IV.1.3- Les raisons de la faible implication de la
télévision dans la vulgarisation agricole
C'est en fonction de l'envergure des activités,
que les télévisions sont impliquées par les
organisateurs. Estimant que les couvertures
télévisuelles sont assez chères, les structures se
réservent souvent de les inviter. Elles préfèrent
plutôt collaborer avec la presse écrite, les radios et parfois les
médias en ligne. Notamment quand il s'agit d'activités
qui méritent d'être connues par le grand public.
Les projets à l'échelle locale, départementale,
provinciale ou régionale sont généralement
couverts par les autres médias sauf la télévision dont les
prestations seraient très coûteuses. En effet, pour
bénéficier d'un reportage télévisuel de 1mn30s
à 3mn maximum, il faudrait débourser environ 250 000 F
CFA (pour la RTB-télé) et 175 000 F CFA (pour les
télévisions privées) pour les localités les plus
proches des sièges ou relais des télévisions. Quant aux
émissions sur des thématiques spécifiques à
chaque domaine d'activité, les coûts varient entre 500
000 F CFA et 1 000 000 F CFA pour la production et la diffusion par la
télévision. Ces tarifs seraient difficilement supportables par
les structures qui ont pourtant besoin de communiquer soit sur des techniques
agricoles innovantes, soit sur des menaces ou des parasites qui pourraient
entraver les activités agricoles.
Ainsi, nous pouvons confirmer notre postulat de départ
qui stipule que « la télévision ne contribue pas
suffisamment à la vulgarisation des bonnes pratiques agricoles, à
la sensibilisation, à l'information et à l'accompagnement
des acteurs de l'agriculture au Burkina Faso. » En effet, selon
les responsables des trois télévisions que nous avons
rencontrés, les coûts de production, de réalisation et de
diffusion sont effectivement très élevés et il est
difficile pour une télévision de supporter seule ces coûts
de façon continue sur plusieurs mois. Comme toutes ces trois
télévisions sont obligées de supporter les charges
financières liées à leur fonctionnement et de faire des
bénéfices parce qu'étant des entreprises
commerciales, elles ne peuvent pas faire des prestations gratuites ou
à perte sans s'assurer de la rentabilité à court, moyen et
long terme. Il est également ressorti des entretiens et de
notre constat que le déplacement des télévisions vers les
zones rurales pour des reportages, des documentaires ou des émissions
nécessite des moyens logistiques adaptés à
l'état des routes et résistants au climat humide. A cela
s'ajoutent les prises en charges (restauration et hébergement)
du personnel durant ces périodes de tournage. En somme, toutes ces
raisons sont liées aux finances et justifient, selon eux, la faible
contribution de la télévision à la vulgarisation des
techniques agricoles et à la sensibilisation des acteurs.
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Yamnoma Geoffroy ZONGO - Université
Senghor - 2019
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