WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Intelligence artificielle et mise en oeuvre des principes de privacy by design et privacy by default


par Julie Morin Richard
Ulco - Master 2 Droit des affaires 2020
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 2 : La confrontation des principes directeurs du RGPD à la technologie de l'IA

Les algorithmes du big data permettent de traiter une immense quantité de données qui échappe à l'expertise humaine. Ce fonctionnement est aux antipodes de la réglementation du RGPD159 fondée sur des principes directeurs (§1, §2). Ces algorithmes remettent également en question la validité du consentement des personnes concernées, qui ne sont pas capables de mesurer l'ensemble des risques induits liés à leur utilisation (§3).

155 C. Villani, « Donner un sens à l'intélligence artificielle », mars 2018, p.148

156 F. Godement «Données personnelles, comment gagner la bataille ?» Institut Montaigne, décembre 2019, P. 41

157 A. Bensamoun, G. Loiseau « L'intégration de l'intelligence artificielle dans certains droits spéciaux », Dalloz IP/IT, 2017, p. 295

158 B. Nguyen, « Survey sur les techniques d'anonymisation : Théorie et Pratique », Journée CERNA sur l'Anonymisation, p.50

159 P. Pucheral, A. Rallet, F. Rochelandet, Célia Zolynski, op. cit., p. 89-99

- 27 -

L'application des principes de protection des données à caractère personnel à l'intelligence artificielle §1. Le Big data face au principe de minimisation

Les principes du RGPD se placent en contradiction avec l'essence même de l'intelligence artificielle. Pour fonctionner, cette technologie nécessite de traiter des données massives, caractérisées par les « 5 V : volume, variété, vélocité, véracité, valeur »160. L'intelligence artificielle nécessite une grande consommation de données, conservées pour une longue durée. Ce besoin va donc à l'encontre des principes de minimisation et de durée de conservation du RGPD.

Par ailleurs, le principe de minimisation est par nature antagoniste à l'objectif du big data qui nécessite une grande quantité de données pour fonctionner. Ainsi, l'efficacité du big data est inversement proportionnelle au minimum requis nécessaire pour garantir le principe de minimisation161.

§2. L'Intelligence artificielle face au principe de finalité

A. Bensamoun et G. Loiseau soulignent162 l'aspect irréalisable de cet objectif de garantir par défaut un traitement strictement nécessaire à une finalité. C'est justement l'accumulation, l'étendue et la durée qui rendent cette technologie efficiente. Le logiciel d'intelligence artificielle traite des masses unitaires et dynamiques et non des unités statistiques comme c'est le cas traditionnellement. La quantité de données est alors préférée à leur qualité. La finalité est alors définie non pas au stade de la collecte mais au stade de l'exploitation.

§3. Le paradoxe de la vie privée face au principe de consentement

La notion de « privacy Paradoxe » est née en 2001 dans une étude de B. Brown, qui met en évidence163 un paradoxe entre les utilisateurs qui utilisent des cartes de fidélité dans les supermarchés tout en se plaignant de l'atteinte à leur vie privée. Le paradoxe de la vie privée, qui peut se définir comme l'incohérence entre les préoccupations relatives à la vie privée et notre comportement en ligne, est d'autant plus d'actualité à l'heure d'internet. K. Burkhardt préfère employer le terme de « dilemme de la vie privée »164. L'usage d'internet a modifié en profondeur la notion de vie privée qui s'incarne désormais à la fois en ligne et hors ligne. Il est donc préférable de parler de « privacy dilemma », dans la mesure où les utilisateurs doivent désormais choisir entre utiliser un service ou partager leurs données. K. Burkhardt souligne

160 A. Bensamoun, G. Loiseau, l'intégration de l'intelligence artificielle dans certains droits spéciaux, op. cit.

161 P. Pucheral, A. Rallet, F. Rochelandet, Célia Zolynski, op. cit., p. 10

162 A. Bensamoun, G. Loiseau, l'intégration de l'intelligence artificielle dans certains droits spéciaux, op. cit.

163 B. Brown, «Studying the Internet Experience», Publishing Systems and Solutions Laboratory HP Laboratories Bristol, HPL-2001-49, 26 mars 2001, p.1

164 K. Burkhardt «The privacy paradox is a privacy dilemma», Internet citizen, 24 août 2018

- 28 -

L'application des principes de protection des données à caractère personnel à l'intelligence artificielle

également la difficulté à chiffrer la valeur de la donnée, ce qui complexifie la prise de décision dans ce dilemme. Aux États-Unis, certains utilisateurs croient néanmoins naïvement que les données de leur historique valent l'équivalent d'un Big Mac165. La question de la patrimonialisation des données est fallacieuse en Europe. La protection des personnes concernées et de leurs droits y est préférée et consacrée quel que soit la valeur de leur donnée à caractère personnel.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci