Problématique de la planification familiale dans les ménages de Kasha: cas du quartier Cikonyipar Jean Claude AGANZE BASHIGE ISDR/Bukavu - Graduat 2018 |
2.5 Les causes physiologiquesLes entretiens individuels auprès des femmes démontrent clairement qu'une des raisons de la pratique irrégulière ou de l'abandon des différentes méthodes contraceptives est la peur des effets secondaires de ces méthodes. La mauvaise connaissance du fonctionnement du corps féminin et du cycle contribue à la prolifération de ces rumeurs. Lors de notre causerie avec la population, les femmes de la cité venaient de recevoir gratuitement de la clinique une nouvelle marque de pilule, «Ovrette», qui peut entraîner soit une suppression totale des règles, soit des pertes irrégulières. L'utilisation de cette pilule pose deux problèmes. D'abord, les femmes ne comprenaient pas pourquoi il fallait la prendre tous les jours sans aucune interruption. Trop fatiguées pour respecter cette posologie, plusieurs ont adopté une conduite alternative qui consiste à prendre deux ou trois pilules un même jour et rien pendant les jours suivants. D'autres ne prennent la pilule qu'au moment des rapports et en cas d'oubli, elles effectuent plusieurs prises simultanées pensant pouvoir rattraper le retard. Ensuite, elles se plaignent de ne pas avoir leurs règles. Au fond de cette inquiétude on trouve l'idée que le sang, puisqu'il ne coule pas en dehors du corps, reste à l'intérieur, dans la cage bébé, ce qui explique la sensation de lourdeur et de ventre gonflé dont se plaignent les femmes. Elles ne distinguent pas l'utérus et l'estomac, et les termes cage bébé ou utérus sont utilisés également pour décrire l'estomac comme le ventre. Elles croient que la digestion des aliments et les saignements lors des menstruations se produisent au même endroit dans le corps. La pilule reste dans le ventre, ce qui explique les maux de tête, la prise de poids et les vertiges. Troublées par un problème de prise de poids, qu'elles attribuent à tort aux effets de la pilule, mais en réalité est lié à une alimentation déséquilibrée, les femmes cherchent donc à utiliser d'autres produits disponibles en pharmacie, ce qui entraîne un désintérêt et finalement un rejet de la pilule offerte gratuitement. Elles sont convaincues que, si elles pouvaient s'acheter une meilleure pilule dans le secteur privé, elles n'auraient plus de problèmes de santé. L'achat de la pilule en pharmacie se fait, notons-le, sans prescription ou contrôle médical. Malheureusement, elles n'ont pas réellement les moyens de s'approvisionner pendant longtemps en achetant elles-mêmes les pilules. Les mêmes types de craintes ont été évoqués pour la piqûre hormonale, pour le stérilet et les préservatifs. Ainsi, les femmes déclarent souvent n'avoir pas utilisé les préservatifs parce que les hommes ne veulent pas s'en servir. Cependant, elles avouent également ne pas aimer les spermicides qui sont appliqués en même temps. Ces produits brûlent le passage et elles pensent qu'il se produit effectivement une véritable brûlure. Par ailleurs, elles pensent que les préservatifs peuvent rester dans le corps de la femme et monter jusque dans le ventre. En résumé, ces remarques sur les effets secondaires des différentes méthodes indiquent que les rumeurs relèvent d'une expérience négative de la pratique des méthodes. Si cette expérience se transforme en explication irrationnelle, c'est parce que les femmes n'ont pas une connaissance suffisante du fonctionnement et de l'anatomie du corps, ni des modalités correctes d'utilisation des méthodes19(*). Les enquêtes nous ont montré que seulement 5% de la population de l'échantillon sont ceux qui ont utilisés une des méthodes modernes et que cette dernière ait compliquée leurs santés ; cela peut être dû soit à l'insuffisance d'intrants dans les institutions habilitées ou soit au personnel soignant. D'autres part, les femmes qui achètent les médicaments et s'en administre sans l'avis d'un technicien de santé sont aussi vulnérables de cette situation. Il y a aussi de ces femmes qui ont pu essayer mais elles se sont heurtées à des difficultés telle que: l'irrégularité dans la règle menstruelle, le saignement exagéré lors des règles menstruelles, crise cardiaque, le dépassement (doublement) du délai convenu, le gonflement de la peau... Toutes ces plaintes citées, sont ces qui empêchent une autre partie, 17% des femmes qui disent avoir une mauvaise expérience dans la planification familiale à travers différentes méthodes. * 19 Yves CHARBIT et Sarah HILLCOAT-NALLETAMBY, « l'échec de la planification familiale dans les cités de l'île Maurice » ; Swansea univertsity, île Maurice 2015, page 215 |
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