I.3.3. Prévention
a. La lutte anti-vectorielle
En amont, la lutte contre le paludisme consiste à
combattre le moustique, vecteur du parasite. Diverses techniques existent,
certaines destinées à détruire les larves (assainissement,
contrôle biologique, épandage d'insecticides) et d'autres
orientées vers l'élimination des moustiques adultes (fumigation
et pulvérisation intra-domiciliaire)
- L'assainissement : Les actions sont multiples, de
l'évacuation des eaux usées au revêtement des routes en
passant par le remblayage des ornières et autres accidents de terrain.
Les techniques sont diverses :
· Curage des cours d'eau (canaux, ruisseaux, fleuves) :
les grands cours d'eau font partie dans certaines régions des
gîtes larvaires les plus importants. De nombreuses espèces y
pondent dans les bras morts ou le long des berges, là où la
végétation fait de longues poches d'eau quasi-stagnante. Le
curage des bords enlève la végétation et supprime ces
poches.
· Remblayage : ornières le long des pistes,
surfaces accidentées ou en travaux, zones inondables... on comble ces
accidents de terrain avec de la terre, du sable, des gravats...
· Evacuation des eaux et drainage : dans les villes,
construction de réseaux de canalisations.
· Revêtement des routes (pavés,
bétons, enrobés)
· Contrôle des points d'eau : scellement des puits
et des réservoirs d'eau...
· Quelques techniques secondaires : » Plantation
d'eucalyptus dans les marais : Ces arbres ont besoin de beaucoup d'eau et
permettent d'assécher des zones insalubres. Technique naturelle
intéressante, d'autant que le bois d'eucalyptus a plusieurs usages, dont
par exemple la production de papier. » Utilisation d'huiles ou de films
mono-moléculaires à la surface des réservoirs d'eau pour
étouffer les larves (les larves se nourrissent à la surface de
l'eau). Technique qui permet de garder l'eau potable, adaptée pour des
zones urbanisées où les réservoirs d'eau sont bien
identifiés et accessibles. Peu utilisée en Afrique. Ces grandes
mesures d'assainissement sont cependant surtout du ressort des
collectivités publiques dans le cadre d'une politique de travaux de
voirie (et non dans le cadre strict de la lutte contre le paludisme).
- Le contrôle biologique Alternative aux insecticides,
non polluante et non toxique, le contrôle biologique consiste à
agir sur les gîtes larvaires existants par l'introduction de
prédateurs tels que les poissons mangeurs de larves ou l'épandage
de biolarvicides (bactéries).. Même si le contrôle
biologique apparaît comme une alternative séduisante, son
utilisation contre les vecteurs du paludisme, en particulier dans les zones de
forte transmission, reste très limitée pour plusieurs raisons :
· De fortes contraintes logistiques (épandages
fréquents pour les bactéries, surveillance
régulière pour les poissons);
· De fortes contraintes financières.
· De fortes contraintes techniques (types de gîtes,
protégés pour les bactéries, permanents pour les
poissons).
· 90% des gites soient accessibles et traitables.
- Les épandages d'insecticides
· Fréquence : en fonction des insecticides
utilisés et des conditions météorologiques (de fortes
pluies peuvent diluer la quantité d'insecticides), la fréquence
de traitement des gîtes peut varier entre 2 et 10 semaines.
· Mise en oeuvre : le matériel utilisé pour
épandre les insecticides est semblable à celui utilisé
dans l'agri- culture.
· Précautions à prendre : » Proscrire
tout épandage des insecticides (sauf le Temephos) dans l'eau potable et
tout contact avec la nourriture des animaux destinés à la
consommation. » Equiper le personnel en vêtements de protection
(bottes, gants, masques, combinaisons) et le former pour éviter tout
accident. Cette technique du fait de la pollution qu'elle engendre n'est plus
très courante.
- L'aspersion intra domiciliaire (AID) 32 Complexe à
mettre en oeuvre et exigeant de réelles précautions de
santé publique (il s'agit de rentrer dans les pièces
d'habitations pour pulvériser les pans intérieurs des
murs/supports de l'insecticide), il est fortement recommandé à
l'entreprise de se faire assister par le Programme National de Lutte contre le
Paludisme (PNLP), un institut de recherche ou une organisation
expérimentée sur les différentes étapes
(étude de faisabilité, choix de l'insecticide, achat du
matériel, formation des équipes, gestion de l'environnement,
organisation générale,...).
b. La protection individuelle : la moustiquaire
imprégnée
Proposer des moustiquaires ne suffit pas, il est indispensable
d'en assurer l'adoption par la population visée. La première
étape consiste à favoriser l'équipement des foyers en
nombre suffisant une par lit. La seconde d'en assurer un bon usage. Ceci passe
par une maîtrise des règles élémentaires de
marketing, trop souvent négligées.
- Convaincre de l'intérêt de posséder une
moustiquaire : Mettre en avant le bénéfice en termes de
bien-être : « Dormez tranquille », « maman en pleine
forme, bébé en bonne santé »...
- Convaincre de l'efficacité par rapport à
d'autres moyens de protection : « La moustiquaire, le meilleur moyen de se
protéger efficacement contre des piqûres de moustique »,
« C'est la nuit que le moustique vous donne le palu : dormez sous
moustiquaire imprégnée pour vous protéger»...
- Promouvoir l'utilisation durable de la moustiquaire :
Les campagnes de sensibilisation doivent diffuser des messages pour lutter
directement contre les raisons qui conduisent à abandonner la
moustiquaire.
· La chaleur : il fait un peu plus chaud sous la
moustiquaire, les gens ont donc tendance à ne plus l'utiliser pendant la
saison chaude, quand le danger est justement maximal.
· La lassitude : beaucoup ne laissent pas la moustiquaire
en place la journée et il peut être fastidieux d'installer chaque
soir la moustiquaire, ce qui finit par lasser.
c. La prévention du paludisme chez les enfants passe
actuellement outre les opérations de sensibilisation, quasi-uniquement
par la promotion de la moustiquaire imprégnée. La moustiquaire
est particulièrement adaptée pour les enfants puisqu'ils sont
normalement couchés toute la nuit, c'est-à-dire tout le temps
où les anophèles vecteurs du paludisme piquent.
d. Les femmes enceintes : L'immunité
d'une femme est réduite après ses trois premiers mois de
grossesse, ce qui la rend plus vulnérable au paludisme. Les risques sont
alors accrus pour elle-même, mais aussi pour l'enfant qu'elle porte. Les
femmes enceintes forment ainsi le deuxième groupe-cible dans la lutte
contre le paludisme. · L'effort de prévention porte, comme pour
les enfants, sur la moustiquaire imprégnée, ainsi que sur le
Traitement Préventif Intermittent (TPI) (Bourgeade A, 2001).
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