III. Usage du site aujourd'hui
1. Les pratiques traditionnelles
Les pratiques traditionnelles connues sur le site sont
généralement des rituels spécifiques adressées
à leurs dieux et aux ancêtres. Ce sont pour la plupart du temps
:
- Des rituels d'intronisation des chefs : un
chef pour assurer son règne doit avoir la bénédiction des
ancêtres. Aussi la cérémonie d'initiation reste
secrète et est conduite par un cercle restreint d'initiés ;
- Des rituels de sacrifices aux esprits : ce
sont des rituels que l'on pratique pour des demandes spéciales aux
divinités ;
- Des rituels de circoncision : ces rituels
s'adressent aux adolescents et leur permettent d'acquérir le statut
d'adulte ;
- Des rituels de présentation des nouveaux
-nés à l'eau : chaque enfant natif de la région
subit systématiquement un rituel de présentation aux Esprits de
l'eau afin de recevoir la bénédiction et la protection des
ancêtres ;
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- Des rituels de purification après un deuil
: ce rituel fait après la mort d'un proche parent consiste
à couper le lien avec le disparu et permettre le repos de son
âme.
Ces rituels sont généralement dirigés par
le chef du village ou par le chef féticheur accompagné de
notables et des initiés. Ceux-ci se rendent généralement
au bord de l'eau (mer ou fleuve) pour invoquer les dieux et les esprits de
l'eau. On apporte des carafes de vin rouge ou de palme, et des corbeilles de
vivres pour assouvir la faim et la soif des esprits. Mais auparavant, on expose
le motif du rituel et ensuite on présente les doléances. Le
sacrifice est considéré comme accepté si tous les dons
coulent au fond de l'eau. Dans le cas où les victuailles ne sont pas
acceptées, ils demeurent à la surface de l'eau. Le chef, les
notables et les initiés à ce moment se concertent alors afin de
comprendre les raisons du refus du sacrifice et de pallier rapidement au
problème. Les rituels peuvent se faire publiquement, en
communauté ou en famille, mais à un certain moment, les
initiés se retirent toujours afin de communier intimement avec les
esprits de l'eau.
2. Les différents évènements culturels
:
Les évènements culturels les plus connus sont le
Mayi, la fête de commémoration des Batanga et le Nguma Mabi
(fierté des Mabi), le festival de la communauté Mabi.
- Le Mayi :
Vers la fin de la première Guerre Mondiale 1916, le
Général Aymerich ordonna le rapatriement des
déportés vers leur terre d'origine. Le premier contingent arriva
de Limbé et atteint Kribi le 14 février 1916. Le deuxième
contingent arriva quelques mois plus tard le 09 mai 1916.C'est en souvenir de
cet évènement que les Batanga commémorent chaque
année, depuis 1916, date de leur retour, la fête du souvenir
encore appelé « Mayi », (mois de mai en Batanga). De par son
déroulement, la communauté Batanga commémore cet
évènement deux fois par an, le 14 février et le 09 mai,
dates de retour des déportés. Même si la Ville de Kribi est
le centre d'organisation de cette fête culturelle, chaque village Batanga
est concerné par cet évènement et organise en fonction de
ses moyens. Alors que la fête du 14 février est quasiment inconnue
du grand public, le Mayi, celle du mois de Mai par contre est plus
médiatisée. Elle attire plus de visiteurs chaque année.
Par cette commémoration, les Batanga de tous les horizons expriment leur
folklore et leur culture qui s'illustrent par la préparation de mets
traditionnels divers, la valorisation de la pharmacopée, les contes et
mythes propres aux divinités de l'eau, les cultes et rites d'initiation
et l'aspect ludique. Le Mayi se prépare en quatre phases principales qui
sont « le prologue », « la commémoration », «
la joie des plages
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retrouvées », et enfin « la clôture
». Nous insisterons sur les deux étapes suivantes qui sont riches
en symbolique dans l'histoire des Batanga.
- La commémoration : Les
activités de cette séquence mettent en exergue toutes les
péripéties vécues par les Batanga pendant la guerre et
pendant la déportation loin de leur terroir. La phase la plus importante
ici est la grande soirée culturelle où sont
présentés sous forme d'opéra l'ensemble des récits,
de l'histoire des Batanga depuis le début de la guerre jusqu'à
leur retour à Kribi ;
- La joie des plages des retrouvées :
C'est l'avant dernière étape des festivités. Elle est
essentiellement festive et est articulée autour des rituels d'invocation
aux esprits de l'eau (Rituel de présentation de nouveaux nés,
rituel de demande de bénédictions), par l'organisation des
compétitions sportives (sports nautiques, lutte traditionnelle, danse
traditionnelle...) et par un culte oecuménique. Le point culminant de
cette phase est la baignade populaire. Elle symbolise la relation fusionnelle
des Batangas avec l'eau de mer qu'ils ont retrouvée après leur
exil loin du territoire de leurs ancêtres. La fête prend fin le
lendemain après un vaste défilé à travers les
artères de la ville ou du village.
- Le Nguma Mabi : Le Nguma Mabi
(fierté des Mabi), dont La 1ère Edition a eu lieu en
décembre 2001 est une cérémonie d'actions de grâce
et de remerciements aux ancêtres et aux esprits de l'eau pour les
bienfaits de l'année écoulée. C'est à cette
occasion qu'il est possible de faire une demande de protection dans
différents domaines pour la nouvelle année. Cette fête n'a
pas une origine historique. Elle représente plutôt une
volonté du peuple Mabi de se regrouper et de se mobiliser du 10 au 15
décembre de chaque année pour célébrer leurs
journées culturelles. C'est aussi l'occasion de procéder à
des rituels spécifiques pour toutes sortes de demandes adressées
aux dieux.
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