CONCLUSION GÉNÉRALE
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Au terme de ce travail portant sur « le régiment
des tirailleurs sénégalais du Tchad (RTS-T) et la consolidation
de l'empire coloniale français : de sa création à son
déploiement au Kamerun.1910-1918. » il est nécessaire de la
conclure tout en mettant en lumière les résultats auxquelles nous
sommes parvenus.
Comme nous l'avons démontré tout au long de ce
travail, le RTS-T fut une armée mixte constituée de militaires
métropolitains et locaux dont la conjugaison d'efforts a consisté
à consolider le domaine colonial français. Fort de ce constat, il
en ressort plusieurs bilans.
Le premier réside dans le fait que, de par sa
prédominance en Afrique, la France a mis en place de nombreuses
initiatives dont l'une des trames était de doter chacune de ses colonies
d'une armée dans la première moitié du XIXème
siècle afin de protéger ses intérêts. Situé
entre l'Afrique blanche et l'Afrique noire, reliant l'Afrique Occidentale et
l'Afrique Equatoriale, le territoire du Tchad apparaissait comme une aubaine
dans l'échiquier politique Africaine de la France. Cette situation
géographique du Tchad fut doublement stratégique pour la France.
Car, non seulement il permit de recruter et de faire stationner un nombre
important de militaires, mais, il permettait également de jauger et
tenir à distance les puissances rivales qui, comme la France manifestait
des appétits de colonisation. Donc, il apparait que, le contexte de
tension entre puissances rivales a conduit la France à mettre sur pieds
des régiments de tirailleurs sénégalais dès 1857
et, par ellipse le territoire du Tchad fut doter du RTS-T en 1910.
Cette constitution des armées en Afrique ne fut en
réalité que la face immergée de l'iceberg, car,
derrière ceci se cachait une ambition qui, dépassait le cadre des
frontières territoriales tchadiennes. Ainsi, la formation, l'entretient
du RTS-T annonçait déjà les prémisses d'un
déploiement hors du territoire d'autant plus que, Fort-Lamy avait
été érigé en fort et faisait face à la ville
kamerunaise la plus proche Kousseri.
Après la crise marocaine d'Agadir de 1911 qui a
entrainé des modifications politiques entre l'AEF et le Kamerun, il va
s'en suivre une escalade de tensions entre les puissances Alliées et
l'Allemagne ce qui conduit à la Première Guerre mondiale sur ce
protectorat allemand. C'est ainsi que, les colonies sous domination
française vont se retrouver mêler à ce conflits et, les
tirailleurs sénégalais les acteurs principaux des
affrontements.
Parti du front Nord, le RTS-T fut par la suite
déployé sur l'ensemble du protectorat allemand. Et, si
l'Allemagne avait résisté à l'assaut des troupes
alliés sur tous les fronts pendant 18 mois, acculé et mis
à l'épreuve par la puissance de choc des tirailleurs
sénégalais de façon général et ceux du Tchad
particulièrement les troupes allemandes capitulaient à Mora
après
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deux ans de résistance face au RTS-T et de la force
mixte franco-britannique ce qui marquait la fin de la PGM au Kamerun.
Toutefois, la démobilisation du RTS-T fut progressive
sur ce territoire quand bien même les Allemands l'avaient quitté.
En effet, dans le but de parer les mouvements germanophiles qui alimentaient un
probable retour des Allemands au Cameroun, la France avait maintenus sur ce
territoire plusieurs compagnies de tirailleurs parmi lesquelles 3 compagnies du
RTS-T. Cela a occasionné une reconversion de ces hommes levés
pourtant pour faire la guerre.
L'engagement du RTS-T dans la PGM à certes permis
à la France d'étendre son domaine colonial mais, il a
également laissé des traces à la fois politique mais aussi
économique sur le Tchad. En effet, si la crise d'Agadir a
été l'un des mobile de la guerre au Kamerun, la conférence
de Versailles en 1919 a permis au Tchad de recouvrer sa partie qui fut
autrefois englobée par le « bec de canard ». Et, après
la guerre il était aussi question de dynamiser l'économie du
territoire du Tchad afin de parfaire sa colonisation. C'est dans cet
élan que, l'intensification de la culture du coton permis de donner une
nouvelle orientation économique au territoire.
Cependant, l'une des conséquences de la participation
du RTS-T dans le processus de consolidation de l'empire colonial
français à travers sa campagne au Kamerun demeure le devoir de
mémoire. En effet, afin de perpétuer pour les
générations à venir les souvenir du RTS-T et de leur
campagne au Kamerun de nombreuses initiatives peuvent permettre la
patrimonialisation des faits d'armes de cette armée coloniale qui a
joué un rôle décisif dans la protection de l'empire
colonial français.
Nous pouvons dire enfin que, la renommée du Tchad dans
le domaine militaire trouve ses origines dans le courage et la
témérité des groupes ethniques qui forment le Tchad. La
France a juste eu le mérite d'avoir su tirer profit de ces populations
fragiles et désorganisées.
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SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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I- SOURCES PRIMAIRES
A-ARCHIVES
1-Archives Nationales du Tchad
ANT, Annuaire Du Gouvernement Générale De L'AEF,
Arrêté Du 15 Décembre 1912, ANT, Annuaire Du Gouvernement
Générale De L'AEF, Arrêté Du 15 Décembre
1912, ANT, Arrêté Du 27 Décembre1911, La Quinzaine
Coloniale Du 25 Février 1912. Carnet De Note De Toqué, La
Description Du Voyage De Bangui A Fort Lamy.
ANT, Arrêté Du Gouverneur Des Colonies Martial
Merlin, Article Premier. Le Recrutement Des Indigènes Au Tchad, En
Oubangui-Chari, Au Moyen-Congo Et Au Gabon ANT, Annuaire De l'Afrique
Equatoriale Française, Annexe A L'arrêté Du 25
Février
1917.
ANT, Annuaire Du Gouvernement Générale de L'AEF,
Arrêté Du 30 Aout 1914. ANT, Annuaire Du Tchad 1910.
ANT, Annuaire Du Tchad 1990-1917.
ANT, Décret Du 15 Décembre 1910, Sur Le Recrutement
Des Indigènes Aux Colonies
2-Archives du CEFOD
Archives du CEFOD, 1912, Annuaire du Gouvernement
Générale de l'AEF, décret relatif aux recrutements des
indigènes au Gabon, Moyen- Congo, Oubangui-Chari, Tchad. Paris,
Emile Larousse.
Archives du Cefod, 1914, Fond Tchad, Tch, 963 32, Circulaire
interministérielle sur les engagements et rengagements des
indigènes coloniaux résidant en Afrique Equatoriale
Française.
Archives du CEFOD, 1914, Fond Tchad, Tch, 963 42, Circulaire
interministérielle sur les engagements et rengagements des
indigènes coloniaux résidant en Afrique Equatoriale
Française.
CEFOD, Fond Tchad, TCH 367 32, Synthèse de
données du carnet de note du Général Victor Emmanuel
Largeau.
Fond Dalmais, CEFOD, Annuaire du Tchad. 1910-1917.
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3-Archives du Service Historique de
Défense
SHD GR 8D55-392, Rapport du lieutenant-colonel Quinque,
commandant le 18e RTS, sur l'organisation du régiment, le 2 août
1920.
SHD, Correspondance du Ministre de la guerre au Ministre des
colonies et des Affaires Etrangères, Arrêté du
Président Armand Fallières relatif à la création du
corps du régiment des tirailleurs sénégalais dans les
colonies du Tchad, d'Oubangui-Chari, du Moyen-Congo et du Gabon Cote, GR
6H129-170. Tchad.
SHD, GR 8D18, Rapport général annuel sur les
questions intéressant l'instruction des tirailleurs
sénégalais dans les colonies, Paris, le 15 novembre 1922.
SHD/GR 8D55-392, Rapport du lieutenant-colonel Ferrandi,
commandant le 6e RTS-T, sur l'organisation du régiment, le 2 août
1920.
SHD, GR 8D75-732, Lettre du général Monhoven au
Ministre de la Guerre, au sujet de l'enseignement élémentaire du
français aux militaires indigènes coloniaux, Paris, le 13 janvier
1926.
SHD, Renseignement et compte rendu de la
situation politique et militaire du territoire militaire du Tchad. GR
6H137.
SHD, GR 8D75-738 Carnet de note du Colonel Moll, note pour les
militaires européens se rendant au Tchad.
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