Université Toulouse III Paul Sabatier - Master
Diagnostic Microbiologique : approches innovantes - Année
2019-2020
Étude de l'effet de l'éthylène sur
la croissance de
champignons filamenteux (Aspergillus
flavus,
Aspergillus parasiticus et Penicillium
expansum) et de
leurs mycotoxines associées (aflatoxines et
patuline)
Par Jonas Cruzel
Réalisé sous la direction de Selma Snini et de
Florence Mathieu du Laboratoire de Génie Chimique et de Christian
Chervin du Laboratoire Génomique et Biotechnologie des Fruits
Laboratoire d'accueil :
Laboratoire de Génie Chimique (LGC - Département
Bioprocédés et Systèmes Microbiens) et le Laboratoire
de Génomique et Biotechnologie des Fruits (GBF)
Toulouse -INP/ENSAT, Avenue de l'Agrobiopôle, 31326
Castanet-Tolosan
Remerciements
Je souhaite tout d'abord remercier très chaleureusement
mes référents de stage : Selma Snini, Christian Chervin ainsi que
Florence Mathieu. Tout au long de cette expérience, vous avez su me
faire évoluer grâce à vos excellents conseils et à
la confiance que vous avez placée en moi. Merci pour la qualité
de votre encadrement et pour votre disponibilité au cours de ce
stage.
Je tiens à remercier Philippe Anson pour sa
gentillesse, ses remarques pertinentes, son optimisme à toute
épreuve et sa disponibilité. Un grand merci pour l'aide
apportée au cours de mes manipulations. Ainsi que Pierre Maury pour nous
avoir gentiment apporté son aide pour le dosage du CO2.
Je souhaite également remercier Brad Binder de
l'université de Knoxville, Tennessee, pour l'expertise et les
précieux conseils qu'il a pu m'apporter pour les analyses
bio-informatiques.
Je remercie pareillement Vanessa Maakaroun, Rola Al-Hariss,
Angèle Matrat, Hiba Kawtharani, Valentin Capuran, Vincent Danjou et
Antoine Raynal, pour tous les moments passés ensemble et le soutien
mutuel que nous nous sommes apportés mais surtout pour les parties de
cartes qui ont rythmé nos pauses déjeuners.
Je souhaite aussi saluer toute l'équipe BioSyM pour
m'avoir si gentiment accueilli et rapidement considéré comme un
des leurs.
Un grand merci à Marie-Line Daveran-Mingot et Pascal
Lebourgeois pour le savoir, l'aide, la confiance et la bonne humeur qu'ils ont
su apporter à l'ensemble de la promotion de Master 2 DIAG 2019-2020.
Pour finir, je tiens vivement à remercier tous les
membres de ma famille pour leur patience, leur soutien et leur réconfort
tout au long de mes années d'études. Mais également mes
colocataires qui ont su m'apporter des solutions lors de moments incertains.
Résumé
Les matières premières issues des cultures
agricoles (céréales, fruits, etc.) sont fréquemment
contaminées par des champignons filamenteux produisant des mycotoxines.
Parmi ces mycotoxines, on retrouve l'aflatoxine B1 et la patuline, produite
respectivement par des champignons du genre Aspergillus et
Penicillium. Du fait de la toxicité avérée des
mycotoxines, elles constituent un réel danger relatif à la
sécurité alimentaire. Jusqu'à récemment,
l'utilisation de produits phytosanitaires était
privilégiée pour lutter contre la contamination par les
mycotoxines. Cependant, la toxicité et les effets néfastes de ces
produits encouragent le développement de méthodes de lutte
alternatives basées sur l'utilisation de composés naturels, tel
qu'une phytohormone comme l'éthylène, pour réduire la
contamination par les mycotoxines. Certaines études, menées
exclusivement sur la production d'aflatoxines par des champignons filamenteux
du genre Aspergillus, ont démontré la capacité de
l'éthylène à diminuer la production de mycotoxines dans
cette famille. Bien que la façon dont les champignons perçoivent
l'éthylène est encore inconnue et dans le cas d'un effet de
l'éthylène sur la production de mycotoxines, l'effet du
1-méthylcyclopropène (1-MCP), gaz inhibiteur des
récepteurs végétaux de l'éthylène, a
été testé. Les résultats obtenus ont montré
qu'un traitement à l'éthylène n'avait aucune influence sur
la croissance des champignons étudiés bien qu'une augmentation
générale des mycotoxines a été observé
lorsque l'éthylène est appliqué sans éliminer le
CO2 naturellement produit par les espèces fongiques. Cependant, lors
d'un traitement à l'éthylène avec de la chaux sodée
(piège à CO2), les champignons ont réagi à
l'éthylène, laissant présager la présence de
récepteur à l'éthylène,
non-caractérisé à ce jour. De plus, ces mêmes
résultats semblent prometteurs quant à l'utilisation de
l'éthylène comme agent de biocontrôle puisqu'une importante
diminution de la production de mycotoxines a été
observée.
Abstract
Raw materials from agricultural crops (cereals, fruits, etc.)
are frequently contaminated with filamentous fungi that produce mycotoxins.
Among these mycotoxins are aflatoxin B1 and patulin, produced by fungi of the
genus Aspergillus and Penicillium, respectively. Due to the
proven toxicity of mycotoxins, they constitute a real danger relating to food
safety. Until recently, the use of phytosanitary products was privileged to
fight against contamination by mycotoxins. However, the toxicity and harmful
effects of these products encourage the development of alternative control
methods based on the use of natural compounds, such as a phytohormone like
ethylene, to reduce contamination by mycotoxins. Some studies, conducted
exclusively on the production of aflatoxins by filamentous fungi of the genus
Aspergillus, have demonstrated the capacity of ethylene to decrease
the production of mycotoxins in this family. Although the way in which fungi
perceive ethylene is still unknown and in the case of an effect of ethylene on
the production of mycotoxins, the effect of 1-methylcyclopropene (1-MCP), a gas
that inhibits plant receptors ethylene, has been tested. The results obtained
showed that an ethylene treatment had no influence on the growth of the fungi
studied although a general increase in mycotoxins was observed when ethylene is
applied without removing the CO2 naturally produced by the fungal species.
However, when treated with ethylene with soda lime (CO2 trap), the fungi
reacted with ethylene, suggesting the presence of an ethylene receptor, not
characterized to date. Moreover, these same results seem promising for the use
of ethylene as a biocontrol agent since a significant decrease in the
production of mycotoxins has been observed.
Table des matières
I.
|
|
Introduction
|
1
|
|
1.
|
Les champignons filamenteux
|
1
|
|
2.
|
Les genres Aspergillus et Penicillium
|
2
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|
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2.1. Aspergillus spp
|
2
|
|
|
2.2. Penicillium spp
|
3
|
|
3.
|
Les mycotoxines, aflatoxines et patuline
|
4
|
|
|
3.1. Les mycotoxines, diversité et
dangerosité
|
4
|
|
|
3.2. Les aflatoxines
|
6
|
|
|
3.3. La patuline
|
7
|
|
4.
|
Problèmes sanitaires engendrés et
réglementation subséquente
|
8
|
|
|
4.1. Problèmes sanitaires
|
8
|
|
|
4.2. Réglementation
|
9
|
|
5.
|
L'éthylène et les fruits
climactériques
|
9
|
|
|
5.1. L'éthylène, phytohormone du
stress
|
9
|
|
|
5.2. Les récepteurs à
l'éthylène connus
|
10
|
|
6.
|
L'éthylène chez les champignons
filamenteux
|
11
|
|
|
6.1. Effet de l'éthylène sur
différentes espèces fongiques
|
11
|
|
|
6.2. Potentiel rôle des GPCR dans la
réponse à l'éthylène
|
11
|
|
|
6.3. Perspective d'utilisation de
l'éthylène comme agent de biocontrôle
|
12
|
II.
|
|
Matériels & Méthodes
|
13
|
|
1.
|
Analyses bio-informatiques
|
13
|
|
2.
|
Souches, origines des gaz et milieux de culture
utilisés
|
13
|
|
|
2.1. Souches fongiques et origines des gaz
|
13
|
|
|
2.2. Milieux de culture
|
13
|
|
3.
|
Préparation des solutions de spores
|
14
|
|
|
3.1. Revivification des souches fongiques
|
14
|
|
|
3.2. Préparation de la solution de Tween 80
à 0,05%
|
14
|
|
|
3.3. Récupération des spores
|
14
|
|
|
3.4. Numération à la cellule de Thoma
|
14
|
|
3.
|
Préparation des gaz
|
15
|
|
4.
|
Ensemencement et conditions de culture
|
15
|
|
|
4.1. Ensemencement des boîtes de Pétri
|
15
|
|
|
4.2. Injection des gaz
|
16
|
|
5.
|
Détermination de la croissance fongique
|
16
|
|
6.
|
Extraction des mycotoxines
|
16
|
|
|
6.1. Extraction des aflatoxines
|
16
|
|
|
6.2. Extraction de la patuline
|
16
|
|
7.
|
Dosage des mycotoxines par HPLC
|
16
|
|
|
7.1. Préparation des gammes étalon
|
16
|
|
|
7.2. Analyse HPLC des aflatoxines
|
17
|
7.3. Analyse HPLC de la patuline
17
8. Dosage de l'éthylène par GC
18
8.1. Courbe standard 18
8.2. Analyses GC 18
9. Dosage de CO2 par infrarouge
18
10. Analyses statistiques 18
III. Résultats & discussion
18
1. Analyses bio-informatiques 18
2. Dosage de l'éthylène
19
3. Aspergillus flavus 20
4. Penicillium expansum 22
5. Aspergillus parasiticus 24
IV. Conclusion & Perspectives
25
V. Bibliographie 26
VI. Annexes 35
Liste des figures
Figure 1 - Culture d'A. flavus
Figure 2 - Culture d'A. parasiticus
Figure 3 - Culture de P. expansum
Figure 4 - Structures des molécules de la
famille des aflatoxines
Figure 5 - Structure de la molécule de
patuline
Figure 6 - Réplicats techniques d'une
même concentration d'éthylène injectée en GC
Figure 7 - Mesure de la croissance radiale
d'A. flavus avec et sans chaux sodée après 72h
d'incubation
Figure 8 - Dosage de l'AFB1, AFB2 et du CO2 chez
A. flavus sans chaux sodée après 72h d'incubation
Figure 9 - Dosage de l'AFB1, AFB2 et du CO2 chez
A. flavus avec et sans chaux sodée après 72h
d'incubation
Figure 10 - Mesure de la croissance radiale de
P. expansum après 72h d'incubation
Figure 11 - Dosage de la patuline chez P.
expansum sans chaux sodée après 72h d'incubation
Figure 12 - Mesure de la croissance radiale
d'A. parasiticus sans chaux sodée après 72h
d'incubation
Figure 13 - Dosage de l'AFB1 et AFB2 chez A.
parasiticus sans chaux sodée après 72h d'incubation
Figure 14 - Dosage de l'AFG1 et AFG2 chez A.
parasiticus sans chaux sodée après 72h d'incubation
Liste des tableaux
Tableau 1 - Exemples de mycotoxines,
d'espèces productrices, de sources et d'effets les plus
fréquents
Tableau 2 - Teneurs maximales en Aflatoxines
Tableau 3 - Teneurs maximales en Patuline
Tableau 4 - Concentrations en mycotoxines des
différentes gammes étalon utilisées
Tableau 5 - Exemple de dosage de la
concentration en éthylène dans les bocaux
Glossaire
AFB1 : Aflatoxine Blue 1
AFB2 : Aflatoxine Blue 2
AFG1 : Aflatoxine Green 1
AFG2 : Aflatoxine Green 2
AFM1 : Aflatoxine Milk 1
AFM2 : Aflatoxine Milk 2
CAST : Conseil de la Science et de la
Technologie Agricoles
cAMP : Adénosine MonoPhosphate
Cyclique
CIRC : Centre International de Recherche sur
le Cancer
CYA : Czapek Yeast Agar
DAD : Détecteur à barrette
diode
ETR1 : Ethylène Receptor 1
GC : Chromatographie en phase gazeuse
GPCR : Récepteur Couplé
à une Protéine G
HPLC : Chromatographie Liquide à Haute
Performance
NCBI : Centre National pour l'Information
Biotechnologique
PICA : Protéine Kinase A
PPM : Partie Par Million
1-MCP : 1-MéthylCycloPropène
1
I. Introduction
Grâce à leur évolution depuis des
millénaires, les micro-organismes appartenant au royaume des champignons
constituent un clade très diversifié d'eucaryotes
représentant un des plus grands groupes de la biodiversité
mondiale actuelle. Ils sont retrouvés dans pratiquement tous les
environnements, mais surtout dans les écosystèmes terrestres
(Richards et al., 2017 ; Stajich, 2017). Ils participent activement
à la transformation de l'environnement en tant que décomposeurs
de la matière organique, mais également en se liant à
d'autres organismes (plantes, procaryotes, animaux...) permettant la mise en
place de relations symbiotiques (Galagan et al., 2005).
Par leur capacité à produire des structures
macroscopiques, l'étude des champignons se faisait traditionnellement
par des techniques microbiologiques. En effet, elles étaient
basées sur la culture fongique ainsi que la caractérisation de
structures spécialisées et de leurs effets sur leurs hôtes
ou partenaires symbiotiques. Cependant, au cours des dernières
décennies, l'avènement des techniques de génomique a
permis une évolution considérable en termes de connaissance et de
compréhension dans le domaine de la mycologie et de la toxicologie. Ces
avancées ont alors mis en lumière un grand nombre de souches
fongiques productrices d'un large panel de métabolites secondaires.
Parmi ces derniers, certains présentent des propriétés
toxiques et sont appelés mycotoxines. Ces dernières
représentent aujourd'hui un des problèmes majeurs en
matière de sécurité sanitaire des aliments et de
préjudices économiques pour les producteurs de denrées
contaminées. Pour pallier cela, depuis plusieurs années, le
recours à des produits phytosanitaires pour réduire la
contamination fongique était encouragé. Cependant, la
toxicité de ces produits pour l'Homme, l'animal et l'environnement,
conduit progressivement les chercheurs à développer d'autres
moyens de lutte tels que l'utilisation d'agents de biocontrôle ou de
composés naturels pour réduire la contamination fongique et la
production de mycotoxines.
L'objectif de ce stage était d'étudier les
potentiels effets de l'éthylène, phytohormone de stress, et de
son inhibiteur compétitif, le 1-MéthylCycloPropène
(1-MCP), sur la croissance de trois champignons filamenteux, Aspergillus
flavus, Aspergillus parasiticus et Penicillium expansum et de la
production de leurs mycotoxines associées, les aflatoxines et la
patuline.
1. Les champignons filamenteux
Les champignons filamenteux, appelés également
moisissures, forment un règne à part entière : le
règne fongique ou des Fungi (du latin fungus, le
champignon). Le terme courant de « moisissure » fait
généralement référence à leur texture
laineuse/cotonneuse pouvant être observée mais n'a pas de sens
phylogénétique étant donné que différentes
espèces appartenant à différents phylums
(ascomycètes et zygomycètes) sont regroupées sous cette
même appellation. Les champignons filamenteux sont des micro-organismes
eucaryotes pluricellulaires, ubiquistes et généralement
saprophytes ou parasites. Ils sont incapables d'assurer la photosynthèse
et se nourrissent par dégradation de molécules organiques
présentent dans l'environnement, les qualifiant ainsi d'organismes
hétérotrophes. La colonie fongique est constituée d'un
appareil végétatif composé de
2
filaments appelés hyphes et l'ensemble des hyphes
forment le mycélium. Des structures spécialisées au sein
du mycélium, appelées « conidiophores », sont
responsables de la production de nombreuses spores qui confèrent aux
champignons filamenteux un pouvoir de dissémination
considérable.
Les moisissures sont des organismes au potentiel encore trop
inexploré. En effet, les champignons filamenteux ont la capacité
de produire un grand nombre de métabolites secondaires. Contrairement
aux métabolites primaires, ces métabolites secondaires ne sont
pas indispensables au développement et à la survie de
l'organisme. Le rôle de ces métabolites secondaires est encore
aujourd'hui source de questionnement. Cependant, quelques hypothèses
émergent telle que la facilitation procurée par ces
composés dans la colonisation de substrats par le champignon filamenteux
dans un contexte de compétition entre micro-organismes (Ballester et
al., 2015). Toutefois, l'étude de ces métabolites a
montré que ces molécules peuvent être
bénéfiques pour l'Homme. En effet, les métabolites
secondaires fongiques sont utilisés dans de nombreux domaines tels que
:
- Les industries pharmaceutique et médicale :
synthèse de médicaments et d'antibiotiques
(la pénicilline par Penicillium chrysogenum ou la
céphalosporine par Cephalosporium acremonium).
- L'industrie alimentaire : production de fromages tels que le
roquefort (Penicillium roqueforti)
ou le camembert (Penicillium camenberti) (Ropars
et al., 2012) ; la production d'acides (citrique et gluconique)
utilisés comme additifs alimentaires (Karaffa et al., 2001) ;
ou encore dans la synthèse d'enzymes (maltase, dextrinase) capables de
convertir le maltose et l'amidon en alcool (Lv et al., 2008).
Cependant, à l'opposé de ces aspects
bénéfiques, les champignons filamenteux peuvent également
produire des métabolites secondaires néfastes, appelés
mycotoxines, représentant un risque pour la santé humaine et
animale. Les moisissures toxinogènes sont capables de facilement se
développer à partir du moment où les facteurs
environnementaux, tels que la température et l'humidité, sont
propices à leurs croissance (Paterson, 2006). Elles sont donc en mesure
de contaminer un panel très large de substrats alimentaires allant
d'aliments d'origine végétale comme les céréales,
les fruits et leurs dérivés jusqu'aux aliments d'origine animale
tels que le lait, la viande et leurs dérivés (Yiannikouris et
Jouany, 2002). De plus, les mycotoxines sont des molécules
extrêmement résistantes aux procédés de
stabilisation des denrées (pasteurisation, stérilisation),
augmentant ainsi leur capacité à perdurer dans la chaîne de
production alimentaire (Escrivá, et al., 2017)
2. Les genres Aspergillus et Penicillium
2.1. Aspergillus spp
Le nom d'Aspergillus a été
créé en 1729 par le prêtre et botaniste Antonio Pier
Micheli dont les têtes des spores asexuées lui ont
évoqué un appareil liturgique utilisé pour asperger de
l'eau bénite sur les fidèles : un aspergillum (Varga et Samson,
2008). Le genre Aspergillus est un genre constitué de plus de
250 espèces de champignons filamenteux saprophytes appartenant au phylum
des Ascomycota. On les retrouve au niveau de la rhizosphère,
mais aussi à la surface du sol, sur les végétaux, les
fleurs, les grains, le terreau... Le genre Aspergillus est
divisé en quatre sous-genres
(Circumdati, Aspergillus, Fumigati et
Nidulantes) comprenant chacun un grand nombre de clades (Gautier
et al., 2016). De plus, via la production de mycotoxines, il est
reconnu que quelques espèces (tel que A. flavus et A.
parasiticus) sont néfastes pour l'Homme et l'animal.
·
Aspergillus flavus (Figure 1) : moisissure ubiquiste
et cosmopolite, retrouvée de manière abondante sur les arachides
et ses dérivés mais également sur le maïs et les
graines de coton (Hedayati et al., 2007 ; Horn, 2007). Cette
espèce est la principale productrice d'aflatoxines B1 (AFB1) et B2
(AFB2), le seul agent carcinogène connu d'origine naturelle,
classé par l'IARC dans le groupe 1 (IARC, 1987). A. flavus
produit également d'autres toxines comme l'acide kojique (toxique
pour les animaux), l'acide flavicidique (phytotoxique), l'acide cyclopiazonique
etc (Wilson, 1966).
Figure 1 : Culture d'A. flavus (Source :
http://www.univ-brest.fr/)
· Aspergillus parasiticus (Figure 2) :
moisissure ubiquiste retrouvée dans des zones riches en matières
végétales en décomposition ainsi que dans des
installations de stockage de céréales sèches (Gupta,
2012), de graines d'arachide (Davis et Diener, 1983) et de graines de coton.
Cette espèce est capable de synthétiser l'aflatoxine sous toutes
ses formes (B1, B2, G1 et G2). De même que A. flavus, A.
parasiticus est capable de produire d'autres mycotoxines telles que
l'acide kojique, aspertoxine etc (Pitt et Miller, 2017).
3
2.2. Penicillium spp
Le terme Penicillium signifie en latin «
pinceau » et fait référence à l'apparence du
conidiophore du champignon. Le genre Penicillium compte plus de 200
espèces reconnues de champignons filamenteux saprophytes appartenant au
phylum Ascomycota. Il est subdivisé en quatre sous-genres
(Aspergilloides, Penicillium, Biverticillium et Furcatum)
comprenant chacun un grand nombre de clades (Cardoso et al., 2007).
Ils sont généralement retrouvés dans le sol, sur les
végétaux en décomposition, les produits alimentaires secs,
les épices, les céréales, les fruits frais et les
légumes (Al-Doory et Domson, 1984 ; Wilken-Jensen et Gravesen, 1984).
Les espèces de Penicillium sont l'un des agents les plus
communs de la détérioration des fruits et légumes, comme
par exemple P. expansum responsable du pourrissement des pommes
(Andersen et al., 2004 ; Watanabe, 2008). Malgré leur
renommée comme producteurs d'antibiotiques et d'antiviraux, certains
Penicillium ont la capacité de synthétiser
des métabolites secondaires toxiques telle que la
patuline, à l'origine d'intoxication humaine et animale.
· Penicillium expansum (Figure 3) : moisissure
ubiquiste fréquemment retrouvée sur les pommes et les poires mais
également isolée sur des pêches, abricots, bananes,
raisins, indiquant un large spectre d'hôtes (Neri et al., 2010).
Il est l'agent d'une pourriture liquéfiante à évolution
rapide en étant, entre autres, le principal producteur de la mycotoxine,
patuline, dans la nature. L'exposition à cette dernière peut
avoir comme conséquence des effets toxiques aigus et chroniques
graves.
4
3. Les mycotoxines, aflatoxines et patuline
3.1. Les mycotoxines, diversité et
dangerosité
Le terme mycotoxine provient du grec «
uýêçò» signifiant champignon et du latin
toxicum signifiant « poison ». Ce terme s'applique à
des composés chimiques toxiques de faible poids moléculaire
(<1000 Da) produits par différentes espèces de champignon
(Aspergillus, Penicillium, Alternaria, Fusarium, Byssochlamys et
Claviceps). Contrairement aux métabolites primaires, la production
de mycotoxines n'est pas essentielle aux différents processus de
développement fongique. C'est pourquoi ces composés sont
considérés comme des métabolites secondaires (Drew et
Demain, 1977). Comme dit précédemment, les raisons de la
production de métabolites secondaires par certains champignons restent
encore un domaine à éclaircir et certaines propositions
commencent à émerger. Par exemple, les mycotoxines sont
pensées comme agents de défense fongiques donnant un avantage
concurrentiel à la souche productrice (Rohlfs et al., 2007), ou
encore que ces dernières fassent partie d'un processus de reproduction
fongique permettant une compétition inter-espèces (Thippeswamy
et al., 2014 ; Vaishnav et Demain, 2011 ; Magan et Aldred, 2007).
Les mycotoxines peuvent contaminer les cultures agricoles
à toutes les étapes de la chaine de production : avant et/ou
pendant la récolte, lors du séchage ou encore lors du stockage
(Turner et al., 2009). Elles se retrouvent à l'état de
contaminants naturels de nombreuses denrées d'origine
végétale, notamment les céréales, fruits, noix,
amandes, grains, fourrages ainsi que les aliments composés et
manufacturés contenant ces matières premières et
destinées à l'alimentation humaine et animale (Rapport AFSSA,
2009). A ce jour, nos connaissances permettent de recenser plus de 2000
mycotoxines différentes. Une trentaine d'entre elles, sur la base de
leur toxicité, leur stabilité et leur prévalence dans les
denrées alimentaires, présente une grande importance en
santés humaine et animale (Iram et al., 2016 ; Bullerman et
al., 2007 ; Rapport AFSSA, 2009). De plus, il est communément admis
que :
i.
5
Une même espèce fongique est capable de
synthétiser plusieurs mycotoxines différentes en fonction des
conditions de culture
ii. Une même mycotoxine peut être produite par
différentes espèces fongiques
iii. Une denrée alimentaire peut être
colonisée par différents champignons potentiellement
toxinogènes
Cela signifie que l'Homme et l'animal ne sont pas
exposés à une seule mycotoxine à la fois mais à un
mélange de mycotoxines, dont les effets cumulés restent encore
peu étudiés. Ces effets peuvent être de nature antagoniste,
additifs ou synergiques (Alassane-Kpembi et al., 2017). La
toxicité d'une mycotoxine est dépendante de sa structure
moléculaire mais également de la dose et de la durée
d'exposition. En effet, en fonction de sa structure et de la voie
métabolique dont elle est issue (terpènes, cyclopeptides,
polycétoacides...), elle peut induire une toxicité au niveau de
différents organes et provoquer différents effets (Tableau 1).
Cette toxicité peut être de nature aigüe (ingestion d'une
seule forte dose) ou chronique (ingestion répétée d'une
faible dose sur une longue période) en fonction de la consommation des
produits alimentaires contaminés. Les intoxications chroniques restent
les plus dangereuses en raison des habitudes alimentaires des consommateurs et
de la capacité de rémanence des mycotoxines dans l'organisme. En
effet, leur capacité à se lier aux protéines plasmatiques
et leur lipophilie en font des toxines capables de se maintenir dans
l'organisme en cas d'expositions répétées et
rapprochées (Rapport AFSSA, 2009). Toutes ces considérations
témoignent que les mycotoxines sont un problème très
actuel de santé publique, de qualité et de sécurité
sanitaire des aliments.
Tableau 1 - Exemples de mycotoxines, d'espèces
productrices, de source et d'effets les plus fréquents
(Rapport AFSSA, 2009 ; CAST, 2003 ; Krska et al, 2008 ; Bbosa,
2013).
Mycotoxine
|
Type
|
Genre
|
Producteurs
|
Principaux produits contaminés
|
Effets
|
Aflatoxines
|
B1, B2
|
Aspergillus
|
A. flavus A. parasiticus
|
Maïs, blé, riz, soja, noix, amandes, fruits
séchés, épices...
|
Hépatotoxique Carcinogénique Immunotoxique
Tératogénique
|
|
|
A
|
Penicillium
|
P. verrucosum
|
Céréales, cacao, café, vin, jus de
raisin et épices
|
Néphrotoxique Immunotoxique Tératogénique
|
|
A. westerdijkiae A. carbonarius
|
|
|
Penicillium
|
P. expansum
|
Pommes, poires et leurs dérivés
|
Neurotoxique Génotoxique Cytotoxique
|
|
A. clavatus
B. nivea
|
Ensilages
|
|
Byssochlamys
|
Fumonisines
|
B1, B2 et B3
|
Fusarium
|
F. verticillioides F. proliferatum A. niger
|
Maïs, riz et sorgho
|
Neurotoxique Carcinogénique
|
Zéaralénone
|
|
Fusarium
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F. graminearum F. culmorum
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Maïs, sorgho, soja, blé, riz et avoine
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Reprotoxique Immunotoxique
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6
3.2. Les aflatoxines
Figure 4 : Structures des molécules de la famille
des aflatoxines
En 1960, en Angleterre, des investigations menées au
moment de l'épisode de la « maladie X du dindon » (the Turkey
X disease) ont permis de mettre en évidence la présence d'une
toxine dans les matières premières constituant la nourriture des
volailles. En effet, après examens, Asao et al. (1963) ont
réussi à identifier une contamination par A. flavus qui
par extension donnera son nom à
la toxine subséquente : l'aflatoxine
pour Aspergillus flavus
toxine. Les aflatoxines sont majoritairement
synthétisées par des espèces fongiques appartenant au
genre Aspergillus telles que A. flavus pouvant produire les
aflatoxines B1 et B2 et A. parasiticus pouvant produire, en plus, les
aflatoxines G1 et G2 (Varga et al., 2011).
A ce jour, même si près de 20 aflatoxines ont
été décrites seules 4 d'entre elles sont produites par des
champignons : AFB1, AFB2, AFG1 et AFG2 (Ashiq et al., 2014). Les
aflatoxines AFM1 et AFM2, retrouvées dans le lait, sont les
métabolites des aflatoxines AFB1 et AFB2, issus de leur hydroxylation
dans le foie des animaux exposés (Figure 4). Ces derniers
représentent aussi un danger en termes de santé publique puisque,
fixés aux caséines, ils persistent dans le lait.
Bien que chacune des aflatoxines soit
délétère, le pouvoir toxique de cette famille de
mycotoxine est associé à l'aflatoxine AFB1,
considérée comme le principal métabolite
génotoxique à fort potentiel cancérogène (IARC,
1987). L'organe cible étant le foie, de nombreuses études
épidémiologiques tendent à montrer l'existence d'une
corrélation entre une exposition chronique à l'AFB1 via le
régime alimentaire et une prévalence du cancer primitif
hépatique (ANSES, avril 2012). L'AFB1 peut également être
à l'origine d'aflatoxicoses aigues dont les symptômes passent par
des ictères, des vomissements, des douleurs abdominales, un sentiment de
dépression, de l'anorexie, des diarrhées pouvant parfois mener
jusqu'au décès de la personne intoxiquée (CIRC, 2015). De
plus, les aflatoxines présentent des effets immunomodulateurs et
immunotoxiques qui ont été mis en lumière au travers
d'expérience in vivo et in vitro (Bondy et Petska,
2000 ; Meissonnier et al., 2008). En effet, la réponse
inflammatoire est inhibée par ces mycotoxines en affectant
spécifiquement les macrophages, les empêchant de réaliser
la phagocytose et de sécréter des cytokines mais aussi en
stimulant la production de radicaux oxygénés. A la vue de ces
effets délétères, le CIRC a classé les aflatoxines
dans le groupe n°1, reconnaissant cette mycotoxine comme un
cancérogène avéré.
7
3.3. La patuline
À la suite de la découverte de la
pénicilline en 1928 par Fleming, la patuline (Figure 3) a
été découverte lors d'une campagne de criblages de
nouvelles molécules fongiques ayant des propriétés
antibactériennes. Bien que cette mycotoxine porte plusieurs appellations
différentes (expansine, clavacine...), sa caractérisation a
permis son utilisation en médecine thérapeutique autant animale
qu'humaine (Moake et al., 2005 ; Clarke, 2006). Cependant, une
quinzaine d'années plus tard, suite à une épidémie
du bétail due à une intoxication alimentaire attribuée
à la patuline, toutes recherches sur cette molécule en tant
qu'antibiotique potentiel ont été abandonnées et la
patuline a été classée comme mycotoxine (Özdemir
et al., 2009). Cette dernière est un métabolite
secondaire synthétisé par des espèces fongiques
appartenant aux genres Aspergillus, Penicillium,
Byssochlamys et Paecilomyces dont le genre Penicillium
s'avère être le producteur majeur.
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Figure 5 : Structure de la molécule de
patuline
|
Non seulement la production de patuline est dépendante
d'un certain nombre de facteurs environnementaux (activité de l'eau,
température, pH...), elle est également dépendante de
facteurs intrinsèques aux fruits (Moake et al., 2005). En
effet, la production de patuline est influencée par la
variété du fruit sur laquelle le champignon se développe
mais aussi par la présence de blessures sur le fruit infecté
(McCallum et al., 2003). Quelques substrats naturels tels que les
céréales et la paille permettent la toxinogenèse lors de
l'ensilage mais dans son ensemble, les différentes enquêtes
réalisées dans le monde prouvent que les niveaux de contamination
les plus élevés sont retrouvés dans les pommes et autres
produits dérivant de la transformation des pommes (ANSES, 2012). Par
exemple, une étude de l'alimentation de la population française
par rapport à la patuline a montré que cette mycotoxine
était présente à de très fortes teneurs dans des
groupes d'aliments tels que les compotes et les fruits cuits (1 ug/kg), les
boissons fraîches sans alcool (0,12 ug/kg) et les fruits (0,04 ug/kg)
(Etude de l'Alimentation Totale 2, Anses, 2011).
Le risque d'exposition à la patuline se pose d'une
manière sérieuse compte tenu du nombre d'effets toxiques qui lui
sont attribués. En effet, en fonction de la dose ingérée,
la patuline montre une toxicité aiguë, subaiguë ou chronique
se manifestant par une neurotoxicité, une embryotoxicité, une
génotoxicité, une cytotoxicité, une
mutagénicité et une immunotoxicité (Puel et al.,
2010). Les symptômes caractéristiques d'une intoxication
aiguë ou subaiguë à la patuline passe par une perte
pondérale, des désordres gastriques et intestinaux ainsi qu'une
perturbation de la fonction rénale. Cependant, concernant le
caractère cancérogène de la patuline, cette toxine a
été classée par le CIRC (1986) dans le groupe n°3,
où figurent les produits pour lesquels il est impossible de se prononcer
quant à la cancérogénicité pour l'homme.
8
4. Problèmes sanitaires engendrés et
réglementation subséquente
4.1. Problèmes sanitaires
Les mycotoxines sont à l'origine d'un grand nombre de
préoccupations autant sur le plan de la
santé publique que de la sécurité
sanitaire des aliments. En effet, une étude réalisée sur
plus de 17 000 échantillons de céréales (maïs,
blé, orge et riz) et leurs produits dérivés provenant de
différentes régions du globe (Amérique du Nord et du Sud,
Afrique, Asie, Europe et Océanie) démontre que la
problématique des mycotoxines est mondiale (Streit et al.,
2013). Cette même étude a démontré que 38 % des
échantillons étaient contaminés par plusieurs mycotoxines
simultanément. Cela pose de grandes interrogations quant aux
interactions potentiellement délétères entre les toxines
présentes étant donné qu'aucune recommandation ou
réglementation actuelle ne tient compte des situations de
multi-contaminations.
Depuis des millénaires, l'Homme est conscient de
l'importance mais surtout de la nécessité de contrôler la
qualité sanitaire des aliments afin de protéger au mieux les
consommateurs. C'est pourquoi il existe deux grands axes de
préoccupations majeures lorsqu'on évoque les mycotoxines :
- La sécurité sanitaire des aliments et
rendements associés : du fait de la capacité
des mycotoxines à perdurer à tous les stades de la
chaîne de production et de leur grande stabilité aux
différents traitements physico-chimiques, ces dernières sont
à l'origine de préjudices économiques considérables
pour les agriculteurs (altération de la qualité des
matières premières, baisse des rendements, diminution de la
valeur économique des récoltes...). La Food And Agriculture
Organization estime les pertes totales de denrées dues aux mycotoxines
à plus de 1 milliards de tonnes par an. Par exemple, pour les pays
essentiellement agricoles, les cultures représentent parfois
l'élément dominant du commerce international du pays et
constituent souvent leur principale source de revenu. Dans un tel contexte, le
problème des mycotoxines ne fait qu'accroître les
difficultés pour le commerce de ces pays dans
l'éventualité d'une perte de gains due à de mauvaises
récoltes (sécheresse, pluies ravageuses...) (ONU, 1983).
- La santé humaine et animale : bien que ce
problème concerne majoritairement les individus consommant des
denrées contaminées, cela concerne également ceux au
contact de denrées infectées (secteur agricole, filière de
fabrication d'aliments pour animaux, transformation des denrées
alimentaires, compostage, laboratoire d'analyses et de recherche...). En 2010,
l'Institut National de Recherche et de Santé publie un dossier
médico-technique faisant un état de l'art sur l'exposition des
travailleurs aux mycotoxines en milieu professionnel. Les exemples
d'études réalisées en milieu de travail sont unanimes
quant à une exposition massive des travailleurs à des spores
fongiques capables de toxinogenèse. Cependant, grâce à ces
observations et aux résultats de l'expérimentation animale, des
indications générales sur les risques que peuvent
représenter les mycotoxines ont été
récoltées. Ces dernières auront pour but de
générer des procédures standardisées de traitement
dans tous les secteurs touchés par ce problème.
4.2. Réglementation
Dans le cadre du règlement 1881/2006/CE portant sur la
fixation de teneurs maximales pour certains contaminants dans les
denrées alimentaires destinées à l'homme, des teneurs
maximales en aflatoxine et patuline ont été instaurées.
Les teneurs maximales de ces mycotoxines varient en fonction des denrées
considérées et sont présentées dans le Tableau 2
pour les aflatoxines et le Tableau 3 pour la patuline.
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Tableau 2 - Règlement 1881/2006/CE - Teneurs
maximales en aflatoxines (en ug/kg) en alimentation humaine, AFSSA,
2009
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Tableau 3 - Règlement 1881/2006/CE - Teneurs
maximales de patuline (en ug/kg) dans les denrées alimentaires,
tiré de Snini, 2014
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5. L'éthylène et les fruits
climactériques
5.1. L'éthylène, phytohormone du
stress
En 1901, à Saint-Pétersbourg, Dimitry Neljubow
observe que les plantes à proximité des lanternes à gaz
avaient des tiges et des feuilles de forme anormale. En étudiant ce
phénomène, il découvre alors l'éthylène
(C2H4), gaz incolore, à l'odeur âcre faisant partie des
composés organiques actifs les plus simples au monde (Bakshi et
al., 2015).
Les fruits sont essentiels à la nutrition et à
la santé humaine. Selon le profil respiratoire et la production
d'éthylène pendant la maturation, les fruits peuvent être
divisés en deux classes : les fruits climactériques (pomme,
tomate, poire...) et non climactériques (raisin, agrumes,
pastèque...). Chez les fruits climactériques,
l'éthylène occupe une place centrale pour la bonne maturation
d'un bon nombre d'entre eux (Bapat et al., 2010). En effet, ce gaz
régulerait de nombreux aspects du cycle de vie des plantes comprenant la
germination des graines, l'initiation des racines, le développement des
fleurs, la détermination du sexe, la maturation des fruits, la
sénescence... (Street et al., 2015 ; Ju et Chang, 2015 ;
El-Maarouf-Bouteau et al., 2015). Cela a fait de
l'éthylène le plus ancien régulateur de
10
croissance connu. Cependant, bien que toutes les cellules de
la plante produisent de l'éthylène au cours du
développement, des taux plus élevés ont été
observés au niveau de tissus stressés ou en train de mûrir
(Abeles et al., 1992). Ces constatations ont pu mettre en exergue
l'importance de l'éthylène à des réponses biotiques
(attaque de pathogènes...) et abiotiques (blessures, hypoxie,
fraîcheur...), la qualifiant d'hormone du stress chez les plantes (Wang
et al., 2013).
Le 1-MéthylCycloPropène, ou 1-MCP, est un gaz
inhibiteur de l'éthylène empêchant son action
physiologique. En effet, il a été prouvé que l'application
de 1-MCP peut maintenir la fraîcheur de divers fruits, légumes et
fleurs (Blankenship et Dole, 2003 ; Kurahashi et al., 2005 ; Ortiz
et al., 2005). Bien que les processus au niveau moléculaire de ces
observations ne soient pas entièrement compris, il est admis que le
1-MCP se lie de manière irréversible aux récepteurs de
l'éthylène, entrant en compétition avec le substrat
originel (Blankenship et Dole, 2003). Grâce à cette
propriété, le 1-MCP est devenu un composé majeur dans
l'étude et la compréhension de l'action et l'affinité de
l'éthylène sur ces récepteurs associés.
5.2. Les récepteurs à
l'éthylène connus
A la fin des années 1970, plusieurs équipes
découvrent et caractérisent biochimiquement les sites de liaison
de l'éthylène chez les plantes (Sisler, 1979 ; Sisler, 1980 ;
Evans et al., 1982). Cependant, la purification et la
caractérisation approfondies des récepteurs isolés des
plantes ont été rendues difficiles par un certain nombre de
facteurs tels que la localisation membranaire, de faibles taux d'expression et
la présence de plusieurs isoformes. Puis, l'utilisation
d'Arabidopsis thaliana comme système végétal
modèle pour étudier la signalisation de l'éthylène
(Bleecker et al., 1988 ; Guzman et Ecker, 1990) et le clonage du
récepteur à l'éthylène,
EThylene Receptor 1
(ETR1) (Chang et al., 1993), a ouvert une
nouvelle voie de recherche qui a donné lieu à quantité
d'informations sur la signalisation de l'éthylène, y compris les
récepteurs.
Chez les plantes, les récepteurs à
l'éthylène sont retrouvés au niveau de la membrane du
réticulum endoplasmique. Ils forment des homodimères dont chaque
monomère est composé de trois hélices á
transmembranaires avec une extrémité amino-terminale contenant le
site de liaison de l'éthylène (Bowman et al., 2017).
Puis la partie cytosolique du récepteur est constituée d'un
domaine GAF, un domaine kinase ainsi qu'un domaine récepteur. En 2005,
O'Malley et al. ont mis en évidence que, chez les plantes,
l'éthylène est perçu par une famille de récepteurs
liés aux histidines kinases bactériennes qui modulent
l'activité de la kinase CTR1 (Constitutive Triple Response 1). En
absence d'éthylène, une cascade de phosphorylation et
d'ubiquitination engendrée par cette kinase va moduler le taux de
facteurs de transcription EIN3 et EIL1 (Qiao et al., 2009 ; Gagne
et al., 2004 ; Li et al., 2015 ; Merchante et al.,
2015) conduisant à la plupart des réponses à
l'éthylène. Cependant, il est nécessaire de nuancer ce
propos par la présence d'isoformes aux récepteurs ETR1
à l'éthylène qui peuvent présenter des
activités kinase différentes de celle présentée
(Moussatche et Klee, 2004 ; Xie et al., 2003). Chez les organismes
non-végétaux, bien que certaines espèces aient
été documentées
11
pour répondre à l'éthylène (Abeles
et al., 1992 ; Bakshi et al, 2018), très peu
d'informations sont connus à la fois sur les récepteurs
associés et sur la signalisation intracellulaire qui en
découle.
6. L'éthylène chez les champignons
filamenteux
6.1. Effet de l'éthylène sur
différentes espèces fongiques
Un certain nombre d'études ont porté sur le
rôle de l'éthylène chez les champignons, principalement en
raison de l'importance à comprendre les interactions entre le champignon
et les plantes, en particulier les champignons pathogènes et
toxinogènes. Ces études ont montré que, suite à un
traitement avec de l'éthylène exogène, certains
champignons présentent des altérations dans leur physiologie
(germination et production des spores), montrant que ces espèces
fongiques réagissent à l'éthylène (Pristijono
et al., 2018 ; Chagué et al., 2006 ; Flaishman et
Kolattukudy, 1994). En effet, des expérimentations faites sur des
espèces fongiques toxinogènes et non-toxinogènes ont
montré un effet observable de l'éthylène : A. nidulans
avec une inhibition du développement des ascospores (cellules
reproductrices) (Roze et al., 2004) ; A. parasiticus avec une
inhibition de la biosynthèse de l'aflatoxine (Roze et al., 2004
; Gunterus et al., 2007) ; P. expansum avec une diminution du
nombre de spores lors d'un traitement à fortes doses
d'éthylène (Kepczynski et Kepczynska, 1977). Cependant, il a
également été prouvé que certaines espèces
de champignons ne subiraient aucun effet apparent de l'éthylène
sur un quelconque processus physiologique (Lynch, 1975 ; El-Kazzaz et
al., 1983). Peu d'études ont été faites sur les
récepteurs et/ou la voie de signalisation de l'éthylène
chez les champignons filamenteux, mais des pistes de recherche commencent
à émerger. En effet, des études de transcriptomiques ont
montré que des variations transcriptionnelles ont été
observées dans la voie de signalisation couplée aux
protéines G lors de l'application d'un traitement à
l'éthylène (Lin et al., 2019).
6.2. Potentiel rôle des GPCR dans la
réponse à l'éthylène
Les récepteurs couplés aux protéines G
(GPCR) sont des complexes protéiques membranaires fortement
représentés dans le monde des organismes eucaryotes. Ils sont
constitués de 7 hélices transmembranaires attachées les
unes aux autres par des boucles internes et externes. Ces récepteurs
sont capables de détecter une large gamme de signaux extracellulaires
différents tels que les ions, la lumière, les acides
aminés/nucléiques, les sucres, les peptides de phéromones,
les oxylipines...(Kenakin et Miller, 2010). La liaison du ligand provoque un
changement conformationnel du récepteur permettant la transmission des
informations à l'intérieur de la cellule et induisant ainsi
différents types de réponses en fonction de la nature du
ligand.
Après l'activation de la GPCR chez les champignons
filamenteux, il semble que les effecteurs en aval soient principalement les
cascades de phosphorylation des protéines MAP kinases et des voies
adénylate cyclase/ cAMP / PKA (Lengeler et al., 2000) ayant un
rôle dans les différentes fonctions cellulaires telles que le
développement fongique, le métabolisme, la virulence et la
biosynthèse de mycotoxines. Par exemple, chez A. nidulans, il a
été prouvé que les protéines G peuvent
réguler la
12
production de stérigmatocystine (mycotoxine et
précurseur de l'aflatoxine) par une régulation transcriptionnelle
et post-transcriptionnelle des médiateurs impliqués dans la voie
de biosynthèse des mycotoxines (Hicks et al., 1997 ; Shimizu
et al., 2003). De même, l'implication des protéines G a
également été démontrée dans la
biosynthèse des aflatoxines chez A. parasiticus (Roze et
al., 2004 ; Gunterus et al., 2007). Fait intéressant,
certains champignons toxinogènes tels que P. expansum semblent
déclencher une réponse à l'éthylène
exogène, même si aucune preuve directe n'a été
trouvée entre les GPCR et la biosynthèse de patuline (Kepczynski
et Kepczynska, 1977).
Au cours de la dernière décennie, une
étude génomique a montré que de nombreux champignons
filamenteux, pathogènes ou non, détiennent des GPCR similaires
à ceux déjà caractérisés (Krishnan et
al., 2012). Cependant, plusieurs analyses bio-informatiques ont permis
d'appréhender l'existence potentielle de nouveaux GPCR fongiques (Zheng
et al., 2010 ; Martin et al., 2019 ; Brown et al.
2018). La connaissance et la compréhension des récepteurs
à l'éthylène et des voies de signalisation chez les
espèces fongiques, potentiellement via les GPCR, semblent être une
piste prometteuse en termes de régulation, de contrôle ou encore
même d'élimination de la production de mycotoxines lors de moments
critiques du cycle de vie des fruits infectés.
6.3. Perspective d'utilisation de
l'éthylène comme agent de biocontrôle
Jusqu'à récemment, l'utilisation des produits
phytosanitaires était favorisée dans la lutte contre la
contamination par les champignons toxinogènes et leurs mycotoxines
associées. Cependant, la toxicité de ces produits ainsi que leurs
effets sur la santé humaine, animale et sur l'environnement encouragent
le développement de méthodes de luttes alternatives basées
sur l'utilisation d'agents biologiques ou de composés naturels. En
France, ce type d'approches se traduit par l'adoption du plan Ecophyto 2025 qui
a pour objectif de réduire de 50% l'usage de pesticides en agriculture.
Certains composés naturels tels que les épices, les huiles
essentielles ou des extraits aqueux de plantes ont montré une bonne
capacité à réduire la mycotoxigenèse in vitro
(Bluma et Etcheverry, 2008 ; Razzaghi-Abyaneh et al., 2005 ;
Jahanshiri et al., 2012). Néanmoins, malgré cette preuve
de concept, se pose la problématique de la mise en oeuvre de ce type de
stratégie. En effet, une fois au contact des denrées
alimentaires, ces composés peuvent altérer les qualités
organoleptiques de ces dernières, ce qui en résulterait par une
perte économique pour le producteur.
Parmi les composés naturels candidats au
développement de telles approches écoresponsables,
l'éthylène semble constituer une piste de recherche prometteuse.
En effet, l'éthylène étant déjà
utilisé en agroalimentaire pour faire mûrir les bananes ou
déverdir les agrumes (Mahajan et al., 2014), le
développement d'une stratégie de lutte contre la contamination en
mycotoxines par l'utilisation d'un gaz semble tout à fait
réalisable tant sur le plan de la mise en oeuvre que sur le plan
réglementaire.
13
II. Matériels &
Méthodes
1. Analyses bio-informatiques
A l'aide d'outils de bio-informatique, nous avons
essayé de localiser au sein des génomes fongiques des
séquences nucléiques qui pourraient coder pour des
récepteurs à l'éthylène. Pour cela nous avons
utilisé des outils de comparaison de séquences afin de rechercher
des similitudes de séquences entre les séquences codantes pour
les récepteurs à l'éthylène chez les plantes dans
les génomes des espèces fongiques. Nous avons choisi de nous
focaliser sur les GPCR fongiques car il est reconnu que les champignons
filamenteux possèdent un panel diversifié de GPCR mais
également qu'un traitement à l'éthylène
engendrerait des changements transcriptionnels dans la voie métabolique
de ces GPCR (Chagué et al., 2006).
Botrytis cinerea est un champignon
non-pathogène connu pour réagir à l'éthylène
et posséder des GPCRs. A partir de la séquence protéique
du récepteur couplé à la protéine G3 de B.
cinerea (GPCR3), des alignements ont été
réalisés sur l'ensemble des séquences protéiques
d'A. flavus, A. parasiticus et P. expansum grâce au logiciel
BLASTp proposé par le serveur NCBI. Dans un second temps, les
séquences protéiques obtenues ont été
individuellement soumises à une analyse par le logiciel TMPred afin de
visualiser les domaines transmembranaires (annexes). Sur la base de la
représentation schématique du récepteur à
l'éthylène présenté par Wang et al., 2006,
les acides aminés essentiels à la liaison de
l'éthylène avec son récepteur identifié chez A.
thaliana (ETR1) ont été colorés dans les parties
transmembranaires identifiées. De la même manière que
précédemment, ces mêmes étapes ont été
répétées sur les 15 GPCRs identifiées dans le
génome d'A. flavus dans la publication de Affeldt et
al., 2014. Le même travail a ensuite été
réalisé sur le génome de P. expansum.
2. Souches, origines des gaz et milieux de culture
utilisés
2.1. Souches fongiques et origines des
gaz
Les souches des champignons A. flavus (NRRL 62477),
A. parasiticus (NRRL 502) et P. expansum (NRRL 35695)
proviennent du Laboratoire de Génie Chimique. Elles sont
conservées sous forme de suspension de spores stockées au
congélateur à -20°C.
L'éthylène et le
1-MéthylCycloPropène (1-MCP) pur ont été fournis
par le laboratoire de Génomique et Biotechnologie des Fruits dans des
contenants en verre hermétique.
2.2. Milieux de culture
Le milieu de culture utilisé pour la culture des
souches fongiques est le milieu Czapek Yeast Agar (CYA). Pour préparer
un volume de 1L de milieu CYA, il est nécessaire de mélanger 50
mL de solution A (40 g/L de NaNO3, 10 g/L de KCl, 10 g/L de MgSO4
heptahydraté et 0,2 g/L de FeSO4 heptahydraté) avec 50 mL de
solution B (20 g/L de K2HPO4) ainsi que 0,5 mL de solution C (10 g/L de
ZnSO45H20et 5 g/L de CuSO4 5H20), 5 g d'extrait de levure, 30 g de saccharose
et 15 g d'agar bactériologique, complété jusqu'au volume
final de 1 L avec de l'eau osmosée.
14
3. Préparation des suspensions de
spores
3.1. Revivification des souches
fongiques
Pour chaque espèce fongique, 3 à 5 boîtes
de Pétri de CYA sont ensemencées à partir des suspensions
de spores congelées. Pour cela, 100 uL de suspension de spores sont
étalés sur la gélose. Les boîtes de Pétri
sont incubées pour une période de 7 jours à
l'obscurité dans une étuve à 28°C avec un taux
d'humidité compris entre 70 et 80%. Pour chaque champignon, une
boîte de Pétri sera utilisée pour extraire les mycotoxines
( 7 - Extraction des mycotoxines) afin de les quantifier par HPLC.
3.2. Préparation de la solution de Tween 80
à 0,05%
Au terme de l'incubation, les spores sont
récupérées sur les boîtes de Pétri à
l'aide d'une solution de Tween 80 à 0,05%. Pour préparer cette
solution, 5 g de Tween 80 sont mélangés à 95 mL d'eau
distillée afin d'obtenir une solution mère de Tween 80 à
5%. Cette solution est stérilisée par autoclavage (121°C, 20
min) puis diluée au 100ème dans des contenants en
verre. La solution de Tween 80 à 0,05% obtenue est de nouveau
autoclavée à 121°C pendant 20 minutes.
3.3. Récupération des
spores
En condition d'asepsie, la récupération des
spores se fait par ajout de 9 mL de Tween 80 à 0,05% directement sur les
cultures mycéliennes en boîte de Pétri. A l'aide d'un
râteau stérile, la surface des cultures est raclée
doucement afin de décrocher les spores. Ces spores sont ensuite
récupérées à la pipette et placées dans un
tube plastique stérile. La suspension de spores obtenue est alors
filtrée dans un nouveau tube plastique stérile à l'aide
d'une seringue de 20 mL contenant du coton cardé stérile. Cette
étape de filtration permet d'éliminer les fragments de
mycélium qui aurait pu être entraînés avec les spores
lors du grattage de la gélose avec le râteau.
3.4. Numération à la cellule de
Thoma
La numération cellulaire permet de déterminer
une quantité de spores par unité de volume. Elle est
réalisée directement par comptage au microscope optique
(grossissement x400) à l'aide d'une cellule de Thoma. Pour permettre un
comptage plus aisé, des dilutions de la suspension de spores peuvent
être réalisée en prélevant 1 mL de cette suspension
que l'on additionne à 9 mL de Tween 80 à 0,05% (dilution au
1/10ème). Des dilutions successives peuvent être faites
si nécessaire. La numération est réalisée par
comptage du nombre de spores présent dans au moins 5 des « grands
» carrés constituant la cellule de Thoma. Après avoir
effectué la manipulation, la concentration cellulaire de la suspension
de spores peut être déterminée selon le calcul suivant :
N = (n/V) x f
Avec n = moyenne du nombre de spores comptées par «
grands » carrés ; V = volume de comptage (1 « grand »
carré = 4. 10-9 dm3) ; f = facteur de dilution.
3. 15
Préparation des gaz
L'éthylène pur est fourni dans un contenant
hermétique d'un volume de 150 mL à une concentration de
1,0.105 ppm. Les plus hautes concentrations d'éthylène
testées lors des expériences proviendront de cette solution non
diluée (appelée D0). Pour les plus petites concentrations, des
dilutions sont faites dans d'autres contenants hermétiques de 580 mL. La
première dilution est faite en prélevant 1,9 mL de gaz, puis
injectés dans un flacon de 580 mL (concentration de 3200 ppm
appelée D1). La seconde est générée en
prélevant 5,8 mL de gaz de D1, injectés dans un second contenant
de 580 mL (concentration de 32 ppm appelée D2).
Le 1-MCP étant un gaz plus instable que
l'éthylène, il est difficile de le conserver pendant des mois
sous sa forme gazeuse. Il est donc reçu sous forme de poudre à
humidifier afin d'obtenir la concentration de gaz souhaitée
(échantillon de la société AgroFresh). Dans notre cas, les
plus fortes concentrations de 1-MCP testées lors des expériences
viendront du premier flacon de 150 mL dans lequel est mélangé 2,4
g de 1-MCP avec 40 mL d'eau (concentration de 1,0.105 ppm
appelée M0). La seconde concentration, toujours dans un récipient
de 150 mL, est obtenue de la même façon en mélangeant 240
mg de 1-MCP avec 4 mL d'eau donnant alors une concentration de 1000 ppm
appelée M1. A partir de M1, 1,5 mL de gaz sont prélevés et
injectés dans un autre récipient de 150 mL générant
ainsi une concentration de 10 ppm appelée M2.
4. Ensemencement et conditions de
culture
4.1. Ensemencement des boîtes de
Pétri
A partir des suspensions de spores préparées,
les boîtes de Pétri sont ensemencées en point central avec
10 uL d'une suspension de spores calibrée à 1,0.106
spores/mL pour A. flavus et A. parasiticus et
1,0.108 spores/mL pour P. expansum. Les boîtes sont
laissées entrouvertes sous le poste de sécurité
microbiologique afin de faire sécher les gouttes déposées.
Une fois les gouttes sèches, le montage du système
expérimental débute. Pour ce faire, des bocaux septés
d'une contenance de 3,2 L ont été préalablement
autoclavés avec à l'intérieur une boîte de conserve
vide et propre d'un diamètre et d'une hauteur de 8 cm. En condition
aseptique, 10 mL d'eau stérile sont ajoutés dans le fond du bocal
pour assurer une humidité relative tout au long de l'expérience.
Sur la boîte de conserve est placée une première
boîte de Pétri contenant de la chaux sodée dans le but de
capturer le CO2, qui peut altérer la croissance du champignon et
perturber l'action de l'éthylène. Par-dessus cette boîte de
Pétri est installé un « échafaudage » qui va
accueillir une première boîte de Pétri ensemencée.
Cette action est répétée jusqu'à placer les
triplicats à l'intérieur du bocal. Les « échafaudages
» permettent de créer une séparation nette entre les
boîtes permettant aux gaz d'atteindre le champignon étudié.
Une fois le montage terminé, un joint hermétique est
adapté sur le couvercle du bocal qui est alors fermé et
totalement hermétique. Après injection des gaz, les bocaux sont
placés dans une étuve à 28°C pendant 72h.
16
4.2. Injection des gaz
Les gaz sont injectés grâce à des
seringues étanches via les septums présents sur les couvercles
des bocaux. Les concentrations de gaz testées sont pour
l'éthylène : 0,1 ppm (injection de 10 mL de D2),
10 ppm (injection de 10 mL de D1), 100 ppm
(injection de 0,32 mL de D0) et 1000 ppm (injection de 3,2 mL
de D0) ; pour le 1-MCP : 0,01 ppm (injection de 3,2 mL de M2),
1 ppm (injection de 3,2 mL de M1), 5 ppm
(injection de 1,6 mL de M0) et 10 ppm (injection de 3,2 mL de
M0).
5. Détermination de la croissance
fongique
La croissance fongique est évaluée en mesurant
le diamètre de la colonie fongique au dos de la boîte de
Pétri correspondant à la croissance radiale du champignon. Deux
mesures perpendiculaires sont réalisées par colonie fongique.
6. Extraction des mycotoxines
6.1. Extraction des aflatoxines
Au terme de l'incubation, la gélose est
découpée à l'aide d'une lame de scalpel. L'ensemble des
morceaux de gélose sont récupérés dans un tube
plastique de 50 mL. L'extraction est ensuite réalisée en ajoutant
25 mL de chloroforme. Les tubes sont agités 2h à 160 rpm à
température ambiante. Le solvant est ensuite
récupéré et filtré à l'aide d'un filtre
Whatman séparateur de phase (1PS) permettant de récupérer
uniquement la phase organique. Le filtrat est ensuite transvasé dans un
ballon puis évaporé à 60°C à l'aide d'un
évaporateur rotatif jusqu'à obtenir un volume d'environ 3 mL. Ce
volume est ensuite transféré dans un tube en verre puis
évaporé à sec en utilisant un TurboVap (Biotage). Ces
tubes sont fermés avec du parafilm et stockés au
congélateur à -20°C. Avant l'analyse HPLC, les extraits secs
sont repris dans 1 mL de phase mobile (eau acidifiée 0,2% acide
acétique/acétonitrile/méthanol, v/v/v, 65/17,5/17,5), puis
filtrés dans un vial en verre de 2 mL à l'aide d'un filtre 0,45
um PTFE (Thermo Scientific, Illkirch, France).
6.2. Extraction de la patuline
Pour P. expansum, la procédure est exactement
la même que précédemment mais l'extraction est
réalisée avec de l'acétate d'éthyle. Avant
l'analyse HPLC, les extraits secs sont repris dans 1 mL de phase mobile
(eau/méthanol, v/v, 80/20), puis filtrés dans un vial en verre de
2 mL à l'aide d'un filtre 0,45 um PTFE (Thermo Scientific, Illkirch,
France).
7. Dosage des mycotoxines par HPLC
Les analyses HPLC sont faites grâce à un
système Dionex Ultimate 3000 UHPLC (Thermo Scientific, Illkirch, France)
selon deux méthodes différentes en fonction de la mycotoxine
recherchée.
7.1. Préparation des gammes
étalon
Trois standards commerciaux ont été
utilisés pour préparer les gammes étalons. Un standard
d'aflatoxine B1 pour la doser dans les cultures d'A. flavus, un
standard constitué d'un mélange des quatre aflatoxines (AFB1 (1
ug/L), AFB2 (3 ug/L), AFG1 (1 ug/L) et AFG2 (3 ug/L)) permettant de doser
17
chacune de ces molécules dans les cultures d'A.
parasiticus et un standard de patuline afin de doser la patuline dans les
cultures de P. expansum. Les concentrations des différentes
gammes étalons utilisées sont présentées dans le
tableau 4.
Tableau 4 - Concentrations en mycotoxines des
différentes gammes étalons utilisées
Patuline (ng/mL)
|
Aflatoxine mix (B1 et G1) (ng/mL)
|
Aflatoxine mix (B2 et G2) (ng/mL)
|
Aflatoxine B1 (ng/mL)
|
5
|
50
|
150
|
50
|
10
|
62,5
|
187,5
|
1000
|
25
|
100
|
300
|
2500
|
50
|
125
|
375
|
5000
|
100
|
250
|
750
|
|
250
|
|
|
500
|
|
7.2. Analyse HPLC des aflatoxines
L'analyse des échantillons des cultures d'A. flavus
et A. parasiticus a été faite en utilisant une
colonne de chromatographie Luna® C18 (125 x 2 mm, 5 rim, 100 Å)
(Phenomenex, Torrance, CA, USA) à 30 °C. Les conditions de
séparation ont été adaptées de Fu et al.
(2008). Un mode isocratique de 20 minutes a été utilisé
avec 82,5% d'éluant A : eau acidifiée (0,2% d'acide
acétique) et acétonitrile (65/17,5 v/v) et 17,5% d'éluant
B : méthanol pur de qualité HPLC (Fisher Scientific, Illkirch,
France). Le débit était de 0,2 mL/min et le volume d'injection de
5 riL. Les aflatoxines sont détectées à l'aide d'un
détecteur à fluorescence réglé à des
longueurs d'ondes d'excitation/émission de 365/430 nm. Les
résultats obtenus ont été confirmés en comparant le
spectre d'absorption UV avec un détecteur à barrette de diodes
(DAD) couplé au système et le temps de rétention avec un
standard commercial. Les niveaux de production des aflatoxines ont
été calculés sur la base des gammes étalon.
7.3. Analyse HPLC de la patuline
L'analyse des échantillons des cultures de P.
expansum a été faite en utilisant une colonne de
chromatographie Gemini® C6-phényl (250 x 4,60 mm, 5
ìm, 100 Å) (Phenomenex, Torrance, CA, USA). Les analyses ont
été effectuées à un débit de 0,9 mL/min avec
un volume d'injection de 5 riL en utilisant le programme d'élution en
gradient suivant : l'éluant A était de l'eau acidifié
à 0,2% avec de l'acide acétique et l'éluant B était
du méthanol pur de qualité HPLC (Fisher Scientific, Illkirch,
France). Les conditions d'élution utilisées étaient les
suivantes : un gradient croissant linéaire du solvant B de 0 à
15% pendant 20 min ; 15% de solvant B pendant 5 min ; un gradient croissant
linéaire du solvant B de 15 à 90% pendant 10 min ; 90% de solvant
B pendant 5 min ; un gradient décroissant linéaire du solvant B
de 90 à 0% pendant 5 min ; 0% de solvant B pendant 15 min. La patuline a
été détectée à l'aide d'un détecteur
à barrette diodes (DAD) à une longueur d'onde de 277 nm. Les
résultats obtenus ont été confirmés en analysant le
spectre d'absorption au DAD et le temps de rétention avec un standard
commercial. La production de patuline a été quantifiée
grâce à une gamme étalon.
8. 18
Dosage de l'éthylène par
GC
8.1. Courbe standard
Une gamme étalon d'éthylène est
établie par injection de 1 mL de différentes concentrations
connues de ce gaz. La gamme étalon permettra de déterminer la
concentration du gaz d'intérêt dans les différentes
conditions expérimentales.
8.2. Analyses GC
Après incubation, les gaz présents dans
l'espace de tête des bocaux sont récupérés à
l'aide d'une seringue de 1 mL, avant ouverture des bocaux. Les seringues sont
plantées sur un support permettant de n'avoir aucun échange entre
l'air ambiant et le contenu de la seringue. Les gaz sont ensuite
injectés et analysés par chromatographie gazeuse. Cette
manipulation est répétée une fois par jour tout au long de
l'expérience afin de garantir que le gaz étudié reste
à la concentration souhaitée dans la jarre.
Les analyses en chromatographie gazeuse (Agilent) ont
été réalisées avec une GC-FID (Agilent 7820a)
équipée d'une colonne 80/100 alumina (4x2 mm x 2m, Agilent) avec
les paramètres suivants : température du four de 70°C,
température de l'injecteur de 110°C, débit de gaz vecteur
(azote) 30 mL/min, température du détecteur à ionisation
de flamme de 250°C.
9. Dosage de CO2 par infrarouge
Avant ouverture des bocaux et à l'aide d'une seringue,
1 mL des gaz présents dans les bocaux est récupéré
pour chacune des conditions. Tous les prélèvements sont
injectés dans un analyseur infrarouge non dispersif (NDIR) permettant de
mesurer le taux de CO2 présent au moment du
prélèvement.
10. Analyses statistiques
Dans un premier temps, la normalité de la distribution
des données a été testée par un test de
Shapiro-Wilk. Puis, l'analyse de la variance a été
réalisée par un test ANOVA suivi d'un test de comparaison
multiple de Dunnett afin de comparer les différences de production de
mycotoxines dans les différentes conditions de culture. Les analyses
statistiques ont été réalisées avec le logiciel
GraphPad Prism 8 (GraphPad Software, La Jolla, CA, USA). Les différences
ont été considérées statistiquement significatives
lorsque la p-value était inférieure à 0,05.
III. Résultats &
discussion
1. Analyses bio-informatique
A cause de la crise COVID, le début du stage a
été consacré à une recherche in silico de
récepteurs potentiels à l'éthylène chez les
espèces d'Aspergillus et P. expansum. A partir de la
séquence protéique du récepteur couplé à la
protéine G3 de B. cinerea, des alignements ont
été obtenus sur le génome d'A. flavus, A.
parasiticus et P. expansum et par la suite soumis à une
analyse TMPred. Des exemples de résultats sont mis en forme dans
l'annexe 1 pour A. flavus, l'annexe 2 pour
A. parasiticus et l'annexe 3 pour P.
expansum. Les domaines protéiques surlignés en vert
correspondent aux domaines transmembranaires retrouvés par le logiciel
TMPred sur la base du « Strongly prefered model ». Puis, selon la
représentation de l'ETR1 présenté par Wang et
al., 2006, les acides aminés considérés comme
essentiel dans la liaison de l'éthylène au récepteur sont
représentés en rouge à l'intérieur des domaines
transmembranaires.
Tout d'abord, la première observation a
été de retrouver des GPCRs fongiques analogues à celles de
B. cinerea, champignon réagissant à
l'éthylène. Cependant, les observations faites sur les
différentes séquences GPCR retrouvées nous permettent
uniquement de spéculer sur un rôle potentiel des GPCR dans la
signalisation cellulaire de l'éthylène chez les champignons
filamenteux. En effet, la répartition exacte des acides aminés
décrite chez Wang et al. (2006) n'est retrouvé dans
aucune des séquences protéiques des champignons
d'intérêts. Cela laisse supposer plusieurs hypothèses dont
les deux les plus probables sont : 1. Les GPCRs fongiques chez A.
flavus, A. parasiticus et P. expansum ne sont pas ou
n'ont aucun lien avec les récepteurs à l'éthylène
ou 2. Les récepteurs à l'éthylène sont
potentiellement les GPCRs fongiques mais très différents de
l'ETR1 décrit chez A. thaliana.
2. Dosage de
l'éthylène
Le dosage de l'éthylène a été fait
sur les premières semaines de manipulation par GC, lorsque le
système expérimental a été mis en place. En effet,
cela nous a permis de vérifier que les gaz injectés
étaient à la concentration souhaitée tout au long des
expériences et par conséquent d'apprécier
l'étanchéité du système
d'expérimentation.
|
Figure 6 - Réplicats techniques d'une même
concentration d'éthylène injectée en GC
|
19
Tableau 5 - Exemple de dosage de la concentration
d'éthylène dans les bocaux
|
Temps de rétention (min)
|
Aire
d'intégration (pA*s)
|
Valeurs mesurées (ppm)
|
Standard 4 ppm
|
1.073
|
77.12039
|
4
|
0,1 ppm
|
4.488
|
2.26196
|
0.117
|
10 ppm
|
6.029
|
208.49281
|
10.814
|
0,1 ppm
|
9.556
|
2.26953
|
0.118
|
10 ppm
|
11.029
|
201.47733
|
10.450
|
20
Les vérifications des concentrations en
éthylène par GC sont effectuées
régulièrement et seulement quelques résultats sont
présentés ici. Les résultats du tableau 5 montrent que la
concentration retrouvée dans les conditions expérimentales
(valeurs mesurées) correspondent aux concentrations que l'on souhaite
tester (0,1 et 10 ppm). Ces mesures ont été
répétées sur les deux premières expériences,
et les valeurs mesurées étaient proches des valeurs
souhaitées.
3. Aspergillus flavus
Lors des expérimentations, plusieurs paramètres
ont été analysés : la croissance radiale fongique, la
production de mycotoxines ainsi que la teneur en CO2. Cependant, ayant
l'opportunité de doser le CO2 que tardivement dans le stage, seule la
teneur en CO2 pour A. flavus a été
étudiée.
Les résultats de croissance radiale obtenus pour A.
flavus ne montrent pas d'effet significatif de l'éthylène et
du 1-MCP sur la croissance du champignon. En effet, les diamètres
mesurés oscillent entre 3,67 cm et 3,97 cm (? = 0,30 cm) que
l'expérience soit faite avec de la chaux sodée ou non (Figure
7).
Diamètre (cm)
4.2
4.1
3.9
3.8
3.7
3.6
3.5
4
Figure 7 - Mesure de la croissance radiale d'A. flavus avec
et sans chaux sodée après 72h d'incubation. CS
= présence de chaux sodée
La figure 8 présente la concentration moyenne en
aflatoxines B1 et B2 et le taux de CO2 dans les différentes conditions
testées chez A. flavus. Une tendance semble se dessiner pour
les très faibles valeurs d'éthylène (0,1 ppm) et de 1-MCP
(0,01 ppm) puisqu'on remarque que la production d'AFB1 et AFB2 est
équivalente à la production retrouvée dans la condition
témoin. De plus, on observe une augmentation de la production de
mycotoxines à partir des concentrations « fortes » des gaz
(éthylène 10 ppm, 100 ppm et 1000 ppm ; 1-MCP 1 ppm, 5 ppm et 10
ppm). On remarque également qu'il semble y avoir une corrélation
entre le taux de CO2 et la production d'aflatoxines puisque dans les conditions
où on retrouve un fort taux de CO2 s'observe également une faible
production d'AFB1 et AFB2 (CO2
21
(éthylène 0,1 ppm) = 2,37 % et CO2 (1-MCP 0,01
ppm) = 2,32 %). A l'inverse, il semble que plus la teneur en CO2 est faible,
plus la production d'aflatoxines est forte (« concentrations fortes
»).
Aflatoxines (ug/L)
250.00
200.00
150.00
100.00
50.00
0.00
3.00
0.50
0.00
2.50
2.00
1.50
1.00
CO2 (%)
AFB1
AFB2
Figure 8 - Dosage de l'AFB1, AFB2 et du CO2 chez A. flavus
sans chaux sodée après 72h d'incubation. MCP =
MéthylCycloPropène.
Les premières investigations ont noté que le CO2
a la capacité de neutraliser les effets de l'éthylène dans
de nombreux cas (Burg et Burg, 1967), mais plus récemment, il est devenu
évident que l'interaction entre le CO2 et l'éthylène est
plus complexe. En effet, l'effet du CO2 sur la production et
l'efficacité de l'éthylène est dépendante de la
pression partielle de CO2 appliquée et la durée d'exposition (De
Wild et al., 2003).
Depuis le départ, nous savions que le CO2 serait un
facteur limitant à notre système expérimental. C'est
pourquoi les boîtes de Pétri ensemencées ont
été surélevées par une boîte de conserve. En
effet, le CO2 étant un gaz plus lourd que l'oxygène, celui-ci a
tendance à s'accumuler au fond du bocal. Cependant, les premières
observations ont montré que le taux de CO2 est tout de même trop
élevé puisqu'on retrouve entre 1,42 % et 2,42 % de CO2
présent dans les bocaux (Figure 8). Ce constat étant
problématique pour étudier l'effet de l'éthylène,
50 g de chaux sodée ont été ajoutés à
chacune des conditions expérimentales pour le reste de nos
expérimentations. Cela permettra de s'affranchir des artéfacts
causés par le dioxyde de carbone et par conséquent de visualiser
seulement les effets du gaz d'intérêt. De plus, les champignons
étant aérobies, la présence de CO2 peut aussi
réduire la croissance fongique. En effet, on note en figure 7, une
croissance systématiquement plus forte lorsque le CO2 est
piégé par la chaux sodée.
22
La concentration moyenne en aflatoxines B1 et B2 et le taux de
CO2 dans les différentes conditions testées chez A. flavus
en présence ou non de chaux sodée sont
représentés dans le figure 9. La première observation
montre une réduction significative du taux de CO2 présent dans
les conditions expérimentales lorsque 50 g de chaux sodée sont
ajoutés. En effet, sans chaux sodée, les teneurs de CO2
avoisinnent les 1% tandis que ces dernières sont diminuées d'un
facteur 10 lors de l'ajout de chaux sodée. On remarque également
que, en absence de chaux sodée, il semble y avoir une stimulation de la
production d'aflatoxines lors d'un traitement à
l'éthylène, plus la concentration en éthylène
appliquée est importante, plus les productions d'AFB1 et AFB2 semblent
importantes. Cependant, malgrès cela, cette figure montre bien que
l'éthylène a un effet sur la toxinogénèse fongique
puisque lorsqu'on s'affranchit de l'effet antagoniste du CO2, on observe une
diminution de la production d'aflatoxines et surtout de l'AFB1 (exemple
: [éthylène 1 ppm] = 567,64 ug/L alors que
[éthylène 1 ppm CS] = 252,59 ug/L, autrement dit, une
réduction d'un facteur 2,25).
[Aflatoxines] (ug/L)
400.00
800.00
700.00
600.00
500.00
300.00
200.00
100.00
0.00
0.80
0.60
0.40
0.20
0.00
1.60
1.40
1.20
1.00
CO2 (%)
AFB1
AFB2 CO2
Figure 9 - Dosage de l'AFB1, AFB2 et du CO2 chez A. flavus
avec et sans chaux sodée après 72h d'incubation. CS =
présence de chaux sodée
4. Penicillium expansum
La figure 10 présente les résultats de la
croissance radiale obtenue pour P. expansum. Pareillement à
A. flavus, aucune différence significative n'a
été observée entre les conditions témoins et celles
où les gaz d'intérêts étaient testés.
L'éthylène et le 1-MCP n'ont donc aucun effet significatif sur la
croissance radiale de ce champignon avec des valeurs mesurées oscillant
entre 2,26 cm et 2,40 cm sans chaux sodée. Cependant, on observe une
diminution de la croissance (? 0,2 - 0,3 cm) dans toutes les conditions lorsque
50 g de chaux sodée sont ajoutés au système
d'expérimentation, contrairement aux expériences avec A.
flavus (Figure 7).
Diamètre (cm)
2.5
2.3
2.1
1.9
1.7
1.5
Sans chaux sodée
Avec chaux sodée
23
Figure 10 - Mesure de la croissance radiale de P. expansum
avec et sans chaux sodée après 72h d'incubation. 1-MCP =
MéthylCycloPropène
La figure 11 présente la concentration moyenne de
patuline dans les différentes conditions de culture. On remarque que la
production de patuline est augmentée d'un facteur 1,3 pour les petites
concentrations de gaz testées (éthylène : 0,1 ppm (369,9
ug/L) et 10 ppm (382,5 ug/L) ; 1-MCP : 0,01 ppm (375,6 ug/L) et 1 ppm (395,7
ug/L)) par rapport à celle du témoin (288,9 ug/L), tandis que les
fortes concentrations de ces mêmes gaz ne semblent pas modifier la
production de patuline en comparaison à la condition de culture
contrôle (témoin bocal). Ces observations sont en
adéquation avec les résultats précédemment obtenus
par Kepczynski et Kepczynska (1977), qui ont montré que la germination
des spores de P. expansum était augmentée lors d'une
exposition à faibles doses d'éthylène et diminuée
lors d'une exposition à de fortes doses d'éthylène. On
peut donc supposer que la diminution de la concentration en patuline
observée pour les fortes doses d'éthylène et de 1-MCP est
due à une diminution de la germination initiale des spores conduisant
à une réduction de la croissance fongique.
[Patuline] (ug/L)
450.00
400.00
500.00
350.00
300.00
250.00
200.00
Figure 11 - Dosage de la patuline chez P. expansum
après 72h d'incubation sans chaux sodée. MCP
= MéthylCycloPropène
24
5. Aspergillus parasiticus
De manière similaire aux deux précédents
champignons étudiés, les résultats obtenus pour A.
parasiticus ne semblent pas montrer d'effet de l'éthylène et
du 1-MCP sur sa croissance. En effet, les valeurs mesurées oscillent
entre 3,20 cm et 3,27 cm (? = 0,07). Par manque de temps, nous n'avons pas pu
expérimenter l'utilisation de la chaux sodée sur ce
champignon.
3.5
3.4
Diamètre (cm)
3.3
3.2
3.1
3
Figure 12 - Mesure de la croissance radiale de A.
parasiticus sans chaux sodée après 72h d'incubation. 1-MCP =
1-MéthylCycloPropène
Les figures 13 et 14 représentent la concentration
moyenne en aflatoxines (AFB1, B2, G1 et G2) présente dans les
différentes conditions testées chez A. parasiticus. De
manière surprenante, il semblerait qu'un traitement à
l'éthylène ou au 1-MCP favoriserait la production d'aflatoxines
sous toutes ses formes. En effet, sauf pour l'AFB1 où chaque condition
testée reste très similaire à celle du témoin, on
remarque que les aflatoxines B2, G1 et G2 ont vu leur production augmenter d'un
facteur allant de 1,3 à 1,5 lors d'un traitement à 0,1 ppm
d'éthylène et d'un facteur de 1,5 à 2 lors d'un traitement
à 10 ppm de ce même gaz. A l'inverse, bien que la production
d'aflatoxines totales reste supérieure à celle du témoin,
en présence de 1-MCP la concentration en aflatoxines diminue avec
l'augmentation de la teneur en 1-MCP. Cette dernière observation semble
logique puisque ce dernier étant un antagoniste compétitif de
l'éthylène et si l'éthylène favorise la production
d'aflatoxines, alors le 1-MCP aura tendance à diminuer cette
production.
600.00
[Aflatoxines] (ug/L)
500.00
400.00
AFG1
AFG2
300.00
200.00
45.00
40.00
[Aflatoxines] (ug/L)
35.00
30.00
AFB1
AFB2
25.00
20.00
15.00
10.00
700.00
100.00
Figure 13 - Dosage de l'AFB1 et AFB2 chez A. parasiticus
après 72h d'incubation sans chaux sodée. 1-MCP =
1-MéthylCycloPropène
Figure 14 - Dosage de l'AFG1 et AFG2 chez A. parasiticus
après 72h
d'incubation sans chaux sodée. 1-MCP =
1-MéthylCycloPropène
25
IV. Conclusion - Perspectives
Ce projet étant exploratoire pour les 2 laboratoires de
recherche, beaucoup de temps a été passé sur la mise au
point des conditions et des paramètres expérimentaux. Tout cela
avait pour but de mettre au point un système expérimental
adéquat capable de tester l'hypothèse du « Rôle de
l'éthylène sur la croissance de champignons filamenteux et sur la
production des mycotoxines associées ». Une fois ce système
mis au point, les tests faits sur chacun des champignons ont rapidement
montré que le CO2 avait un impact critique sur l'action de notre gaz
d'intérêt. En effet, il a été observé une
augmentation de la production générale de mycotoxines lorsque
l'éthylène est appliqué sans éliminer le CO2
naturellement produit par les espèces fongiques. Cependant, cette
observation nous a permis de voir que les champignons étudiés
réagissent à l'éthylène et donc que ces derniers
possèdent certainement des récepteurs à
l'éthylène, non-caractérisé à ce jour. Bien
que
26
les premiers résultats ne semblent pas être en
faveur de l'utilisation de l'éthylène comme agent de
biocontrôle, les derniers résultats obtenus lorsque le CO2 est
piégé par la chaux sodée semblent prometteur puisqu'une
diminution importante de la production de mycotoxines d'un facteur 2 ou plus
est observée.
Dans le but d'obtenir des résultats statistiquement
valables, il est nécessaire de poursuivre la suite de ces
expérimentations, de manière à prouver la
répétabilité et la reproductibilité des premiers
résultats recueillis. A partir des résultats obtenus, bien
d'autres analyses pourront être faites pour appuyer ou réfuter
l'hypothèse émise, comme par exemple une étude du
transcriptome pour visualiser les gènes dont l'expression est
modifiée par l'application d'éthylène qui mènera
ensuite à l'identification des protéines impliquées dans
la voie de signalisation de ce gaz chez les champignons filamenteux. Une autre
stratégie serait d'acquérir des souches mutantes de ces
mêmes gènes afin d'étudier leur phénotype macro- et
microscopique lors d'une exposition à l'éthylène.
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protein-coupled receptors in Verticillium spp. Fungal biology, 114 4,
359-68 .
35
VI. Annexes
Annexe 1 - Exemple de GPCR d'Aspergillus flavus
En rouge : D Y P I H C
En bleu : E L F T V S A (Y P I)
Aligné vert : domaine transmembranaire
Séquence gprA : mating-type alpha-pheromone
receptor PreB
mtmaimdskfdpysqnltfhaadgtpfqvpvmtlndfyqyciqicinygaqfgasviifiilllltrpdkrassv
fflnggalllnmgrllchmiyfttdfvkayqyfssdysraptsayansilgvvlttlllvcietslvlqvqvvca
nlrrryrtvllcvsilvalipvglrlgymvencktivqtdtplslvwlesatnivitisicffcsifiiklgfai
hqrrrlgvrdfgpmkvifvmgcqtltvpallsilqyavsvpelnsnimtlvtislplssiwagvsltrssstens
psrgalwnrltdstgtrsnqtsstdtavamtypsnksstvcyadqssvkrqydpeqghgisvehdvsvhscqrl
TMpred prediction output for : TMPRED.3852.868.seq
Sequence: MTM...QRL length: 374
Prediction parameters: TM-helix length between 17 and 33
> STRONGLY prefered model: N-terminus outside
7 strong
# from
|
transmembrane helices, total score : 12943
to length score orientation
|
1 50
|
68
|
(19)
|
2342 o-i
|
2 72
|
97
|
(26)
|
1243 i-o
|
3 119
|
135
|
(17)
|
1630 o-i
|
4 158
|
174
|
(17)
|
2066 i-o
|
5 204
|
225
|
(22)
|
2950 o-i
|
6 241
|
259
|
(19)
|
1358 i-o
|
7 272
|
291
|
(20)
|
1354 o-i
|
36
Séquence gprB : a-pheromone receptor
PreA
msapsttpyaqaviipsfsilcmlltipplilhwknrnlpvvslicwllclnlfniinafiwpsddmdnwwngag
lcdvevkvmiasyvavpgnllcifrtlasmidtrramlvpskqqrwwnigidmlfcvivpvvaiathivyqasry
ilvgisgcvnsfdeswvslilawiwplvicliagyycslvvyrlhryrnqfgdilqasnsnlnksrfmrlfllsf
ivllailpvqtyvvyknielslpwhayswrvahgphwnkiqkipsggdaffdrwfpiasgfmlfilfgcgrdasr
mygsylrllrldrcfvrtqdsssdasrsntsgfsnsrfgllfhkawtstaetcaenpatansidrssddiekgra
sspkpqrgqnmswlkhpwsflhrplhrsstssgerilsrpnlstpsntvsanawagssqsrgssdltympgreaf
irvkrdisqeselrk
TMpred prediction output for : TMPRED.3470.7072.seq
Sequence: MSA...LRK length: 465
Prediction parameters: TM-helix length between 17 and 33
> STRONGLY prefered model: N-terminus outside
7 strong
# from
|
transmembrane helices, total score : 14177
to length score orientation
|
1 12
|
32
|
(21)
|
2204 o-i
|
2 39
|
57
|
(19)
|
2252 i-o
|
3 81
|
99
|
(19)
|
1028 o-i
|
4 121
|
139
|
(19)
|
1853 i-o
|
5 169
|
185
|
(17)
|
2568 o-i
|
6 220
|
240
|
(21)
|
2528 i-o
|
7 279
|
299
|
(21)
|
1744 o-i
|
37
Séquence gprC : conserved hypothetical
protein
Mslaqvlsvlasqddegnslarrlaytdagptldidplpsaqrkgliavtvmaflsfiatlvlllfityrlvfwr
snyaryigynqyivliynlvladlqqslafliclkwitenkieassaacflqgfwlqigdpgsglfvlaiavhtf
ilvalghklshrvfvcgvvgvwlfvailviiplaahgrfvfipsgawcwiseeyepirlwthyiwiflaefgtvc
lyaimwfqlrrrikqsailgnsqteslkrlrrvigymiiypvayivlslplaagrmataqgqtpsiaffcvagav
itssglvdvllytltrrnlilesepsrdrsynrfassvnrktdhlttitaaegkhtrtdisvlrthrhredddef
ghtvregstdnivqpsgmelaplgkvyqhttieithepaypeaessdrsskgsigdgkgpaqsarmwgr
TMpred prediction output for : TMPRED.4759.7323.seq
Sequence: MSL...WGR length: 444
Prediction parameters: TM-helix length between 17 and 33
> STRONGLY prefered model: N-terminus outside
7 strong # from
|
transmembrane helices, total score : 14513
to length score orientation
|
1 51
|
69
|
(19)
|
2740 o-i
|
2 81
|
109
|
(29)
|
1171 i-o
|
3 139
|
156
|
(18)
|
1838 o-i
|
4 163
|
187
|
(25)
|
2930 i-o
|
5 214
|
232
|
(19)
|
2148 o-i
|
6 258
|
279
|
(22)
|
1771 i-o
|
7 291
|
315
|
(25)
|
1915 o-i
|
Annexe 2 - Exemple de GPCR d'Aspergillus
parasiticus
Query: XP_024549350.1 (BcGPR3) Query ID: lcl|Query_65159
Length: 454
>hypothetical protein BDV34DRAFT_218387 [Aspergillus
parasiticus]
Sequence ID: KAB8199028.1 Length: 421
Range 1: 3 to 386
Score:251 bits(641), Expect:2e-77,
Method:Compositional matrix adjust.,
Identities:152/415(37%), Positives:225/415(54%),
Gaps:50/415(12%)
En rouge : D Y P I H C
En bleu : E L Y F P T V S A I
Aligné jaune : transmembrane de BcGPR3
Aligné vert : transmembrane de A. parasiticus
Query 4
LSQREIDILIIIERTTASISVMGTLALFGTFIFFKSFRTLSNT
|
|
|
IIFYASFANLFANVAAL
|
63
|
LS++++ + ER ++IS+ GT + +F+ +FR N ++FYAS+ NL N+A
+
Sbjct 3
LSEQQLYAISATERVC
|
|
|
|
SAISLTGTAIIVISFLSSSAFRKPI
|
NRLVFYASWGNLMTNIATV
|
62
|
Query 64 IGGSALSQ-
VNSPLCQFQGFLLEMFMQSDPWWSLAMATNVYLVFFYRFDAAQLKKLYPYY 122
I S + +NSPLCQ Q FL++ FM +D W+ AMA NVYL FFY++++ QL++L
Y
Sbjct 63
ISQSGIHMGLNSPLCQLQAFL
|
IQWFMPADALWTFAMACNVYLTFFYKYNSEQLRRLE
|
|
122
|
WKY
|
|
|
Query 123
ALICYGLPFIPAMVCLFVKNDKKGKIYGNATLWCWIDGPWAPLRIYSYYAPIWITILAAL
182
L CYGLPFIP++ F+K +GK+YG A W W LRI +Y P+W I+
L
Sbjct 123
VLFCYGLPFIPSLAYFFIKTKARGKVYGYAVTWDW
LRIAVFYGPVWFFIVLTL 175
Query 183
CIYVRVGIEIFRARNQLKEISHRTDPSLHTDAGGKSPLPLQGSITNASEATNKDYES--- 239
IY+R G I+ R QL+++ + D+ P E T + YE
Sbjct 176 AIYIRTGSIIWERRRQLRQLD NLDSADSYP RYEGEPTAEHYEGFEM
221
Query 240 EHEQPIF--TGTR-
TTEIEVTHGSWENGTALSTNPTPRYPRASDVNHLSTPVKEPDSNYR 296
QP T TR TTEI VT + ++ + P A ++ + +P P Y
Sbjct 222 RDTQPPLEPTYTRPTTEIRVT
SEITRSQQGSCPTAEELCNPVSPFYNP--- YS 271
Query 297 VTI SAVP---
NTHTSNGRGGARRNASSLDKIKWAYTKVAMLFCISILITWV 344
VTI S +P H+ + RR S WAYTK AMLF
+++++TWV
Sbjct 272
VTIEGGFMSRQSSGLPLKAIKHSHSESWSRRRAMS DTSTAAWAYTKYAMLFFVALIVTWV
331
Query 345 PASVNRVYGLRFPDRPSFILNIGSAIVLPLQGFWNTVIYFTTSLGICRSVWADLR
399
P++VNR Y L +P+ +F LN S+ VLPLQGFWN++IY + S ++V+ D R
Sbjct 332
PSTVNRAYSLAYPNSYNFALNYVSSFVLPLQGFWNSIIYMSISWPAFKTVYRDFR 386
TMpred prediction output for : TMPRED.25814.8689.seq
Sequence: LSE...DFR length: 384
Prediction parameters: TM-helix length between 17 and 33
> STRONGLY prefered model: N-terminus inside
|
7
|
strong transmembrane helices, total score : 11789
|
#
|
from to
|
length
|
score
|
orientation
|
1
|
19
|
37
|
(19)
|
1764
|
i-o
|
2
|
44
|
62
|
(19)
|
956
|
o -i
|
3
|
84
|
106
|
(23)
|
1741
|
i-o
|
4
|
120
|
138
|
(19)
|
1894
|
o -i
|
5
|
158
|
180
|
(23)
|
2308
|
i-o
|
6
|
311
|
333
|
(23)
|
1862
|
o -i
|
|
7
|
352
|
376
|
(25)
|
1264
|
i-o
|
Annexe 3 - Exemple de GPCR de Penicillium expansum
Basé sur une identité de séquence
avec les séquences GPCR retrouvées chez A. flavus En
rouge : D Y P I H C
Aligné vert : domaine transmembranaire
gprA // Fungal pheromone mating factor STE2
GPCR (97%, e-value = 3e-137)
>XP_016599889.1 Fungal pheromone mating factor STE2 GPCR
MAGTSSPTPSFDPYTQNVTFHLGDGTELLVPVQALDVFVMYNVRVCINYGCQFGASFTLLVILLLLTQSD
KRRSAVFILNGLALFLNSGRLLFQVIHFSTGFEKVYPYVSGDYSSVPWSAYAISIVAVILTTLVIGCIEA
SLVIQVHVVCSTLRRRYRHPLLVVSILVALVPIGFRSAWMVVNCNAIITLNYMSDIWWIESATNICLTIS
ICFFCVIFVTKLGFAIKQRRRLGVREFGPMKVILVMGCQTMVVPAIFSIIQYYITVPELASNVVTLVVIS
LPLSSIWAGAALEHSRRPGSQDNPHRRNLWRALVGGAESILSPTKDSPTSLSAMTAAQTLCYSDQTISKG
SHNSRDTDAFYGIAVEHDISINRVQRNNSIV
TMpred prediction output for : TMPRED.17363.7926.seq
Sequence: MAG...SIV length: 381
Prediction parameters: TM-helix length between 17 and 33
> STRONGLY prefered model: N-terminus outside
7 strong # from
|
transmembrane helices, total score : 13296
to length score orientation
|
1 51
|
69
|
(19)
|
2040 o-i
|
2 74
|
93
|
(20)
|
1116 i-o
|
3 120
|
136
|
(17)
|
2484 o-i
|
4 160
|
178
|
(19)
|
1847 i-o
|
5 205
|
226
|
(22)
|
2577 o-i
|
6 242
|
260
|
(19)
|
1664 i-o
|
7 273
|
292
|
(20)
|
1568 o-i
|
|
|