V.5.3- Les résultats attendus et les
perspectives du projet
Nous espérons atteindre des résultats à
la fin de ce projet. Les préciser clairement dans ce document nous
permet une bonne évaluation du projet à chaque étape de sa
réalisation. En termes de perspectives, le projet n'entend pas
s'arrêter au bout des trois années.
A- Les résultats attendus
Plusieurs résultats sont attendus à
l'issue de ce projet. Ce sont :
- la télévision contribue de plus en plus à
vulgariser les pratiques agricoles innovantes ;
- au moyen de la télévision les agriculteurs sont
informés, sensibilisés et convaincus de
l'utilisation des innovations agricoles ;
- grâce à la télévision les
agriculteurs sont mieux outillés en pratiques culturales pour
augmenter leurs rendements agricoles ;
- la grille de programme des
télévisions contient des émissions sur l'agriculture pour
répondre aux besoins et attentes des paysans sur des informations
liées à leur secteur d'activité.
B- Les perspectives du projet
Après ou pendant la réalisation du projet, des
mécanismes de consolidation ou de réorientation sont
envisageables. Il s'agit notamment des éléments suivants
:
- les best off des émissions seront diffusés lors
des tournées dans les régions ou villages, les fora,
les JNP, les séminaires et formations sur demande des
organisateurs ;
- des capsules vidéos sur des paquets de technologie
seront diffusées au grand public dans les rues des petites
localités les plus concernées par celles-ci ; ce, en
collaboration avec les chercheurs, les innovateurs, les collectivités,
les ministères et institutions et les paysans des zones
concernées ;
- des petites vidéos sur des innovations agricoles
seront diffusées sur les réseaux sociaux pour ceux qui
ont accès à l'internet ;
- un site internet de l'agence Agricult'Heure
Communication sera mis en place : il diffusera des contenus
médiatiques et toutes autres informations liés à
l'agriculture ;
- des extraits des émissions pourront être
diffusés dans des focus groupes au profit des organisations ou
coopératives agricoles ;
- des extraits d'émissions pourront servir de
support de formation pour les innovateurs ou les chercheurs ;
- suite à l'évaluation définitive
au bout des trois années, le projet se réorientera en fonction
des besoins et des impératifs du moment, mais il
restera toujours dans le secteur de l'agriculture.
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Yamnoma Geoffroy ZONGO - Université
Senghor - 2019
Conclusion
Notre étude a porté, en général,
sur la communication orientée vers les acteurs de l'agriculture
au Burkina Faso. En particulier, elle s'est appesantie sur
l'implication de la télévision dans la vulgarisation des
techniques de production agricole. L'agriculture est l'activité
principale des populations burkinabè, notamment celles des
milieux ruraux. Mais aussi, de plus en plus, elle est pratiquée par des
populations urbaines et péri-urbaines. Le pays regorge de plusieurs
centaines de médias de masse répandus partout sur le territoire.
Parmi ces médias, figurent les télévisions dont une
soixantaine est fonctionnelle à ce jour. La télévision, ce
médium de communication de masse devrait, à notre avis,
être plus au service de la majorité de la population,
c'est-à-dire des agriculteurs. Mais le constat est tout autre.
En effet, les programmes des télévisions ne contiennent
pas de rubrique dédiée à l'agriculture, ne
serait-ce qu'une fois par semaine. Seule la
RTB-télé, la télévision nationale,
dispose d'une émission mensuelle dénommée «
Plein champ » qui peine à respecter sa
périodicité. En dehors de ce programme presque absent sur les
écrans, toutes les fois que l'agriculture est abordée
dans une télévision, l'on se rend compte que c'est de
façon circonstancielle. En plus, certaines structures non
gouvernementales parviennent à faire diffuser quelques rares
fois des documentaires en relation avec leur domaine d'activité
et l'agriculture en fonction du budget alloué à
cet effet. Pourtant, la matière première en termes
d'informations sur l'agriculture est très riche, variée,
diverse et inépuisable selon les structures de recherche en
agriculture. Ainsi, les résultats de notre étude nous ont permis
de confirmer notre postulat de départ stipulant que la
télévision ne contribue pas suffisamment à la
vulgarisation des bonnes pratiques agricoles, à la
sensibilisation, à l'information et à l'accompagnement des
acteurs de l'agriculture au Burkina Faso. La puissance et
l'influence de la télévision sur les publics devraient
être des atouts pour les professionnels de la communication et
des médias pour contribuer largement à la vulgarisation du
patrimoine cultural au Burkina Faso. Mais, des contraintes financières
en seraient les causes réelles.
L'échantillon de l'étude était
constitué de 25 responsables ou porte-paroles
d'organisations paysannes de la région des
Hauts-Bassins et de 22 personnes du milieu des médias et de la
communication ainsi que de la recherche-développement en agriculture des
villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Pour la première
hypothèse spécifique de l'étude, il ressort
de l'enquête auprès de ces personnes que la
télévision est l'outil de communication le plus
convainquant pour les acteurs agricoles en raison de la puissance des
images en termes de démonstration et de conviction. Aussi, pour la
seconde hypothèse spécifique, reconnaissent-ils que la
télévision serait le meilleur moyen d'expression, de
partage de connaissances et d'expériences et de recherche de solutions
pour les acteurs agricoles. Cela serait possible si tous les acteurs
sont impliqués activement dans la réalisation des
émissions devant alimenter les grilles de programmes des
télévisions.
Nous avons également choisi deux théories de la
communication sur lesquelles nous nous sommes appuyés pour notre
réflexion. La première, le modèle des « Uses and
gratifications » nous a permis de construire notre argumentaire autour de
ce que les agriculteurs feraient des informations
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Yamnoma Geoffroy ZONGO - Université
Senghor - 2019
diffusées par les télévisons sur
l'agriculture. Etant donné qu'ils sont organisés en associations
et en coopératives, les informations sur les techniques
agricoles innovantes se seraient relayées de façon rapide et
efficace vers le public par la plupart de ceux qui participeront aux actions de
communication et de vulgarisation à travers la télévision.
L'usage final de ces messages serait certainement
l'adoption, la pratique et l'expérimentation par les agriculteurs, des
nouvelles méthodes culturales présentées ou
démontrées à la télévision. Le second
modèle, celui de « Riley & Riley » qui stipule que tout
individu appartient à un groupe, est essentiel pour notre
réflexion. Les individus qui seraient informés des nouvelles
techniques agricoles auraient des changements de comportements qui
impacteraient ceux des groupes auxquels ils appartiennent.
La démarche participative est indispensable dans toute
action de communication pour le développement. Pour le cas de
notre étude, l'implication réelle et active des acteurs
de l'agriculture, de la recherche, des décideurs et des
professionnels de la communication est nécessaire pour la
réussite des campagnes de vulgarisation du patrimoine cultural dynamique
du Burkina Faso à travers la télévision. Pour
remédier au problème de la très faible implication de la
télévision dans la vulgarisation des méthodes agricoles
innovantes et répondant aux exigences de protection de
l'environnement, des aléas climatiques et aux besoins des
populations en matière de production agricole, nous proposons des
émissions télévisuelles. Cette proposition est en
réalité le projet professionnel que nous avons
élaboré à l'issue de cette étude. Il s'agit de
trois émissions (deux mensuelles et une hebdomadaire) sur l'agriculture
qui seront diffusées sur trois chaînes de
télévision burkinabè. Ce sont les trois, les plus suivies
: la RTB-télé qui est la chaîne nationale, BF1 et Burkina
Info qui sont des chaînes commerciales privées. Cette modeste
contribution permettra au moins de meubler les grilles de programmes de ces
télévisions et de les peindre aux couleurs de
l'agriculture. Cependant, il est opportun de signaler que ce projet de
vulgarisation à travers la télévision ne saurait remplacer
les initiatives déjà existantes dans le domaine. Il vient en
complément pour renforcer le dispositif communicationnel que les
différents acteurs ont déjà mis en place sur plusieurs
niveaux de la chaîne de valeurs dans le secteur de
l'agriculture.
Par ailleurs, le boom minier que connaît le Burkina Faso
à partir de la première décennie du XXIe
siècle présente des risques énormes pour
l'agriculture. Des terrains cultivables sont laissés
à la merci des chercheurs artisanaux des métaux précieux.
Les jeunes, les bras valides, abandonnent les activités
champêtres au profit de l'orpaillage. Les produits chimiques sont
utilisés sur les sites d'orpaillage artisanaux de façon
anarchique et incontrôlée sans tenir compte de leurs impacts sur
les sources d'approvisionnement d'eau pour l'homme et les animaux, la
flore et la faune. En clair, plusieurs aspects fondamentaux
justifient que l'agriculture burkinabè est menacée.
Ainsi, nous espérons que ce travail, loin d'être
exhaustif, permettra à d'autres chercheurs d'approfondir davantage la
réflexion sur la communication autour de l'agriculture en vue de
proposer des solutions aux problèmes constatés dans ce
secteur.
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Senghor - 2019
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