Annexe 16
Compte-rendu d'entretien avec Raphaël BESSON Acteur
interrogé : Raphaël BESSON
Fonction : Expert en socio-économie urbaine et
docteur en sciences du territoire (laboratoire PACTE, université de
Grenoble)
Date et lieu de l'entretien : 03/05/18 ; entretien
téléphonique
Le tiers-lieu est un concept très flou, puisque les ZAD
peuvent être considérées comme des tiers-lieux. On peut
également mentionner les friches qui tendent à devenir des tiers-
lieux. Pour autant, un tiers-lieu n'est pas forcément quelque chose
d'alternatif. Les porteurs de projets sont très différents, les
montages aussi. Ainsi, la friche du Centquatre se transforme, pour s'inscrire
dans le quartier par une nouvelle entrée. L'essence d'un tiers-lieu
repose sur la capacité d'un lieu à faire cohabiter
différents écosystèmes, faire se rencontrer des
oppositions. C'est du travail avec de l'horizontalité. Il peut y avoir
également l'intégration de start-ups. Le numérique est un
aspect primordial pour les projets de tiers-lieux puisqu'il « rend
l'utopie réalisable » et participe au côté empirique
des tiers-lieux.
La notion de tiers-lieu n'est pas encore une notion
abordée par les scientifiques et par les universitaires. Les
institutions sont en train de stabiliser cette notion, en accordant par exemple
des subventions en regard de certains critères qu'elles posent.
Chaque tiers lieu possède sa vocation. Toutefois, R.
BESSON procède à une hiérarchisation de celles-ci. La
première vocation est le co-working. Il y a quelques 12 000 de ces
espaces à travers le monde. La 2ème vocation concerne
le Fablab afin de produire de l'innovation en temps réel. La vocation
peut concerner le service public, la transition écologique et d'autres
encore. Par exemple, certains tiers-lieux veulent augmenter leur
création de valeur comme Bouygues innovation. Finalement,
l'aboutissement de ces tiers-lieux est de créer des espaces afin d'agir
sur les transitions.
Les tiers-lieux culturels, quant à eux, sont apparus
plus récemment, « ils sont très nouveaux et émergents
».
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Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation
culturelle ?
E. PESCHAUD
La culture scientifique est transformée par les
tiers-lieux. Les institutions s'appuient sur les tiers-lieux afin de
s'approprier de nouveaux modes de travail. C'est d'ailleurs aux institutions de
s'adapter aux tiers-lieux et non l'inverse. Selon R. BESSON, les institutions
doivent s'appuyer sur des tiers-lieux déjà existants,
créer des porosités, et non créer le leur. En Grande
Bretagne, les universités ont essayé de monter leurs tiers-lieux
mais n'y sont pas parvenues.
La notion de middleground vient de l'économie et du
management de l'innovation. Cela concerne des personnes qui sont capables de
faire se rencontrer l'upperground et l'underground afin de créer de la
valeur. Cette notion a été reprise par les tiers-lieux.
Les tiers-lieux culturels ne possèdent pas
forcément un objectif de démocratisation culturelle, ni
même un unique objectif au moment de leur création. Plutôt
que s'intéresser aux objectifs des tiers-lieux, il vaut peut-être
mieux s'intéresser aux moyens d'actions qu'ils mettent en place. Par
exemple : pour faire venir les publics éloignés, les tiers-lieux
peuvent être une réponse mais pas la seule. Par leurs outils, les
tiers-lieux peuvent faire reculer la ségrégation culturelle, leur
donner simplement cet objectif est voué à l'échec. Il faut
accéder autrement à la culture, par exemple en intégrant
le numérique dans les bibliothèques pour le jeune public.
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