logement [en ligne]

https://www.espazium.ch/zurich-lincroyable-dynamisme-des-cooperatives-de-logement (accès le 16.03.16).

24

conditions très favorables en raison du cautionnement de la confédération. Seuls les maîtres d'ouvrages d'utilité publique peuvent solliciter un financement de la CCL, qui doivent adhérer aux valeurs de la CCL et s'acquitter d'une cotisation annuelle. Ce montage financier permet à tout groupement souhaitant se lancer dans un projet participatif de disposer d'un financement particulièrement important avec des taux particulièrement intéressants. Cette garantie financière est un des éléments les plus importants pour comprendre l'essor et la vitalité du modèle coopératif suisse.

Figure 4 : Structure des logements coopératifs en Suisse

Un modèle qui inspire Lyon

C'est cette structure qui a influencé celle défendue depuis dix ans par l'association lyonnaise Habicoop. Cette association indique que c'est à partir d'un voyage réalisé par certains membres en Suisse que l'idée de développer ce modèle en France est apparu. Ce souhait s'est plus ou moins matérialisé à Villeurbanne. C'est ce que nous verrons à travers l'étude du projet du village vertical

25

3. Le modèle Allemand du Baugruppen ou l'autopromotion

Avec 20% de ses logements neufs en immeuble participatif, l'Allemagne est considérée comme un pays d'Europe pionnier dans ce domaine. Ce modèle s'est popularisé à partir des années 90, sous l'impulsion de villes comme Fribourg et Tübingen. Les Baugruppen, (littéralement « groupement de construction »), représentent un groupe de futurs habitants qui vont collectivement faire appel à un architecte/maître d'oeuvre afin de concevoir un immeuble ou un quartier d'habitat collectif en autopromotion.

On parle ici d'autopromotion car les ménages engagés sont leurs propres promoteurs, l'objectif de ces groupements est ainsi d'économiser sur la rémunération habituellement réservé aux professionnels. Néanmoins, le collectif ne disposant pas nécessairement des compétences nécessaires à la construction d'un projet, il va s'associer à une structure spécialisée dans l'accompagnement de son projet d'autopromotion.

Contrairement au modèle français, la politique allemande en matière de logement social est très largement décentralisée, en effet celle-ci passe en grande partie par des subventions d'initiatives privées remplissant des conditions d'accessibilité à la propriété. Par ce mécanisme les Baugruppen jouent un rôle important dans la politique du logement ainsi que dans la pérennisation des loyers modestes (S.Trudelle, 2010).

Quel statut juridique ?

Il existe deux structures juridiques dans le fonctionnement des Baugruppen. Le choix de la forme appartient au groupe d'habitant et dépend en grande partie de sa philosophie. La première structure existante est celle du GbR (Geselschaft b·rgerlichen

Rechts) elle équivaut à la société civile française. Dans ce modèle, il y a un partage de l'immeuble en copropriété entre les associés, un règlement est édité précisant les modalités de gestion des parties communes, le retrait ou l'intégration d'une personne au projet, ainsi que le mode de gouvernance.

Le second modèle est celui du Genossenschaft, qui se rapproche de la société coopérative. Ici, les personnes se regroupent en coopérative, La personnalité morale construit et reste propriétaire des logements, les habitants eux reversent un loyer à la coopérative. Là aussi un règlement propre au groupe est édité avec quasiment le même contenu que pour le GbR.

Le déroulement

Le processus de mise en place d'un groupement en autopromotion se fait en trois phases avec un degré d'implication de plus en plus fort au fur et à mesure de l'avancement du projet.

Étape 1 : Constitution du groupe

À ce stade, le groupe de base, le noyau dur, va s'organiser afin de définir des objectifs, éventuellement rechercher des nouveaux membres et va commencer à définir des critères de recherche pour un terrain. C'est à cette étape que le groupe va recruter un prestataire d'accompagnement spécialisé dans le montage opérationnel de ce projet. Les habitants n'étant pas forcément des spécialistes de l'immobilier, ce recrutement est particulièrement important. Ce prestataire va assister le groupe tout au long du projet, de la définition du projet à l'élaboration du règlement de vie. Ces sociétés vont se rémunérer à hauteur de 3 à 4% du montant de l'investissement total hors terrain (S.Trudelle, 2010).

Étape 2 : Phase d'étude

Le groupe va se constituer en société, s'engager financièrement à hauteur de 500 à 1000 € (S.Trudelle, 2010). Elle va ensuite rechercher des financements puis gérer les autorisations d'urbanisme.

Étape 3 : La réalisation du projet.

Comme dans un projet classique, à ce stade, il y a une consultation avec choix des entreprises, un suivi des travaux et enfin la réception.

Un modèle qui a inspiré les projets strasbourgeois.

Comme toute opération immobilière, la maîtrise foncière est la clé du démarrage du processus d'un projet. En Allemagne, la politique volontariste des villes dans la réservation de foncier a constitué un facteur majeur du développement de l'autopromotion. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, dans ce modèle, les groupements ne bénéficient pas forcément de subventions publiques concernant le foncier. Les Baugruppen peuvent en revanche bénéficier, comme tout projet, d'aides à la construction ou de financements privilégiés du secteur bancaire en fonction des caractéristiques de celui-ci (efficacité énergétique, choix des matériaux, choix des entreprises...). Ce modèle s'est fortement développé à Fribourg, qui compte aujourd'hui plus de 150 projets et a très largement inspiré, proximité géographique oblige, le développement de l'habitat participatif à Strasbourg (P.Greboval, 2013). En 2007, la ville a lancé son projet « d'autopromotion à la strasbourgeoise » avec l'aménagement du projet Eco-Logis, trois ans plus tard, 30 personnes se sont installées dans cet immeuble

26

27

28

2. L'habitat participatif en France, portrait-robot d'un modèle qui peine à se développer.

En France, le mouvement de l'habitat participatif en est encore à ses balbutiements. Compte tenu des débats sémantiques et de l'absence de centralité des mouvements, il est très difficile de connaître de manière pertinente le nombre d'opérations d'habitat participatif sur le territoire. L'association éco-sol a entrepris cette tâche et recense à ce jour environ 400 projets d'habitat participatif avec uniquement une trentaine d'entre eux arrivés à leur terme. Alors que la France compte plus de 28 millions de résidences principales, on peut légitimement dire que l'habitat participatif ne représente quasiment rien sur le marché du logement.

Paradoxalement, cette manière d'habiter ne cesse d'agiter le monde de l'immobilier. À l'origine cantonné à un milieu militant, l'habitat participatif semble être sur la voie progressive d'une démocratisation voire d'un mouvement d'institutionnalisation (Devaux, 2012), en témoigne le nombre de plus en plus importants de parutions, sujets de recherches ou rencontres de professionnels sur cette thématique. Si ce mouvement était à l'origine impulsé par les habitants, il sort progressivement du cercle des initiés pour toucher les acteurs institutionnels de la production de l'habitat.

Cet intérêt de plus en plus fort pose la question du futur de ce mouvement, est-il voué à mourir de lui même ou à s'institutionnaliser ? (Devaux 2012) En d'autres termes, la question d'un effet de mode peut se poser. Sous l'impulsion d'associations, notamment le groupe lyonnais Habicoop, qui depuis dix ans effectue une véritable action de lobbying auprès des acteurs politiques en faveur de l'habitat coopératif, les collectivités s'engagent en faveur du développement de cet habitat.

À la recherche d'innovations dans les programmes d'habitations, notamment en matière d'intégration des habitants, d'utilisation d'espaces partagés, d'architecture, d'environnement, certaines collectivités ont décidé de se lancer dans la production d'habitat participatif.

Sous l'impulsion de deux villes motrices, Strasbourg et Montreuil, a été créé en 2010 le « Réseau National des collectivités pour l'Habitat Participatif », l'ambition de cette structure est « de créer une plate-forme d'échanges entre les collectivités qui sera dédiée au partage des expériences et des outils en matière d'habitat participatif ». Ce réseau mobilise une quinzaine de collectivités14, dont l'engagement s'est traduit par des actions en faveur de l'habitat participatif. Parmi celles-ci, on peut citer l'inscription dans le Programme Local de l'Habitat (PLH) « d'actions en faveur de

14 Les premiers signataires sont : Besançon, Bordeaux, Grenoble, Lille, Montreuil, Paris, Rennes, Saint-Denis et Strasbourg, les communautés urbaines d'Arras, Grand Lyon, Grand Toulouse, ainsi que les régions Ile-de-France et Rhône-Alpes.

mode d'habiter ». C'est le cas pour la plupart des grandes collectivités française (Grand Lyon, Grenoble-Alpes métropole, CUM Strasbourg, Paris, etc.). Cet engagement se traduit aujourd'hui par le lancement de nombreux appels à projets sur des terrains identifiés par les collectivités, le plus souvent à des prix inférieurs au marché.

L'implication forte de collectivité française de taille importante participe à l'essor de l'habitat participatif en France. Il convient de citer quelques exemples emblématiques pour illustrer ce propos.

1. Montreuil : une ville en faveur des initiatives citoyennes

Montreuil est une ville où la place de l'habitat participatif est particulièrement importante. Cette caractéristique s'explique en grande partie par une tradition importante en matière d'autopromotion. Depuis les années 50 et le développement du mouvement des Castors, auto-constructeurs de leurs habitats, de nombreux projets coopératifs ont vu le jour dans cette ville. Deux exemples emblématiques pour illustrer cet engagement.

Diwan (2008)

ANNéE EMMéNAGEMENT 2008

SURFAcE 1 011 M2 SURFAcE HABITABLE

NOMBRE dE LOGEMENTS 8 - 29 HABITANTS

MONTAGE JURIdIQUE SCI

COUT dE cONSTRUcTION 1 376 € M2 SHAB

Initié en 1998 ce projet aura mis 10 ans à se concrétiser. Le groupe a traversé énormément de difficultés et a évolué à de nombreuses reprises. Il s'est structuré en SCI de construction avec vente en VEFA lors de la phase de construction et a évolué en copropriété-coopérative pour la gestion. En 2011, 21 adultes et 8 enfants vivaient dans ce collectif de 5 appartements, 3 maisons de ville et un local d'activité. Chaque habitant a géré individuellement le financement de logement pour un coût moyen de 2900 € du m2 soit 20% de moins que le prix du marché.

Ce coût a été rendu possible par l'achat du foncier à un prix largement inférieur au marché auprès de la ville de Montreuil. La durée très importante du projet s'explique en grande partie par le choix à l'origine du groupe d'assurer elle même la maîtrise d'ouvrage de l'immeuble. Mais les difficultés rencontrées, notamment pour trouver des financements, ont obligé le groupe à se constituer sous une forme plus classique de promotion immobilière. C'est un promoteur professionnel Fiderim qui a donc assuré la construction et a permis une montée en compétence et une

29

professionnalisation du groupe, sans pour autant limiter le rôle des habitants à de simples acquéreurs. Ce projet, l'un des premiers en France est aujourd'hui installé en coeur de ville et participe à la vie du quartier « largement autour des enfants qui occupent un rôle central dans la construction de ces sociabilités de proximité »15.

Figure 5: Les habitants du projet Diwan dans un des espaces partagés. www.architectes.org

Les Babayagas (2012)

ANNéE EMMéNAGEMENT 2012

SURFAcE 990 M2 SURFAcE HABITABLE

NOMBRE dE LOGEMENTS 21

MONTAGE JURIdIQUE /

COUT dE cONSTRUcTION 3 800 € M2 SHAB

Né de l'initiative de Thérèse Clerc, militante féministe, le projet des Babayagas tend à proposer un modèle alternatif au vieillissement. L'objectif de ce groupement composé exclusivement de femmes est de « vivre collectivement leur vieil âge dans un lieu géré en autonomie et fondé sur l'autogestion, la solidarité, la citoyenneté et

15 Ville de Montreuil. L'habitat participatif à Montreuil. Une histoire, des initiatives collectives, une Dynamique. 2011 . [ONLINE] Available at: http://www.est-ensemble.fr/sites/default/files/recueil_dexperiences_dhabitat_participatif_a_montreuil.pdf. [ Accessed 11 April 2016].

30

l'écologie 16». Ce projet a mis dix ans à voir le jour, initié par la création d'une association, l'aboutissement du projet tient dans l'implication de deux acteurs fondamentaux, la ville de Montreuil qui a mis à disposition le terrain et l'office public de l'HLM qui devient maître d'ouvrage.

Cet immeuble est mixte et comporte 25 logements sociaux, 21 pour les Babayagas et 4 pour des jeunes de moins de 30 ans. L'attribution des logements se fait de manière classique par l'OPHLM, mais en accord avec les valeurs de l'association, c'est-à-dire, trouver des locataires femmes à la retraite avec des revenus faibles et qui acceptent la « charte de vie des Babayagas », qui régit la vie collective de ce collectif.

Figure 6 Les membres des Babayagas. Libération.fr

Ce collectif se veut « laboratoire de réflexion sur le vieillissement », en effet de nombreuses manifestations sont organisées au sein de cet immeuble sur la thématique du vieillissement. Cette ouverture sur le quartier se matérialise notamment par l'organisation de l'UNISAVIE, « l'UNIversité populaire du SAvoir des VIeux », afin de « vieillir intelligemment ».17

16 Ville de Montreuil. L'habitat participatif à Montreuil. Une histoire, des initiatives collectives, une Dynamique. 2011 . [ONLINE] Available at: http://www.est-ensemble.fr/sites/default/files/recueil_dexperiences_dhabitat_participatif_a_montreuil.pdf. [ Accessed 11 April 2016].

17 Les Babayagas, la silver solidarité au quotidien - Libération. 2016. Les Babayagas, la silver solidarité au quotidien - Libération. [WEB] Disponible sur : http://www.liberation.fr/futurs/2014/02/02/les-babayagas-la-silver-solidarite-au-quotidien 977239. [Accès le 11 April 2016].

Figure 7 : Immeuble des Babayagas. sophieloubaton.photoshelter.com

2. Strasbourg : la municipalité à l'initiative des projets

Afin de favoriser le développement de l'habitat participatif à Strastourg, la communauté urbaine a fait le choix d'une consultation. Ainsi 10 terrains répartis dans toute la ville appartenant à la municipalité ont été vendus à des groupes d'habitants. Cette consultation marque une volonté forte de la part de la collectivité. Pour Roland Ries, Maire de Strasbourg et Vice président de la Communauté urbaine de Strasbourg depuis 2008, ce « programme répond aux besoins en logements pour tous, aux différentes étapes de la vie, a également comme orientation de contribuer à des aménagements urbains innovants et un habitat durable, en prenant en compte la santé et le bien-être des habitants »18. Les terrains mis à disposition de la ville sont tous situés en proximité directe du centre ville et sont également desservis par les transports en commun.

Figure 8 : Durée de la procédure de la consultation. Source : Dossier de consultation. Modification AF

31

18 Cahier des charges du projet, 10 terrains, 10 immeubles durables à Strasbourg.

32

Figure 9 : les 10 terrains vendus par la collectivité. Source: Strasbourg.eu

En se lançant dans ce type de projet la ville de Strasbourg fait le choix de l'innovation dans sa politique de logements. Cette aide de la collectivité permet également un raccourcissement des délais de l'opération. Comme on le voit sur la frise ci-dessus, du lancement de la consultation à la fin des travaux, 5 années se sont écoulées. Par l'intervention de la communauté urbaine de Strasbourg, un cadre est donné à l'opération, ce qui rassure les banques et autres institutions de financement.

Il faut également noter en plus de la ville de Strasbourg l'importance de plusieurs acteurs institutionnels dans le bon déroulé de cette opération :

· Relais associatif : l'association Écoquartier qui fait la promotion d'un urbanisme durable depuis 2001 et a inscrit l'habitat participatif comme levier d'action. Elle a principalement oeuvré dans la mise en relation des acteurs de ce programme, ainsi que dans le processus d'acculturation à ce modèle d'habitat.

· AMO : Une assistance à maîtrise d'ouvrage a été rendue obligatoire à la suite des premières phases de consultation, en raison des nombreuses difficultés rencontrées par les groupements.

33

Eco-Logis (2010)

ANNéE EMMéNAGEMENT 2010

SURFAcE /

NOMBRE dE LOGEMENTS 13 LOGEMENTS, 30 HABITANTS

MONTAGE JURIdIQUE SCIA

COUT dE cONSTRUcTION 2 950 € M2 SHAB

Le projet Eco-logis est le premier des immeubles livrés. Il s'inspire des Baugruppen, l'architecte est d'ailleurs allemand, Michael Gis, choisi en raison de son expérience sur le modèle développé outre-Rhin. La municipalité, maître d'ouvrage sur l'opération a imposé l'utilisation d'une SCIA, le nombre de parts détenu par chacun dépend de la surface des prestations propres à son logement. Les bâtiments sont conçus sur 5 étages, au total 11 logements sont disponibles dans cette structure allant du studio au 6 pièces, 30 personnes vivent dans le bâtiment et 2 familles sont locataires. On y trouve des espaces communs, une chambre d'amis ainsi qu'un grand atelier et une buanderie commune. Le bâtiment est BBC, il consomme moins de 65 KWh/m2/an et produit de l'énergie via 20 m2 de panneaux solaires.

Figure 10 : Bâtiment Eco-Logis. Source: lyon.archi.fr

Consultation II & III

En 2015, Strasbourg a lancé sa troisième consultation pour développer de l'habitat participatif sur 5 nouveaux sites. Au total depuis 2008, 22 terrains ont été mis en consultation pour développer de l'habitat participatif dans la ville strasbourgeoise. Le développement de ce « nouveau » mode d'habiter, fait aujourd'hui partie intégrante de la politique de la ville. En apportant sa contribution, la ville de Strasbourg montre qu'il est possible de développer à grande échelle des projets participatifs, sous

34

réserve d'un engagement fort des politiques en attribuant des terrains jusqu'à présent propriété de la ville. Cet engagement financier se traduit également par un système de décote en fonction des performances énergétiques du bâtiment (de 150 à 200 / m2 SHON) et également si on introduit du logement social au bâtiment (vente entre 150 et 200 € du m2). La ville effectue également l'ensemble des travaux de raccordement de manière à effectuer une vente de terrain à nu.

3. Montpellier : De l'habitat participatif en ZAC, le projet MasCobado

Le projet MasCobado a la particularité d'être développé au sein de la ZAC des Grisettes. ZAC de 20 hectares où 1500 logements sont créés ainsi que des bureaux, des commerces, des équipements scolaires et un pôle de santé.

Figure 11 : Plan Mass de la ZAC. En rouge les deux lots de la ville dédiées à l'habitat participatif. Source : Agence Dubus Richez

L'émergence de ce projet est l'aboutissement d'un concours « logement design pour tous » lancé par le PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture) qui a pour objectif d'« initier une nouvelle dynamique pour programmer, concevoir et réaliser des opérations de logement »19. Une association d'habitants créée en 2011 a remporté ce concours, ce qui lui a permis de bénéficier de l'appui d'une mission AMO du PUCA, qui a accompagné la programmation et les études opérationnelles afin de mettre au point le montage juridique. Parallèlement la ville de Montpellier confirme

19 20PUCA. Novembre 2014. Logement design pour tous. Habitat participatif à Montpellier. Le projet MasCobado. En ligne. http://www.urbanisme-puca.gouv.fr/IMG/pdf/MasCobado web.pdf.

Figure 12 : Perspective du projet. Source : Toits de choix

son intérêt en Novembre 2011, pour favoriser l'implantation d'un habitat participatif sur l'agglomération. Le choix d'implantation se fera sur la ZAC des Grisettes où la SERM (Société d'Équipement de la Région Montpelliéraine) réalise une opération d'aménagement. Conjointement, la ville et l'aménageur décident de réserver deux lots de cette ZAC au développement de projets en habitat participatif.

Envisagée dès l'origine du projet, la construction d'un partenariat avec un bailleur social répond pour le groupement à un impératif : celui d'offrir à tous la possibilité d'accéder à la propriété. De plus associer un bailleur social permet « d'asseoir la crédibilité du projet et facilite les relations avec les élus »20. C'est finalement Promologis qui sera choisi par la SCA avec pour engagement de la part du bailleur de porter plusieurs logements en location-accession ou en location sociale. À l'origine il devait être constituée une SCA en co-maîtrise d'ouvrage avec Promologis, mais les difficultés pour obtenir des garanties financières obligent un passage de relais au Bailleur. À l'issue d'une phase de conception dirigée par les habitants et coordonnée avec le bailleur social, c'est Promologis qui a pris en charge toutes les opérations de l'acquisition du terrain à la construction du bâtiment. Les rapports entre Promologis et les habitants sont formalisés par une convention partenariale annexée à tous les documents concernant l'acquisition du terrain et les contrats de vente.

Ensuite les logements ont été attribués à l'issue d'une VEFA (Vente en l'État Futur d'Achèvement) pour 11 logements ou d'un contrat de location-accession PSLA pour 7 logements. En ce qui concerne la gestion des relations entre les accèdants et le bailleur social, c'est le régime de la copropriété qui sera mis en place. Enfin, en ce qui concerne la réattribution des logements sociaux, le bailleur s'est engagé à sélectionner des nouveaux adhérents qui respectent une charte mis en place par les habitants du MasCobado.

35

36

 

Le programme est constitué de deux bâtiments avec au total 23 logements dont 5 sociaux et 7 en location-accession. Les appartements vont du T1 au T5 et les

habitants partagent 3
chambres d'amis, une salle polyvalente, une buanderie ainsi qu'une grande terrasse commune et un jardin avec un potager partagé.

 

Figure 13 : MasCobado 1 et 2, mutualisation des espaces. Source : Toits de choix

4. Paris 2014, Appel à projets en Habitat participatif.

L'exemple de l'initiative de Paris est intéressant, en effet il témoigne de l'intérêt des acteurs institutionnels pour le développement de l'habitat participatif. Mais son intérêt le plus important, c'est sûrement la couverture médiatique qu'elle apporte à ce type d'habitat. En effet, le succès rencontré par cette initiative a offert à ce mouvement de nombreux articles dans les médias nationaux (Le Monde, Libération, Le Parisien, les InrocksÉ) ce qui participe à la formalisation de ce mouvement. Sur le modèle de Strasbourg, Paris a décidé de lancer un appel d'offre sur trois parcelles situées dans le 19ème et dans le 20ème arrondissement. Dans un contexte de pression foncière très forte, cette initiative a rencontré un succès important. Plus de 200 personnes ont manifesté leur intérêt à l'origine du projet. L'appel à projet se déroule en trois phases :

· Phase 1 : projet de vie

· Phase 2 : Projet d'habitat

· Phase 3 : Projet de construction

À l'issue de chacune des phases un jury composé de professionnels étudie les propositions et sélectionne les meilleurs groupements. Le processus d'appel d'offre devrait aboutir au second semestre 2016. À chacune des phases les groupements bénéficient de subventions afin de financer les frais de maîtrise d'ouvrage et de maîtrise d'oeuvre (27 500 € maximum de subventions en phase 3 par association)

37

3. La France, le choix d'une politique d'accès au logement différente

En France à l'heure actuelle le niveau d'organisation ne permet pas de rivaliser avec les pays cités précédemment. Ces différences s'expliquent par des différences culturelles et contextuelles, plus particulièrement à propos des politiques de logement.

En effet au Canada comme en Suisse, l'absence d'une politique forte en matière de logement social est compensée par l'habitat participatif qui devient en un sens de fait un « logement social » (Devaux, 2015). Au Canada la politique particulièrement libérale en matière de logements, laisse quasiment uniquement la place aux secteurs privés. Au Québec, les coopératives ont un fonctionnement qui les place à l'intermédiaire du logement social et privé français. Elles sont occupées par des ménages plutôt modestes qui souhaitent s'impliquer dans la gestion de leur logement. Pour Bouchard (Bouchard, 2005) la coopérative est un « patrimoine permanent de logements abordables : ils ont logé, logent et logeront des ménages à revenu modeste pour les décennies à venir ». Le modèle suisse est sensiblement différent, son caractère reconnu d'utilité publique, ce qui veut dire que les coopératives renoncent à maximiser leurs profits, permet aux groupements d'obtenir des prêts et des terrains beaucoup plus abordables que dans un modèle classique. Selon une estimation du bureau des statistiques de Zurich de 2004, les loyers de ces logements sont 20 à 30% moins élevés que sur le marché classique. En France, le secteur du logement social est très structuré avec des organismes HLM qui produisent plus de 100 000 logements par an et l'État qui subventionne très largement ce développement via l'exonération ou l'allègement de taxes notamment.

Le second élément important dans la compréhension de ces différences de développement est la place laissée à la société civile dans le développement de l'offre de logement. À l'opposé la Suisse, le Canada et l'Allemagne partagent une importante tradition de la participation et de la prise d'initiative de la société civile. « En France, les expériences participatives sont plutôt menées dans une logique de régulation des problèmes sociaux que d'encouragement de l'auto-développement des populations » (C.Devaux, 2015).

Ces différences tant d'un point de vue culturel que contextuel expliquent les écarts de développement de l'habitat participatif en France. Néanmoins, malgré ces différences, les initiatives observées à l'étranger représentent une source d'information très importante lorsqu'on développe des outils tels que le Benchmark. C'est d'ailleurs bien souvent à l'issue de ce genre travail et/ou de voyages d'observation que des groupes se sont formés pour développer leurs modèles. Il ne faut pas non plus négliger l'absence de cadre juridique français pour comprendre, comme nous allons le voir par la suite, le développement peu important du logement participatif en France.

38

POiNTS CLéS

ÉTAT DES LIEUX DE L'HABITAT PARTICIPATIF :

· EN FRANCE L'HABITAT PARTICIPATIF C'EST : - UNIQUEMENT 300/400 PROJETS,

· À L'éTRANGER, ALLEMAGNE, SUISSE, CANADA, UN MODèLE DE DéVELOPPEMENT COMMENT EXPLIQUER CET éCART ?

- LA FRANCE A CHOISI DE DéVELOPPER LE LOGEMENT SOCIAL, 15 % DES RéSIDENCES PRINCIPALES - À L'éTRANGER :

L'HABITAT PARTICIPATIF FAIT PARTIE DE LA POLITIQUE DE LOGEMENT SOCIAL, IL EST RECONNU D'UTILITé PUBLIQUE + SECTEUR TRèS STRUCTURé AVEC SOCIéTéS FAîTIèRES, ACCOMPAGNATEURS.

MAIS

· UN DéVELOPPEMENT DE PLUS EN PLUS IMPORTANT EN FRANCE QUEL(S) MODèLE(S) ?

· UNE CROISSANCE QUI S'INSPIRE DES MODèLES éTRANGERS

· CONSÉQUENCE TROIS MODÈLES SE DÉVELOPPENT EN FRANCE - L'AUTOPROMOTION

- LA COOPÉRATIVE

- UN MODÈLE QUI REGROUPE L'HABITAT PARTICIPATIF ET LOGEMENT SOCIAL

39

C) LA LOI ALUR ET L'HP QUELLES CONSÉQUENCES ?

1. Genèse de cette loi en lien avec l'habitat participatif

R

éclamées par de nombreux acteurs de l'habitat participatif, les dispositions concernant ce type d'habitat dans la loi ALUR sont le résultat d'un long processus de réflexion sur le cadre futur de cette troisième voie de l'habitat. Ils sont le fruit d'une consultation entre acteurs spécialisés dans ce domaine. Il en ressort des éléments primordiaux dans l'évolution future de l'habitat participatif. La mise en place d'un cadre concernant l'habitat participatif est le résultat d'un constat simple, celui d'un vide juridique concernant ce modèle d'habitat. En effet, la loi Chalandon de 1971 qui interdit la location coopérative a rendu très compliqué le développement de projet d'habitat participatif. La plupart des groupes d'habitants se sont ainsi heurtés à cette absence de cadre, utilisant des structures juridiques insuffisamment sécurisées. Ainsi faute de statut approprié, les opérations sont restées longues et coûteuses, excluant par la même occasion les populations plus fragiles ainsi que celles en situation d'urgence par rapport au logement.

La première avancée concernant l'habitat participatif a été d'offrir une définition juridique à ce mouvement. Ainsi selon l'article 47 un projet d'habitat participatif « est une démarche citoyenne qui permet à des personnes physiques de s'associer, le cas échéant avec des personnes morales, afin de participer à la définition et à la conception de leurs logements et des espaces destinés à un usage commun, de construire ou d'acquérir un ou plusieurs immeubles destinés à leur habitation et, le cas échéant, d'assurer la gestion ultérieure des immeubles construits ou acquis. » Cette définition est volontairement non restrictive, elle ne vise pas nécessairement à restreindre le cadre de l'habitat participatif mais à compléter les outils mis à la disposition des groupes d'habitants.

2. Les nouveaux statuts juridiques et leurs conséquences

La loi ALUR vient créer deux nouveaux statuts juridiques pour la mise en place d'habitat participatif, ces statuts ne suppriment pas les anciens mais arrivent en complément des formes sociales offertes par la loi. L'objectif du législateur était d'apporter des réponses aux attentes des partisans de l'habitat participatif, à savoir ; la propriété collective, les mécanismes anti-spéculatifs, la prise en compte des espaces communs et la possibilité de les exploiter (Ferrus et Leveneur, 2014). Les dispositions prises par la loi ALUR en matière d'habitat participatif ont également pour objectif de garantir une certaine sécurité juridique et financière pour les concepteurs de projet. Les deux nouveaux statuts créés sont la société coopérative d'habitants et la société d'attribution d'autopromotion. Ces deux statuts juridiques ont des dispositions communes :

· Dans tous les cas il s'agit d'une société à capital variable, de forme civile ou commerciale.

· Cette société est constituée pour une seule opération immobilière et destinée à accueillir la résidence principale des associés.

· Il est également possible d'associer à ces structures des organismes de logements sociaux, dans la limite de 30% du capital ou des droits de vote, qui bénéficieront de la mise à disposition des logements proportionnellement à leur participation.

· Les sociétés pourront développer des activités et services aux membres et à des tiers non associés. (ex : location d'un salle commune, installation d'un cabinet médical...)

· Il devient obligatoire de mettre en place une charte fixant les règles concernant l'immeuble et plus particulièrement les parties communes. Cette charte devra être adoptée en assemblée générale et signée par l'ensemble des locataires avant l'emménagement.

1. La société coopérative d'habitants

La société coopérative a pour objet de « fournir à leurs associés personnes physiques la jouissance d'un logement au titre de résidence principale et de contribuer au développement de leur vie collective »21. Cette forme de société promeut l'idée de propriété collective de l'habitat participatif (Ferrus et Leveneur, 2014), avec ce type de société, on supprime la notion de propriété au profit de celle de jouissance du logement et des espaces communs, le propriétaire étant la société et non les associés. Le contrat passé par les copropriétaires précise le montant de la redevance dont ils devront s'acquitter à l'entrée dans le logement. Cette redevance est composée d'une part locative permettant de profiter du bien et d'une part acquisitive permettant d'acquérir des parts sociales de la société. Cette acquisition se fait de manière différée, en effet les associés remboursent graduellement les sommes prises en charge par la société au moment de la construction.

· Calcul de la redevance

Lorsque le projet est livré, la coopérative rembourse les prêts grâce à la redevance, celle-ci est dissociée de la valeur du bien et est calculée selon les modalités fixées par le groupe. Elle permet également de provisionner les obligations de propriétaire (taxes foncières, charges diverses, provisions pour les réparations, vacances et impayés...).

40

21 Article L.201-2 du code de la construction et de l'habitation

· Comment quitter son logement ?

Tout coopérateur peut quitter son logement. À son départ il récupère ses apports initiaux pondérés au coût de la vie, ici la logique de non spéculation prime voilà pourquoi on est sur un prix indépendant du marché. Lors de son départ, le coopérateur peut également récupérer une partie de ses redevances, on parle alors de part acquisitive. Le choix d'une nouvelle personne est soumis à l'accord de l'assemblé générale selon les termes régis au règlement de la structure.

2. La société d'attribution d'autopromotion

Cette société a pour objet d'Ç attribuer aux associés, personnes physiques, la propriété ou la jouissance d'un logement à titre de résidence principale, et d'entretenir et d'animer les lieux de vie collective »22. La différence avec la coopérative d'habitants c'est qu'avec ce montage les habitants peuvent acheter leurs logements et la jouissance des espaces communs. Dans ce modèle, les associés devront dès le départ faire le choix entre attribution en jouissance ou en propriété des futurs logements. Dans le modèle de l'attribution en propriété cette société aura vocation à disparaître à la fin de la construction pour se transformer en copropriété classique, puisque les habitants sont propriétaires de leur espace privatif grâce à une attribution en propriété. À l'inverse, si le modèle de la jouissance est choisi celle-ci reste en place. Les associés devront, à l'inverse du modèle coopératif, participer au financement de l'opération dès le stade de la construction. On est donc ici dans un modèle où les associés disposent de moyens financiers suffisants pour au départ assumer un investissement conséquent. La sortie du modèle participatif apparaît comme plus simple par ce modèle par rapport à la coopérative par l'existence d'un état descriptif de division ainsi que des dispositions concernant les conditions de dissolution de la société.

· Que paye l'associé ?

L'associé paye une redevance qui est nécessairement liée à la valeur de son bien. Il doit également payer une participation qui correspond aux frais de charges liées là aussi à la valeur de son bien.

· Comment quitter son logement ?

Dans le cas d'une attribution en propriété, un associé peut quitter son logement de manière libre, à condition que l'AG a constaté l'achèvement de l'immeuble. Dans ce modèle la revente de ces parts n'est pas nécessairement soumis à une indexation.

41

22 Article L.202-2 du CCH

42

La logique de non-spéculation n'est pas obligatoire et est à la décision du groupement.

3. Les décrets attendus pour 2016

Votée en 2014, la loi ALUR sera précisée au cours de l'année 2016 par des décrets notamment en ce qui concerne les garanties financières d'achèvement de l'immeuble, ainsi que des éléments sur le financement des projets. La loi ALUR devrait être précisée courent 2016 par deux autres décrets, concernant les modalités d'achèvement de l'immeuble et l'apport en industrie dans la construction d'un bâtiment.

Décret relatif à la garantie financière d'achèvement

Un décret viendra préciser la garantie financière d'aménagement qui rendra obligatoire la souscription d'une garantie financière d'achèvement lorsque le vendeur d'un immeuble d'habitation n'opte pas pour une garantie de remboursement23

Décret relatif à l'apport en industrie

Ce décret viendra préciser la possibilité d'entrer au capital de la société via un apport en industrie. En d'autres termes, il s'agit là de valoriser la participation des habitants dans le processus de construction ou bien dans l'apport de service auprès des autres usagers.

23 Vallat, thierry (2016) Garantie financière en cas de vente en l'état futur d'achèvement : Disponible at: http://www.thierryvallatavocat.com/2016/03/garantie-financiere-en-cas-de-vente-en-l-etat-futur-d-achevement-le-decret-du-25-mars-2016.html (Accès 18 Avril 2016).

COMPARAISON ENTRE LA SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE / SOCIÉTÉ

D'ATTRIBUTION D'AUTOPROMOTION

Coopérative Autopromotion

Qui est La coopérative La société ou chaque

propriétaire ? copropriétaire

Sur autorisation de l'assemblée générale

Que détient l'associé ?

Que paye l'associé ?

Départ d'un

associé

Attribution en jouissance des logements

· Parts sociales (sans lien nécessaire à la valeur du bien)

· Loyer (permanent)

· Possible apport en travail manuel

Attribution en jouissance des logements ou propriété pleine et entière

· Parts sociales (liées nécessairement à la valeur du bien)

· Participation (permanente) aux charges liées nécessairement à la valeur relative du lot

Prix de cession Prix de revente des parts

sociales indexé sur l'indice de référence des loyers. Modification possible à l'unanimité

Pas de limite statutaire

 

43

Gouvernance 1 personne = 1 voix 1 personne = 1 voix

ou proportionnel

44

POiNTS CLéS

LES ARTICLES DE LOI ALUR CONCERNANT L'HABITAT PARTICIPATIF C'EST :

· LA CONSÉQUENCE DU DÉVELOPPEMENT DE L'HABITAT PARTICIPATIF EN FRANCE

· LA CONSÉQUENCE D'UN VIDE JURIDIQUE DEPUIS LA LOI CHALANDON DE 1971

· UNE VOLONTÉ DE DÉFINIR JURIDIQUEMENT L'HABITAT PARTICIPATIF ET D'ASSURER UN CADRE AUX INITIATIVES LES FORMES JURIDIQUES :

· DEUX MODÈLES POUR DÉVELOPPER UN HABITAT PARTICIPATIF

- COOPÉRATIVE

LA COOPÉRATIVE EST PROPRIÉTAIRE DES LOGEMENTS

ATTRIBUTION EN JOUISSANCE DES LOGEMENTS, VIA LE PAIEMENT D'UN LOYER À LA COOPÉRATIVE

VOLONTÉ DE NON SPÉCULATION, REVENTE DE PARTS SOCIALS ET NON DU LOGEMENT

- AUTOPROMOTION

PROPRIéTé PLEINE ET ENTIèRE, NÉCESSITE DES APPORTS CONSÉQUENTS PAIEMENT DE CHARGES COURANTES À LA SOCIÉTÉ

PAS DE VOLONTÉ ANTISPECULATIVE, REVENTE DU LOGEMENT

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld