Annexe 21
Compte-rendu d'entretien avec Sébastien CAMPOS Acteur
interrogé : Sébastien CAMPOS
Fonction : Responsable du Château
Ephémère
Date et lieu de l'entretien : 29/08/18 ; échange de
mails
Les médiateurs, notamment dans le Vanderlab jouent
plusieurs rôles : « accompagner les artistes dans leurs prototypages
de dispositifs, ou d'objets etc. », « sensibiliser les habitants aux
usages créatifs du numérique », « réduction de
la fracture numérique (accès aux techno) », «
acquisition des compétences artistiques : développer et aiguiser
ses connaissances et des compétences plastiques et visuelles »,
« favoriser l'estime de soi et sa place au sein d'un groupe », «
l'émancipation (DIYourself), « favoriser les liens
intergénérationnels ».
Le Château Ephémère suit une approche de
rendre le citoyen actif dans les démarches de pratiques culturelles pour
plusieurs raisons : « favoriser l'imagination individuelle et collective,
donc des mises en perspectives originales pour faire progresser la
société », « favoriser l'expression libre et des zones
de dialogues, donc l'émergence d'une culture commune », «
partage des savoirs et savoir-faire ».
Le Château Ephémère accueille des artistes
en résidence. Cet engouement peut s'expliquer par le fait que c'est
« un lieu à part », sans réel équivalent en
France ou même à l'étranger. Les thématiques «
numériques, sonores et musicales » y sont pour beaucoup, ainsi que
les outils mis à disposition ou bien encore « le mode de gestion
rare ou unique ». Le fait que les résidents obtiennent une bourse
en fin de résidence, ou bien encore répondre à un appel
à projet font également partie des motivations à venir en
résidence au Château Ephémère.
Chaque tiers-lieu a son propre modèle de fonctionnement
: « équipe, budget, vision, lien ou pas avec le territoire ».
« Chaque lieu à son modèle économique, structurel, sa
part d'autonomie éco-politique, ses propos, ses règlements
intérieurs, ses chartes etc. ». Les tiers-lieux sont souvent
gérés par des associations, qui ont elles aussi leur propre
modèle de fonctionnement : « démocratiques ou bien
fermés, incluant ou pas de politiques dans leurs bureaux / conseil
d'administration ». Souvent ces lieux sont dans des réseaux
professionnels : ACTIF sur IDF, ou sur des réseaux spé
artistique.
Les tiers-lieux ne sont pas des lieux récents : «
les tiers-lieux de l'ère industriels existent depuis le 19ème
siècle avec notamment les phalanstères ... porté par les
industriels eux-mêmes ». « Depuis la fin des années
1990, il y a surement de grosses mutations, notamment avec la
généralisation de l'outil numérique ou encore de
politiques culturelles en faveur des tiers lieux (rapport Lextrait). »
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Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation
culturelle ?
E. PESCHAUD
L'entre soi est une histoire de réseau restreint ou
fermé, parfois de manque de savoir-faire et d'ouverture, bien souvent
accentué par des réalités sociales du territoire
donné... Il y a effectivement un risque si le lieu par ses offres et
pratiques est mono culturel et cloisonné. Son assise dans le temps offre
plus de chance à une mixité de publics. Un lieu comme le
Château Ephémère a un objectif d'ouverture et de
mixité des publics. Mais compte tenu de sa situation et de sa jeunesse,
« nous savons que cela va nous prendre encore pas mal de temps ».
Les structures gestionnaires sont assez grandes pour tout
mettre en oeuvre pour que le projet demeure cohérent. La
collectivité peut néanmoins offrir un regard extérieur
intéressant, mais il peut aussi compromettre la neutralité
politique (au sens politicienne) du projet.
Le Château Ephémère a apporté
« pluri, multi, transdisciplinaire = rencontre entre praticiens,
collaboration entre artiste parfois, échanges de savoirs et de savoirs
faires » aux pratiques culturelles.
Le tiers-lieu culturel permet de contourner l'aspect
sacralisé de la culture. Il est possible de venir au Château
Ephémère pour faire du jardinage et découvrir la danse
contemporaine japonaise dite BUto. On peut également se rendre au Fablab
pour faire une maquette d'avion et découvrir un dispositif sonore
innovant. « Il y a des rencontres surprises et de l'inattendu du coup...
de cette manière cela contribue à la désacralisation, ce
qui est bien ».
« Hybride = multi activités ou bien
pluridisciplinaire ? Bon, pour les 2 ça marche ».
Concernant l'ancrage territorial, le Château
Ephémère donne une métaphore de l'approche de cette notion
: « technique de l'escargot : ancrage local, même fragile et
progressivement consolider autour de soi ». Cependant,
l'établissement avait déjà une ambition internationale et
même une « petite identification à l'étranger »,
bien qu'il ne soit « toujours pas connu du tiers de la population de sa
ville ».
Plusieurs critères sont nécessaires pour que le
tiers-lieu culturel se développe : « résilience et
enthousiasme de l'équipe, « confiance du propriétaire et des
1ers partenaires », « excellente gestion du budget », «
inventivité et ouverture (open attitude) », « créer de
l'actu régulière, du mouvement ».
Intégrer un réseau institutionnel ne contribue
pas à perdre son âme, tant que « l'on garde son
intégrité, notamment sur l'artistique ». A propos des
relations avec les pouvoirs publics, voici la réponse de S. CAMPOS :
« Les liens avec les institutionnels sont incontournables, que ce soit un
propriétaire privé ou pas. Un maire, c'est le Sherif d'une
ville... on a toujours un vis à vis. Pour ne pas dire besoin, je n'aime
pas être dépendant, mais on l'est toujours un peu. Les liens
doivent être solides avec les investigateurs du projet, donc il y a
toujours des enjeux à être en de bon terme avec les pouvoirs
publics...Maintenant de là à manger à tous les
râteliers, à demander l'aumône et à perdre son
identité sous la pression du politique, je sais ce que j'ai choisi !!
».
Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation
culturelle ?
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