CONCLUSION
Le Cameroun est signataire de la convention de 1972 et pour
cela il a déjà inscrit un seul site, un site naturel sur la liste
du Patrimoine mondial en 1982 ; depuis 2006, le Cameroun a inscrit treize sites
sur la Liste indicative de l'UNESCO. Ce préalable accompli a permis de
choisir un site de la Liste indicative la même année, les Chutes
de la Lobé, alors inscrit comme site mixte pour la préparation
d'inscription du site sur la Liste du Patrimoine mondial. Mais pendant le
processus d'inscription, la coordination chargée de la
préparation du Dossier a choisi de le proposer comme paysage culturel au
vue des interactions évidentes entre les populations du site et leur
environnement qui est essentiellement l'eau de la mer et le Fleuve Lobé.
En effet pour les Batanga, Mabi et les Pygmées Bakola vivant sur le
site, les composantes naturelles ne sont pas des structures immeubles, mais
sont des entités vivantes faisant partie de leur quotidien. En effet
pour ces communautés, ces éléments de la nature sont
habités par des esprits qui, régissent leur vie et interviennent
au quotidien dans leur quotidien. Ces esprits sont appelés Jengu
et sont assimilables aux dieux de la Mythologie, Romaine comme Neptune
ou encore Grecque comme Poséidon. La différence
étant ici que ces divinités sont le plus souvent
évoquées comme féminines. Cependant le site n'a pas pour
unique spécificité, sa culture, mais est également la
richesse de sa faune et de sa flore qui regorgent des espèces rares,
protégées ou en voie de disparition comme les Tortues marines.
Toutes ces valeurs à elles seules pouvaient justifier le besoin de
protéger ce site en le proposant à l'inscription au Patrimoine
mondial. C'est ce qui a motivé le Ministère de la Culture
d'entamer le processus d'inscription par l'élaboration d'un Plan de
gestion du site, ce qui a été fait grâce à une
méthode participative qui impliquait toutes les parties prenantes sur le
site, de concert avec les autorités municipales et administratives, le
Plan de gestion qui a été finalisé en 2007, prêt
à être opérationnel. Et selon des recommandations
intégrées dans le plan de gestion qui demandait de
protéger le site de classement, la mesure la plus efficace et
adaptée était la signature d'une Déclaration
d'Utilité publique(DUP), un acte réglementaire suspensif de toute
transaction et de toute mise en valeur sur les terrains concernés. Aucun
permis de construire ne peut, sous peine de nullité d'ordre public,
être délivré sur les lieux du territoire de classement.
C'est à cette époque que le Projet du CIPK commençait
à s'implanter à une quarantaine de kilomètres du site,
notamment sur l'espace prévue comme zone tampon, c'est-à-dire
zone de protection du site d'inscription. Pour des raisons différentes,
le Projet a également sollicité une DUP qui englobait une bonne
partie du territoire du périmètre de classement. Même si
les deux projets étaient distincts dans leurs objectifs, les
populations
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sont tombées dans une confusion inexplicable. Alors que
la DUP du MINCULT visait à stopper les transactions foncières sur
le site pendant la période de la préparation du Projet
d'inscription dans l'optique de protéger le site des constructions
anarchiques sur le site, celle du CIPK visait à inventorier les biens
immeubles des populations aux fins d'expropriation, d'indemnisation et de
délocalisation. Cette confusion a poussé les populations à
l'hostilité et ont assimilé les objectifs de la DUP du MINCULT
à celle du CIPK, et estimaient avoir été trahies par le
gouvernement. Cette confusion ajoutée à l'évidence de la
menace certaine du Projet d'inscription de par la proximité du CIPK,
puissant complexe industriel près du Paysage culturel de la Lobé,
a convaincu le MINCULT d'abandonner le projet d'inscription du site en 2011.
Pour mieux appréhender nos travaux sur le site, la
recherche documentaire nous a été d'un apport inestimable. Nous
avons utilisé les mots clés identifiés de notre projet
personnel. Et les Lectures nous ont permis de mieux comprendre l'origine et la
signification du concept paysage culturel, bien antérieure à
l'UNESCO. Mais plus encore nous avons su apprécier les
définitions spécifiques du paysage culturel attaché
à chaque contexte géographique différent. Ainsi un Paysage
culturel est apprécié différemment selon qu'il est en
Europe ou en Afrique ou ailleurs dans le continent, le point commun de tous
étant l'interaction indéniable observé entre les
populations et leur environnement. Nous avons pu également
apprécier un exemple de cohabitation entre le Complexe industrialo
portuaire de Fos, près de Marseille en France, et le point le plus
marquant dans cet exemple est la mobilisation des membres de la
communauté et les différentes associations oeuvrant pour la
protection de la nature et de l'environnement , qui se sont organisée en
Collectif pour mieux défendre les intérêts de leur site et
ceci est un exemple à suivre pour les habitants du Paysage culturel des
chutes de la Lobé. Un exemple à suivre d'autant plus pertinent au
vu de l'importance du CIPK. En effet, Le port qui est déjà
achevé comprend une superficie de 26 000 hectares, un Tirant d'eau de 15
à 16 mètres ; il a la capacité d'accueil de grands navires
de commerce d'une capacité allant jusqu'à 100 000 tonnes.
L'appontement minéralier a 24 m de tirant la voie d'accès du
chenal a 300m de largeur, la digue de protection, 2800 m. le Port
général comporte un terminal polyvalent + un terminal à
conteneurs, ainsi que quatre terminaux spécialisés dont un
terminal aluminium, un terminal méthanier, un terminal à
hydrocarbures, terminal minéralier et enfin, une zone industrielle. De
plus le Port a pour ambition de desservir toute la sous-région Afrique
Centrale, car c'est le plus grand investissement de cette envergure dans cette
sous-région de l'Afrique. De ce fait, il est a priori difficile
d'ignorer ou d'occulter la menace évidente qui pèse sur le
Paysage culturel des chutes de la Lobé tant sur le plan
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environnemental que sur le plan culturel, car les populations
riveraines sont liées à leur environnement qui leur procure
l'essentiel de leur survie, mais plus encore c'est le socle de survie de leurs
traditions, essences, de leur culture, d'où la nécessité
de veiller à la protection de ces composantes naturelles et culturelles.
D'un côté les populations affichent leurs inquiétudes, car
elles estiment être en retrait dans la prise de décisions sur leur
avenir, d'un autre coté les responsables du Port rassurent sur toutes
les mesures prises quand la protection de l'environnement et des traditions.
Pour le premier volet, ils proposent une gestion des déchets qui ne
nuiraient nullement à l'intégrité des eaux et à la
santé des populations, et pour le second volet, ils disent avoir
laissé le soin aux populations de prendre elles -mêmes les
décisions en ce qui concernent la protection des espaces sacrés.
Ces sons de cloches différents sont la preuve qu'il n'existe pas une
plateforme de communication entre les populations riveraines et les
Autorités du CIPK. De même les populations riveraines se plaignent
de ne pas être bénéficiaires des retombées
économiques du site à l'instar du volet professionnel, mais les
choses devraient changer, d'après les responsables du CIPK avec la mise
en activité du PAK qui sanctionne la fin de la première phase du
Complexe.
Au terme de nos recherches quelle réponse donner
à notre problématique, à savoir « Le port de Kribi :
force ou menace pour la proposition d'inscription du paysage culturel des
chutes de la lobé sur la liste du patrimoine de l'UNESCO et pour
l'identité des populations riveraines»?
L'analyse SWOT nous a révélé que le Port
Autonome de Kribi peut s'avérer être une force
sur le plan économique et du développement
du site à titre d'exemple, l'autoroute qui est en cours de
construction et les aménagements déjà effectués au
niveau de l'entrée des chutes de la Lobé. Il est cependant une
faiblesse quant au risque de perte de
l'intégrité du paysage et de
l'authenticité des pratiques culturelles ; car
déplacés, transformés, reconstitués, les espaces
sacrés n'auraient plus la même valeur spirituelle d'antan ce qui
est un risque énorme de perte et de transmission de ces traditions aux
générations futures. Cependant, le Port, au vue de sa grande
capacité industrielle, se présente comme une
opportunité pour la protection de
l'environnement, car avec moyens technologiques
avancés, les responsables offrent la possibilité de traitement
des déchets qui serait un avantage pour la protection et la sauvegarde
du patrimoine naturel et culturel des populations riveraines. Enfin la grande
menace est le manque de concertation permanente
entre le CIPK et les Populations riveraines, car sans communication
entre les partis concernés aucune action d'envergure ne serait faite et
la situation risque de dégénérer et de devenir
incontrôlable. Pour répondre à la question de notre
problématique, nous dirions que, la
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concertation permanente, les actions participatives sont les
clés qui feraient du Port Autonome de Kribi, Une force pour les
populations riveraines et une opportunité pour le Dossier d'inscription
du Paysage culturel des chutes de la Lobé sur la Liste du Patrimoine
mondial de l'Unesco. En effet si l'on considère l'accent que l'UNESCO
met sur la protection des sites classés et l'exhortation permanente pour
les Etats partis à veiller à la préservation des valeurs
du site, d'où l'importance d'un plan de gestion, il ressort la
nécessité absolue de collaboration entre le PAK, les Populations
riveraines, le Ministère des Arts et de la Culture(MINAC) et toutes les
autres administrations concernées, et le Comité de gestion du
site est l'organe le mieux adapté pour être la plateforme
consensuelle de toutes ces parties en vue d'un développent durable du
site. La construction d'un Centre d'Interprétation du Patrimoine
culturel et un musée écologique de préservation des
tortues marines seraient les meilleures illustrations de cette collaboration
participative. Aussi exhortons-nous les autorités du PAK, les
autorités traditionnelles, les autorités municipales, les
autorités administratives, le Gouvernement Camerounais à oeuvrer
ensemble afin que le Paysage culturel des chutes de la Lobé soit un
modèle de préservation de la culture et des traditions dans un
environnement apparemment hostile, mais plus encore que ce soit le haut lieu de
destination touristique, mais aussi de recherches et d'évolution
scientifique, et ce qu'il soit classé ou non patrimoine mondial de
l'Unesco.
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Cameroon is a signatory to the 1972 convention and for this,
he has already registered one site, in 1982; a natural site. Since 2006,
Cameroon scored 13 sites on the tentative list of UNESCO. This accomplished
prior allowed to choose a site indicative list the same year, the falls of the
lobed, then registered as joint site for the preparation of the site on the
World Heritage list. But during the registration process, responsible for the
preparation of the case coordination has chosen to propose it as a cultural
landscape in view of the obvious interactions between populations of the site
and their environment which is essentially the water of the sea and the river
Lobe. Indeed for the Batanga, Mabi and the Bakola pygmies living on the site,
the natural components are not immovable structures, but are living entities
that are part of their daily lives. Indeed for these communities, these
elements of nature are inhabited by spirits who govern their lives and involved
on a daily basis in their daily lives. These spirits are called Jengu, and are
like the gods of Roman and Greek Mythology, like Neptune and Poseidon. The
difference here is that these deities are most often referred to as female.
However the site is not unique specificity, its culture, but
is also the wealth of its fauna and flora that are full of rare, protected
species or endangered as sea turtles. These values alone could justify the need
to protect this site by offering it to the world heritage registration. This is
what prompted the Culture Ministry to begin the registration process by the
development of a Management Plan for the site, which was done through a
participatory process involving all stakeholders on the site, together with the
municipal and administrative authorities, Management Plan which was completed
in 2007, ready to be operational. And according to recommendations included in
the management plan that was asked to protect the site from ranking, the most
effective and suitable measure was the signing of a Declaration of public
utility (DUP), a suspensive regulatory act of any transaction with any
development on the land concerned. Under penalty of nullity of public order, no
building permit cannot be issued on the territory of classification places. It
was at this time that, the project of the CIPK began to settle 40 kilometers of
the site, including on the space provided as buffer zone, i.e. the registration
site protection area. For different reasons, the project has also requested a
DUP which included a good part of the territory of the perimeter of ranking.
Even if both projects were different in their objectives, populations fell into
inexplicable confusion. While the DUP of the MINCULT was intended to stop land
transactions on the site during the period of the preparation of the project
for registration in order to protect the site of anarchical constructions on
the site, that of the CIPK aimed to inventory property of populations for the
purposes of expropriation, compensation and relocation. This confusion has
pushed people to
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the hostility and has assimilated the objectives of the DUP of
the MINCULT to the CIPK felt betrayed by the Government. This confusion added
to evidence of some threat of the project for registration due to the proximity
of the CIPK, powerful industrial complex near the cultural landscape of the
lobed, convinced the MINCULT to abandon the project of inclusion of the site in
2011.
To better understand our site work, the documentary research
was invaluable. We used the keywords identified our personal project. And
readings have allowed us to better understand the origin and meaning of the
cultural landscape, well prior to the UNESCO concept. But even more we
appreciated the specific definitions of the cultural landscape that is attached
to each different geographical context. Thus a cultural landscape is
appreciated differently according to whether it is in Europe or in Africa or
elsewhere in the continent, the common point of all the undeniable interaction
between people and their environment. We could also appreciate an example of
coexistence between the port of Fos, near Marseille in France, industrial
complex and the most significant in this example is the mobilization of members
of the community and associations working for the protection of nature and the
environment, which themselves are organized collectively to better defend the
interests of their site and this is an example to follow for the inhabitants of
the cultural landscape of falls of the lobed. An example to follow for even
more relevant in view of the importance of the CIPK. Indeed, the port that is
already completed includes an area of 26 000 hectares, a draught of 15 to 16
meters; It has the capacity for large commercial ships with a capacity of up to
100,000 tones. Jetty ore 24 m from taking the path of the channel is 300 m in
width, the protection dam, 2800 m. the general Port contains versatile terminal
+ a container terminal, as well as four terminals specialized including a
terminal aluminum, an LNG terminal, a terminal to hydrocarbons, ore terminal
and finally, an industrial area. More Port has ambition to serve all the sub
region Central Africa, because it is the largest investment of this magnitude
in this region of Africa. Because of this, it is initially difficult to ignore
or obscure the obvious threat that weighs on the cultural landscape of the
falls of the lobbed both environmental and cultural terms, because residents
are related to their environment that provides them with most of their
survival, but even more it is the basis of survival of their traditions Otto,
of their culture, hence the need to ensure the protection of these natural and
cultural components. On one side people displayed their concerns, because they
consider to be indented in the taking of decisions on their future, other Port
officials reassured on all measures taken as protection of the environment and
traditions. For the first part, they offer a waste management that would not
adversely affect the integrity of waters and the health of
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populations, and for the second part, they say have left it to
people to take these same decisions which concern the protection of sacred
spaces. These different sounds of bells are evidence that there was a
communication platform between local communities and the authorities of the
CIPK. Similarly residents complain of not being beneficiaries of the economic
benefits of the site like the professional side, but things should change,
according to officials of the CIPK with the activation of the PAK who
sanctioned the end of the first phase of the complex. At the end of our
research answer to our problem, namely ' the port of Kribi: force or threat to
the nomination of the cultural landscape of the falls of the lobe on the list
of world heritage of UNESCO and to the identity of the populations?
SWOT analysis has revealed that the Autonomous Port of Kribi
can prove to be a force on the economic plan and the development of the website
for example, highway which is under construction and facilities already carried
out at the level of the entrance to the falls of the lobed. It is however a
weakness when the risk of loss of the integrity of the landscape and of the
authenticity of cultural practices; because moved, transformed, reconstituted,
the sacred spaces wouldn't have the same spiritual value of yesteryear which is
a huge risk of loss and transmission of these traditions to future
generations.
However, the Port, in view of its large industrial capacity,
presents itself as an opportunity for the protection of the environment, as
with advanced technological means, officials offer the possibility of treatment
of waste which would be an advantage for the protection and conservation of the
natural and cultural heritage of local communities. Finally, the big threat is
the lack of permanent cooperation between the CIPK and riparian Populations,
because without communication between the parties involved no major action
would be made and the situation is likely to escalate and become
uncontrollable. To answer the question of our problem, we would say that,
permanent dialogue, participatory actions are the keys that would make the Port
of Kribi, a force for local communities and an opportunity for the application
of the cultural landscape of the falls of the lobed on the list of world
heritage of UNESCO. If one considers UNESCO focus on the protection of
classified sites and the exhortation permanent for States parties to ensure the
preservation of the values of the site, where the importance of a management
plan, it is apparent the absolute necessity of collaboration between the PAK,
local communities, the Department of Arts and Culture (MINAC) and all other
authorities concerned , and the management of the site Committee is the body
best adapted to be the consensus platform of all these parties to develop
sustainable site. The construction of an Interpretation of the cultural
heritage Center and an ecological Museum for the preservation of sea turtles
would be the best illustrations of this participatory
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collaboration. As we urge the authorities of the PAK,
traditional authorities, municipal authorities, the administrative authorities,
the Government of Cameroon to work together so that the cultural fall of the
lobbed a landscape model of preservation of culture and traditions in a
seemingly hostile environment, but even more than it is the Mecca of tourist
destination, but also research and scientific developments, and it is
classified world heritage of UNESCO or not.
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