B- Les sanctions pénales.
L'application des textes suppose aussi l'application des
peines prévue par la loi contre les auteurs du crime. En effet, la
sanction pénale est la rétribution donnée au
prévenu ou l'accusée en retour de l'infraction commise par lui.
Elle est la conséquence de sa culpabilité judiciairement
reconnue.
89 Créée par la loi n°026-2006/AN du 28
novembre 2006 relative à la Lutte contre le blanchiment des capitaux, a
renforcé au fil du temps son opérationnalisation.
L'élargissement du champ de compétence de la CENTIF à
l'infraction de financement est effectif depuis la promulgation de la loi
N°061-2009/An du17/12/2009 relative à la lutte contre le
financement du terrorisme.
90 TARBAGDO Gérard, La criminalité
transnationale en Afrique de l'Ouest, article, Op.cit. p.12.
91 Art. 76 du CPP.
92 Il est chargé de prendre des
décisions à l'occasion des incidents contentieux qui peuvent se
produire au cours de la phase de l'instruction préparatoire, de
même qu'il est appelé à juger s'il existe ou non contre
l'inculpé des charges suffisantes pour justifier sa comparution devant
une juridiction de jugement. Il constitue ainsi la juridiction de premier
degré, celle du second degré étant la Chambre
d'Accusation. Cf. R. Jean OUEDRAOGO, cours de procédure
pénale deuxième (2ème) année droit,
UCAO/UUB Année académique 2013-2014.
93 Art. 78 du CPP. Le juge d'instruction instruit à charge
et à décharge.
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En matière de lutte contre le terrorisme, le
législateur burkinabè a prévu des sanctions pénales
s'appliquant à deux types de personnes, notamment les personnes
physiques et les personnes morales.
- sanction sur les personnes physiques, le législateur
a établi une loi94 qui prévoit les sanctions encourues
par les personnes physiques coupables d'actes terroristes ou même qui ont
contribué à la commission de tout acte terroriste quelconque. En
effet, elle prévoit des sanctions selon l'acte terroriste commis, qu'il
s'agisse de l'infraction contre l'aviation civile, les navires et
plates-formes, les moyens de transport collectif, les personnes jouissant d'une
protection internationale y compris les agents diplomatiques, la prise d'otage,
l'attentat à l'explosif, en matière nucléaire,
l'association de malfaiteurs. Toutes ces infractions sont punies d'un
emprisonnement de dix (10) à vingt (20) ans et si la mort en est
résultée, la peine est l'emprisonnement à vie.
- sanction sur les personnes : les personnes morales sont des
groupements de personnes et de biens auxquels est conférée une
personnalité juridique distincte de celle des membres en vue de la
défense d'intérêts collectifs. Il s'agit par exemple d'une
société, d'une association etc.
La responsabilité des personnes morales coupable d'acte
terroristes est sanctionnée par la loi no 061/AN du 17 décembre
2009 relative à la lutte contre le financement du terrorisme
prévoit que lorsque les personnes morale autres que l'Etat, pour le
compte ou au bénéfice desquelles une infraction de financement du
terrorisme ou l'une des infractions prévues par la présente loi a
été commise par l'un de leurs organes ou représentants,
sont punies d'une amende d'un taux au quintuple de celles encourues par les
personnes physiques, sans préjudice de la condamnation de ces derniers
comme auteurs ou complices des mêmes faits. Par contre, il existe des
causes d'exemption95 et des causes d'atténuation96
des sanctions pénales aux auteurs de financement du terrorisme.
94 Loi no 060-2009/AN portant
répression d'acte de terrorisme au Burkina Faso.
95 Art. 39 de la loi no061/AN du 17 décembre
2009 relative a la lutte contre le financement du terrorisme dispose que :
« toute personne coupable, d'une part, de participation à une
association ou à une entente, en vue de commettre l'une des infractions
prévues aux articles 4, 5, 35, et 36 de la présente loi et,
d'autre part, d'aide, d'incitation ou de conseil a une personne physique ou
morale en vue de les exécuter ou d'en faciliter l'exécution, est
exempté de sanctions pénales si, ayant
révélé l'existence de cette entente, d'identifier les
autres personnes en cause et, d'autre part, d'éviter la
réalisation de l'infraction ».
96 Art. 40 ibidem : « les peines encourues par toute
personne, auteur ou complice de l'une des infractions
énumérée aux articles 4, 5, 35, 36 ci-dessus qui, avant
toute poursuite, permet ou facilite
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En effet, lorsque la peine encourue par l'auteur d'un acte
terroriste est la réclusion criminelle à
perpétuité, celle-ci est ramenée à vingt (20) ans.
En outre, ladite personne est exemptée de l'amende et, le cas
échéant, des mesures accessoires complémentaires
facultatives.
Dans tous les cas de condamnation pour infraction de
financement du terrorisme ou de tentative, les tribunaux ordonnent la
confiscation au profit du Trésor Public, des fonds et autres ressources
financières liées à l'infraction, ainsi que de tout bien
mobilier ou immobilier destiné ou ayant servi à la commission de
ladite infraction.
Outre ces sanctions définies par la loi
no060-2009/AN portant répression d'acte de terrorisme, le
code pénal de 1996, fait mention notamment des sanctions97
contre les infractions commises contre l'aviation civile, les navires et tout
autre moyen de transport collectif. A cet effet, la peine d'emprisonnement est
de cinq (5) à dix (10) ans98. Le financement du terrorisme
est tout aussi puni que l'acte terroriste. Pour qu'il y ait un acte de
terrorisme, les auteurs sont encouragés par d'autres personnes soit par
le financement soit par la fourniture d'armes permettant la commission de ces
actes.
SECTION II : LA VIOLATION DES DROITS DE L'HOMME
DANS LA PROCEDURE DE REPRESSION DU TERRORISME AU BURKINA FASO
Après avoir déterminé les règles
de procédures spécifiques en matière de lutte contre le
terrorisme, il convient d'en déterminer la violation des droits de
l'homme dans la procédure de répression du terrorisme au Burkina
Faso. Ainsi, l'importance est de voir le terrorisme et les droits de l'homme
(Paragraphe I), afin d'établir une stratégie de
lutte contre le terrorisme dans le respect des droits de l'homme
(Paragraphe II).
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