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à‰tude diagnostic des causes structurelles et conjoncturelles de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition dans les ménages du Batha-Est, Département de la région Batha, Tchad, Afrique centrale

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par Yvon GUERRIER
SupAgro - Master 3A (Agronomie Agroalimentaire) 2011
  

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1.2.2.- Cadre conceptuel adopté pour l'étude

Dans le cadre de cette étude l'insécurité alimentaire des ménages va être étudiée en considérant des paramètres différents de ceux utilisés par le PAM. Ces derniers sont notamment : le patrimoine, le système d'activités, le revenu alimentaire, le capital social, le capital humain du ménage. La figure suivante présente un cadre conceptuel adapté, inspiré à partir de celui du PAM :

Fig. 2 : Cadre conceptuel de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition adapté pour l'étude

Les réflexions croisées autours des concepts de vulnérabilité et de résilience amènent à remettre en question le concept de : Système d'exploitation agricole et/ou Unité de production agricole. Car, fort souvent, les travaux de recherche qui portent sur la compréhension du mode de fonctionnement des réalités socio-économiques des ménages ruraux privilégient l'utilisation de ce concept. Alors que, les exploitants agricoles d'aujourd'hui (particulièrement dans les pays du sud), cessent de miser leurs vies seulement sur les rentrées agricoles. Car, face aux aléas agro-climatiques très difficiles à cerner, beaucoup d'entre eux tentent de combiner plusieurs types d'activités, afin de pourvoir aux besoins de base du ménage. D'où la nécessité de trouver un terme capable de cerner les différents modèles de vie de ces ménages ruraux. C'est ainsi qu'on a préféré mobiliser le concept « système d'activités » à la place du système de production agricole, qui peut considérer dans bien des cas comme un sous-système d'activités. De grandes écoles de pensée commencent à approfondir et/ou à orienter leur démarche vers ce concept globalisateur.

1.3.- Evolution du concept de « sécurité alimentaire et malnutrition »

Bien avant de rentrer d'emblée dans le sujet, il s'avère nécessaire de clarifier des concepts de base en lien à certains mots clés de la thématique. Ceci doit permettre :

1. d'éviter tous risques de confusion dans l'utilisation des concepts,

2. de mobiliser un ou des référentiels mieux adaptés à la réalité du Batha-Est, et

3. de faciliter l'adoption d'un cadre d'analyse cohérent pour mieux cerner le sujet ;

Les premières mesures visant la salubrité et l'hygiène alimentaire remontent lorsque les villes et les coopérations du moyen âge se sont constituées (Cosson C., 2002). Par contre, selon la FAO, le concept de

18

sécurité alimentaire est apparu au milieu des années 1970, lorsque le Sommet mondial de l'alimentation (1974) a défini la sécurité alimentaire en termes d'approvisionnement alimentaire, à savoir garantir la disponibilité et la stabilité des prix des produits alimentaires de base à l'échelon national et international. Cette définition (FAO, 2003) est la suivante : « Capacité de tout temps d'approvisionner le monde en produits de base, pour soutenir une croissance de la consommation alimentaire, tout en maîtrisant les fluctuations et les prix ».

A partir de 1981, une autre école (A. Valdès, 1881) a défini la sécurité alimentaire de la manière suivante : « La capacité des pays ou des régions déficitaires à l'intérieur de ces pays à atteindre des niveaux de consommation souhaitables sur une base annuelle. Cette définition mettait en relief le facteur « niveau de consommation alimentaire » comme un élément déterminant de la sécurité alimentaire. Elle faisait apparaitre les aspects de l'offre et de la demande.

En 1983, les études de la FAO se sont centrées sur l'accès à l'alimentation et ont conduit à une définition basée sur l'équilibre entre la demande et l'offre au sein de l'équation de la sécurité alimentaire : «Assurer à toute personne et à tout moment un accès physique et économique aux denrées alimentaires dont elle a besoin » (FAO, 1983)

En 1986, la banque mondiale a publié un rapport sur la pauvreté et la faim (Banque mondiale, 1986) qui faisait ressortir la dynamique temporelle de l'insécurité alimentaire (Clay, 2002). Ce rapport a introduit les distinctions entre la sécurité alimentaire chronique, associée à des problèmes de pauvreté permanente ou structurelle et à de faibles revenus, et l'insécurité alimentaire transitoire liée à des périodes particulièrement critiques résultant de catastrophe naturelle, d'un marasme économique ou d'un conflit. Ce point de vue a été complété par la théorie de la famine de Sen (Cité par FAO, 2006) qui a mis l'accent sur l'effet des droits personnels, sur l'accès à la nourriture, tels que les ressources basées sur la production, le travail, le commerce et le transfert. A partir de cette réflexion, la définition de la FAO de 1983 a ensuite été révisée pour incorporer aux analyses de la sécurité alimentaire le niveau individuel et celui des ménages, outre le niveau d'agrégation régional et national. Ainsi en 1986, la Banque mondiale (Banque Mondiale, 1986) définit la sécurité alimentaire comme « l'accès de tous les individus à tous les moments à suffisamment de nourriture pour mener une vie saine et active ». Cette définition lie aussi, les deux (2) éléments : la disponibilité des biens et la capacité des individus à acquérir ces biens.

En 1990, avec le changement de paradigme économique au niveau mondial et l'évolution des réalités socio-économiques des pays les plus vulnérables (pays sud), la FAO a tenté de réaménager l'ancienne définition. Elle a proposé de considérer la sécurité alimentaire comme « capacité d'assurer que le système alimentaire fournit à toute la population un approvisionnement alimentaire nutritionnellement adéquat sur le long terme ». Cette évolution de la conception a influencé les stratégies prônées par la FAO pour assurer la sécurité alimentaire pour tous, et spécialement les pays du Sud.

Et enfin, lors du Sommet mondial de l'alimentation de 1996, la sécurité alimentaire a été perçue de la façon suivante: «La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active». Cette définition largement consensuelle du sommet mondial de l'alimentation (1996) renforce la nature multidimensionnelle de la sécurité alimentaire et inclut les concepts de l'accès à l'alimentation, de disponibilité, d'utilisation de la nourriture et de la stabilité.

Cette définition a donné lieu à des réponses de politique centrées sur la promotion et la récupération des possibilités de moyens d'existence. Ce point de vue amplement acceptée est axé sur les aspects de : disponibilité alimentaire, accès à la nourriture, utilisation de la nourriture, et stabilité alimentaire. Cette définition amplement acceptée est centrée sur les aspects suivants de la sécurité alimentaire :

? Disponibilité alimentaire: La disponibilité d'aliments en quantité suffisante et d'une qualité appropriée, dont l'approvisionnement est assuré par la production nationale ou les importations (y compris l'aide alimentaire).

? Accès à la nourriture: Accès de tous à des ressources adéquates (droits) leur permettant d'acquérir une nourriture adéquate et nutritive. Les droits sont définis comme l'ensemble de biens auxquels une personne est susceptible d'accéder en raison des contextes juridique, politique, économique et social de la communauté dans laquelle elle vit (y compris certains droits traditionnels tels que l'accès aux ressources communes).

? Utilisation: L'utilisation de la nourriture dans le cadre d'une diète adéquate, d'eau potable, d'assainissement et des soins de santé de façon à obtenir un état de bien-être nutritionnel qui permettent de satisfaire tous les besoins physiologiques. Tous ces éléments soulignent le rôle des facteurs non alimentaires dans la sécurité alimentaire.

? Stabilité: Pour parvenir à la sécurité alimentaire, une population, un ménage ou une personne doit avoir un accès permanent à une nourriture adéquate. Cet accès à la nourriture ne doit être menacé ni par l'émergence de chocs soudains (par exemple, une crise économique ou climatique), ni par des événements cycliques (par exemple, une insécurité alimentaire saisonnière). Le concept de stabilité peut donc concerner à la fois la disponibilité et l'aspect lié à l'accès à la sécurité alimentaire.

En effet, il existe de nombreuses discussions sur la date de création du concept. Mais, ce qui est claire, la dernière définition admise et retenue dans le sommet de 1996 englobe non seulement l'ensemble des anciennes définitions, mais elle les élargit en permettant de l'adapter aux différentes réalités socio-économiques des pays. Vu les réalités du Batha-Est, la définition retenue est celle de 1996.

1.4.- Cadre d'analyse de la vulnérabilité ou de la résilience d'un ménage

Pour analyser la sécurité des moyens de subsistance, il convient de commencer par examiner les avoirs et les stratégies de subsistance des ménages. D'une manière générale, plus un ménage possède des avoirs et plus il peut diversifier ses stratégies, plus il sera résilient. Le tableau suivant présente les facteurs et effets de la vulnérabilité aux différents niveaux d'analyse.

Tab. 1 : Résumé du cadre d'analyse de la vulnérabilité ou de la résilience alimentaire

Vulnérabilité = Risque d'exposition

 
 

VULNERABILITE = Risque d'effets négatifs

Facteurs de vulnérabilité

- Bilan alimentaire national (production,

stocks, imports)

- Facteurs géographiques (dotations en

ressources, facteurs agro-climatiques...) - Facteurs institutionnels (Infrastructures,

marchés, alertes rapide, secours...)

- Facteurs démographiques (croissance, répartition...)

- Niveau de revenu et de pouvoir d'achat (droit à la nourriture...)

- Facteurs culturels (Impacts sur productions, pratiques agricoles, régimes

alimentaires...)

- Statut social

- Statut sanitaire

- Comportement nutritionnel

NIVEAUX
D'ANALYSES

NATIONAL
REGIONAL

MENAGES

INDIVIDUEL

Effets négatifs de la vulnérabilité

- Couts économiques (Importations, aides...)

- Dépendance

- Instabilité économique et sociale

- Réduction des capacités de production

(Travail ; épargne, investissement)

- Morbidité (Fréquence des maladies

infantiles, des maladies
transmissibles...)

- Distribution de la malnutrition
- Mortalité

19

Source : d'après T. E. Downing ; Estimation de la vulnérabilité socio-économique à la famine ; AID, FEWS, 1991.

20

1.5.- Classes d'insécurité alimentaire et de vulnérabilité alimentaire

L'établissement des classes d'insécurité alimentaires et de vulnérabilité : Il a été basé sur les systèmes de suivi SISAAR (FAO, 1990) qui est un référentiel proposé par la FAO en année 2000, où le comité de la sécurité alimentaire mondial (CSA) a proposé en juin 1999 la répartition de la vulnérabilité (ou du risque d'insécurité alimentaire) en trois (3) classes établies par le groupe de travail du SICIAV1. Ce référentiel distingue trois (3) types d'insécurité alimentaire.

1. L'insécurité alimentaire chronique : Il s'agit de personnes ou de groupes de personnes qui consomment ou ont consommé régulièrement des quantités quelque peu inférieures au minimum nécessaire pendant une longue période.

2. L'insécurité alimentaire cyclique ou intervenant en période de soudure : Elle touche les petits agriculteurs qui ont suffisamment à manger immédiatement après la récolte, mais qui ont, par exemple, des difficultés à attendre la récolte suivante.

3. L'insécurité alimentaire transitoire : elles concernent les habitants des zones urbaines qui dépendent des marchés très instables et de producteurs agricoles très exposés aux catastrophes naturelles.

1.6.- Classe d'insécurité alimentaire

L'étude de la FAO au Tchad en 2011 sur la sécurité alimentaire, classe les ménages en 4 types:

1) Les ménages en insécurité alimentaire sévère, ils ont un très faible accès à l'alimentation, 93% de leur aliments sont achetés sur le marché et 84% de leurs dépenses sont consacrés à l'alimentaire (CILSS, 2008). Leur consommation alimentaire est pauvre.

2) Les ménages en insécurité alimentaire modéré, ils ont un faible accès à l'alimentation avec une consommation alimentaire moyenne. La part des produits représente 25% des aliments consommé, ils ont une grande disponibilité en bétails, mais leur alimentation est pauvre.

3) Les ménages à risque d'insécurité alimentaire, ils ont une consommation alimentaire moyenne et une accessibilité alimentaire moyenne.

4) Les ménages en sécurité alimentaire, ce sont les ménages qui ont une bonne accessibilité alimentaire. 20% des aliments achetés, et 54% des dépenses consacrées à l'alimentation (CILSS, 2008).

Dans la partie analyse et discussions, certaines considérations ont été faites par rapport à cette classification.

1.7.- Stratégies d'adaptation des ménages

Bien que les stratégies d'adaptation varient fortement et aient diverses implications, MSF Hollande (MSF 2005) identifie trois (03) niveaux principaux:

1. les stratégies d'assurance (stratégies d'adaptation réversibles, préservation des avoirs productifs, diminution des apports alimentaires, etc.),

2. les stratégies de crise (changement irréversible, menace sur les moyens d'existence futurs, vente des avoirs productifs etc.) et

3. les stratégies de détresse (pas d'adaptation, inanition et mort et disparition des mécanismes d'adaptation).

Donc, pour l'identification et l'analyse des stratégies d'adaptation des ménages face à l'insécurité alimentaire, nous avons considéré ce cadre de réflexion.

1.8.- Méthodologie

1.8.1.- Unités d'observation

Pour regarder la situation de l'insécurité alimentaire, les unités d'observation ont été :

1 Système d'information et de cartographie sur l'insécurité alimentaire et de la vulnérabilité. (Troisième partie, chapitre

V)

1)

21

Les ménages

2) Les OP

3) Les filières céréales et bétail notamment

4) L'environnement institutionnel des ménages

Un ménage : L'étude fait grandement référence au terme de ménage. Ce concept peut être utilisé dans plusieurs sens en fonction du contexte opérationnel et institutionnel dans lequel il est employé. Dans le cadre de cette analyse, nous essayons d'arriver à une synthèse de définitions : «Un ménage, c'est un groupe de personnes (ou une seule personne) apparentées ou non, vivant ensemble dans le même logement ou concession, satisfaisant ensemble leurs besoins économiques et sociaux essentiels, et plus particulièrement la nourriture. Ils reconnaissent en général l'autorité d'un chef de ménage pour faire la gestion des ressources produites par l'ensemble des actifs de son ménage ».

Une filière : Selon la FAO2, l'analyse économique par filière, c'est l'analyse de l'organisation, à la fois sur un plan linéaire et complémentaire, du système économique d'un produit ou d'un groupe de produits; C'est l'analyse de la succession d'actions menées par des acteurs pour produire, transformer, vendre et consommer un produit. Elle permet de mettre en évidence:

· les points forts et les points faibles du système et, à partir de là, d'établir précisément les politiques et les actions à mener pour renforcer les aspects positifs et faire disparaître les contraintes;

· les acteurs qui interviennent d'une manière directe ou indirecte dans le système;

· les synergies, les effets externes, les relations de coopération et/ou d'influence ainsi que les noeuds stratégiques dont la maîtrise assure la domination par certains agents;

· les goulets d'étranglement et les liaisons intersectorielles;

· le degré de concurrence et de transparence des différents niveaux d'échanges;

· la progression des coûts action par action afin de déterminer la formation du prix final. A partir de là, elle permet une analyse comptable du système et un calcul de la rentabilité. C'est un outil de bilan financier global et/ou partiel d'un produit.

L'Environnement institutionnel : est un ensemble de connaissances relatives au système d'acteurs en présence dans les espaces naturels en général et dans un espace naturel spécifique en particulier : leurs raisons d'être, leurs objectifs, la manière dont ils interagissent avec les gestionnaires des espaces naturels, leurs enjeux et leurs positions d'acteurs. Dans le cadre de cette étude, parlant de l'environnement institutionnel des ménages, nous faisons allusion aux : ONG, OI, OP, institutions de l'Etat qui interviennent dans le Batha-Est, mesures de politiques publiques sectorielles.

1.8.3.- Dispositif de collecte de données

Pour atteindre les objectifs fixés, le travail a été divisé en cinq (5) grandes étapes suivantes :

1) L'immersion sur le terrain avec la réalisation de visites exploratoires,

2) La réalisation d'un diagnostic institutionnel simplifié des OP,

3) La réalisation des enquêtes sur l'économie alimentaire des ménages,

4) Le dépouillement des fiches d'enquêtes ; et la réalisation en même temps de certains ateliers de restitution et de validation dans différentes communautés, et,

5) Les traitements de données, l'analyse et discussion des résultats ;

? Première étape : La phase d'immersion

Au cours des trois (3) dernières semaines d'avril à mi-mai 2011, nous avons effectué un zonage agro-écologique à partir de visites exploratoires. La méthode de transects a été utilisée dans la limite du possible. Cela a permis d'avoir une meilleure compréhension des grands ensembles du paysage, de

2 http://www.fao.org/DOCREP/003/X6991F/x6991f04.htm#bm04.1

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caractériser les unités agro-écologiques, et d'avoir une perception globale sur les réalités socio-économiques et institutionnelles du Batha-Est.

Les observations du paysage ont été complétées par des entretiens auprès de certaines personnes ressources du département. Ainsi, nous avons pu :

a. comprendre l'organisation administrative et institutionnelle du Batha-Est,

b. identifier et prendre contact avec les différents opérateurs qui interviennent dans la sécurité alimentaire et la malnutrition,

c. comprendre la configuration de l'organisation sociale (ethnies, mobilités, situations démographiques), et faire une pré-typologie des ménages du département,

d. décrire les réalités agro-climatiques et les changements observés dans le temps;

e. identifier les principales activités et opportunités économiques,

f. identifier et comprendre sommairement le fonctionnement des grandes filières économiques,

g. comprendre l'organisation agricole (systèmes de culture et systèmes d'élevage),

h. dégager une compréhension de l'organisation des marchés publics à l'échelle départementale,

i. faire une pré-description des habitudes et des comportements alimentaires des différentes catégories de ménage (déjà une pré-typologie),

j. apprécier l'insertion du Batha-Est dans le contexte régional,

k. procéder à des enquêtes historiques (Cf. guide d'entretien historique en annexe A), afin de reconstituer les différentes formes d'exploitation du paysage dans le passé (dynamiques agraires, etc.), leur évolution et les causes (groupe de personnes âgées priorisé : au moins des sexagénaires),

l. élaborer et affiner les outils (guides d'entretiens OP, fiches d'enquêtes-ménages) ;

+ Deuxième étape : Réalisation d'un diagnostic institutionnel des OP

Durant la période de mi-mai à fin juin 2011, nous avons enchainé avec la réalisation du diagnostic simplifié des OP (Groupements, Associations, Unions et Fédération) au niveau des douze (12) cantons du département. Parmi les OP recensées, nous avons choisi une trentaine d'OP représentatives pour effectuer une enquête plus détaillée (Cf. Guide d'entretien membre ordinaire OP en annexe B et Guide d'entretien membre comité directeur OP en annexe C). En outre, des entretiens semi-directifs ont été effectués avec certaines personnes ressources des ONG et les autorités locales pour mieux appréhender le sujet. Aussi, Certains documents ayant rapport au cadre réglementaire des OP du Tchad ont été consultés. Par ailleurs, un regard critique a été porté sur les documents de politiques publiques. Cela a permis de voir à quel niveau les OP y sont impliquées, ainsi que le niveau d'appropriation de ces mesures. Ainsi on a pu comprendre, comment les niveaux de responsabilités et les moyens se déclinent au niveau des différentes échelles du département (sous-préfectures, cantons, villages). Enfin, pour l'analyse des informations le modèle SWOT3 a été utilisé.

+ Troisième étape : Réalisation des enquêtes-ménages

L'objectif a été de décrire et de comprendre de manière fine la situation alimentaire des différentes

catégories de ménages en fonction :

V' du type d'organisation sociale auquel ils appartiennent,

V' de leurs habitudes et comportements alimentaires,

V' de leur système d'activités, leur calendrier de travail et de leur trésorerie,

V' des performances technique et économique (notamment) des systèmes d'activités,

V' de la valeur nutritionnelle des aliments consommés,

V' de leurs marges de manoeuvre, particulièrement en période de soudure,

V' de leurs stratégies d'adaptation face à l'insécurité alimentaire et la malnutrition ;

3 L'analyse SWOT ou la matrice SWOT, est un acronyme dérivé de l'anglais : pour S-trengths (forces), W-eaknesses (faiblesses), O-pportunities (opportunités), T-hreats (menaces). Son équivalent en français est donné par : analyse MOFF « M-enaces O-pportunités F-orces F-aiblesses » ou analyse AFOM « A-touts, F-aiblesses, O-pportunités, M-enaces » ou encore analyse FFOM « F-orces F-aiblesses O-pportunités M-enaces »

23

La réalisation de ces enquêtes (fin juin à fin juillet) ont permis d'affiner la caractérisation et la pré-typologie qui ont été faites lors de la première étape. En ce sens, une fiche d'enquête-Ménage a été conçue (Cf. Annexe D). Un test de terrain a été effectué pour l'appropriation de cet outil.

Le système d'échantillonnage : Le ménage a été considéré comme unité d'analyse. Au total, 268 (Deux cent soixante-huit) ménages ont été enquêtés à partir de la méthode d'échantillonnage aléatoire stratifié. L'échantillonnage a été réalisé de façon à satisfaire six (6) niveaux de représentativité tels :

1. le niveau administratif (sous-préfectures et les cantons),

2. les zones agro-écologiques,

3. les différentes catégories socio-économiques (entrée par systèmes d'activités),

4. les différentes formes d'organisations sociales,

5. les différentes structures d'habitats (morphologie, dimension et états physiques),

6. le niveau de mobilité (nomades, sédentaires, transhumant).

Etant donné que le département du Batha-Est est divisé en quatre (4) sous-préfectures, et que les proportions démographiques ne sont pas les mêmes, nous avons opté pour une répartition au prorata. De ce fait, le poids démographique a été le critère le plus discriminant pour effectuer la répartition des enquêtes. Le tableau suivant résume la répartition :

Tab. 2 : Répartition des enquêtes-ménages par sous-préfecture (Théorique)

Sous-préfectures

Population par sous-préfecture

 

Poids Coefficient démographique

démographique des sous-préfectures

Nombre d'enquêtes
par sous-préfecture

Oum-Hadjer

108

048

57,28 0,57

149,34

Amsack

35

053

18,58 0,19

49,78

Assinet

32

171

17,05 0,17

44,54

Haraze Djombo

13

359

7,08 0,07

18,34

Total Batha-Est

188

631

100,00 1

262

Rappelons que, les travaux effectués au cours des étapes précédentes ont permis dans un premier temps d'identifier quatre (4) grand groupes de ménages (pré-typologie). Ces derniers ont été :

1. Les ménages sédentaires des villes et des villages

2. Les ménages sédentaires en brousses (Broussards) : candidats potentiels à l'exorde rural saisonnier, considérés sur le plan socio-économique comme des marginaux de la campagne,

3. Les ménages transhumants (pasteurs),

4. Les ménages nomades.

Ainsi, le tableau suivant présente la distribution des enquêtes par classe selon la sous-préfecture.

Tab. 3 : Répartition des enquêtes par classe selon la sous-préfecture (sur le terrain)

 

Sédentaires ville-villages

Sédentaires Broussards

Transhumants

Nomades

Total

Oum-

54

62

18

14

148

Hadjer

 
 
 
 
 

Am-Sack

17

16

11

5

49

Assinet

23

12

4

5

44

Haraze D.

7

8

4

2

21

Total

101

98

37

26

262

Pourcentage

38,55%

37,40%

14,12%

9,92%

100%

Il importe d'informer que dix (10) enquêteurs ont été sélectionnés après trois (03) journées de formation pour la conduite des enquêtes auprès des ménages (Cf. fiche technique - formation des enquêteurs en annexe E). Au niveau des cantons, le dispatching des enquêteurs a été effectué de telle sorte que toutes dimensions en termes de représentativité soient ressorties. En ce sens, le stagiaire s'arrangeait pour effectuer un accompagnement et une forme de suivi rapproché aux enquêteurs pendant toute la durée de l'enquête.

? Quatrième étape : Dépouillements, restitutions et validations communautaires

Le dépouillement des fiches d'enquêtes-ménages a été effectué durant le mois d'aout 2011. Les autres outils ont été dépouillés et restitués tout au long du processus.

A chaque phase du dépouillement, pour compléter et valider certaines informations, des ateliers de travail en petits groupes (focus group) ont été réalisés au niveau de certaines communautés. Du coup, ces exercices ont permis d'infirmer ou de confirmer certaines informations.

Dans chaque atelier, les participants ont été divisés en petits groupes de 8 à 12 personnes. La composition des groupes a été faite selon l'intérêt de l'exercice. Aussi, des considérations en termes d'approche genre ont été faites tout au long de la démarche.

Pour motiver les participants au travail, certains outils de la MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative) ont été utilisés. Ces outils sont en général utilisés dans le cadre de l'élaboration des DPC (Diagnostic Participatif Communautaire) dans les pays (sud) où le taux d'analphabètes est élevé. Les principaux outils mobilisés ont été : La carte mentale, le profil historique, l'arbre à problèmes, l'arbre à objectifs, le diagramme de Venn, la carte de risques et de vulnérabilité, l'inventaire et caractérisation sommaire des ressources locales, le brainstorming, le calendrier annuel des principaux évènements et activités communautaires, la priorisation des besoins/dépenses communautaires.

1.8.4.- Classes de consommation alimentaire

Pour établir les classes de consommation alimentaire, la méthode de diversité diététique et de fréquence de consommation alimentaire est couramment utilisée pour analyser la consommation alimentaire dans le milieu sahélien. En effet, le score de consommation alimentaire (SCA) est un indicateur composite (standardisé du PAM) calculé pour refléter la diversité alimentaire, la fréquence ainsi que l'apport nutritionnel relatif des produits et groupes alimentaires consommés par un ménage.

La diversité du régime alimentaire est liée au statut socioéconomique des ménages ainsi qu'à l'apport énergétique et protéinique adéquat, se traduisant par un bon état nutritionnel, sous réserve d'un environnement (assainissement, hygiène) satisfaisant. Cette méthode utilise un classement standard des aliments en huit (8) groupes. A chaque groupe d'aliments correspond un facteur de pondération qualitatif qui traduit sa valeur énergétique. Ce facteur de pondération est basé sur la densité des nutriments contenus dans les aliments consommé.

Tab. 4 : Coefficient de pondération des aliments selon le référentiel du PAM

No

Groupes d'aliments

Groupes d'aliments

Poids

1

Céréales et tubercules

Maïs frais ou sec, riz, sorgho, Tubercules

2

2

Légumineuses

Légumineuses (haricot ou niébé)

3

3

Légumes

Légumes et feuilles

1

4

Fruits

Fruits

1

5

Viande et poissons

Poisson frais, séché ou fumé, volaille, viande fraîche, séchée ou boucanée, oeufs

4

6

Produits laitiers

Lait, yaourt, crème

4

7

Sucre

Sucre, miel

0,5

8

Huile

Huile, graisse

0,5

9

Condiments

Poisson séché en condiments, viande séchée en condiments, lait en condiments, sésame, arachides

0

Dans le cadre de l'enquête-ménage, les différents types de produits alimentaires couvrant la plupart des habitudes alimentaires des populations du Batha-Est ont été retenus. Les 262 ménages ont été interrogés sur le nombre de repas pris par jour d'une part, et sur la fréquence et la diversité de la consommation des aliments dans la semaine d'autre part. Ces aliments ont été ensuite répartis en 8 groupes ayant chacun un poids. Le score de consommation alimentaire des ménages est calculé en utilisant la formule suivante :

SCA= a céréalesxcéréales + alégumineusesxlégumineuses + alégumesxlégumes + afruitsxfruits + afruitsxfruits + aprotéine animalesxprotéines animales + asucrexsucre + alaitxlait + ahuilexhuile

24

25

Avec, xi = Nombre de jours pendant lesquels chaque groupe d'aliments a été consommé durant les 7 derniers jours ai = Poids attribué à chaque groupe d'aliments

Les valeurs des scores ainsi calculées ont été reportées sur une échelle dont la valeur maximale possible est 112. Les fréquences de consommation de chaque groupe d'aliments ont été pondérées puis le Score de Consommation Alimentaire (SCA) a été déterminé pour chaque ménage. L'application de cette méthode requiert l'utilisation des seuils qui fixent les limites des classes de consommation alimentaire. Considérant les consommations importantes d'huile et de sucre par les ménages tchadiens les seuils de SCA utilisés pour déterminer les classes de consommation sont 28 et 42 (PAM, 2009).

Tab. 5 : Classification de consommation des aliments

No

Intervalle de SCA Classes de consommation

 

01

SCA = 28

Consommation alimentaire est pauvre

02

SCA compris entre 28.5 et 42

Consommation alimentaire est limite

03

SCA > 42.5

Consommation alimentaire est acceptable

26

Chapitre II : Contexte agro-écologique et caractéristiques socioéconomiques et alimentaires du Batha-Est

Les résultats découlent de l'analyse et de discussions sur les données primaires qui ont été directement récoltées aux niveaux des communautés du Batha-Est. Ces données ont été collectées notamment via : observations, entretiens avec des personnes ressources, enquêtes de ménages et focus groups. Les rares informations disponibles sur le département du Batha-Est, ne présentent que des extraits de certaines études conduites antérieurement à l'échelle régionale. Par contre, ces documents ne rentrent pas dans les spécificités des trois (3) départements du Batha (Batha-Ouest, Batha-Est, Fitri). Toutefois, certains de ces résultats permettent de mieux situer le département dans le contexte régional, sahélien et tchadien. Etant donné que ces résultats ne traduisent que partiellement la réalité de la zone d'étude, on est obligé de les adapter ou les contextualiser au cas par cas. Par ailleurs, malgré que le Batha-Est évolue dans un contexte fortement islamisé, avec un taux d'analphabètes élevé, et une chefferie traditionnelle difficile à contourner, cela ne nous a empêché en aucun cas d'utiliser certains outils de la démarche participative, ni de porter les communautés à réfléchir et de produire des connaissances sur certains sujets tabous (certaines sensibilités musulmanes : Dimension genre, par exemple).

2.1.- Contexte bioclimatique du Tchad

La position géographique du territoire tchadien est soumise à un climat tropical sec caractérisé par une alternance de deux (2) saisons : la période de la saison sèche et de la saison pluvieuse. La pluviométrie, élément climatique le plus important, est marquée par des irrégularités et l'inégalité dans sa répartition spatio-temporelle. Sur la base de la répartition de la pluviométrie et de la couverture végétale, le territoire tchadien est subdivisé en trois (3) grandes zones bioclimatiques.

1)

Fig. 3 : Répartition des zones climatiques au Tchad (Massuel, 2001)

Fig. 4 : Précipitations moyennes interannuelles 4au Tchad (période 1951-1989)

La zone sahélo-saharienne située au Nord : elle occupe plus de la moitié (63%) du territoire national. Elle est caractérisée par une très faible pluviométrie limitée au Sud par l'isohyète 200 millimètres. La saison de pluies diminue progressivement jusqu'à s'annuler à l'extrême Nord. La végétation est présente dans les ouadis, les plaines et les zones d'affleurement de la nappe phréatique. Les sols sont pour la plupart des sols minéraux peu évolués.

2) La zone sahélienne au centre : elle est comprise entre les isohyètes 200 et 800 millimètres. Les sols sont ferrugineux tropicaux sableux, pauvres en matière organique (Cf. carte géologique du Batha-Est en Annexe F). La végétation y est caractérisée par : la savane arbustive occupant la partie Sud et où dominent suivant le type de sols, les Acacias et les Balanites, avec un tapis herbacé composé d'Andropogonées ; la steppe (ou pseudo-steppe), située dans la partie nord et caractérisée par des formations ligneuses très ouvertes, le tapis graminéen dominé par les Aristidées. C'est exactement à ce niveau que se situe le département du Batha-Est dans la région du Batha, centre du Tchad.

4 Extrait du document fe Y.L'Hôte et G.Mahé 1996

27

3) La zone soudanienne au Sud : elle va de l'isohyète 800 à 1200 mm et plus. La végétation y est constituée de trois types de formations : forêt claire, savane arborée, savane soudanienne. La faune y est riche et variée, les ressources halieutiques sont abondantes. On rencontre des sols rouges ou ocre-rouges profonds, des sols peu évolués d'érosion et des sols de plaines.

2.2.- Climat et saisons dans le Batha-Est

Les exploitants du Batha-Est découpent l'année en cinq (5) saisons distinctes:

Tab. 6 : Saisons du Batha-Est selon les habitants (Exploitants) du Batha-Est

Saisons

Description5 (Selon les exploitants, en arabe tchadien)

Ruchach

Entre fin mai et juin: c'est une courte période de premières pluies éparses. Elles facilitent les premières pousses d'herbes au niveau des pâturages dans les zones dépressionnaires. Cette saison correspond à la période de préparation des sols pour la mise en place des cultures. Les mares, les puits commencent à se remplir d'eau;

Kharif

Entre juillet et août, se prolonge parfois jusqu'aux deux (2) premières semaines de septembre: Les pluies sont relativement bien installées, et beaucoup de points d'eau de surface sont remplis (mares, micro-barrages artisanaux et flaques);

Darat

Entre septembre et octobre: Elle correspond à la fin de saison pluvieuse et au début de la saison sèche. Mises à part les grosses mares naturelles ou sur-creusées qui subsistent, les flaques et les petits mares en général commencent à tarir;

Chité

Novembre à février: en général, les températures sont relativement fraîches, avec très souvent de violents vents de sable dus aux effets de l'harmattan6. Presque toutes les mares sont taries à ce moment.

Seyf

Mars à mai: saison sèche et chaude, les températures sont les plus élevées et oscillent autour de 45oC. l'accès à l'eau et le pâturage deviennent plus problématique.

Les tendances pluviométriques

Le climat est caractérisé par une pluviométrie faible et irrégulière. Le Batha-Est connait ces dernières années des phases de sécheresse de plus en plus longues et fréquentes. Les pluies se concentrent généralement sur la période de juin à septembre. Les graphes suivants traduisent seulement la tendance quantitative cumulée; sans pour autant renseigner de façon précise la répartition des pluies.

Pluviométrie en mm

400

300

200

100

0

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Septembre Octobre Novembre Décembre

Fig. 5 : Pluviométrie interannuelle du Batha-Est - Série 2005 à 2010

Année 2005 Année 2006 Année 2009 Année 2010

Source des données: ONDR, Direction des Ressources en Eau et de la climatologie, Division climatologique, mai 2011

Nb.- Les statistiques des années 2007 et 2008 manquent à la série par faute d'archives.

2.2.- Insertion du Batha-Est dans le contexte tchadien

Le découpage administratif de 2002 confère au Batha le statut de région7. La région est située au centre du pays en pleine zone sahélo-sahélienne. Elle prend son nom du fleuve Batha, sa seule rivière, qui

5 Il s'agit d'une caractérisation première de l'AFD (Agence Française de Développement) sur le plan national adaptée au contexte départemental dans le cadre de cette étude ;

6 L'harmattan : un vent (alizé) chaud, sec et poussiéreux d'Afrique de l'Ouest) qui souffle vers le sud en provenance du Sahara dans le golfe de Guinée. Chargé de poussières et de sables, il peut obscurcir l'atmosphère durant plusieurs jours et favorise les épidémies de méningite dans les pays sahéliens.

28

descend des plateaux du Ouaddaï et qui traverse les trois quarts (3/4) de la région avant de se jeter dans le lac Fitri. Elle contient trois (03) départements : Batha-Ouest, Batha-Est et Fitri dont les chefs lieu de département sont respectivement Ati, Oum-Hadjer et Yao.

Oum-Hadjer est transformée en une préfecture8 en 1991. Ainsi, sont créées les quatre (04) sous-préfectures. Et, suite à la promulgation de la nouvelle loi sur les collectivités territoriales en 1999, ce territoire a été érigé en département du Batha-Est. Le Batha-Est est limité au Nord par le B.E.T, au Sud par le département de Mangalmé, à l'Est par le Ouaddaï, et à l'Ouest par le département du Batha-Ouest. Il est situé entre 13017'36» de longitude Nord et 19041'28» de latitude Est. Le département contient quatre (4) Sous-préfectures qui regroupent au total douze (12) cantons.

La sous-préfecture d'Oum-Hadjer contient quatre (4) cantons : Oum-Hadjer, Mesmedje, Massalat, Kouka, Maafle9. Le maire de la commune chef-lieu de département n'a pas le droit de regard sur les sous-préfectures du département. La commune (ou chef lieux) se limite à l'espace urbain. La sous-préfecture d'Amsack contient deux (02) cantons : Zioud et D.H.O.K. La sous-préfecture Haraze-Djombo Kibit ne présente qu'un seul canton: Haraze. En dernier lieu, la sous-préfecture d'Assinet qui contient 6 cantons : Assinet, Misserié Rouge, Misserié Noire, Misserié Adjadjire, Allawne, Sédami.

Au sein des cantons se situent les villages sédentaires (~ 568 : Communication personnelle ONDR, août 2011) et les campements (Férick) des populations transhumantes. On trouve en dernier lieu, certains marginaux qui habitent les milieux très reculés par rapport aux villages communément appelés : Broussards. La région Batha, ses départements, et certains cantons sont présentés sur la carte administrative en annexe G.

2.3.- Zonage agro-écologique du Batha-Est

L'observation de terrain amène à repartir le Batha-Est en quatre (04) grands ensembles agro-écologiques. Le tableau suivant résume la situation.

Tab. 7 : Grands ensembles agro-écologiques du Batha-Est

Zones agro-
écologique

Zone à dominance agricole (agro-sylvicole)

Zone Pasto-sylvicole

Zone

Agropastorale

Ecosystème Urbain

Cantons concernés

Remarques

Assartini, Adjob, Assafik

Plus ou moins au centre et relativement proche de la rivi Batha (Culture maraichère et sorghos surtout) - Zones très habitées par les ménages

Assinet (Ourel, Sedami, Koundjar, Haraze Djombo)

Sols à tendance sablo-limoneuse.

Amsack (Zioud, Dhok), Oum-Hadjer périphérique,

Surtout proche des villages, o là où il existe des ouadis (no générique qui désigne les rivières temporaires)

Centre-ville (commune) d'Oum Hadjer

Le système d'activité est plus moins diversifié. Les activités commerciales sont dominante et le minimum de services et d'infrastructures de base y existe. Aussi, on y rencontre l bureaux administratifs du département. La densité de la population est la plus forte da le département.

7 Décret N°415/PR/MAT/02 et N°419/PR/MAT/02 du gouvernement de la république du 17 octobre 2002

8 Décret gouvernemental No. 35/PR/PM/MISDL

9 Maafle : Canton créé en 2009 par décret, mais qui n'a pas encore de terroir d'attache définitif ; pour le moment ses habitants sont épargnés à travers Mesmedjé, Oum-Hadjer centre et Kouka notamment ;

Nb.- la figure (6) ci-dessus n'est qu'un croquis utilisé à défaut d'une représentation géo-référencée.

2.4.- Démographie et caractéristiques socio-culturelles du Batha-Est

2.4.1.- Caractéristiques démographiques

La population totale du Batha-Est en 2009 est de 188 631 habitants. Parmi les trois (03) départements de la région, du point de vue démographique. Le Batha-Est arrive en 2ème position après le Batha-Ouest. Son poids démographique par rapport à la région est de ~ 0,36. Son ratio Femmes : Hommes est de 1,15. Sa superficie administrative est de: 29 800 km2. La densité de la population en 2009 est de 6,33 habitants par km2. Le graphe suivant montre la répartition de la population du Batha-Est à travers ses quatre (04) sous-préfectures.

120000

100000

40000

80000

60000

20000

0

Oum-Hadjer Amsack Assinet Haraze Djombo

108048

Fig. 7: Populations Batha-Est par sous-préfecture (INSEED-RGPH, 2009)

35053 32171

13359

La sous-préfecture d'Oum-Hadjer est celle qui contient le plus grand nombre d'habitants. Et, en dernière position vient celle de Haraze Djombo Kibit. Pour le moment, on ne dispose pas de données sur les statistiques démographiques fiables à l'échelle cantonale. Beaucoup de chiffres (diverses sources locales) existent, mais ils sont plutôt contradictoires et très politiques.

La disponibilité en terre n'est pas en soi un facteur limitant pour cette population. Par contre, la question pourrait-être abordée plutôt en termes de potentialités. L'Etat est le seul propriétaire terrien selon la loi tchadienne. Mis à part au niveau du centre-ville d'Oum-Hadjer, il n'existe pas au niveau des autres zones de titres de propriété privée. Les habitants utilisent plutôt les termes comme: droits d'utilisation, droits de parcours, droits d'accès aux puits, droits d'exploitation, terroir d'attache. Leur système fonctionne selon certaines pratiques traditionnelles ou selon des lois coutumières. Parfois, cette situation génère des conflits.

Ménages dans la région Batha : Selon les données du dernier recensement (INSEED-RGPH, 2009), le nombre de ménages nomades du Batha-Est est plus faible que tous les autres départements. Le graphe suivant illustre le poids démographique des départements de la région :

100%

40%

90%

80%

70%

60%

50%

30%

20%

10%

0%

Nombre Homme/Dép. Nombre

Fig. 8: Poids démographique des trois départements de la région Batha selon le sexe, le nombre de ménage et la mobilité des habitants

109589 112654 42474 37828

56221 59936 23285 21318 1967

87896 100735 37502 36945

Femmes/Dép. Ménages/Dép.

Nombre

Ménages
Sédentaires/Dép.

Ménages
Nomades/Dép.

4646

557

Fitri Batha-Est Batha-Ouest

29

30

Le Batha-Est est le département qui a le plus faible taux de nomades dans la région. La population nomade recensée en 2009 est composée majoritairement d'hommes, les femmes ne représentent que 41, 3% contrairement à la population sédentaire où elles représentent 51,3 %.

2.4.2.- Certaines caractéristiques socio-culturelles du Batha-Est

La langue maternelle est l'arabe tchadien. Toutefois, il existe divers dialectes. Les personnes qui fréquentent les institutions classiques parlent plus ou moins bien français. Les écoles coraniques enseignent le coran. Et comme sa version originale est en arabe, les élèves apprennent l'arabe par la même occasion; mais la finalité première est l'enseignement de la religion.

Les filles se marient en général entre 12 et 20 ans, une des causes principales de la déperdition scolaire; selon certains enseignants. Par ailleurs, la composition ethnique de la population de la région du Batha-Est laisse percevoir plusieurs groupes. Les principaux groupes identifiés ainsi que leurs principales caractéristiques sont présentés en annexe H.

2.4.3.- Certaines caractéristiques socio-économiques des ménages enquêtés

Composition et fonctionnement des ménages : Le ménage constitue l'unité de base des différentes communautés. Chaque ménage est dirigé par un chef qui peut être un homme ou une femme. Au total, 262 (deux cent soixante-deux) ménages ont été enquêtés. La somme cumulée des membres de ces ménages est de 2 151 individus ; ce qui correspond à une moyenne de 8,21 membres par ménage pour tous les groupes d'âge confondus. Le graphe suivant présente la répartition des chefs de ménages selon le genre et par classe d'âge.

100%

40%

90%

80%

70%

60%

50%

30%

20%

10%

0%

20= ans <30 30= ans <40 40= ans <50 50= ans <70 70= ans <95 95= ans <130

2,29

1,91

Fig. 9: Répartition des chefs de ménage selon le genre par classes d'âge en %

0,38

4,20

23,66

32,06

13,36

0,00

0,38

4,58

9,92

7,25

Classes d'âge des ménages enquêtés

% Femmes % Hommes

En effet, 75,57% des ménages sont dirigés par des hommes et 24,43% par des femmes. Environ 32% de femmes chefs de ménage ont été des veuves, et 68% de femmes divorcées.

L'âge des chefs de ménages varie entre 20 et 129 ans. Les femmes n'atteignent pas la classe d'âge de 95 à 129 ans. La fourchette où l'on a rencontré plus de femmes chefs de ménage se situe entre 30 à 50 ans. Et, l'intervalle de 40 à 69 ans est celle où le plus grand pourcentage de chef de ménage a été rencontré, soit : 70,23% des ménages.

Statut matrimonial : Les enquêtes ont rapporté que 14,14% sont des ménages polygames, 3,03% ont représenté des chefs de ménages possédant entre trois (3) et quatre (4) femmes, et les 11,11% représentent ceux qui ont deux (2) femmes. Donc, les ménages monogames ont représenté 85,86%.

Taille des ménages : L'amplitude varie de 2 à 24 membres. La plus grande partie des ménages enquêtés ont entre 5 et 9 membres. Le nombre moyen de personne par ménage est de 8,21 pour un Ecart-type de 2,55. Le graphe suivant résume la situation.

Fig. 10: Répartition des ménages enquêtés selon la taille en %

0,00 10,00 20,00 30,00 40,00 50,00 60,00 70,00 80,00

20=Menbres<25

15=Menbres<20

10=Menbres<15

5=Menbres<10

2=Menbres<5

24,81

0,76

1,15

69,85

3,44

31

Parmi les ménages enquêtés, seuls 7,53% ont des membres qui font pas partie de la famille nucléaire. Le nombre d'étrangers varie de 0 à 3 par ménage. Parmi lesquels, 52% ont été des veuves en situations socio-économiques difficiles, 28% des amis qui ont fait des arrangements de résidence et d'économie collective avec le chef du ménage, 8% des subordonnés du chef de ménage (aides, différent d'un restavèk10 comme dans certaines sociétés comme celle d'HAITI), et 12% des membres de la famille élargie. Il importe de signaler que ces types d'arrangement ont été rencontrés seulement dans les ménages monogames.

Education des chefs de ménages : Environ 69,84% des chefs de ménage sont analphabètes, 24,81% ont fréquenté l'école coranique, seulement 1,53% ont atteint le niveau primaire, 3,40% le niveau secondaire (seulement des hommes) et à peine 0,38% ont a été à l'université (seulement les hommes). Le graphe suivant présente le niveau d'éducation des chefs de ménages.

100%

40%

90%

80%

70%

60%

50%

30%

20%

10%

0%

Analphabetes Ecoles Coraniques Niveau Primaire Niveau Secondaire Niveau Universitaire

47,71

22,14

Fig. 11: Niveau d'Education des chefs de ménage selon le genre

22,90

1,91

0,38

1,15

0,00 0,00

3,44 0,38

% Femmes % Hommes

Il importe de souligner que, ceux qui fréquentent les institutions classiques n'ont pas forcément achevés le cycle de formation.

Situation des enfants dans les ménages : Le nombre total d'enfants recensés dans l'ensemble des 262 ménages est de 1 659. La moyenne du nombre d'enfants par ménage est de 6,33 pour un Ecart-type de 2,27. Le nombre d'enfants par ménage varie de 0 à 19. Parmi les ménages, 0,38% des ménages n'ont pas d'enfants, 18,32% ont entre 1 à 4 enfants, 75,95% ont entre 5 à 9 enfants, 4,58% ont entre 10 à 14 enfants et 0,76% ont entre 15 à 19 enfants.

Parmi les enfants, 86,56% sont en âge d'être scolarisés dans le primaire. Pourtant, seulement 26,10% ont accès au milieu scolaire. La moyenne des enfants scolarisés par ménage est de 1,65, pour un écart-type de

10 Restavèk : Les restaveks (restavèk en créole haïtien, dérivé du français reste avec) sont une des catégories d'enfants vivant dans une famille autre que leur famille biologique. Ce concept a une acception très péjorative dans le contexte haïtien. Il sert à désigner les enfants - mais aussi des adultes - qui sont traités comme domestiques sans aucun respect pour leur dignité. En général, les parents de ces enfants se retrouvent dans l'incapacité de prendre en charge les besoins minimaux de l'enfant. Et, cet enfant en général doit passer toute sa vie dans cette situation. On les appele aussi des Sentaniz en Haïti.

32

2,09. Les chefs de ménage ont avancé les arguments suivants pour justifier les 73,90% des enfants non scolarisés :

1) 20,10% ont déclaré que les enfants doivent accompagner le chef du ménage et/ou son subordonné dans l'élevage des animaux, chercher de l'eau et ramasser des fagots pour les usages domestiques ;

2) 19,80% ont déclaré que certains de leurs enfants doivent les accompagner en ville lors de la période difficile (soudures). Il faut signaler qu'au niveau d'Oum-Hadjer, ces enfants peuvent être laissés comme main d'oeuvre dans les fabriques de briques, laissés dans le lit Batha pour trier du sable destiné à la vente pour les travaux de construction, ou encore laissés avec un (1) ou deux (2) ânes pour la vente d'eau à domicile. Aussi, ils peuvent travailler de concert avec le chef ou un membre du ménage dépendamment de son âge et de l'activité entreprise ;

3) 4,20% ont avancé que les écoles sont trop éloignées par rapport à leurs résidences ;

4) 50,70% ont rapporté qu'ils n'ont pas assez de moyens (nourriture, etc.) pour payer les frais de scolarité et la prise en charge de l'enfant pendant les heures de classe (en dehors du ménage) ;

5) 5,20% n'ont présenté aucun argument ;

Les graphiques suivants montrent la tendance du déficit de scolarisation dans les familles enquêtés :

-10

-15

-20

-25

25

20

15

10

-5

5

0

5 9 13 17 21 25 29 33 37 41 45 49 53 57 61 65 69 73 77 81 85 89 93 97 101 105 109 113 117 121 125 129 133 137 141 145 149 153 157 161 165 169 173 177 181 185 189 193 197 201 205 209 213 217 221 225 229 233 237 241 245 249 253 257 261

Nombre total d'enfants du ménage Nombre d'enfants à l'école Déficit de scolarisation

Fig. 12: Tendance de distribution entre le nombre total d'enfants scolarisés

Incidences du mariage précoce sur la scolarisation : Les filles se marient en général entre 12 et 20 ans. Le Code civil français de 1958, toujours en vigueur au Tchad, dispose dans son article 144, l'âge légal du mariage à 15 ans pour les filles (18 ans pour les garçons). Selon l'article 289 -2 du Code pénal le consentement de la fille au mariage n'est pas requis. Les enseignants, le mariage précoce constitue une des causes principales de la déperdition scolaire. Alors que, les cas de divorces sont assez fréquents dans les familles du Batha-Est.

Les enfants qui sont plus victime de l'inaccessibilité à l'éducation sont par ordre d'importance ceux : des ménages nomades, des broussards et des transhumants. Par ailleurs, les enfants qui vivent en dehors du ménage sont peu nombreux. Ils sont en général fils du chef de canton, de grands commerçants d'Oum-Hadjer, de grands agro-éleveurs. Ces enfants sont généralement envoyés pour des études soit au niveau de la ville d'Oum-Hadjer, de la capitale (N'Djamena), ou de la ville d'Abéché. Selon les données d'entretiens, il existe une forte carence non seulement en termes d'infrastructures, mais aussi en ressources humaines qualifiées et compétentes. La prise de vue suivante montre une école communautaire au niveau du canton Kouka, sous-préfecture Oum-Hadjer.

33

Fig. 13 : L'école communautaire de Kouka, mai 2011

Religion dans le Batha-est : Les résultats montrent une large domination de la religion islamique, soit 98,94% des ménages enquêtés. Le reste est composé de 0,60% de chrétiens évangéliques et de 0,46% de chrétiens catholiques. Tous les chrétiens ont été rencontrés seulement à Oum-Hadjer.

2.5.- Organisation sociale de l'espace

L'organisation sociale dans l'espace : Au niveau du Batha-Est, la distribution des ménages à travers l'espace ne se fait pas au hasard. Elle dépend en général :

1. du groupe ethnique d'origine ;

2. du système d'activités du ménage ;

3. de la situation socio-économique du ménage ;

4. du degré de mobilité du ménage ;

5. du positionnement des points de ravitaillement en eau ;

6. de la délimitation qui a été effectuée par les premiers ancêtres qui occupaient l'espace ;

7. de la confession religieuse du ménage (valable pour la ville d'Oum-Hadjer seulement) ;

Donc, la mobilité ou la stabilité des populations est déterminée par le trinôme « Origine - Ressources disponibles - Système d'activités ». De ce fait, les ménages s'organisent soit à l'intérieur d'une ville, d'un village, d'un Férick et en brousse de façon isolée (pour ceux qui sont les plus marginalisés sur le plan socio-économique). Ainsi, on arrive à faire la caractérisation suivante :

34

Tab. 8 : Principales caractéristiques des groupes socio-économiques des communautés du Batha-Est

 
 

Caractéristiques spécifiques

Fonction de Relations

Unités

 
 
 
 
 
 

Famille Nucléaire

Ferick Association de plusieurs unités domestiques

(toutes construites en modèle Beytarab) qui se réunissent et restent ensemble pendant certaines périodes de l'année. En général, on y retrouve les transhumants et les nomades ;

Village dans le Batha-est

Brousse dans le Batha-Est

un groupe d'habitats à la campagne ou dans la périphérie de la ville assez important pour constituer une unité territoriale administrée par un chef traditionnel. Le chef de village sort en général de la famille qui habite en premier l'espace. Il joue un rôle fondamental dans la défense, le contrôle, la plaidoirie et dans la médiation en cas de conflits intra-villageois. Sa notoriété lui permet également de bénéficier de certains avantages (dons, ...).

Mono/polygame, suivant les réalités peuvent se situer dans l'une des situations suivantes :

Généralement quand on arrive dans les villages (eux aussi situés en brousse), les habitants parlent de Broussards pour caractériser les personnes qu'ils estiment les plus marginalisés sur le plan socio-économique. Les broussards sont les candidats potentiels à l'exorde rural saisonnier vers Oum-Hadjer en période difficile (sècheresse), à la recherche des moyens de subsistance.

Les membres du village sont en grande partie issus d'un ancêtre commun. En général, c'est lors d'un mariage qu'une autre famille (la femme généralement) peut intégrer l'organisation.

L'entraide, la convivialité, le respect des us traditionnels des ancêtres pionniers sont très présents dans la vie des ménages de l'organisation. Les membres d'un même groupe d'entraide ou d'une même OP (groupement) appartiennent en général à un même village.

A la campagne, ils habitent des zones relativement éloignées (3 km et plus) des villages. Ils occupent l'espace de manière isolée (500 mètres et plus entre deux ménages). Ils habitent en général des aires d'élevage inondables, et très peu fréquentées. Ainsi, ils développent de très bonnes relations sociales avec les transhumants et certains nomades. Par contre, ils se positionnent temporairement en grand nombre dans la périphérie de la ville d'Oum-Hadjer.

Base du travail de production, de consommation et de reproduction ;

Groupes d'entraide en vue de l'usage de certaines ressources locales ;

La figure suivante illustre le positionnement des broussards dans l'espace et donne également une idée sur les relations de proximité physique entre les différentes couches socio-économiques du département. La figure suivante illustre le positionnement des broussards dans l'espace.

Fig. 14 : Positionnement des broussards dans l'espace du Batha-Est

Légende :

Cette représentation ne traduit ni le découpage administratif du département en termes de villages, de cantons et de sous-préfecture, ni l'échelle réelle du Batha-Est. Mais, elle est juste un modèle conceptuel pour caractériser certaines réalités observées, avec des inspirations de certaines cartes mentales élaborées dans les focus group par les habitants eux-mêmes.

? Habitats et vulnérabilité socio-économique

Au niveau du Batha-Est, les modèles de construction rencontrés varient selon l'écosystème (urbain ou rural), le mode de vie des ménages (sédentaires, nomades, transhumants), et de la situation socio-économique du ménage. Les prises de vue suivantes présentent les différents modèles de construction en fonction des groupes de mode de vie rencontrés.

Fig. 17 : Kouzi : Résidence des ménages sédentaires
villageois socialement moins considérés que les ménages en

Bongo

Fig. 19 : Beytarab d'un nomade plus ou moins aisé (revêtu de bâche : résistant aux vents et à la pluie)

Fig. 15 : Dangaï : Résidence des ménages sédentaires aisés (surtout en centre-ville)

Fig. 20 : Beytarab d'un ménage sédentaire en brousse, parfois construit lors de l'exorde saisonnier (Broussard)

Fig. 18 : Tchoulie : Résidence des ménages sédentaires
broussards, socialement moins considérés que les
ménages de Kouzi

Fig. 16 : Bongo : Résidence des ménages sédentaires aisés de villages

35

Types de constructions

Beytarab revêtu de tissus usagés (Extrêmement pauvre)

Dangaï revêtu de tole = 3 chambres (Ménage très riche)

Fig. 22 : Echelle de perception des habitants du Batha-Est sur le niveau de bien-être en fonction de la structure de l'habitat des ménages sédentaires (Focus-Group, avril - août 2011)

Dangaï revêtu de terre à une chambre

Dangaï revêtu de terre = 2 chambres

Dangaï revêtu de tôle = 2 chambres

Beytarab revêtu de bache

Tchoulie

Bongo

Kouzi

0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 8,0 9,0 10,0

0,5

2,0

Niveau de bien-être

3,5

4,0

5,0

6,0

7,0

8,0

10,0

36

Les Dangaï sont des constructions caractéristiques de ville, et sont parfois rencontrées dans les villages. Ils appartiennent en général aux ménages sédentaires les plus aisés. Les Bongo appartiennent en général aux ménages les plus aisés des villages (sédentaires). Par contre, les Kouzi appartiennent généralement aux ménages sédentaires les moins aisés que ceux des Bongo. La description des différents modèles d'habitat se trouve en annexe I.

Les Tchoulie et les Beytarab appartiennent aux ménages considérés comme les plus vulnérables, des marginaux parmi les sédentaires. Par contre, quelque soit la situation socio-économique d'un nomade ou d'un transhumant, ils habitent toujours sous des Beytarab (Beyt, en arabe tchadien : maison, Arab : Arabe). Dans ce cas, le niveau de vulnérabilité socio-économique de ces derniers est généralement perçu par les natifs en fonction de l'état physique de la construction. Le graphe suivant présente la tendance de distribution de ces constructions dans l'espace du Batha-Est.

100%

40%

90%

80%

70%

60%

50%

30%

20%

10%

0%

Fig. 21: Répartition des ménages enquêtés selon la structure de l'habitat en %

7,63

25,57

31,68

15,65

19,47

Tchoulie Dangaï Bongo Kouzi Beytarab

Les observations et la compréhension des réalités de terrain amènent à considérer le type de construction comme un indicateur de pauvreté. D'ailleurs, même les natifs utilisent les caractéristiques physiques des habitats pour exprimer le degré de vulnérabilité socio-économique ou de bien-être d'un ménage.

Lors de la réalisation de focus group, sur une échelle de 0 à 10 (0 : Extrême pauvreté, 10 : Riche) les participants ont été encadrés, et ont attribués des scores pour construire un outil permettant de catégoriser les ménages sur la base du modèle et de l'état physique des habitats. Le graphe suivant illustre la synthèse des travaux de groupes.

10,0

4,0

8,0

0,0

6,0

2,0

Fig. 24: Echelle de perception des habitants du Batha-est sur le niveau de bien-être selon la
structure et l'état physique de l'habitat des ménages Nomades & Transhumants du Batha-est
(Focus-Group, avril - août 2011)

Beytarab revêtu de
Bache en
communauté (Très
riches)

Type de construction des ménages

10,0

Beytarab revêtu de
nattes en
communauté

8,0

en situation de mobilité permanente

Beytarab revêtu de nattes - isolé

4,5

Beytarab revêtu de
cartons, tissus usagés
- isolé (Pauvres)

3,0

37

2.6.- Configuration des ménages et la gestion des ressources alimentaires

Dans le Batha-Est, il n'existe pas un modèle unique de configuration des ménages du fait de la variabilité des groupes ethniques, et des réalités culturelles qui évoluent avec les différents types de communautés. La gestion des ressources du foyer dépend surtout :

1. de la situation matrimoniale du chef de ménage,

2. du système d'activités dans lequel son ménage est inséré,

3. de sa capacité à mobiliser des ressources au cas où le ménage se trouve en difficultés.

Dans le cas d'un ménage polygame, deux (2) cas de figure peuvent se présenter :

1. Configuration A : des unités de ménages polygames qui résident dans une même concession,

2. Configuration B : Ménages polygames résidant dans des concessions différentes ;

Configuration A : Unités de ménages polygames qui résident dans une même concession

Dans ce cas, chaque femme à son propre logement dans une même concession. Au centre, on trouve une habitation personnelle pour le chef de ménage. En général, les femmes n'ont pas droit d'accès à ce logement. Les relations sociales entre les femmes et leurs enfants sont en généralement bonnes (selon beaucoup d'habitants). Tous les membres de la concession travaillent ensemble dans les champs de la concession. Après la récolte, le chef stock toute la production dans de grands Dabanga qui se trouvent sous son toit. Et, chaque jour ou chaque semaine, il donne à chacune de ses femmes une quantité de produits pour l'alimentation de son unité. Par contre, chaque femme possède ses Activités Génératrices de Revenus Propres (AGRP) pour répondre à d'autres besoins de son foyer. Dans ce modèle, l'homme est responsable d'apporter surtout les céréales (le mil/sorgho, la viande parfois). Ces cas sont rares, soit environ 10% des ménages polygames enquêtés. La figure suivante illustre la situation.

38

Fig. 25 : Modèle de configuration et de gestion des ménages polygames dans une même concession Légende

AGRP: Activités génératrices de Revenus Propres à chaque femme

Produits de récolte des champs

Redistribution graduelle des denrées aux femmes par le chef des ménages

Système de rotation hebdomadaire du chef de ménage dans les différents habitats de la concession

Revenus dégagés par les activités non agricoles de chacune des femmes (Usage personnel à leur ménage respectif)

Dabanga

Configuration B : Ménages polygames résidant dans des concessions différentes (cas courant)

Ces unités de ménages polygames résident dans de concessions différentes, et relativement éloignées. Chacune de ces femmes a son habitation. Le chef de ménage n'a pas de logement personnel. Il loge tour à tour dans les différentes concessions. Les relations sociales entre les femmes sont parfois tendues. Par ailleurs, chacune des femmes possède en général son propre champ et/ou ses propres activités économiques non agricoles (AGRP). Le chef de ménage cultive de grands champs. A la fin de la récolte, il apporte une partie de la production à chacune de ses femmes, dépendamment du nombre d'enfants et/ou des considérations particulières qu'il a pour chacune d'entre elles. Chaque unité de ménage possède son propre Dabanga. Chaque femme est chargée de gérer les ressources qui lui sont attribuées par le chef, ainsi que de ses propres ressources. Mais, cela ne traduit pas un manque d'autorité de l'homme sur la gestion du foyer. La figure suivante illustre la situation.

Fig. 26 : Modèle de configuration et de gestion des ménages polygames dans des concessions différentes

39

Configuration C : Modèle général de configuration et de gestion des ménages monogames

Les unités en situation de monogamie sont en général de plus grande taille. Car on y trouve non seulement les membres de la famille nucléaire, mais possiblement un (1) ou deux (2) membres de la famille élargie, un subordonné, une veuve et/ou un ami du chef de ménage. En général, le chef est responsable d'apporter les céréales dans le foyer. Aussi, il est chargé de gérer les rentrées économiques de tous les membres du ménage.

Tous les membres du ménage se mettent ensemble pour produire la richesse du ménage, le chef est responsable de la gestion de ces ressources. Parfois, la femme entreprend des activités génératrices de revenus personnels (AGRP), afin de répondre à des soucis de santé, d'éducation et d'habillement du ménage, dépendamment de ses marges de manoeuvre. Dans ce cas, elle doit donner une partie de ses bénéfices au chef pour renforcer les réserves du ménage. Au cas où des besoins seraient exprimés et que le ménage ne peut pas répondre de ses propres moyens, seul le chef du ménage peut engager des emprunts ou effectuer un troc. La figure suivant résume la situation :

Fig. 27 : Modèle de configuration et de gestion des ménages polygames dans des concessions différentes

Dans ce modèle, on a pu constater que les chefs de ménages ont beaucoup plus de responsabilités que dans les cas de polygamie.

2.7.- Description des différents types d'activités économiques du Batha-Est

Les cantons sont très enclavés et très peu développés. Donc, le système d'activités est relativement diversifié mais seulement au niveau de la ville d'Oum-Hadjer. La commune d'Oum-Hadjer reçoit comme migrants temporaires au moins 12,21% des ménages ruraux enquêtés pour six (06) à neuf (09) mois de l'année. Pourtant, les opportunités et les capacités économiques de cette ville ne lui permettent de répondre effectivement à cette demande qui ne fait qu'augmenter d'année en année (selon les habitants). Le tableau suivant présente les opportunités économiques qui y existent, en fonction de la catégorie socio-économique à laquelle appartient un ménage.

40

Tab. 9 : Catégories socio-économiques et opportunités économiques

Sédentaires en brousse (Zones les plus marginalisées de la campagne)

Sédentaires villageois ou en ville

Métiers manuels Tailleurs, couturières /Coiffeurs / Maçons / Charpente & Ebéniste / Petits fabricants de briques / Ferblantiers / Ferronnerie

Commerçants Produits agroalimentaires / Boucherie / Achat et revente de céréales /

Achat et revente d'animaux ;

Nomades Pasteurs Elevage de bovins, camelins, caprins et ovins

Nomades Ouvrier temporaire dans les briques / chasse et cueillette / Fabrication
de nattes artisanales /Ouvrier agricole temporaire

Transhumants Elevage de bovins, camelins, caprins et les ovins & chasse/cueillette

Types d'activités

Broussards

Agropasteurs Production de céréales et parfois d'oléagineux (sésame, arachide),

Elevage de camelins, caprins, bovins, ovins, volailles ;

Employés d'Institutions publiques/privées

Catégories Listing des composantes de systèmes d'activités

Ramassage et vente de fagots - Fabrication de nattes/cordes/... artisanales - Vente d'eau à dos d'âne ou sur pousse-pousse à domicile - Gardiens de Dabanga (grenier utilisé pour stockage du mil et du sorgho)- Travaux à Haute Intensité de Main d'oeuvre dans le milieu urbain - Dokers (travaux de manutention / Porte-faix) - Manoeuvre dans les travaux de maçonnerie - Ouvriers dans les fabriques de briques - Ménagères dans les résidences en milieu urbain - Lavandière - Pileuses de mil/sorgho - Ramassage et transport de terre à texture sableuse et brillante (de la rivière Batha), ouvriers agricoles ;

Fonctionnaires publiques / Employés (CRF, CRT, ACTED, Africare, PEDC) / Enseignants d'école / Commerçants (magasins en milieu urbain) / Fabriquant de briques en milieu urbain

Le calendrier des principaux évènements et activités du Batha-Est se trouve en annexe J.

Le graphe suivant présente la tendance de répartition des ménages enquêtés selon le système d'activités qu'ils entreprennent dans le Batha-Est.

Fig. 28: Importance des systèmes d'activités identifiés en pourcentage (%)

Mendier, chasse (parfois) et cueillete Production de céréales, Elevage et Artisanat Production de céréales, Artisanat, Transporteurs (Moto,... Production de céréales et commerce de produits alimentaires Production de céréales, pileurs de mils, Gardiens ou Ménagères Production de céréales et Agents de fonction publique ou privée Production de céréales et Métiers Manuels (Tailleurs, Maçons, ... Production de céréales et Artisanat Production céréalière et Maraichère Production de céréales, Ouvriers Agricoles et Dockers Production de céréales, Vente de fagots et/ou Eau Production de céréales et Elevage

Elevage, Chasse, cueillete et Sarraï

Production de céréales et de parfois d'oléagineux (Arachide,...

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1,15

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

9,54

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

4,96

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

8,40

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2,67

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1,53

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

4,96

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

19,85

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

3,44

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2,29

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2,29

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

13,74

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

7,63

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

17,56

 
 

0,00 5,00 10,00 15,00 20,00 25,00

41

L'observation du graphique précédent permet d'identifier trois (03) systèmes d'activités dominants, trois (03) systèmes intermédiaires et huit (08) systèmes plus diversifiés (de faibles représentations).

L'artisanat est l'activité la plus présente dans la composition des quatorze (14) systèmes identifiés avec 34,35% après la production de céréales qui arrive en tête avec 91,22% des ménages.

L'émigration (exode rural saisonnier) vers la commune d'Oum-Hadjer représente pour les habitants socialement les plus marginalisés (broussards), le principal moyen de diversification et d'amélioration de leurs revenus, pour faire face aux moments difficiles. Il ne s'agit pas d'une forme d'exode rural définitif comme c'est le cas d'autres pays du sud comme Haïti, mais juste de déplacements en dehors des périodes de cultures pour regagner la campagne dès l'arrivée des premières pluies.

Les activités agricoles (cultures et élevage) sont pratiquées par 98,85% des ménages enquêtés. Par contre, ceux qui pratiquent seulement de l'élevage représente 7,63%, ce sont en général les nomades et les transhumants. Les agropasteurs représentent 23,28% ; ils sont en général des sédentaires villageois et de milieux relativement urbanisés, les maraîchers/céréaliers représentent 3,44%.

Au niveau de tous les cantons, on a rencontré très souvent des mendiants. Ces derniers sont en général des veuves, des mères accompagnées de leurs enfants, et des sexagénaires. Dans le cadre de l'étude, des ménages qui ne vivent que de la mendicité ont été rencontré ; ces derniers représentent 1,15% de l'échantillon.

2.7.1.- Systèmes de production agricoles

Les systèmes de production agricole du Batha-Est présentent les caractéristiques d'une agriculture extensive, avec particulièrement des systèmes de cultures de subsistance. Ils sont composés :

1. D'un système de production céréalière monoculturale (mil pénicilaire et sorghos), pratiqué particulièrement par les populations sédentaires ; avec parfois des animaux de transport comme : asins, équins selon les conditions socio-économiques du ménage en question;

2. D'un système d'élevage à mobilité saisonnière, pratiqué par des transhumants et certains nomades. La stratégie de mobilité est une forme d'adaptation face aux facteurs externes défavorables à la conduite du troupeau. Elle est aussi motivée par la présence de pâturages, d'eau et de milieux environnementaux favorables à l'évolution des animaux (camelins, bovins supportent très mal la boue, certains moustiques et les inondations). La démarche consiste à éloigner les animaux des jardins pendant les saisons de cultures, et de les rabattre sur des pâturages difficilement accessibles durant la période sèche du fait du manque d'eau. Les éleveurs exploitent durant les saisons de pluies les pâturages sahéliens, afin d'esquiver les inondations localisées dans le sud du pays (Salamat notamment). Les troupeaux se composent généralement de bovins, camelins, ovins, caprins, et de volailles ;

3. D'un système combinant la culture céréalière et l'élevage : Avec notamment quelque têtes de bovins, caprins, ovins, asins, volailles, et rarement les camelins - pratiqué par des sédentaires et certains transhumants (parfois) ;

4. D'un système combinant à la fois la production céréalière, le maraichage et parfois quelques têtes de bétail (bovins, équins, asins, caprins, volailles) pratiqué par des sédentaires qui ont accès aux différentes zones agro-écologiques du Batha-Est;

En annexe K se trouve certains graphes qui présentent la tendance de combinaison des différentes espèces dans les troupeaux dans le Batha-Est. Aussi, on y trouve les classes de producteurs pour les différentes espèces rencontrées. Et, pour avoir une idée sur l'environnement des exploitants agricoles, le méso-système productif est illustré en en annexe L.

Dans le Batha-Est, la campagne agricole des principales cultures est tributaire de la saison pluviale. La disponibilité, la gestion de l'eau représentent un enjeu majeur pour le développement des filières agricoles. L'annexe M illustre le calendrier cultural du Batha-Est.

42

Principaux débouchés du secteur agricole

Certains exploitants cultivent le sésame et/ou l'arachide (moins de 6% du SAU). Mais, vu le temps et surtout la quantité de travail que demandent ces cultures, elles sont parfois négligées. Au niveau de certains endroits (proche de Batha), on cultive la patate douce et la pomme de terre en petite quantité.

Les cultures maraîchères constituent pour certains ménages, un débouché intéressant. Mais, les problèmes d'accès aux intrants, outils, équipements et à l'eau constituent un frein à l'extension de ces cultures. Les filières économiques par ordre d'importance sont :

1. Les filières céréalières (mil et sorghos: 1ers produits de base de la consommation),

2. La filière bovine (1er ou principal produit d'exportation),

3. La filière caprine,

4. La filière maraichage,

5. La filière d'arachide,

6. La filière sésame (un des produits d'exportation départementale),

7. La filière cameline,

8. La filière de la natte artisanale (utilisation locale comme lits, et un produit exporté vers le Soudan) ;

9. La filière volaille ;

L'annexe N illustre le flux de matière de la filière bovine, cameline, ovine et caprine du Batha-Est. Et, le flux de matière de la filière maraîchage/fruit se trouve en annexe O.

Par ailleurs, les conditions agro-climatiques du Batha-est et/ou le prix de certains intrants obligent les exploitants à pratiquer une agriculture biologique. Toutefois, dans les zones de production maraichère, les exploitants utilisent parfois certains produits synthétiques (insecticides particulièrement).

Les calculs montrent que l'alimentation quotidienne des ménages de toutes populations du département dépend à plus de 98% de la possibilité d'accéder au moins à un Coro (Cf. Tableau d'équivalence des unités de mesures locales par rapport aux systèmes de mesures standard - SI - en annexe P) de mil/sorgho par jour. Sachant que les exploitants agricoles en général doivent faire face à de fortes contraintes agro-climatiques, quelle est la capacité de réponse du système de production céréalière départementale ?

2.7.2.- Production céréalière et insécurité alimentaire

La production céréalière joue un rôle fondamental dans l'alimentation des populations ; c'est la base des systèmes de cultures. Le mode de mise en valeur des terroirs en céréales est caractéristique d'une agriculture extensive de subsistance. La reconstitution de la fertilité des sols se fait à l'aide de fumures d'animaux. Les pratiques de rotations, de friches et de jachères sont très rares dans les systèmes de production.

Systèmes de cultures : Les principales cultures pratiquées sont le Sorgho et le mil pénicillaire. Il existe le Doura (sorgho rouge, culture pluviale) et le bérébéré (sorgho blanc, culture de décrue pratiquée à proximité de la rivière Batha).

Le mil pénicilaire : En général, une très courte période de pluie suffit pour une bonne production du mi pénicillaire qui s'adapte très bien aux zones sèches. Cette culture est pratiquée surtout dans les zones relativement éloignées de la rivière Batha. Les exploitants réservent les terroirs plus proches de Batha pour pratiquer la culture du bérébéré en particulier.

La figure suivante présente les flux de matières entre les différentes filières de cultures du Batha-Est.

43

Fig. 29 : Flux de matières entre les différentes filières de cultures du Batha-Est

Dans le cadre de l'étude, 91,22% des ménages enquêtés pratiquent la culture céréalière. Ces exploitations se différencient par :

1. la distance par rapport au fleuve Batha (caractéristiques des écosystèmes : granulométrie et structure des sols, humidité du sol, ...),

2. la taille du ménage,

3. le nombre d'actifs,

4. l'accès aux moyens de déplacements et/ou de transports,

5. la superficie exploitée,

6. la possibilité d'exploiter différentes situations agro-écologiques à la fois,

7. l'accès physique et économique à certains intrants (pesticides, semences, ...),

8. l'accès à l'information sur les aides éventuelles (CRF, ONDR-FAO, Africare, Acted) ;

9. l'insertion ou non dans une OP (Groupements de producteurs),

Le graphe suivant présente les différentes classes de SAU (Surface Agricole Utile) exploitées en Makhamas11 par les différents ménages céréaliers du Batha-Est.

Ménages non-agricoles

2,5=Makhamas<3,5

0,5=Makhamas<2,5

7,5=Makhamas<10

15=Makhamas<17

10=Makhamas<15

5=Makhamas<7,5

3,5=Makhamas<5

Fig. 30: Classes de superficie exploitées par les ménages en % exprimées en Makhamas

0,00 5,00 10,00 15,00 20,00 25,00 30,00

1,53

4,96

7,25

11,45

12,98

16,41

8,32

27,1

11 Makhamas : Unité (ligne flexible) de mesure de surface locale. Le Makhamas = 20 codes * 30 codes; avec 1 code = 6 avant-bras (1 avant-Bras ~0,5 m). Ainsi, le Makhamas est estimé à 0,54 hectare;

44

Les graphes suivants présentent la tendance de mise en culture des différents types céréales dans les ménages-céréaliers.

Fig. 31 : Tendance d'adoption des différentes variétés de céréales par les ménages
exploitants en %

Producteurs de Pénicilaire Strict

6,87

3,82

8,78

21,76

14,50

25,57

5,73

12,98

0,00 5,00 10,00 15,00 20,00 25,00 30,00

Producteurs de Béré-Béré Strict Producteurs de Doura Stcict

Producteurs de Doura, Béré-béré & Pénicilaire

Producteurs de Doura & Béré-Béré

? Estimation de la production du Batha-Est

Selon les rapports périodiques du secteur ONDR, le nombre de ménages qui pratiquent l'agriculture dans ce département est passé de 2008 à août 2011 de 32 300 à 38 221 ; ce qui correspond à un taux d'intégration annuel de 3,87% de nouveaux producteurs de céréales dans le système. Dans le contexte incertain (risqué) du Batha-Est, il est extrêmement difficile d'établir les rendements économiques par zone agro-écologiques. Car, il existe trop de paramètres et de variables qui influencent les parcelles à l'échelle spatiotemporelle. Toutefois, il paraît raisonnable et réaliste de présenter les résultats par classes de producteurs sur une base de quantités récoltées. Ainsi, lors des enquêtes, les ménages ont été amenés à réfléchir autour de trois (3) scenarii possibles :

1) Récolte en année difficile ;

2) Récolte en année normale (régulière) ;

3) Récolte en année exceptionnelle (très bonne).

4,58

11,07

25,57

14,89

22,14

8,78

Ménages non-Producteurs

12,98

40=Sac de 100 kg céréales<52

20=Sac de 100 kg céréales<40

10=Sac de 100 kg céréales<15

Fig. 33 : Scénario année exceptionnelle: Classes de production de céréales en % de ménages-céréaliers

0,00 5,00 10,00 15,00 20,00 25,00 30,00

Fig. 32 : Scénario année difficile: Classes de production de céréales en % de ménages-céréaliers (2009: année de référence)

10=Sac de 100 kg céréales<23

6=Sac de 100 kg céréales<10

4=Sac de 100 kg céréales<6

2=Sac de 100 kg céréales<4

1=Sac de 100 kg céréales<2

0=Sac de 100 kg céréales<1

Ménages non producteurs

0,44

3,95

9,65

12,98

16,67

32,89

36,4

0,00 5,00 10,00 15,00 20,00 25,00 30,00 35,00 40,00

L'exercice consistait à faire remonter une réflexion autour des dix (10) dernières années, en considérant une année de référence pour chaque scénario. Les graphiques suivants résument les tendances de récoltes pour les différents cas de figure.

Fig. 34 : Scénario Année Normale : Classes de production de céréales en % de ménages-céréaliers (2009: année de référence)

40=Sac de 100 kg céréales<43

30=Sac de 100 kg céréales<40

20=Sac de 100 kg céréales<30

10=Sac de 100 kg céréales<20

5=Sac de 100 kg céréales<10

1=Sac de 100 kg céréales<5

Non Céréaliers

0,00 5,00 10,00 15,00 20,00 25,00 30,00 35,00 40,00

0,38

0,76

13,74

33,59

30,53

8,02

2,98

45

En considérant la moyenne des quantités de céréales récoltées par les différentes classes de ménages céréaliers pour les trois (3) scénarii, des simulations ont été faites pour établir le bilan céréalier. Et, vu la grande disparité qui existe entre le nombre de membres par ménage, il a été choisi d'effectuer des estimations sur une base individuelle en termes de consommation annuelle. A posteriori (à partir des données d'enquêtes), la consommation moyenne annuelle par personne dans le Batha-Est est de 245,92 kg, très écartée de celle fixée par la FAO qui est de 159 kg pour les pays du CILSS.

? Adéquation entre l'offre départementale et la demande en céréales

A partir du taux de croissance démographique de 2,009 présenté par la CIA (2011) sur le Tchad, la population du Batha-Est serait estimée à 188 707 habitants pour cette année 2011. Alors, le besoin moyen annuel du département est estimé à environ 46 406 825 kg, soit 46 406 T. Tandis qu'à partir des calculs effectués sur les mêmes données qui ont facilité la construction des scenarii précédemment présentés, la production départementale est estimée en moyenne à 9 704 T, 22 356 T et 85 068 T respectivement pour les années, difficile, normale et exceptionnelle. Pour mieux illustrer les réalités, le graphe suivant présente les différents scenarii possibles en termes de degré de sécurité céréalière du département.

Fig. 35: Graphique des trois (3) scénarii possibles dans bilan céréalier interne au
département en Tonne (T)

 
 

85 068

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

46 406

46 406

 

46 406

38 662

 

22 356

 
 
 
 
 

9 705

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Production année Normale

 
 

Production

année exceptionnelle ()

Production année difficile (2009)

(2010)

 
 
 
 
 
 
 

-24 050

 
 
 
 
 
 
 

36 701

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Production Céréalière départementale Besoin moyen annuel Batha-Est Ecarts Céréaliers

100 000 80 000 60 000 40 000 20 000 0 -20 000 -40 000 -60 000

Il ressort d'une simple observation que, sauf en cas de récoltes d'une année exceptionnelle, le Batha-est ne peut être en situation d'autosuffisance en céréales. Par ailleurs, selon les informations recueillies auprès des ménages exploitants lors de la réalisation des focus group, la probabilité d'un tel évènement

46

serait estimée à 0,1, et celles des années normales et difficiles correspondraient respectivement à 0,4 et 0,5.

Dans les conditions actuelles, en année normale, la demande moyenne du département peut être couverte à peine à 48%. En année difficile, le département serait en mesure de répondre seulement à environ 20%.

Les récoltes de 2010 ont été considérées comme normales. Mais, étant donné que la campagne 2009-2010 était mauvaise, une grande partie des récoltes de 2010-2011 a été destinée à des remboursements d'emprunts antérieurs (bons de céréales particulièrement). Le graphe suivant peut donner une idée sur le niveau d'autosuffisance des ménages en céréales après les récoltes de 2010.

Fig. 36: Niveau de couverture des besoins en céréales - Campagne en 2010-2011 par
pourcentage (%) de ménage

 

+ 25

=

Nombre

 

mois

 

couverts

 

< +30

1,15

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

36,00

 
 

+12

=

Nombre

 

mois

 

couverts

 

< +25

1,15

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

18,50

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+9

=

Nombre

 

mois

 

couverts

<+

12 0,00

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

10,50

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+ 6 =

 

Nombre

mois

 

couverts

<

+9 2,29

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

7,50

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+3 =

 

Nombre

mois

 

couverts

<

 
 

4,58

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+6

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

4,50

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

+1 =

 

Nombre

 
 
 
 
 

3,05

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

mois

 

couverts

<

+3

2,00

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

0 =

 

Nombre

mois

 

couverts

<

+1 2,67

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

0,50

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

11,07

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2

 

= Nombre

 

mois

couverts

<

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

-1,006,11

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

3

 

= Nombre

mois

 

couverts

-2,50

 

<-2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

6

=

Nombre

mois

 
 

<

 
 

16,79

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

3

 
 
 
 
 
 
 

couverts

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

= Nombre

 
 
 

-4,5029,39

 
 
 
 
 
 
 
 
 

9

 
 

mois

couverts <

6

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

12

=

Nombre

mois couverts <

-7,5021,76

 
 
 
 
 
 
 
 
 

9

 
 
 

-10,50

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

-20,00 -10,00 0,00 10,00 20,00 30,00 40,00

Pourcentage ménages associés Nombre de mois couvert ou non

Les récoltes de 2010 ont permis à environ 33,97% de ménages de nourrir leurs membres pendant six (6) à huit (8) mois. Et, 51,15% de chef de ménages arrivaient à peine à nourrir leurs foyers pendant les trois (3) premiers mois qui suivent la récolte. Alors, seulement 12,21% des ménages producteurs ont été autosuffisants en céréales parmi lesquels, pas plus que 2,29% pouvaient disposer d'assez de ressources pour subsister jusqu'à décembre 2011. En résumé, au moment de l'enquête, 90,84% des Dabanga ont été constatés vides. Cela s'explique par le fait que même ceux qui avaient récolté une quantité de céréales apparemment suffisante en 2010 ont dû s'acquitter leurs dettes de céréales de 2009 (une année difficile).

? Regroupements de commerçants

Les commerçants développent des stratégies qui jouent non seulement sur la disponibilité et les prix, mais aussi sur la durée de conservation de certains produits (régularité partielle).

En effet, conscients des faiblesses du système alimentaire du département, les grands et moyens commerçants se dirigent vers Am-Timan pour acheter du mil-pénicilaire à bas prix dans les trois (3) à quatre (4) premiers mois qui suivent la récolte. Pendant cette période, les céréales sont disponibles en

47

grande quantité sur Oum-Hadjer, mais le prix d'Am-Timan reste plus favorable aux commerçants en dépit des charges qui y sont liées. Selon les dires des commerçants, Am-Timan reste une grande zone de production céréalière.

Ces cargaison arrivées sur Oum-Hadjer centre sont mises en stock au niveau des grands dépôts privés de la ville attendant la période où l'offre diminue, afin de les vendre à prix plus élevés. Ces commerçants sont au nombre d'une trentaine, environ 60% sont des grands commerçants et 40% des commerçants moyens. En général, ils se mettent en groupe de dix (10) afin d'éviter des taxes trop élevées des contrôleurs publics. Ils effectuent généralement trois (3) voyages sur Am-Timan par année. Les grands commerçants peuvent acheter environ 500 sacs de 100 kg, et les moyens autour de 300 sacs. Sur la base de ces données, a postériori, on estime à environ -3 780 T (estimations pour l'année 2010), l'importation de céréales d'Am-Timan vers le Batha-Est. Rappelons qu'en année difficile, le déficit céréalier du Batha-Est est estimé à 36 701 T, et en année normale, 24 050 T. En conséquence, bien qu'à prix exorbitant, l'apport des commerçants représente environ : 10,30% et 15,72% du déficit à compenser respectivement en année difficile et année normale.

Dans le Batha-Est, il existe quatre (4) principaux facteurs qui influencent le prix des céréales. Ces derniers sont par ordre d'importance :

1. un mauvais rendement au cours de la campagne agricole de l'année précédente dans les principales zones de production du département (Assinet, Dop-Dop, Assartini, Assafik),

2. une aggravation du mauvais état des infrastructures routières en période pluvieuse (niveau d'enclavement surtout par rapport à la ville d'Oum-Hadjer),

3. une augmentation du nombre d'intermédiaires dans la filière à certaine période,

4. un approvisionnement faible (moins de 6 mois) des filières courtes du département ;

Pour argumenter le poids des facteurs susmentionnés, le graphe suivant présente l'évolution du prix du Coro de mil pénicilaire au niveau des neuf (09) marchés publics du département en 2010.

Fig. 37 : Comparaison de la tendance d'évolution du prix du mil pénicillaire en Coro , au
niveau de neuf (9) marchés publics du Batha-Est de 2010 en F CFA (Données collectées à
partir des outils -MARP, auprès des groupements de commerçants)

900

1000

 
 
 
 

800

 
 
 
 
 
 
 

700 600 500 400

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

300

200

100

 
 

0

 
 

Janvier

Fevrier

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Septemb re

Octobre

Novemb re

Décembr

e

Assafick/Mesmédje

350

350

400

400

450

500

500

550

450

300

300

350

Kouka/Adjob

250

300

350

400

400

450

500

600

500

250

250

250

Assinet/Missérié Noire

600

675

675

650

650

675

700

700

650

350

350

300

Oum-Hadjer Centre

500

500

500

500

500

500

500

600

600

600

600

500

Dop-Dop/D.H.O.K

250

250

300

300

350

400

500

600

750

550

500

500

Am-Sack centre

250

300

350

350

400

800

900

900

850

300

300

300

Haraze Djombo Kibit

600

650

650

750

750

750

800

800

850

600

600

400

Koundjar/ Missérié Rouge

300

400

400

500

400

700

750

750

700

300

300

300

Koto-Falata

250

250

250

250

250

350

450

550

600

500

400

400

48

2.7.3.- Système d'élevage et insécurité alimentaire

L'élevage contribue également (grandement) au système d'économie alimentaire des ménages. Mais quand les récoltes sont mauvaises, cela a des retombées très négatives sur les différents systèmes d'élevage. Car, quand une sécheresse ou un accident climatique survient, la disponibilité en aliments pour le bétail devient plus critique. Les raisons suivantes peuvent expliquer cette réalité :

1) La disponibilité fourragère (fraiche et en stock secs) diminue ;

2) Les stratégies d'adaptation des éleveurs deviennent beaucoup plus couteuses ;

3) La disponibilité en eau devient plus critique ;

Tous ces éléments ont aussi des conséquences négatives sur le poids et la santé de l'animal. La sècheresse fait baisser considérablement le prix des animaux, et comme les récoltes ne sont pas bonnes, très peu d'exploitants s'intéressent ou peuvent se trouver en mesure d'augmenter leur cheptel. De 2009 à aujourd'hui, la vente de bétail pour des raisons alimentaires augmente de façon significative. Les graphes qui se trouvent en annexe Q donnent une idée sur la tendance d'évolution des prix en 2010 des animaux (selon la taille, la saison et le sexe) au niveau du marché bétail d'Oum-Hadjer.

L'élevage joue un rôle de complémentaire aux systèmes céréaliers dans la vie des ménages. Mais, sa première fonction reste l'épargne. Aussi, suivant la composition et l'importance du cheptel, les habitants arrivent à identifier les personnes plus aisées. Dans la perception des habitants du Batha-Est, un ménage qui possède au moins une demi-douzaine de camelins est un indicateur de début de richesse. Quand un ménage commence à vendre des bovins et des camelins notamment pour des raisons alimentaires de façon répétée dans l'année, c'est un signal qui alerte une situation d'insécurité alimentaire forte pour les catégories socio-économiques inférieures. Le graphe suivant présente la tendance de ventes des différentes espèces élevées et les raisons qui les occasionnent.

Fig. 38 : Raisons de vente des animaux dans les ménages en % d'animaux vendus (par
rapport à la quantité totale de l'espèce considéré) de octobre 2010 à juillet 2011

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Alimentation des 1er semestre Ménages 2011

Remboursement dettes pour alimentation ménages 2009-2010 Maladie des Animaux

Mariage

Animaux de reformes

 
 
 
 
 
 
 
 
 

12,69

 
 
 

11,14

 

0,

 
 
 
 
 
 
 
 

7,41

 
 
 

7,57

 

2,25

2,25 0,

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1,74

 
 
 

0,87

0,

 
 
 
 
 
 
 
 
 

8,04

 
 

3,96

 

4,14

0,000,1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

9,66

 
 

1,47

0,250,8 0,2

 
 
 
 
 
 
 
 

0

0

0

0

Volailles

Ovins

Camelins

Caprins

Bovins

2.7.4.- Diversification des activités et insécurité alimentaire

La diversification des activités a permis à certains ménages permet de dégager des revenus pour acheter des céréales sur le marché. Le graphique suivant présente la tendance du niveau de couverture des déficits céréaliers à partir d'activités non agricoles au niveau des ménages :

49

Fig. 39 : Niveaux de déficits en céréales compensés à partir des revenus non agricoles en

0,00 5,00 10,00 15,00 20,00 25,00 30,00 35,00

> 100% des déficits céréales couverts

90 à 100% des déficits céréales couverts

80 à 90% des déficits céréales couverts

70 à 80% des déficits céréales couverts

60 à 70% des déficits céréales couverts

50 à 60% des déficits céréales couverts

40 à 50% des déficits céréales couverts

30 à 40% des déficits céréales couverts

20 à 30% des déficits céréales couverts

10 à 20% des déficits céréales couverts

1 à 10% des déficits céréales couverts

19,78

4,40

2,20

2,20

4,40

5,49

4,40

10,99

7,

69

5,49

32,97

% de ménages

Il ressort de l'analyse que, seulement 20% des ménages enquêtés auraient pu subvenir sans grandes difficultés à leurs besoins en alimentation à partir des revenus non agricoles ; en attendant les récoltes de la campagne 2011-2012. Donc, malgré les efforts (énergies, temps) divers déployés par les broussards et les petits commerçants et artisans villageois particulièrement, plus de 50% n'arrivaient pas à dégager les ressources minimales pour couvrir au moins 50% leurs besoins en alimentation.

Frais de nourriture et revenu global des ménages : Dans les exercices de simulation des budgets avec les ménages, les frais de nourriture occupent une part très importante dans le revenu global escompté par année. Le graphe suivant traduit la tendance.

6,38= Frais nourriture < 10% du revenu global

90= Frais nourriture =100% du revenu global

20= Frais nourriture <30% du revenu global

40= Frais nourriture <50% du revenu global

80= Frais nourriture <90% du revenu global

70= Frais nourriture <80% du revenu global

60= Frais nourriture <70% du revenu global

50= Frais nourriture <60% du revenu global

30= Frais nourriture <40% du revenu global

10= Frais nourriture <20% du revenu global

Fig. 40 : Importance des frais de nourritures dans le revenu global des ménages en % de ménages par classe

0,00 5,00 10,00 15,00 20,00 25,00 30,00 35,00

1,15

1,91

2,67

3,82

5,73

10,69

8,40

17,94

18,32

29,39

En effet, pour plus de 65% des ménages enquêtés, les frais de nourriture représentent entre 80 et 100% du revenu global du ménage et, plus de 24% des ménages dépensent entre 40 et 70% de leurs revenus pour seulement des nécessités alimentaires. Alors, plus de 70% des ménages n'ont pas de marge de manoeuvre minimale pour répondre aux autres besoins de base. Le pourcentage de ménages qui dégagent un revenu qui leur permette de prendre en charge la totalité de ses membres est très faible (autour de 4%).

2.8.- Habitudes et comportements alimentaires des ménages

Dans le Batha-est, la question des habitudes alimentaires est dictée particulièrement par les réalités agro-climatiques. Les exploitants évoluent dans un contexte subdésertique, leurs marges de manoeuvre en termes de choix de nourriture est donc très faible. En général, le menu des ménages est dominé toute l'année par les céréales (mil et sorghos).

Les plats qui composent le menu départemental ne sont pas diversifiés. En termes de classe nutritionnel en fonction de l'âge, on ne peut identifier que deux (02) types :

1. Le menu des nourrissons et des enfants de moins de deux (2) ans ; et,

2. Le menu adulte, consommé aussi par des enfants de 6 mois dans certains ménages ;

A) Sevrage et alimentation des nourrissons et des jeunes enfants dans les ménages

L'allaitement maternel va de la naissance jusqu'à 24 mois. La durée varie généralement en fonction du système d'activité du ménage, de sa mobilité et de son niveau de fréquentation des centres de santé.

Dès six (06) mois, certains ménages commencent à alimenter les enfants de certains aliments comme :

1. La bouillie de mil ou de sorgho,

2. Le lait de vache et/ou de chamelle,

3. La boule de mil et/ou de Sorgho ;

Les graphes suivants résument la tendance d'application des pratiques dans les ménages du Batha-est.

20= mois <25

16= mois <20

11= mois <16

6= mois <9

Fig. 41 : Classes d'âges de sevrage des ménages en %

0,00 10,00 20,00 30,00 40,00 50,00 60,00

1,1

3,82

5

45,80

49,24

Fig. 42 : Ménu complémentaire enfants non encore
sevrés en % de ménages pratiquants

Boule et Bouillie de mil/Sorgho

Lait de vache/Chamelle

Boule de mil/Sorgho

Bouillie de mil/Sorgho

0,26

11,81

26,25

61,68

0,00 20,00 40,00 60,00 80,00

50

Signalons que 37,79% des ménages ont sevré leurs enfants à 18 mois. Le graphe suivant présente la tendance de consommation de certains aliments par les enfants non encore sevrés en fonction des différentes catégories de mobilité.

100%

40%

80%

60%

20%

0%

Fig. 43 : Tendance de consommation des aliments complémentaires par les enfants non encore sevrés selon les différents groupes en % de ménages concernés

Broussards Sédentaires Transhumants Nomades

23,13 24,00 29,31 31,91

70,40

59,18 62,07 51,06

5,60

17,01 8,62

17,02

0,68 0,00 0,00 0,00

Boule et Bouillie de mil/Sorgho Lait de vache et/ou de chamelle Boule de mil/Sorgho seulement Bouillie de mil/Sorgho seulement

Pour avoir une croissance, un développement et une santé optimaux, l'OMS (OMS - Genève, 2003) préconise à-ce que le nourrisson doit être exclusivement nourri au sein pendant les six (06) premiers mois de la vie : c'est là une recommandation générale de santé publique. Par la suite, en fonction de l'évolution de ses besoins nutritionnels, le nourrisson doit recevoir des aliments complémentaires sûrs et adéquats du point de vue nutritionnel, tout en continuant d'être allaité jusqu'à l'âge de deux ans ou plus. Cependant, le nourrisson et le jeune enfant sont parmi les plus exposés aux situations d'urgence naturelles ou dues à l'homme. L'interruption de l'allaitement maternel et une alimentation complémentaire inappropriée aggravent le risque de malnutrition, de maladie et de décès. Alors dans le cas du Batha-est, l'idée de diversification de la nourriture des bébés à partir de six (06) mois est normale, cependant le problème réside dans le type d'aliments utilisés (qualité nutritionnelle), et le non respects des principes d'hygiène dans la préparation.

51

B) Menu des adultes

Ce menu est pratiqué immédiatement après le sevrage (entre 6 à 24 mois). La base de l'alimentation des ménages du Batha-Est est le mil pénicillaire (notamment) et le sorgho. Il existe une tendance pour une diversification des repas au niveau de la ville d'Oum-Hadjer. Par contre, elle n'a représenté qu'environ 11% des ménages sédentaires enquêtés dans la commune. Ainsi, selon la situation socio-économique des ménages du Batha-Est, on peut rencontrer trois (3) catégories de menu :

1) Le menu ordinaire ;

2) Le menu occasionnel ;

3) Le menu de luxe ;

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo