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MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE
CENTRE NATIONAL DE FORMATION PEDAGOGIQUE DES CADRES
DE LA SANTE
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION MENANT AU DIPLOME
DE PROFESSEUR DE L'ENSEIGNEMENT PARAMEDICAL
ETUDE DE L'ANXIETE PREOPERATOIRE ET DU COMPORTEMENT
POSTOPERATOIRE DE L'ENFANT TUNISIEN
Mots clés :
Anxiété préopératoire,
trouble du comportement postopératoire, anesthésie,
enfant.
Préparé et soutenu par Dirigé par le
Professeur Agrégé
TRIKI MONIA KAABACHI OLFA
Année 2005 - 2006
2
3
Dédicace
A
Ma chère mère et mon cher père
Mes chères filles Manel et Jihen
Mon encadreur Madame le Professeur
agrégé
Olfa Kaabachi
Le Centre National de Formation Pédagogique
des
Cadres de la Santé
Les membres du jury
Mes professeurs
L'équipe médicale et paramédicale du
service d'Anesthésie Réanimation de l'Institut
Xassab d'Orthopédie
Mes ami(e) s
4
Introduction 4
Problématique et but de l'étude 5
Partie théorique
I Historique de l'anxiété
préopératoire et du
comportement postopératoire . 7
II Définition de l'anxiété 8
II.1 Différentes modalités d'expression de
l'anxiété . 8
II.2 Prévalence de l'anxiété 9
II.3 Les échelles d'anxiété 9
II.3.1 Les échelles de mesure chez l'enfant . 9
II.3.2 Les échelles de mesure chez les parents 12
II.4 L'échelle du tempérament . 12
II.5 Les facteurs de risque de l'anxiété
préopératoire 12
III Troubles du comportement postopératoire 13
III.1 Prévalence 13
III.2 Type de trouble du comportement . 15
III.3 Les échelles du comportement
postopératoire 16
III.3.1 Les échelles au réveil 16
III.3.2 L'échelle postopératoire : le PHBQ
16
III.3.1 L'actigraphie 17
III.4 Les facteurs de risque des troubles du
comportement postopératoire 18
IV La prévention de l'anxiété
préopératoire et
Des troubles du comportement postopératoire 19
IV.1 Interventions comportementales 19
IV.1.1 La présence parentale 19
IV.1.2 La préparation à un programme
éducationnel 20
IV.1.3 Autres moyens 20
IV.2 Interventions pharmacologiques 21
Partie pratique
I Matériels et méthodes 23
I.1 Type et lieu de l'étude 23
I.2 Population étudiée . 23
I.3 Les échelles et les scores utilisés . 23
I.4 Protocole de l'étude . 25
I.4.1 Phase I 25
I.4.2 Phase II . 25
5
I.4.3 Phase III 26
I.5 Analyse statistique 27
II Résultat 27
II.1 Phase I 27
II.1.1 Données démographiques 27
II.1.2 Données familiales 29
II.1.3 Réponse au questionnaire 29
II.2 Phase II 30
II.2.1 Prévalence de l'anxiété 30
II.2.2 Facteurs de risque de l'anxiété
préopératoire 33
II.3 Phase III 34
II.3.1 Prévalence des troubles du comportement
Postopératoire . 34
II.3.2 Facteurs de risque des changements
comportementaux postopératoire 43
III Discussion 45
IV Conclusion et recommandations 53
Références . 56
Annexes . 61
6
ASA = American Society of anesthesiologist,
c'est la classification de l'état clinique du patient selon l'American
Society of anesthesiologist, (annexe I)
Check-list = Mot anglais de « to check
» = vérifier. D'après le petit robert, liste
d'opérations successives destinées à vérifier sans
omission le bon fonctionnement de tous les équipements vitaux.
Délire au réveil =présence
d'hallucinations, illusion et confusion, gémissement, agitation,
activité physique involontaire, se battre au lit
Détresse au réveil (Emergence
distress) = caractérisé par agitation, combativité, pleur
et désorientation
EASI = emotionality (E), activity (A),
sociability (S) et impulsivity (I) = c'est l'échelle du
tempérament en 4 catégories : l'émotivité,
l'activité, la sociabilité et l'impulsivité
ICC =« the Induction Compliance
Checkliste» = le check-liste de coopération au moment de
l'induction.
mYPAS « modified Yale Preoperative
Anxiety Scale» = l'échelle de l'anxiété
préopératoire de Yale modifié
PHBQ = The Post Hospitalization Behavior Questionnaire =
le questionnaire comportemental après hospitalisation
PPIA = présence parentale à l'induction
anesthésique
STAI « The State Trait Anxiety Inventory
»= l'inventaire de l'anxiété de base et situationnel
STAIC « The State Trait Anxiety Inventory
of Children »= l'inventaire de l'anxiété de base et
situationnel chez l'enfant VAS « visual analogique Scale
» = échelle visuelle analogique (EVA)
Les situations stressantes telles que la chirurgie,
l'anesthésie, l'hospitalisation et la douleur sont responsables d'une
anxiété survenant au moment de l'événement
chirurgical mais également plus tard en postopératoire.
Chez l'enfant, l'immaturité psychologique, l'absence
d'expression orale et la non verbalisation sont remplacées par des
réactions d'anxiété. Celles-ci peuvent se manifester au
niveau comportemental, cognitif, affectif ou physiologique.
Il y a prés de 50 ans, Eckenhoff a reconnu en 1958 (1),
un lien entre l'induction anesthésique insatisfaisante et des troubles
du comportement en postopératoire dans une étude
rétrospective de plus de 600 enfants.
Pour être validées, les études de
l'anxiété, du tempérament et du comportement doivent
utiliser des outils de mesure valides et fiables. Il a fallu plusieurs
décades pour la construction de ces échelles. C'est pour cette
raison que le sujet n'a été publié dans des revues
d'anesthésiologie que dans la dernière décade.
La prévalence de l'anxiété
préopératoire chez l'enfant est de 50 à 70% (2).
L'induction anesthésique constitue la situation la plus effrayante
après la séparation parentale.
Il est important d'en connaître les facteurs de risque
afin de mettre en place une stratégie préopératoire dont
l'objectif est de minimiser les résultats négatifs.
Plusieurs facteurs ont été identifiés
comme cause d'anxiété préopératoire. Il s'agit
principalement des enfants jeunes, émotionnels, impulsifs, leurs parents
sont anxieux dans la salle d'attente ou ayant eu des mauvaises
expériences antérieures d'hospitalisation ou de chirurgie.
Un enfant inquiet a 3,5 fois plus de risque de
présenter un comportement postopératoire négatif
comparé avec un enfant moins inquiet (1).
Les enfants moins anxieux en préopératoire se
rétablissent plus rapidement et posent moins de problèmes
émotionnels et comportementaux dans la période de convalescence.
La prévalence des troubles du comportement postopératoire est de
40 à 60% (3) chez les enfants anxieux. Ils ont plus de risque d'avoir
des conséquences négatives comme la détresse
émotionnelle, trouble du comportement alimentaire, peur et des troubles
du sommeil. Ces problèmes ont des conséquences médicales
telles que la douleur persistante, la fragilité aux infections, la
désobéissance et la non coopération avec l'équipe
médicale (3).
Les comportements postopératoires négatifs
peuvent être réduits avec la réduction de
l'anxiété préopératoire. Plusieurs auteurs
suggèrent l'identification des enfants à risque pour agir selon
les caractéristiques individuelles de chacun. Les
interventions utilisées peuvent être
psychologiques, comportementales ou pharmacologiques (3). On peut citer
à titre d'exemples la préparation a un programme
éducationnel de l'enfant et des parents, la présence parentale
à l'induction et au réveil, l'utilisation de moyens de
distraction telle que la musique, les jeux vidéo, le dessin et la
prémédication sédative
Problématique et but de l'étude
:
L'anxiété préopératoire, le
comportement postopératoire de l'enfant et l'anxiété
parentale sont devenus des questions d'actualité de grande importance,
et ceci malgré les interventions préopératoires
préventives.
Ce thème n'a pas été suffisamment
étudié dans nos hôpitaux. A ce titre nous n'avons pas de
chiffre dans un contexte social autre qu'occidental ou asiatique.
Le but de notre étude est d'évaluer l'ampleur de
ces phénomènes afin de mettre en place des stratégies de
prise en charge de l'anxiété préopératoire et
l'amélioration de la qualité des soins postopératoires. Ce
travail a ciblé les enfants pris en charge à l'Institut Kassab
d'Orthopédie.
? Hypothèses
Afin d'entamer ce travail, nous avons supposé les
hypothèses suivantes :
1. L'anesthésie et la chirurgie sont pourvoyeuses
d'une anxiété importante chez l'enfant.
2. Les principaux facteurs de risque de
l'anxiété préopératoire et des troubles du
comportement postopératoire sont l'âge de l'enfant,
l'anxiété parentale et la non préparation
psychologique.
3. Des troubles du comportement sont observés en
postopératoire.
? Objectifs de l'étude
1) Evaluer la fréquence de l'anxiété
préopératoire chez l'enfant et son retentissement sur son
comportement postopératoire.
2) Evaluer l'anxiété des parents et son
influence sur l'état de l'enfant.
3) Identifier les facteurs de risque de
l'anxiété préopératoire et des troubles du
comportement postopératoire.
4) Confronter notre observation avec la revue de la
littérature
I. Historique de l'anxiété
préopératoire et des troubles du comportement
postopératoire
Il y a prés de 50 ans, Eckenhoff a reconnu en 1958 (1),
un lien entre l'induction anesthésique insatisfaisante et des troubles
du comportement en postopératoire dans une étude
rétrospective de plus de 600 enfants. Cette
découverte a mené à une reconnaissance de l'importance de
la prise en considération de l'anxiété de l'enfant dans la
période préopératoire.
Dans les années 1960 et 1970, les questions de
présence parentale et la préparation de l'enfant pour la
chirurgie ont été examinées dans plusieurs travaux, mais
les résultats étaient difficilement interprétables par
manque de mesure valide et fiable de l'anxiété de l'enfant. Les
premières échelles d'anxiété chez l'enfant ont
été développées par Venham et al. (1) en 1970 pour
les enfants ayant un traitement dentaire ; celles-ci ont été
utilisées plus tard dans la mesure de l'anxiété à
l'induction anesthésique.
Les études mentionnées ci-dessus ont
été publiées principalement dans des journaux de
pédiatrie, de psychologie et de chirurgie dentaire. C'est seulement dans
la dernière décade que le travail dans ce champ est paru dans la
littérature d'anesthésie de façon intéressante.
Cela a coïncidé avec le développement des échelles de
l'anxiété spécifiquement à l'induction
anesthésique (4,5).
II. Définition de l'anxiété
L'anxiété préopératoire est
caractérisée par une sensation subjective de tension,
appréhension, nervosité et angoisse (6). Bien que plusieurs
chercheurs aient suggéré qu'une anxiété
préopératoire légère ou modérée soit
associée à une amélioration comportementale et à un
meilleur rétablissement postopératoire chez l'adulte, la plupart
d'entre eux assurèrent qu'un score d'anxiété
élevé en préopératoire est associé à
des résultats psychologiques et physiologiques défavorables.
Chez l'enfant l'anxiété
préopératoire est associée en postopératoire
à de nombreux comportements négatifs incluant cauchemars,
troubles du comportement alimentaire et méfiance vis-à-vis du
corps soignant. L'anxiété préopératoire chez
l'adulte est corrélée à une augmentation de la douleur
postopératoire, des besoins en antalgique et une prolongation du
séjour à l'hôpital (4).
II.1. Différentes modalités d'expression
de l'anxiété
Les réactions d'anxiété se manifestent le
plus souvent selon
différentes modalités. C'est ainsi que :
? Au niveau comportemental, l'anxiété peut
s'observer
par des comportements d'évitement, de fuite, ou par
des compulsions ;
? Au niveau cognitif, elle se manifeste par des
ruminations, des interprétations erronées ou des
obsessions ;
? Au niveau affectif, elle engendre des sentiments de
peur, d'angoisse, de panique ou de détresse ;
? Et au niveau physiologique, elle entraîne diverses
réactions somatiques (changement du rythme
respiratoire ou du rythme cardiaque, sueurs froides, crampes
d'estomac) (7).
II.2. Prévalence de l'anxiété
La prévalence de l'anxiété
préopératoire chez l'enfant est de 50 à 70% (3).
L'induction anesthésique constitue la situation la plus effrayante
(4,8). En effet, 50-65% des enfants ayant subi une chirurgie développent
une peur intense en salle d'attente et à l'induction d'anesthésie
(9,10).
II.3. Les échelles d'anxiété
Pour être validées, les études de
l'anxiété chez l'enfant, du tempérament et du comportement
doivent utiliser des outils de mesure valides et fiables. La validité
est le degré de précision avec lequel un instrument mesure
l'objet. Un instrument de mesure est valide lorsqu'il mesure l'objectif ou les
objectifs visés. Il est également valide lorsqu'il reflète
le vrai score de la mesure.
II.3.1. Les échelles de mesure chez l'enfant
La mesure exacte de l'anxiété chez l'enfant est
essentielle pour évaluer l'importance du problème et pour
évaluer les interventions.
II.3.1.1. Les échelles d'observation
L'anxiété préopératoire chez
l'enfant est principalement évaluée par un observateur
indépendant, l'anesthésiste ou le parent s'il est présent.
Plusieurs échelles ont été utilisées (annexe II).
L'échelle « modified Yale Preoperative Anxiety Score (mYPAS) »
(11) parait être plus sensible que les échelles globales
citées dans l'annexe II. En effet, les petits changements
d'anxiété peuvent être mesurés plus correctement
avec cette
échelle qu'avec une échelle qui enregistre le
comportement
global de l'enfant. L'échelle mYPAS a été
développée
spécifiquement pour mesurer l'anxiété
à l'induction anesthésique
(11). Le score est de 23 à 100. Elle est divisée en
cinq catégories
comportementales (annexe IV) :
? Activité,
? expression orale,
? vigilance et excitation,
? Expression émotionnelle
? interaction avec les parents.
L'échelle de « mYPAS » a été
validée par plusieurs auteurs (1, 4, 8, 9,12-15). Le mYPAS est une
échelle d'observation plus fiable que l'auto mesure STAIC « State
Trait Anxiety Inventory of Children » (1, 8, 12).
Les échelles inscrites dans l'annexe II ne sont pas
exhaustives et quelques études ont utilisé d'autres
échelles simples. L'évaluation de l'anxiété du
très jeune enfant est difficile et aucune mesure n'a été
développée et validée pour les enfants de moins de 2 ans
d'âge (1, 5).
II.3.1.2. Les échelles d'auto mesure
L'auto-évaluation de l'anxiété
(c'est-à-dire par l'enfant lui même) fait appel à
l'échelle STAI-C «State Trait Anxiety Inventory for Children
». Elle prend 5 à 10 min pour être complétée,
ce qui ne peut être pratiqué à l'induction et constitue une
charge de travail supplémentaire quand l'activité du bloc
opératoire est importante. Elle est utilisée pour les plus de 5
ans. Elle ne peut pas être utilisée par les enfants qui ne
verbalisent pas (11, 12, 13, 16).
II.3.1.3. L'échelle de coopération
Les échelles de mesure de coopération de
l'enfant pendant l'induction, sont très utiles dans les études.
Il y a le score simple de coopération, qui est également
utilisé pendant le réveil : 1= calme et coopératif,
2=anxiété moyenne mais consolable, 3=pleurs, inconsolable, 4=
totalement en dehors de tout contrôle (17). Mais, l'échelle «
Induction Compliance Checkliste (ICC) » est plus sensible (12, 2, 15, 18)
1=Calme coopératif, 2=Peu anxieux, 3=Pleurs, agitation et 4 = Ne
coopère pas.
II.3.1.4. Les mesures physiologiques
Les mesures physiologiques, bien que fréquemment
utilisées pour évaluer l'anxiété, ne sont pas
souvent validées. La fréquence cardiaque et la tension
artérielle sont affectées par une gamme de facteurs autres que
l'anxiété (exemple : la prémédication). La
concentration du cortisol dans le sérum a été
utilisée pour évaluer les niveaux d'anxiété des
enfants immédiatement après l'induction d'anesthésie. Des
études faites chez l'adulte ont montré que la concentration du
cortisol dans le sérum est associée au stress. Idéalement,
les échantillons devraient être pris à la base, dans un
cadre calme et après l'induction de l'anesthésie, et tout
changement doit être enregistré, mais ce n'est pas pratique pour
les enfants.
II.3.1.5. Autres moyens d'évaluation de
l'anxiété
Dans une étude récente (19), les auteurs ont
utilisé le dessin afin d'évaluer le degré
d'anxiété de l'enfant. L'objectif est l'identification de
l'enfant qui a besoin d'une prémédication sédative.
II.3.2. Les échelles de mesure chez les parents
Il s'agit toujours d'une auto-évaluation. La
validité et la précision des deux mesures
d'auto-évaluation de l'anxiété parentale sont
montrées dans l'annexe V. L'échelle VAS « visual analogique
Scale » et «State Trait Anxiety Inventory (STAI) » sont le gold
standard pour évaluer l'anxiété chez les adultes, elles
ont été utilisées dans plus de 1000 études. Pour
l'échelle STAI, il s'agit de mesurer les degrés
d'anxiété des parents avant et immédiatement après
avoir été présents à l'induction de
l'anesthésie de leur enfant (10, 15, 20-23).
II.4. L'échelle du tempérament
Le tempérament de l'enfant peut influencer ses
réactions aux situations stressantes. Le tempérament est
semblable à la personnalité. L'échelle la plus
adaptée et la plus utilisée est EASI, comportant 20 Items en
quatre domaines définis par : emotionality (E), activity (A),
sociability (S) et impulsivity (I). (1,13-15, 20, 22, 23).
II.5. Les facteurs de risque de l'anxiété
préopératoire
Plusieurs facteurs ont été identifiés
comme cause d'anxiété préopératoire chez l'enfant.
Il s'agit principalement de :
· Le bas âge < 4 ans, (1, 6, 9, 2, 15- 18, 22,
23)
· le tempérament coléreux de l'enfant (1, 9,
2, 14, 23)
· L'anxiété des parents (1, 9, 2, 15, 20,
23)
· Le nombre dans la fratrie (8,16)
· la mauvaise expérience médicale
antérieure (6, 8, 13, 2, 23)
· l'attente entre l'admission et l'induction (8)
· L'absence de prémédication (13)
III. Troubles du comportement postopératoire
L'anxiété préopératoire est
associée à une prolongation de l'induction, une détresse
au réveil et plus tard à des problèmes comportementaux en
postopératoire (1, 13, 16).
III.1 Prévalence
Aux Etats-Unis, 4 millions d'enfants sont opérés
chaque année. Prés de 65% de ces enfants sont anxieux en
préopératoire et 50% d'entre eux vont manifester un comportement
d'inadaptation en postopératoire (9, 20). Les comportements
inadaptés les plus fréquents après une intervention
chirurgicale sont : l'anxiété générale,
l'anxiété de la séparation, l'apathie, le retrait social,
la désobéissance, les problèmes alimentaires et les
troubles du sommeil. Une récente étude (20) a
évalué le comportement postopératoire en associant le PHBQ
et l'actigraphe (holter du sommeil évaluant la qualité du
sommeil) a montré que 14,4% des enfants opérés en
hôpital de jour présentent des troubles du sommeil après
chirurgie. Les facteurs psychologiques comme l'anxiété parentale,
l'agressivité comportementale de l'enfant sont des facteurs de risque
concernant la qualité du sommeil postopératoire de l'enfant (20).
Des chercheurs Finlandais (30) ont trouvé qu'après
adénoïdectomie, les symptômes physiques sont dominants chez
20% à 30% dans le postopératoire immédiat. Seulement 12%
et 14% d'enfants ont un changement négatif à une semaine et
à 3 semaines respectivement après chirurgie.
Un enfant inquiet a 3,5 fois plus de risque de
présenter un comportement postopératoire négatif
comparé avec un enfant moins inquiet (1).
La fréquence du comportement négatif diminue
avec le temps après chirurgie. Kain et al. (1) ont trouvé chez
67% d'enfants, de nouveaux comportements négatifs pendant le premier
jour postopératoire, 45% durant le deuxième jour et 23% deux
semaines après l'intervention chirurgicale. Les problèmes
comportementaux ont persisté jusqu'à 6 mois pour 20% d'enfants et
jusqu'à 1 année pour 7,3% d'enfants. Un changement comportemental
plus sérieux, tel qu'un nouveau début d'énurésie,
était rare (0.8% à 2 semaines) (1).
Dans une étude plus récente (17), 65% des
enfants opérés exhibent des comportements négatifs en
postopératoire, ce chiffre diminue à 58,3% le 1èr jour
postopératoire à 46,7% à une semaine et à 38,3%
à 1mois. Quand les comportements négatifs postopératoires
persistent pour un certain temps, ils ont un effet négatif sur la
réponse de l'enfant aux soins médicaux dans le futur (5).
Cependant, des études (6) ont montré que
quelques enfants vivent l'expérience d'un changement comportemental
positif suite à une chirurgie, ce qui peut être expliqué
par l'amélioration de leur condition médicale.
Une autre étude (13) a soutenu que le comportement
négatif en postopératoire est une fonction normale qui aide
l'enfant à s'adapter à la nouvelle situation après
chirurgie et plusieurs changements comportementaux peuvent être
adaptés ou inadaptés. Cela dépend de
l'interprétation par l'enfant et par les parents ; d'autres chercheurs
(6) ont montré qu'un changement bénéfique ne se voit que
chez 17% des enfants.
III.2 Type de trouble du comportement
postopératoire
Les comportements d'inadaptation sont très variés
et touchent plusieurs aspects psychologiques et physiques. Ils peuvent
être des :
> Troubles psychologiques à type :
o D'agitation (18, 24-28)
o De crise de colère (6, 9, 14, 29, 26)
o De délire (15, 17, 22, 26, 27, 29)
o D'anxiété générale (9, 14, 17, 18,
2, 21, 27, 29, 3)
o De pleurs inconsolables (6, 9, 18, 22, 21, 26-29)
o De désorientation et irritabilité (18, 22, 26,
27)
o D'apathie et renfermement sur soi (15, 2) > Troubles
sociaux à type :
o D'anxiété de la séparation, (1, 9, 14,
15, 23)
o De tentatives d'attirer l'attention vers soi (6)
o De désobéissance (26)
o De la peur d'être seul et peur des autres (23, 26,
29) > Troubles urinaires à type d'énurésie (2, 8, 9,
14, 17) > Douleur (24, 29, 3)
> Troubles du comportement alimentaire, de type
nausée,
vomissement, manque d'appétit (8, 15, 23, 24, 26) >
Perturbation du sommeil de type réveil fréquent,
cauchemars, difficulté à aller au lit (8, 14-17,
20, 23, 3)
III.3 Les échelles du comportement
postopératoire
III.3.1. Les échelles au réveil
Elles sont nombreuses. Certaines sont simples telle que (1=
calme et coopératif, 2=anxiété moyenne mais consolable,
3=pleurs, inconsolable, 4= totalement en dehors de tout contrôle (16)
d'autres évaluent l'agitation, l'excitation, le stress et le
délire au réveil mais elles ne sont pas validées (annexe
VI).
III.3.2. L'échelle postopératoire : le
PHBQ
Le « Post Hospitalization behavior questionnaire = PHBQ
» est un questionnaire qui a été développé par
Vernon en 1966 (1, 5, 6,14, 17, 22, 23, 26, 29, 30) dans une étude
portant sur 387 enfants âgés de 1 mois à 16 années
(annexe VII). C'est la seule échelle utilisée pour mesurer le
comportement postopératoire chez l'enfant à court et à
long terme (à j1, j2, j3, j4, j5, j7, j14, j21, j30, à 6mois et
à un an). Elle est destinée aux parents pour leur permettre
d'évaluer le comportement de leur enfant. Elle est
désignée pour évaluer la réponse comportementale
d'inadaptation et le développement de la régression chez l'enfant
suite à une hospitalisation, une anesthésie ou une chirurgie.
Certains chercheurs (1) l'ont évalué à deux semaines puis
à 6 mois puis à 1 ans. D'autres (6) l'ont fait à J 1, 1
semaine, 2, 3 et 4 semaines. L'évaluation à été
faite par d'autres (2,23) à j1, j2, j3, j7et 14. Dans une étude
plus récente (17) le PHBQ a été utilisé pour
l'évaluation à j1, une semaine et à un mois.
Cet instrument est composé de 27 items divisés
en 6 catégories comportementales d'anxiété :
. L'anxiété générale
. L'anxiété de séparation
. L'anxiété du sommeil
. Perturbations du comportement alimentaire
. Désobéissance aux parents
. Apathie ou retrait social
Kotiniemi et al (30) ont modifié cette échelle
et ont divisé 24 Items en 4 domaines :
. Détresse émotionnelle . Symptômes
physiques
. Perturbations de la fonction journalière
. Troubles du sommeil
Le score est calculé par comparaison au comportement
préopératoire : le même, aggravation ou
amélioration. Certains auteurs ont calculé le score du PHBQ sans
la sévérité et l'amélioration. Les scores : 1, 2,
ou 3 = 0 et 4 ou 5=1 (15).
Les exemples de questions que l'évaluateur pose aux
parents par téléphone après que l'enfant ait quitté
l'hôpital sont : est-ce que votre enfant a de mauvais rêves le
soir, se réveille-t-il ou pleure-t-il ? Est-ce que votre enfant vous
suit partout à la maison ?
III.3.3. L'actigraphie
C'est une méthode ambulatoire de mesure fiable qui fait
la différence entre le sommeil, l'état d'éveil et peut
faire la discrimination entre les habitudes normales ou pathologiques du
sommeil. C'est une nouvelle technique qui a permis d'identifier
les problèmes du sommeil post anesthésique
grâce à un enregistrement continu du sommeil (14, 15, 20, 23).
III.4 Les facteurs de risque des troubles du
comportement postopératoire
L'agitation, l'excitation, le délire et le stress sont
des mots interchangeables utilisés pour décrire le réveil.
On parle aussi de changement comportemental d'inadaptation
postopératoire. Vu que c'est un phénomène mal compris, une
large gamme de facteurs étiologiques sont inclus tels que :
· les techniques et les produits anesthésiques
tels que les halogénés (15, 17, 18, 22, 24, 27, 28, 31)
· la prémédication au midazolam pour les
enfants âgés de 5 à 6ans (27)
· les réactions paradoxales aux
benzodiazépines et aux barbituriques (24, 25, 32)
· le type de chirurgie : ophtalmologie, ORL urologie (6,
2, 15, 18, 23, 24)
· le nombre de personnes en salle d'opération, le
bruit et la lumière (8, 2, 18, 23)
· la durée de l'anesthésie (24)
· le réveil rapide dans un environnement
étranger (18, 22-25, 27, 31, 32)
· la présence de nausées et de
vomissements (24)
· la douleur (6, 15, 22-25, 27,30-32)
· En dehors de toute douleur, il existe une relation
entre l'anesthésie et la dépression par inhibition centrale du
SNC ou un déséquilibre des neurotransmetteurs comme la
sérotonine, la
|
dopamine et l'acétylcholine, une
génétique (24, 25)
|
prédisposition
|
·
|
l'anxiété préopératoire (20, 8,2-15,
17,
|
23,
|
25, 32)
|
·
·
|
l'anxiété des parents (20, 9, 2, 15, 20, la non
verbalisation (32)
|
23)
|
|
·
|
Le bas âge < 4ans, (24, 25, 27, 30-32)
|
|
|
|
· le tempérament coléreux de l'enfant (25,
27, 30-32)
· la préexistence de pathologie psychologique ou
sociale (32)
IV. La prévention de l'anxiété
préopératoire et des troubles du comportement
postopératoire
L'objectif des programmes d'intervention est de réduire
l'anxiété préopératoire et son effet au cours et
après chirurgie. La réduction de l'anxiété
améliore la coopération de l'enfant avec l'équipe
médicale à l'induction. Elle évite l'excitation au
réveil et donne une meilleure qualité de soins. Mais ces
programmes doivent prendre en considération la situation clinique de
l'enfant et des parents et les caractéristiques individuelles de chacun
d'eux (3). Les interventions utilisées peuvent être psychologiques
comportementales ou pharmacologiques.
IV.1 Interventions comportementales
IV.1.1 La présence parentale
La présence Parentale à l'induction
anesthésique est une option thérapeutique (33).
Dans une étude asiatique récente (16), les
auteurs ont démontré que la présence parentale à
l'induction anesthésique (PPIA) : réduit le traumatisme
psychologique, permet une induction sans problème et réduit
l'anxiété des parents. Le degré
d'anxiété des parents est un facteur
prédicatif. Dans une autre étude (34), les enfants les moins
anxieux à l'induction et les plus coopératifs sont ceux qui ont
été accompagnés d'un parent calme (évalué
par l'échelle STAI). Cette étude a associé des facteurs
dus à l'enfant (tempérament calme, âgé de plus de 4
ans) et des facteurs dus aux parents (calme « de base et
situationnel») pour bénéficier d'une présence
parentale à l'induction et avoir moins de problèmes
comportementaux en postopératoire. Les contraintes logistiques peuvent
entraver la présence parentale dans certains hôpitaux, tel que la
provision des pièces d'induction anesthésique, la
disponibilité du personnel soignant pour accompagner le parent
après l'induction anesthésique.
IV.1.2 La préparation à un programme
éducationnel
Plusieurs études (8, 2, 16, 26) ont montré le
bienfait de la préparation psychologique de l'enfant et des parents dans
la réduction de l'anxiété préopératoire et
la satisfaction vis-à-vis des soins. Certains font visiter à
l'enfant le bloc opératoire et la salle de réveil quelques jours
avant l'intervention et ont conçu un programme de préparation
éducationnel avec information adaptée selon l'âge. D'autres
utilisent la vidéo comme moyen d'information. Le programme de
préparation doit être appliqué à une semaine
d'intervalle (16).
IV.1.3 Autres moyens
La diminution du bruit, de la lumière, du nombre de
personnes en salle d'opération et l'écoute de la musique (50dbl)
réduit l'anxiété et augmente la coopération de
l'enfant à l'induction (2).
D'autres chercheurs (35) ont choisi la distraction telle que
l'utilité d'un jeu vidéo en période
préopératoire chez 78 patients âgés de
4 à 12 ans. Un groupe recevant le midazolam, un groupe
avec présence parentale et un groupe avec jeux vidéo (game boy).
Une comparaison entre les 3 groupes a montré que la réduction de
l'anxiété était en faveur du groupe des jeux vidéo
(game boy). L'anxiété mesurée par mYPAS trouve que les
enfants du groupe jeux « game boy » sont moins anxieux que dans les
deux autres groupes. La réduction de l'anxiété
était de 63% chez les enfants jouant aux jeux « game boy »,
26% chez le groupe midazolam et de 28% chez le groupe présence parentale
à l'induction.
Une récente étude (4) a montré
l'utilité d'un clown en salle d'attente et à l'induction dans la
réduction de l'anxiété parentale et celle de l'enfant. Le
groupe accompagné par un clown et un parent était moins anxieux
en salle d'attente et à l'induction que le groupe accompagné par
un parent seulement (mesuré par mYPAS et STAIC pour l'enfant et par STAI
pour les parents). Mais l'insertion de ce programme dans l'activité du
bloc opératoire n'est pas encouragée par le personnel.
IV.2 Interventions pharmacologiques
Les benzodiazépines ont été
utilisées pour la prémédication sédative commune
chez l'enfant. Dans une récente publication (9), la
prémédication sédative est utilisée uniquement chez
50% d'enfants qui vont subir une chirurgie.
Le rôle de la sédation
préopératoire est la réduction de l'anxiété
de l'enfant afin d'augmenter sa coopération à l'induction. De
multiples études ont documenté les effets de la
prémédication sédative sur l'anxiété
préopératoire chez l'enfant, rares sont les écrits sur
leurs résultats comportementaux en postopératoire (23).
La benzodiazépine la plus utilisée aujourd'hui
est le midazolam pour son action plus courte, associant amnésie,
anxiolyse et sédation. L'avantage de son utilisation est la
diversité des voies d'administration. La voie orale est la plus
pratiquée.
La prémédication avec le midazolam oral
paraît efficace sur la réduction de l'anxiété
préopératoire et les comportements négatifs
postopératoires chez l'enfant sans différer le temps du
réveil et la sortie de l'hôpital.
Les comportements postopératoires négatifs
peuvent être réduits avec la réduction de
l'anxiété préopératoire ou grâce à
l'amnésie procurée par le midazolam. L'amnésie
antérograde se produit dès 10 min après l'administration
du midazolam oral. Mais l'intérêt de l'amnésie concernant
la période de l'induction est controversé. Les enfants peuvent se
réveiller de la chirurgie et ne se rendent pas compte de leur
opération. Une étude a trouvé plus de problèmes du
comportement chez les enfants qui avait reçu le midazolam et les
chercheurs ont suggéré que cela pourrait être dû
à l'effet amnésiant (5, 18).
Plusieurs auteurs suggèrent l'identification des
enfants qui ont besoin d'une prémédication sédative mais
il n'y a pas de méthode pour la distinction de l'enfant qui en a besoin.
Le dessin est un indicateur du degré de l'anxiété
préopératoire (19).
L'intervention pharmaceutique a ses bienfaits aussi contre le
réveil agité. Certains auteurs utilisent la méthode
pharmacologique et la méthode comportementale combinées (21).
Avec l'arrivée des nouvelles molécules anesthésiques (36)
(propofol, sevoflurane, desflurane et remifentanyl), plusieurs produits ont
été utilisés afin de prévenir l'agitation ou le
délire au réveil tels que la dexmedetomidine (24), les
opiacés (18), la clonidine (18, 25, 37) et la kétamine (24, 25,
28).
I. Matériel et méthodes :
I.1 Type et lieu de l'étude
Cette étude a eu lieu à l'Institut Mohamed
Kassab, Ksar Saïd la Manouba. Nous avons choisi cet institut pour la
possibilité de la présence parentale en salle d'attente avant
l'intervention et en salle de réveil. Cet avantage permet à la
fois d'évaluer l'anxiété de l'enfant et celle des parents.
Elle a duré 1mois du 15 Août au 15 septembre 2006.
C'est une étude descriptive et longitudinale.
I.2 Population étudiée
Notre population a concerné tous les enfants
âgés de 2 à 12ans, ASA I et II (classification de
l'état clinique du patient selon l'American Society of anesthesiologist
(annexe I) admis pour être opérés en hôpital de jour
ou en hospitalisation de courte durée (< 72 heures). Il s'agit d'une
chirurgie sans retentissement sur les grandes fonctions. Par ailleurs, nous
avons exclu tout malade prémédiqué, ancien
prématuré, celui qui a une pathologie du comportement ou
dysfonction neuropsychiatrique, un dysfonctionnement des grandes fonctions, une
prise de
médicaments tels que benzodiazépines,
neuroleptiques, antiépileptiques.
I.3 Les échelles et les scores utilisés
1. Afin d'évaluer l'anxiété de l'enfant
nous avons préféré l'échelle mYPAS car elle mesure
l'anxiété à la salle d'attente, à la
séparation des parents et a été développée
spécifiquement pour mesurer l'anxiété à
l'induction
anesthésique. Un score > 30 traduit une
anxiété élevée (11) (annexe IV).
2. Pour celle des parents et du grand enfant nous avons
choisi l'échelle EVA. Un score = 50 traduit une anxiété
élevée.
3. Afin d'évaluer la réponse comportementale
d'inadaptation et de régression chez l'enfant en postopératoire,
nous avons utilisé l'échelle PHBQ modifiée par Kotiniemi
et al (30) car elle a été la seule complète avec ses Items
au nombre de vingt quatre dans nos références. Nous avons
cherché le changement du score comportemental à j1, j2, j7, et
j14 après la chirurgie dans chaque domaine. Le score est comparatif par
rapport au score de base : -2 beaucoup moins qu'avant, -1 moins qu'avant, 0 le
même, +1 plus qu'avant et +2 beaucoup plus qu'avant. Pour le calcul du
score PHBQ postopératoire, nous avons ajouté +1 pour chaque
caractère aggravé et retranché -1 pour chaque
caractère amélioré. Le même score est gardé
pour un caractère inchangé.
4. Pour le réveil l'échelle simple de
réveil cotée de 1 à 4 :
1= calme et coopératif
2=anxiété moyenne mais consolable,
3=pleurs, inconsolable,
4= totalement en dehors de tout contrôle
5. Pour évaluer le niveau de connaissance des enfants
en âge de communication nous avons choisi un questionnaire (annexe X).
Nous avons considéré le niveau de connaissance positif si
l'enfant répond juste à 5 questions ou plus.
I.4 Protocole de l'étude
I.4.1 Phase I
Les parents et les enfants sont vus en consultation
pré-anesthésique à distance. Toutes les données
démographiques (annexe VIII) sont enregistrées : nom,
prénom, âge, sexe, niveau d'instruction de l'enfant de la
mère et du père, le rang dans la fratrie, le nombre de
frères et soeurs, statut marital, le travail des parents et le niveau
socio-économique. Les antécédents médicaux et
chirurgicaux de l'enfant sont précisés. Parents et enfants (en
âge de comprendre) sont informés de l'étude et nous donnent
leur consentement oral. Nous les informons que nous allons
téléphoner le premier, le deuxième, le septième et
le quatorzième jour postopératoire. Nous remplissons le
questionnaire « PHBQ » d'après l'évaluation des parents
de leur enfant, qui sera considéré comme référence
de base pour l'étude du comportement en postopératoire.
Nous adressons un questionnaire destiné à
l'enfant en âge de communication afin d'évaluer ses connaissances
vis-à-vis de l'anesthésie et sa raison d'être à
l'hôpital (annexe X). Nous l'informons du mode d'induction
anesthésique et nous répondons à ses questions. Nous leur
rappelons l'horaire auquel ils doivent se présenter le jour de
l'intervention, nous insistons sur le jeûne de l'enfant.
I.4.2 Phase II
Le jour de l'intervention
1) Première évaluation, dans la salle d'attente
: l'anxiété de chaque enfant est évaluée par «
mYPAS » et pour les enfants âgés de plus de 5 ans on ajoute
l'évaluation par l'EVA ; l'anxiété des parents est aussi
mesurée par EVA. Un score = 50 est
considéré comme anxieux. L'enfant est
accompagné par ses parents jusqu'à la porte du bloc
opératoire.
2) L'enfant subit une deuxième évaluation
à la séparation des parents par l'échelle « mYPAS
».
3) Troisième évaluation à l'induction
anesthésique faite par l'anesthésiste (mesuré par
mYPAS).
Tous les enfants ont subi une anesthésie
générale, associée chez la plupart à une
anesthésie locorégionale (bloc pénien ou bloc axillaire ou
rachianesthésie). Un monitorage respiratoire et cardio-vasculaire est
mis en place chez tous les enfants. L'anesthésie est faite dans tous les
cas par un médecin anesthésiste et un technicien
d'anesthésie.
Tous les enfants reçoivent un antalgique au
réveil par voie intraveineuse si une anesthésie
locorégionale n'a pas été pratiquée.
4) À l'arrivée en salle de réveil une
quatrième évaluation par l'échelle simple de réveil
est pratiquée en présence des parents.
I.4.3 Phase III
En postopératoire à 1, 2, 7, 14
jours
L'objectif de cette évaluation est l'étude de la
prévalence du changement comportemental chez l'enfant suite à une
chirurgie. Chaque patient a été suivi sur deux semaines.
Le lendemain nous téléphonons à la maman
pour évaluer le comportement de l'enfant. Nous
retéléphonons à J2, J7 et J 14. Nous leur demandons si le
comportement de leur enfant est inchangé, amélioré ou
aggravé. S'il y a changement, nous précisons dans quel domaine.
Nous notons les nouveaux comportements. Toutes les données sont
enregistrées sur l'échelle PHBQ.
I.5 Analyse statistique
Les variables qualitatives (genre, niveau d'instruction de
l'enfant et des parents, travail de la mère, niveau
socio-économique, hospitalisation antérieure, chirurgie
antérieure, type d'induction, anesthésie loco régionale,
information de l'enfant, l'existence d'une anxiété, le score de
réveil) sont exprimées en pourcentage.
Les variables continues (âge, score EVA, score mYPAS,
score PHBQ) sont exprimées en moyenne #177; DS.
La comparaison des moyennes est faite par le test d'ANOVA ou
KRUSKAL WALLIS avec les corrections correspondantes. La comparaison des
pourcentages est faite par le test chi2 et les corrections de Fishers et
Yates.
Les corrélations sont faites par le test de spearman.
P < 0,05 est considéré significatif.
L'analyse statistique est faite par le logiciel SPSS 13.0
II. Résultat
II.1. Phase I
II.1.1. Données démographiques
Notre étude a inclus 32 malades. Trois malades ont
été exclus secondairement de l'étude vu que leur
hospitalisation a duré plus que 3 jours. Il s'agit de 7 filles (21%) et
25 garçons (78,1%). L'âge était compris entre 2 ans et 11
ans, l'âge moyen était de 5,6 (tableau 2). Un seul enfant
était fils unique. Vingt quatre enfants étaient sans
antécédents chirurgicaux (75%). Vingt huit malades n'ont jamais
été hospitalisés (87,5%). Il y a
eu 3 types de chirurgies 15 circoncisions (46,9%), 13 urgences
(40,6%) et 4 enfants programmés pour chirurgie réglée
(12,5%). Quand nous avons demandé aux enfants en âge de
communication de répondre au questionnaire (annexe X), 23 enfants
(71,9%) n'ont répondu à aucune question ou à une seule
question et 9 seulement (28,1%) ont répondu à la majorité
des questions (tableau 1).
Tableau 1 : Fréquence des données
démographiques, type de chirurgie, antécédent de chirurgie
et d'hospitalisation, information de l'enfant
Genre, Type de chirurgie, Antécédent
de chirurgie et d'hospitalisation médicale, information de
l'enfant
|
Fréquence (n)
|
%
|
Genre
|
|
filles
|
7
|
21,9
|
garçons
|
25
|
78,1
|
Antécédents Chirurgicaux
|
|
Enfants sans antécédents chirurgicaux
|
24
|
75,0
|
Enfants avec antécédents chirurgicaux
|
8
|
25,0
|
Antécédents d'hospitalisation (type
médicale)
|
|
Enfants sans hospitalisation antérieure
|
28
|
87,5
|
Enfants avec hospitalisation antérieure
|
4
|
12,5
|
Type de chirurgie
|
|
Circoncision
|
15
|
46,9
|
Urgence
|
13
|
40,6
|
Chirurgie réglée
|
4
|
12,5
|
Enfants informés de la raison de leur
présence à l'hôpital
|
|
Non informés
|
23
|
71,9
|
Informés
|
9
|
28,1
|
Tableau 2 : La Moyenne d'âge
|
N
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Déviation standard
|
âge
|
32
|
2
|
11
|
5,6
|
2,5
|
II.1.2. Données familiales
Parmi ces enfants, 6 (18,8%) ne fréquentent aucun
établissement scolaire. Par contre, 15 enfants (46,9%)
fréquentent les jardins d'enfants et seulement 11(34,4%) sont à
l'école primaire.
Le niveau éducationnel des mères est primaire
dans 10 cas (31,3%), secondaire dans 9 cas (28,1%) et supérieur dans 13
cas (40,6%). Le niveau éducationnel du père est primaire dans 7
cas (21,9%), secondaire dans 13 cas (40,6%) et supérieure dans 12 cas
(37,5%). Quatorze mères (43,8%) travaillent à l'extérieur.
Quant au niveau socio-économique, 7 (21,9%) familles ont un niveau
médiocre, 16 (50%) ont un niveau moyen et 9 (28,1%) ont un bon niveau.
Trois enfants (9,4%) ont des parents séparés.
II.1.3. Réponse au questionnaire
Parmi les 32 enfants, seulement 9 enfants (28,1%) savaient
pourquoi ils étaient à l'hôpital et avaient une idée
sur l'anesthésie et 23 enfants (71,9%) ne savaient rien. Il n'existait
pas de corrélation entre l'âge (la scolarisation de l'enfant) et
la qualité d'information concernant la chirurgie et/ou
l'anesthésie. Le test de corrélation était non
significatif (p=0,109).
II.2. Phase II
II.2.1. Prévalence de l'anxiété
II.2.1.1. L'anxiété de l'enfant en
préopératoire mesurée par l'échelle mYPAS
Dans la salle d'attente, l'échelle de mesure mYPAS de
l'anxiété de l'enfant montrait que 23 (71,9%) enfants
étaient anxieux. Le score était > 30, la moyenne était
de 41, ce chiffre augmentait à la séparation, 26 enfants (81,3%)
avait un score >30 mesuré par la même échelle, la
moyenne était de 62,6 ; et à l'induction 28 (87,5%) enfants
avaient un score >30 la moyenne était de 66,6 (tableau 3 - Figure
1).
Tableau 3 : Les moyennes des scores mYPAS aux
différents temps
Anxiété mesurée par mYPAS
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Déviation standard
|
A la salle d'attente
|
23
|
85
|
41,1
|
17,8
|
A la séparation
|
23
|
100
|
62,6
|
28,7
|
A l'induction
|
23
|
100
|
66,6
|
26,8
|
Figure 1 : Fréquence des changements du
mYPAS
% 72% 81% 87,5%
salle attente séparation
induction
II.2.1.2. L'anxiété des parents et de
l'enfant mesurée par l'échelle EVA
Les mères qui ont accompagné leurs enfants
étaient au nombre de 26 (81,3%), 6 (18,8%) seulement n'étaient
pas anxieuses et 20 mères (62,5%) l'étaient et avaient un score
EVA = 50. La moyenne était de 62,6. En ce qui concernent les
pères, 23 étaient présents en salle d'attente, 12 (37,5%)
n'étaient pas anxieux et avaient un score < 50 par contre 11 (34,4%)
l'étaient. Leur moyenne était de 44,6. Parallèlement aux
parents, 18 (56,2%) d'enfants ont bénéficié d'une double
évaluation préopératoire. Mesurée par l'EVA, 7
enfants n'étaient pas anxieux et 9 l'étaient. Leur moyenne
était de 62,3 (tableau 4). Le test de corrélation entre le sore
mYPAS en salle d'attente et le score EVA chez les enfants était non
significatif (p=0,149).
Tableau 4 : Les Scores EVA
L'anxiété
mesurée par EVA
|
N
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Déviation standard
|
Mère
|
26
|
18
|
100
|
62,6
|
24,7
|
Père
|
23
|
0
|
100
|
44,7
|
31,7
|
Enfant
|
18
|
0
|
100
|
62,3
|
42,5
|
II.2.1.3. Technique anesthésique
Tous les malades ont subi une anesthésie
générale dont 15 (46,9%) induction au masque 50% O2, 50% N2O et
fluothane ou sevoflurane, et 17 (53,1%) induction intraveineuse au propofol. A
la suite de la mise en place de la voie veineuse, l'intubation a
concerné 2 (6,3%) malades uniquement. L'administration d'opiacés
a concerné 9 malades (28,1%), 22 patients ont reçu d'autres
analgésiques (68,8%). L'anesthésie locorégionale a
été pratiquée chez 28 enfants (87,5%). L'entretien de
l'anesthésie est assuré avec 50% O2/50% N2O avec ou sans
fluothane/sevoflurane/isoflurane. Seulement 4 enfants (12,5%) n'ont reçu
aucun halogéné.
La majorité des enfants étaient calmes (score 1)
au réveil, 18 (56,25%) (Tableau 5).
Tableau 5 : Score du réveil
score
|
nombre
|
fréquence
|
1
|
18
|
56 ,2%
|
2
|
8
|
25%
|
3
|
3
|
9,2%
|
4
|
3
|
9,2%
|
II.2.2. Facteurs de risque de l'anxiété
préopératoire
Le jeune âge représentait un
facteur de risque, 17 des 18 enfants d'âge < 6 ans (94,4%)
étaient anxieux. La fréquence de l'anxiété dans ce
groupe est plus élevée que dans le groupe d'enfants d'âge =
6 ans (42,8%). La différence était significative p = 0,002.
Il existait une corrélation significative entre le
jeune âge et l'existence d'une anxiété
préopératoire (p=0,029).
L'information : Le questionnaire a
été adressé à 23 enfants, 87% des enfants qui ont
répondu faux au questionnaire étaient anxieux, alors que
seulement 33% des enfants bien informés étaient anxieux. La
différence est significative p= 0,006.
Il existait une corrélation positive entre le
degré d'information et l'anxiété
préopératoire (p=0,044).
Nous n'avons trouvé aucune corrélation entre le
niveau d'anxiété des enfants et le rang dans le fratrie ou le
nombre d'enfant dans la famille.
La mesure de l'anxiété
préopératoire par mYPAS a montré que sur les 32 malades, 8
enfants ont eu des antécédents chirurgicaux, 5 parmi eux
étaient anxieux, 4 patients ont eu des antécédents
d'hospitalisation (cause médicale), 3 parmi eux étaient
anxieux.
Au point de vue type de chirurgie, sur les 15 circoncisions,
11 enfants ont eu un score > 30, et sur les 13 urgences, 11 malades
étaient anxieux.
Il n' y avait pas de corrélation statistique entre
l'anxiété préopératoire de l'enfant et ces
antécédents de chirurgie ou d'hospitalisation antérieure.
De même, l'incidence de l'anxiété de l'enfant était
non significative entre les deux types de chirurgie.
Sur les 26 mères qui ont participé à
l'étude, 20 étaient anxieuses (EVA = 50), 14 d'entre elles
avaient un niveau éducationnel secondaire ou supérieur et 15 de
leurs enfants avaient un score mYPAS > 30. Tous les enfants des 6
mères non anxieuses étaient anxieux. Dans notre étude 23
pères ont accompagné leurs enfants, 11 étaient anxieux
(EVA = 50) et 9 enfants étaient anxieux aussi, 12 pères ne
l'étaient pas alors que 8 enfants avaient un score mYPAS > 30. Il
n'existe aucune corrélation entre le niveau d'anxiété des
mères et celui des enfants.
En ce qui concerne le niveau socio économique parmi les
7 (21,9%) enfants de niveau médiocre, 6 avaient un score mYPAS > 30.
Pour les autres niveaux socio-économiques, 17 enfants sur 25
étaient anxieux. Il n'y a pas de corrélation entre le niveau
socio-économique et l'anxiété de l'enfant.
II.3. Phase III
II.3.1. Prévalence du changement du comportement
postopératoire
A la suite de la chirurgie, tous les malades sont
contactés. Nous avons arrêté l'évaluation à
j2 pour 3 malades vu que leur hospitalisation a durée plus de 3 jours. A
la fin de l'évaluation, nous avons 29 questionnaires remplis
correctement.
Les modifications comportementales postopératoires ont
touché les quatre domaines à type d'aggravation, plus
évidente à J 1 avec tendance à la normalisation à
la deuxième semaine. Un seul enfant n'a eu aucune modification
comportementale. La fréquence et l'incidence des troubles du
comportement postopératoire le lendemain de l'intervention était
de 68,8% dans le domaine émotionnel, de 28,1% dans le domaine
symptôme physique, de 40,6% dans le domaine activité
journalière et de 59,4% dans le domaine troubles du sommeil.
II.3.1. 1. La moyenne du changement dans les
différents domaines
L'évolution des moyennes dans les différents
domaines comparée à la moyenne de base est
représentée par les figures suivantes :
Figure 2 : évolution du PHBQ moyen du domaine
émotionnel
BASE J1 J2 J7 J14
Figure 3 : Evolution du PHBQ moyen du domaine
symptôme
BASE J1 J2 J7 J14
Figure 4 : Evolution du PHBQ moyen du domaine
perturbation journalière
BASE J1 J2 J7 J14
Figure 5 : Evolution du PHBQ moyen du domaine des
troubles du sommeil
BASE J1 J2 J7 J14
Tableau 6 : PHBQ moyen dans les différents
domaines
|
Base
|
J1
|
J2
|
J7
|
J14
|
PHBQ
émotionnel
|
17,3 #177;4,5
|
18,9 #177; 5,2
|
18,1 #177; 5,5
|
17,7 #177; 4,8
|
17,1 #177; 4,7
|
PHBQ physique
|
2,6 #177; 1,1
|
3,2 #177; 1,3
|
2,8 #177; 1
|
2,8 #177; 1,1
|
2,7 #177; 1,1
|
PHBQ activité
|
17,7 #177; 4,4
|
18,5 #177; 4,9
|
18,6#177; 4,8
|
18,2 #177; 5
|
17,7#177; 4,6
|
PHBQ sommeil
|
8,7 #177; 2,8
|
9,8 #177; 3,2
|
9,7 #177; 3,5
|
8,9#177; 3,1
|
8,8 #177; 3,2
|
II.3.1. 2. La Fréquence du changement dans le
domaine émotionnel
Le premier jour postopératoire, le domaine
émotionnel a été altéré chez 68,8% enfants,
s'était amélioré chez 6,3 % et restait inchangé
chez 25 % de malades. Certains sont devenus irrités, ou pleuraient ou
cherchaient à attirer l'attention beaucoup plus qu'avant l'intervention.
Le deuxième jour postopératoire, 50% des enfants ont gardé
des symptômes d'inadaptation. Les chiffres d'aggravation ont
persisté à j7 chez 31,3% pour ne restaient que chez 10,3 %
d'enfants à 2 semaines (tableau 7 /figure 6).
Tableau 7 : pourcentage de changement dans le
domaine émotionnel
|
J1
|
J2
|
J7
|
J14
|
INCHANGE
|
25
|
46,9
|
53,1
|
89,7
|
AMELIORE
|
6,3
|
3,1
|
6,3
|
|
AGGRAVE
|
68,8
|
50
|
31,3
|
10,3
|
Figure 6 : Pourcentage des enfants ayant
modifié leur PHBQ du Domaine Détresse
Emotionnelle
100% 90%
80% 70% 60% 50% 40%
30% 20% 10%
0%
|
|
J1 J2 J7 J14
aggravé
amélioré
inchangé
II.3.1. 3. La fréquence du changement dans le
domaine symptôme physique
En ce qui concerne le domaine physique, 9 enfants (28,1%) ont
eu des symptômes physiques à type de vomissement ou anorexie.
Seuls 3 enfants (9,4%) continuaient à présenter des troubles
digestifs le deuxième et le septième jour. Deux enfants
Dans le troisième domaine 15 (46,9%) d'enfants ont eu
des perturbations dans leur activité journalière le lendemain
de
avaient gardé cette altération à deux
semaines, (tableau 8 f Figure 7)
Tableau 8 : Pourcentage de changement dans le domaine
symptôme physique
|
J1
|
J2
|
J7
|
J14
|
Inchangé
|
71,9
|
90,6
|
81,3
|
84,4
|
Amélioré
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Aggravé
|
28,1
|
9,4
|
9,4
|
6,3
|
Figure 7 : pourcentage des enfants ayant
modifié leur PHBQ du Domaine Symptôme Physique
100% 90%
80% 70% 60% 50% 40%
30% 20% 10%
0%
|
|
aggravé
inchangé
|
J1 J2 J7 J14
II.3.1. 4. La fréquence du changement dans le
domaine perturbation journalière
l'intervention. Ils avaient peur d'être laissés
seuls, peur de leur nouvelle situation ou se collaient plus à leurs
mamans. A J 14, 6,9% d'enfants ont gardé des perturbations. Nous avons
trouvé une amélioration chez 6,3 % d'enfant le lendemain de la
chirurgie et chez 6,9% à J 14 (tableau 9 / figure 8).
Tableau 9 : Pourcentage de changement dans le domaine
perturbation journalière
|
J1
|
J2
|
J7
|
J14
|
Inchangé
|
53,1
|
56,3
|
69
|
86,2
|
Amélioré
|
6,3
|
|
-
|
6,9
|
Aggravé
|
46,9
|
43,8
|
31
|
6,9
|
Figure 8 : pourcentage des enfants ayant
modifié leur PHBQ du Domaine Perturbation
Journalière
100% 90%
80% 70% 60% 50% 40%
30% 20% 10%
0%
|
|
J1 J2 J7 J14
|
aggravé
amélioré
inchangé
II.3.1. 5. La fréquence du changement
dans le domaine troubles du sommeil
Le deuxième domaine touché concerne les troubles
du sommeil. Dix neuf enfants (59,4%) ont eu des troubles du sommeil de type
réveil, cauchemars ou difficulté de s'endormir, ce chiffre
était réduit à 13 enfants (40,6%) à j 2, à 4
enfants (13,8%) à une semaine et touchait encore 6 enfants (17,2%)
à quatorze jours. Seuls 3,4% des enfants avaient des troubles du sommeil
à quatorze jours (tableau 10 /figure 9).
Tableau 10 : Pourcentage de changement dans le
domaine trouble de sommeil
|
J1
|
J2
|
J7
|
J14
|
Inchangé
|
40,6
|
59,4
|
86,2
|
79,3
|
Amélioré
|
-
|
-
|
-
|
3,4
|
Aggravé
|
59,4
|
40,6
|
13,8
|
17,2
|
Figure 9 : Pourcentage des enfants ayant
modifié leur PHBQ du Domaine Trouble du Sommeil
100% 90%
80% 70% 60% 50% 40%
30% 20% 10%
0%
|
|
J1 J2 J7 J14
|
aggravé
amélioré
inchangé
II.3.2. Facteurs de risque des changements
comportementaux postopératoire
II.3.2.1. L'âge et l'information
Sur 18 enfants âgés de moins de six ans, 15 ont
eu des modifications émotionnelles à j 1 et 12 à j 2. Les
symptômes physiques se sont manifestés chez 7 enfants à J 1
et chez 3 à j 2. Dans le domaine activité journalière, 8
enfants ont eu un changement à J 1 et 9 à J 2. Le sommeil a
été modifié chez 10 enfants à J1 et 7 à J 2.
Il n'y avait pas de corrélation entre l'âge et le changement
comportemental dans les 4 domaines.
L'information reçue par l'enfant n'avait pas de
répercussion sur la fréquence des troubles comportementaux
postopératoires statistiquement significative
II.3.2.2. L'anxiété
préopératoire de l'enfant et des parents
Dans la salle d'attente sur 22 enfants anxieux, 18 ont eu des
modifications dans leur domaine émotionnel à J 1 et 13 enfants
ont gardé cette modification à J 2. En ce qui concerne les
symptômes physiques, 8 enfants anxieux ont eu des vomissements ou sont
devenus anorexiques à J 1 et seulement 3 malades ont gardé les
symptômes à J 2. Dans le domaine d'activité
journalière, 11 enfants étaient anxieux et ont eu des
perturbations, un seul s'est amélioré à j 2. En ce qui
concerne le sommeil, 12 enfants anxieux ont eu des troubles de leur sommeil et
au deuxième jour postopératoire 4 se sont
améliorés
Il n y a pas de corrélation statistiquement
significative entre l'anxiété de l'enfant en
préopératoire et les modifications comportementales en
postopératoire.
L'anxiété des parents n'était pas
également corrélée aux modifications comportementales
postopératoires de l'enfant.
II.3.2.3. Technique anesthésique
Il n'y avait pas de corrélation entre les troubles du
comportement et la technique d'induction anesthésique, au masque ou
intraveineuse. Sur les 15 enfants anesthésiés au masque, 11 ont
eu des modifications postopératoire, et sur 17 enfants ayant eu une
induction intraveineuse, 13 ont présenté des perturbations en
postopératoire. Sur trente deux malades, 4 malades seulement n'ont pas
reçu d'halogéné.
Le réveil était calme chez 18 malades (56,2%),
l'agitation était présente chez 6 malades (18,4%) seulement. Il
n' y a pas de corrélation entre les changements comportementaux
postopératoires et la qualité du réveil.
II.3.2.4. Autres facteurs
La fréquence des troubles du comportement dans tous les
domaines à J 1 et j 2 était comparable quel que soit le type
d'hospitalisation (hôpital de jour ou courte durée), le type de
chirurgie (circoncision ou urgence). La durée de l'intervention
était en moyenne de 30 minutes chez la plupart des malades.
IV. Discussion
Notre étude avait pour objectif l'évaluation de
l'anxiété préopératoire, le changement du
comportement postopératoire et l'identification de leurs facteurs de
risque chez l'enfant opéré à l'Institut Kassab à
Ksar Said La Manouba. Nos hypothèses sont vérifiées, nos
enfants ont développé une anxiété importante en
préopératoire. Ils ont présenté
des modifications comportementales en postopératoire, semblables
à celles décrites dans la littérature. Les parents
étaient également anxieux.
IV.3. Prévalence de l'anxiété
L'incidence de l'anxiété
préopératoire était de 72 % dans la salle d'attente et
s'aggravait avec la séparation. A l'induction, elle atteignait 87,5%.
Ce résultat se rapprochait d'autres études
faites aux Etats-Unis (3, 9) ou l'anxiété
préopératoire est présente dans 50 à 70% des cas.
En Asie (9,15), la prévalence est de 40 à 60%.
IV.4. Les facteurs de risque de
l'anxiété
Plusieurs études ont examiné les facteurs de
risque de l'anxiété chez l'enfant en préopératoire.
Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés (1).
Dans notre étude les facteurs les plus clairement
associés étaient le jeune âge (âge < 6 ans non
scolarisé), 17 enfants (94,4%) sur 18 étaient anxieux. Dans la
littérature le bas âge (âge < 4ans) est un facteur
prédicatif d'anxiété (1, 6, 9, 2, 1518, 22, 23). Nous
avons choisi cette limite d'âge à 6 ans car la moyenne et la
médiane de notre échantillon était à 6 ans.
Cette
valeur limite nous a permis de départager le groupe en
enfants scolarisés et d'autres non.
Cette anxiété était plus marquée
aussi chez les enfants non informés (71,9% vs 28,1%). La majorité
de nos enfants n'étaient pas informés sur leur raison
d'être à l'hôpital, ni sur ce qu'ils allaient subir. Souvent
les parents disaient à leurs enfants qu'ils allaient être
photographiés. Quand il s'agissait de circoncision l'enfant subissait le
cérémonial sans qu'on lui parle de l'acte en lui-même sous
prétexte qu'il ne comprenait pas. Les enfants informés
étaient moins anxieux dans la littérature (8).
L'anxiété parentale est une réponse
à l'anxiété de l'enfant et vice-versa. Comme nous l'avons
retrouvé dans la littérature (1, 9, 2, 15, 20, 23). Cette
interrelation n'est pas retrouvée dans notre étude ; il y avait
un problème de communication parent- enfant ; 71,9% ne savaient pas ce
qu'ils allaient subir et pourtant ils étaient accompagnés d'au
moins un parent.
Le rang dans la fratrie est un facteur de risque décrit
dans la littérature (1). Dans notre échantillon, la fratrie
était souvent réduite à deux enfants.
Nous n'avons pas étudié le tempérament de
l'enfant (1, 9, 2, 14,23), car nous n'avons pas trouvé l'échelle
EASI avec tous ces items dans notre revue de la littérature. Dans une
étude récente (9), les chercheurs ont identifié les
caractéristiques des enfants qui ont un risque élevé de
développer une anxiété préopératoire sur une
population de 1224 malades. Ils ont trouvé que les enfants les plus
jeunes, les plus émotifs, les plus impulsifs, les moins sociaux et dont
les parents sont anxieux en salle d'attente et à la séparation,
sont les plus exposés.
Les mauvaises expériences antérieures
d'hospitalisation et de chirurgie, l'hospitalisation de plus qu'un jour,
l'induction intraveineuse rendaient l'enfant plus anxieux, les
hospitalisés de
jour étaient moins anxieux (1, 6, 8, 13, 2, 23, 26).
Notre échantillon réduit et non représentatif ne permet
pas de démontrer cette causalité entre l'expérience
médicale antérieure, la durée ou le type d'hospitalisation
et le degré d'anxiété.
L'attente entre l'admission et l'induction (8), n'avait pas
été étudiée car à la fin de l'étude
le temps entre l'admission et l'induction anesthésique n'avait pas
été noté sur toutes les feuilles de recueil de
données.
L'absence de prémédication (13) était une
condition dans notre protocole car notre objectif était d'étudier
la prévalence de l'anxiété en préopératoire
et son retentissement sur le comportement en postopératoire en dehors de
toute intervention thérapeutique.
IV.5. Prévalence du changement comportemental
postopératoire
Notre étude a montré que nos enfants
présentaient des troubles comportementaux postopératoires qui
étaient évidents à j1 et avaient tendance à la
disparition à deux semaines. L'agitation au réveil était
présente dans 6 cas (18,6%). L'évaluation du changement
comportemental par l'échelle PHBQ a prouvé les modifications dans
les quatre domaines à des degrés différents. Nos chiffres
ont désigné les domaines et non les items. Nous avons
remarqué que le domaine de détresse émotionnelle
était le plus touché. Sa fréquence était de 68,8%
à j1 et s'abaissait à 10,3% à deux semaines. Les items les
plus présents étaient : agitation et irritabilité, cherche
l'attention, pleurs, désobéissance et accès de
colère.
Le deuxième domaine était celui du sommeil 59,4%
des enfants se plaignaient de réveil le soir, difficulté d'aller
au lit,
peur de l'obscurité et cauchemars. Un seul enfant
était énurétique. Ce chiffre s'abaissait à 17,2%
à deux semaines. L'activité journalière était
altérée chez 40,6% le lendemain de l'intervention pour ne rester
que chez 6,9% des enfants à la fin de l'évaluation. Les items les
plus touchés dans ce domaine étaient la peur des nouvelles
situations et la peur d'être laissé seul. Plusieurs enfants
après circoncision vérifiaient souvent leurs organes
génitaux.
Le domaine le moins touché était celui des
symptômes physiques. Seulement, 28,1% des enfants ont
présenté des vomissements ou anorexie. A la fin de l'étude
6,3 % seulement gardaient des séquelles de type anorexique et un enfant
suça le sein de sa maman après un sevrage de quelques mois.
Dans une étude Finlandaise (30) faite sur des enfants
opérés d'adénoïdectomie, les symptômes
physiques étaient les plus fréquents. La prévalence est de
20 à 30%. Ces symptômes persistent chez 12 à 14 % à
deux semaines postopératoire.
Les Items touchés par les modifications
comportementales postopératoires que nous avons trouvé,
étaient présents dans la revue de la littérature. Les
comportements inadaptés les plus fréquemment cités,
après une intervention chirurgicale étaient :
l'anxiété générale (17, 20, 21, 27,), l'agitation
et l'irritabilité (18, 24-28), pleurs inconsolables (26-29), crise de
colère (6, 14,), chercher l'attention (6), désobéissance
(26), peur d'être laissé seul et peur des autres (23, 26, 29),
troubles urinaires à type énurésie (9, 17), douleur (30),
problème du comportement alimentaire, de type nausée vomissement,
manque d'appétit (15, 26),perturbation du sommeil de type réveil
fréquent, cauchemars, difficulté d'aller au lit (8,14, 20,38
).
Dans la revue de la littérature (5), 65% d'enfants
anxieux en préopératoire développaient un comportement
d'inadaptation
en postopératoire et 58,3%, le lendemain de
l'intervention. Ce chiffre se réduisait à 46,7% à une
semaine et à 38,3% à 1 mois Dans une autre étude (1), 67%
d'enfants ont des troubles du comportement à J 1, à deux jours
ils sont à 45%, à deux semaines il ne reste que 23%, Ces
manifestations persistent jusqu'à 6 mois chez 20% d'enfants et à
une année chez 7,3%.
IV.6. Les facteurs de risque du changement
Comportemental postopératoire
Nous n'avons pas trouvé de facteur de risque de
modification comportementale postopératoire statistiquement
significatif.
Sur les 18 enfants âgés de moins de six ans, 15
(46,8%) ont eu des modifications émotionnelles, 7 enfants (21,8%) ont eu
des vomissements ou anorexie, 8 enfants (25%) ont eu des modifications dans
l'activité journalière et 10 (31,25%) ont eu des perturbations de
leur sommeil. Dans la littérature l'âge préscolaire (17,
24, 30) est un facteur de risque de développement du comportement
négatif en postopératoire. Il a été retrouvé
chez 76% d'enfants (17).
L'anxiété préopératoire de
l'enfant et des parents a été démontrée (9, 20, 2,
23) comme facteur prédictif de troubles du comportement. La
corrélation entre l'anxiété des parents, celle des enfants
et les troubles comportementaux postopératoires n'était pas
possible dans notre échantillon, plutôt réduit.
La non verbalisation (32) est une cause de manifestation
comportementale négative.
D'autres facteurs ont été décrits telle
que la technique anesthésique. L'induction au masque (26) est la cause
des comportements négatifs en postopératoire chez 48% d'enfants
à deux semaines après chirurgie alors que l'intraveineuse a
été
représentée chez 28% seulement. Dans notre
échantillon de 32 malades, sur les 15 enfants anesthésiés
au masque, 11 (73%) ont eu des modifications postopératoire, et sur 17
enfants ayant eu une induction intraveineuse, (76,4%) ont
présenté des perturbations en postopératoire. Plusieurs
auteurs ont rapporté que la cause du changement comportemental serait
secondaire aux drogues anesthésiques telle que les
halogénés (15,17, 31). Seulement 4 de nos malades n'ont pas
reçu d'halogéné.
Le type de chirurgie est un autre facteur rapporté dans
la littérature (3, 30). Nous n'avons eu que deux types de chirurgie
similaire dans notre échantillon de 32 malades. La durée de la
chirurgie était homogène.
La douleur décrite dans la littérature (15, 22,
32) n'a pas été évalué car tous nos malades ont
reçu des antalgiques et l'anesthésie locorégionale avait
été pratiquée chez 28 enfants (87,5%).
Limites de notre étude
Le présent travail est loin d'être exhaustif et
complet. De nombreuses lacunes méritent d'être explorées
par d'autres travaux. Les échelles que nous avons utilisées sont
spécifiques et méritent un apprentissage afin d'être
objectif. Le niveau de compréhension des parents était
limité.
Il est difficile de traduire l'origine de
l'anxiété et du changement comportemental négatif en
postopératoire. Notre échantillon n'est pas représentatif,
les enfants n'ont pas le même âge, ni le même type de
chirurgie. Il existe beaucoup de stimulus qui ont un impact sur l'enfant en
préopératoire.
Le manque de coordination dans le bloc opératoire a
été une limite. L'heure de l'intervention n'était pas
décidée d'avance. Ceci
rendait l'enfant anxieux en préopératoire.
Plusieurs enfants ont pleuré dans la salle d'attente car ils avaient
soif. L'attente les a excités ; en plus ils ne savaient pas pourquoi ils
étaient là et l'absence de communication avec les parents les a
rendus plus vulnérables.
Il est important d'étudier les facteurs de risque d'une
manière individuelle de l'anxiété
préopératoire chez l'enfant et des manifestations
comportementales négatives à fin de réduire l'incidence de
ces phénomènes et leur retentissement. Pour cela parents et
enfants doivent subir des évaluations psychologiques et comportementales
par des spécialistes afin d'identifier la prédisposition
existante de chacun d'eux à l'anxiété et aux troubles
comportementaux chez l'enfant. Le tempérament de l'enfant mérite
d'être étudié.
Les parents n'arrivaient pas à cerner la plainte de
leurs enfants. Ils ne répondaient pas aux questions posées.
L'évaluation était différente si elle était faite
par la mère ou le père. Un père a accompagné ses
deux fils pour circoncision. C'était lui qui nous rendait le
résultat de l'évaluation à j 1 et à j 2. Ses
réponses étaient : « rien à signalé, tout va
bien ». Le septième jour postopératoire la mère a
accompagné un de ses fils pour non cicatrisation. L'enfant avait des
ecchymoses au niveau du visage. Quand nous avons demandé l'origine de
ses séquelles, elle nous a répondu que son fils, quand il est
contrarié, se cogne et se fait mal. Il a des accès de
colère aux quels le père a répondu « jamais » au
questionnaire préopératoire (PHBQ).
Quand il s'agissait du sommeil, l'enfant plus âgé
répondait qu'il s'était réveillé à maintes
reprises alors que les parents disaient qu'il avait dormi toute la nuit.
L'actigraphe est plus
objectif dans l'étude des troubles du sommeil. Le
comportement de certains parents était parfois hostile.
Dans la salle d'attente, un enfant avait soif. Il était
en pleur. L'attente entre admission et induction était longue. Afin de
le calmer, sa mère -en pointant le doigt vers un médecin de
passage- disait à son enfant que celui-ci apportera le couteau et le
blessera.
Une mère était à côté de son
enfant au réveil. Elle lui demandait de la frapper.
Quelques mères afin de faire peur à leurs
enfants afin qu'ils restent sage, leurs affirment qu'ils seront punis par
d'autres actes de circoncision.
V. Conclusion et recommandation
La plupart des chercheurs ont trouvé qu'un score
d'anxiété élevé en préopératoire est
associé à des résultats psychologiques et physiologiques
défavorables. Chez l'enfant l'anxiété
préopératoire est associée en postopératoire
à de nombreux comportements négatifs. Les réactions
d'anxiété se manifestent le plus souvent au travers de
différentes modalités : comportemental, cognitif, affectif ou
physiologique,
Notre population de 32 malades, âgé de 2 à
12 ans, ASA1, grâce aux échelles d'évaluation mYPAS, EVA et
PHBQ nous a permis de confirmer l'anxiété
préopératoire chez nos enfants, d'avoir des chiffres sur sa
fréquence et sur celle des troubles comportementaux
postopératoires, d'identifier les facteurs de risque et d'avoir une
idée sur l'anxiété des parents
Nos résultats de prévalence de
l'anxiété étaient similaires à ce qui a
été décrit dans la littérature (72% à 87,5%
vs 40 à 70%).
Nos résultats de prévalence des troubles du
comportement postopératoire étaient similaires aussi. Le
lendemain de l'intervention, le domaine de détresse émotionnelle
était le plus touché. Sa fréquence était de 68,8%
à j1. Les items les plus présents étaient : agitation et
irritabilité, cherche l'attention, pleurs, désobéissance
et accès de colère.
Le deuxième domaine était celui du sommeil 59,4%
des enfants se plaignaient du réveil le soir, des cauchemars, des
difficultés d'aller au lit et de la peur de l'obscurité.
L'activité journalière était
altérée chez 40,6% le lendemain de l'intervention. Les items les
plus touchés dans ce domaine
étaient la peur des nouvelles situations et la peur
d'être laissé seul.
Le domaine le moins touché était celui des
symptômes physiques, 28,1% des enfants ont présenté des
vomissements ou anorexie.
Après deux semaines ses chiffres étaient
réduits à 10,3% dans l'émotionnelle, à 17,2% dans
les troubles du sommeil, à 6,9% dans l'activité
journalière et à 6,3 % de perturbations alimentaires.
Aux Etats-Unis l'incidence des problèmes post
anesthésie, chirurgie ou hospitalisation sont de 40 à 60% (3).
Le jeune âge et l'information sont prédictifs de
l'anxiété préopératoire. Nous n'avons pas
trouvé de corrélation statistiquement significative entre les
troubles du comportement et l'anxiété préopératoire
de l'enfants, des parents, le jeune âge, les antécédents
d'hospitalisations, de chirurgies, le type de chirurgie, la durée de
l'intervention et la technique anesthésique. Soulager
l'anxiété de l'enfant pendant la période
préopératoire est important. Les problèmes de l'excitation
au réveil et des troubles du comportement postopératoire peuvent
être réduits et ultérieurement les anesthésies ne
seraient plus envisagées avec terreur.
Il est primordial d'identifier les facteurs de risque de
l'anxiété chez le parent et l'enfant afin d'agir avant
l'anesthésie par Les techniques d'anxiolyse. L'information et la bonne
préparation préopératoire de l'enfant et des parents sont
bénéfiques. La famille ne doit pas être exclue dans un
événement majeur de la vie. C'est possible de donner aux parents
des rôles plus actifs dans la préparation
préopératoire de l'enfant. La présence des parents
à la salle de réveil nous a aidé à avoir des
enfants calmes et pourquoi pas à l'induction ? Notre expérience
a
confirmé l'augmentation de l'anxiété de
l'enfant à la séparation parentale et à l'induction.
La prémédication sédative avec les
benzodiazépines est clairement efficace dans la réduction de
l'anxiété et l'effet amnésique est recherché mais
le timing est difficile à gérer. Beaucoup d'études sont
controversées à propos de l'effet du midazolam en
postopératoire. Les programmes de préparation coûtent
chers.
Plusieurs questions simples à résoudre en
préopératoire aident à identifier les facteurs de risque
et réduire les conséquences négatives
postopératoires. Diminuer le bruit, la lumière, le nombre de
personnes au bloc opératoire, réduire le temps d'attente entre
l'admission et l'induction, sympathiser avec l'enfant ne demande ni argent ni
effort supplémentaire et, au besoin, administrer une
prémédication pharmacologique.
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pour le
Développement de l'Évaluation Médicale.
Référentiel des
pratiques professionnelles (RPP) : Tenue du
dossier d'anesthésie ; Juin 2005
ANNEXES
Annexe I
Classification de l'état clinique du patient
selon
« l'American Society of Anesthésiologists
» (ASA) (39)
Classe
|
Patient
|
Exemples
|
ASA 1
|
Patient en bonne santé, n'ayant pas d'autre affection que
celle nécessitant l'acte chirurgical
|
Hernie inguinale
|
ASA 2
|
Patient avec une maladie générale
modérée
|
Hypertension artérielle bien contrôlée par le
traitement, obésité modérée, diabète
contrôlé par le régime
|
ASA 3
|
Patient avec une maladie générale
sévère mais non validante
|
Insuffisance coronarienne avec angor, obésité
pathologique, insuffisance respiratoire modérée
|
ASA 4
|
Patient avec une maladie générale invalidante
mettant en jeu le pronostic vital
|
Insuffisance cardiaque sévère, insuffisance
respiratoire traité par oxygénothérapie, insuffisance
hépatique sévère (child C)
|
ASA 5
|
Patient moribond qui ne survivait pas 24heures, avec ou sans
opération
|
Rupture d'anévrisme de l'aorte abdominale en état
de choc
|
La lettre « U »est ajoutée en cas
d'intervention réalisée en urgence
|
Annexe II
LES ECHELLES DE MESURES DE L'ANXIETE PREOPERATOIRE
CHEZ L'ENFANT (5)
Les échelles
|
Année
|
Contexte clinique
|
Age
|
Validité
|
Les échelles D'observation
|
Clinical Anxiety Rating Scale (CARS)
|
1977
|
Chirurgie dentaire
|
2 - 5ans
|
Bonne validité
|
Global Mood Scale (GMS)
|
1990
|
Injection intramusculai re
|
2 - 10 ans
|
Non documenté
|
Yale Preoperative Anxiety scale (YPAS)
|
1995
|
Induction anesthésique
|
2 - 6 ans
|
Bonne validité par rapport à STAIC
|
Modified Yale
Preoperative Anxiety scale (mYPAS)
|
1997
|
Induction anesthésique
|
2-12ans
|
Bonne validité par rapport à STAIC
|
Visual Analogue Score (VAS)
|
|
|
Non docume nté chez l'enfant
|
|
Induction Compliance Checklist (ICC)
|
1998
|
Induction anesthésique
|
1 - 9 ans
|
Non documenté
|
Les échelles D'autoévaluation
|
State trait Anxiety Inventory for Children (STAIC)
|
1973
|
|
5 -8 ans
|
Non disponible
|
Venham Picture test (VPT)
|
1977
|
Chirurgie dentaire
|
2- 8ans
|
Bonne validité comparativemen t à d'aure
échelle d'auto-évaluation, mesures physiologique et
d'observation
|
Annexe III
Echelle visuelle analogique (EVA) (à partir de 5
ans)
Score de l'anxiété parentale et de
l'enfant plus de 5 ans par la réglette EVA (4)
Score
|
Père
|
mère
|
Enfant
|
|
0
|
|
|
|
pas du tout anxieux
|
30
|
|
|
|
un peu
|
60
|
|
|
|
assez anxieux
|
100
|
|
|
|
très anxieux
|
Annexe IV
Echelle mYPAS et Score (11)
ITEMS échelle mYPAS et Score
|
Avant
|
Séparation
|
induction
|
1) Activité = 1 (1/4)
|
oui
|
non
|
oui
|
non
|
oui
|
non
|
Curieux, joue et bouge, calme
|
|
|
|
|
|
|
Non curieux, joue, agitation minime
|
|
|
|
|
|
|
Agitation moyenne, s'accroche au parent, repousse le masque
|
|
|
|
|
|
|
Cherche à s'enfuir, refuse d'être
séparé du parent, très agité,
|
|
|
|
|
|
|
2) Prononciation = 1 (1/6)
|
|
|
|
|
|
|
Curieux, lit, rit, répond aux questions, sociable,
calme, absorbé par son jeux
|
|
|
|
|
|
|
Chuchote, parle comme un bébé, hoche la
tête
|
|
|
|
|
|
|
Calme, ne répond pas,
|
|
|
|
|
|
|
Pleurniche, gémit
|
|
|
|
|
|
|
Pleure, crie non
|
|
|
|
|
|
|
Sanglote
|
|
|
|
|
|
|
3) Expression faciale=1 (1/4)
|
|
|
|
|
|
|
heureux
|
|
|
|
|
|
|
Pas d'expression sur son visage
|
|
|
|
|
|
|
Visage inquiet
|
|
|
|
|
|
|
Terrorisé
|
|
|
|
|
|
|
4) Vigilance et excitation =1 (1/4)
|
|
|
|
|
|
|
Vigilant, détendu, calme
|
|
|
|
|
|
|
Renfermé sur lui-même, immobile et calme
|
|
|
|
|
|
|
Corps tendu, yeux écarquillés
|
|
|
|
|
|
|
Panique, repousse tout
|
|
|
|
|
|
|
5) Interaction avec les parents = 1 (1/4)
|
|
|
|
|
|
|
|
Joue, en interaction avec son parent
|
|
|
|
|
|
|
consolable
|
|
|
|
|
|
|
Inquiet, ne cherche pas contact avec le parent
|
|
|
|
|
|
|
S'éloigne du parent ou s'accroche
|
|
|
|
|
|
|
Annexe V
LES ECHELLES DE MESURES DE
L'ANXIETE PREOPERATOIRE CHEZ LES PARENTS (5)
ECHELLES
|
SCORE
|
VALIDITE ET FIABILITE
|
State trait Anxiety
|
Score de 20-80. 40
|
Bonne construction
|
Inventory (STAI)
|
questions en deux
|
et validité
|
|
parties, 20 questions mesure les traits de base de
l'anxiété et 20 questions mesurent la situation de
l'anxiété
|
concurente
|
Visual Analogique
|
Score de 0 à 100
|
Bonne validité
|
Scale (VAS)
|
enregistré sur une
|
comparé à STAI
|
|
ligne de 100-mm .
|
(27)
|
|
0 = pas anxieux et à
|
|
|
100 =extrêmement anxieux
|
|
Annexe VI
Les échelles du délire
(29)
Auteur
|
Année
|
Echelle
|
Population
|
Cole et al
|
2002
|
Emergence delirium
|
10 mois-6ans
|
Halien et al
|
2001
|
Excitation Scale
|
3 - 8 ans
|
Cohen et al
|
2001
|
Agitation Scale
|
2 - 9 ans
|
Galinkin et al
|
2000
|
Postoperative behaviour scale
|
9mois - 6ans
|
Cravero et al
|
2000
|
Emergence agitation scale
|
6mois 10 ans
|
Aono et al
|
1999
|
Problematic Behavior Scale
|
3 - 6 ans
|
Aono et al
|
1997
|
Behavior Rating Scale
|
Garcons de 3 10 ans,
|
Annexe VII
Post Hospitalization Behavioral Questionnaire = PHBQ
(30)
|
|
En Pré opératoire
|
En Postopératoire J1 - j2 - j7 - j15
|
24 Items en 4 domaines
|
1= jamais
|
2= parfois
|
3= sou vent
|
4= Très sou vent
|
-2 =
<< avant
|
- 1= < avant
|
0 = avan t
|
+1 = > ava nt
|
+2 = >> ava nt
|
1) Détresse émotionnelle
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
cherche l'attention de quelqu'un
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Accès de colère
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Agitation, irritabilité
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Se bat et rampe
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Indiscipliné
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Taquiner les autres enfants
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Se fait taquiné
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
pleurs
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2) Symptômes physiques
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Mal de tête
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Perturbation alimentaire
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3) Perturbation des fonctions
Jounalières
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Incontinence diurne
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Peur d'être laissé seul
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Peur des nouvelles situations
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
S'interresse aux nouvelles situations
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
courage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Peur des personnes étrangères
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Indépendant
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Muet et silencieux
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4) Troubles du sommeil
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Difficultés d'aller au lit
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Incontinence nocturne
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Se reveille la nuit
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
A des cauchemars
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
somnambulisme
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Peur de l'obscurité
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Annexe VIII
GRILLE DE DONNEES DEMOGRAPHIQUES
Hôpital Service date
Nom Prénom : Age : genre : F / G
Adresse
Tel :
Motif d'admission
Niveau d'instruction :
Kotteb
Jardin d'enfant
Ecole primaire
Collège
Niveau d'instruction de la mère
Travail de la mère Oui
Plein temps
|
Non
Mi-temps
|
Niveau d'instruction du père
Plein temps Mi-temps
Les parents vivent ensemble Oui Non
Nombre de fratrie Frères Soeurs
Rang de l'enfant dans la fratrie
Niveau socio-économique .
Nombres de personnes qui accompagnent l'enfant
Mère Oui Non
Père Oui Non
Autre Oui Non
75
Annexe IX
Données médicales
ATCD Médicaux OUI : Non
Si oui Hospitalisation antérieure
Nombre de fois
Quand .
Où
Pourquoi
ATCD Chirurgicaux Oui Non
Si oui Nombre de fois
Quand .
Où
Pourquoi
|
Type d'intervention
Heure de l'intervention
Consultation pré anesthésique Oui Non
Lieu : Durée d'hospitalisation
Technique Anesthésique : Anesthésie
générale Oui Non
Anesthésie Locorégionale Oui Non
Produits utilisés
Sédation + Anesthésie locale Oui Non
Produits utilisés
Induction au masque Induction IV
Produits utilisés : Narcotique/VIV
Analgésique
Curare
Fluothane Oui Non
Sévoflurane Oui Non
Isoflurane .Oui Non
N2O Oui Non
O2 oui
Produits d'entretien
Solutés de remplissages
Durée de l'intervention
|
76
Annexe X
Questionnaire destiné à l'enfant en
âge de communication (8)
Questions
|
Juste
|
Faux
|
Je ne sais pas
|
Sais tu pour quelle raison tu es venu à l'hôpital
aujourd'hui ?
|
|
|
|
Sais tu ce qui va se passer aujourd'hui ?
|
|
|
|
Vas-tu subir une opération ?
|
|
|
|
A quoi va servir cette opération ?
|
|
|
|
C'est quoi une opération ?
|
|
|
|
Crois tu que l'opération fait mal ?
|
|
|
|
Sais tu pourquoi cela ne fait pas mal ?
|
|
|
|
Seras tu éveillé ou endormi pendant
l'opération ?
|
|
|
|
Comment vas-tu être endormi
|
|
|
|
77
TRIKI MONIA
(née le 22 / 12 /1956)
Etude de l'anxiété préopératoire et
du comportement postopératoire de l'enfant Tunisien
Résumé
La plupart des chercheurs trouvent qu'un score
d'anxiété élevé chez l'enfant en
préopératoire est associé en postopératoire
à des troubles du comportement.
Le but de notre étude est d'évaluer l'ampleur de
ces phénomènes afin de mettre en place des stratégies de
prise en charge de l'anxiété préopératoire et
l'amélioration de la qualité des soins postopératoires. Ce
travail a été réalisé à l'Institut Kassab
d'Orthopédie.
C'est une étude descriptive. Notre population a
concerné tous les enfants âgés de 2 à 12ans, ASA I
et II admis pour être opérés en hôpital de jour ou en
hospitalisation de courte durée.
Nous avons utilisé les échelles
d'évaluation mYPAS, EVA et PHBQ pour évaluer
l'anxiété des enfants, des parents et les modifications
comportementales en postopératoire.
Nos résultats de prévalence de
l'anxiété étaient similaires à ce qui a
été décrit dans la littérature (72% à 87,5%
vs 40 à 70%).
Le bas âge et le manque d'information sont deux facteurs
de risque dont la corrélation est statistiquement significative.
La prévalence des troubles du comportement
postopératoire est de 68,8% dans le domaine de détresse
émotionnelle, de 59,4% dans le domaine du sommeil. L'activité
journalière est altérée chez 40,6% des enfants. Le domaine
le moins touché est celui des symptômes physiques. 28,1%.
La fréquence importante de l'anxiété
préopératoire et celle des troubles du comportement
postopératoire impose d'identifier le groupe d'enfant à risque
afin d'instaurer un programme de prévention. Certes, l'anxiolyse
pharmacologique en constitue un maillon mais l'information et la bonne
préparation préopératoire de l'enfant et des parents sont
aussi bénéfiques.
Mots clés :
Anxiété préopératoire,
trouble du comportement postopératoire, anesthésie,
enfant.
78
|