III. Présentation et
interprétation des résultats
Afin de répondre aux objectifs de recherche, il
conviendra de présenter l'analyse des résultats au sein de trois
parties. La première, directement issue de grille d'analyse, rendra
compte, à travers le regard des RS sur l'auto-gynécologie, du
rapport entre l'individu et le social (A). Le deuxième point explicitera
leur inscription dans le cadre psychologique et social préexistant (B).
Enfin, le dernier point sera centré autour des processus de formation
des RS, c'est-à-dire de la manière dont pénètre le
savoir gynécologique dans le sens commun des personnes concernées
(C). A noter que la séparation de ces parties ne tient qu'à une
facilitation de présentation des résultats, puisque leurs
contenus ne peuvent exister les uns sans les autres.
A. Le regard des RS sur
l'auto-gynécologie, les rapports de l'individu au social
Au-delà de la distribution d'opinions au sujet de
l'auto-gynécologie, l'analyse des résultats propose de
s'intéresser au rapport au monde des personnes concernées par
l'auto-gynécologie.Ainsi, la démarche inductive de l'analyse a
permis d'organiser l'ensemble du contenu des discours au sujet de
l'auto-gynécologie autour de sept thématiques, chacune traduisant
un rapport intra-individuel, inter-individuel, positionnel ou
idéologique au monde (voir figure 4). Pour chaque idée
développée seront présentés simultanément
des extraits, choisis pour leur typicité, ainsi que leur analyse et
interprétation.
1. UN RAPPORT A L'INSTITUTION MEDICALE
2. UN RAPPORT A LA GYNECOLOGIE
7. UN RAPPORT AU MONDE (SYSTEME DE VALEURS)
L'AUTO-GYNECOLOGIE, UN RAPPORT A L'ORDRE SOCIAL
3. UN RAPPORT AU SOIN
6. UN RAPPORT AU CORPS, A LA FEMINITE
ET A L'INTIMITE
4. UN RAPPORT AU SAVOIR
5. UN RAPPORT A LACOMMUNAUTE
AUTO-GYNECOLOGIQUE
Figure 4. L'auto-gynécologie comme rapport à
l'ordre social
1. Rapports à l'institution
médicale
Le rapport à l'institution médicale est un des
thèmes les plus présents dans le discours des sujets. Il ne
s'agit pas ici de décrire quelle relation chaque interrogée
entretient avec son médecin et quelles ont été les
expériences bonnes ou mauvaises avec l'institution
médicale ; l'intérêt se situe davantage dans le fait
de relever le rapport à l'institution médicale dans un discours
sur l'auto-gynécologie.
On retrouve ainsi différentes perceptions,
représentations et expériences avec le corps médical.De
manière significative, les interrogées abordent une
posture théorique critique face à l'institution
médicale. Elle est associée à un
« business » (Florence), à un outil de
« contrôle social » (Alice), ou au
« patriarcat » (Maud), dont les pratiques sont
teintées de sexisme, d'homophobie, de transphobie, d'infantilisation, de
jugements et de paternalisme. Les consultations sont trop expéditives,
manquent de bienveillance et de considération pour la personne
qu'est la patiente en dehors de ses pathologies. Le savoir
possédé par la ou le médecin est gardé jalousement
et est associé au pouvoir ; en ce sens, le fait de ne pas consulter
est vu comme une forme d'émancipation.
Par ailleurs, quant aux expériences vécues,
elles ne reflètent pas parfaitement les représentations de
l'institution médicale. Ainsi, les personnes interrogées
décrivent de bonnes relations médecin-patiente, et à
l'exception d'une participante (Prune), pas de réticence
particulière à la consultation.
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