Urbanisme et santé :
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire
dans une démarche préventionnelle
pour limiter le tout-médical ?
Eric, Omar Moustaqil
Mémoire présenté pour le Master 2
URBANISME ET
AMÉNAGEMENT / PROGRAMMATION, CONCEPTION ET
CONDUITE
DE PROJETS URBAINS
2020-2021
Sous la direction de Paul BOINO, Professeur des
Universités
Remerciements
J'adresse tout d'abord mes remerciements à Monsieur
Paul BOINO, professeur des Univeristés, mon directeur de mémoire,
pour sa disponibilité, son écoute, ses remarques et conseils
constructifs et notamment sa très GRANDE patience et les nombreuses
heures qu'il m'a accordé.
Je remercie également tous les enseignants de l'IUL et
de L'ANTPE que j'ai pu rencontrer au cours de ma formation universitaire,
notamment Madame Rachel LINOSSIER et Monsieur Reolof VERHADGE de m'avoir admis
à cette formation de Master 2 en urbanisme et aménagement.
Je tiens à remercie mes amis Jérémie
ROUAULT et Réda Kertit ainsi que mon épouse Lucie VALLIN pour
leur disponibilité, leurs conseils et leur soutien moral.
Je remercie mes deux camarades Hippolyté CHAUBERT,
Sarah ALLEYSSON pour m'avoir aidé à élargir ma base de
données relative à cette thématique.
Je remercie également l'ensemble des camarades de
promotion avec qui j'ai travaillé en équipe pour des projets
relatifs à ce Master.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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SOMMAIRE
I-Introduction 3
II-La santé : Un facteur déterminant de
l'architecture des villes 6
II.1-L'urbanisme et santé - Aperçu historique 6
II.2-L'antiquité : la naissance de la pensée
hippocratique 6
II.3-Le Moyen âge : La suite de la pensée
hippocratique 7
II.4-Le XIXe siècle : naissance de l'hygiénisme
9
II.5-Le XXe siècle : l'urbanisme moderne et
fonctionnaliste 14
II.6-Urbanisme et santé : la rupture relationnelle 15
III-Ville pathogène: Émergence de nouvelles
épidémies (maladies chroniques) 18
III.1-La sédentarité dans un milieu urbain : un
phénomène épidémiologique 20
III.2-La densité 28
III.3-La pollution 30
III.3.a- Pollution atmosphérique et pollution des
eaux/sols 30
III.3.b- Pollution sonore 33
III.3.c- Pollution lumineuse 33
III.3.d- Conséquences multiples : 34
III.4-Les inégalités sociales de santé (ISS)
37
III.5-La temporalité de la ville : synchronisation des
temps sociaux 41
IV-Évolutions des approches de la santé 45
IV.1-L'essor du modèle biomédical : une approche
curative et réductionniste 45
IV.2-La santé et le développement durable :
approche environnementaliste de la santé 48
IV.3-Une approche globale et positive : L'OMS vers un nouveau
paradigme 51
IV.3.a- Une approche globale de la santé et de l'urbanisme
51
IV.3.b- Les déterminants de la santé 56
IV.3.c- À l'origine d'un concept : la santé dans le
processus d'urbanisation 64
V-Les villes-santé : de la promotion de la santé
vers un urbanisme favorable à la santé 67
V.1-Contexte complexe : mobilisation et investissement de l'OMS
67
V.2-Genèse et évolution : vers une vision
populationnelle 68
V.3-Le concept urbanisme favorable à la santé : un
changement de paradigme. 71
V.4-Les démarches et outils pour un urbanisme favorable
à la santé, l'institutionnalisation du
concept : une approche volontariste de la santé en ville
75
V.4.a- Échelle internationale : Organisation de
Conférence, déclaration 75
V.4.b- La Conception d'un environnement préventionnel pour
la santé : Quels outils ? 76
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V.4.c- Les principes et les valeurs de l'EIS :
Intersectorialité, interdisciplinarité, équité
et
démocratie. 78
V.4.d- Les différents types d'EIS : Prospective,
Concomitante et rétrospective 79
V.4.e- Échelle nationale : Orientations nationales et leur
déclinaison territoriale 80
V.4.f- Échelle locale 83
VI-Sortir du tout-médical : les exemples de la
mobilité active et de l'activité physique 86
VI.1-Méthodologie et motivations de l'étude 86
VI.2-En quoi la mobilité active et l'activité
physique sont des facteurs permettant de limiter le
(( tout-médical » ? 88
VI.2.a- Mobilité 88
VI.2.b- L'essor de la mobilité active 90
VI.2.c- La nécessité de l'activité physique
93
VI.3-Comparaison des contextes des villes : limites qualitatives
de notre analyse 98
VI.3.a- Rennes : ville pionnière : réseau
Villes-santé 98
Contexte socio-urbain 98
La prise en compte de la santé 99
VI.3.b- Avignon : ville métamorphose 100
Contexte socio-urbain 100
VI.3.c- Lausanne : ville Métasanté, ville
labélisée : ville active 102
Contexte socio-urbain 102
VI.4-Comment la prise en compte de la santé par
l'urbanisme peut orienter ses actions et projets ?
Urbanisme favorable à la santé ou urbanisme
préventionnel pour la santé? 104
VI.5-De la densité à la (( compacité
qualitative » : quelle importance pour les déterminants de
santé ? 105
VI.6-L'intégration de la santé dans la politique
urbaine : Analyse interne de la prise en compte des
déterminants de santé. 107
VI.7-La déclinaison des planifications stratégiques
sur le terrain : Analyse externe de la prise en
compte de la santé- Opérationnalité ?
119
VI.8-Comment l'intégration de la santé dans les
documents d'urbanisme peut permettre de
recréer le lien entre médecine et urbanisme ?
135
VII-Conclusion 137
Bibliographie 140
Annexes 148
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I- Introduction
En 2050, 68 % de la population mondiale vivra en ville, contre
55 % aujourd'hui1, il est donc fort probable que les villes
connaissent une forte densité populationnelle : soit deux individus sur
trois vivront dans des villes ou dans d'autres milieux urbains d'ici 2050,
selon de nouvelles données des Nations Unies. Selon le
Département des affaires économiques et sociales (DESA) de
l'Organisation des Nations Unies (ONU), cela indique qu'approximativement 2,5
milliards de personnes pourraient éventuellement s'être
additionnées aux espaces urbains d'ici le milieu du siècle, en
raison des mutations et de la hausse démographique.2
L'évolution démographique des villes et de la dynamique urbaine,
liées à des facteurs sociaux, économiques et
environnementaux, déterminent de nouvelles problématiques
sanitaires.
L'épidémie actuelle de Covid-19 nous
ramène à la question des liens entre urbanisme et santé.
Cette question est légitime mais reste réductrice.
Historiquement, à chaque nouvelle épidémie ou nouveau cas
de maladies infectieuses, tels que le choléra, la peste, la tuberculose,
ou, aujourd'hui, la Covid-19, les acteurs de santé ont fait appel
à l'urbanisme.
Or, la conception et l'organisation contemporaines des villes
amènent à de nouvelles problématiques de santé
autour de ce qu'on appelle les maladies chroniques ou maladies
non-transmissibles (MNT)3. Selon l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS), ces maladies sont de longue durée et causées
par des facteurs génétiques, mais aussi comportementaux et
environnementaux. Parmi ces MNT, nous trouvons les pathologies
cardio-vasculaires, les cancers, l'obésité etc.4
Malgré l'investissement de l'OMS en la matière,
aujourd'hui, subsiste une vision « tout-médical » de la
santé. Depuis les années 60, il existe une rupture entre
médecine et urbanisme. La première s'est modernisée et a
profité des développements technologique et économique.
Elle a traité la question de la santé, par la guérison de
maladies physiques, laissant de côté une vision globale de la
santé. La seconde, développant une vision fonctionnaliste du
milieu urbain, s'est concentrée sur la mission particulière de
chaque
1 Chloë Voisin-Bormuth, « Des villes
productrices de santé? », s. d., 98.
2 OMS, « 2,5 milliards de personnes de plus
habiteront dans les villes d'ici 2050 » (NEW YORK: OMS, 16 mai 2018),
https://www.un.org/development/desa/fr/news/population/2018-world-urbanization-prospects.html.
3 OMS, « Maladies non transmissibles », 1
juin 2018,
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/noncommunicable-diseases.
4 Idem, art déjà cité
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construction, abandonnant également une vision globale
de la ville et donc n'intégrant pas la santé. Elle s'est
concentrée entre les mains des politiques et des ingénieurs.
Pour autant, l'organisation de la ville est
déterminante sur les facteurs des maladies chroniques. Ces derniers sont
: la sédentarité, la densité, la pollution, les
inégalités sociales de santé et la temporalité
urbaine etc. L'urbanisme constitue un déterminant important pour
l'action sur chacune de ces causes. Au regard de ce constat, nous
considérons que l'urbanisme peut avoir une démarche
préventionnelle pour la santé, au sens où il cherche
à agir en amont consciemment sur ces facteurs pour lutter contre les
MNT.
Aujourd'hui, malgré une littérature scientifique
fournie sur le sujet, comme les travaux d'Albert Lévy5,
Thierry Paquot,6 Sabine Barles7, Didier
Fassin8 ou encore de l'OMS, etc. Nous constatons que l'action
concrète dans les villes reste limitée. Depuis des années,
l'OMS mène une réflexion théorique sur la santé et
les villes mais également fait preuve d'initiative avec le programme
« ville-santé ». Malgré ces efforts, peu de
municipalités ont engagé un projet politique de
développement urbain prenant en compte la santé et les
intégrant dans les divers plans (En France, SCOT, PLU, PADD, PDU,
etc.).
Ainsi, nous pouvons nous interroger sur comment l'urbanisme
peut, aujourd'hui, s'inscrire dans une démarche préventionnelle
pour la santé pour limiter le « tout-médical ».
Dans ce mémoire, nous ne pourrons mener une
étude exhaustive du sujet. Nous nous concentrerons sur la
mobilité active et l'activité physique comme
éléments phares de cette démarche. Le choix de la
mobilité active repose sur sa place essentielle dans un projet
d'urbanisation qui est à même de s'attaquer à tous les
facteurs de MNT cités, notamment, toutes les formes de pollution, les
inégalités sociales, la densité incontrôlée,
la sédentarité etc. Celui de l'activité physique,
lié à la mobilité active, par l'investissement dans les
équipements sportifs urbains (parcours de
santé, fitness en plein air, dog park, skate
parcs etc.), s'attaque aux mêmes causes.
5 Albert Levy, Ville, urbanisme &
santé: les trois révolutions, Société
& santé (Paris [Paris]: Éd. Pascal Mutualité
française, 2012).
6 « Paquot - L'urbanisme, c'est notre affaire ! - Le Hub |
Éditions L'Atalante », consulté le 31 octobre 2021,
https://www.l-atalante.com/revues-de-presse/paquot-l-urbanisme-c-est-notre-affaire-le-hub/.
7 Sabine Barles, « Les villes transformées
par la santé, XVIIIe-XXe siècles », Les Tribunes
de la santé n° 33, no 4 (2011): 31,
https://doi.org/10.3917/seve.033.0031.
8 Didier Fassin, De
l'inégalité des vies, Leçons inaugurales du
Collège de France, no 293 (Paris: Collège de France : Fayard,
2020).
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Dans une première partie, nous donnons un aperçu
historique de l'évolution commune de l'urbanisme et de la santé.
Nous nous concentrerons ensuite sur l'émergence de nouvelles
épidémies, celles des maladies chroniques. Nous
développerons donc l'ensemble des facteurs causant ces MNT.
La seconde partie aura pour objet les évolutions des
approches de santé. Nous étudierons donc le modèle
biomédical et sa vision réductionniste de la santé,
l'approche environnementaliste de la santé qui se concentre sur
l'environnement et dont la santé n'est qu'une conséquence. Enfin,
nous développerons la vision globale et positive de l'OMS, qui
considère la santé comme un état de complet
bien-être9, et cherche à orienter la réflexion
sur l'urbanisme comme élément principal dans
l'amélioration de la santé. Nous verrons donc également
l'intervention publique et institutionnelle sur les questions de
santé.
Enfin, dans une dernière partie, nous chercherons
à apporter des éléments concrets de réponse
à notre problématique, à partir des exemples de Rennes,
Lausanne et Avignon. À partir d'une analyse comparative basée sur
des interviews avec des professionnels et des élus, nous
vérifierons la prise en considération effective ou non de la
santé, en interne dans les stratégies et dans les plans urbains
et en externe dans la réalité du terrain. Cette enquête
nous permettra également d'identifier la démarche globale et la
méthodologie de chacune des municipalités, les acteurs agissant,
et les aides des institutions.
9 OMS, « La Constitution a été
adoptée par la Conférence internationale de la Santé,
tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946, signée par les
représentants de 61 Etats le 22 juillet 1946 (Actes
off. Org. mond. Santé, 2, 100) et
est entrée en vigueur le 7 avril 1948. Les amendements adoptés
par la Vingt-Sixième, la Vingt-Neu_vième, la
Trente-Neuvième et la Cinquante et Unième Assemblée
mondiale de la Santé (résolutions WHA26.37, WHA29.38, WHA39.6 et
WHA51.23) sont entrés en vigueur le 3 février 1977, le 20 janvier
1984, le 11 juillet 1994 et le 15 septembre 2005 respectivement; ils sont
incorporés au présent texte », 22 juillet 1946.
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II- La santé : Un facteur déterminant de
l'architecture des
villes
II.1- L'urbanisme et santé - Aperçu historique
Bien que les villes soient conçues sous le prisme
économique, la santé s'est toujours imposée comme une
thématique de grande ampleur. L'histoire de nos milieux urbains
l'affirme : la perspective de la santé, à travers les
époques, a conditionné les orientations et les réflexions
de la pensée politico-urbaine, qui ont beaucoup influencé sur la
conception morphologique et l'organisation spatiale de nos villes. La
première partie de ce mémoire est composée de deux
objectifs majeurs : d'une part, rapporter comment la question de la
santé en ville a évolué à travers les
siècles (partie 1) et d'autre part, mettre en exergue sa relation avec
l'urbanisme et son inscription essentielle dans l'espace. Le choix des
époques est axé sur les moments forts de l'histoire des
épidémies qui ont marqué la science et la recherche en
santé dans un milieu perpétuellement pathogène (l'urbain).
Ce choix périodique de l'histoire, de l'époque antique
jusqu'à aujourd'hui, sert à élucider les évolutions
des paradigmes que la santé a imposées dans la sphère de
l'urbanisme.
II.2- L'antiquité : la naissance de la pensée
hippocratique10
Nous remontons donc à la Grèce Antique, au
Vème siècle avant notre ère. Dans un
traité, intitulé « Des airs, des eaux et des lieux »
Hippocrate donnait une importance à l'environnement pour aborder les
maladies.11 Il préconisait aux médecins, alors nomades
d'un lieu à un autre, de s'informer de la nature et de la
périphérie de l'environnement pathogène du lieu où
ils allaient exercer.12 Cette théorie qui traite le corps,
son fonctionnement et surtout son environnement a marqué la
médecine occidentale jusqu'au début du XXe siècle.
10 Cette partie est tiréé des travaux de
Sébastien fleuret, Florence Gherchanoc, Mirko Drazen Grmek
11 « HIPPOCRATE : Traité des Airs, des Eaux et des
Lieux. », consulté le 31 octobre 2021,
http://remacle.org/bloodwolf/erudits/Hippocrate/eaux1.htm.
12 Sebastien Fleuret, « l'évolution des
savoirs en santé et la place de la médecine dans la
société, dans les territoires et dans la ville - ESPACES Et
SOCIETES - UMR 6590 CNRS- UNIVERSITE D'ANGERS », Eso Angers, s. d.
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Hippocrate voulait interpeller les médecins sur
l'importance du contexte, du climat, de l'influence déployée sur
l'organisme par le milieu extérieur, ainsi que de son impact sur les
facultés psychique de l'individu et sur les institutions des
sociétés13. Il insistait déjà sur la
nécessité d'une topographie médicale. Dans son
étiologie des maladies, Hippocrate a accordé une grande
importance à l'air. Sa doctrine va dominer la pensée
médicale jusqu'à la fin du XIXe siècle, jusqu'à la
révolution pastorienne. Ainsi les romains avaient adopté les
thermes pour l'hygiène du corps, cette pratique étaient
accessible à tous (nobles et esclaves). La question de l'hygiène
chez les romains était aussi bien d'ordre individuel que collectif afin
d'améliorer l'hygiène publiques. Les thermes jouaient
également un rôle de sociabilisation et de culture.14
Les romains donnaient également une grande importance à
l'assainissement et à la gestion de l'eau. Ainsi pour l'adduction de
l'eau potable (sources) et pour l'évacuation des eaux usées hors
de la ville, ils construisaient des aqueducs.15
Au Ier siècle avant notre ère, Vitruve va se
servir de cette théorie pour inciter les architectes à connaitre
la médecine, car selon lui, sans cette connaissance, il serait difficile
voire impossible d'assurer la salubrité dans un milieu
urbanisé16.
II.3- Le Moyen âge : La suite de la pensée
hippocratique
Au XIIe siècle, la médecine commençait
à se restructurer et à connaître une certaine
évolution. Son utilité sociale et l'essor des villes ont
impulsé la réorganisation scientifique de la médecine.
Ainsi, des textes grecs et arabes ont été traduits en latin
à partir de la fin du XIe siècle, concédaient à la
reconstitution d'une théorie médicale, qui ont pu guider la
rationalité de la pratique et de la recherche médicale. En effet,
parallèlement se développait la pratique clandestine et sauvage
de la médecine, considérée comme déviante. Les
autorités
13 Mirko Grmek, « Géographie
Médicale et Histoire Des Civilisations », Annales.
Histoire, Sciences Sociales 18, no 6 (décembre 1963):
1071-97,
https://doi.org/10.3406/ahess.1963.421086.
14 Florence Gherchanoc et Institut des sciences et
techniques de l'Antiquité, éd., L' histoire du corps
dans l'Antiquité: bilan historiographique; journée de printemps
de la SOPHAU du 25 Mai 2013, Dialogues d'histoire ancienne
Supplément 14 (Besançon: Presses Univ. de Franche-Comté,
2015).
15 Encyclopædia Universalis, « AQUEDUCS,
Antiquité », Encyclopædia Universalis, consulté le 31
octobre 2021,
https://www.universalis.fr/encyclopedie/aqueducs-antiquite/.
16 Martin Galinier, « L'eau et l'hygiène
dans la Rome antique », in Cadre de vie, équipement,
santé dans les sociétés
méditerranéennes, éd. par Jean-Michel Goger
et Nicolas Marty (Presses universitaires de Perpignan, 2005), 261-73,
https://doi.org/10.4000/books.pupvd.11503.
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ecclésiastiques, constituant alors le « biopouvoir
»17 et auprès desquelles se cantonnait le savoir
scientifique, luttaient et interdisaient le recours à ces pratiques
entretenant un certain charlatanisme, ce qui explique partiellement,
l'évolution du savoir médical. C'est alors que la médecine
imposait, pour être exercée, des connaissances et des savoirs
scientifiques, notamment la connaissance de l'anatomie et de la physiologie du
corps humain.18
« Au Moyen-âge, les
épidémies de peste ont donné lieu à des initiatives
que l'on pourrait comparer aujourd'hui à des mesures de santé
publique urbaine. Par exemple, en 1347, en Italie, on instaura une surveillance
des provenances de marchandises sur les marchés (on interdit la revente
de vêtements ayant appartenu à des pestiférés) et
des contrôles aux portes des villes, dans les ports assortis de mesures
de quarantaine et d'isolement. Ce type de mesures, si elles ne permettaient pas
de soigner ni même de comprendre la maladie, permettaient de la contenir
».19 On constate que la pensée
hippocratique a bien marqué la médecine du Moyen-Âge.
L'importance donnée à la connaissance et à la gestion de
l'espace pour limiter les contaminations ainsi que la recherche des causes des
maladies avant d'administrer un remède constituaient le principe
même de la doctrine Hippocratique.
Le Moyen-Âge, marqué, historiquement, par sa
longue période de dix siècles, débute à partir de
la chute de l'Empire romain à la Renaissance, agitée par de
nombreux conflits et guerres entre tribus et pays.20 Cependant, elle
connait également une étape importante pour la médecine,
qui devenait alors une discipline importante à s'approprier. Pour lui
donner forme et développer sa scientificité, des
universités s'étaient alors développées pour
enseigner ses connaissances et ses savoir-faire extraits de l'Antiquité
(Cf. figure n°1)21.
17 Katia Genel, « Le biopouvoir chez Foucault
et Agamben », Methodos. Savoirs et textes,
no 4 (2 mai 2004),
https://doi.org/10.4000/methodos.131.
18 Danielle Jacquart, « Quelle médecine
pratiquait-on au Moyen Âge ? -CONFÉRENCES- », 2017,
https://www.franceculture.fr/conferences/palais-de-la-decouverte-et-cite-des-sciences-et-de-lindustrie/quelle-medecine-pratiquait.
19 Fleuret, « l'évolution des savoirs en
santé et la place de la médecine dans la société,
dans les territoires et dans la ville - ESPACES Et SOCIETES - UMR 6590 CNRS-
UNIVERSITE D'ANGERS ». art déjà cité.
20 « Comment se soignait-on au Moyen-Âge? »,
https://www.passeportsante.net/,
4 janvier 2016,
https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=medecin-moyen-age.
21 Idem, art. déjà cité
Source : ENCYCLOPEDIA UNIVERSALIS. SALERNE,
Ecole de Médecine de [en ligne] http://www.universalis.fr/ (Comment
se soignait-on au Moyen-Âge ? - La théorie des humeurs (
passeportsante.net)
|
Figure n°1 : L'école de Salerne : la
première faculté de médecine
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II.4- Le XIXe siècle : naissance de l'hygiénisme
22
Au XIXème siècle, la ville telle qu'elle est
construite à cette période, connait un bouleversement radical
avec son expansion et le développement de l'industrie. Plusieurs villes
avaient enregistré une densité populaire et une expansion urbaine
sans précédent. Elle leur imposait une logique de
rentabilité et de productivité détruisant le
système socioculturel et empêchant tout développement
personnel. La vie citadine s'est vue alors imposer une temporalité
quotidienne axée sur l'organisation du système industriel. Les
villes industrielles ne cessaient d'enregistrer et d'observer une
dégradation de la vie mentale et sociale.23 A Paris, on a pu
enregistrer une forte hausse de la démographie : sa population a
doublé en moins de 50 ans entre 1800 et 1851, à cause de l'exode
rural. Cela a créé une concentration ainsi qu'une densité
humaine et animale dans les logements pauvres. Cette recrudescence industrielle
a créé un exode rural important et une urbanisation
désordonnée, entraînant la
22 Cette partie traitant la période du
mouvement hygiéniste est tirée des travaux de : S. Barles, S.
Fleuret, G. Jorland, M. Coornaert, P. Bourdelais, C. Chaline etc.
23 Laurence Costes, « Le Droit à la
ville de Henri Lefebvre : quel héritage politique et scientifique?
», Espaces et sociétés 140-141,
no 1 (2010): 177,
https://doi.org/10.3917/esp.140.0177.
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dégradation de la qualité de l'environnement et
la vétusté de l'habitat ouvrier entrainant ainsi
l'émergence des épidémies infectieuses (typhoïde,
variole, syphilis, choléra etc.).
Le choléra, épidémie qui a affecté
l'Europe et la France entre 1830-1892, est caractérisé par la
déshydratation complète de l'organisme et une cyanose au visage.
Elle a pris le nom de «peur bleue» (la peste était noire),
appellation toujours utilisée de nos jours.24 Aucune
étude scientifique n'avait pu déterminer officiellement son
origine, il était donc communément établi que
l'épidémie provenait de l'air que l'on respirait. La
méconnaissance de la cause de la maladie n'a pas permis à la
médecine de trouver un remède et a encouragé en
conséquence l'organisation et l'évolution de la recherche
scientifique.
Sabine Barles explique que : « La
médecine était impuissante dans la compréhension et le
traitement de cette maladie. On pensait qu'elle avait pour origine les miasmes
putrides qui stagnaient dans l'air souillé des villes qui provenait de
la décomposition de tous les détritus et déchets,
organiques ou non, produits des activités urbaines, rejetés dans
l'espace urbain »25.
À ce constat, nous pouvons ajouter le
phénomène de l'expansion urbaine pour subvenir aux besoins de
l'industrialisation galopante qui a engendré une extrême
insalubrité, infectant l'air, les eaux, les sols et les sous-sols. Cette
expansion est également la cause principale de la formation des boues,
des miasmes, des exhalaisons méphitiques et par conséquent une
prévalence de mortalité supérieure à ceux des
campagnes.26 Plusieurs phénomènes vont alors
apparaître pour faire face à cette situation. Nous observons
l'exode de la classe bourgeoise vers la campagne pour fuir ces miasmes et
l'organisation multidisciplinaire regroupant des médecins et des
ingénieurs27. Deux communautés de professionnels vont
collaborer ensemble pour intervenir. C'est cette
intersectorialité amorcée dès la fin de
l'Ancien Régime, puis systématisée durant la Monarchie de
Juillet et le Second Empire, notamment à Paris28, qui prendra
le nom d'Hygiénisme. Ainsi, à partir du milieu du XIXe
siècle, le mouvement hygiéniste étend sa philosophie et
marque l'histoire de la pensée de la médecine. Il s'inscrit alors
dans la lutte contre l'insalubrité et installe la doctrine d'urbanisme
de la moitié du XIXème siècle. Ce
24 Lucie Coignerai-Devillers, « La France et le
choléra : Patrice Bourdelais, Jean- Yves Raulot, Une peur bleue.
Histoire du choléra en France 1832-1854. In: Revue d'histoire de la
pharmacie, 76e année, n°276, 1988. pp. 101103. »,
s. d.,
http://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_1988_num_76_276_2939_t1_0101_0000_4.
25 Sabine Barles, L'invention des
déchets urbains: France, 1790-1970, Collection milieux
(Seyssel: Champ Vallon, 2005).
26 Sabine Barles, La ville
délétère: médecins et ingénieurs dans
l'espace urbain, XVIIIe-XIXe siècle, Collection Milieux
(Seyssel: Champ Vallon, 1999).
27 Idem, art déjà cité
28 Idem, art déjà cité
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démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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volontarisme et ce militantisme aigus sont, en outre,
appuyés par un engagement politique et un cadre législatif.
Pour les hygiénistes, il fallait alors opérer
par l'éradication des odeurs nauséabondes constituant, selon eux,
la cause de la propagation des épidémies en agissant sur l'espace
urbain. Il est donc communément admis qu'il faut «
aérer, ventiler, dédensifier l'espace, purifier l'air
en chassant les odeurs méphitiques »29.
Pour cela, il fallait transformer la ville en l'assainissant, faire circuler et
apporter « l'eau pure, évacuer les eaux usées,
assécher le sol, étanchéifier les chaussées,
favoriser les écoulements et flux, éviter la stagnation,
séparer les éléments (air/eau/sol) et empêcher leur
mélange qui produit pourrissement et odeurs morbides. Il fallait aussi
éliminer les fortes densités et la promiscuité qui
facilitent la contagion, déplacer les populations, planter arbres et
végétaux, jardins et parcs pour purifier l'air, ouvrir et
dégager les espaces par des percées et des places pour faire
circuler l'air, éloigner les activités polluantes, démolir
les constructions insalubres..., toute une multitude d'actions et de mesures
hygiénistes qui développent une diversité
d'expériences (urbanistiques) et donnent la naissance de l'urbanisme
comme discours théorique ». 30
L'urbanisme naissant s'est donc développé comme
nouvelle discipline de l'aménagement, de la gestion et de l'organisation
de l'espace urbain. Il s'est vu doté d'une mission sanitaire : combattre
et éradiquer les foyers d'infection dont les formes urbaines anciennes
pathogènes étaient la cause. L'objectif de l'urbanisme consiste
à remodeler l'espace urbain, créer de nouvelles formes urbaines
et de nouveaux aménagements ainsi que des équipements
destinés à traiter et éliminer les épidémies
afin de protéger et sauvegarder la santé des citadins. Telle
était la mission prophylactique et thérapeutique affectée
à l'architecture et à l'urbanisme. Ainsi se développe une
incontestable « science appliquée à
l'amélioration de l'espace urbain exercée par les
ingénieurs et les architectes ».31
29 Par Richard_admin, « Urbanisme et
médecine, une brève histoire des rapports »,
Réseau Environnement Santé (blog), 7
janvier 2016,
https://www.reseau-environnement-sante.fr/urbanisme-et-medecine-une-breve-histoire-des-rapports/.
30 M. Coornaert, « Choay F, L'urbanisme, utopies
et réalités. Une anthologie- Revue française de
sociologie/ année 1966, 7-4.pp. 551-552; », 1966.
31 Sabine Barles, « Les villes
transformées par l'hygiénisme : cent ans d'innovations locales
», Métropolitiques, 3 décembre
2014,
https://metropolitiques.eu/Les-villes-transformees-par-l.html.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Le mouvement hygiéniste a influencé la
pensé « Médico-urbanistique » jusqu'au XXe
siècle. Cette pensée, associée à la science, a
fondé « l'hygiène publique qui
s'institutionnalise dans divers conseils et comités. Le mouvement publie
et diffuse ses observations, surmonte les obstacles, combat l'obscurantisme et
les inerties administratives, se crée une idéologie et conquiert
le pouvoir, puis légifère pour le bien de la
société »32. En effet, ce mouvement
interdisciplinaire porté par des médecins, des ingénieurs,
des philosophes, notamment Lavoisier, Hallé, Villermé, Pasteur
etc. a marqué le progrès de la science et de la politique en
France.
Ainsi l'épidémiologie aura commencé
à faire son chemin. Elle sera fondée sur une démarche
d'observation scientifique de l'environnement. L'histoire du Dr John Snow en
est une parfaite illustration : en 1854, il avait identifié la cause de
l'épidémie de choléra du quartier londonien de Soho en
cartographiant les cas énumérés pour ainsi constater que
le choléra n'avait dévasté qu'une zone bien
délimitée. Au centre de cette zone se trouvait Broad Street et sa
vieille pompe qui fournissait l'eau potable à toute la
communauté. La carte de Snow avait montré qu'on n'enregistrait
pas de cas de choléra là où les gens s'approvisionnaient
en eau dans d'autres pompes que celle de Broad Street (Cf. figue n°2). En
fin, La fermeture de la pompe stoppa l'épidémie.33
32 Barles. Art. déjà cité.
33 Fleuret, « l'évolution des savoirs en
santé et la place de la médecine dans la société,
dans les territoires et dans la ville - ESPACES Et SOCIETES - UMR 6590 CNRS-
UNIVERSITE D'ANGERS ». art. déjà cité
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n° 2 : Cartographie du Choléra par le Dr John
Snow
Source : snow.gif (544×421) (
healthcybermap.org)
Cette naissance de l'épidémiologie est
parallèle à des progrès médicaux majeurs (travaux
de Pasteur ou de Koch par exemple). La médecine et
l'épidémiologie vont être à l'origine de
l'hygiénisme dont la portée dépasse le seul champ de la
santé pour se définir comme la recherche de réponses aux
maladies endémiques et épidémiques dans les conditions
d'environnement.34 Ainsi, courant le XIXe siècle,
l'hygiénisme et la médecine sont inséparables.
L'hygiénisme du XIXème siècle a laissé des traces
dans l'espace, particulièrement dans l'espace urbain et ces traces sont
visibles encore aujourd'hui.35
L'essor de l'hygiénisme s'accompagne de grandes
transmutations des espaces urbains qui sont déléguées,
généralement, aux ingénieurs qui ont
développé les connaissances de la nouvelle profession relative
à la conception de l'urbain.36
34 idem
35 idem
36 Barles, « Les villes transformées par
l'hygiénisme ».
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 1
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II.5- Le XXe siècle : l'urbanisme moderne et
fonctionnaliste37
Ce lien entre urbanisme et santé perdure jusqu'au
début du mouvement fonctionnaliste, soit au début du XXème
siècle. Des études épidémiologiques
démontrent que le choléra est éradiqué, mais la
tuberculose reste le problème à résorber dont les
logements et bâtiments sont identifiés comme la cause principale.
En effet, le fonctionnalisme est arrivé, non seulement pour concevoir
une ville efficiente, mais également pour apporter une solution à
la cause de la tuberculose. Étant donné qu'aucun traitement
n'existait, l'urbanisme a donc été sollicité, en se basant
sur les principes d'Hippocrate. En effet, le sanatorium,
considéré comme étant un traitement contre la tuberculose,
notamment grâce à l'air pur et au soleil, représente tout
à fait cette doctrine. Nous allons, en effet, faire appel à
l'urbanisme et à l'espace, encore une fois, pour apporter des soins,
toujours inspirés de l'hygiénisme (Air, Lumière et
soleil). Cependant cette nouvelle doctrine urbanistique va réexaminer et
interroger la forme traditionnelle et radioconcentrique de la ville compacte et
ses îlots.38
En revanche, doter l'ensemble des bâtiments anciens de
la ville de la lumière du jour et de l'air afin de lutter contre
l'épidémie exige une intervention « chirurgicale »
très complexe au regard de la morphologie moyenâgeuse des
bâtiments. Cela concerne effectivement la morphologie des îlots.
Nous observons donc un changement de paradigme dans l'aménagement de
l'espace au regard du modèle haussmannien : le modèle qui avait
marqué la pensée urbanistique avec ses « 3
systèmes39:
· Système des percés et des
îlots afin d'aérer la ville
· Système d'espace vert, pour apporter
plus d'oxygène
· Système d'adduction d'eau pure et
d'assainissement des eaux usées »
En effet, l'action urbanistique fonctionnaliste concernera
non seulement l'espace public (Voiries, jardins, parcs, réseaux etc.),
mais également l'espace privé (logements).
37 Cette partie est tirée des travaux de : S.
Barles, P. Panerai, P. Castex, T. Paquot, A. Levy etc.
38 Philippe Panerai, Jean Castex, et Jean-Charles
Depaule, «
www.editionsparentheses.com
/ Panerai,
Castex, Depaule -- Formes urbaines, de l'îlot à la
barre / ISBN 2-86364-602-8 », s. d., 20.
39 EIVP, « Urbanisme et
Santé, Transition ou Effondrement ? » - Université du
Génie Urbain - EIVP - Partie 1 ( Albert Levy, Thierry Paquot et
al, 2021,
https://www.youtube.com/watch?v=ggGGabvVUJk.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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En considération de la contrainte sanitaire, la ville
fonctionnaliste naît des CIAM- Congrès International
d'Architecture Moderne (1928) et de sa proclamation, la Charte d'Athènes
(1933), a ébranlé le principe traditionnel de la forme urbaine
(l'îlot fermé) estimé source de la propagation de
l'épidémie40. Elle préconise que la conception
de la ville doit remplir quatre critères de besoins et de fonctions :
(habiter, travailler, circuler, se récréer) et elle est
présentée comme solution thérapeutique de nature spatiale
(A. Lévy préfère que l'on utilise le néologisme
SPATIALISME)41.
Cette doctrine de la table rase s'inscrit comme un nouveau
paradigme de la chimère d'une nouvelle conception du tissu urbain
moderne et fonctionnel, marquant ainsi une rupture avec l'idée de la
ville historique considérée comme pathogène. En effet,
face à la menace de la tuberculose, la priorité sanitaire a
été primordiale et indiscutable pour Le Corbusier. Ainsi, nous
observons que «l'organisation de l'espace urbain apparait
alors comme un moyen thérapeutique, les formes urbaines sont
employées comme pharmakon ».42
II.6- Urbanisme et santé : la rupture
relationnelle43
L'histoire de nos villes témoigne du lien ontologique
étroit et varié que nourrissent l'urbanisme et la santé.
L'urbanisme est donc le traitement idéal contre les différentes
épidémies rencontrées au cours du XIXème
siècle (peste, choléra) et au début du XXème
siècle (la tuberculose). Ce lien s'est délité
progressivement depuis 1920 et l'articulation entre la médecine et
l'urbanisme ne fonctionne plus. Nous observons deux phénomènes
concomitants qui vont provoquer une rupture entre la santé et
l'urbanisme.44
40 Par Richard_admin, « Urbanisme et
médecine, une brève histoire des rapports »,
Réseau Environnement Santé (blog), 7
janvier 2016,
https://www.reseau-environnement-sante.fr/urbanisme-et-medecine-une-breve-histoire-des-rapports/.
41 Maurice Blanc, « Albert Lévy (coord.),
Ville, urbanisme et santé. Les trois révolutions »,
Revue des sciences sociales, no 52 (16
mars 2015): 159-60,
https://doi.org/10.4000/revss.3306.
42 Albert Lévy, « Sortir de l'impasse du
débat moderne/post-moderne. Pour la recherche d'un nouveau rapport
théorie/pratique en urbanisme », Villes en
parallèle 17, no 1 (1991): 314-23,
https://doi.org/10.3406/vilpa.1991.1150.
43 Cette partie est tirée des travaux de :
M. Blanc, P.Boino (IUL), A. Levy, M.- J. Imbault-Huart , W.Dab, S. Fleuret
etc.
44 PAUL BOINO, « Ville et santé:
Portée et limites d'une construction objectivée des
problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques
urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75
pages » (2020).
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Premièrement, les politiques de santé se
sectorisent. Dans cette logique, le Ministère de la Santé a vu le
jour en 1920. Une rationalité médicale s'installe. La
santé est donc abordée et confortée dans une approche
biomédicale, elle n'aborde que les problématiques des maladies
que seul le corps médical peut traiter, grâce à la
médication bien sûr.
En effet, Durant les 30 Glorieuses, l'essor économique
a permis à la médecine de faire un progrès spectaculaire
en matière de recherche biomédicale et biotechnologique. En
effet, cet essor de la connaissance médicale n'a pu être
ajusté « qu'au prix d'une hyperspécialisation
qui conduit le médecin, d'une part à chercher toujours plus de
certitudes dans la seule technologie, d'autre part, à se
désintéresser de l'évolution de la société
dans laquelle il vit et à négliger le poids de l'environnement,
des mentalités et de l'héritage culturel dans l'apparition de la
maladie et de son vécu ».45 Cette
idée du progrès scientifique et cette tendance à faire
appel à la technologie pour tout diagnostic et thérapie, sont
renforcées par le fait que le médecin perd la maîtrise du
progrès médical.46
En effet, la recherche scientifique, notamment celle relative
aux laboratoires pharmaceutiques, associée à celle de l'industrie
évolue principalement sans la participation des médecins, ce qui
est aux antipodes de ce qui se pratiquait au XIXe siècle. Le corps
médical, confronté à une crise importante, doit
gérer une forte transformation qu'il lui est impossible
d'appréhender sereinement de par sa formation très technique.
47
Progrès médical et croissance économique
interagissent continuellement pour permettre aux budgets de santé
d'augmenter. Tous (l'Etat et la société) s'accordent à
considérer la santé comme étant précieuse et
inestimable et que si l'on donne une place importante à la
médecine, la santé n'en sera que meilleure. Aujourd'hui, la
santé n'est pas seulement le fait de vaincre les maladies par des
traitements, c'est aussi le bien-être dans son ensemble. Mais la
médecine actuelle prône la santé par la médication,
la technologie, le biomédical, etc. Elle en oublie la prévention,
essentielle pour éviter certaines maladies et ne laisse que peu de place
à la santé environnementale, très compliquée
à mettre en oeuvre de par les différents
45 Marie-José Imbault-Huart, « Où
va l'histoire de la médecine? », in Pour l'histoire de
la médecine: autour de l'oeuvre de Jacques Léonard: actes de la
journée d'études, Presses universitaires de Rennes,
1994.
46 idem
47 idem
facteurs dont elle dépend : génétique,
psychologique, socio-économique,
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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environnementaux48
L'évolution technologique et l'industrialisation de la
médicalisation, associée à la spécialisation
croissante de la médecine, au cours du XXème siècle, vont
peu à peu écarter les médecins et les « encelluler
» dans des cabinets. Ces deux éléments vont également
inciter à la « rupture de l'union sacrée entre
santé et urbanisme »49
La médecine scientifique continue de progresser
à grands pas et durant une grande partie du XXème siècle,
elle éclipsera assez largement l'idée de prévention
collective contenue dans l'hygiénisme.50 Le modèle
biomédical centré sur le soin du corps va s'imposer et peu
à peu va se construire «un paradoxe entre le rôle
réel de l'environnement comme facteur de santé et l'importance
relative qui lui est accordée aujourd'hui dans le champ sanitaire
» 51
Deuxièmement, de son côté, l'urbanisme se
sectorise avec la création du ministère de l'équipement.
Il suit son propre chemin, en laissant de côté la question de la
santé qui ne fait plus partie de ses attributions. L'urbanisme va
plutôt se consacrer aux problématiques de fonctionnement de la
ville, aux flux et à la mobilité, à l'esthétique,
à la gestion du foncier, produisant de nouveaux modèles
urbains52. En effet nous observons actuellement un fonctionnement
fermé et en silo des professionnels de la médecine, de
l'environnement et de l'urbanisme. Ils sont réfractaires à une
réflexion intersectorielle et transdisciplinaire ainsi qu'à
l'adoption d'une approche systémique de la santé
nécessaire à la promotion d'un urbanisme53
préventionnel et favorable à la santé.
48 Marie-José Imbault-Huart, «
Histoire de la médecine. Luxe ou nécessité à la fin
du XXe siècle », Histoire, économie et
société 3, no 4 (1984): 629-40,
https://doi.org/10.3406/hes.1984.1382.
49 Fleuret, S-L 'évolution de la santé et la
place de la médecine dans la société- Janvier 2012- ESO
Angers- Espace et société-UMR 6590 CNRS - université
d'Angers
50 idem
51 William Dab, Santé et
environnement, 4e éd. mise à jour, Que sais-je?,
n° 3771 (Paris: Presses universitaires de France, 2012).
52 « Urbanisme et santé : de l'hygiénisme
à l'écologisme - ContreTemps la revue », consulté le
16 novembre 2021,
http://lesdossiers-contretemps.org/2020/03/14/urbanisme-et-sante-de-lhygieniste-a-lecologisme/.
53 Anne Roué Le Gall, « «Agir
pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils
» ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON
Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. », Guide (EHESP, 2014).
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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III- Ville pathogène54: Émergence de
nouvelles épidémies
(maladies chroniques)
Nous traitons dans cette partie de différentes
problématiques de santé conséquentes à
l'organisation urbaine moderne. Dans cette partie, en accord avec la
constitution de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)55,
nous définissons donc la santé comme un état de complet
bien-être mental, physique et social, et non comme une absence de maladie
ou d'infirmité. Nous développerons cet aspect dans une partie
suivante, et nous concentrons sur les problématiques en respect avec la
définition de l'OMS.
La ville est une espèce d'écosystème en
perpétuel développement56. En 2050, 68 % de la
population mondiale habitera en milieu urbain. Aujourd'hui on en recense 55%.,
soit deux individus sur trois qui habiteront probablement en ville, selon de
nouvelles données des Nations Unies. Ce qui indique que près de
2,5 milliards d'individus pourraient éventuellement s'être
additionnés aux milieux urbains d'ici quelques décennies, du fait
des évolutions et de la croissance démographiques d'ordre
général, a précisé le Département des
affaires économiques et sociales de l'ONU (DESA).57
Ces prévisions de l'Organisation des Nations Unies
(ONU) montrent à quel point les villes sont sources d'attrait. La vie
urbaine apporte de nombreux bienfaits à l'homme : les services
sanitaires, éducatifs, sociaux et financiers sont plus faciles
d'accès qu'à la campagne. La vie communautaire peut être
épanouissante et enrichissante socio-économiquement.
L'environnement urbain est varié, stimulant et favorable aux nouvelles
opportunités.
54 Cette partie est tirée des travaux de : P.
Boino (IUL), OMS, Anthony J. McMichael, etc.
55 OMS, « La Constitution a été
adoptée par la Conférence internationale de la Santé,
tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946, signée par les
représentants de 61 Etats le 22 juillet 1946 (Actes
off. Org. mond. Santé, 2, 100) et
est entrée en vigueur le 7 avril 1948. Les amendements adoptés
par la Vingt-Sixième, la Vingt-Neu_vième, la
Trente-Neuvième et la Cinquante et Unième Assemblée
mondiale de la Santé (résolutions WHA26.37, WHA29.38, WHA39.6 et
WHA51.23) sont entrés en vigueur le 3 février 1977, le 20 janvier
1984, le 11 juillet 1994 et le 15 septembre 2005 respectivement; ils sont
incorporés au présent texte ».
56 BOINO, Ville et santé: Portée et
limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1
Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut
d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.
57 OMS, « 2,5 milliards de personnes de plus
habiteront dans les villes d'ici 2050 ». art. déjà
cité
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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En revanche, les villes sont souvent
dépersonnalisées, asservissantes, voire
inquiétantes.58 L'environnement urbain moderne combine
industrialisation, surpeuplement, production de déchets et
densité des systèmes de transport. Ces facteurs sont
aggravés par la pauvreté périurbaine et la pauvreté
des quartiers déshérités, la sédentarité et
une temporalité désavantageuse. La conception et l'organisation
du milieu urbain ont toujours été pensées à travers
une vision pragmatique axée sur le tout économique : transport
rapide pour acheminer la marchandise et la force du travail dans une
temporalité optimale, déforestation, urbanisation
incontrôlée, industrialisation des centres-villes, et construction
de l'outil de production à côté de l'habitat, etc. Cette
vision capitaliste de concevoir la ville a en effet créé, d'une
manière cyclique, certains dysfonctionnements, notamment en
matière de santé. En tant qu'écosystème,
l'environnement urbain provoque des pathologies appelées
écopathies59 liées au regroupement de populations.
Selon l'OMS, ces pathologies ou maladies chroniques, aussi
appelées maladies non transmissibles (MNT), émanent
généralement de nos comportements, de nos modes de vie et de
l'environnement notamment dans les milieux urbains. D'après l'article
« Maladies non-transmissibles » de l'OMS,
chaque année :
· « 41 millions de personnes en meurent,
soit 71% des décès dans le monde.
· 15 millions de personnes,
âgées entre 30 à 69 ans, en décèdent ; plus
de 85% de ces décès « prématurés »
surviennent dans les pays à revenu faible ou
intermédiaire.
· Parmi les MNT, les maladies
cardio-vasculaires causent le plus de décès : 17,9 millions,
suivies des cancers (9 millions), des maladies respiratoires (3,9 millions) et
du diabète (1,6 million), ces 4 types de pathologies représentant
plus de 80% des décès prématurés.
»60
Elles peuvent être évitées en agissant
sur leurs facteurs de risques : le tabagisme, la sédentarité, la
pollution, la mauvaise nutrition, le stress, etc. Ces derniers dépendent
directement du mode de vie dans un milieu urbain, de la densité des
transports et du bâti,
58 Anthony J. McMichael, « La Santé En
Milieu Urbain : Conséquences de La Mondialisation Pour Les Pays En
Développement », Bulletin de l' Organisation Mondiale
de La Santé: La Revue Internationale de Santé Publique : Recueil
d' Articles 2001 ; 4 : 53-61, 2001,
https://apps.who.int/iris/handle/10665/74839.
59 BOINO, Ville et santé: Portée et
limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1
Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut
d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.
60 OMS, « Maladies non transmissibles ».
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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d'une urbanisation incontrôlée, de la pollution,
des inégalités sociales de santé61 en ville
ainsi que de la conception et de l'organisation temporelle de celle-ci.
En effet, l'étalement urbain et la
périurbanisation que les territoires ont subi, ne va pas sans impact sur
l'environnement. Ils conditionnent l'usage d'un véhicule individuel
motorisé, aujourd'hui incriminé de générer une
pollution atmosphérique et sonore, la sédentarité des
individus et, de ce fait, d'accroître le risque
d'obésité. Nous considérons que
l'urbanisation sous le prisme économique et par conséquent la
mobilité qui résulte du temps que tout individu consacre pour
satisfaire ses besoins en se déplaçant. Ainsi la morphologie
urbaine dans sa conception tend à répondre à la
maximisation de l'interaction entre l'appareil productif et sa main d'oeuvre.
Cette tendance a pris de l'ampleur depuis les années 1970 avec la double
motorisation rendue abordable au plus grand nombre. Aujourd'hui, on compte
même, en moyenne, une triple motorisation. La forme urbaine de la
mobilité généralisée facilite également
l'expansion de ce phénomène.
III.1- La sédentarité62 dans un milieu
urbain : un phénomène
épidémiologique
La sédentarité fait partie des quatre
principales causes des maladies chroniques63. Elle est
classée responsable d'environ de 3,2 à 5 millions de
décès par an à l'échelle mondiale et de près
d'un million de décès en Europe.64 En plus
d'être associée fortement à l'obésité, la
sédentarité est un facteur de risque considérable pour le
niveau de la prévalence de nombreuses pathologies chroniques : 27 % des
cas de diabète, de 30 % des cas de cardiopathie ischémique et 21
% à 25 % des cas de cancer du sein et du côlon, le diabète,
l'ostéoporose, les maladies coronariennes65, etc.
61 Didier Fassin, « Un aveuglement face aux
inégalités sociales de santé », entretien avec Didier
Fassin, directeur d'études à l'EHESS", OBSERVATOIRE DES
INEGALITES, 8 février 2008,
https://www.inegalites.fr/Un-aveuglement-face-aux-inegalites-sociales-de-sante-entretien-avec-Didier.
62 Cette partie est tirée des travaux de : P.
Boino (cours IUL), J. Bazex et al, L. D. Frank et
al, OMS etc.
63 OMS, « Maladies non transmissibles ».
art. déjà cité.
64 Idem
65 BOINO, Ville et santé: Portée et
limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1
Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut
d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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De plus, selon des enquêtes, il a été
observé, depuis quelques décennies, que l'activité
physique a beaucoup baissé chez toutes les catégories
d'âge. En effet, nous évoluons dans un monde où
l'utilisation journalière de l'énergie du corps humain a beaucoup
baissé. Selon certaines études, beaucoup d'individus ne prennent
pas conscience de l'impact de l'inactivité physique. Cet état de
sédentarité grandissant s'explique par plusieurs facteurs.
L'organisation et la conception urbaine, selon les principes
fonctionnalistes, favorisent l'utilisation de l'automobile. En effet,
l'étalement urbain et la périurbanisation amènent certains
services à être à une distance nécessitant
l'utilisation de la voiture. Par exemple, nous utilisons nos voitures pour
aller aux centres commerciaux en périphérie. Nous
précisons qu'il s'agit d'un choix politique de mettre en avant l'usage
de l'automobile par rapport à l'utilisation des transports en commun ou
d'autres moyens de transport alternatifs. Par ailleurs, l'environnement
obésogène constitue généralement la
conséquence de certaines formes physico-spatiales typiques de
l'urbanisme moderne : faible densité d'occupation du sol, localisation
des activités professionnelles dans des zones à l'écart
des centres urbains, espaces verts et de loisirs actifs peu nombreux et peu
accessibles, des logements en périphérie, notamment les grands
ensembles etc. En effet, la conception de la ville avec les principes
fonctionnalistes, rend difficiles voire impossibles, selon les lieux, les modes
de vie physiquement actifs, en particulier dans un contexte
socio-économique d'accélération du temps et de la
conciliation travail /famille (école)/amis/loisirs. Ce qui rend l'usage
du véhicule individuel plus commode.
De plus, les différentes enquêtes en France
révèlent un désintéressement pour les
activités physiques et sportives et les multiples mesures et politiques
actuellement envisagées ne modifient pas le comportement des individus :
il s'agit souvent de mesures ponctuelles, négligeant le sport pour la
santé, promouvant trop souvent le sport spectacle, ne facilitant pas la
pratique sportive pour tous, n'encourageant pas les éventuels
pratiquants avec des installations adaptées, et par des politiques
visant à minimiser les innombrables difficultés y compris
financières66 , les pouvoirs publics, le corps
médical, la société se trouvent devant un enjeu majeur de
santé.
66 Jacques Bazex, Pierre Pène, et Daniel
Rivière, « Les activités physiques et sportives -- la
santé -- la société », Bulletin de
l'Académie Nationale de Médecine 196, no
7 (octobre 2012): 1429-42,
https://doi.org/10.1016/S0001-4079(19)31722-4.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
2 2 | 1 4 8
D'ailleurs, une heure de voiture quotidienne fait augmenter de
6 % le risque de développer de l'obésité67. Les
résidents des banlieues sont, par exemple, plus à risque de
surpoids en raison de l'usage généralisé de l'automobile.
Les habitants des grands ensembles, de par la typomorphologie de leurs
quartiers, n'échappent pas à l'éloignement des
centralités et la complexité des déplacements et par
conséquent la sédentarité devient une norme
socioculturelle. Une étude menée à Lausanne en Suisse,
démontre la problématique de la sédentarité dans
les quartiers défavorisés (Cf. figure n°3).
Figure n° 3: Cartographie de la
répartition spatiale de l'obésité à
Lausanne
Source :
https://www.letemps.ch/sciences/lausanne-obesite-une-question-quartier
Cette étude montre que ce phénomène est
relatif aux questions d'urbanisme et à l'influence des systèmes
sociaux et culturels du quartier.68
67 Lawrence D. Frank, Martin A. Andresen, et Thomas
L. Schmid, « Obesity Relationships with Community Design, Physical
Activity, and Time Spent in Cars », American Journal of
Preventive Medicine 27, no 2 (août 2004): 87-96,
https://doi.org/10.1016/j.amepre.2004.04.011.
68 « A Lausanne, l'obésité est une question
de quartier », Le Temps, 5 janvier 2016,
https://www.letemps.ch/sciences/lausanne-lobesite-une-question-quartier.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Les quartiers concernés se situent à l'Ouest de
Lausanne (en rouge sur la carte), ce sont des quartiers populaires
constitués de grands ensembles, tandis que les quartiers à l'Est
de la ville échappent bel est bien à ce phénomène
en concentrant une population dont l'indice de masse corporel (IMC) est plus
bas que la moyenne. Évidemment, quand les gens rentrent chez eux (4eme
ou 5eme étage), ils n'ont plus envie de ressortir. La hauteur des
bâtiments rend donc difficile la mobilité active des habitants.
Concernant le reste de la ville l'étude n'a pas
observé de lien entre l'habitat et l'IMC. Selon le Docteur Idris
Guessoous, membre de l'équipe de recherche, les gens qui vivent dans un
territoire marqué par des coupures urbaines, notamment par des axes
routiers et ferroviaires, sont généralement exposés au
phénomène de la sédentarité et donc de
surpoids.69
Cependant, en France, nous pouvons généralement
observer ce phénomène sur des populations excentrées et
loin de tout équipement et service public. Elles se trouvent souvent
dans l'obligation de faire un usage trop excessif de l'automobile et moins de
mobilité active et d'activité physique. De plus, nous observons
l'impact du progrès technique qui a favorisé non seulement
l'avènement des transports motorisés, mais également la
domotique ou encore le développement des
télécommunications. Cela a engendré une réduction
de l'activité physique puisque les besoins peuvent être accomplis
immédiatement sans bouger ou en prenant la voiture.
En parallèle, la tertiarisation de l'économie a
amené une augmentation du nombre d'employés de bureau,
c'est-à-dire des métiers assis une grande partie de la
journée. Cela conduit également à un manque
d'activité physique. En moyenne, les Européens sont assis 7h26
par jour et pour ceux qui travaillent en bureau cette moyenne est beaucoup plus
élevée70. Par ailleurs, quelle que soit
l'activité, l'organisation urbaine amène à une gestion
particulière des temps sociaux conduisant à la
sédentarité. Selon une expression populaire, il s'agit du «
métro, boulot, dodo ».
Nous rappelons que la sédentarité dont les
causes sont traitées ci-dessus, est un facteur des maladies
cardio-vasculaires, d'accidents vasculaires cérébraux (AVC), de
ruptures d'anévrisme, de problèmes de pancréas, de
vaisseaux, et d'obésité, de cancers, de diabète type 2,
etc. En
69 Idem, art. déjà cité
70 BOINO, Ville et santé: Portée et
limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1
Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut
d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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France, en 20 ans le pourcentage d'obésité a
doublé (de 6 % en 1989 à 12 % en 2011), cependant, sur la
même période le pourcentage des individus en surpoids est
passé de 30 % à 38 %71.
Selon l'OMS, la prééminence de
l'obésité a pris une dimension « épidémique
» à l'échelle mondiale depuis ces dernières
décennies en doublant dans moins de 30 ans72. En effet, ce
phénomène préoccupant est observé à
l'échelle internationale notamment dans les pays
développés (Cf. figue n°4). Ainsi en 2016, plus de 1,9
milliards d'adultes soit 40% de la population adulte mondiale étaient en
embonpoint, sur ce total plus de 650 millions étaient obèses soit
13% de la population adulte mondiale.73
Selon L'OMS, cette épidémie peut s'expliquer
par de multiples causes, elle n'est pas seulement le fait des choix
individuels. Cependant, le développement d'un environnement «
obésogène » émane principalement de
l'évolution de la consommation excessive de nourriture trop riche en
calories (acides gras saturés, sel et sucre) et trop faible en
nutriments essentiels au bon fonctionnement du corps humain associée
à une carence en activité physique74. À cela
nous rajoutons que l'organisation de la ville et notamment la mobilité
en son sein peut être obésogène, si elle n'incite pas les
gens à l'usage de la force physique (la marche et le vélo). Ainsi
les villes se trouvent face un enjeu important liant la pratique de
l'activité physique à la mobilité active pour orienter
leur politique d'urbanisme vers une démarche préventionnelle pour
la santé.
71 Direction des Sports - Bureau de
l'économie du sport, « Activité physique et sportive,
santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse
(Ministère des Sports, 31 janvier 2018).
72 « Obésité et surpoids »,
consulté le 8 octobre 2021,
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight.
73 « Obésité et surpoids »,
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight.
74 Direction des Sports - Bureau de
l'économie du sport, « Activité physique et sportive,
santé et qualité des finances publiques ».
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n°4 : Évolution et projection
de l'obésité dans les pays de l'OCDE
Source : Direction des Sports - Bureau de
l'économie du sport, « Activité physique et sportive,
santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse
(Ministère des Sports, 31 janvier 2018).
Aujourd'hui, 28% des gens seulement connaissent les dangers
de l'excès de sédentarité. Elle est responsable de 4% des
décès prématurés par an : c'est 433 000
décès dans le monde et 21 000 décès en
France75. Cela dépasse les décès des accidents
de la route. Les risques varient en fonction du temps d'inactivité : 4h
d'inactivité par jour fait augmenter le risque de 2%, 8h
d'inactivité par jour de +8% et 10h d'inactivité par jour : +34%
de risques.76
À travers cet éclairage, nous observons donc
que l'inactivité physique serait la cause principale directe de ces
décès prématurés. En effet, il est prouvé
scientifiquement que la relation entre l'activité physique et
l'état de santé est incontestable (conSSENSUS) et ce depuis
l'antiquité. Selon les résultats de l'étude de
l'Eurobaromètre, réalisée en 2014 dans les 28 pays membres
de l'Union Européenne, 59 % des citoyens de l'UE signalent ne pas
pratiquer régulièrement une activité physique et sportive,
voire « jamais » pour 42 % d'entre eux 77(Cf. figure
n° 5). Cette étude érige un bilan assez alarmiste des
habitudes des citoyens européens en termes d'activité
physique.
75 BOINO, Ville et santé: Portée et
limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1
Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut
d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.
76 BOINO. Doc. déjà cité
77 « Special Eurobarometer 412: Sport and physical activity
- Data Europa EU », consulté le 23 octobre 2021,
https://data.europa.eu/data/datasets/s1116_80_2_412?locale=en.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n°5 : La pratique de
l'activité physique au sein de l'union européenne
Source : Direction des Sports - Bureau de
l'économie du sport, « Activité physique et sportive,
santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse
(Ministère des Sports, 31 janvier 2018).
La même étude révèle qu'en 2009 la
pratique du sport d'une manière régulière avait même
reculé dans l'ensemble (Cf. figure n°6) : la part des personnes
déclarant pratiquer une activité physique régulière
perd 5 points (13 % en 2009 contre 8 % en 2013) tandis que celle des personnes
affirmant ne jamais pratiquer une activité sportive prend 8 points (34 %
contre 42 %)78.
Figure n°6 : Évolution de la pratique de
l'activité physique en France
Source : Direction des Sports - Bureau de
l'économie du sport, « Activité physique et sportive,
santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse
(Ministère des Sports, 31 janvier 2018).
78 Idem, art. déjà cité
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
2 7 | 1 4 8
En sus de son influence sur la santé, la
sédentarité impacte également l'économie de la
santé79 puisque les coûts sont passés à
67,5 Mds à l'échelle mondiale, soit plus que le produit
intérieur brut (PIB) d'un pays comme le Costa Rica, d'après une
étude publiée par la revue médicale britannique «
The Lancet »80. En France les
coûts sont estimés à plus de 17 Mds € en 2013 : dont
13,4 Mds € en coûts directs (dépenses en santé)
estimés sur la base de 25% du taux de pratique d'activité
physique (Cf. figure n°7).81 Dans une publication du
ministère des Sports, pour étudier les dépenses relatives
à la sédentarité, on se base sur trois types de
coûts 82 :
· « Les coûts directs constituent
l'ensemble des prestations de services de santé. Ils sont relatifs aux
hospitalisations, aux consultations médicales
(généralistes, spécialistes), à la consommation de
médicaments, aux dépenses d'imagerie, de biologie, de transport
médical ou encore de soins infirmiers ;
· Les coûts indirects sont relatifs au
recul de la productivité, lorsque les employés doivent s'absenter
pour des raisons de santé, de façon temporaire
(absentéisme) ou permanente (invalidité ou mortalité
prématurée). Ces coûts sont calculés sur la base de
la contribution que ces individus auraient pu faire à l'économie.
Parmi les coûts indirects, certaines conséquences
économiques ne sont en revanche que très rarement
comptabilisées (travail non salarié) ;
· Les coûts « intangibles »
correspondent à la souffrance physique (douleur) ou morale (peine) des
individus concernés et de leurs proches. Par définition
très difficiles à exprimer en termes monétaires, ils sont
généralement exclus des analyses »83
79 Direction des Sports - Bureau de
l'économie du sport, « Activité physique et sportive,
santé et qualité des finances publiques ».
80 « L'inactivité physique coûte au monde 67,5
milliards de dollars par an », Le Monde.fr, 28
juillet 2016,
https://www.lemonde.fr/planete/article/2016/07/28/l-inactivite-physique-coute-au-monde-67-5-milliards-de-dollars-par-an_4975571_3244.html.
81 Direction des Sports - Bureau de
l'économie du sport, « Activité physique et sportive,
santé et qualité des finances publiques ».
82 Idem, art. déjà cité
83 Idem, art déjà cité
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n°7 : Estimation du coût de la
sédentarité en France par type de coût et par pathologie
Source : Direction des Sports - Bureau de
l'économie du sport, « Activité physique et sportive,
santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse
(Ministère des Sports, 31 janvier 2018).
III.2- La densité
Les villes denses sont développées depuis
longtemps pour leurs avantages. Elles sont construites selon des modèles
d'urbanisation compacts qui visent à une meilleure accessibilité
des services et emplois locaux, à la réduction des distances
intra-urbaines et à la promotion des systèmes de transports
publics. Ces aspects contribuent positivement à l'efficacité et
à l'efficience des investissements en infrastructures de base, à
la maîtrise de la consommation d'énergie et à la
résilience face au changement climatique en réduisant les
émissions de gaz à effet de serre (GES), ainsi qu'à
l'accès à la connaissance et à la croissance
socio-économique. En effet, la densité peut présenter des
effets positifs pour l'environnement et la santé si elle est
accompagnée par une mixité de fonction, ainsi qu'une organisation
des déplacements actifs et en transport en commun au détriment du
véhicule individuel motorisé84. En effet, la
densité si elle n'est pas organisée et réfléchie
peut conduire aux désastres urbains et à l'apparition et à
la propagation des maladies.
De plus, le mode de vie urbain se fonde sur un système
complexe : la population et les commensaux, c'est-à-dire les animaux qui
vivent avec nous (puces, tiques, rats, souris etc.).
84 Aurélien BOUTAUD, Santé &
environnement Décryptage - Tendances - interviews - initiatives
Métropole de Lyon-Albert Lévy, Architecte urbaniste, chercheur
associé LAVUE UMR/CNRS 7218, membre du Réseau Environnement
Santé (interview du 15/07/2017, 2017.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Ces derniers provoquent des maladies dites vectorielles. En
effet, le fait que l'on fasse cohabiter beaucoup d'habitants et d'animaux
engendre des problèmes de zoonoses (maladies transmises par les
animaux). Nous avons 65 maladies en commun avec les chiens, 26 maladies avec
les poules etc. La concentration liée à la densité fait
donc exploser les risques d'épidémies et de pandémies
(virales ou bactériennes)85.
Récemment, nous avons constaté la propagation
rapide de la Covid-19 dans les grandes villes, ce qui a rouvert le débat
sur la densité et les questions relatives à la santé
publique. En plus de la propagation facilitée, la concentration demande
une offre de soins importante. Par exemple, malgré une offre
d'hôpitaux très importante dans les grandes villes comme Lyon, la
ville a peiné à faciliter l'accès aux soins à un
grand nombre de malades (surcharge des urgences, manque de moyens, rupture de
certains produits sanitaires etc.). En effet, la densité est
développée pour corriger certains dysfonctionnements relatifs
à la circulation et aux flux, à la sédentarité et
ses pathologies, à la pollution atmosphérique et sonore etc. Mais
elle est questionnée encore une fois aujourd'hui par rapport à sa
contribution dans la propagation de la pandémie Covid-19.
La période récente de pandémie a
également révélé un autre phénomène,
celui de l'exode urbain. Les citadins ont cherché à retourner
à la campagne pour être en contact avec la nature, profiter
d'espaces moins denses afin d'éviter les contaminations.
Historiquement, les villes ont connu, en accusant la
densité, des problèmes similaires notamment avec le
choléra qui a fait un million de morts en Russie et la peste noire qui a
décimé 30% à 50% de la population mondiale86.
La Covid-19 a provoqué à ce jour plus de 4,7 millions de
décès à l'échelle mondiale87.
Outre les pandémies, au regard de sa morphologie
dense, la ville est source d'ilots de chaleur. En effet, en premier lieu, la
densité des bâtiments retient la chaleur de la journée. De
plus, la densité urbaine implique une végétalisation
très faible ainsi qu'une imperméabilisation des sols
empêchant l'infiltration des eaux, une utilisation de matériaux
à faible albédo, créant également ces ilots de
chaleur. Enfin, l'utilisation de la voiture dans un milieu dense crée
une
85 BOINO, Ville et santé: Portée et
limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1
Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut
d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.
86 BOINO. Art. déjà cité
87 « Coronavirus : chiffres clés et évolution
de la COVID-19 en France et dans le Monde », consulté le 6 octobre
2021,
https://www.santepubliquefrance.fr/dossiers/coronavirus-covid-19/coronavirus-chiffres-cles-et-evolution-de-la-covid-19-en-france-et-dans-le-monde.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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congestion de la circulation régulière, amenant
de nouveau à une production de chaleur mais également à
une émission de gaz à effet de serre et une mauvaise dispersion
des polluants atmosphériques liée à la morphologie dense
des bâtiments et des trames viaires (rues, boulevard, chemin etc.)
provoquant des maladies chroniques (respiratoires, cancers etc.). La
concentration dans les zones urbaines amène souvent à une
surpopulation dans ces milieux. Celle-ci génère des nuisances
sonores, des comportements anxieux, des relations conflictuelles entre
citadins, ainsi qu'une inadaptation potentielle des services (gestion des
déchets, hôpitaux etc.) face au surnombre. La densité et
l'organisation économique autour de la ville augmentent d'autres
risques, entre autres, les risques industriels. Par exemple, il existe les
zones SEVESO qui préviennent ce genre de risques. Historiquement, nous
comptons plusieurs accidents qui ont décimé des villes et des
populations : Toulouse avec l'explosion d'AZF, Tchernobyl, et récemment
la double explosion du port de Beyrouth. Enfin, la concentration et la
densité créent un marché immobilier très tendu
apportant des inégalités d'accès au logement et aux
services.
III.3- La pollution88
III.3.a- Pollution atmosphérique et pollution
des eaux/sols
Le mode de vie urbain provoque des émissions avec 5
grands types de polluants
atmosphériques : GES, AEP, POP, PM, ML89 :
GES : Les gaz à effet de serre, une des causes
principales du réchauffement climatique
AEP : Les gaz provoquant une acidification, une eutrophisation ou
une pollution
photochimique
POP : Les polluants organiques persistants
PM : Les particules en suspension
ML : Les métaux lourds
La pollution de l'air constitue un enjeu considérable de
santé publique et compose, selon
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le risque
majeur environnemental pour la santé
dans le monde. De ce fait, l'OMS préconise des
valeurs-guides en matière des particules fines
88 Cette partie est tirée des travaux de : P.
Boino (IUL), OMS, Le Monde,
89 BOINO, Ville et santé: Portée et
limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1
Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut
d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.
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dans l'air ambiant. Aujourd'hui, le non-respect de ces valeurs
constitue la cause chaque année d'environ 3,7 millions de
décès prématurés90. D'après une
étude de Harvard, en France, les particules fines
générées par la combustion fossile seraient responsables
de près de 100 000 décès91.
On compte deux origines principales de la pollution :
phénomènes naturels (un éclair, une éruption
volcanique etc.), et activités humaines (industrie, transport
concentré (transports routiers et bateaux).
Le transport est considéré comme l'une des
grandes causes (plus de 29,7% de CO2) devançant les autres secteurs. La
voiture individuelle représente 15,7%, se classant en tête devant
les autres moyens de transport92. Le transport émet plusieurs
types de polluants qui diminuent les capacités respiratoires. Il est
donc responsable de93:
· « 61 % des émissions de monoxyde
et de dioxyde d'azote (NOx) ;
· 8 % des émissions de Composés
organiques volatiles non méthaniques (COV) ;
· 14 % des particules de matière
inférieures à 10 micromètres (PM10) ;
· 18 % des particules de matière
inférieures à 2,5 micromètres (PM2,5) ;
· 2% du dioxyde de souffre (SO2)
;
· 1% de l'ammoniac (NH3 )
»
Nous avons également d'autres émetteurs de gaz
à effet de serre, comme les bâtiments résidentiels et
tertiaires via le chauffage, l'utilisation des solvants pour les devantures,
les sols, la construction, l'entretien et leur fonctionnement. L'industrie,
l'agriculture intensive sont également responsables de la pollution
atmosphérique. Leur processus de diffusion passe d'abord par
l'émission des polluants primaires qui montent dans l'atmosphère,
les vents les déplacent, ensuite sous l'action du soleil ou de la pluie
des réactions chimiques peuvent survenir et les transformer en polluants
secondaires qui vont ensuite revenir sur terre via les
précipitations.
90 « OMS | 7 millions de décès
prématurés sont liés à la pollution de l'air chaque
année », WHO (World Health Organization), consulté le 6
octobre 2021,
https://apps.who.int/mediacentre/news/releases/2014/air-pollution/fr/index.html.
91 « Un décès sur cinq dans le monde serait
lié à la pollution de l'air », Le
Monde.fr, 9 février 2021,
https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/02/09/un-deces-sur-cinq-dans-le-monde-serait-lie-a-la-pollution-de-l-air_6069304_3244.html.
92 « Voiture, industrie, viande... Quelles sont les causes
du réchauffement climatique en France? », Le
Monde.fr, 8 juillet 2019,
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/08/voiture-industrie-viande-quelles-sont-les-causes-du-rechauffement-climatique-en-france_5486767_4355770.html.
93 BOINO, Ville et santé: Portée et
limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1
Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut
d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.
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En effet, la pollution pose un grand problème de
santé publique. Selon la durée d'exposition de la majorité
de la population, des impacts sur la santé sont susceptibles de survenir
: une exposition de courte durée engendre des maladies aigues et une
exposition de longue durée engendre des maladies
chroniques94
De nombreuses études épidémiologiques et
toxicologiques démontrent l'impact sanitaire de nombreux polluants de
l'air, générant ou amplifiant de nombreuses pathologies en grande
majorité respiratoires et cardiovasculaires, l'asthme et certains
cancers. Ces impacts sont étudiés polluant par polluant car il
est très compliqué de prouver les effets causés par le
mélange de certains polluants circulant dans notre environnement.
Toutefois, certaines interactions commencent à être mises en
évidence telles que l'interaction des températures et de certains
polluants. De cette manière, en octobre 2013, le Centre International
sur le Cancer a déclaré la pollution de l'air extérieur et
les particules fines de l'air comme étant cancérogènes
pour l'Homme.95
Selon l'OMS, 4,2 millions de morts prématurées
(< 65 ans), à l'échelle mondiale, sont dues à la
pollution atmosphérique extérieure et plus
particulièrement aux PM 2.5 en 2016 et 3,8 millions de morts
prématurées dues à la pollution atmosphérique
à l'intérieur des habitations ; soit près de 8 millions de
morts prématurés par an.96
Selon le scientifique Johan Rockstorm, l'humanité a
repoussé les limites qui ont permis à la terre de
préserver sa stabilité pendant 10 000 ans. Il explique que la
pression exponentielle sur la Terre a été
accélérée durant la période de l'industrialisation.
Il affirme qu'en seulement 50 ans, l'humanité a réussi à
s'extraire d'un état dans lequel elle vivait depuis 10 000 ans «
Depuis les toutes premières civilisations, nous
dépendons de l'état stable de notre planète : une
planète avec deux calottes glaciaires, des rivières d'eau pure,
un manteau de forêts, un climat fiable et une vie abondante. Tout au long
de l'Holocène (période interglaciaire),
cette planète stable nous a donné de quoi manger, de l'eau
à boire, de l'air à respirer, mais nous venons de quitter
l'Holocène. Nous avons créé nous même une
époque géologique :
94 «
ehesp_dgs_outil_d_aide_analyse_des_plu_enjeux_de_sante_0.pdf »,
consulté le 16 novembre 2021,
https://www.bretagne.ars.sante.fr/sites/default/files/2016-12/ehesp_dgs_outil_d_aide_analyse_des_plu_enjeux_de_sante_0.pdf.
95 « La pollution de l'air extérieur est
classée cancérogène certain pour l'homme »,
Actu-Environnement (Actu-environnement), consulté le 6 octobre 2021,
https://www.actu-environnement.com/ae/news/pollution-air-exterieur-classement-circ-oms-cancerogene-19735.php4.
96 Idem, art. déjà cité.
l'Anthropocène (période de
l'Homme)97 ». En effet,
l'urbanisation généralisée sous le prisme
économique a engendré une rapide dégradation des
écosystèmes.
III.3.b- Pollution sonore
La pollution sonore est due aux transports (souvent dans les
périphéries), aux nuisances humaines (centre-ville et
concentrations dans les quartiers), à la logistique urbaine, aux
activités industrielles. Ce qui provoque stress, manque de
concentration, dérèglement du sommeil, modification des
comportements, conséquences somatiques diverses, risque de
surmortalité à cause de la fatigue ou du stress accumulés
et le mal être urbain.
III.3.c- Pollution lumineuse
La pollution lumineuse est en général, due
à l'éclairage public qui a été utilisé au
XIXème siècle pour créer un sentiment de
sécurité, puis surtout pour la circulation automobile. Il
s'inscrit dans la démarche de prévention situationnelle. Depuis,
l'éclairage a évolué vers d'autres usages, notamment,
l'éclairage publicitaire et patrimonial, l'éclairage festif,
l'éclairage domestique concentré, etc. Son usage ne va pas sans
conséquences dramatiques sur l'écosystème. Il est source
de stress et d'inconfort. Son impact sur l'air par opération
photochimique des polluants a de fortes conséquences sur la flore et la
faune (oiseaux, insectes etc.).
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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97 « Notre planète a ses limites : L'alerte de la
science | Site officiel de Netflix- Documentaire scientifique-2021 », s.
d.,
https://www.netflix.com/fr/title/81336476.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Selon une étude américaine, «
plus de 600 millions d'oiseaux mourraient chaque année en percutant des
gratte-ciels aux États-Unis. Un phénomène dramatique dont
la pollution lumineuse nocturne serait l'un des principaux facteurs
»98. En milieu urbain
on ne voit plus le ciel nocturne, cela constitue l'une des causes de
perturbation de l'écosystème et du sommeil. Il est la cause
même de la désynchronisation hormonale augmentant le risque de
cancer du sein. Il augmente également les troubles de la vision.
III.3.d- Conséquences multiples :99
Le modèle urbain fonctionnaliste a
considérablement influencé l'environnement et la santé des
habitants en milieux urbains. En effet, il a été
démontré par des études scientifiques que la pollution de
l'air par l'ozone et autres polluants constitue une source de plusieurs
problèmes sanitaires, environnementaux, sociaux et
économiques100 :
· La santé : les poumons, les fonctions
vitales sont touchées par les pollutions atmosphériques. Dans le
monde, 4.2 millions de morts prématurés sont dus à la
pollution atmosphérique extérieure en 2016, 3.8 millions de morts
pour la pollution intérieure des bâtiments, soit 8 millions de
morts au total. 21% de maladies pulmonaires, 20% d'AVC, 34% de cardiopathies,
7% de cancers. Dans le monde, voici les pays les plus impactés : 2
Millions en Chine, 1 Million en Afrique. En France 9% de
98 EMELINE FERARD, « Aux Etats-Unis, plus de 600
millions d'oiseaux meurent chaque année à cause des gratte-ciels
», GEO, 10 avril 2019,
https://www.geo.fr/environnement/aux-etats-unis-plus-de-600-millions-doiseaux-meurent-chaque-annee-a-cause-des-gratte-ciels-195230.
99 Cette partie relative aux conséquences
multiples est tirée des travaux de : E. Ferard, P. Boino (IUL) A.
BOUTAUD (A. Levy) etc.
100 ADDIN ZOTERO_ITEM CSL_CITATION
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Urbanisme et am\\uc0\\u233{}nagement -Dynamiques urbaines- 2020-
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BOINO, « Ville et santé: Portée et limites d'une
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aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon
(IUL) Université Lyon 2- 75 pages » (2020).
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
3 5 | 1 4 8
la mortalité est liée à la pollution
atmosphérique. Du fait de la concentration moyenne des particules fines
dans les zones urbaines de plus de 100.000 habitants, 15 mois
d'espérance de vie à 30 ans sont perdus à cause des PM 2.5
et dans les zones rurales, c'est 9 mois d'espérance de vie perdus.
· Conséquence sur l'environnement
bâti : perte de masse des façades des constructions: elles
perdent leur couleur, s'écroulent, problèmes de transparence du
verre, pour les vitraux anciens. La pollution rend des quartiers invivables,
notamment ceux à proximité des axes routiers. Le coût
global pour la pollution atmosphérique est de 3.4 milliards d'euros en
2000.
· Économie : en 1 an, la pollution
atmosphérique engendre 101.3 milliards d'euros de coûts directs et
indirects, majoritairement des coûts sanitaires (selon le rapport du
Sénat en 2015). Mais la pollution ne reste pas cantonnée aux
seules villes. En effet, les zones rurales sont également
impactées et voient la santé des cultures et des élevages
se dégrader. Il a été scientifiquement prouvé que
la pollution atmosphérique par l'ozone est dangereuse pour nos
écosystèmes. En effet, elle provoque des perturbations de la
photosynthèse et une baisse de production des cultures. Les rendements
peuvent ainsi diminuer de 5 à 20%.
· Les écosystèmes : certains
polluants contaminent les sols et les eaux, acidifient les océans,
attaquent les arbres avec les pluies acides, diminuent la biodiversité,
modifient la zonation des espèces en flore et faune. Nous observons
également des proliférations d'algues vertes sur les plages
bretonnes, la flore des rivières disparait, etc.
· Climat : La pollution provoque une tendance au
réchauffement climatique. Nous observons les effets sur les glaciers,
sur l'augmentation du niveau de la mer, sur la météorologie. Cela
perturbe les mouvements classiques de transferts atmosphériques qui sont
à la base de nos saisons. Nous assistons donc à un
dérèglement climatique qui impacte la vie urbaine.
L'environnement a toujours été
l'élément considérable et primordial dans la santé
des individus. Avec la crise sanitaire, la situation actuelle nous incite
à nous interroger sur les liens entre environnement, santé et
urbanisme. Les pandémies et les maladies que le monde a connues
autrefois avaient eu un fort impact sur les villes et sur leur
évolution. « Avec la Covid-19, nous subissons
aujourd'hui une double épidémie : en fragilisant le
système immunitaire,
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
3 6 | 1 4 8
notamment des personnes âgées, les
maladies chroniques rendent plus vulnérables aux maladies infectieuses
»101 (Alerte Albert Levy).
L'épidémie nous a permis de prendre plus conscience que notre
époque est marquée par la déflagration des maladies
chroniques. Albert Lévy souligne que « Nous vivons
actuellement une véritable transition épidémiologique,
marquée par une explosion des maladies chroniques (...) ce sont les
tendances contemporaines de l'urbanisme qui sont interrogées : la
métropolisation ou croissance illimitée des métropoles,
l'étalement urbain et l'artificialisation des sols, la
périurbanisation excessive, la congestion des centres
sur-densifiés, mais aussi le développement urbain hors-sol, c'est
à dire la déterritorialisation, l'indifférence au lieu...
Toutes ces tendances, qui affectent nos lieux de vie, sont des causes probables
du développement des maladies chroniques »102
Les maladies chroniques sont qualifiées
d'épidémie mondiale par l'OMS : les maladies cardiaques, les
maladies cardio-vasculaires, le cancer, les problèmes respiratoires
chroniques, le diabète, les problèmes de vue ou d'ouïe sont
responsables de plus de 17 millions de décès par an. Elles sont
classées première cause de décès à
l'échelle mondiale103. C'est le cas des décès
prématurés des moins de 65 ans. Ces maladies chroniques sont
liées à l'environnement économique et social des
individus. La grande majorité des décès (plus de 80%) sont
recensés dans des foyers à revenus faibles104. Selon
l'OMS, le taux de ces maladies ne cessera d'augmenter sans que des actions
globales et intégrées, à même de sauver des vies, ne
soient menées.
III.4- Les inégalités sociales de
santé105 (ISS)
Du fait des nombreux risques de santé existants, les
villes souffrent d'une image peu engageante d'un point de vue de la
santé 106 . En plus des maladies liées à la
pollution, s'ajoutent également d'autres phénomènes
relevant de la psychologie et de la psychiatrie : le surmenage, les divorces,
les précarités, l'isolement social, l'éloignement des
équipements, etc.
101 « Que peut l'urbanisme contre les
épidémies? », Demain La Ville - Bouygues
Immobilier (blog), 26 mars 2020,
https://www.demainlaville.com/que-peut-lurbanisme-contre-les-epidemies/.
102 BOUTAUD, Santé & environnement Décryptage
- Tendances - interviews - initiatives Métropole de Lyon-Albert
Lévy, Architecte urbaniste, chercheur associé LAVUE UMR/CNRS
7218, membre du Réseau Environnement Santé (interview du
15/07/2017.
103 «
https://www.who.int/fr/director-general/speeches/detail/launch-of-the-report-on-women-and-health-today-s-evidence-tomorrow-s-agenda
», s. d.
104 Idem, art. déjà cité.
105 Cette partie est tirée des travaux de : D. Fassin, P.
Boino, L. Bourdeau-Lepage, L. Potvin et al
106 Gérard Salem et Alain Vaguet, «
Éditorial », Espace populations
sociétés, no 2006/2-3 (1 décembre
2006): 221-26,
https://doi.org/10.4000/eps.1421.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Les situations socioprofessionnelles, familiales et
culturelles sont considérées comme des éléments
majeurs d'augmentation des risques sanitaires. En effet, certains citadins sont
plus exposés à ces facteurs, ce qui favorise l'augmentation des
inégalités sociales de santé entre eux107.
Elles sont corrélées à une myriade d'indicateurs de
santé englobant ceux relatifs aux risques et aux résultats des
soins. Ce qui produit l'existence de ces inégalités, entre les
groupes sociaux, notamment dans le domaine sanitaire.
En effet, lorsque l'on observe l'évolution urbaine des
villes, on constate que l'approche fonctionnaliste prime sur l'aspect social,
sur l'occupation des espaces par les citadins et sur l'aménagement des
espaces108. Les typologies de discrimination engendrent la
relégation de certaines populations à l'extérieur de la
ville. Dans tous les domaines de la vie socio-urbaine, la discrimination
intègre la société entière, la désunit et la
décompose. Les individus sont dispersés ou relégués
selon leur appartenance sociale, leur ethnie, leur âge, ainsi nait le
phénomène de la ghettoïsation.109 De ce fait,
d'autres phénomènes sociaux se créent : communautarisme,
paupérisation et repli sur soi. En outre, dans d'autres lieux urbains de
la même ville, nous observons des quartiers résidentiels avec tous
les paramètres du bien-être. Cela reflète le
dysfonctionnement urbain du fonctionnalisme qui pèse encore dans la
typo-morphologie de nos villes : les populations ouvrières sont
reléguées loin des centres historiques des villes, dans des
grands ensembles éloignés des équipements et des services,
généralement implantés dans les banlieues et les
périphéries110. À cet effet, «
l'appropriation de la ville leur a été
ôtée, le temps leur échappe
».111 L'industrialisation, comme nous l'avons
exprimée auparavant, a engendré « un
éclatement de la ville traditionnelle, lui imposant une logique de
rentabilité et de productivité qui détruit toute forme de
créativité, de spontanéité et d'échange
jusque dans la vie quotidienne, désormais aliénée et
marquée par une désagrégation de la vie mentale et
sociale».112 D'où la définition des
inégalités sociales de santé selon Anne Guichard :
«[...] toute relation entre la santé et l'appartenance
à une catégorie
107 Lise Bourdeau-Lepage & Virginie Chasles, « Ville et
santé », Métropolitiques, 4 juin
2014,
https://metropolitiques.eu/Ville-et-sante.html.
108 Laurence Costes, « Le Droit à la ville de
Henri Lefebvre : quel héritage politique et scientifique ? »,
Espaces et sociétés 140-141,
no 1 (2010): 177,
https://doi.org/10.3917/esp.140.0177.
109 Costes. Art. déjà cité.
110 Laurence Costes, « Le Droit à la ville de
Henri Lefebvre : quel héritage politique et scientifique ? »,
Espaces et sociétés 140-141,
no 1 (2010): 177,
https://doi.org/10.3917/esp.140.0177.
111 Costes.
112 Idem
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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sociale »113
à partir de cela, on en déduit que toute organisation
socio-spatiale séparative, associée à un modèle
économique ultralibéral favorisent l'installation des
Inégalités Sociales de Santé en ville.
Les facteurs de ces inégalités de vies ont fait
l'objet d'une myriade de recherches. En effet, celles-ci ont été
réalisées sur les conditions de travail, les conditions et les
modes de vie, les catégories socio-professionnelles, les comportements
à risques, l'âge de la retraite, la politique de l'habitat, les
relations sociales, les politiques distributives à travers la
fiscalité et les aides financières directes. D'autres
études ont plus porté sur les comportements de chaque individu
par rapport à la santé qui sont étroitement liés
avec les facteurs sociaux114. À ces facteurs, on peut bien
évidemment rajouter l'accès aux soins primaires et
également les transports facilitant l`accès aux différents
services urbains, aux lieux de travail, aux lieux d'enseignement et aux espaces
de loisirs. Malheureusement, on constate qu'une grande partie des habitants
sont limités en termes de transports et ne peuvent pas ou peu
accéder à tous ces sites. Les causes de cette limite de
transports sont multiples : économique (prix du transport),
géographique (selon la situation de la résidence et la distance
des arrêts de bus, par exemple) ou physique (une personne à
mobilité réduite, âgée, etc.). Toutes ces causes
découragent certains habitants à se déplacer de
façon active et en particulier les personnes âgées, les
étudiants, les personnes à mobilité réduite ou
ayant un autre handicap, les populations les plus pauvres et les plus
défavorisées. De plus, les difficultés de transport
constituent également des obstacles à l'emploi, ce qui contribue
à installer les personnes les plus démunies dans une situation
précaire durable. Il en découle que le fait de ne pas pouvoir
accéder aux transports est une cause de la pauvreté et de
l'exclusion sociale et pas seulement une conséquence115.
Ces inégalités sociales de santé (ISS)
sont généralement marquées par des écarts
socio-économiques. Elles sont bien évidemment évitables
et/ou modifiables. Elles existent à toutes les échelles : entre
les femmes et les hommes mais également selon les catégories
socioprofessionnelles et les territoires. Les ISS ont une incidence forte sur
la santé des
113 Louise Potvin, Marie-José Moquet, et Catherine Marie
Jones, Réduire les inégalités sociales en
santé, Dossiers santé en action (Saint-Denis:
INPES, 2010).
114 Fassin, De l'inégalité des
vies.
115 François Desbiens, « Mémoire sur la
mobilité durable et la santé -Centre universitaire
intégré de santé et de service sociaux- de la
Capitale-Nationale- Quebec 2017- », s. d.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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populations116. En France, les ISS sont
considérées comme étant les plus importantes d'Europe de
l'Ouest. Paradoxalement, son système de soins est évalué
parmi les meilleurs du monde : selon l'OMS, il est au premier rang de son
classement117.
Selon des études faites pour le compte de l'INSEE, ce
progrès sanitaire ne profite pas à tous de manière
équitable. Nous observons que ce progrès a été
profitable pour une minorité de la population, notamment la plus
favorisée. Si l'on compare à aujourd'hui l'espérance de
vie d'un cadre avec celle d'un ouvrier : l'espérance de vie d'un ouvrier
de 35 ans est de 7 ans de moins que celle d'un cadre ou d'un professionnel
libéral - pour les femmes, la différence est de 3
ans118. On peut déduire que l'état de santé et
du bien-être d'un individu est fortement lié à sa position
socio-économique et culturelle. Cependant, ces inégalités
suivent une classification sociale parmi les individus : une catégorie
sociale correspond à un niveau de morbidité ou de
mortalité plus élevé que la catégorie sociale
supérieure119. Par exemple, un habitant à
proximité immédiate du boulevard Bonnevay à Lyon est plus
exposé à des risques relatifs à la pollution qu'un
habitant du boulevard des Belges.
Un autre phénomène émerge de ces
inégalités sociales de santé : du fait de leurs faibles
revenus ou parce qu'elles ne connaissent pas très bien le fonctionnement
du système de santé, de trop nombreuses personnes se voient dans
l'obligation de renoncer aux soins dont elles ont besoin120. En
France, des enquêtes ont démontré qu'« En
2014, une personne sur quatre déclare avoir renoncé à au
moins un soin dans l'année pour des raisons financières. C'est
notamment le cas pour les soins dentaires, les équipements d'optique
médicale et les audioprothèses. En 2014, 17 % des personnes
déclarent avoir renoncé à des soins dentaires pour des
raisons financières, et 5 % à des soins médicaux. Les
dépassements sur les prothèses dentaires ont augmenté de
66 % en 10 ans, et le taux de dépassement moyen des médecins de
secteur 2 s'élève encore en 2016 à plus de 33 % des
honoraires malgré les mesures
116 « Léa-Roback centre de recherche sur les
inégalités sociales de santé de Montréal : LES
INÉGALITÉS SOCIALES DE SANTÉ: QU'EST-CE QUE C'EST?.
», consulté le 17 novembre 2021,
http://centrelearoback.org/coup_d_oeil/.
117 Didier Fassin, « Un aveuglement face aux
inégalités sociales de santé », entretien avec Didier
Fassin, directeur d'études à l'EHESS", OBSERVATOIRE DES
INEGALITES, 8 février 2008,
https://www.inegalites.fr/Un-aveuglement-face-aux-inegalites-sociales-de-sante-entretien-avec-Didier.
118 Marie-José Moquet, « la santé de l'homme
», no 397 (2008),
http://www.inpes.sante.fr/.
119 Idem, art. déjà cité
120 « adsp n° 102 - Reste à charge et
santé », consulté le 7 octobre 2021,
https://www.hcsp.fr/explore.cgi/Adsp?clef=159.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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d'encadrement mises en place depuis 2011
».121
À travers l'éclairage apporté par les
différentes études et enquêtes, nous constatons que les
inégalités sociales de santé se sont
catégoriquement aggravées en France depuis les années
1970.122 Elles sont le résultat de différentes
politiques de rigueur menées en France et qui ont engendré une
régression des politiques sociales : baisse des dépenses
publiques, notamment en matière de santé, augmentation des
emplois précaires et baisse du pouvoir d'achat123 , etc.
Nous constatons donc que les politiques publiques sont
généralement responsables de l'aggravation des
inégalités sociales de santé, ainsi D. Fassin explique,
dans une interview : «on constate en France une tendance
structurelle des politiques : d'un côté, on produit davantage
d'inégalités sociales, notamment par les politiques fiscales mais
aussi de l'éducation et de l'emploi, et de l'autre, on s'attaque
à la pauvreté extrême : on se souci moins de la justice
sociale, mais on développe les programmes d'assistance- ce
décalage est caractéristique de toutes politiques
libérales dont on constate qu'elles finissent par se retourner contre
les pauvres, accusés de contribuer à leur propre
misère»124
De plus, dans son rapport de 2010, le Haut Conseil de la
santé publique (HCSP) soulignait qu'en France nous enregistrons les
inégalités sociales de santé les plus
élevées des pays d'Europe. Par ailleurs, elles ne cessent de
s'aggraver au cours de ces dernières décennies. Nous constatons
également d'autres formes d'inégalités : celles qui
concernent les territoires et les régions. Il existe une variation de
l'espérance de vie entre les habitants du Nord et du Sud. En effet, un
homme vivant en Ile de France a une espérance de vie de 77 ans
contrairement à un homme vivant dans le Pas de Calais dont
l'espérance est de seulement 73 ans. Pour les femmes : 84 ans en Ile de
France et 81 ans dans le Pas de Calais125.
Cela réside forcément dans la
temporalité et dans la complexité de la composition
socioéconomique de chaque territoire et régions, par rapport
à d'autres, et se traduit par des politiques de santé publiques
plus au moins favorables au droit à la santé des populations,
ainsi Paul Boino explique dans une interview que « Les
territoires budgétairement riches
121 « adsp n° 102 - Reste à charge et
santé », consulté le 7 octobre 2021,
https://www.hcsp.fr/explore.cgi/Adsp?clef=159.
122 Fassin, De l'inégalité des
vies.
123 Idem, art. déjà cité
124 Fassin, « Un aveuglement face aux
inégalités sociales de santé », entretien avec Didier
Fassin, directeur d'études à l'EHESS".
125 Marie-José Moquet, « Inégalités
sociales de santé : des déterminants multiples -LA SANTÉ
DE L'HOMME - N° 397 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2008 -département
Qualité des pratiques et formation, Ddeset, INPES », s. d.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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étaient aussi les territoires socialement
pauvres. Industriels et ouvriers, ils disposaient de ressources plus
importantes mais devaient supporter des charges plus fortes du fait des besoins
en services publics et en services sociaux de leurs administrés.
À l'inverse, d'autres territoires plus résidentiels
étaient sans doute riches socialement mais ils étaient pauvres
budgétairement, car ils n'accueillaient pas beaucoup d'entreprises.
Là aussi, il n'y avait pas de problème en soi : les
inégalités territoriales généraient de la justice
sociale ; les moyens se situaient là où étaient les
besoins. La situation actuelle est sensiblement différente. Certains
territoires se retrouvent tout à la fois socialement et
budgétairement pauvres tandis que d'autres sont simultanément
riches de leur population et de leurs entreprises
»126. En effet, certains territoires pauvres se
voient vidés, progressivement, de leur population et par
conséquent de leur richesse socio-économique.
III.5- La temporalité de la ville : synchronisation des
temps sociaux
L'histoire et l'organisation de nos sociétés
occidentales sont marquées par une approche économique de
l'espace et du temps. Plus précisément, l'organisation sociale du
temps est structurée par la gestion de l'espace en imposant un rythme
aux individus dans une logique d'accumulation de profits qui ne cesse de
progresser depuis la première révolution
industrielle127. Concrètement, au XIXème siècle
notamment, la conception urbaine a été pensée pour
faciliter l'accès aux usines dans une temporalité optimale.
126 PAUL BOINO, LES ENJEUX DE SOLIDARITÉ POUR LE GRAND
LYON.,
https://www.millenaire3.com,
18 décembre 2012,
https://www.millenaire3.com/Interview/2013/les-enjeux-de-solidarite-pour-le-grand-lyon.
127 François Ascher, « Du vivre en juste à
temps au chrono-urbanisme », Les Annales de la recherche
urbaine 77, no 1 (1997): 112-22,
https://doi.org/10.3406/aru.1997.2145.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Le temps n'est pas une notion unique.128 En effet,
il correspond à plusieurs réalités sociales comme
personnelles. Ainsi, le temps est différencié par rapport
à des caractéristiques fonctionnelles ou sociales. Il existe donc
quatre temps principaux rythmant le quotidien. Le premier temps est
physiologique, à savoir les rythmes de repas, de sommeil, de bain etc.
Le deuxième temps relève de la vie professionnelle et
estudiantine et est donc structuré par les horaires de travail et de
cours. Le troisième est consacré aux travaux domestiques et
comprend également le temps consacré à l'éducation
des enfants. Enfin, le dernier temps est celui des loisirs privés
(lecture chez soi par exemple) comme à l'extérieur (aller au
cinéma, au théâtre, au sport etc.). Les quatre temps
présentés ne peuvent être réalisés en dehors
d'un cadre social. L'ensemble de ces activités sont donc
elles-mêmes des produits sociaux. En cela, nous pouvons
déjà penser ces temps comme des temps sociaux en tant que partie
prenante des activités de la société. Nous ne nous
limitons à cette définition. Plus que partie prenante, nous
définissons le temps social comme produit de la diversité des
activités sociales qu'il organise et qu'il
rythme129. Cette notion n'est pas nouvelle, elle est
empruntée aux travaux de Durkheim130 (Durkheim,1912). Nous
l'adoptons car nous adhérons au point de vue que la
société constitue une unité qui structure les vies des
individus. En revanche, nous adoptons le point de vue de temps sociaux
multiples. En effet, toute pratique sociale amène à la production
d'un temps social. Par exemple, aller au marché, à
l'école, au travail, constitue un certain temps d'activité
quotidienne pour un individu. Ces temps se coordonnent et s'organisent entre
eux. Par exemple, un certain temps passé au marché sera au
sacrifice d'une autre activité, aller à la bibliothèque.
De même, le temps passé dans les transports indique les
activités possiblement réalisables131.
Par la suite, nous faisons l'hypothèse que les temps
sociaux sont majoritairement structurés en ville. Ceci est une
assomption raisonnable car comme nous l'avons montré le mouvement
historique est celui d'un exode rural vers la ville et aujourd'hui plus d'un
individu sur deux vit en ville dans le monde 132. Nous pouvons donc
négliger l'étude des campagnes concernant les
128 Joseph Moreau, « Le Temps selon Aristote (à
suivre) », Revue Philosophique de Louvain 46,
no 9 (1948): 57-84,
https://doi.org/10.3406/phlou.1948.4129.
129 Roger Sue, « La sociologie des temps sociaux : une voie
de recherche en éducation », Revue française de
pédagogie 104, no 1 (1993): 61-72,
https://doi.org/10.3406/rfp.1993.1289.
130 Igor Martinache, « Emile Durkheim, Les formes
élémentaires de la vie religieuse »,
Lectures, 20 février 2009,
https://doi.org/10.4000/lectures.726.
131 Sue, « La sociologie des temps sociaux ».art.
déjà cité
132 Jacques Véron, « La moitié de la
population mondiale vit en ville », Population &
Sociétés 435, no 6 (2007):
1-4.
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démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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temps sociaux133. Les différents temps
sociaux en ville se matérialisent dans des espaces (les bâtiments
d'administration, les entreprises, les écoles, les parcs, les centres
commerciaux etc.). De fait, les emplois des espaces urbains sont liés
aux emplois du temps. Ce principe s'appelle « chronotopie
»134. L'approche par ce principe permet de définir les
chronotopes comme «lieux de confluence de la dimension
spatiale et de la dimension temporelle» 135.
La ville concrétise donc des rythmes coexistant et
interagissant entre eux. Il s'agit alors de s'intéresser
concrètement à cette polyrythmie afin de comprendre les
problématiques et enjeux qu'elle engendre. Cette polyrythmie est prise
en compte à partir de trois formes principales, à savoir, les
temps sociaux multiples, l'utilisation multiple simultanée (polychronie)
des lieux ou l'utilisation différée (polyvalence
séquentielle) des espaces. L'absence de vision globale intégrant
ces trois problématiques empêche l'avènement d'un urbanisme
pensé par le rythme. Ainsi, la vision urbanistique majoritaire
aujourd'hui ne prend pas suffisamment en compte l'articulation des temps
urbains. La majorité des temps sont standardisés en fonction des
horaires de travail. L'organisation de la ville a concentré les espaces
relatifs à certaines activités entre eux (Zone industrielle, Zone
d'activité, Zone résidentielle etc.) et a calé les
transports en fonction de leurs horaires. Ce manque d'articulation
entraîne une synchronisation trop importante des temps sociaux, ce qui
engendre des congestions sur les routes aux heures de pointe, de la pollution,
de l'anxiété etc.
Depuis une trentaine d'années, nous constatons une
accélération des changements dans notre organisation des temps
journaliers. En effet, plusieurs facteurs conduisent à ces
transformations. Premièrement, nous observons une évolution dans
l'organisation du travail. En France, les temps de travail ont
évolué avec les changements de contrat de travail. Les 35h
hebdomadaires ont engendré du temps libre. Les emplois
intérimaires, l'ubérisation du travail, les contrats de mission,
les CDD courts, les temps partiels ainsi que l'augmentation du chômage
conduisent également à du temps libre et à une
transformation des horaires et jours de travail. À cela, il s'ajoute le
développement technologique qui crée une connexion
quasi-permanente à des activités sociales induisant des temps
artificiels. Cela perturbe également les rapports entre individus qui
peuvent se contacter en temps réel. De fait, la temporalité
133 Nous négligeons l'étude des campagnes sans
pour autant dire que cette étude ne mérite pas une attention.
134 Sandra Mallet, « Aménager les rythmes :
politiques temporelles et urbanisme. »,
EspacesTemps.net
Revue électronique des sciences humaines et sociales.,
2013,
https://www.espacestemps.net/articles/amenager-les-rythmes-politiques-temporelles-et-urbanisme/#.
135 Luc Gwiazdzinski, « Chronotopies -
L'événementiel et l'éphémère dans la ville
des 24 heures (Chronotopia - The happening and the ephemeral in the 24 hour
city) », Bulletin de l'Association de géographes
français 86, no 3 (2009): 345-57,
https://doi.org/10.3406/bagf.2009.2679.
entre les moments de travail et de non-travail est poreuse.
De plus, les transports permettent aujourd'hui une accessibilité plus
rapide des lieux. Ainsi, les rythmes sociaux s'accélèrent, et les
activités se concentrent sur des temps de plus en plus courts. Cela a
pour conséquence de créer des sentiments d'urgence, une certaine
pression temporelle, du stress, ainsi qu'une peur de ne plus suivre le
rythme136. L'ensemble de ces évolutions engendre plusieurs
problèmes. Premièrement, des inégalités sociales
naissent du fait qu'en fonction de notre niveau social, l'usage et la
maîtrise du temps diffèrent car l'accessibilité aux
chronotopes n'est pas égale. Ainsi, certaines classes sociales peuvent
suivre l'accélération des rythmes et des besoins engendrés
quand d'autres ne le peuvent pas. Deuxièmement, la pression temporelle
augmente les conflits à divers moments. Enfin,
l'accélération des temps sociaux implique des perturbations des
rythmes biologiques. En effet, notre repos et notre sommeil sont
perturbés, nos temps de repas également, ainsi que notre niveau
de bien-être avec l'augmentation du stress. De ce fait, l'organisation du
temps représente un enjeu d'aménagement urbain capital depuis ces
dernières décennies137. En France, s'inspirant du
modèle italien, les politiques temporelles naissent à la fin des
années 1990. Elles cherchent à influencer des temps journaliers,
des chronotopes et sur l'accessibilité à ces derniers afin que
les divers temps des individus puissent être coordonnés. Cette
volonté a amené à la création en 2001 des Bureaux
des Temps, aussi appelés Espaces des Temps, Maison du Temps, Mission
Temps de la ville138, etc.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
4 4 | 1 4 8
136 Elodie Wahl, « Hartmut Rosa,
Accélération. Une critique sociale du temps »,
Lectures, 16 avril 2010,
https://doi.org/10.4000/lectures.990.
137 Mallet, « Aménager les rythmes : politiques
temporelles et urbanisme. » art. déjà cité.
138 Idem, art. déjà cité
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
4 5 | 1 4 8
IV- Évolutions des approches de la
santé
IV.1- L'essor du modèle biomédical : une approche
curative et
réductionniste
La résolution des problématiques de
santé invite directement à réfléchir à la
définition de celle-ci. Cette tâche est complexe et il nous
importe de l'aborder par une approche historique qui confronte les
différentes conceptions existantes.
Le modèle biomédical a une approche de la
santé uniquement biologique axée sur le corps humain. Les
caractéristiques biologiques sont donc les facteurs déterminants
dans la définition de la santé. Rapportée à cette
approche, la santé peut être définie comme l'absence de
maladie et le traitement est réservé uniquement au corps
médical.
Ce modèle se développe depuis la
révolution pasteurienne139 avec les vaccins contre les
maladies. Il a dominé toutes les époques jusqu'à notre
ère. En effet, les trente glorieuses ont appuyé ce modèle
en investissant massivement dans l'industrie pharmaceutique et dans la
technologie médicale.
Pourtant, cette approche est critiquée dès
l'Antiquité par les enseignements d'Hippocrate qui lie la santé
à la place de l'humain dans l'environnement. Dans son
Traité des airs, des eaux, des
lieux140, Hippocrate invite les médecins de son
temps à s'intéresser aux causes environnementales (saisons, vents
etc.) dans les villes, aux comportements particuliers, afin de
déterminer les déclenchements possibles de maladie.
Impulsé par le progrès technique et les trente
glorieuses, l'essor de ce modèle a axé sa stratégie sur le
développement de nouveaux processus et établissements à
finalité curative. Ce développement, qui est toujours en vigueur,
s'articule par d'importantes dépenses pour investir dans le
tout-médical. Son approche privilégie la
pathogénèse (recherche sur les maladies) ou le corps humain et
ses organes en négligeant la doctrine Hippocratique. Ce modèle ne
considère pas les aspects extérieurs et ignore les facteurs
clés qui déterminent la santé. Il est confronté,
à l'échelle mondiale, et notamment dans les pays
développés, à une
139 Blanc, « Albert Lévy (coord.), Ville, urbanisme
et santé. Les trois révolutions ».
140 « HIPPOCRATE : Traité des Airs, des Eaux et des
Lieux. », art. déjà cité.
http://remacle.org/bloodwolf/erudits/Hippocrate/eaux1.htm.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
4 6 | 1 4 8
profonde mutation de la nature des problèmes de
santé, ce que de nombreux chercheurs et scientifiques ont
qualifié de transition épidémiologique.141 Par
ailleurs, cette approche est critiquée par le plus grand nombre,
notamment sur son aspect très réducteur142.
Aujourd'hui, malgré les critiques du modèle
biomédical qui n'est plus pris stricto sensus,
les pratiques médicales et politiques se poursuivent pourtant selon
celui-ci. En effet, nous constatons qu'en général, une ordonnance
médicale contient en moyenne 3,4 lignes de
médicaments143. La pratique médicale s'appuyant sur
cette approche exclut donc généralement les causes
environnementales et sociales comme facteurs déterminants de la
santé. « En France, 90 % des consultations de
médecine générale aboutissent à une prescription
médicamenteuse, versus 83 % en Espagne, 72 % en Allemagne et 43 % aux
Pays-Bas»144.
L'usage du médicament conséquent à cette
approche implique plusieurs problèmes. Une contradiction existe, le
médicament monopole pour « faire santé » est
également une source polluante. En effet, premièrement,
l'industrie pharmaceutique est un maillon dans la chaîne de production de
la pollution. Selon Chahnez Antri-Bouzar (Antri-Bouzar, 2017)145,
diverses analyses à proximité des établissements
industriels pharmaceutiques ont révélé la présence
de substances chimiques médicamenteuses dans l'environnement.
Deuxièmement, il existe également une pollution à la
consommation. Lorsqu'un médicament est administré à un
individu, le corps humain ne l'absorbe pas entièrement et des substances
peuvent se retrouver dans les eaux usées. De plus, les stations
d'épuration chargées de les traiter ne peuvent faire
disparaître entièrement les substances médicamenteuses. De
ce fait, elles se retrouvent dans les eaux de surface et plus tard dans les
eaux potables146.
141 Henri Leridon, « La prévention dans la
transition épidémiologique », in La
prévention du risque en médecine: D'une approche populationnelle
à une approche personnalisée, éd. par Pierre
Corvol, Conférences (Paris: Collège de France, 2013),
http://books.openedition.org/cdf/1665.
142 Laurent Chambaud, « Territoires, incubateurs de
santé ? Les Cahiers de l'IAU îdF n° 170-171 - septembre 2014
», s. d.,
https://www.institutparisregion.fr/fileadmin/NewEtudes/Etude_1101/C_170-171_web.pdf.
143 Laurence Auvray et Catherine Sermet, « Consommations et
prescriptions pharmaceutiques chez les personnes âgées: Un
état des lieux », Gérontologie et
société 25 / n° 103, no 4 (2002):
13,
https://doi.org/10.3917/gs.103.0013.
144 David Darmon et al., « Facteurs associés
à la prescription médicamenteuse en médecine
générale : une étude transversale multicentrique »,
Santé Publique 27, no 3 (2015):
353,
https://doi.org/10.3917/spub.153.0353.
145 Chahnez Antri-Bouzar, « La gestion des risques
liés à la pollution médicamenteuse »
(Université Côte d'Azur, 2017).
146 Idem
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
4 7 | 1 4 8
Aujourd'hui, plusieurs études contradictoires sur les
effets de la pollution médicamenteuse existent. Certaines indiquent que
les effets sur le corps humain sont faibles. En revanche, d'autres remettent en
cause la méthodologie de telles études car plusieurs points de
méthodologie sont critiquables car elle ne prend pas en compte des
populations à risque (personnes âgées, enfants,
diabétiques etc.).
Enfin, le médicament visant à guérir
peut-être également facteur de dégradation de santé
au sens où un médicament est iatrogène (possède des
effets secondaires néfastes sur le corps). Or, la prise de
médicaments devient un fait de plus en plus commun, que ce soit par
prescription ou par automédication. Par exemple, en France, en 2021,
selon un article d'une revue mutualiste, Viva
Magazine147, «
13.4% de la population a déjà consommé au
moins une fois des benzodiazépines de la classe des anxiolytiques
». Cette classe de médicaments comporte de nombreux
effets secondaires graves comme diverses réactions psychiatriques, des
amnésies, des somnolences voire même des comas. Elles sont donc
responsables de nombreux accidents de la route. Une réponse du
Ministère de la Santé et des Sports à un sénateur
indiquait : « Les résultats, communiqués par
l'AFSSAPS au mois de septembre 2008, sont très proches de ceux de 1998,
soit un taux d'incidence de 3,60 %, entraînant en moyenne 10,29 jours
d'hospitalisation et, toujours par extrapolation, au niveau national, 143 915
hospitalisations liées à un effet indésirable
médicamenteux par an » (souligné par
nous).148 Nous pouvons alors nous interroger sur la raison de la
surconsommation de médicaments. L'article cité de
Viva Magazine149 indique que selon plusieurs experts,
la prise en charge des médicaments par l'Assurance Maladie, et non celle
de traitements alternatifs, incite à l'achat puis la consommation de
médicaments, notamment pour les maladies évitables.
Cette approche repose sur cette hyperconsommation des soins
primaires, dont les coûts sont exorbitants, comme nous l'avons
indiqué précédemment pour les soins relatifs à la
sédentarité. Bien évidemment, des coûts qui peuvent
être évités en agissant sur leurs causes par une approche
préventionnelle.
147 Anne-Marie Thomazeau, « Les Français
consomment-ils trop de médicaments ? », Viva Magazine
(blog), 11 janvier 2021,
https://www.vivamagazine.fr/les-francais-consomment-ils-trop-de-medicaments/.
148 « La surconsommation de médicaments, un
problème de santé publique - Sénat », consulté
le 1 novembre 2021,
https://www.senat.fr/questions/base/2009/qSEQ090709333.html.
149 Thomazeau, « Les Français consomment-ils trop de
médicaments ? »
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
4 8 | 1 4 8
IV.2- La santé et le développement durable :
approche
environnementaliste de la santé
Le concept de développement durable naît
formellement avec le rapport Brundtland150 en 1987 à la suite
de la prise en compte des effets du modèle de production sur
l'environnement. Avec la première révolution industrielle et les
évolutions politiques151 152, l'humanité entre dans
une ère de domination avancée de la nature. De fait, la
maîtrise progressive des énergies et des ressources par
l'industrie, combinée à des rapports de production capitalistes
recherchant le profit, amène à une production intense paraissant
illimitée aux acteurs. Or, ceci est une vision réductrice de
l'économie. Il est impossible de penser l'économie et la
production, c'est-à-dire une activité humaine, hors de
l'environnement qu'elle transforme et qui la transforme à son tour. Par
exemple, l'activité humaine est un facteur de réchauffement
climatique153, ce même réchauffement climatique oblige
à la résilience. L'activité humaine, conduite par le
prisme économique, a amené à diverses conséquences
écologiques (pollution, épuisement des ressources,
dérèglement climatique etc.). La prise de conscience de ce
rapport entre production et environnement a amené l'ONU en 1972,
à Stockholm, à tenir une conférence sur
l'Homme et son milieu. Cette conférence voit
la naissance du Programme des Nations Unies pour l'Environnement.
En 1983, l'Assemblée des Nations Unies crée la
Commission Mondiale pour l'Environnement et le
Développement, présidée par Mme Gro Harlem
Brundtland, premier ministre de Norvège. Cette dernière remettra,
en 1987, un rapport intitulé, Notre avenir à tous,
aussi appelé rapport Brundtland154. Ce rapport
définira alors le concept de développement durable qui prendra
toute son ampleur pendant le Sommet de la Terre de Rio
en 1992. Trois piliers composent alors le concept de
développement durable : le social, l'économie et l'environnement
dans l'objectif de gérer aujourd'hui les
150 Office fédéral du développement
territorial ARE, « 1987: Le Rapport Brundtland », consulté le
25 octobre 2021,
https://www.are.admin.ch/are/fr/home/medien-und-publikationen/publikationen/nachhaltige-entwicklung/brundtland-report.html.
151 René Passet, « Chapitre II. La réduction
du champ de la pensée économique », in
L'Économique et Le Vivant, Hors collection
(Paris: Economica, 1996), 27-49,
https://www.cairn.info/l-economique-et-le-vivant--9782717831047-p-27.htm.
152 Eric J. Hobsbawm et Eric J. Hobsbawm, L'
ère des révolutions, Historiques 40 (Bruxelles:
Éd. Complexe, 1988).
153 Sans discuter de l'importance de ce facteur, question que
nous laissons aux experts.
154 ARE, « 1987 ». (rapport Brundtland) art.
déjà cité.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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ressources en répondant «aux besoins
du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs
»155.
Pendant ce Sommet, la question des villes et du
développement durable se posera. En conséquence, le concept de
ville durable va apparaître. Haughton et Hunter définissent la
ville durable comme « Une ville durable est une ville dans
laquelle les habitants et les activités économiques s'efforcent
continuellement d'améliorer leur environnement naturel, bâti et
culturel au niveau du voisinage et au niveau régional, tout en
travaillant de manière à défendre toujours l'objectif d'un
développement durable global» (Haughton & Hunter,
2016)156.
En 1994, la charte d'Aalborg157 , en opposition
avec la Chartes d'Athènes158, défend une gestion de la
densité et des fonctions urbaines en relation avec le
développement durable. La ville durable comme concept remet en cause la
vision fonctionnaliste de l'urbanisme moderne. La critique de l'urbanisme
moderne élaborée par Françoise Choay dans son parcours
universitaire a été reprise politiquement par le
Livre vert sur l'environnement urbain159
de la Commission des Communautés Européennes, (1990).
Ce livre est un témoin de ce que nous pouvons appeler
une approche environnementaliste de la santé. La question de la
santé est posée uniquement comme conséquence de
considérations environnementales. Par exemple, dans le Livre
vert sur l'environnement urbain, chapitre premier, section 2, des
paragraphes sont centrés sur les effets de la pollution sur la
santé. On y retrouve également en Annexe I des articles du
Traité relatif à l'environnement, notamment l'article 130R
160:
« 1. L'action de la communauté en
matière d'environnement a pour objet
· de préserver, de protéger et
d'améliorer la qualité de I 'environnement;
· de contribuer à la protection de la
santé des personnes;
155 ARE. (rapport Brundtland) art. déjà
cité.
156 Graham Haughton et Colin Hunter, Sustainable
Cities, First issued in hardback, Regional Development and Public
Policy (London New York: Routledge, Taylor & Francis Group, 2016).
157 « Charte des villes européennes pour la
durabilité : Charte d'Aalborg (27 mai 1994) », consulté le
25 octobre 2021,
http://i.ville.gouv.fr/index.php/sfPropelFileAssoc/download/file_id/250.
158 « Et si on relisait vraiment la Charte
d'Athènes? », Chroniques d`architecture, 31 mars 2020,
https://chroniques-architecture.com/et-si-on-lisait-vraiment-la-charte-dathenes/.
159 Commision des communautés européennes,
Livre vert sur l'environnement urbain, 1990.
160 Idem, art. déjà cité
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
5 0 | 1 4 8
? d'assurer une utilisation prudente et rationnelle
des ressources naturelles 161»
Nous avons donc une démonstration, qu'implicitement
les politiques mises en oeuvre en termes de développement durable
tendent à considérer les problématiques de santé
comme liées à celles environnementales. Nous précisons
qu'il s'agit d'une tendance implicite et non d'une volonté
marquée. Cette approche limitée néglige donc d'autres
aspects sociaux, économiques, et urbains. Il semble pour autant qu'il
faille nuancer le propos. L'objectif 3 du développement durable (Cf.
figure n°8), promulgué par l'ONU162 prend en compte une
notion plus large que la santé : le bien-être. Dès lors, il
semble que l'ONU fasse siennes des conclusions de l'OMS. En revanche, les
cibles des politiques liées à ces objectifs relèvent
principalement de considérations physiques (lutte anti-tabac ;
accès aux services de soins, réduire la pollution etc.).
Dès lors, les limites de l'approche ne sont pas réellement
dépassées et il semble alors opportun de s'intéresser aux
définitions et préconisations de l'OMS en termes de
santé.
161 Idem, art déjà cité
162 Sophie Farigoul, « Objectif 3 : Permettre à tous
de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous
à tout âge », Développement durable
(blog), consulté le 16 septembre 2021,
https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/health/.
Figure n° 8: 17 objectifs ont été
adoptés fin 2015 par l'ensemble des États réunis au sein
de l'ONU
Source : Les Objectifs de
développement durable - Développement durable (
un.org)
IV.3- Une approche globale et positive : L'OMS vers un
nouveau
paradigme
IV.3.a- Une approche globale de la santé et de
l'urbanisme
Avant la mise en place de l'OMS, d'autres organisations
mondiales étaient en charge des problématiques de la
santé. Tout d'abord, la Société des Nations Unies avait
mis en place un comité provisoire sur la santé. Il était
constitué par une autre organisation : l'Office International
d'Hygiène Publique (OIHP) établi en 1907. Cette organisation
s'est vue confier plusieurs missions qui seront par la suite reprises par l'OMS
: faciliter la collaboration internationale pour la lutte contre les maladies,
favoriser les échanges de connaissances et d'expériences entre
les différents pays étant membres de l'OMS163.
L'Organisation Panaméricaine de la Santé était la
troisième organisation, elle s'attelait à la santé aux
États-Unis. Cette dernière organisation va devenir plus tard le
bureau de l'OMS aux États-Unis.
163 Céline Paillette, « De l'Organisation
d'hygiène de la SDN à l'OMS: Mondialisation et
régionalisme européen dans le domaine de la santé,
1919-1954 », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin
32, no 2 (2010): 193,
https://doi.org/10.3917/bipr.032.0193.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
5 1 | 1 4 8
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Face à l'évolution rapide des écopathies
et à l'urgence de préserver l'écosystème, une
transformation de la vision devient alors primordiale. Le système de
santé, doit être repensé en cherchant clairement ce qui
fait la santé et non pas ce qui soigne la santé. En effet, la
santé n'est pas seulement en rapport avec le biomédical et
l'environnement.
En continuité de la réflexion sur la
problématique sanitaire et sur la transition
épidémiologique164, l'OMS considère les MNT
comme une « épidémie » qu'il faut combattre. Selon le
rapport sur la situation des maladies non transmissibles (2014) publié
par l'OMS, une très grande partie des décès liés
aux MNT peuvent être évités. En 2012, parmi les 38 millions
de décès liés aux MNT, 16 millions (soit 42%) ont
été prématurés et évitables, contre 14,6
millions en 2000165.
L'OMS va donc pousser la recherche vers une nouvelle
révolution sanitaire plus globale et positive : globale
car cette approche s'intéresse à l'ensemble des facteurs
qui déterminent la santé. Ils peuvent être d'ordre
environnemental, social, économique ou biologique. Positive
car elle ne s'intéresse pas uniquement à maitriser et
à éradiquer les risques ou les pathologies, mais elle donne de
l'ampleur à la promotion de la santé.166
Ainsi, elle axe son orientation sur ce qui fait santé,
c'est-à-dire, que l'action doit être menée sur les facteurs
qui déterminent et qui font santé. La santé doit
être englobée avec la qualité de l'environnement dans
lequel vivent les populations. Afin qu'une population soit en bonne
santé, elle doit vivre dans un environnement sain. Peut-on alors
être dans un état de complet bien-être dans un monde malade
?167. En effet, le constat est fait à travers les
données statistiques à l'échelle mondiale, sur le
dysfonctionnement de l'ensemble des facteurs dont la santé des individus
a besoin pour se développer : une société
malade168, dont le volontarisme politique et volontairement absent,
ne peut pas offrir une meilleure santé à sa population.
Cette approche holistique de la santé
s'intéressant aux facteurs qui déterminent la santé est
apparue vers la moitié du XXe siècle et plus
précisément depuis que l'OMS, en 1946, a défini
164 Henri Picheral, « Géographie de la transition
épidémiologique », Annales de Géographie
98, no 546 (1989): 129-51,
https://doi.org/10.3406/geo.1989.20898.
165 OMS, « Maladies non transmissibles ».
166 Anne Roué Le Gall, « «Agir pour un
urbanisme favorable à la santé, concepts & outils » ;
Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et
CUZIN Ysaline, 2014. », Guide (EHESP, 2014).
167 Chantal Godin, « Jean Lebel, La santé: Une
approche écosystémique: Ottawa, Canada, CRDI, Un focus, 84 p.,
2003 », VertigO, 1 septembre 2005,
https://doi.org/10.4000/vertigo.4726.
168 Pierre Guillaume, « Une société à
soigner: Hygiène et salubrité publique en France au XIXe
siècle: Gérard Jorland , Paris, Bibliothèque des
histoires, Gallimard, 2010, 361 p., 27 €, ISBN : 978-2-07-012615-6 »,
Revue d'histoire de la protection sociale 3,
no 1 (2010): 140,
https://doi.org/10.3917/rhps.003.0140.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
5 3 | 1 4 8
la santé comme « un état de
complet bien-être physique, mental et social et [qui] ne consiste pas
seulement en une absence de maladie ou
d'infirmité»169. Projetée au rang
des droits de l'Homme, elle devient pour l'OMS une «condition
fondamentale de la paix dans le monde»170.
En dépit de ce nouveau paradigme, les recherches
scientifiques sont restées longtemps, jusqu'aux années 1970,
cantonnées dans le giron de l'approche biomédicale. Elles
étaient principalement concentrées sur la
pathogénèse (Diagnostics et recherches sur les causes des
maladies).
Cette approche globale et positive de la santé a
déjà fait l'objet d'une étude et d'un rapport
précisant, pour la première fois, l'influence d'un ensemble de
facteurs interagissant ensemble sur la santé. En 1974, Marc LALONDE,
alors Ministre de la Santé du Canada, présente dans son rapport
sur les quatre influences principales sur la santé : la biologie
humaine, l'environnement, les soins de santé et les modes de vies qu'il
faut bien prendre en compte pour parler santé.171
169 OMS, « La Constitution a été
adoptée par la Conférence internationale de la Santé,
tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946, signée par les
représentants de 61 Etats le 22 juillet 1946 (Actes
off. Org. mond. Santé, 2, 100) et
est entrée en vigueur le 7 avril 1948. Les amendements adoptés
par la Vingt-Sixième, la Vingt-Neu_vième, la
Trente-Neuvième et la Cinquante et Unième Assemblée
mondiale de la Santé (résolutions WHA26.37, WHA29.38, WHA39.6 et
WHA51.23) sont entrés en vigueur le 3 février 1977, le 20 janvier
1984, le 11 juillet 1994 et le 15 septembre 2005 respectivement; ils sont
incorporés au présent texte », 22 juillet 1946.
170 OMS, « La Constitution a été
adoptée par la Conférence internationale de la Santé,
tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946, signée par les
représentants de 61 Etats le 22 juillet 1946 (Actes
off. Org. mond. Santé, 2, 100) et
est entrée en vigueur le 7 avril 1948. Les amendements adoptés
par la Vingt-Sixième, la Vingt-Neu_vième, la
Trente-Neuvième et la Cinquante et Unième Assemblée
mondiale de la Santé (résolutions WHA26.37, WHA29.38, WHA39.6 et
WHA51.23) sont entrés en vigueur le 3 février 1977, le 20 janvier
1984, le 11 juillet 1994 et le 15 septembre 2005 respectivement; ils sont
incorporés au présent texte ».
171 Godin, « Jean Lebel, La santé ». art.
déjà cité
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Ces facteurs (les déterminants de la santé) se
définissent comme des éléments qui influencent
l'état de santé et du bien-être des individus, de
façon isolée ou en interaction avec d'autres facteurs.
Ces déterminants de santé peuvent être :
- Individuels : âge, sexe, patrimoine
génétique, comportement.
- Socio-économiques : accès au logement,
à l'emploi, à la culture, à l'éducation, relations
humaines, vie sociale, accès aux services et produits de
consommation.
- Environnementaux : qualité de l'air, de l'eau, de
l'environnement (Bâti et non bâti)
- Politiques (urbaines, habitat, transport, emploi, soins
primaires172
Après les travaux de Lalonde, en 1978, la
déclaration d'Alma-Ata relative aux soins de santé primaire est
venue à son tour renforcer cette approche holistique en alertant les
gouvernements sur l'urgence de la mise en oeuvre d'une action à
l'échelle mondiale afin de préserver la santé des
habitants du monde173. Ensuite la charte d'Ottawa, pour la promotion
de la santé, en 1986 a conforté cette conception de la
santé en prenant comme base les principes de la déclaration
d'Alma-Ata, les aspirations de l'OMS par rapport à sa stratégie
de la Santé pour tous ainsi que le changement
de paradigme sur l'action intersectorielle et
interdisciplinaire pour la santé174. Sa
vision de la promotion de la santé réside dans le fait que chaque
individu peut davantage maitriser et améliorer sa santé.
L'individu doit donc « pouvoir identifier et réaliser
ses ambitions, satisfaire ses besoins et évoluer avec son milieu ou s'y
adapter ».175 La santé est donc plus qu'un
état. Elle est observée comme une ressource que l'individu peut
employer quotidiennement dans sa vie et non comme une finalité totale
à atteindre dans la vie176. C'est une conception positive
dont l'ambition est le bien-être complet de l'individu. Elle
présente cette ambition en proposant la promotion de la santé
selon 5 axes :
· « Élaborer des politiques
favorables à la santé
172 Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme
favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide
EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN
Ysaline, 2014. »
173 « Déclaration d'Alma-Ata », s. d., 3.
174 Éric Breton, « La Charte d'Ottawa : 30 ans sans
plan d'action ? », Santé Publique 28,
no 6 (2016): 721,
https://doi.org/10.3917/spub.166.0721.
175Idem, art. déjà cité 176
Idem, art. déjà cité
·
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
5 5 | 1 4 8
Créer des environnements favorables
;
· Renforcer l'action communautaire
;
· Acquérir des aptitudes individuelles
;
· Élargir le mandat des services de
santé au-delà de l'offre de services cliniques et curatifs, dans
le sens de la promotion de la
santé».177
Cette stratégie de promotion de la santé se
veut ambitieuse et dépassant le cadre de l'organisation des soins et de
la recherche sur les risques, tout en inscrivant cette conception de la
santé au coeur de toute action publique178 (Healt
in the all policy)179. Elle
remet donc la santé des populations comme une ressource dépendant
des conditions de vie et de l'implication des décideurs politiques.
Eric Breton, constate que malgré l'engouement que la
charte d'Ottawa a suscité, le mouvement de promotion de la santé
désespère toujours à institutionnaliser sa vision de la
santé publique. Ce constat est tiré de son analyse de
l'évolution du concept en France. Selon lui, il existe peu de
référence à la promotion de la santé comme l'entend
la charte d'Ottawa. Il donne l'exemple de l'absence de la promotion de la
santé de l'organigramme du ministère de la
santé180. En effet, la promotion de la santé, en
France réside uniquement dans l'éducation.
Il fallut attendre 20 ans plus tard après l'analyse de
LALONDE, plus précisément en 1990, que la recherche ait pu
avancer pour passer de la pathogénèse à la
salutogénèse181. Elle s'intéresse plus
précisément à ce qui fait santé, c'est à
dire à l'ensemble des facteurs qui déterminent et qui renforcent
l'état de santé. Ce changement de paradigme s'explique par
l'évolution des maladies chroniques, la hausse des coûts des
soins, la précarité sanitaire relative aux
inégalités sociales de santé qui ne cesse d'augmenter,
l'incapacité du biomédical à éradiquer certaines
pathologies chroniques et la forte conscientisation sur l'importance et
l'ampleur des facteurs déterminants la santé. En effet, cette
approche globale et positive de la santé vient s'inscrire
177 Idem, art. déjà cité
178 Sébastien Guigner, « De « la santé
dans toutes les politiques » à « toutes les politiques dans la
santé » : le régime de visibilité de la prise en
compte de la santé dans les politiques de l'Union européenne:
Commentaire », Sciences sociales et santé
34, no 2 (2016): 71,
https://doi.org/10.3917/sss.342.0071.
179 « WOH-Health in All Policies (HiAP) Framework for
Country Action January 2014 », s. d.
180 Breton, « La Charte d'Ottawa ».
181 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET
SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants
» (OMS, 2000).
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
5 6 | 1 4 8
dans une démarche pour rompre avec l'approche
biomédicale qui s'intéresse à la santé uniquement
via le prisme médicamenteux et pathologique, selon lequel la
santé et son traitement appartiennent au corps médical.
IV.3.b- Les déterminants de la santé
À travers cette approche holistique, la santé
devient alors, comme l'a bien expliqué LALONDE, une question de
plusieurs facteurs qui interagissent entre eux, qu'ils soient individuels
(biologique), collectifs (sociaux), économiques ou environnementaux
(Figure n°9)182.
Figure n° 9 : : Principales
caractéristiques des 4 grandes familles de déterminants selon
Lalonde (1974)
Source : Anne Roué Le Gall, «
« Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts
& outils » ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL
Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. », Guide (EHESP,
2014).
182 Roué Le Gall, « « Agir pour un urbanisme
favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide
EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN
Ysaline, 2014. »
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
5 7 | 1 4 8
Ils peuvent interagir d'une manière différente
et complexe sur notre santé. Ils peuvent également l'impacter
positivement ou négativement. Ces facteurs déterminant la
santé, présentés par LALONDE, ont fait l'objet d'une
évolution. Ainsi, d'autres chercheurs se sont penchés sur cette
question de déterminants qui permettent de poser une évaluation
de la santé des individus. Les chercheurs Dahlgren et Withehead (1991)
ont donc fait évoluer les déterminants en les détaillant
avec plus de précisions. Ils les présentent sous forme de
graphique en cercles concentriques détaillant les 4 facteurs (figure
n°10).
Figure n° 10: Carte des
déterminants de la santé selon le Modèle de Dahlgren &
Withehead (1991)
|
|
|
Source Source : Modèle des déterminants de la
santé de Whitehead & Dahlgren (1991).... | Download Scientific
Diagram
|
(
researchgate.net)
|
|
|
Plusieurs recherches ont traité la question en
déterminant le poids de chaque déterminant dans la santé
d'une population ou d'un individu. Notamment l'étude de G. E. Alan Dever
en 1975183, en étudiant les causes de mortalités en
Géorgie (États-Unis), il a défini la part de chaque
facteur dans les causes de mortalité des individus. Selon son
étude, le premier facteur d'ordre biologique n'est responsable que de
27%, le mode de vie de 43%, l'environnement de
183 G. E. Alan Dever, « An Epidemiological Model for Health
Policy Analysis », Social Indicators Research 2,
no 4 (mars 1976): 453-66,
https://doi.org/10.1007/BF00303847.
19% et l'organisation du système de soin de 11%. Bien
évidemment, ces statistiques peuvent être différentes en
fonction du milieu étudié et de son évolution dans la
transition épidémiologique184. Ce que l'on peut
retenir de cette étude de Dever, c'est qu'elle illustre
précisément le poids et l'ampleur de chaque déterminant
dans la santé d'une population ou d'un individu. Elle remet en question
l'idée communément admise, que la santé relève
systématiquement du système médical. Ainsi elle nous
interroge également, sur l'hégémonie du
tout-médical (système de soins) (Cf. figure n°11).
Figure n° 11: La poids de chaque facteur dans la
santé
Source : : déterminants de
santé | Le club des médecins blogueurs (
clubdesmedecinsblogueurs.com)
Tiré de : G. E.
Alan Dever, « An Epidemiological Model for
Health Policy Analysis », Social Indicators Research 2, no 4
(mars 1976): pp453-466
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
5 8 | 1 4 8
184 Picheral, « Géographie de la transition
épidémiologique ».
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
5 9 | 1 4 8
Nous allons donc faire un éclairage sur chaque facteur
déterminant la santé185 (186 187 188 189):
> Le premier facteur est d'ordre biologique, psychologique
et physiologique (âge, sexe, taille) qui font référence
à l'organisme individuel à sa résistance (immunité)
et à sa temporalité. Ils sont généralement
liés à l'hérédité et ils sont non
modifiables. L'état de santé d'un individu dépend en
partie de ces éléments individuels. Ils peuvent combattre,
être résilients ou non face à une maladie. Ainsi
l'avancement dans l'âge peut expliquer certaines fragilités du
corps humain et le rendre vulnérable et sujet à certaines
pathologies liées uniquement à la vieillesse. (Comme le cancer,
l'Alzheimer, le diabète, les maladies cardiovasculaires etc). Ce facteur
peut interagir avec d'autres déterminants, selon leurs qualités,
d'une manière négative ou positive.
> Le deuxième facteur lié au mode et aux
habitudes de vie personnels est relatif aux comportements individuels, lesquels
peuvent influencer positivement ou négativement l'état de
santé. Cela s'explique par notre alimentation, nos passe-temps, nos
choix de moyens de transport, nos consommations, notre hygiène et nos
activités quotidiennes. Ainsi, par exemple, la consommation de tabac
augmente les risques de contracter certaines maladies non transmissibles comme
le cancer pulmonaire et des problèmes cardiovasculaires chez les
adultes. Une trop grande consommation de sel favorise l'hypertension
artérielle alors que l'excès de sucre augmente les risques
d'obésité et de diabète de type 2.
> Le troisième facteur lié à la vie
en société : le milieu familial, l'appartenance à un
groupe, l'estime de soi, la relation avec les autres, le milieu d'habitation
(voisinage etc.), les relations humaines (amis, collègues de travail et
de sport, etc.). Tous ces éléments créent des interactions
sociales. Ils ont une influence sur l'état psychique et
185 Cette partie est tirée des travaux de : Dr Sylvain
FEVRE, Erwan Le Goff, Anne Roué le Gall, Dr Erold Joseph etc. :
186 « déterminants de santé | Le club des
médecins blogueurs », consulté le 26 octobre 2021,
https://www.clubdesmedecinsblogueurs.com/category/determinants-de-sante/.
187 Erwan Le Goff, « Erwan Le Goff. Les
Villes-Santé en Bretagne : quels choix de gestion et
d'aménagement des espaces ?. Géographie. Université Rennes
2, 2012. Français. ffNNT : 2012REN20051ff. fftel-00772443 »
(2012).
188 Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme
favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide
EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN
Ysaline, 2014. »
189 « COMPRENDRE LA SANTÉ AUTREMENT (Suite) Le
Décès Du Petit Gabo Troisième Partie Par Dr Erold JOSEPH
1/11/19 »,
lenational.org/, consulté
le 23 septembre 2021,
https://lenational.org/post_free.php?elif=1_CONTENUE/societes&rebmun=3510.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
6 0 | 1 4 8
sur l'état de santé en général
d'un individu. Ils peuvent être positifs ou négatifs pour la
santé.
> Le quatrième facteur est lié aux
différentes conditions : sociaux-économiques, culturelles et
environnementales. Ce facteur est relatif à un ensemble
d'éléments influençant l'état de santé d'un
individu :
· Socio-économique : cet environnement est
relatif à la situation sociale et économique de l'individu, de sa
ville et de son pays. Un pays riche a plus de possibilités d'offrir une
situation socio-économique favorable à sa population
(Système de soin de qualité et accessible à tous, la
recherche biologique, alimentation de qualité, la
sécurité, un niveau de revenus convenable pour subvenir aux
besoins, une éducation et une formation de qualité, des
équipements de qualité, des logements décents, des emplois
de qualité, etc. Par conséquent, ce facteur peut se traduire par
le développement du phénomène des
inégalités sociales de santé. Comme nous l'avons
évoqué précédemment, ce phénomène
résulte du niveau social et économique de l'individu. Plus une
personne a un niveau de vie élevé, une place importante dans la
hiérarchie sociale et plus sa probabilité d'être en
meilleure santé augmente. L'inverse est aussi vrai : plus une personne a
des revenus faibles et une place au bas de l'échelle sociale, moins il a
de chances d'être en bonne santé. Ce facteur conditionne, dans la
majorité des cas, le mode et le style de vie des gens.
· Culturelles : cet environnement lié à la
culture de l'individu, sa vision du monde et sa façon
d'appréhender les choses. Ainsi les habitants d'un pays où les
croyances sont prédominantes où se développe l'idée
de la santé étant relative à des pratiques ancestrales
transmises par les coutumes et les traditions. L'évo-lution de la
technologie peut également bouleverser les cultures et influencer la
santé des individus. On assiste à l'évolution de la
télémédecine (consultation en ligne).
> Environnementales : ce facteur fait
référence à deux catégories d'environnements :
· L'environnement naturel lié à
l'écosystème et à la nature : la trame verte et la trame
bleu, la faune et la flore. Il peut influencer la santé par son
état : sain ou pollué, végétalisé ou non,
protégé ou non.
· L'environnement bâti lié à la
nature de l'ensemble des éléments bâtis par l'Homme : il
s'agit de l'urbanisation et de l'aménagement de l'espace (habitat,
aménagement de l'espace publique, constructions d'équipements
économiques et sociales, les routes, les autoroutes, les transports etc.
leur qualité peut avoir un impact important dans l'état de
santé d'un individu.
La santé reste donc un état dynamique
dépendant de l'ensemble de ces déterminants dont les interactions
entre eux demeurent évidentes et complexes. Cependant, l'affectation des
ressources au système de la santé demeure incohérente au
regard du poids de chaque déterminant de santé. En effet, nous
observons dans les pays développés, en particulier aux
États-Unis (selon G. E. Alan Dever), que le
système de soin représente plus de 90% des dépenses de
santé tandis que seulement 11% de ces dépenses sont
affectés à la réduction de la mortalité et de la
morbidité et moins de 2% des dépenses sont liés au
comportement (mode de vie) et à l'environnement social,
économique et environnemental alors que ces derniers permettraient de
réduire de pratiquement 50% la mortalité et la
morbidité190.
Malgré la clarification du poids de chaque
déterminant dans l'état de santé, l'étude de Dever
montre la disproportionnalité dans les dépenses pour la
santé (Cf. figure n° 12 & 13).
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
6 1 | 1 4 8
190 « déterminants de santé | Le club des
médecins blogueurs », consulté le 26 octobre 2021,
https://www.clubdesmedecinsblogueurs.com/category/determinants-de-sante/.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n° 12 : Affectation des
dépenses de santé aux États-Unis (G.E. Alan Dever)
Source : déterminants de
santé | Le club des médecins blogueurs (
clubdesmedecinsblogueurs.com)
Tiré de : G. E. Alan Dever, « An Epidemiological Model
for Health Policy Analysis », Social Indicators Research 2, no
4 (mars 1976): pp453-466
Figure n° 13 : Le poids de chaque facteur
dans la santé et les dépenses y affectées
Source : déterminants de santé
| Le club des médecins blogueurs (
clubdesmedecinsblogueurs.com)
Tiré de : G. E.
Alan Dever, « An Epidemiological Model for
Health Policy Analysis », Social Indicators Research 2, no 4
(mars 1976): pp453-466
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
6 3 | 1 4 8
En outre, l'environnement au sens large du terme n'a jamais eu
autant d'influence sur la santé que de nos jours. En 2005, une
étude a été dirigée par l'Institut Canadien de
Recherche Avancée et publiée en 2010 par l'Institut National de
Santé publique du Québec (INSPQ). Elle nous informe que pendant
le siècle dernier, au Canada, l'espérance de vie a
augmenté de trente ans. Cette évolution sociale a
été rendue possible grâce à un changement positif
radical de l'environnement à 60% (50% lié à
l'environnement social et économique, 10% à l'environnement
physique)191. Cette étude ne tient pas compte du mode et
habitudes de vie. En effet, cela nous renvoie à l'idée
Wébérienne, selon laquelle, notre comportement et notre mode de
vie sont un choix dicté par notre situation sociale192.
Nous sommes d'accord avec le fait que l'amélioration
des environnements au sens large développe le bien-être. Ainsi
plusieurs études ont démontré que plus la
réalisation et la satisfaction de l'ensemble des déterminants est
effective, plus la santé et le bien-être deviennent accessibles
pour les populations.
Pour aller plus loin dans cette approche populationnelle de
la santé, il est judicieux d'aborder les déterminants de
santé d'un point de vue de la psychologie des individus. Le paradigme de
la médecine holistique conçoit l'être humain comme un tout
et segmente le corps en plusieurs éléments et établit le
lien entre l'esprit (psychique) et le corps (physique). Ainsi un mal être
psychique peut se répercuter sur le physique193. Nous
développons cette conception par l'approche de Harold Maslow avec sa
théorie de la motivation. Nous considérons donc que tout
individu, pour être en bonne santé, doit en partie avoir un esprit
sain. Il a donc besoin de s'épanouir, de se réaliser et
d'être bien psychologiquement. Pour ce faire, il doit satisfaire certains
besoins qui impactent fortement sa santé mentale. Nous empruntons donc
la pyramide de Maslow et nous l'appliquons aux déterminants de la
santé d'un individu dans un milieu urbain. (Cf figure 14).
191 « COMPRENDRE LA SANTÉ AUTREMENT (suite) »,
RHJS (blog), 24 février 2020,
https://rhjs.ht/2020/02/24/comprendre-la-sante-autrement-suite-2/.
192 Yves Laberge, « Sociologie du corps en bonne
santé : sur quelques théories américaines
émergentes en sociologie médicale », Recherches
sociologiques et anthropologiques 45, no 2 (1
décembre 2014): 185-93,
https://doi.org/10.4000/rsa.1333.
193 Thierry Janssen, « Lien entre physique et psychique
», Futura, consulté le 27 octobre 2021,
https://www.futura-sciences.com/sante/dossiers/medecine-sante-solution-interieure-705/page/2/.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n° 14: La pyramide de Maslow : l'urbanisme et les
besoins pour la santé
Source : création personnelle
La figure illustre les besoins pouvant influencer la
psychologie d'un individu et par conséquent sa santé physique. Un
besoin qui n'est pas satisfait ou présente des complexités peut
entrainer une perturbation psychologique et qui peut se traduire dans le temps
par une dégradation de la santé physique. Nous partons du
principe que la santé physique et mentale sont étroitement
liées (physique et mentale). Elles sont indissociables et
nécessitent de fortes actions sur les environnements extérieurs.
Il est donc nécessaire d'interroger ces facteurs externes et leurs
interactions complexes. Car la santé et le bien-être s'obtiennent
généralement par l'action combinée de tous ces besoins, de
manière hiérarchique.
IV.3.c- À l'origine d'un concept : la
santé dans le processus d'urbanisation
Dans ce mémoire nous nous intéressons à
l'approche globale de la santé promue par l'OMS. Après avoir
dressé un éclairage sur la santé et ses approches, nous
allons maintenant étudier la place de l'urbanisme que l'OMS lui accorde
dans son approche globale.
En effet, l'OMS depuis sa création en 1946, n'a
cessé d'investir dans la recherche pour la santé et le
bien-être des individus. Après une succession de
déclarations et conférences internationales, l'OMS a choisi
d'aborder la question de la santé au travers d'un nouveau
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
6 5 | 1 4 8
concept (l'urbanisme favorable à la
santé194). Il s'est donc orienté vers les villes
estimées acteurs principales de toutes politiques locales qui
historiquement ont été les premières à être
chargées de la santé de leurs habitants.
En effet, nous l'avons observé avec l'avènement
de la pandémie de la Covid-19, les villes se sont trouvées au
front de ce phénomène sanitaire et se sont organisées de
manière efficace et efficiente pour gérer
l'épidémie malgré les restrictions budgétaires.
Elles ont pu anticiper les besoins en aménagement, en créant des
micro-projets urbains, notamment ceux relatifs à l'urbanisme tactique
qui sont destinés à la fois à satisfaire des besoins
nouveaux, à s'adapter au bouleversement de la gestion de l'espace par la
crise et de la même manière à profiter de la situation pour
mettre en place des mesures de protection de l'environnement (comme les pistes
cyclables « Coronapistes
»)195.
Un grand nombre de villes en France ont mis en place ou
étudie la possibilité d'élaborer des stratégies
permettant de développer des investissements dans une infrastructure de
mobilité active, ainsi que des stratégies pour maintenir
l'activité socio-économique. À Lyon, par exemple, pour
pallier au confinement et aux restrictions de sortie, la municipalité
avait mis en en place un système organisant les points de collectes et
facilitant les relations commerciales entre producteurs et consommateurs. Ces
décisions ont été mises en oeuvre à la demande de
producteurs souhaitant proposer une alternative aux transports et à la
logistique en ville196.
En effet, les villes se sont vues vidées de leurs
activités sociales. Le confinement dans les grandes villes, a
engendré un fort besoin de renouer avec la nature, ce qui a
entrainé un quasi-exode urbain de certaines catégories de
personnes, généralement des ménages de classe
supérieure voire moyenne, vers les campagnes. Au regard des mesures
draconiennes mises en place, notamment en matière de distanciations
sociales, de fermetures de parcs, de retour au tout voiture, de
télétravail, etc., un grand nombre de citadins ont
commencé à réfléchir sur leur intérêt
à rester en ville. La vie à la campagne ou en
périphérie de la ville devient de plus en plus concurrente
à la vie citadine en ce moment de crise sanitaire. Pendant le
confinement, une grande partie de la population a vécu des moments
extrêmement différents. La
194 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET
SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants
» (OMS, 2000).
195 Éric Verdeil, « La Métropolisation,
Coupable Idéale de La Pandémie? », The Conversation,
consulté le 27 octobre 2021,
http://theconversation.com/la-metropolisation-coupable-ideale-de-la-pandemie-135226.
196 « Coronavirus COVID 19: Lyon fait face à
l'interdiction des marchés en proposant un «drive» des
producteurs », France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, consulté le 27
octobre 2021,
https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/coronavirus-covid-19-lyon-fait-face-interdiction-marches-proposant-drive-producteurs-1807430.html.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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motivation à rester en sécurité à
la maison a engendré d'importants changements de comportement que
certains universitaires ont qualifié d'expérience de grande
ampleur. La majorité de ces changements dans la manière de faire
et d'agir ont eu un impact durable, comme la réduction de la
majorité des déplacements de longues distances. Ceci, a conduit
à la plus grande diminution d'émissions de carbone jamais
observée.
L'urbanisme, une fois de plus, s'est montré un
incontournable facteur déterminant de la santé. Il est
directement lié à la réalisation de la santé et du
bien-être des citadins, tout en tenant compte des perspectives de
développement des villes.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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V- Les villes-santé : de la promotion de la
santé vers un
urbanisme favorable à la
santé
V.1- Contexte complexe : mobilisation et investissement de
l'OMS
Durant les années 70, le monde évolue dans un
contexte socio-politique où la santé devient un
phénomène de plus en plus complexe. Ce même contexte est
marqué par l'incapacité du système médical à
répondre aux besoins, aux attentes et aux exigences exprimées
à l'égard de la santé. Dans le cadre de sa mission, l'OMS
a pour projet de réformer et de faire évoluer la santé
publique. C'est alors que la première action a été
menée en 1979 par le lancement d'une stratégie de La
santé pour tous en 2000197,
en mettant l'accent sur les principaux secteurs sur lesquels la
réflexion pour améliorer la santé et le bien-être,
devrait être menée. Elle va au-delà de celui du secteur de
soin. À la suite de cela, en 1998, l'OMS lance une nouvelle
stratégie pour une réactualisation visant La
santé pour tous pour le vingt-et-unième siècle,
associée à un outil politique de la santé
pour tous appelé SANTE 21, pour la
Région d'Europe. Il définit 21 objectifs pour le XXIe
siècle, avec trois valeurs fondamentales198:
· « La santé est
considérée comme un droit fondamental de l'être
humain,
· L'égalité devant la
santé et la solidarité active entre les pays, entre les groupes
d'individus au sein des pays et entre les sexes,
· La participation et la
responsabilité des individus, des groupes, des collectivités et
des institutions, des organismes et des services oeuvrant au
développement de la
santé»199.
Lors d'une conférence internationale en 1986,
La charte d'Ottawa pour la promotion de la santé
a été adoptée sur le principe d'une
politique de la « Santé pour tous »
en précisant que la construction des
sociétés favorables à la santé ne relève pas
uniquement du secteur médical.200 Depuis l'OMS, malgré
un contexte très complexe marqué par des crises
197 World Health Organization, éd., Global
strategy for health for all by the year 2000, « Health for
all » series, no. 3 (Geneva: World Health Organization, 1981).
198 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET
SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants
».
199 Hugh Barton & Catherine Tsourou.(art. déjà
cité)
200 idem
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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géopolitiques, n'a cessé son investissement dans
l'organisation de déclarations et de conférences internationales
en faveur de la promotion et de l'amélioration de la santé.
Encore, L'agenda 21 a été lancé
lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, accentuée par
l'avènement la charte d'Aalborg en 1994 pour
les villes européennes durables. De plus, des publications et des
rapports sont publiés sur les pathologies, l'environnement de leur
évolution et les mesures à prendre afin de les éradiquer.
Ceci s'inscrit dans une démarche de conscientisation de l'ensemble des
acteurs et des populations aux problèmes et aux facteurs clés de
la santé.
V.2- Genèse et évolution201 : vers une
vision populationnelle
Après avoir couvert le monde de déclarations et
de conférences internationales, après le colloque et la charte
d'Ottawa en 1986, l'OMS avec le bureau européen de l'OMS à
Copenhague au Danemark lance le programme des villes-santé. Ce projet
s'inscrit dans les deux dernières approches de santé
évoquées précédemment (l'approche de
développement durable et l'approche globale et positive
prônée par le l'OMS). Son ambition étant de garantir
à tous les moyens (éducation, travail, vie sociale, environnement
sain, etc.) pour atteindre un bien-être physique et mental. Cet objectif
s'inscrit dans la volonté de décliner à l'échelle
locale, les principes de la santé pour tous et
de la promotion de la santé (Charte d'Ottawa).
Ce programme s'est développé en réseau à
l'échelle européenne puis mondiale. Il évolue par phases
successives de cinq ans, chaque phase ayant ses propres objectifs. Aujourd'hui,
ce programme est à sa VII phase (2019-2024) ouverte avec la signature du
consensus de Copenhague Une meilleure santé et plus de
bonheur dans les villes, pour toutes et
tous202. Au commencement de
ce programme, 11 villes européennes ont adhéré à ce
mouvement ville-santé : « Barcelone (Espagne),
Bloomsburry-Camden (Royaume-Uni), Brême (Allemagne), Düsseldorf
(Allemagne), Horsens (Danemark), Liverpool, (Royaume-Uni), Pecs (Hongrie),
Rennes (France), Sofia (Bulgarie), Stockholm (Suède), Turku
(Finlande) »203. On constate qu'en
201 « Les Villes-Santé de l'OMS | Réseau
français des Villes-Santé de l'OMS », 12 décembre
2016,
https://www.villes-sante.com/oms-europe/villes-sante-oms/.
(cette partie est tirée du site du réseau ville santé
Français, E. Le Goff)
202 « Les Villes-Santé de l'OMS | Réseau
français des Villes-Santé de l'OMS »,
https://www.villes-sante.com/oms-europe/villes-sante-oms/.
203 Erwan Le Goff, « Erwan Le Goff. Les
Villes-Santé en Bretagne : quels choix de gestion et
d'aménagement des
espaces ?. Géographie. Université
Rennes 2, 2012. Français. ffNNT : 2012REN20051ff. fftel-00772443 »
(2012).
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
6 9 | 1 4 8
France, seule la ville de Rennes a fait le choix
d'adhérer ce nouveau concept dès sa création. Aujourd'hui,
le mouvement compte une trentaine de réseaux nationaux couvrant plus de
1500 municipalités à l'échelle mondiale. En France, le
réseau national compte 91 villes et intercommunalités soit plus
de 13 millions d'individus représentés par les
villes-santé françaises204.
Le réseau français s'organise par groupe de
travail thématique : « vaccinations, santé
mentale et habitat, sport-santé sur ordonnance, services municipaux de
santé scolaire; un nouveau groupe est en projet concernant les
perturbateurs endocriniens. D'autres thèmes sont également
prioritaires pour cette année : le changement climatique, les espaces
verts, les mobilités (transports, déplacements), la petite
enfance, le tabac, l'urbanisme ».205
En effet, ce réseau Villes-Santé promeut la
collaboration entre les villes ou les EPCI qui veulent favoriser des politiques
d'amélioration de la santé et de la qualité de vie
citadine (partage d'expériences, de statistiques, réunions,
actions communes)206. Au regard de la proximité entre les
populations et les municipalités, ce programme part du principe que les
villes sont la bonne échelle pour appliquer et développer des
projets en faveur de la santé207. Effectivement, les
municipalités sont au fait des besoins et des exigences des populations
ainsi que l'ensemble des éléments de leur vie quotidienne. Cela
étant, elles s'engagent à donner une orientation populationnelle
à leur projet de développement urbain en créant plus de
justice sociale de santé, de la promotion de la santé et des
soins préventifs.
Ainsi Hancock & Duhl
ont donné une définition de la ville-santé comme
étant « [...] une ville qui créé et
améliore continuellement les environnements physiques et sociaux et qui
développe les ressources de la collectivité, permettant ainsi aux
individus de s'entraider dans l'accomplissement de l'ensemble des fonctions
inhérentes à la vie et permettant à ceux-ci de
développer au maximum leur potentiel personnel
»208.
204 Ville d'Aubagne, « Aubagne dans le réseau des
villes-santé de l'OMS », Ville d'Aubagne : Site Internet,
consulté le 18 novembre 2021,
https://www.aubagne.fr/actualites-109/aubagne-dans-le-reseau-des-villes-sante-de-l-oms-1604.html?cHash=917ba0c4d3ce2da2a5e7780a6fba6b18.
205 « Les Villes-Santé de l'OMS | Réseau
français des Villes-Santé de l'OMS ».
206 Idem, art. déjà cité
207 Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en
Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?.
Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT :
2012REN20051ff. fftel-00772443 ».
208 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET
SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants
».
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
7 0 | 1 4 8
Cette définition a été enrichie par la
définition suivante : « Une Ville-Santé se
définit en référence à une démarche et non
pas simplement en termes de résultat. Une Ville-Santé n'est pas
une ville qui a atteint un niveau particulier d'état de santé,
mais une ville qui se préoccupe de la santé et s'efforce de
l'améliorer. Ainsi toute ville quelle qu'elle soit peut prétendre
être une Ville-Santé indépendamment de son état de
santé du moment ; ce qui est exigé d'elle, c'est un engagement
vis-à-vis de la santé avec l'établissement d'une
organisation et d'une démarche permettant d'y parvenir. »
209 210
Ce nouveau paradigme d'appréhender la santé en
ville, repose donc sur la volonté politique de se préoccuper de
la santé des habitants et de rester en perpétuelle recherche sur
le développement et l'amélioration des facteurs qui se traduiront
dans le temps par l'amélioration de la santé et du
bien-être. Ainsi, ce programme prend comme référentiel le
paradigme de la charte d'Ottawa et notamment l'un de ses principes qui
encourage à « Créer des milieux favorables
». Cela incite donc les villes à offrir un
environnement favorable à la santé, en intégrant dans leur
politique urbaine des modes d'urbanisme favorables à la
santé211.
Ce programme se traduit globalement en une
référence à partir de laquelle l'ensemble des
protagonistes agissant sur les espaces de vie des populations. Ils pourront
agir stratégiquement selon des approches globales, intersectorielles,
partenariales et participatives pour une finalité populationnelle.
V.3- Le concept urbanisme favorable à la santé :
un changement de
paradigme.
L'urbanisme est l'action visant à
organiser les villes afin d'en optimiser le fonctionnement et de l'adapter aux
besoins de ses habitants », d'après Merlin P. & Choay F., 2000,
Dictionnaire de l'aménagement et de l'urbanisme, Paris,
PUF212.
Nous avons vu, historiquement, comment l'urbanisme a
évolué et nous avons bien noté son lien complexe avec la
santé. Son impact temporel sur l'humain pousse les scientifiques
à
209 idem
210 Agis TSOUROS, « World Health Organization Healthy
Cities project : a project becomes a movement - review of progress 1987 to
1990. Copenhague: FADL, 1990. » (Copenhague, 1990).
211 Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en
Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?.
Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT :
2012REN20051ff. fftel-00772443 ».
212 PAUL BOINO, « UE: mode de régulation de la
productionet de la gestion de la ville (MRP)- 2020- Université Lyon 2
-Institut d'urbanisme de Lyon (IUL)- M2 Urbanisme et aménagement -
» (2020).
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
7 1 | 1 4 8
accentuer l'observation et la recherche sur l'émergence
d'une nouvelle méthode. Aujourd'hui, la réflexion s'oriente vers
un nouveau paradigme permettant de dissiper cette relation complexe. Le concept
d'un urbanisme favorable à la santé est
né de l'évolution des travaux du mouvement ville-santé. Il
en constitue l'élément essentiel de tout processus de prise de
décision permettant d'améliorer la santé par la
qualité de l'environnement bâti. Un urbanisme favorable à
la santé est en effet un urbanisme centré sur
l'humain213 et sur les besoins essentiels à sa santé.
Il constitue l'un des piliers du programme ville-santé. Il s'agit donc
de changer de registre et de ne pas se focaliser que sur les risques de
l'urbanisme sur la santé mais surtout sur les éléments
urbanistiques qui favorisent la santé humaine dans une ville. De ce
fait, nous allons donc utiliser la carte des déterminants de
santé de Hugh Barton qui avec Cathrine Tsourou (C. figure n°14)
définissent l'urbanisme favorable à la santé comme un
urbanisme qui « [..] implique des aménagements qui
tendent à promouvoir la santé et le bien-être des
populations tout en respectant les trois piliers du développement
durable. Il porte également les valeurs d'égalité, de
coopération intersectorielle et de participation, valeurs clés de
la politique de l'OMS « la santé pour tous
»214.
213 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET
SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants
».
214 Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme
favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide
EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN
Ysaline, 2014. »
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
7 2 | 1 4 8
Figure n° 14 : Déterminant de
santé à travers le prisme de l'aménagement du territoire
(Barton 2006 et C.
Tsourou
Source : Guide Agir pour
un urbanisme favorable à la santé : Anne Roué Le Gall,
«; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON
Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. », Guide (EHESP, 2014).
Cette carte graphique illustre les déterminants de
santé dans les municipalités à travers le prisme de
l'aménagement de l'espace. Elle prend uniquement en compte que des
facteurs modifiables.
Dans un article publié en 2009 par le journal
ELSEVIER.com,
Hugh Barton utilise ce modèle pour démontrer la
particularité de l'écosystème et son influence sur les
déterminants de santé. Selon lui, un aménagement favorable
à la santé dépend principalement des politiques de
planifications stratégiques qui sont à même
de215 :
215 Hugh Barton, « Land use planning and health and
well-being-2009 », WHO Collaborating Centre for Healthy Urban
Environments, School of Built and Natural Environment, University of the West
of England, Frenchay, Bristol BS16 1QY, United Kingdom, 2009.
·
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
7 3 | 1 4 8
« Lutter contre les inégalités
sociales de santé qui existent en matière d'accès au
logement décents, aux équipements et au transport tout en
protégeant les populations les plus vulnérables.
· Lutter contre la menace du changement
climatique et contre les émissions de gaz à effet de serre et
autres polluants contenus dans l'air, l'eau et le sol ainsi que les pollutions
sonores et lumineuses ;
· Lutter contre la mortalité et la
morbidité dues à des modes de sédentarité en
promouvant la mobilité active et en améliorant la quantité
de l'activité physique par des équipements et infrastructures
facilement accessibles.
· Contribuer à l'évolution de
l'environnement social en améliorant la qualité des espaces
publics, la sécurité, la solidarité et le bien -être
des habitants ».216
Toutefois, ces planifications stratégiques
nécessitent aussi bien une collaboration entre l'ensemble des
importantes organisations publiques et privées qui agissent sur
l'environnement bâti qu'une véritable participation des habitants
à la prise de décision.
En effet, ce concept de l'urbanisme favorable à la
santé s'inscrit parfaitement dans l'approche globale, positive et
intersectorielle de la santé. Il est en parfaite cohérence avec
les 3 piliers du développement durable. Cependant, nous avons
observé à travers l'étude des déterminants de
santé, la prédominance du déterminant
socio-économique dans la santé des individus. L'urbanisme et
l'aménagement à eux seuls ne peuvent répondre directement
à ce déterminant. Mais l'organisation et la conception de
l'environnement bâti a une influence importante dans la vie quotidienne
des individus. À titre d'exemple, une politique de l'habitat mixant des
logements publics et privés dans chaque quartier de la ville,
associée à une intensification urbaine favorisera la
mixité sociale, la mobilité active, l'accès facile aux
équipements. Une telle organisation de l'environnement bâti
apaisera également la temporalité de la ville et évitera
la périurbanisation et l'étalement urbain qui ne sont pas sans
impact sur la santé des habitants. En effet la proximité des axes
routiers facilite l'utilisation systématique du véhicule
individuel pour les déplacements quotidiens et par conséquent
plus de stress et d'angoisse, plus de pollution etc.
216 idem
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
7 4 | 1 4 8
L'urbanisme d'aujourd'hui se veut un urbanisme de
santé, écosystémique, global et positif par la
construction des Ecoquartiers, des opérations d'aménagement vert
ou l'intervention sur les plans de circulation pour apaiser les quartiers ou
encore des opérations de l'urbanisme tactique. Il n'en demeure pas moins
que la ville héritière de la charte d'Athènes
composée de plus de deux tiers de son emprise foncière, par
l'urbanisme fonctionnaliste rend complexe la transition urbaine
souhaitée par l'urbanisme d'aujourd'hui. Le défi qui se pose donc
et se posera encore dans le futur aux urbanistes est d'assurer cette transition
urbaine qui, en effet, nécessitera sûrement, sans avoir recours
à la doctrine de « la table rase », de refaire la ville sur la
ville en intégrant à la réflexion urbanistique l'habitat,
la mobilité, la nature en ville, la temporalité de la ville voire
du territoire, la requalification des espaces et des équipements
publics, l'offre commerciale de proximité, la sauvegarde des
écosystèmes, etc. En effet, cette transition repose sur le
paradigme d'un du New Urbanism217 qui
rompt définitivement avec la doctrine du zonage.
Selon Albert Levy218, cette transition doit
s'opérer à toutes les échelles : internationales,
nationales et locales. Il met en cause le lobby industriel et les crises
géopolitiques qui bloquent toute recherche et projet relatifs à
la transition écologique et urbaine. De ce fait, la transition urbaine
devient de plus en plus complexe. Cependant, certains territoires
réussissent mieux que d'autres ou du moins entament cette transition
malgré le contexte socio-économique, environnemental et
réglementaire peu favorable.
V.4- Les démarches et outils pour un urbanisme favorable
à la santé,
l'institutionnalisation du concept : une approche volontariste
de la santé en ville
V.4.a- Échelle internationale : Organisation de
Conférence, déclaration
À l'échelle internationale, les Nations Unis par
l'intermédiaire de l'OMS depuis sa création 1946, multipliait les
déclarations et les conférences internationales pour sensibiliser
l'opinion
217 Stefan Reyburn, Stefan Reyburn, «
L'urbanisme favorable à la santé : une revue des connaissances
actuelles sur l'obésité et l'environnement bâti »,
Environnement Urbain / Urban Environment [En ligne], Volume 4 | 2010, mis en
ligne le 09 septembre 2010, consulté le 30 avril 2019. URL :
http://
journals.openedition.org/eue/788, 2019.
218 EIVP, "Urbanisme et Santé, Transition ou
Effondrement?
publique et les décideurs à agir pour la
santé (Cf. figure n°15). Nous avons vu précédemment
les différents déclarations et conférences et leurs
orientations et objectifs.
Figure n° 15: Récapitulatif de
l'ensemble des déclaration et conférence lié à la
santé
Source : tiré de la thèse de Erwan
Le Goff : « Les villes santé en Bretagne : quels choix de gestion
et d'aménagement des espaces »
Cette figure illustre la chronologie de ces conférences
et déclarations organisées et tenues à travers le monde.
D'autres acteurs, notamment la communauté scientifique (médecins,
sociologues, psychologues, géographes, etc.) se sont également
organisés et emparés du sujet sur le plan national et
international219. Ainsi, nous disposons aujourd'hui de nombreuses
études apportant des éléments de preuve de l'impact des
décisions politiques en matière d'urbanisme sur la santé :
déplacement urbain, formes urbaines, espaces verts, habitat etc.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
7 5 | 1 4 8
219 Erwan Le Goff, « Les Villes-Santé en Bretagne
: quels choix de gestion et d'aménagement des espaces »
(Géographie, Rnnes, Rennes, 2012).
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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L'urbanisme favorable à la santé a
été introduit dans la 3eme phase (1998-2002) du réseau
ville-santé de l'OMS, ainsi que certaines actions d'évaluation et
de suivi.
V.4.b- La Conception d'un environnement
préventionnel pour la santé : Quels
outils ?220
L'approche globale et positive de la santé qui
s'inscrit dans le principe scientifique de la
salutogénèse221, nous amène en effet à
prendre en considération le fait que la santé des individus est
faite des interactions complexes entre les déterminants sociaux et
économiques, le comportement individuel et
l'environnement222. Ces mêmes déterminants constituent
un référentiel qui valorise la bonne prise en compte de la
santé et qui se base sur des données probantes pour
démontrer que ces mêmes déterminants peuvent être
influencés par les politiques publiques ne relevant pas du champ
d'action des autorités sanitaires. Il est donc primordial de
prévoir les effets de ce type de mesures sur la santé des
populations dès la conception de ces politiques223.
L'OMS et les Villes-Santé encouragent les études
d'impacts sur la santé (EIS). En effet, elles permettent de mieux
appréhender la santé et le bien-être lors de la mise en
place des politiques. Les études d'impact sur la santé (EIS)
pourraient être un outil permettant de réduire les risques pour la
santé tout en créant un environnement favorable à la
santé. Aujourd'hui, en France, les études d'impact sur la
santé ne sont menées que de façon sporadique (seulement 10
EIS à l'échelle nationale) car la santé reste toujours
perçue sous le prisme biomédical224. En revanche,
d'autres pays développés ont intégré ces
études d'impact sur la santé dans leurs lois mais pour l'instant,
les résultats sont peu significatifs225.
220 Cette partie est tirée des travaux de Erwan Le
Goff, du guide de la plateforme Suisse sur les EIS, de H. Barton et C. Tsourou
(OMS) et de L. Tollec et al.
221 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET
SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants
».
222 Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en
Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?.
Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT :
2012REN20051ff. fftel-00772443 ».
223 « DIALLO, T. (2010). Guide d'introduction à
l'Evaluation d'Impact sur la Santé en Suisse. Plateforme Suisse sur
l'EIS avec le soutien de Promotion Santé Suisse. », s. d.
224 Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en
Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?.
Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT :
2012REN20051ff. fftel-00772443 ».
225 Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en
Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?.
Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT :
2012REN20051ff. fftel-00772443 ».
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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La conduite d'une EIS est une occasion d'alerter les
décideurs et les acteurs, de promouvoir une démarche
prévisionnelle sur la santé en agissant sur des facteurs
déterminant la santé. En effet, elle répond à la
volonté intentionnelle de mieux intégrer la santé au sens
large (dans toutes les politiques locales). Elle peut concerner
différentes sortes de projets, notamment ceux relatifs à
l'aménagement du territoire. L'EIS englobe les principes et les valeurs
de la santé sur le plan environnemental, promotionnel et sur la lutte
contre l'inégalité sociale de santé. L'EIS permet donc de
lutter contre les inégalités sociales de santé de deux
façon différentes226 (ISS) :
l « Un outil opérationnel permettant
d'appréhender la santé dans la mise en oeuvre de politiques
pouvant agir entre autres sur les déterminants sociaux de
santé.
l Un outl d'étude sur la distributon des
éventuels impacts sanitaires du projet sur l'ensemble de la population
»227
En effet, à l'instar de l'approche environnementaliste
avec son étude d'impact sur l'environnement, soutenue par un cadre
juridique (loi LAURE) qui l'impose, l'approche globale et positive de l'OMS
dispose également d'une évaluation d'impact sur la santé
et qui reste pour le moment, en France, sur le principe du volontariat sans
cadre juridique pouvant l'imposer. Ce n'est pas le cas du Canada qui a
adopté une loi imposant cette étude d'impact sur la
santé228. Sa finalité est d'anticiper les
éventuels impacts de toutes les politiques sur la santé. L'OMS la
définit, dans le Consensus de Göteborg, comme «
une combinaison de procédures, de méthodes et d'outils par
lesquels une politique, un programme ou un projet peut être
évalué selon ses effets potentiels sur la santé de la
population (positifs ou négatifs, directs ou indirects) et la
distribution de ces effets au sein de la population
»229 (OMS, 1999).
226 Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme
favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide
EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN
Ysaline, 2014. »
227 Idem, ar. Déjà cité
228 « Evaluation d'impact sur la santé lors de
l'élaboration de projets de loi et de règlement au Québec
- Guide pratique - Publications du ministère de la Santé et des
Services sociaux »,
https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-000541/.
229 « ETUDE DE L'IMPACT SUR LA SANTE PRINCIPAUX CONCEPTS ET
METHODE PROPOSEE Consensus de Göteborg-1999 », 1999.
V.4.c- Les principes et les valeurs de l'EIS :
Intersectorialité, interdisciplinarité, équité et
démocratie.
Basé sur des principes en commun avec ceux du
développement durable et inscrit dans l'approche holistique de la
santé, l'EIS prend en compte les enjeux sociétaux,
économiques, environnementaux et sanitaires. La mise en place d'une EIS
se traduit donc dans une démarche intersectorielle et
interdisciplinaire. Elle se veut fédératrice et participative,
rassemblant l'ensemble des parties prenantes. L'objectif est d'intégrer
la vision de l'ensemble des protagonistes à la réflexion et
à la réalisation de tout programme, projet ou politique publique
qui peut potentiellement impacter la santé humaine. Cependant, la
participation citoyenne s'inscrit non seulement dans une démarche
démocratique mais également dans une démarche
collaborative, permettant de collecter des données probantes autour des
déterminants de santé retenus pour le projet et de
vérifier la relation existante entre les déterminants et le
projet230. Ex : vérifier le lien entre la luminosité, le
sentiment de sécurité et la protection de
l'écosystème, ou encore la densité, l'intensité et
la mobilité active.
L'EIS doit s'orienter principalement sur les questions de
justice, d'équités sociales et environnementales. En effet, l'EIS
est considéré comme un outil d'aide à la décision
et permet de s'orienter vers des mesures à même de favoriser et de
prévenir la santé et le bien être des individus, notamment
les plus vulnérables. Contrairement à l'étude d'impact
environnementale, la particularité de l'EIS réside sur le fait
qu'elle ne vise pas uniquement les impacts négatifs (risques) mais elle
les corrige ou les minimise. L'EIS s'intéresse également aux
impacts positifs afin de les maximiser et de distribuer l'ensemble des impacts
au sein de la population.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
7 8 | 1 4 8
230 « DIALLO, T. (2010). Guide d'introduction à
l'Evaluation d'Impact sur la Santé en Suisse. Plateforme Suisse sur
l'EIS avec le soutien de Promotion Santé Suisse. » (art.
déjà cité)
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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V.4.d- Les différents types d'EIS : Prospective,
Concomitante et rétrospective231
La réalisation d'une EIS dépend du moment et du
contexte du projet et par conséquent la détermination de sa
qualification. Elle peut être prospective, c'est la plus fréquente
: elle se réalise en amont du projet en particulier à la phase de
conception. Cela permet d'anticiper les effets négatifs et les corriger
et de mettre en valeur et maximiser les effets positifs. Cette
temporalité est judicieuse pour pouvoir prendre en compte les
recommandations fournies par l'étude, de les orienter ou de les
abandonner. Elle peut être également réalisée en
même temps que la réalisation du projet. De ce fait, tout au long
de la mise en oeuvre du projet, elle aidera à évaluer les
décisions prises sans pour autant pouvoir les modifier. Elle peut
être également rétrospective en aval de la
réalisation du projet. Elle permettra d'évaluer les
décisions prises et d'en tirer les enseignements pour corriger la
méthodologie appliquée au projet et éviter les mêmes
erreurs lors des prochaines EIS.
Au regard de la méthodologique de son application, elle
est similaire à l'évaluation environnementale. Elle est
préconisée par l'OMS comme étant un outil favorisant la
prise en compte et la réalisation de la santé et le
bien-être en ville. Elle est également encouragé par le
réseau ville-santé. Elle s'organise en six grandes étapes
(cf. Figure n° 16) et offre ainsi un principe méthodologique
intégrant des objectifs de santé dans le déroulement de la
conception des projets et de planification urbaine.232 233
231 Idem (cette partie est tirée de cet article)
232 Laurine Tollec et al., « L'Évaluation d'Impacts
sur la Santé (EIS) : une démarche d'intégration des champs
santé-environnement dans la voie du développement durable
Application à un projet d'aménagement urbain: la halte
ferroviaire », Développement durable et
territoires, no Vol. 4, n°2 (8 mai 2013),
https://doi.org/10.4000/developpementdurable.9815.
233 Laurence Carmichael et al., « Integration of Health into
Urban Spatial Planning through Impact Assessment: Identifying Governance and
Policy Barriers and Facilitators », Environmental Impact
Assessment Review 32, no 1 (janvier 2012): 187-94,
https://doi.org/10.1016/j.eiar.2011.08.003.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
8 0 | 1 4 8
Figure n° 16 : Les étapes du processus EIS. (Taylor
L et Blair-Stevens C, 2002)
Source : DIALLO, T. (2010). Guide
d'introduction à l'Évaluation d'Impact sur la Santé en
Suisse. Plateforme Suisse sur l'EIS avec le soutien de Promotion Santé
Suisse.
V.4.e- Échelle nationale : Orientations
nationales et leur déclinaison territoriale
En France, la santé ne réside pas uniquement
à l'échelle nationale. En effet, dans l'objectif
d'améliorer la santé de la population française, le
territoire est aujourd'hui au centre de nombreuses réformes, notamment
les réformes hospitalières avec la mise en place de la loi de
2009 relative aux patients, à la santé et aux territoires «
Loi Hôpital Patient Santé et Territoire » (HPST). Cette loi
est née de la révision générale des politiques
publiques (RGPP) elle comprend quatre grands objectifs234 :
· « La modernisation des
établissements de santé
· L'amélioration de l'accès
à des soins de qualité
234 « La loi HPST (hôpital, patients, santé et
territoires) », Fédération Addiction
(blog), 9 août 2011,
https://www.federationaddiction.fr/la-loi-hpst-hopital-patients-sante-et-territoires/.
·
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
8 1 | 1 4 8
La prévention et la santé
publique
· L'organisation territoriale du système
de santé »235
Elle crée des Agences Régionales de
Santé (ARS) dont la mission est de coordonner et d'organiser à
l'échelle territoriale des politiques de santé (Hôpital,
médecine de ville, santé publique etc.). Elles mettent en oeuvre
l'ensemble des mesures prévues par la loi. Elles réunissent dans
une seule institution les moyens de l'État et ceux de l'Assurance
Maladie. Elles sont missionnées pour décliner à
l'échelle régionale la politique de santé définie
à l'échelle nationale et l'adapter aux réalités des
territoires.
En France, c'est à partir de 2010, au travers de la
loi Grenelle 2 et la création des ARS que le concept d'urbanisme
favorable à la santé a commencé à être pris
en compte, indirectement, dans les évaluations. Cela repose bien
évidement sur les enjeux environnementaux et de santé
publique.
Depuis 2004, suite à la conférence de Budapest,
l'État par l'intermédiaire de 4 ministères : Le
Ministère de la Santé, le Ministère de l'Écologie
et du Développement durable, le Ministère de l'Emploi, du Travail
et de la Cohésion sociale et le Ministère
délégué à la Recherche, élabore tous les 5
ans un plan national santé environnement (PNSE). Il est
basé sur le diagnostic des risques sanitaires liés à
l'environnement et inscrit, dans le code de la santé publique. Il
identifie des actions à mettre en oeuvre afin que la santé
environnement soit mieux considérée dans la totalité du
territoire. Le premier PNSE (2004-2009) visait 3 objectifs
prioritaires236 :
· « Respirer un air et boire une eau de
bonne qualité
· Prévenir les pathologies d'origine
environnementale et notamment les cancers
· Informer le public et protéger les
populations sensibles »237
Aujourd'hui, nous sommes à la quatrième
génération de ce plan -PNSE4 (2021-2025), ce dernier s'inscrit
dans un contexte particulier, marqué d'une part par une forte demande de
la population en matière de santé et environnement, d'autre part
la crise de la Covid-19 a bouleversé le champ de la réflexion et
du débat en nous interrogeant sur notre comportement
235 Idem, art. déjà cité
236 « Le plan national santé environnement (PNSE)
», Ministère de la Transition écologique, consulté le
5 octobre 2021,
https://www.ecologie.gouv.fr/plan-national-sante-environnement-pnse.
237 Idem, art. déjà cité
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
8 2 | 1 4 8
par rapport à l'écosystème. Il propose
des actions visant à diminuer tout risque lié aux substances
chimiques, aux bruits et ondes ainsi qu'aux zoonoses (maladies transmissibles
de l'animal à l'Homme). Le PNSE 4 est donc en totale cohérence
avec le concept « une seule santé»238 (One
Health)239. Il comprend 4 axes et une vingtaine d'actions. Les 4
axes sont240:
· « Axe 1 : S'informer, se former et
informer sur l'état de mon environnement et les bons gestes à
adopter pour notre santé et celle des
écosystèmes
· Axe 2 : Réduire les expositions
environnementales affectant la santé humaine et celle des
écosystèmes sur l'ensemble du territoire
· Axe 3 : Démultiplier les actions
concrètes menées par les collectivités dans les
territoires
· Axe 4 : Mieux connaître les
expositions et les effets de l'environnement sur la santé des
populations et des
écosystèmes».241
Toutefois, l'action 17, portée par le
3ème axe, a pour but de sensibiliser significativement les
urbanistes et les aménageurs du territoire afin qu'ils prennent en
considération la santé environnementale dans leurs programmes
d'aménagements242. De plus, elle encourage le
développement d'un urbanisme favorable à la santé, en
établissant le lien entre l'urbanisme, la mobilité,
l'aménagement urbain et la santé.
On trouve la déclinaison de ces PNSE à
l'échelle régionale dans les projets régionaux de
santé environnement (PRSE). En effet, les ARS, dans le cadre de leur
mission, élaborent à travers le PNSE et en fonction des
réalités de leurs territoires, un PRSE renouvelable
également tous les 5 ans. Les ARS ont aussi un rôle d'analyse des
documents de planification (SCOT, PLU, CC) et des projets urbains afin
d'émettre un avis sanitaire et environnemental. Mais leurs avis restent,
aujourd'hui portés essentiellement sur les éléments
relatifs à la santé
238 DGS_Céline.M et DGS_Céline.M, « Plan
National Santé-Environnement 4 (PNSE 4) : «un environnement, une
santé» (2021-2025) », Ministère des Solidarités
et de la Santé, 27 octobre 2021,
https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-nationaux-sante-environnement/article/plan-national-sante-environnement-4-pnse-4-un-environnement-une-sante-2021-2025.
239 « Tribune | «Il faut institutionnaliser le concept
«One Health» pour prévenir de nouvelles
épidémies à l'échelle mondiale» | Cirad
», consulté le 27 octobre 2021,
https://www.cirad.fr/les-actualites-du-cirad/actualites/2020/institutionnel/tribune-le-monde-institutionnaliser-le-concept-one-health-pour-prevenir-les-epidemies.
240 DGS_Céline.M et DGS_Céline.M, « Plan
National Santé-Environnement 4 (PNSE 4) : «un environnement, une
santé» (2021-2025) », Ministère des Solidarités
et de la Santé, 27 octobre 2021,
https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-nationaux-sante-environnement/article/plan-national-sante-environnement-4-pnse-4-un-environnement-une-sante-2021-2025.
241 Idem, art. déjà cité
242 Idem, art. déjà cité
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
8 3 | 1 4 8
environnementale (une démarche environnementaliste). En
revanche, comme nous l'avons vu précédemment, les
déterminants de santé ne se limitent pas uniquement à
l'environnement physique.
Par ces avancées, le contexte institutionnel donne des
signes de volonté pour la promotion de la santé dans toutes les
politiques, mais la question reste toujours à ces balbutiements. Les
PNSE, lois Grenelle 1 &2, loi de réforme du système de
santé : malgré ces textes la situation reste préoccupante
pour les scientifiques qui ne cessent d'alerter les autorités publiques
sur les problématiques relatives à l'environnement et à la
santé. Le cadre juridique qui s'inscrit uniquement dans une
démarche curative en matière d'environnement se confronte
à des difficultés pour résorber l'ensemble des
problèmes environnementaux. Il légifère des
problématiques déjà connues. Or la santé et
l'environnement ne doivent pas attendre la révélation du risque
réel pour légiférer243 une activité ou
un processus. Le droit peut-il alors s'inscrire dans une démarche
préventionnelle pour la santé ?
V.4.f- Échelle locale
Au niveau des communes, la santé repose
généralement sur une démarche hygiéniste relative
à la gestion de la salubrité publique. Leurs actions s'orientent
généralement vers des interventions pour lutter contre l'habitat
insalubre, pour protéger la population contre les produits toxiques
(plomb, amiante), pour contrôler la présence des animaux errants,
la qualité de l'air et de l'eau, pour gérer les déchets et
les traiter et rendre les quartiers propres, etc. L'Etat intègre donc la
santé dans les contrats de ville puis il intègre les ateliers
santé ville (ASV) qui ont été introduits en 2000 par le
Comité interministériel faisant suite à la loi relative
à la lutte contre les exclusions dont le but de rendre la santé
des individus meilleure et notamment celle des plus vulnérables et plus
pauvres244. Ces ateliers concernent principalement les quartiers de
la politique de la ville avec l'objectif d'imbriquer l'ensemble des politiques
de la ville (sociale, santé etc.).
243 Myriam Legendre, « Environnement et santé
», Santé Publique 15, no 3
(2003): 291,
https://doi.org/10.3917/spub.033.0291.
244 « L'Atelier santé ville, c'est quoi? | Fabrique
Territoire Santé », consulté le 5 octobre 2021,
https://www.fabrique-territoires-sante.org/tout-savoir-sur-les-asv/latelier-sante-ville-cest-quoi.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
8 4 | 1 4 8
Certaines municipalités sont entrées en lien
avec les politiques nationales et régionales en matière de
santé publique et tentaient tant bien que mal de mettre en place des
actions en faveur de la promotion de la santé auprès de leurs
populations en les sensibilisant à la bonne hygiène de vie,
à une alimentation saine et à la pratique de l'activité
physique. Les ASV et les contrats locaux de santé (CLS) ont le
même objectif visant à prévenir les maladies, à la
promotion de la santé et à la réduction des
inégalités sociales de santé. Les CLS sont des
méthodes dispensées par la loi (HPST) et appliquées par
l'ARS en partenariat avec une collectivité territoriale. Le but
étant de faire baisser les inégalités sociales de
santé et d'établir des actions au plus près de la
population. Ils permettent, dans l'esprit d'intersectorialité, de
rassembler un ensemble d'acteurs de secteurs et de disciplines
différents sur les enjeux de santé d'un territoire donné
afin de concevoir un projet de santé autour des déterminants de
santé définis en amont245. Le Plan Local de
Santé (PLS) encore appelé le Plan Santé Municipal, est
l'opportunité pour les municipalités d'affirmer ou de repenser sa
politique locale de santé.246. Il permet de vérifier
la cohérence des politiques sur la santé, appliquées au
niveau local. Préconisés par l'OMS, ces documents
stratégiques issus d'une concertation et dont l'objectif est de
déterminer les principales orientations concernant la santé pour
tous dans une ville. Selon l'OMS un Plan Santé Municipal est
« un plan qui établit un lien entre la stratégie de la
Santé pour tous et une analyse locale des priorités de
santé, et énonce les engagements que les autorités locales
et d'autres organismes prennent en matière d'amélioration de la
santé à l'échelle
locale»247.
D'autres municipalités ont fait le choix d'aller
encore plus loin en adhérant au réseau français
villes-santé afin d'agir pour un urbanisme favorable à la
santé. Actuellement, le réseau français
villes-santé compte une centaine de villes adhérentes. Ces
dernières années, plusieurs villes ont franchi le pas en
intégrant la santé dans les plans de planification
stratégique (Schémas de cohérence territoriale (Scot),
Plan local d'urbanisme etc.), d'autres agissent, d'une manière
environnementaliste, pour la santé à travers d'autres documents :
plan de protection de l'atmosphère (PPA), plan local
d'amélioration de la qualité de l'air (PLQA), plan climat air
énergie territoriaux (PCAET). Toutefois, les Scot et les PLU constituent
des leviers de haute importance pour aller vers un urbanisme favorable à
la santé.
245 « Les contrats locaux de santé »,
consulté le 5 octobre 2021,
http://www.ars.sante.fr/les-contrats-locaux-de-sante.
246 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET
SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants
».
247 « Plan d'action des villes pour la santé et le
développement durable, OMS, 2000, p.51 », s. d.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
8 5 | 1 4 8
Après avoir fait un rappel historique des
problématiques autour du lien entre l'urbanisme et la santé,
présenter et critiquer le tout-médical, présenter le
nouveau paradigme de l'OMS autour de la santé, aujourd'hui, la question
de la transition du tout-médical au nouveau paradigme se pose.
La problématique qui va orienter notre
réflexion réside dans l'idée de savoir comment l'urbanisme
peut-il changer l'ordre des choses en matière de santé.
Devons-nous attendre de tomber malade pour aller chez le médecin, qui
à son tour nous prescrit des médicaments qui pourront nous
soigner ou non, ou prévenir ?
Comment l'urbanisme peut-il donc s'inscrire dans une
démarche préventionnelle contre les maladies chroniques, que nous
appelons « les pathologies silencieuses », par conséquent
limiter le recours automatique aux soins médicamenteux ? Comment la
mobilité active et l'activité physique, comme déterminant
de la santé, peuvent-elles s'inscrire dans cette démarche ? Et
pour pousser un peu plus loin la problématique de base, comment
l'urbanisme et la médecine peuvent se réconcilier pour favoriser
et « créer » la santé et le bien être ?
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
8 6 | 1 4 8
VI- Sortir du tout-médical : les exemples de la
mobilité
active et de l'activité
physique
VI.1- Méthodologie et motivations de
l'étude
Le choix pour ce thème découle de
l'apprentissage et des connaissances acquises lors des cours donnés
à IUL, en particulier l'unité d'enseignement Question de
Recherche en Urbanisme (QRU), dispensé par le professeur BOINO, pour
lequel en collaboration avec une camarade de promotion, nous étions
amenés à rédiger une problématique sur un
thème choisi. Nous avions donc choisi de traiter l'impact de la Covid-19
sur l'environnement économique, social et physique. Nous avions
réparti le travail entre nous : en deux parties, l'auteur de ce
mémoire avait donc traité la deuxième partie de l'exercice
qui repose sur l'impact de la Covid 19 sur l'environnement. C'est à
partir de ce travail, qu'il a découvert l'ampleur du lien entre
l'urbanisme et la santé et s'est plongé dans la riche
littérature scientifique afférente.
Pour ce travail de mémoire, nous nous
intéressons au contexte des villes de Rennes, Avignon et Lausanne comme
territoire d'étude. Le choix de ces villes repose essentiellement sur
les caractéristiques de chacune d'elles, leur intérêt pour
la santé en ville, leur méthode adoptée pour
intégrer la santé dans les politiques et projets urbains :
· Avignon : Ville où l'auteur habite et effectue son
stage
· Rennes : Ville pionnière en matière de
santé en ville et ville en santé : première ville
française à adhérer au programme ville-santé
· Lausanne : Ville étrangère dont
l'intégration de la santé dans les documents de planification
résulte d'un atelier Métasanté regroupant médecins
et urbanistes.
La démarche d'étude et d'analyse est
scindée en deux parties : la première réside dans la
recherche de la littérature scientifique liée à la
santé, puis à la santé en ville, à l'urbanisme,
etc. La deuxième partie repose sur une vérification de la
déclinaison de cette littérature sur le terrain.
Concrètement, il s'agit d'une étude sur la manière dont la
santé est prise en compte
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
8 7 | 1 4 8
en interne, dans la stratégie et dans la planification,
et la manière dont elle est exprimée en externe sur le
terrain.
Pour ce faire, nous avons commencé par une analyse
documentaire de l'ensemble des documents des trois villes. Ceci a permis de
cerner comment la santé, en général, est prise en compte
en interne (documents stratégiques). Dans le même registre, nous
avons étudié la prise en compte de la mobilité physique et
de l'activité physique en particulier. Notre analyse s'inspire des
travaux d'Anne Roué Le GALL de l'école de haute étude de
santé publique (EHESP), notamment le guide « Agir pour un urbanisme
favorable à la santé, concepts & outils
»248.
L'auteur a également pris contact avec des
responsables de chaque ville, opérant dans l'urbanisme et
l'aménagement pour Rennes et Avignon, ou en lien avec des projets
urbains traitant la santé pour Lausanne.
Au départ, pour ses entretiens, l'auteur a
arrêté une liste de 3 personnes (une personne par ville). Au
regard de ses questions et la volonté de chercher d'autres informations,
la liste de personnes à interviewer s'est élargie à 10
personnes (Cf. Liste en Annexe 1).
L'auteur a commencé par Avignon, le 17 mai, un
entretien avec une technicienne du PLU, puis un rendez-vous avec l'élu
adjoint à l'urbanisme a été fixé le 7 juillet. Au
regard du résultat des deux entretiens, un autre rendez-vous a
été fixé, cette fois-ci, avec l'ARS le 31 août et
avec l'AURAV le 13 septembre (Agence d'urbanisme Rhône Avignon Vaucluse)
afin de pousser et vérifier ses informations.
Avec la ville de Rennes l'entretien a commencé avec la
responsable du service santé et environnement le 23 août. Au
regard des questions et ses prérogatives professionnelles, elle a
orienté l'auteur vers le responsable de la planification et
études urbaines avec qui il a eu un entretien le 9 septembre.
Quant à la ville de Lausanne, l'adjointe
administrative l'avait orienté vers la direction de l'école
polytechnique fédérale de Lausanne. L'auteur a eu donc un
entretien avec le docteur Stephan JOOT qui a participé à la
réalisation du projet métasanté en vue de la
réalisation du projet métamorphose à Lausanne.
(Ecoquartier les Plaines du Loup)
248 Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme
favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide
EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN
Ysaline, 2014. »
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
8 8 | 1 4 8
En annexe, les lecteurs trouveront les questions
préparées pour chaque interlocuteur en fonction de sa ville, de
ses fonctions et de la réalité et caractéristiques du
terrain (Cf. Annexe2).
VI.2- En quoi la mobilité active et l'activité
physique sont des facteurs
permettant de limiter le « tout-médical » ?
VI.2.a- Mobilité249
Pour le Forum Vies Mobiles, « la
mobilité est entendue comme la façon dont les individus
franchissent les distances pour déployer dans le temps et dans l'espace
les activités qui composent leurs modes de vie. Ces pratiques de
déplacements sont enchâssées dans des systèmes
socio-techniques produits par des industries, des techniques de transport et de
communication et des discours normatifs. Cela implique des impacts sociaux,
environnementaux et spatiaux considérables, ainsi que des
expériences de déplacements très diverses
»250.
Nous avons indiqué précédemment que la
ville est conçue par les transports : le lien entre urbanisme et
mobilité a donc toujours été au coeur des
évolutions territoriales, et les questions du transport urbain sont
également plus anciennes que la ville251.
Nous avons effectivement observé durant la
décennie 2000-2010, une accélération des prises de
conscience, et de la sensibilisation au réchauffement climatique
lié à l'évolution et l'intensité de
l'activité humaine et en particulier à la dynamique des
transports, mais aussi de la limitation des ressources. Comme
évoqué précédemment, les facteurs ayant
contribué à accélérer les changements de paradigme
: les problèmes de temporalité et de congestion, la
prédominance économique du pétrole, la croissance
effrénée des émissions de gaz à effet de serre, le
vieillissement de la population et les questions d'accessibilité,
l'exclusion et les inégalités sociales, la hausse des prix des
logements en ville, notamment par la pression foncière, l'augmentation
des dépenses publiques et la transition épidémiologique.
Il est communément admis que les déplacements en véhicules
thermiques impactent
249 Cette partie est tirée des travaux de : T. Paquot, G.
Beaudet, L. Andres, réseau Villes-santé français etc.
250 « le Forum Vies Mobiles - Recherche Google »,
consulté le 17 novembre 2021,
https://www.google.fr/search?q=le+Forum+Vies+Mobiles&.
251 Gérard Beaudet et Pauline Wolff, « La
circulation, la ville et l'urbanisme : de la technicisation des transports au
concept de mobilité. », VertigO,
no Hors-série 11 (7 mai 2012),
https://doi.org/10.4000/vertigo.11703.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
8 9 | 1 4 8
l'environnement et la santé, ainsi que des
externalités négatives participant à l'augmentation des
émissions de gaz à effet de serre (GES) et à la
dégradation de la qualité de l'air. En effet, ce nouveau
paradigme généralement exposé permet de limiter et de
lutter contre l'étalement urbain, la périurbanisation, la
congestion, les nuisances sonores et la pollution atmosphérique et de
mettre en avant des moyens de transport alternatifs respectueux de
l'environnement. En effet, la réflexion et la mise en oeuvre de
politiques contre l'étalement urbain est un but mais elle soulève
la problématique de la densité urbaine252. Les
mérites des fortes densités en termes de mobilité, mais
également de mixité sociale, ont mené à produire le
modèle de « ville compacte » favorable à la ville
active253.
Cependant, ce modèle de ville compacte qui repose sur
les courtes distances et favorise la mobilité active n'impacte pas
seulement l'environnement mais également la santé des citadins.
Ainsi les Villes-Santé de l'OMS, en France et en Europe, accordent une
place importante aux déplacements quotidiens de leurs
populations254. Ainsi, la mobilité active est mise en
lumière car ce mode de déplacement permet de pratiquer une
activité physique (marche à pied, vélo) tout en respectant
l'environnement (pas d'émission de gaz à effets de serre). En
effet, nous sommes d'accord avec le constat du réseau
Villes-Santé, sur le fait qu'il ne suffit pas de promouvoir la
mobilité active auprès des habitants pour qu'ils la pratiquent.
L'aménagement de sites et lieux favorisant la santé tout en
intégrant l'environnement peut amener progressivement les individus
à adhérer à la mobilité active255. On
peut tout à fait créer des quartiers mixant les habitations et
les lieux de travail, les écoles, les terrasses de café, les
espaces verts et les commerces avec des pistes cyclables
sécurisées et déterminées ainsi que de larges
trottoirs avec des éclairages et une offre de transport collectifs
conséquente256.
252 Sylvain Rode, « Reconquérir les cours d'eau pour
aménager la ville », Cybergeo, 30 janvier
2017,
https://doi.org/10.4000/cybergeo.27933.
253 Lauren Andres et Béatrice Bochet, « Ville
durable, ville mutable : quelle convergence en France et en Suisse? »,
Revue d'Économie Régionale & Urbaine
octobre, no 4 (2010): 729,
https://doi.org/10.3917/reru.104.0729.
254 « Les Villes-Santé de l'OMS | Réseau
français des Villes-Santé de l'OMS », 12 décembre
2016,
https://www.villes-sante.com/oms-europe/villes-sante-oms/.
255 « « Défendre l'esprit de la ville» :
entretien avec le philosophe Thierry Paquot », Observatoire du design
urbain, 8 juillet 2014,
https://obs-urbain.fr/defendre-esprit-ville-thierry-paquot/.
256 « Les Villes-Santé de l'OMS | Réseau
français des Villes-Santé de l'OMS ».
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
9 0 | 1 4 8
VI.2.b- L'essor de la mobilité active
Pour sauvegarder et entretenir notre santé,
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise la pratique
d'une activité physique d'un minimum de 60 minutes par jour pour les
enfants et 30 minutes par jour pour les adultes ou 150 minutes par semaine d'un
sport d'endurance avec une intensité moyenne257.
L'OMS affirme que le fait de se déplacer activement
grâce à la marche ou au vélo est une manière de
pratiquer une activité physique. Cette activité permet de
diminuer et même de supprimer les maladies non transmissibles comme le
sont les maladies respiratoires, l'obésité, les maladies
cardio-vasculaires et quelques cancers. Ces maladies sont
généralement liées au phénomène de la
sédentarité. Nous avons vu comment cette dernière est
devenue une norme socio-culturelle dans nos sociétés
contemporaines. La mobilité active devient alors un levier de haute
importance pour lutter contre ce phénomène. Il est clair que les
mobilités actives permettent d'améliorer la santé physique
en développant et entretenant la force et le tonus, en améliorant
l'endurance, en développant la masse musculaire. Elles agissent aussi
sur la santé mentale et le bien-être en améliorant la
qualité du sommeil, en réduisant le stress et les
anxiétés. La mobilité active, en plus de favoriser la
pratique d'une activité physique, permet de réduire
considérablement la pollution atmosphérique et sonore, elle
permet également de décongestionner les rues. Le fait de
réaliser et de prendre conscience que les modes de déplacements
actifs doivent être avantagés par rapport à l'usage de la
voiture démontre une évolution sociologique non
négligeable.
Longtemps ce mode de déplacement était
considéré comme l'attribut des personnes
défavorisées et l'automobile, socialement valorisée,
réservée pour les personnes aisées. Aujourd'hui, les
questions relatives à l'environnements intègrent tous les milieux
sociaux. La prise de conscience de l'impact du « tout voiture », la
volonté des collectivités de s'emparer des enjeux du
développement durable, l'évolution des modes de vie ainsi que
l'accès à l'information rapide, l'émergence du l'urbanisme
tactique, recentrent les débats autour de la mobilité active. En
effet, ce mode de déplacement prend plusieurs aspects : naturel en
faisant
257 « Activité physique », consulté le
27 octobre 2021,
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/physical-activity.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
9 1 | 1 4 8
appel au corps physique, social en favorisant les interactions
dans les sociétés et psychique en développant sa vision et
sa sensibilité au monde.258
Selon une étude de l'Agence de l'environnement et de
la maîtrise de l'énergie (ADEME), le vélo et la trottinette
sont les moyens de déplacement urbain les plus rapides sur des distances
inférieures à 6 km. Cet essor peut avoir plusieurs explications,
notamment la volonté des villes à aménager des espaces
incitatifs et favorables à ce mode de déplacement259.
De ce fait et comme nous l'avons observé lors du confinement contre la
Covid-19, les collectivités sont les moteurs de la mise en oeuvre et de
la promotion des mobilités actives. En effet, l'orientation vers les
modes de déplacements actifs quotidiens permet d'atteindre le quota
d'activité physique quotidienne recommandé par l'OMS. La
mobilité active a donc un double bénéfice : elle a une
incidence positive sur la santé physique des individus et sur
l'environnement car elle contribue à la réduction de
l'utilisation de véhicules motorisés. Par ailleurs, il est
prouvé que marcher quotidiennement 30 minutes apporte :260
· « Zéro émission de GES et
zéro consommation d'énergie fossile ;
· Zéro stationnement;
· 200 calories brulées
;
· Moins de contrainte, de stress, un corps
musclé etc.
· Des rencontres et des interactions sociales
dans des espaces appropriés » etc.261
Une étude pilotée par le Ministère de la
Transition Écologique indique un changement de 2008 à 2019 dans
les manières de se déplacer (Cf. figure n°17) : «
l'usage de la voiture baisse sensiblement (-1,8 point) à l'avantage de
la marche à pied, second mode de déplacement (+1,2 point) et des
transports en commun (+0,8 point). Avec 2,8% des modes de déplacement la
part du vélo quant à elle demeure stable sur la même
période »262.
258 Pascal Amphoux, « Marcher en ville »,
Les Annales de la recherche urbaine 97, no
1 (2004): 136-40,
https://doi.org/10.3406/aru.2004.2587.
259 Smart Mobility, « L'essor de la mobilité douce
», consulté le 28 octobre 2021,
https://www.innovation24.news/2020/03/06/lessor-de-la-mobilite-douce/.
260 Réseau français des villes santé de
l'OMS, éd., Mobilités actives au quotidien: le
rôle des collectivités (Rennes: Presses de
l'École des hautes études en santé publique, 2013).
261 idem
262 « Transports : le défi écologique des
nouvelles mobilités », Vie
publique.fr, consulté le 28
octobre 2021,
https://www.vie-publique.fr/eclairage/279082-transports-le-defi-ecologique-des-nouvelles-mobilites.
Figure n° 17: Évolution des parts des modes de
transport (en nombre de déplacements (2008 à 2019
Source : Transports : le défi
écologique des nouvelles mobilités | Vie
publique.fr (
vie-publique.fr)
Selon toujours cette étude, le vélo progresse
de 2 points entre 2015 et 2020. Encouragée par l'arrivée des
vélos en libre-service, la pratique du vélo évolue,
notamment dans les centre-villes de plus de 100 000 habitants.
Néanmoins, cette pratique urbaine ne dépasse pas 5 km par jour.
Nous observons que cette orientation politique vers la pratique du vélo
en ville notamment dans certaines métropoles s'est accentuée
depuis les Assises nationales de la mobilité en 2017. Cette politique
est inscrite dans la loi d'orientation des mobilités (loi LOM 2019).
Elle incite les territoires à investir dans la réalisation des
infrastructures consacrés à l'usage du
vélo.263
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
9 2 | 1 4 8
263 idem
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
9 3 | 1 4 8
VI.2.c- La nécessité de l'activité
physique
Selon l'OMS l'activité physique se définit
comme : « tout mouvement corporel produit par les muscles
squelettiques qui requiert une dépense d'énergie
»264. Il s'agit de tous les mouvements du corps
que l'on réalise par tout : dans le cadre des loisirs, sur le lieu de
travail ou pour notre mobilité pour aller d'un lieu à l'autre.
L'activité physique revêt donc un large éventail de choix,
le sport n'en constituant qu'une partie. La marche, le vélo, la
trottinette, le skatebord, les rollers (la mobilité active), la
détente active (jardiner, flâner, bricoler etc.) et le jeu
constituent des méthodes primaires et à la portées de tous
de pratiquer une activité physique265.
Nous avons vu l'impact négatif de la
sédentarité sur la santé. En effet, l'inactivité
physique est source de nombreuses complications, évitables, pour la
santé de l'individu. En revanche l'activité physique peut
diminuer considérablement la mortalité précoce. Ainsi, un
mode de vie incluant, au minimum, 15 à 20 minutes d'activité
physique quotidienne réduit la mortalité de 14%
indifféremment de l'âge et du genre266. On constate
donc que la pratique d'une activité physique avec une intensité
moyenne ou soutenue permet d'améliorer considérablement la
santé des individus267. Parmi les facteurs réduisant
mécaniquement le risque de tomber malade, il y a la marche pendant vingt
minutes par jour. Dix minutes d'activités intenses réduisent
quasiment à néant les risques liés à la
sédentarité268.
Selon une expertise de l'Institut National de la Santé
et de la Recherche Médicale (INSERM) publiée en 2008,
d'après une étude réalisée sur 5 000 individus et
suivis pendant 5 ans minimum, on constate que les risques de
décès sont considérablement réduits chez les
personnes pratiquant une activité physique régulière par
rapport aux personnes peu voire non actives physiquement. Ce résultat
est valable chez tous les individus quels que soient l'âge et
l'étiologie des maladies ou du décès. La réduction
de la mortalité varie entre 2% et 58% selon
264 « Activité physique ». art
déjà cité
265 Idem, art déjà cité
266 Chi Pang Wen et al., « Minimum Amount of Physical
Activity for Reduced Mortality and Extended Life Expectancy: A Prospective
Cohort Study », The Lancet 378, no
9798 (1 octobre 2011): 1244-53,
https://doi.org/10.1016/S0140-6736(11)60749-6.
267 Organisation mondiale de la Santé, Lignes
directrices de l'OMS sur l'activité physique et la
sédentarité : en un coup d'oeil (Genève:
Organisation mondiale de la Santé, 2020),
https://apps.who.int/iris/handle/10665/337003.
268 BOINO, Ville et santé: Portée et limites
d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme
et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon
(IUL) Université Lyon 2- 75 pages.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
9 4 | 1 4 8
le niveau d'activité physique
pratiqué269.
Il est donc scientifiquement prouvé que
l'activité physique impacte positivement la santé des individus.
Elle apporte donc des bienfaits dont le corps, dans sa globalité, a
besoin. Ainsi pour les personnes âgées, elle ralentit et /ou
arrête certains processus délétères relatifs au
vieillissement. De plus, elle favorise le maintien de la bonne santé
tout au long de la vie et de la prise d'âge. En maintenant le bon
fonctionnement de la masse musculaire, elle permet également de diminuer
les chutes et donc les risques de fractures du col du fémur, ce qui
freine l'échéance de la dépendance. Enfin, la santé
mentale est également influencée par la pratique d'une
activité physique. En effet, l'activité sportive permet
d'atteindre un bien-être mental car elle aide à réduire le
stress, elle fait prendre conscience de son corps, elle participe à la
vie sociale, elle améliore la capacité intellectuelle et
cognitive, l'estime de soi et permet de contrôler ses émotions et
la dépression270.
En France depuis 2017, le décret n° 2016-1990 du
30 décembre 2016 permet de prescrire la pratique d'une activité
physique adaptée (APA), uniquement, aux patients atteints d'une
affection de longue durée271. En effet, l'APA s'inscrit :
« en prévention secondaire et tertiaire des maladies
chroniques. La recherche scientifique a dénombré dix maladies
chroniques pour lesquelles l'APA est considéré comme un
traitement nécessaire : le diabète de type II,
l'obésité, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO),
l'asthme, le cancer, les syndromes coronaires aigus, l'insuffisance cardiaque,
les accidents vasculaires cérébraux, les maladies
ostéoarticulaires, la dépression et la schizophrénie
»272.
Cette volonté politique de reconnaitre
l'activité physique comme un traitement non médicamenteux,
correspond globalement à la démarche de la promotion de la
santé. Mais cette volonté politique s'inscrit dans une approche
curative. Peut-on alors lui donner une orientation préventionnelle en
l'élargissant à l'ensemble de la population ? Si cette mesure,
pour des raisons économiques, ne peut être élargie à
l'ensemble de la population, elle mérite au moins une analyse des
coûts et bénéfices. En effet l'activité physique
n'impacte pas uniquement la santé mais également
l'économie et notamment celle de la santé. Une activité
sportive pratiquée régulièrement aide également
à l'amélioration de l'efficacité économique
269 « Activité physique -Contexte et effet sur la
santé- Expertise collective- Inserm- Institut national de la
santé et de la recherche médicale- @édition Inserm, 2008
», s. d.
270 Emmanuel Poirel, « Bienfaits psychologiques de
l'activité physique pour la santé mentale optimale »,
Santé mentale au Québec 42,
no 1 (2017): 147,
https://doi.org/10.7202/1040248ar.
271 « Décret n° 2016-1990 du 30 décembre
2016 relatif aux conditions de dispensation de l'activité physique
adaptée prescrite par le médecin traitant à des patients
atteints d'une affection de longue durée », 2016-1990 §
(2016).
272 Fédération National d'Education et de la
promotion de la Santé, « PROMOUVOIR L'ACTIVITÉ PHYSIQUE DANS
LES TERRITOIRES- D-CoDé Santé », février 2021,
www.fnes.fr.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
9 5 | 1 4 8
car elle aurait une incidence sur la productivité.
Récemment, une étude a démontré que lorsqu'une
personne travaillant de façon sédentaire commence la pratique
d'une activité physique régulière, son rendement augmente
entre 6% et 9% selon son degré d'engagement dans la pratique de cette
activité sportive273. Nous avons évoqué,
précédemment, les coûts relatifs à la
sédentarité, nous allons maintenant voir les
bénéfices (coûts évités) de la pratique de
l'activité physique. Rapprochées aux coûts directs et
indirects liés à la pratique physique, les retombées
économiques nettes de développement de l'exercice physique
peuvent être estimées à 7,7Mds€274 (Cf.
figure n° 18).
Figure n° 18: Économie générale par un
développement de la pratique physique
Source : Direction des Sports - Bureau de
l'économie du sport, « Activité physique et sportive,
santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse
(Ministère des Sports, 31 janvier 2018).
Plus les gens sont physiquement actifs plus les
économies augmentent. Si on généralise la pratique
physique à toute la population, l'économie réalisée
serait de 16,7Mds€. À cette somme, 9Mds€ de coûts
supplémentaires seraient à déduire (frais correspondants
aux accidents liés à l'activité physique). Nous
atteindrions donc une économie nette (gain) de 7,7MDs€.
273 idem
274 Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport,
« Activité physique et sportive, santé et qualité des
finances publiques ».
Nous sommes donc face à un défi selon lequel,
la politique locale, ne pourra pas imposer ou rendre obligatoire
l'activité physique. La médecine n'a, elle non plus, pas de
médicaments pour faire bouger les gens275. Mais la
réflexion urbaine peut s'inscrire dans une démarche
préventionnelle et « provoquer » un
comportement actif en ville. L'étude ci-dessous démontre que
cette démarche est tout à fait réalisable.
Enquêtes sur l'environnement physique et contexte
social et géographique
« Une enquête internationale parue en
2001 a pour cadre d'analyse plusieurs pays européens: Belgique,
Finlande, Allemagne de l'Ouest et de l'Est, Pays Bas, Espagne et Suisse. Elle a
porté sur un total de 3 342 personnes adultes (18 ans et plus) joints
par téléphone (Stahl et coll., 2001). Les individus
étaient classés en deux groupes : actifs (70 %) ou inactifs (30
%) du point de vue des activités physiques, avec cependant d'importantes
différences selon les pays. Les facteurs de l'environnement social et
géographique, les caractéristiques des politiques
environnementales étaient également précisés. Un
modèle théorique cognitif a permis d'exploiter les données
recueillies. La qualité de l'environnement social apparaît comme
assez déterminante pour comprendre l'activité physique ou la
« sédentarité physique »276
|
|
Cette étude, menée par des spécialistes
de la planification urbaine, de l'aménagement ou de
l'urbanisme277, vise à comprendre l'influence de
l'environnement construit dans lequel évoluent les populations sur
l'activité physique. Elle détermine l'environnement
aménagé sur une base de six paramètres : la
densité, l'intensité urbaine, la connexion entre les
réseaux de communication, le niveau de hiérarchisation de la
trame viaire, les qualités physiques des espaces et la topographie ainsi
que la morphologie du territoire278. Ces dernières
constituent un critère déterminant car il définit la
proportion spatiale attribuée à la voiture (plus rapide) par
rapport à la mobilité active. Pour 25% des déplacements
inférieurs à 1,5 Km, l'incitation à la mobilité
active pourrait être envisagée, quelles que soient la topographie
et la morphologie de l'espace279. Par ailleurs, en rendant certains
espaces plus attractifs, notamment la nature en ville, des barrières
psychologiques entravant l'usage de la mobilité active seront
supprimés280.
275 « Espace public, santé, marchabilité
Vers des environnements urbains qui invitent à bouger- Rue de
l'Avenir-2015 », s. d.,
www.rue-avenir.ch.
276 « Activité physique -Contexte et effet sur la
santé- Expertise collective- Inserm- Institut national de la
santé et de la recherche médicale- @édition Inserm, 2008
».
277 Idem, art. déjà cité
278 Idem, art. déjà cité
279 Idem, art. déjà cité
280 Idem, art. déjà cité
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
9 7 | 1 4 8
En effet, il est scientifiquement prouvé que pratiquer
une activité physique dans la nature est très
bénéfique pour la santé physique et mentale. La
combinaison des deux révèle un avantage synergique281.
En Amérique du Nord, des études ont démontré qu'il
existe un lien entre la fréquentation des parcs en ville (Central Park,
Dog Park, etc.) et la pratique de l'activité physique.282 En
effet, la nature dans les villes constitue un critère de motivation
important pour la pratique d'une activité physique (marche, course
à pied, gymnastique d'entretien).
Par ailleurs, une étude britannique poussée a
mis en avant ce lien entre nature et santé mentale et physique et
cherche à prouver qu'un avantage synergétique existe lorsque la
pratique d'une activité physique s'effectue dans un cadre de
nature283. Cette étude traite de l'environnement et de
l'impact psychologique qu'il peut avoir en fonction de l'image qu'il renvoie
:
« Elle s'appuie sur 5 groupes de 20
personnes exposées à une séquence de 30 scènes
projetées sur un mur tandis qu'ils sont occupés à une
activité d'entretien physique. Quatre catégories de scènes
peuvent être projetées : une scène rurale plaisante, une
scène rurale désagréable, une scène urbaine
plaisante, une scène urbaine désagréable. Les auteurs
mesuraient la tension des sujets ainsi que deux critères psychologiques
: l'estime de soi et l'humeur, avant et après l'intervention. L'exercice
seul (sans les images) réduit la tension, accroît l'estime de soi
et a un effet positif sur les traits d'humeur. Les scènes rurales et
urbaines agréables produisent un effet positif plus grand encore sur
l'estime de soi. Ceci montre, de l'avis des auteurs, l'effet
synergétique du cadre. En revanche, les scènes
désagréables urbaines et rurales réduisent l'effet positif
sur l'estime de soi. Enfin, les scènes rurales
désagréables et dramatiques ont le plus grand effet, diminuant
les effets bénéfiques de l'exercice. Pour autant, un tel
protocole nous paraît bien artificiel (il nous semble relever d'une
psychologie de laboratoire) pour qu'on puisse transposer à la nature
elle-même les exercices dits exercices verts (green exercice) qui sont
effectués en tenant compte d'un environnement plaisant.
»284
Les deux études démontrent clairement que
l'environnement de vie physique, socio-culturel et spatiale d'un individu
détermine sa motivation à la pratique de l'activité
physique. Elle ne relève donc pas que de sa seule volonté
à pratiquer ou non une activité physique. De ce fait nous
déduisons que l'action politique sur l'environnement urbain est donc
primordiale en
281 Idem, art. déjà cité
282 Idem, art. déjà cité
283 Idem, art. déjà cité
284 « Activité physique -Contexte et effet sur la
santé- Expertise collective- Inserm- Institut national de la
santé et de la recherche médicale- @édition Inserm, 2008
».
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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matière d'activité physique, elle peut orienter
et développer la motivation pour la pratique d'une activité
physique quotidienne. Au regard de leur proximité avec les habitants et
leurs prérogatives, les collectivités territoriales constituent
l'institution pertinente de l'application d'actions développant
l'activité physique à travers la conception et l'organisation de
la ville. Cela a été démontré avec
l'avènement de la Covid-19.
VI.3- Comparaison des contextes des villes : limites
qualitatives de
notre analyse
VI.3.a- Rennes : ville pionnière :
réseau Villes-santé
Contexte socio-urbain285
Les informations suivantes sont tirées du PLUi (Plan
Local d'Urbanisme intercommunal) de la ville de Rennes286.
Rennes située à l'entrée de la Bretagne,
est la capitale de cette région classée 4ème
destination touristique française d'un point de vue de sa
fréquentation (cf PLUi 2019). Plus de 217 728 personnes vivent à
Rennes. L'agglomération de Rennes regroupant 43 communes s'est
changée en métropole en 2015, elle a pu ainsi pallier aux besoins
des 400 000 habitants qui la composent. La métropole est située
dans une aire urbaine composée de 188 communes basées globalement
en Ille-et-Vilaine et regroupant plus de 650 000 habitants.
La ville de Rennes est en constante croissance
démographique. Elle compte environ 5 000 nouveaux habitants par an ;
soit une croissance annuelle de 1.2%. En 2016, on recensait 443 000 habitants
(INSEE) et en 2018 on ne comptait pas moins de 454 000 (Omphale INSEE).
L'origine de cette forte croissance démographique est l'emploi et
l'enseignement. En effet, les Universités sont fortement
développées en implantées dans cette métropole : 60
000 étudiants en 2004 et 68 000 étudiants en 2016. Le pôle
universitaire rennais est au 8ème rang en tant que pôle
d'enseignement supérieur en France. Il est le premier du Grand Ouest
(Bretagne, Normandie, Pays de la Loire). Dans les universités de Rennes,
46 000 étudiants sont
285 « Plan Local d'Urbanisme intercommunal de Rennes
Métropole - A - RAPPORT DE PRÉSENTATION-Élaboration
approuvée par délibération du Conseil de Rennes
Métropole du 19/12/2019 », s. d.
286 Cette partie est tirée du PLUi de Rennes
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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scolarisés et les 12 000 étudiants restants ont
rejoint les 17 grandes écoles rennaises. Un habitant rennais sur quatre
est étudiant en 2017 source PLUi).
Autour de Rennes, les habitants se répartissent de
façon concentrique par rapport au centre-ville. Cette ville est la plus
dense de la métropole avec 4 170 habitants au km2. Plus l'on
s'éloigne de Rennes, plus la densité de population au
km2 diminue mais elle reste supérieure à 100
hab/km2 sur toute la Métropole. Depuis 1983, les élus
de l'agglomération ont oeuvré pour éviter au maximum
l'étalement urbain et conserver les terres agricoles ainsi que les
espaces naturels existants. Pour ce faire, l'agglomération a
été pensée et aménagée selon le
modèle de « Ville-Archipel ». Ce schéma sera
référencé dans le SCOT (Schéma de Cohérence
Territoriale) de 2007 et dans celui de 2015. Le SCOT permet de structurer
l'organisation de la « Ville-Archipel » en se basant sur le
modèle polycentrique de l'agglomération de Rennes. Il vise
également à préserver les environnements naturels ainsi
que la trame verte et bleue. Le rapport villes-campagnes est également
pris en compte dans la définition des projets paysagers1.
En effet, le concept de "Ville-Archipel" définit un
territoire comme un espace urbain de toutes les échelles par les
diversités de modes d'habitat, de transports, de biodiversité, de
proximité des commerces, des équipements etc. Il constitue des
polarités avec une continuité urbaine et il répond
directement aux nombreuses questions environnementale et même
sanitaire.
La prise en compte de la santé
La ville de Rennes s'est inscrite dans l'approche de la
santé globale et positive depuis plus de 30 ans. Étant la ville
française pionnière en la matière, elle rejoint le
programme Ville-Santé en 1987 et occupe une place parmi les onze
premières villes européennes adhérentes au
programme.287 Cette dynamique et cette orientation vers la
santé ne s'est pas produite par hasard. L'engagement d'Edmond
Hervé, alors maire de Rennes depuis 1977 et secrétaire
d'État à la santé entre mars 1983 et mars 1986, a
été très significatif dans cette
démarche288. De par ses fonctions politiques et la
présence, à Rennes, d'une université de médecine et
de l'école de hautes études de santé publique (EHESP), les
rencontres avec les dirigeants de l'OMS ont été facilitées
et la création du réseau villes-santé en France a pu voir
le jour. Il est à noter que Rennes abrite, depuis 1989, le siège
du centre collaborateur de l'OMS. De ce fait,
287 Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en
Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?.
Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT :
2012REN20051ff. fftel-00772443 ».
288 Le Goff.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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elle préside le réseau français
villes-santé et constitue le coeur de l'organisation, la communication,
l'information et la diffusion des expériences au sein du réseau
villes-santé.
Cependant, La santé est restée depuis 1987 que
dans les réflexions et discussions, il fallait attendre l'an 2000 que
Rennes a commencé à passer à l'action. Avec
l'intégration des études d'impact sur la santé dans deux
projets urbains. Au niveau de la mobilité : d'après une
enquête de 2018 sur les déplacements, les habitants de la
métropole réalisent 1.5 millions de déplacements par jour
dont 47 % accomplis par les rennais. La mobilité des habitants de Rennes
et de Rennes Métropole est restée stable depuis 2007. En effet,
le nombre global de déplacements des habitants de Rennes
Métropole a augmenté de 6 % (+3 % à Rennes, + 17 % pour le
reste de la Métropole) par rapport à 2007, tandis que la
population a augmenté de plus de 8 %. Entre 1999 et 2007, le nombre de
déplacements avait augmenté de 13 %289.
VI.3.b- Avignon : ville métamorphose
Contexte socio-urbain290
Les éléments qui suivent, sont extraits du PLU et
de la convention NPNRU d'Avignon.291
Avignon, surnommée la « Cité des Papes
» ou encore « Altera Roma », se trouve au Sud de la France. Elle
est marquée par le passage des Papes entre ses murs et a
été la capitale de l'Occident médiéval pendant
quelques années.
Avignon a évolué en forme de cercle
concentrique, notamment au Sud et à l'Est de son centre historique. La
ville a été modelée en suivant les évolutions
historiques en formant des coupures urbaines qui délimitent les
différentes phases: les remparts du XIVème siècle, la voie
ferrée puis plus tardivement, la rocade urbaine. Au cours des 30
Glorieuses, la ville a vu sa population augmenter de 30 000 habitants, passant
de 60 000 dans les années 1950 à 90 000 au milieu des
années 1970. Pour cette nouvelle population, des quartiers d'immeubles
ont été construits au Sud et à l'Est de la ville : plus de
5 000 logement au total. En conséquence, des
289 « Enquête ménages-déplacements en
Ille-et-Vilaine 2018 | Audiar », consulté le 17 novembre 2021,
https://www.audiar.org/publication/mobilites/deplacements/enquete-menages-deplacements-en-ille-et-vilaine-2018.
290 Cette partie est tirée du PLU (en cours de
révision) et de la convention du NPNRU
291 « CONVENTION PLURIANNUELLE DU PROJET DE RENOUVELLEMENT
URBAIN DES QUARTIERS SUD ET SAINT CHAMAND D'AVIGNON GRAND AVIGNON »,
2019.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
1 0 1 | 1 4 8
zones commerciales périphériques ont vu le jour,
favorisant ainsi l'utilisation de moyen de transports individuels, tels que la
voiture.
En effet, la ville a connu plusieurs périodes de
transformation urbaine. Sa modernisation s'est régulièrement
effectuée sans tenir compte de son patrimoine historique très
riche : agrandissement des places, élargissement des voies
routières. Appelée autrefois Rue Bonaparte, la Rue de la
République est élargie au XIXème siècle pour
oxygéner le centre historique et relier la Place de l'Horloge à
la nouvelle gare ferroviaire inaugurée en juin 1853292.
L'architecture de la rue de la République porte l'empreinte du
modèle Haussmannien. La transformation de la ville d'Avignon s'est
effectuée autour de l'industrie du tourisme et de l'agroalimentaire. Sur
une superficie de 64,91 km2, Avignon attire des entreprises oeuvrant
dans ces deux secteurs et de la même manière une nouvelle
population pour y travailler. En 2016 plus 92 000 habitants y ont
été recensés. En tant que ville centre d'une aire urbaine
de plus de 530 000 habitants, Avignon dispose d'une densité de
population de 1 406,30 habitants/km2.
Elle a connu depuis sa création, une multitude de
manières de se produire. Chaque quartier porte l'empreinte d'un
modèle d'urbanisme. Au centre, on observe des constructions du
Moyen-Age, de la Renaissance et puis du modèle haussmannien. A
l'extérieur des remparts on observe le modèle moderniste et
fonctionnaliste des années 60 et 70, marqué par l'alignement des
grands ensembles au long d'un axe routier « La Rocade » qui
génère, par jour, un flux de plus de 40 000 véhicules,
constituant ainsi dans sa temporalité une source de nuisance sonore et
de pollutions atmosphériques pour les habitants.
En décembre 2000, la communauté du Grand
Avignon a été créé et constituée de de 8
communes et passée à 16 communes depuis le 1er janvier 2018
regroupant 193 000 habitants, elle présente la particularité
d'être à cheval sur 2 départements et 2 régions.
Sept communes sont situées dans le département du Gard, neuf dans
le Vaucluse. Le coeur urbain dense de l'agglomération est
essentiellement resserré autour de quelques communes : Avignon, Le
Pontet, Villeneuve-lès-Avignon, Les Angles.
292 « Histoire d'Avignon », in
Wikipédia, 1 août 2021,
https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Histoire_d%27Avignon&oldid=185122496.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Elle bénéficie d'une image de marque positive
tout en étant confrontée à une réalité
sociale dégradée. Il s'agit de la 14ème ville la plus
pauvre de France en 2011, parmi les 100 plus grandes villes, plus pauvre que
Marseille :
· Plus du quart de la population d'Avignon (26%) vit dans
les quartiers prioritaires.
· Plus du tiers des ménages à bas revenus
d'Avignon (36%) vivent dans les quartiers prioritaires.
· Plus de la moitié des ménages des
quartiers prioritaires (59%) vivent sous le seuil de bas revenus.
VI.3.c- Lausanne : ville Métasanté, ville
labélisée : ville active
Contexte socio-urbain293 294
Située en Suisse, au bord du Lac Léman en plein
coeur de l'Europe, la ville de Lausanne jouit d'une situation
géographique favorable à sa connectivité avec le monde
extérieur. D'excellentes connexions avec la France et l'Italie lui
permettent d'enrichir et développer, depuis des siècles son
identité et les activités qui y s'installent. L'enseignement
supérieur est un domaine qui profite particulièrement de ce
rayonnement international, de nombreuses écoles y étant
implantées depuis longtemps.
Elle est également un modèle
référent dans le monde du sport avec une cinquantaine
d'associations sportives internationales y siégeant. La plus
emblématique est le Comité International Olympique qui donne
à Lausanne le statut de « Capitale Olympique » depuis 1994. La
ville de Lausanne est en pente, son dénivelé est de plus de 500
mètres, elle bénéficie donc d'une vue imprenable sur le
Lac Léman et les Alpes. Sa topographie est extrêmement
accidentée et pose des problèmes en matière
d'urbanisation.
En effet, l'urbanisation de la ville en contrebas des collines
l'a inscrit dans un vaste territoire à multiples contraintes, sur
lesquelles l'urbanisme a su produire un modèle à part
entière. Depuis la fin XIXe siècle et l'expansion urbaine, la
ville, dans le cadre de son développement, ne cesse de négocier
avec une pente imposante et parfois paralysante. Cassant les fluctuations
293 Tiré de « Plan directeur communal- Ville de
Lausanne- Version adoption Conseil communal Mars 2021 » (Ville de
Lausanne, mars 2021) et du site officiel de la ville.
294 Bureau de la communication-Web & multimédia -
webmaster@lausanne.ch, «
Site officiel de l'administration communale de la Ville de Lausanne, capitale
olympique », Site officiel de la Ville de Lausanne, consulté le 20
novembre 2021,
https://www.lausanne.ch/lausanne.html.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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du relief pour mieux le dompter, l'urbanisme lausannois a
comblé les dépressions, percé et creusé les
versants, traçant même des ponts qui prolongent les courbes d'une
colline à l'autre.
Bâtie autour de trois collines, Lausanne constitue la
plus grande ville du Canton de Vaud et 4e agglomération au niveau
national, elle compte plus de 145 000 habitants. Elle jouit d'un environnement
atypique, encadrée de montagnes et au pied de l'un des plus grands lacs
d'Europe. Grâce à cette situation, c'est une ville d'une grande
importance tant pour les Suisses que pour les pendulaires venant de France.
Elle est constituée de plusieurs centralités et se
développe vers l'ouest. Sa densité est de 3 369 habitants/km2.
Plus l'on s'approche de l'hyper-centre de Lausanne, plus la densité de
population est forte. Le centre de la ville de Lausanne est majoritairement
minéralisé avec du béton, de l'asphalte et de la pierre,
ce qui ne laisse que peu de place aux végétaux, favorisant ainsi
les îlots de chaleur. Ceci affecte bien entendu le bien-être des
habitants de la ville.
Jusqu'à la fin des années 90, Lausanne a vu sa
population baisser. Cette tendance a été inversée et
aujourd'hui, la population lausannoise est en perpétuelle augmentation.
La ville devient très rapidement la 4ème ville de
Suisse avec la densité de sa population et son attractivité mais
elle est confrontée à une forte pénurie de logements. 20%
des habitants du canton de Vaud résident à Lausanne, 50% vivent
dans l'agglomération de Lausanne. Pour faire face à cette forte
croissance démographique, Lausanne s'est lancé le challenge de
pouvoir accueillir 30 000 nouveaux habitants d'ici 2030, avec des logements et
des équipements publics permettant d'avoir une très bonne
qualité de vie295.
Nous pouvons constater que l'accueil de nouveaux habitants
venant de l'étranger renforce l'aspect cosmopolite de Lausanne.
Aujourd'hui, 40% de la population n'est pas de nationalité suisse. Chez
les jeunes, ce chiffre s'élève à 50% et conforte pour les
années à venir l'identité multiculturelle de la
ville296.
295 editeur, « Diagnostic des espaces publics du
centre-ville de Lausanne », Rue de l'avenir
(blog), 10 avril 2021,
https://rue-avenir.ch/actualites/diagnostic-des-espaces-publics-du-centre-ville-de-lausanne/.
296 Bureau de la communication-Web & multimédia -
webmaster@lausanne.ch, «
Lausanne: la petite ville qui a tout le potentiel d'une grande », Site
officiel de la Ville de Lausanne, consulté le 19 octobre 2021,
https://www.lausanne.ch/officiel/administration/finances-et-mobilite/routes-et-mobilite/a-propos/projets/lausanne-la-petite-ville-potentiel-grande.html.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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VI.4- Comment la prise en compte de la santé par
l'urbanisme peut
orienter ses actions et projets ? Urbanisme favorable à la
santé ou urbanisme préventionnel pour la santé ?
Pour répondre correctement à cette
problématique, il nous faut, premièrement, préciser notre
objet d'étude. Lors de nos entretiens, et de notre étude, nous
nous sommes confrontés à une difficulté. Si nous
étudions les documents de planification urbaine (PLU(i), PADD, PDCom
etc.), nous remarquons que la santé est en général
intégrée dans ces derniers. En revanche, elle n'y est pas
intégrée explicitement. Comme nous le verrons, Avignon est un
exemple de ce cas. En effet, Avignon dispose d'une OAP « Mobilité
Active »297 dans laquelle elle n'exprime pas directement les
considérations autour de la santé de son action, laissant
paraître une approche environnementaliste. Nous montrerons que la
réalité est plus nuancée. Pourtant, les décisions
d'urbanisme que prend la ville ont des conséquences sur
l'évolution de la santé des populations.
Ainsi, dans cette partie, nous justifierons
concrètement la distinction entre un « urbanisme favorable à
la santé » et une « démarche préventionnelle
pour la santé ». Cette distinction s'avère importante. En
effet, une « démarche préventionnelle » suppose des
choix urbanistiques pris en conscience des déterminants de santé.
Pour répondre à notre problématique principale, il ne
s'agit donc pas d'étudier les conséquences de choix d'urbanisme
sur la santé, mais bien d'étudier comment la prise en compte des
déterminants de santé par l'urbanisme oriente ses actions et
projets.
A partir des entretiens et de l'étude des documents de
planification selon la méthodologie précédemment
expliquée, et de la comparaison entre nos trois villes, nous traiterons
de plusieurs variables d'aménagement et analyserons comment leur
traitement en fonction des déterminants de santé amène
à modifier l'action des villes.
297 OAP thématique -mobilité active- PLU en cours
de révision
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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VI.5- De la densité à la « compacité
qualitative » : quelle importance
pour les déterminants de santé ?
Depuis les années 90, la ville de Rennes sous
l'impulsion de la réflexion de Jean-Yves Chapuis298 a
développé le concept de « ville-archipel » en lien avec
les communes environnantes. Cette réflexion amena à la
création de « Rennes Métropole » en 2000 puis à
l'élaboration du SCOT entre les communes collaborant.
Derrière ce concept, il y a un constat : celui de la
périurbanisation. Jean-Marie Halleux explique que celle-ci a
été rendue possible par une mobilité facilitée
grâce à l'utilisation de la voiture mais qu'elle résulte de
l'aspiration résidentielle individuelle299. Les populations,
principalement issues de la classe moyenne, aspirent à la nature, au
jardin privé tout en pouvant se déplacer aisément vers les
destinations choisies.
Alain Bourdin explique dans la Métropole
des individus300, que l'individu devient le centre du
monde, où dans son monde propre, il doit faire des choix individuels
pour le faire évoluer. En prenant en compte cette dimension, les
pouvoirs publics et les urbanistes ne pourront proposer des évolutions
qu'en s'y adaptant, c'est-à-dire, selon Bourdin, en produisant des
offres attirantes ou du moins satisfaisantes pour la majorité de la
population. Mais ces offres ne répondent aux besoins que des personnes
qui attendent la généralisation de la mobilité active pour
laisser leurs voitures et se déplacer par ce biais. Que peut-on
instaurer pour rendre la mobilité active accessible et attractive pour
tous ? En ce sens, la ville d'Avignon se base sur le modèle des villes
des Pays-Bas, du Danemark entre autre. Elle met en avant tous les
éléments facilitant les déplacements grâce à
la mobilité active et fait tout pour restreindre l'utilisation de la
voiture. Cette stratégie est approuvée par les urbanistes. Dans
les pays nordiques, une grande place est accordée à la
mobilité active au détriment de la mobilité passive. En
effet, circuler dans ces villes en voiture est compliqué aussi bien d'un
point de vue spatial que temporel. Les géographes, les sociologues, et
les philosophent sont en accord sur ce constat. Le fonctionnement de la
mobilité active dans les pays du Nord s'explique par le fait
298 Jean-Yves Chapuis a été directeur de
l'école d'architecture et adjoint à la ville de Rennes. Il est
vice-président de Rennes Métropole, délégué
aux formes urbaines. Dernier ouvrage paru : Rennes, la ville archipel,
éditions de l'Aube.
299 Jean-Marie Halleux, « Vers la ville compacte qualitative
? Gestion de la périurbanisation et actions publiques »,
Belgeo, no 1-2 (8 mars 2012),
https://doi.org/10.4000/belgeo.7070.
300 Alain Bourdin, La métropole des
individus, Monde en cours (La Tour d'Aigues: Aube, 2005).
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que le parc automobile est trop important, créant un
engorgement et embouteillages. D'autre part, les villes nordiques revoient
leurs plans de circulation routière afin de rendre la circulation plus
fluide et favorisant l'adoption de modes de déplacement alternatifs et
durables. Il en résulte que pour réussir l'adoption de la
mobilité active pour tous, deux démarches peuvent être mise
en oeuvre : l'approche facilitatrice de la pratique
de la mobilité active et l'approche dissuasive de la pratique de la
mobilité passive (la voiture). (Cf. Figure 19 : extrait de l'OAP
thématique mobilité active -Vers la fin du tout-voiture)
Ainsi, depuis les années 2000, plusieurs courants
d'urbanisme (urbanisme durable, New
urbanism301 , etc.) ont
cherché à s'adapter aux situations dans lesquelles les villes
étaient, et à agir sur plusieurs variables d'aménagement
afin de développer une ville plus durable.
Dans ce cadre, les urbanistes ont développé les
grands principes de la « compacité qualitative » qui
conjuguent une politique spatiale et temporelle. Parmi, ces grands principes,
le premier est la réduction de l'usage de l'automobile. En
développant une offre de transports en commun et la possibilité
d'employer les modes doux, il est ainsi possible de réimaginer les
proximités spatiales. Rennes cherche à développer
précisément la « ville-archipel » par la
métropolisation. Elle veut recomposer l'espace urbain à partir
des villes périphériques et des centralités secondaires
existantes, en les densifiant, et en créant une connexité
grâce à un réseau de transports en commun et de
mobilités actives. Le second principe est de mettre en place des
urbanisations résidentielles compactes et attractives, au sein de la
trame bâtie existante et en extension autour des réseaux de
transports en commun302. Cette résidentialisation prenant en
compte les besoins sociaux d'espaces verts doit alors proposer une offre
d'espaces verts publics. C'est ce que Rennes réalise à travers la
métropole en réfléchissant à une urbanisation qui
dépasse désormais la rupture urbaine/rurale, en profitant de
l'urbanisation intra-rocade, mais également des ceintures vertes
environnant la ville.
Nous ne développerons pas plus sur l'idée de
cette ville « éco-efficiente ». À diverses
échelles, c'est ce que grand nombre de villes cherchent aujourd'hui
à réaliser et nous développerons cette description pour
Lausanne et Avignon. Ce qui nous intéresse est de repartir du constat
initial qui mène à la conception d'une ville « compacte
qualitative » et d'étudier comment la prise en compte
récente des déterminants de santé (Rennes et Lausanne) ou
leur non-prise
301 Reyburn, Stefan Reyburn, « L'urbanisme
favorable à la santé: une revue des connaissances actuelles
sur
l'obésité et l'environnement bâti »,
Environnement Urbain / Urban Environment [En ligne], Volume 4 | 2010,
mis en
ligne le 09 septembre 2010, consulté le 30 avril 2019. URL :
http://
journals.openedition.org/eue/788.
302 Halleux, « Vers la ville compacte qualitative ?
»
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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en compte explicite, actuelle303, conduit
l'urbanisme à modifier son action. En se concentrant sur l'exemple de la
mobilité active, nous allons tout d'abord réfléchir aux
réseaux de mobilité. Nous nous concentrerons ensuite sur la
question de la densité et du polycentrisme à travers une
comparaison entre l'éco-quartier de Beauregard à Rennes, le futur
éco-quartier des Plaines-du-Loup à Lausanne, et le quartier
Joly-Jean ainsi que par une étude du Plan Faubourg de la ville
Avignon.
VI.6- L'intégration de la santé dans la politique
urbaine : Analyse
interne de la prise en compte des déterminants de
santé.
Selon une étude sur les politiques urbaines de Rennes,
Avignon et Lausanne, nous faisons le constat que Rennes prend en compte les
déterminants de santé à travers divers documents de
planification. Même si la ville est membre du réseau
français ville-santé depuis 1987, elle a initié une
politique urbaine intégrant la santé au début des
années 2007/2010, par deux projets faisant l'objet d'une
Évaluation d'Impact sur la Santé (EIS) : la crèche Colette
et la Halte ferroviaire proche de l'Hôpital dans le quartier
Pontchaillou. Le premier projet s'inscrit dans une démarche
rétrospective et le second dans une démarche prospective.
À partir de ces deux expériences, la ville et la métropole
de Rennes ont commencé un travail réflexif afin d'intégrer
la santé dans les politiques urbaines comme l'a bien expliqué
Fréderic AUFFRAY lors de notre entretien sur Rennes. «
Ces deux projets ont impulsé une réflexion sur cette
thématique, un comité interdisciplinaire (EHESP, Ville de Rennes,
Université Rennes 2 etc.) a été créé afin de
mener une réflexion sur l'intégration, d'abord, de la
santé dans la politique urbaine puis dans tous les services. Le service
santé-environnement était l'instigateur du projet de promotion
d'un environnement urbain favorable à la santé en sollicitant le
service d'urbanisme. Dans un premier temps, il a été important de
mener une analyse réflexive sur l'organisation du projet, les questions
soulevées étaient d'abord d'ordre organisationnel afin
d'éviter le travail en silo: qu'est ce qui lie les services ? quelles
sont les connexions et sur quel thème pourront travailler en mode projet
? » 304
303Nous nuançons car dans le NPNRU, la
santé est explicitement prise en compte avec un « plan marche
» (cf.NPNRU, Convention)
304 Lors de l'entretien avec M. Frédéric
AUFFRAY, qui nous a expliqué la genèse de l'intégration de
la santé dans les politiques urbaines. Notamment dans la
planification.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Un travail d'acculturation a commencé à se
déployer dans les services, notamment dans celui de l'urbanisme,
tâche qui n'était pas très facile à réaliser
car 305 : « Les agents du service urbanisme étaient
réticents à l'idée d'intégrer la santé dans
la planification. Ils avaient besoin d'être acculturés et
convaincus de ce nouveau concept. Pourtant cela va de soi, lorsque nous
évoquons l'activité physique automatiquement, nous
évoquons la santé et de la même manière,
l'alimentation, la nature en ville, la lutte contre la pollution, contre les
ilots de chaleur, la gestion de l'eau etc. ». Dans une démarche
interdisciplinaire, Rennes a commencé par l'installation des
échanges avec l'université et les étudiants, notamment
l'EHESP et le CHUR (centre hospitalier universitaire de
Rennes).306
De ce fait, Rennes a inclus la notion d'urbanisme favorable
à la santé dans son tout premier Contrat Local de Santé
(CLS) 2013/2015, à son deuxième PLS et à son
EIS307. Il est à noter que le fait que la majorité des
élus de la ville soient déjà acculturés sur ce
thème a facilité son intégration dans la politique
urbaine. Sur le plan méthodologique, une EIS a été
élaborée pour la réalisation du PLUi. Celle-ci a sorti au
grand jour la problématique de l'obésité et des
problèmes dentaires chez les enfants. La ville de Rennes, souhaitant
aller plus loin dans le développement de cette thématique et dans
l'acculturation de l'ensemble des agents de la ville et de la métropole,
a mis en place des mesures importantes pour la maitrise de cette
thématique qui reste complexe. Elle créé donc des
référents santé dans chaque service pour faciliter la
communication et le travail des services en synergie, organise des
conférences internes, présente des études, met en place
des rencontres avec l'EHESP afin de les doter d'outils et de
méthodologie. La ville s'est également inscrite en partenariat
avec l'EHESP, dans une démarche internationale, Complex Urban Systems
for Sustainability and Health (CUSSH)308, qui a pour objectif de
transformer les engagements environnementaux et sanitaires en action urgente.
Il est à noter qu'un tel projet ne peut se réaliser qu'avec une
implication et une forte volonté politique. À ce titre, M. F.
AUFFRAY lance un projet de haute importance : la création d'une instance
urbanisme santé, composée d'élus et de techniciens,
coprésidée par la ville et la métropole. Cette instance
s'inscrit non seulement dans une démarche réflexive visant
à intégrer la santé dans toutes les politiques publiques
mais
305 Entretien avec M. AUFFRAY
306 Idem
307« CLS Rennes_2013-15_.pdf »,
https://www.bretagne.ars.sante.fr/sites/default/files/2016-12/CLS%20Rennes_2013-15_.pdf.
(AXE 6 : « Promouvoir un environnement urbain favorable à la
santé » Objectif 17 et action 34, p57.
308 CUSSH, « Rennes -- Complex Urban Systems for
Sustainability and Health (CUSSH) », CUSSH, consulté le 17 novembre
2021,
https://projectcussh.org/fr/cities/rennes/.
également pour prévenir et mettre en place des
mesures qui sont à même de faire face à des crises
épidémiques comme la Covid-19. En effet, la Covid-19 a
bouleversé le fonctionnement décisionnel et organisationnel de la
ville et connait l'émergence et la pratique d'un urbanisme tactique qui
est toujours d'actualité au regard de l'avancement de
l'épidémie. À ce jour la ville n'a pas assez de recul sur
les décisions prises pour y faire face.
Quant à Lausanne, elle a intégré la
santé dans le Plan Directeur Communal (PDcom de mars 2021). À
l'origine, ce sont les conseillers municipaux (Vert) qui ont formulé
dans des postulats (Cf. Annexe 3) en invitant la municipalité à
étudier la question de la santé en ville. Trois questions ont
été envoyées à la municipalité à
différentes temporalités, ainsi « Mme Natacha
Litzistorf a envoyé le postulat « La santé des
populations, c'est aussi l'affaire des Villes I »,
déposé le 19 janvier 2010 et renvoyé à la
Municipalité pour étude et rapport le 15 février 2011, le
postulat de Mme Sophie Michaud Gigon et de M. Valéry Beaud
intitulé « Doter le Nord-Ouest lausannois d'un parcours
santé (type piste vita)», déposé le 27 novembre
2012 et renvoyé à la Municipalité pour étude et
rapport le 4 février 2014, ainsi que le postulat de Mme Sophie Michaud
Gigon et consorts intitulé « Agir sur l'environnement construit
pour la santé de toutes et tous », déposé le 22
septembre 2015 et renvoyé à la Municipalité pour
étude et rapport le 27 octobre 2015
».309
Dans un rapport-préavis (Cf. Annexe 3), la
municipalité formule sa réponse favorable à ces trois
postulats et signale qu'ils s'inscrivent parfaitement dans la politique de
promotion de la santé que la municipalité envisage de mettre en
place et notamment dans l'opportunité offerte par l'urbanisation des
Plaines-du-Loup (Ecoquartier). En effet, sa philosophie est construite à
partir du projet Métasanté, que nous développerons dans la
dernière partie. La municipalité souhaite donc s'appuyer sur
trois outils pour réussir cette démarche :
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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309 Cf. annexe n°3 : Rapport-préavis de la ville de
Lausanne
1)
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Global active city est porté par les
associations evaleo, qui a pour but le développement et la promotion
active de la santé durable pour tous, et Tafisa, association
internationale pour le Sport pour tous. Le Comité International
Olympique (CIO) soutient ce projet. Global active city propose aux villes une
démarche et des outils, formalisés dans une norme, pour
fédérer et développer les initiatives sur leur territoire
et mutualiser les ressources pour une meilleure efficacité de la
promotion de l'activité physique et la santé durable pour tous.
Cette démarche débouche sur une certification. Du point de vue du
CIO, la démarche « global active city » peut également
constituer un élément de pré-héritage (pregacy)
dans le cadre des jeux olympiques de la jeunesse et constituer une partie de
son héritage (legacy) pour la Ville. Lausanne est une des sept
villes-pilotes engagée dans le projet ;
2) Le label Communes en santé a
été développé par Promotion santé Valais
puis repris et adapté par les cantons de Vaud, du Jura, de Thurgovie et
Genève. Dans le Canton de Vaud, le projet est mené par le
programme « ça marche, bouger plus, manger mieux » des Ligues
de la santé. Il permet d'effectuer un diagnostic du degré
d'implication de la Commune en termes de promotion de la santé. Ce
diagnostic terrain, agrémenté d'un catalogue de programmes
d'actions, sert de base à la construction d'une stratégie
intégrant les axes forts et les points d'amélioration
identifiés. Cette démarche débouche sur une labellisation
;
3) Le concept de Ville-Santé de
l'OMS se base sur la stratégie de la Santé pour tous de
l'OMS, la charte d'Ottawa1 (1986) et les Agendas 21 locaux. Il se concentre sur
l'ancrage stratégique de politiques publiques orientées vers la
promotion de la santé, s'appuyant sur les processus
d'amélioration continue. Une ville santé est « une ville qui
crée, améliore constamment l'environnement physique et social et
qui développe les ressources humaines permettant aux personnes
d'être utiles les unes aux autres et de développer au mieux leurs
potentialités ». Le concept de Ville-Santé OMS est une
approche socio-écologique de la santé, se fondant sur les
déterminants de la santé. Il est porté par des
réseaux nationaux : en Europe, environ 1600 Villes en font partie et on
dénombre 30 réseaux nationaux constitués. Ces trois
démarches sont en réalité complémentaires. Elles
solliciteront, de manière concertée, les mêmes acteurs et
ressources au sein de la Ville »310
Afin d'appliquer cette vision, la ville veut faire appel au
meilleur des trois moyens mis à sa disposition, c'est-à-dire
:311
310 Idem (rapport préavis de la ville)
311 Idem (rapport préavis de la ville)
· Global active city : c'est
le principal outil pour promouvoir et développer l'activité
physique. Le but est que la majorité des habitants de la ville pratique
une activité physique, surtout les personnes qui aujourd'hui n'en
pratique aucune.
· Commune en santé :
les plans d'action mis en oeuvre dans la ville sont listés ; une analyse
des différentes actions réparties sur les catégories de la
population sera effectuée afin de corriger les probables carences.
· Ville-santé de l'OMS :
c'est un moyen d'établir une stratégie globale en
définissant les fondations du projet et en dirigeant la mise en oeuvre
globale312.
Lausanne a le projet de devenir membre du réseau
Ville-Santé d'ici quelques mois.
À Avignon, le PLU, en cours de révision,
n'intègre pas la santé en tant que telle. Mais en étudiant
les documents du futur PLU, Avignon s'oriente vers l'urbanisme favorable
à la santé. Elle fait partie des villes qui agissent sur la
santé sans pour autant l'exprimer en tant que thème à part
entière. Des actions restent relativement inscrites dans l'approche
environnementaliste de la santé. Par ailleurs, les projets urbains et
les projets d'aménagement en cours illustrent cette analyse.
Actuellement, Avignon a lancé le plan Faubourg, le développement
des pistes cyclables, le réaménagement des rues en zone de
rencontre, le plan climat, etc. C'est ce qu'explique l'adjoint à
l'urbanisme de la ville d'Avignon, Paul-Roger Gontard, élu en mars 2020
: « La santé est présente de partout, quand on
fabrique des logements durables (Equoqaurtier) quand on cherche à
développer la mobilité active, quand on crée un mode de
cantine pour les enfants, basé sur un circuit court avec une production
bio, on fait de la santé, c'est ce qui me fait penser qu'on le fait
déjà ». En effet, la question de la
santé n'est pas prise en compte à l'échelle de la
planification, mais « la thématique est présente
dans les discussions mais pas la commune dans le réseau
villes-santé. Politiquement, la santé fait partie de notre ADN,
de prendre soin de ceux qui en ont le plus besoins, d'être soucieux des
plus démunis et de ceux qui sont exposés aux risques. On a
peut-être loupé la déclinaison de ce qui est
objectivé aujourd'hui par l'ONU, on va voir comment on va renforcer la
démarche ».
En effet, la municipalité est très attentive
à ces questions, la volonté exprimée d'aller plus loin
dans cette approche, d'aller sur le label Villes-Santé afin de se
remettre en question, positivement, sur la thématique de la
santé, en laisse apparaitre un fort intérêt. De ce fait,
la
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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312 Idem (rapport préavis de la ville)
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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majorité des élus et des techniciens du Vaucluse
n'ont pas ou peu d'informations sur cette thématique. C'est pour cela
que l'AURAV a répondu à un appel à projet de l'ARS afin
d'organiser au mois de Janvier 2022 un webinaire sur le thème « un
urbanisme favorable à la santé ». Ce webinaire s'inscrit
parfaitement dans la démarche d'acculturation de d'information sur cette
thématique qui reste aujourd'hui floue pour un grand nombre
d'élus et de techniciens. Comme le dit M. AUFFRAY : «
Aujourd'hui, le concept de l'urbanisme et santé est à ses
débuts, comme il y a 30 ans, le concept du développement durable
». La différence réside dans le fait que la
réglementation a accompagné le concept du développement
durable.
En effet, le Plan Local d'Urbanisme intercommunal (PLUi) de
Rennes, notamment son orientation d'aménagement programmée (OAP)
: santé, climat, énergie, le Plan Local de Santé (PLS), et
le PADD, la ville a défini de grandes orientations et principes
intégrant la santé. Cette thématique est
intégrée avec des déterminants de santé sous le
prisme environnemental : la gestion de l'eau, de la pollution, du climat etc.
Autant, sur la mobilité active, nous ne retrouvons actuellement dans ces
documents seulement des lignes directrices sans un programme
opérationnel construit à partir des déterminants de
santé. Cependant, l'ancien CLS porte un objectif clair pour favoriser
l'activité physique et la mobilité active dans la
ville313. Nous pouvons noter également qu'en 2019, la ville
de Rennes est classée 3ème du palmarès des villes
cyclables dans la catégorie des villes de plus de 200 000
habitants314. Nous pouvons donc observer que les orientations
générales exprimées dans les documents de planifications
se déclinent sur le terrain par d'autres documents notamment le CLS et
le PLS
Le Plan de Déplacement Urbain (PDU)315,
nouvellement appelé Plan de mobilité (Cf. Loi LOM)316,
intègre divers diagnostics et axes autour de la mobilité active
et particulièrement du vélo. Nous notons dans le PDU, un certain
nombre de données intéressantes regroupées dans le tableau
suivant (Figure n°19) :
313 Idem (objectif 16 action 30, 31 et 32)
314 « Enquête vélo - Infographie RM »,
consulté le 10 novembre 2021,
https://infographies.rennesmetropole.fr/enquete-velo/.
315 « PDU 2019-2030.pdf »,
https://metropole.rennes.fr/sites/default/files/file-PolPub/PDU%202019-2030.pdf.
316 « LOI n° 2019-1428 du 24 décembre 2019
d'orientation des mobilités (1) », 2019-1428 § (2019).
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n°19 : Parts modales des déplacements au
sein de la Métropole de Rennes (2007 à 2018)
Source : PADD Rennes Metropole
Nous notons donc que par la politique urbaine de la
métropole rennaise, la part modale de la marche a augmenté
significativement de 5% entre 2007 et 2018, alors que celle du vélo et
autres modes actifs sont restés stable. Le PDU explique cet effet par le
fait que pour des distances inférieures à 3km, le vélo est
délaissé au profit de la marche. Or, le vélo est
utilisé majoritairement pour des distances moyennes. Ici, il est
délaissé pour la marche, et pour la voiture ou les transports en
commun sur des distances longues. L'un des axes prioritaires du PDU est donc le
renforcement du Réseau Vélo Express qui sera centralisé
sur les axes reliant domicile travail entre la ville centre et les communes de
de la première ceinture. Le PDU envisage de créer 100 Km de voies
cyclables généralement constituées en pistes
bidirectionnelles.317 Outre, les distances moyennes, la
métropole a su développer des centralités
intermédiaires (polycentrisme), motivant la marche. Sur des distances
inférieures à 1,5km, le PDU nous précise que la marche
représente 63% des déplacements. La motivation à la
mobilité active n'est pas ici directement liée à un
déterminant de santé, elle est motivée uniquement par un
argument de densité dans le quartier (proximité des services).
La
317 « PDU 2019-2030.pdf ».
Métropole rennaise souhaite provoquer le changement de
comportement des habitants au respect des modes alternatifs de mobilité.
Ceci à travers des opération de communication et de
sensibilisation comme l'opération Mobil'acteurs318.
Pour 2030, le PDU de Rennes affiche une ambition pour
accompagner le changement de comportement en développant la part modale
de la mobilité active et des transports en communs ainsi que
réduire la part modale de l'automobile. (Cf. Figure n°20).
Figure n° 20 : Objectifs
d'évolution des parts modales à l'échelle de Rennes
Métropole (2019-2030)
Source : PDU Rennes Metropole
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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318 « Mobil'acteurs 2021 : ensemble, décrochons la
lune ! », consulté le 21 novembre 2021,
https://metropole.rennes.fr/mobilacteurs-2021-ensemble-decrochons-la-lune.
Figure n°21 : Parts modales des
déplacements au sein de de la ville de Lausanne et du
Caton de Vaud
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Le PDU traite également la question de la logistique
urbaine du centre-ville de Rennes avec un objectif en 2030 : « Zéro
livraison réalisée en diesel » (hors dérogation) et
au profit de la mobilité active. La ville de Rennes a déjà
enregistré en 2014, que 10% des livraisons du centre-ville
étaient réalisées par des livreurs à vélos.
Elle encourage les partenariats publics/privés autour de la logistique
du « dernier kilomètre ».
La ville de Lausanne dans son PDcom intègre la
mobilité active sur deux chapitres : un dédié à la
marchabilité et un autre au vélo.
Dans celui-ci, la mobilité est traitée et en
particulier le déplacement piéton et vélo. Ainsi, Lausanne
possède déjà plusieurs cheminements piétons sur
l'entièreté de la ville, et cherche à en développer
d'autres. On constate donc une part modale de la marche importante sur la ville
de Lausanne et le canton de Vaud (Figure n°21).
Source : Observatoire de la mobilité
lausannoise Indicateurs de suivi de la mobilité Edition 2021
En revanche, sur le vélo, la part modale est
particulièrement faible. Cela s'explique en grande partie par la
topographie de la ville avec ses pentes, empêchant le
développement de ce mode de mobilité. Nonobstant la topographie
de la ville, la commune adopte une politique volontariste poursuivant les
objectifs de développement de la mobilité active, notamment le
vélo. Il est à noter que la ville de Lausanne s'est inscrite dans
cette démarche depuis le premier
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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projet de Métasanté conduit par une
équipe interdisciplinaire travaillant sur des thèmes relatifs
à la santé comme étoile polaire pour réaliser des
projets urbains. Ainsi la ville de Lausanne projette une forte augmentation de
la part modale de la mobilité active et une baisse drastique de
l'automobile. (Cf. Figure n°22)
Figure n°22 : Parts modales des
déplacements au sein de de la ville de Lausanne et son ambition pour
2030
Source : Observatoire de la mobilité
lausannoise Indicateurs de suivi de la mobilité Edition 2021
La ville d'Avignon n'intègre pas explicitement,
à l'heure actuelle dans ses documents de planification, la santé.
La ville d'Avignon, et l'intercommunalité du Grand Avignon, se sont
reposées depuis la seconde partie du XXème siècle, sur un
réseau routier automobile dense, laissant peu de place aux autres
modalités. Ceci est en train d'évoluer avec les nouveaux plans de
planification et les réalisations depuis 2015 de la ville d'Avignon qui
cherchent à apaiser la trame viaire et à développer les
transports en commun et la modalité active, notamment à travers
une OAP thématique « Modalité Active »
conséquente au PLU (en cours de révision). De fait, nous
constatons que la mobilité active occupe une place moins importante que
dans les autres villes faute de politique d'aménagement.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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De plus, le PDU sous l'approche environnementaliste
(améliorer la qualité de l'air et faire face à la
transition énergétique) donne des orientations pour apaiser la
circulation et tendre à la réduction de 10% de la part modale de
l'automobile (figure n°23). Il s'inscrit dans une stratégie visant
à réduire la vitesse des véhicules. Ainsi une
hiérarchisation de la voirie tendant à créer des zones 30
pour les dessertes et des zones de rencontres en centres urbains. Il vise
également à assurer des continuités des voies cyclables au
sein des villes et entre les communes du territoire. 319
Figure n°23 : Parts modales des
déplacements au sein de l'Agglomération d'Avignon et son ambition
pour 2025
Source : Plan de Déplacement Urbains du Grand Avignon
(PDU)
Le PDU de Rennes intègre un axe de priorité sur
le développement du Réseau Express Vélo (REV). Il est
intéressant de noter que dans le PDU, une grande place est faite
à l'extension de ce réseau, au partage de cette modalité
avec celle piétonne ou les transports communs, ainsi qu'à la
promotion du vélo électrique. Cependant, l'Ecole des Hautes
Etudes en Santé Publique (EHESP) en lien avec la ville de Rennes et
d'autres, développent le projet ISadOrA320
(Intégration de la santé dans les opérations
d'aménagement urbain). Ce projet, notamment sur la mobilité
active, part des considérations de santé
(sédentarité etc.), définit des
319 « synthese_du_pdu.pdf »,
https://www.grandavignon.fr/sites/default/files/2020-02/synthese_du_pdu.pdf.
320 « 001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf »,
consulté le 17 novembre 2021,
https://www.ehesp.fr/wp-content/uploads/2020/06/001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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déterminants de santé sur la mobilité
active et les relie à des variables d'aménagement selon le
schéma suivant (figure n°24) :
Figure n°24 : Lien entre variables
d'aménagement et les déterminants de
santé321
Source : Le guide Isadora (Intégration de la Santé
dans les Opérations d'Aménagement urbain)
À partir de ces principes, le projet définit
les leviers sur lesquels l'urbanisme peut intervenir et un cahier des charges
pour agir sur ceux-ci. Parmi les points sur ce cahier des charges, on peut
relever trois types : 322
· La mixité fonctionnelle qui cherche à
créer des perméabilités et des connexions entre les
réseaux de transports, les bâtiments et les voies de modes
actifs.
· L'aménagement qui cherche à créer
le plus possible des voies et des réseaux sécurisés
dédiés aux piétons et vélos, et à
contraindre l'utilisation de la voiture.
321 « 001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf »,
consulté le 17 novembre 2021,
https://www.ehesp.fr/wp-content/uploads/2020/06/001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf.
322 « 001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf »,
consulté le 17 novembre 2021,
https://www.ehesp.fr/wp-content/uploads/2020/06/001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf.
·
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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L'attractivité qui cherche à inciter à se
mouvoir à pied ou vélo, non seulement en rendant agréable
l'environnement paysager comme urbain, mais en disposant également des
éléments attracteurs. Ces éléments attracteurs
peuvent être directement un aménagement spatial (placette etc.)
comme du mobilier urbain destiné au sport (fitness en plein air), aux
loisirs (aires de jeux, tables d'échec, jardinage etc.), au repos, mais
également à la facilitation de la pratique de la marche ou du
vélo (point d'eau etc.).
A partir donc de la définition et de la prise en
compte explicite des déterminants de santé ISadOrA est capable de
motiver des choix d'urbanisme. Or, à l'heure actuelle, le PDU de Rennes,
n'intègre pas cette dimension et se limite donc aux perspectives
d'extension sans une pensée plus précise sur l'aménagement
contraignant et incitant à la mobilité active et à
l'activité physique dans le milieu urbain.
VI.7- La déclinaison des planifications
stratégiques sur le terrain :
Analyse externe de la prise en compte de la santé-
Opérationnalité ?
Il est intéressant de noter que pour Avignon, l'OAP
« Mobilité active », sans être explicite sur les
déterminants de santé intègre certaines des
recommandations du projet ISadOrA323. En effet, dans l'OAP
thématique « Mobilité active »324, la ville
d'Avignon présente une restructuration de la trame viaire contraignant
l'utilisation de la voiture et créant des continuités, des
perméabilités et des liaisons avec les bâtiments pour les
modes actifs (figure n° 25). La ville préconise un apaisement du
flux routier, un partage des voies entre modes actifs et véhicules quand
le flux est faible à modéré, et la création de
voies spécifiques lorsque le flux routier est important.
323 « 001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf ».
324 OAP thématique -Mobilité active- PLU en cours
de révision
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n° 25 : OAP (Orientation d'aménagement
programmée) thématique modes actifs
Source : OAP- Ville d'Avignon -mars 2021
L'OAP ne se limite, par ailleurs, pas à la
restructuration de la trame viaire mais pose des premiers principes
d'aménagement incitatif à la mobilité active. Nous notons
parmi ces aménagements325 :
· « utiliser des matériaux
différents pour distinguer piétons et cyclistes.
· Afin que la rue ait un aspect moins
routier, il est recommandé d'utiliser un matériau autre que
l'enrobé sur les trottoirs ;
· utiliser des matériaux respectueux
de l'environnement ;
· utiliser des matériaux de couleur
claire, à fort albédo avec une émissivité
élevée, en évitant les phénomènes
d'éblouissement ;
325 OAP - Ville d'Avignon- mars 2021 (PLU en cours de
révision)
·
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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pour les aménagements dédiés aux
vélos, utiliser des revêtements très roulants pour assurer
un confort d'usage».326
A ces aménagements, s'ajoutent des recommandations sur
la largeur des voies, mais également des recommandations sur les
façades des bâtiments qui doivent être dynamiques et
attractives. Il existe donc une réflexion autour de la contrainte et de
l'attractivité pour inciter à la mobilité active. Avignon
intègre dans sa réflexion plusieurs points de l'analyse du projet
ISadOrA comme la continuité des modes actifs, la sécurité,
l'accessibilité simplifiée aux services mais également
l'attractivité. En revanche, sur ce dernier point, il est
intéressant de noter que l'attractivité est majoritairement
traduite par une action sur l'aménagement paysager. Nous pensons qu'il
serait intéressant de prendre en compte les déterminants de
santé et donc d'axer également l'attractivité sur des
éléments d'aménagements tels que ceux cités
précédemment pour les loisirs, le sport, ou encore d'autres
facilitant la mobilité active. Sans prétendre qu'Avignon ne
prévoit pas ces types d'équipements, nous notons que dans leur
document de planification (OAP Mobilité active), ces aménagements
ne sont pas prévus en principe. Il nous semble que cela
démontre bien que lorsque l'on ne prend pas en compte explicitement les
déterminants de santé, les possibilités de l'action de
l'urbanisme s'en trouvent donc réduites au prisme environnemental. Par
ailleurs, l'absence en principe de ces équipements, limite
également leur potentiel mise en place dans la ville et donc l'effet sur
la santé.
Un fait actuel intéressant à noter est le
dépassement de la rupture rurale et urbaine. Sur Rennes, la
ville-Archipel, a pour objectif de dépasser cela327, sans la
dépasser entièrement encore. La ville-Archipel, dans sa
structure, se veut une ville aérée et connectée permettant
l'accès facile aux différents services et espaces publics ainsi
que privés. Néanmoins elle présente des contraintes pour
les communes excentrées, notamment sur l'accès au centre de
Rennes. En effet, elle ne propose pas d'offre de mobilité à
même de désengorger la rocade qui présente une
problématique à la fois environnementale et sanitaire (pollution
et sédentarité). Ainsi, Jean-Yves Chapuis préconise aux
entreprises de retravailler et de décaler les horaires de travail, de
développer le télétravail qui permettra de diminuer la
part modale de déplacement individuel motorisé. La Rocade
rennaise, selon nous, marque donc encore une rupture urbaine importante, bien
que des perméabilités ait été créées.
C'est un défi actuel
326 Idem,
327 Jean-Yves Chapuis et Jean Viard, Rennes, la ville
archipel, Bibliothèque des territoires (La Tour-d'Aigues:
Ed. de l'Aube, 2013).
et futur pour la métropole rennaise. La ville-Archipel
ne peut fonctionner qu'avec l'intégration de la mobilité douce
à sa conception. Malgré tout, si nous étudions la
géographie rennaise et les applications concrètes de la
ville-Archipel, aujourd'hui, nous pouvons grossièrement indiquer que la
ville entre en campagne (par le mouvement de périurbanisation du
XXème siècle puis par la densification) et que la campagne entre
en ville (par l'aménagement mais aussi par la réduction des
frontières). Rennes profite de ce fait en voulant développer le
Réseau Express Vélo (REV). Ce fait, du point de vue de la
mobilité active devient intéressant à étudier. En
effet, nous avons noté qu'aujourd'hui les modes actifs sont
employés majoritairement en raison de la proximité des services
créée par la naissance de nouvelles centralités (ce que
nous étudierons plus loin). Nous constatons donc, que pour certaines
villes, les populations pour du trajet court, marchent ou prennent le
vélo. En revanche, pour du trajet moyen, la part modale des modes actifs
chute. Le point étudié précédemment sur
l'aménagement des voies pour les modes actifs est une première
réponse. Elle ne répond que partiellement à la
problématique d'incitation à la marche ou au vélo. De ce
fait, il faut profiter de réduction de la fracture entre la campagne et
la ville pour passer d'une mobilité active uniquement de court trajet
à une également de moyen trajet. De plus, Rennes dispose d'un
bureau des temps, celui-ci tient des cartes qui montrent globalement les
disparités des éloignements tout mode de transport confondu y
compris piétons et vélo. Il cherche à répondre aux
questions relatives à la temporalité de la ville et de la
métropole : Comment faire une ville de proximité ?
Comment les communes limitrophes peuvent accéder aux services et
équipements de la ville centre ? Comment organiser la ville archipel
autour des bus, métro, et mode actif ?
etc.328
Outre l'exemple du REV rennais et sa gestion de la
temporalité, il est intéressant d'étudier de nouveau l'OAP
avignonnaise (figure n°26).
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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328 Entretien avec Frédéric AUFFRAY, Directeur
responsable de la planification, maitre de conférence à
l'université Rennes 2.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n° 26 : Les grands principes du maillage des
modes actifs (OAP)
Source : OAP- Ville d'Avignon -mars 2021
Sur cette carte, concernant le vélo (mais cela peut
s'appliquer à la marche), nous notons, à ce stade, deux faits. Si
nous négligeons pour l'instant, le maillage avec le centre-ville comme
point attracteur (ce que nous traiterons ensuite), nous remarquons que la ville
compte mettre en place une vélo-route suivant la trame bleue, ainsi que
des boucles locales autour de son patrimoine naturel. Plus
précisément, la Ceinture Verte avignonnaise, espace agricole, et
l'Île de la Barthelasse, peu urbanisée, constituent des espaces
« de campagne » au sein de la ville. Avec la vélo-route, la
ville rend aisément accessible ces espaces à n'importe quel
avignonnais. De plus, elle s'appuie sur l'île de la Barthelasse,
Montfavet (avec son aspect village), pour inciter la population au moyen
trajet, en mode actif. Elle fait donc de ses trames verte et bleue des
attracteurs pour inciter à marcher et à faire du vélo. Il
serait intéressant de réfléchir à des
aménagements de santé précédemment cités,
tout en préservant l'ambiance de l'espace, pour en faire des «
centralités d'activités physiques et touristiques »
accessibles uniquement en mode doux lorsque possible. Par exemple, cela nous
semble réalisable pour l'Ile de la
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Barthelasse qui pourrait être accessible uniquement en
mode doux (sauf pour les riverains), en profitant de la vélo-route y
passant mais également de la navette fluviale et du bus arrivant
à l'Ile Piot (liée à la Barthelasse). La Barthelasse
deviendrait ainsi un parc urbain dédié à l'activité
physique et au tourisme vert.
La requalification de la trame viaire pour les modes doux ne
redéfinit pas seulement l'espace urbain mais également sa
temporalité. En effet, Rennes, Lausanne comme Avignon, travaillent sur
un double axe pour la mobilité active : l'attractivité et la
contrainte à l'usage du véhicule motorisé. Comme nous
l'avons vu, le développement des voies de partage et des voies
spécifiques au mode doux contraint déjà l'utilisation de
la voiture. Elles travaillent également à des limitations
spécifiques y compris sur les voies routières en
réfléchissant par exemple à des sens de circulation, ou
à l'abaissement des limites de vitesse. Ainsi, la temporalité est
redéfinie, au sens où, ce qui était accessible en un
certain temps dans un certain mode ne l'est plus ou le devient. Par exemple,
Avignon, avec ce projet de maillage, peut rendre accessible le centre-ville en
vélo, en moins d'un quart d'heure, pour des habitants de la
troisième couronne derrière la Rocade. Aujourd'hui, cela est
difficilement réalisable car ne serait-ce que pour traverser la Rocade,
il faut un certain temps. La création d'une continuité en mode
actif à travers la Rocade permettrait donc de réduire le temps de
traversée modifiant ainsi le temps d'accès au centre-ville.
Réciproquement, la création de continuité en mode actif
à travers la Rocade, augmente le temps de traversée en voiture.
La temporalité ainsi modifiée par la contrainte à l'usage
du véhicule individuel est un véritable facteur d'adoption de la
mobilité active. Elle devient donc un facteur d'aménagement sur
lequel nous pouvons agir en réfléchissant aux déterminants
de santé.
La contrainte sur l'usage du véhicule personnel
motorisé, implique nécessairement une offre alternative. Cette
offre alternative est une offre en mode doux, c'est-à-dire, en transport
en commun ou en mode actif. Jusqu'à présent, les villes ont
souvent présenté et appliqué cette alternative en
proposant des transports en commun et en incitant à la mobilité
active (zones de rencontre ou encore vélos libre-service) sans
réfléchir à l'adéquation entre les deux. En effet,
d'un point de vue environnementaliste, il n'est pas nécessaire d'y
réfléchir puisque l'objectif est de développer la part
modale des modes doux pour réduire la pollution (atmosphérique,
sonore, visuelle etc.). En revanche, d'un point réflexif sanitaire, il
faut réfléchir qualitativement à l'adéquation entre
les transports en commun et les modes actifs (voirie, aménagements,
attracteurs), et quantitativement à la part modale de chaque mode
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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en fonction des objectifs de trajet, et de la distance. Par
exemple, Avignon dispose d'un parking relais, le parking des Italiens, se
situant en moyenne, à pied, à moins de 10 minutes de
l'entrée des remparts (Porte Saint-Lazare), et à moins de 20
minutes du centre-ville (Place Pie). Ce parking dispose d'une navette le
reliant au centre-ville avec une fréquence de 5 à 12 minutes.
D'un point de vue environnementaliste, cela est suffisant puisque le parking
relais avec la navette permettent effectivement d'atteindre les objectifs
environnementaux. En revanche, avec une approche positive et globale de la
santé, l'objectif serait d'augmenter la part modale active entre le
parking et le centre-ville. Aujourd'hui, les usagers du parking ont tendance
à utiliser le bus puisqu'il est fréquent et que
l'aménagement n'incite pas à la mobilité active (trottoirs
réduits, voies vélo, Avenue de la synagogue, dangereuses). Si
nous prenons en compte, les déterminants de santé, alors Avignon
aménagerait les deux avenues reliant le parking au centre-ville, de
telle sorte à faciliter les modes actifs et à les rendre
attrayantes. De plus, elle réduirait la fréquence des navettes,
sans les supprimer, de telle sorte à contraindre à la
mobilité active, puisque les usagers d'un point de vue temporel y
verraient un avantage. Enfin, ces aménagements spatiaux et temporels
seraient accompagnés d'une campagne de promotion de la mobilité
active comme facteur de santé, combattant la sédentarité
(panneaux publicitaires, flyers de la ville etc.).
Lausanne intègre la mobilité active dans son
PDcom par deux chapitres : piétons et vélos. Ci-dessous, nous
disposons deux cartes, provenant du Programme d'actions du PDcom
(équivalent des OAP en France).
Ces deux cartes (Figure n°27 et 28) montrent l'existence
d'itinéraires piétons et vélos couvrant la
quasi-entièreté de la ville. Les liaisons, connexions et
perméabilités manquantes sont prévues dans le dernier
PDcom. Lausanne dans le développement de sa « trame viaire active
» a dû prendre en compte la topographie particulière de la
ville. En effet, du lac vers le Nord, Lausanne doit composer avec des
dénivelés plus ou moins importants.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n° 27 : Programme d'action thématique-
Mobilité- Vélos
Source : PDcom- Programme action - Ville de
Lausanne mars 2021
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n°28 : Programme d'action thématique-
Mobilité- Piétons
Source : PDcom- Programme action - Ville de
Lausanne mars 2021
Pour le vélo qui représentait en 2015, 2% des
modes utilisés, l'objectif est de 15% en 2030329 Lausanne,
prenant en compte des nécessités de combat contre la
sédentarité, souhaite, malgré la topographie, encourager
le mode actif qu'est le vélo. Ainsi, la ville mise sur le
« Bike and Ride»330,
c'est-à-dire une offre combinée de transports en
commun, de mise à disposition de vélos libre-service et de
stationnements pour vélo, permettant d'utiliser le vélo sur un
faible dénivelé ou un dénivelé négatif et
lorsque le dénivelé est positif et important, prendre un
transport en commun.331 Il est alors intéressant de voir que
la ville qui pourrait se limiter
329 Bureau de la communication-Web & multimédia -
webmaster@lausanne.ch, «
Observatoire de la mobilité », Site officiel de la Ville de
Lausanne, consulté le 17 novembre 2021,
https://www.lausanne.ch/vie-pratique/mobilite/mobilite-douce-et-trafic/observatoire-mobilite.html.
330 Bureau de la communication-Web & multimédia -
webmaster@lausanne.ch, «
Stationnement pour vélos », Site officiel de la Ville de Lausanne,
consulté le 21 novembre 2021,
https://www.lausanne.ch/vie-pratique/mobilite/mobilite-douce-et-trafic/a-velo/stationnement-velos.html.
331 Bureau de la communication-Web & multimédia -
webmaster@lausanne.ch, «
Stationnement pour vélos », Site officiel de la Ville de Lausanne,
consulté le 17 novembre 2021,
https://www.lausanne.ch/vie-pratique/mobilite/mobilite-douce-et-trafic/a-velo/stationnement-velos.html.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
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aux transports en commun pour faciliter les
déplacements, dans une approche environnementaliste, souhaite ne pas se
réduire à cela, et développer l'approche santé. De
plus, la topographie peut représenter, certes, une contrainte à
la mobilité active, mais également être un avantage. En
effet, si nous prenons des trajets courts, l'effort produit sur un
dénivelé positif sera plus important que sur un
dénivelé nul. Ainsi, marcher 15 minutes à Avignon, ne
représentera pas 15 minutes de marche à Lausanne (rue en pente).
La ville peut donc d'un point de vue santé aussi adapter son offre, en
encourageant fortement la mobilité active sur des courts trajets et en
adaptant sur des trajets moyens.
Cependant, toutes les démarches que nous avons
présentées, rencontrent certaines limites, notamment pour la
gestion des flux des villes voisines de la métropole de Rennes et de
l'agglomération d'Avignon.
Si nous reprenons l'exemple d'Avignon, une des applications de
ce que nous avons présentée est le Plan Faubourg332
Figure n° 29 : Desserte par boucles au sein
du Faubourg- Avignon
Source : Plan Faubourg- la Ville d' Avignon-
September 2021
332 Plan Faubourg- esprit village- ville d'Avignon
Source : Plan Faubourg- la Ville d' Avignon-
September 2021
Figure n° 29 : Sens de circulation
Faubourg- Septembre 2021
Le Plan Faubourg prévoit entre le Boulevard Saint-Roch
et la Rocade ainsi qu'entre Route de Marseille et le Boulevard Eisenhower, un
apaisement, par des zones de rencontre, zones 30, des sens uniques, ainsi qu'un
maillage et des aménagements pour la mobilité active.
Or, l'application du Plan Faubourg va certes fonctionner dans
la zone concernée, mais la contrainte sur la voiture va créer de
nouvelles problématiques. En effet, la contrainte sur la voiture au sein
d'Avignon, combinée à la mobilité pendulaire des habitants
de l'agglomération, traversant la ville pourra créer des
congestions plus importantes. Ainsi, l'application de ces plans doit
nécessairement intégrer une vision géographique plus
globale intégrant les communes du Grand Avignon. L'esprit
développé, notamment dans le Plan Faubourg doit s'étendre
aux plans de l'agglomération voire même à l'aire urbaine,
comme le fait aujourd'hui Rennes dans le cadre de la métropole. Sans
discuter précisément de ce qui pourrait être
aménagé, le Grand Avignon doit répondre à cette
problématique. La réponse à cette problématique
dépendra du point de vue adopté. En effet, comme certaines villes
l'ont fait, il est possible d'étudier des déviations, mais
également d'étudier comment adapter les déplacements des
populations au sein de l'agglomération et du territoire. À partir
d'ici, le Grand Avignon aura le choix entre une offre de transports en commun,
ou une réflexion intégrant les déterminants de
santé et proposant donc un maillage, une offre modale, qui
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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combinent transports en commun et modes actifs.
Concrètement, à partir d'une EIS, le Grand Avignon peut
étudier une offre globale par la mise en place de transports en commun
(BHNS, voies bus etc.) conjointement à la mise en place de voies pour
les modes actifs, comme le REV à Rennes en fonction des
nécessités, de la distance des communes, et de la topographie.
Aujourd'hui le Grand Avignon porte le projet NPNRU (Nouveau
Programme National de Renouvellement Urbain). Trois grands quartiers d'Avignon,
s'étalant sur 2 km sont concernés par ce programme. Cependant, au
regard de la convention pluriannuelle, on constate que peu de place est
accordée à la problématique de la santé en ville.
En effet, le NPNRU du Grand Avignon consacre seulement un article très
succinct à ce sujet (« L'urbanisme favorable à la
santé »), qui prévoit un plan Marche sur un
périmètre très réduit. En outre, le Grand Avignon
intègre cet article dans son Plan Intercommunal de Santé Publique
2020-2022 (PLS). Ce PLS n'est qu'un simple Atelier Santé Ville (ASV) qui
comporte des données sans pour autant proposer un plan d'action pouvant
favoriser la santé dans l'agglomération. En parallèle du
NPNRU, nous avons vu qu'Avignon mettait en oeuvre un Plan Faubourg visant
à réduire le « tout-voiture ». Sa philosophie est une
bénédiction pour la santé publique. Il est clair que le
NPNRU serait une aubaine pour intégrer la santé en ville de
manière plus globale. En effet, le Grand Avignon pourrait s'appuyer sur
les plans d'action du Plan Faubourg d'Avignon en les intégrant à
son NPNRU et à son Plan Intercommunal de Santé Publique pour
généraliser cette problématique à toute
l'agglomération avignonnaise. De cette manière, le Plan Faubourg
serait soutenu par le NPNRU, ce qui lui permettrait d'être
appliqué de manière efficiente. Dans cette optique, avec cette
stratégie de renouvellement urbain, le Grand Avignon profitera de mettre
une nouvelle stratégie de mobilité urbaine qui est à
même d'accompagner la réussite du Plan Faubourg et du NPNRU.
Plus généralement, l'application globale de la
mobilité engendre une réflexion au niveau de
l'agglomération et de la métropole. Cette stratégie ne
sera pas totalement efficace si une EIS n'est pas réalisée. En
effet, elle permettra de diriger les différents changements vers un
urbanisme de prévention pour la santé et vers le sentiment que
les habitants s'approprient leur espace, c'est le « droit à
l'espace »333. Ce droit à l'espace ne peut s'exercer
qu'à partir
333 Thierry Paquot, « Redécouvrir Henri Lefebvre
», Rue Descartes 63, no 1 (2009): 8,
https://doi.org/10.3917/rdes.063.0008.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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d'une connaissance considérable du territoire qui se
traduira par une réponse à «l'exigence de
beauté urbaine, de confort urbain, de bien-être
environnemental»334.
Nous avons développé plusieurs arguments d'un
point de vue d'organisation générale de la ville. Il est
désormais intéressant d'étudier la démarche des
trois villes à des époques différentes, au travers d'une
étude comparative de la conception de trois écoquartiers :
Beauregard (Rennes), Plaines-du-Loup (Lausanne) et Joly-Jean (Avignon).
La conception et construction du quartier Beauregard (Cf.
figure n° 30) a commencé dans les années 90 avec une
volonté de préserver l'esprit de la trame agricole alors
existante. Pour étudier ce quartier, nous nous appuyons sur une
étude menée par Audiar en 2014, qui se fonde sur des
témoignages d'habitants335. Nous sommes
particulièrement intéressés par l'aspect mobilité
détaillée dans l'étude. Nous notons que les habitants
marchent globalement dans leur quartier de l'Est à l'Ouest, notamment
pour les loisirs. En revanche, les habitants témoignent des
difficultés à se déplacer à pied pour sortir du
quartier, mais également à l'intérieur, sur certaines
voies, en raison de leur discontinuité pour les modes actifs. Les
déplacements à vélo sont peu usités. Le manque
d'éclairage de certaines rues pour marcher, crée des conflits
entre vélos et piétons et diminuent le sentiment de
sécurité. Également, le rapport soulève une
remarque qui indique une discontinuité de la piste cyclable, «
[...]où il faut s'arrêter tous les 100
»336. Enfin, dans certains îlots, un
certain nombre de vols dissuadent les habitants de disposer d'un vélo et
d'en faire. Pour les enfants, les parents ne laissent que très rarement
leurs enfants aller à l'école ou sortir seuls. Le Pédibus
est lui globalement inconnu par les habitants malgré son
développement. Nous notons enfin une circulation automobile existante et
potentiellement dangereuse au sein du quartier.
En résumé, le quartier évoluera
certainement dans le temps, intégrant les nouveaux objectifs de Rennes
autour de la santé.
334Idem
335 « synthese_beauregard_web.pdf », consulté le
17 novembre 2021,
https://www.audiar.org/sites/default/files/documents/editeur/etudes/synthese_beauregard_web.pdf.
336 Témoignage d'un habitat de Beauregard- Rapport Audiar-
Beauregard, Regards d'habitants.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n°30 : Quartier Beauregard
Source : Deux nouvelles cartes à
Rennes - deux degrés (
deuxdegres.net)
À Avignon, la conception de la ZAC Joly Jean (Cf.
figure n°31) a débuté en 2009 avec un écoquartier ne
correspondant pas au principe d'un écoquartier, créant un conflit
avec le voisinage. En 2014, la municipalité actuelle a donné une
nouvelle orientation à ce quartier, intégrant les principes
d'écoquartier, notamment les bâtiments à bas étages,
la nature dans le quartier et la mobilité active.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Figure n°31 : Carte espace vert et axe mode
actif centraux
Source : Avignon - Joly Jean - Citadis
(Citadis Aménageur)
Le quartier est, comme montré sur la carte,
structuré autour d'un axe fort de déplacements en mode actif,
intégrant la nature et divers éléments
d'attractivité. Parmi ces éléments d'attractivité,
nous retrouvons plusieurs jeux d'eau (l'eau étant le thème
central du quartier), mais également un théâtre de plein
air, par exemple, ainsi qu'une trame verte, existante, traversant le quartier.
Parallèlement à ce projet
Enfin, le quartier en construction Plaines-du-Loup (Cf. figure
n°32) intègre dans son programme un atelier
Métasanté, équivalent d'une EIS. À partir de cet
atelier, les déterminants de santé ont été pris en
compte dans la conception même du quartier. Ainsi, dans la carte
ci-dessous, nous observons que le quartier est structuré autour d'un axe
de mobilité active avec des centralités équidistantes.
L'atelier Métasanté intègre une vision particulière
de cet axe à travers les « rues actives ».
Concrètement, les rues actives disposeront d'un certain nombre
d'éléments attracteurs motivant l'intérêt et
répondant aux besoins de tous les âges. Ainsi, le long de ces
rues, nous trouverons des équipements de loisirs, d'activité
physique, des points d'eau, des points de jardinage etc. Les centralités
du quartier seront des parcs avec de tels aménagements mais
également la rue du marché au centre des Plaines-du-Loup incitant
également à la mobilité active. L'aménagement
paysager permettra également la motivation à la pratique de
l'activité physique. Notons également que le quartier disposera
de connexions avec d'autres en mobilité active et en transports en
commun. Les
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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stationnements seront centralisés en
extrémité du quartier pour réduire au maximum la voiture
au sein de celui-ci. Un certain nombre de garderies, d'équipements pour
les enfants seront disposés dans tout le quartier, les incitant
également à se déplacer à pied. Enfin, suivant
l'exemple de New-York, le quartier cherche à favoriser la marche, donc
l'utilisation des escaliers jusque dans les bâtiments.
Figure n°32 : Carte de synthèse de
l'atelier Métasanté- Ecoquartier Plaines du loup
Source : Ville de Lausane-Projet
Métamorphose- realisation Urbaplan 2015
Nous voyons donc que les différences entre ces
quartiers dépendent directement du point de vue initialement choisi pour
leur conception. Ainsi, Beauregard, à l'époque, mettant au centre
la préservation de la trame agricole, ne s'est peu soucié de la
mobilité active et des conséquences sur la santé. Joly
Jean constitue une transition entre Beauregard et Plaines-du-Loup où la
mobilité active est prise sous le prisme de l'environnement pour un
quartier sans voiture. Enfin, Lausanne intègre directement la
santé dans la conception des Plaines-du-Loup où dans
l'organisation du quartier (centralités, trame viaire interne, desserte,
parkings), la construction des bâtiments, la mise à disposition
des services, et une attractivité pensée, cherche à faire
bouger les futurs habitants.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Nous avons donc vu, à travers la mobilité
active, qu'en prenant en compte les déterminants de santé,
l'urbanisme acquiert une démarche préventionnelle, et
développe ses possibilités d'action.
VI.8- Comment l'intégration de la santé dans les
documents
d'urbanisme peut permettre de recréer le lien entre
médecine et urbanisme ?
Nous nous posons enfin la question de comment intégrer
explicitement la santé dans les documents de planification afin que
l'urbanisme puisse avoir une démarche préventionnelle pour la
santé limitant le tout médical. Nous constatons à Rennes
que le PADD fournit, aujourd'hui, une orientation trop générale
en principes. De même, le PLS donne des orientations et des initiatives
très générales, et pouvant être difficilement
appliquées dans l'aménagement. Autrement dit, la
non-intégration explicite et concrète des déterminants de
santé marque sur ce sujet une « rupture entre urbanisme de
planification et urbanisme opérationnel ». À Lausanne,
Métasanté intégré dans le projet
Métamorphose est un projet intégrant des principes
généraux posés par l'OMS mais également et surtout
l'équivalent d'une EIS. Cet équivalent marque des principes mais
agit également dans une opération concrète dont on voit
les effets avec la conception du projet Plaines du Loup. À partir de
Métasanté et de la volonté d'un atelier
Métasanté dans la conception des Plaines-du-Loup, la ville a
intégré la santé dans le PDcom. Elle rétablit sur
la santé le lien entre urbanisme de planification en planifiant la
santé avec des objectifs concrets (même partiellement aujourd'hui)
et urbanisme opérationnel en appliquant dans divers projets dont le
projet phare : les Plaines-du-Loup. Notons que Métasanté a
été motivé suite à la démarche du Dr.Cornuz,
directeur de la polyclinique Unisanté de Lausanne
auprès de la municipalité. Le projet Métasanté
regroupe ainsi des spécialistes de l'urbanisme, de l'architecture, des
géographes, des sociologues et surtout des médecins et des
spécialistes de la santé. Nous affirmons que c'est la
collaboration retrouvée entre médecine et urbanisme qui permet
aujourd'hui de telles avancées.
À Rennes, une telle démarche de collaboration et
d'interdisciplinarité est en cours et en construction. En effet, la
ville et la métropole de Rennes, fait de plus en plus appel à
l'EHESP dont la collaboration étroite a permis l'émergence du
projet ISadOrA, véritable guide théorique et schéma
directeur de ce que l'urbanisme de planification doit intégrer pour la
santé. Il s'agit d'un
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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projet qui permettrait également comme à
Lausanne, sur la santé, de retrouver le lien entre les deux disciplines
(médecine et urbanisme). Ici aussi, c'est la coopération
interdisciplinaire qui doit permettre de retrouver ce lien. Également,
dans un objectif d'intégrer rapidement dans les révisions futures
des documents de planification, Rennes fait partie du projet
CUSSH337 (Complex Urban Systems for Sustainability and Health). Un
projet de recherche scientifique qui tend à alimenter les
décideurs d'informations solides et des connaissances scientifique afin
de les aider dans leur choix en matière d'aménagement favorable
à la santé338. De notre point de vue, il est
extrêmement important de matérialiser de nouveau les liens entre
urbanisme et médecine afin que l'urbanisme ait une démarche
préventionnelle. Pour cela, il faut que l'État réglemente
l'intégration de la santé dans les documents de planification, au
même titre que le développement durable. Une telle
réglementation pourrait agir à plusieurs échelons en
s'appuyant sur différents types d'EIS. Au niveau du territoire, le SCOT
devrait s'appuyer sur une évaluation (regroupée) d'impact sur la
santé et sur l'environnement (EISE) de planification pour établir
ses objectifs. Ainsi, dans le SCOT, il devrait y avoir des objectifs et une
orientation qualitatifs et quantitatifs de santé et d'environnement, en
plus de ce qu'il prévoit déjà aujourd'hui. Chaque commune,
relevant du SCOT, pour appliquer ces objectifs généraux dans le
cadre de leur ville, devrait alors établir une EISE de planification au
niveau de la ville pour établir un PLU(i)SE intégrant donc les
objectifs de santé et d'environnement dans toutes les variables
d'aménagement (logements, trame viaire, transports etc.). Enfin, sur
chaque projet d'aménagement, une EISE d'aménagement, devrait
être réalisée sur le périmètre du projet en
collaboration étroite avec des médecins. Chaque EISE comporterait
une analyse du projet, mais également une projection ou un retour sur
les conséquences. Ce sont ces EISE qui permettraient de retrouver le
cadre commun entre urbanisme et médecine. Pour réaliser tout
cela, l'État doit codifier ces étapes et la nature de ces
nouveaux documents dans le Code de l'urbanisme afin qu'il puisse commencer
à prendre en compte ces facteurs partout et qu'ils soient inscrits dans
les prochaines années, dans les documents.
337 CUSSH, « Rennes -- Complex Urban Systems for
Sustainability and Health (CUSSH) », CUSSH, consulté le 17 novembre
2021,
https://projectcussh.org/fr/cities/rennes/.
338 CUSSH, « Nos villes -- Complex Urban Systems for
Sustainability and Health (CUSSH) », CUSSH, consulté le 21 novembre
2021,
https://projectcussh.org/fr/cities/.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 1
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VII- Conclusion
Bien que la santé n'ait toujours été
prise en compte dans les stratégies urbaines qu'à partir de
l'émergence de grande pandémie - ce que nous a
démontré l'histoire de nos villes - elle a su pourtant s'imposer
au progrès scientifique, technologique et économique de nos
milieux urbains.
Aujourd'hui, le changement de paradigme nous a amené
à penser autrement. Nous passons donc de la pathogénèse
à la salutogénèse339. Ce paradigme qui apporte
et précise une méthodologie qui est à même de
répondre à l'approche globale et positive de la santé
prônée par l'OMS : la prise en compte des déterminants de
santé dans une étude d'impact sur la santé en amont de
toute politique urbaine. En effet, cette même approche globale et
positive de la santé tend à rompre avec le tout médical et
à interagir avec l'approche environnementaliste.
Dans ce mémoire, nous avons essayé de chercher
et de démontrer que la santé et le bien-être des individus
peuvent se faire en dehors du corps médical et aussi de réduire
l'emprise du tout médical dans le système de la santé. En
se basant sur des études et recherches scientifiques, il nous a apparait
que l'urbanisme et l'aménagement peuvent s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour la santé. Cette
démarche nécessite la réconciliation entre la
médecine et l'urbanisme en intégrant, bien évidemment,
l'approche hippocratique de la médecine, dans la recherche de la
santé et le bien- être des individus. En effet, l'urbanisme
à lui seul ne pourra exprimer une telle ambition sans une
démarche interdisciplinaire et intersectorielle, nécessaires
à penser et étudier le comportement de l'homme et la santé
humaine dans un milieu urbain et ne pas tomber dans le
spatialisme.340
Les défis auxquels cette démarche
interdisciplinaire et intersectorielle doit faire face dans les années
à venir s'inscrivent dans l'impact « épidémique
» des pathologies chroniques, notamment celle relatives au comportement
individuel et à l'environnement bâti.
339 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET
SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants
» (OMS, 2000).
340 Maurice Blanc, « Albert Lévy (coord.), Ville,
urbanisme et santé. Les trois révolutions »,
Revue des sciences sociales, no 52 (16
mars 2015): 159-60,
https://doi.org/10.4000/revss.3306.
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Le programme villes-santé, lancé par l'OMS,
constitue un outil à la disposition des collectivités pour rompre
avec le travail en silo en intégrant la santé dans tous les
services et dans toutes les politiques locales. Le réseau
français reste peu développé, puisqu'il compte seulement
une centaine de communes sur 34 965. Et pourtant il constitue non seulement un
label encourageant les communes volontaristes en matière de santé
mais également une plateforme d'échange d'expériences et
de recherche pour un urbanisme favorable à la santé. Mais cet
urbanisme favorable à la santé ne doit-il pas tendre vers un
urbanisme préventionnel pour la santé qui, non seulement est
automatiquement favorable à la santé, puisqu'il conjugue la
méthode de l'urbanisme favorable à la santé, mais qui
s'inscrit surtout dans une démarche préventionnelle
intégrant un paradigme global et positif de la santé ? Les
facteurs de risques relatifs à la dimension sociale de la vie en ville,
la temporalité et la sédentarité, sont parmi les facteurs
auxquels il faudrait apporter une solution rapide.
Comme nous l'avons évoqué, la question de la
santé en ville reste sur la logique du volontariat et de l'engagement
des élus en matière de santé publique. Comme l'a bien
expliqué Fréderic Auffray, la santé en ville est à
ses débuts comme le développement durable il y a 30 ans.
Cette thématique a besoin d'un nouveau coup de pouce,
n'émanant pas cette fois-ci des déclarations et des
conférences de l'OMS, mais d'une réglementation qui est à
même d'imposer non seulement la santé humaine mais
également la santé animale, et environnementale (une seule
santé) (One health)341 comme la promeut le PNSE 4-. À
travers les observations du terrain et l'analyse des documents de planification
stratégiques, la thématique de la santé peine à
s'intégrer dans les politiques et projets urbains. Il est donc
nécessaire de l'accompagner par une nouvelle loi sur l'urbanisme et
santé qui est à même de l'imposer et d'orienter l'urbanisme
vers un nouveau paradigme favorisant une réelle transition urbaine.
Pourquoi pas une nouvelle loi SRU (S) qui met la santé
au centre de la planification et des projets urbains ? Ainsi le Scot se verra
appeler SCOT (ES) Environnement et santé, le PLU se verra évoluer
vers le PLUSE en intégrant la santé dans sa réglementation
et dans l'ensemble des OAP.
341 ADDIN ZOTERO_ITEM CSL_CITATION « Tribune | «Il faut
institutionnaliser le concept «One Health» pour prévenir de
nouvelles épidémies à l'échelle mondiale» |
Cirad », consulté le 27 octobre 2021,
https://www.cirad.fr/les-actualites-du-cirad/actualites/2020/institutionnel/tribune-le-monde-institutionnaliser-le-concept-one-health-pour-prevenir-les-epidemies.
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démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Les villes choisies ne sont pas comparables au regard de leur
taille et de leur topographie mais leur étude repose uniquement sur la
volonté d'intégrer et de prendre en compte la thématique
de la santé dans la conception de la ville.
Cependant, ce mémoire n'a pu traiter qu'un seul
déterminant de santé et a essayé d'apporter une
connaissance sur la problématique de base qui consiste à
réduire les prises de médicaments et à développer
les facteurs qui font santé, notamment l'activité physique. Il
serait judicieux de continuer les recherches sur d'autres déterminants
et refaire un long mémoire complet sur l'intégration de
l'ensemble des déterminants dans toutes les politiques
(réglementaires et stratégiques).
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
1 4 0 | 1 4 8
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Antiquité ». Encyclopædia Universalis. Consulté le 31
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Idéale de La Pandémie? » The Conversation. Consulté
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Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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------. « Stationnement pour vélos ». Site
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Ting Yuan David Cheng, Meng-Chih Lee, Hui Ting Chan, Chwen Keng Tsao, Shan Pou
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The Lancet 378, no 9798 (1 octobre 2011):
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Consulté le 3 octobre 2021.
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World Health Organization, éd. Global strategy
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series, no. 3. Geneva: World Health Organization, 1981.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
1 4 8 | 1 4 8
IX- Annexes
Liste des sigles utilisés
ADEME : : Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de
l'Énergie
AFSSAPS : Agence Française de Sécurité
Sanitaire et des Produits de Santé
APP : Activité physique adaptée
ARS : Agence régionale de Santé
AUDIAR : Agence d'urbanisme et de développement
intercommunal de l'agglomération
Rennaise
AURAV : Agence d'urbanisme d'Avignon Vaucluse
ASV : Atelier ville santé
AVC : Accident vasculaire cérébral
CC : Carte communale
CIAM : Congrès international de l'architecture
moderne
CLS : Contrat local de santé
DESA (ang) : Département des affaires
économiques et sociales (de l'ONU)
EIS : Évaluation des impacts sur la santé
GES : Gaz à effet de serre
HCSP : Haut conseil de santé publique
HPST : Hôpital patient santé territoire
IMC : Indice de masse corporel
INSEE : Institut national de la statistique et des
études économiques
INSERM : l'Institut national de la santé et de la
recherche médicale
INSPQ : Institut National de Santé publique du
Québec
ISS : Inégalités sociales de santé
LOM : Loi orientation mobilité
MNT : Maladie non-transmissible
OMS : Organisation mondiale de santé
ONU : Organisation des nations unis
OIHP : Office international d'hygiène publique
PCAET : Plan climat air énergie territoire
PNSE : Plan national santé environnement
PLQA : Plan local d'amélioration de la qualité
de l'air
PLU : Plan local d'uranisme
PLS : Plan local de santé
PRSE : Plan régional de santé environnement
PPA : Plan de protection de l'atmosphère
PSM : Plan de santé municipal
RGPP : Révision générale des politiques
publiques
Scot : Schéma de cohérence territorial
SDN : Société des nations
Liste des personnes interviewées
|
Nom
|
Prénonm
|
Organisme
|
Fonction
|
Gontard
|
Paul-Roger
|
Ville d'Avignon
|
Elu adjoint à l'urbanisme
|
Sylvail
|
Agatha
|
ARS
|
Responsable d'unité Eau de consommation et
Environnement
|
Lauriane
|
Delorme
|
ARS
|
Techncienne de sécurité sanitaire
|
Auriane
|
Brousse
|
AURAV
|
Technicienne d'étude
|
Laura
|
Bernard
|
AURAV
|
PLanification
|
Véronnique
|
Zeigler
|
Ville de Lausane
|
Adjointe administrative
|
Stephane
|
JOOST
|
Ecole Polytechnique fédéral Lausanne
|
Dr Laboratory of Geographic Information Systems
|
Audrey
|
Martin
|
Rennes Métropole
|
Responsable service santé - environnnement
|
Frederic
|
AUFRRAY
|
Rennes Métropole et Université Rennes
|
Enseignant chercheur et réspoansable planification
Rennes métropole
|
Questions Entretiens :
Avignon:
Présentation de mon interlocuteur : Nom Prénom,
fonction, mission
1- En parcourant les documents d'urbanisme et en analysant les
projets urbains en cours, la ville ne prend pas en compte, explicitement, la
santé ? Envisagez-vous l'intégration de la santé dans les
documents de planification et dans vos projets urbains ?
AURAV :
1- Nous constatons que la ville d'Avignon est en pleine
transformation, mais elle ne prend pas explicitement la santé dans ses
projets en cours et dans les documents de planification. L'AURAV est
chargée de l'élaboration du PLU, avez-vous conseillé
à la municipalité d'Avignon d'intégrer la santé
dans le PLU ?
2- Quelle est votre plan d'action pour sensibiliser les
collectivités à ce concept ?
ARS
1- Les services d'Avignon ne sont pas informés de
l'intégration de la santé dans la politique urbaine. Dans le
cadre du PRSE, avez-vous essayer de contacter le service urbanisme pour
l'informer du concept Urbanisme favorable à la santé et pourvoir
l'inscrire dans leur politique urbaine ?
2- Quelle est votre plan d'action pour sensibiliser les
collectivités à ce concept ?
3- Y a-t-il des médecins à Avignon qui sont
sensibles à la démarche d'articulation de l'urbanisme et la
médecine (urbanisme et santé) ?
4- Avignon a lancé un vaste programme de
renouvellement urbain (NPNRU, Plan Faubourg etc.) nous constatons qu'aucun
projet ne fait l'objet d'une EIS. Pourquoi ?
5- Quelles sont les aides et les subventions pour accompagner
les communes à intégrer la santé dans toutes les
politiques ?
15- Quels conseils et arguments offrez-vous à une commune
pour intégrer la santé dans sa politique municipale ?
Questions Entretiens :
Rennes :
Présentation de mon interlocuteur : Nom Prénom,
fonction, mission
1- Rennes ville pionnière en matière
d'urbanisme et santé, Quelle a été la genèse de ce
concept dans la ville ? Qui a eu l'idée ? comment elle a
été présentée, développée et
déclinée en projet ? Et quel a été le premier
projet ayant fait l'objet d'intégration de ce concept?
2- Selon vous quels sont les enjeux sanitaires à
Rennes et quels sont les impacts de la planification territoriale sur la
santé ?
3- En quoi la réflexion autour du concept urbanisme et
santé incite-t-elle à réinterroger le PLU ?
4- Comment Rennes s'est organisée pour intégrer
la santé dans le PLU ? À
5- quelle date ? Quels sont les acteurs partenaires ? Quelles
sont les difficultés rencontrées et comment vous les avez
surmontés ?
6- Le PLU a -t-il fait l'objet d'une EIS ? Si oui, quels sont
les acteurs et comment vous avez procéder à sa mise en oeuvre
?
7- Quel rôle L'ARS a-t-elle joué dans vos
projets ?
8- Comment les déterminants de santé pris en
compte dans le PLU se déclinent sur le terrain ? et Quel retour
d'expérience ?
9- En quoi la covid-19 a pu influencer votre politique
d'urbanisme ?
10- Avez-vous constitué une vision cartographique des
maladies chroniques à Rennes ? Et comment vous envisagez y
remédier à travers la planification locale ?
11- De quelle manière la mobilité active et
l'activité physique sont prises en compte dans le PLU ? Avez-vous fait
une évaluation rétrospective de vos actions sur la baisse de la
pollution atmosphérique et sonore, la sédentarité et les
maladies chroniques associées ?
12- Pensez-vous qu'une solution au dernier km pour le
traitement la logistique urbaine est possible ?
13- Comment le réseau villes-santé s'organise
pour promouvoir le concept urbanisme favorable à la santé
à travers la France et inciter les villes à y adhérer ?
Certaines villes ne sont pas informées de l'existence du
réseau.
14- Le dernier PNSE (PNSE4) s'inscrit dans une approche
intégrée de la santé publique, One Health (Animal, humaine
et environnementale). Comment vous vous réorientez vers ce nouveau
concept ?
16- A ce jour, le tout-médical a pris de l'ampleur
dans la vie des gens, puisqu'ils sont nombreux à penser que la
santé est faite à 65% par le traitement médical.
Pensez-vous que l'urbanisme pourra, un jour, inverser la donne ? Selon vous
à quel rythme nous devons mener nos actions en faveur d'un urbanisme
sanitaire et à quel niveau ?
17- Avez-vous fait une évaluation économique de
la mobilité active (HEAT) ?
18- Pensez-vous que l'organisation temporelle en ville
à un impact sur la santé ? (Temps de travail, temps familiale,
temps loisir, temps trajet, temps administratif) Avez-vous un projet pour
traiter cette question ?
Questions Entretiens :
Lausanne :
Présentation de mon interlocuteur : Nom Prénom,
fonction, mission
1- Comment la santé est-elle intégrée dans
votre projet urbain métamorphose ?
2- Quelles sont les éléments qui vous ont
poussé à mener une réflexion autour de cette
thématique ?
3- Les documents de planification ont-ils suivis la
démarche d'intégrer la santé dans toutes les politiques ?
(PDcom)
4- Comment la commune a accueilli ce projet
métasanté ?
5- Le projet métasanté porte uniquement sur la
sédentarité, qu'en est-il des autres déterminants de
santé?
6- En quoi la covid-19 a pu influencer votre vision de
l'environnement ?
7- Quel rôle a joué la population dans le projet
métasanté ?
8- De quelle manière la mobilité active et
l'activité physique sont prises en compte dans ce projet ?
9- Pensez-vous qu'une solution au dernier km pour le traitement
la logistique urbaine est possible dans la ville?
10- Pour quelles raisons la ville de Lausanne ne fait pas partie
des villes-santé de l'OMS ?
11- L'activité physique par la mobilité active
constitue un axe majeur pour la politique urbaine de la ville. Au regard de la
topographie de la ville, ceci ne constitue pas une contrainte ?
12- Avez-vous fait une évaluation économique de la
mobilité active (HEAT) ?
13- Pensez-vous que l'organisation temporelle en ville à
un impact sur la santé ? (Temps de travail, temps familiale, temps
loisir, temps trajet, temps administratif) Avez-vous un projet pour traiter
cette question ?
Culture et développement urbain Sports et
cohésion sociale Logement, environnement et architecture Enfance,
jeunesse et quartiers Finances et mobilité
Réponse au postulat de Mme Natacha
Litzistorf
« La santé des populations, c'est aussi l'affaire des
Villes ! »
Réponse au postulat de Mme Sophie Michaud Gigon et M.
Valéry Beaud
« Doter le Nord-Ouest lausannois d'un parcours
santé (type piste vita) »
Réponse au postulat de Mme Sophie Michaud Gigon
et consorts
« Agir sur l'environnement construit pour la
santé de toutes et tous »
Rapport-préavis N°
2017/43
Lausanne, le 7 septembre 2017
Madame la Présidente, Mesdames et
Messieurs,
1. Objet du rapport-préavis
Le présent rapport-préavis répond
au postulat de Mme Natacha Litzistorf intitulé « La santé
des populations, c'est aussi l'affaire des Villes ! »,
déposé le 19 janvier 2010 et renvoyé à la
Municipalité pour étude et rapport le 15 février 2011, au
postulat Mme Sophie Michaud Gigon et M. Valéry Beaud intitulé
« Doter le Nord-Ouest lausannois d'un parcours santé (type piste
vita)», déposé le 27 novembre 2012 et renvoyé
à la Municipalité pour étude et rapport le 4
février 2014, ainsi qu'au postulat de Mme Sophie Michaud Gigon et
consorts intitulé « Agir sur l'environnement construit pour la
santé de toutes et tous », déposé le 22 septembre
2015 et renvoyé à la Municipalité pour étude et
rapport le 27 octobre 2015.
La Municipalité entend répondre
favorablement à ces trois postulats qui s'inscrivent dans la politique
publique de promotion de la santé que la Municipalité souhaite
mettre en place et dans les opportunités offertes par l'urbanisation des
Plaines-du-Loup, tout en prenant en compte la protection de la faune et de la
flore qui nécessite de préserver certains espaces des
activités humaines.
2. Rappel des postulats
Dans le premier postulat « La santé des
populations, c'est aussi l'affaire des Villes ! », il
est
demandé à la Municipalité de définir une
politique publique lausannoise de la promotion de la
2 Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre
2017
santé, afin d'agir sur les déterminants
de la santé environnementaux, sociaux et économiques qui sont en
main des collectivités publiques. Les vecteurs clés cités
sont : la nature en Ville, l'urbanisme et le patrimoine bâti, les
transports, la politique énergétique, l'atténuation des
disparités sociales et l'accès au service de la santé. Une
attention particulière serait à porter aux populations
vulnérables (enfants, seniors, ...).
Le processus suggéré est, par exemple,
de mettre en place un diagnostic des actions déjà menées,
d'identifier le potentiel d'amélioration de l'action publique, de
participer activement au Réseau Ville-Santé de l'OMS, de
déterminer le format adéquat d'une politique publique de
promotion de la santé à Lausanne.
Dans le second postulat « Doter le Nord-Ouest
lausannois d'un parcours santé (type piste vita)», il est
demandé à la Municipalité d'évaluer le meilleur
emplacement et d'entreprendre les démarches permettant de doter le
Nord-Ouest lausannois d'un parcours santé de type piste vita. Par le
dernier postulat « Agir sur l'environnement construit pour la santé
de toutes et tous », complémentaire au précédent, la
Municipalité est priée d'étudier l'opportunité de
mettre en place, non seulement dans le cadre du réaménagement
à venir des Plaines-du-Loup, mais également sur l'ensemble du
territoire lausannois, un environnement permettant la pratique
d'activités physiques, par exemple par un réseau de cheminements
agréables, à la portée du plus grand nombre notamment afin
de pouvoir marcher ou faire du sport.
Le texte de ce troisième postulat fait
référence au projet MétaSanté de la Policlinique
médicale universitaire (PMU) qui propose, sur le site des
Plaines-du-Loup dans le cadre du projet métamorphose, des
aménagements urbains susceptibles de stimuler l'activité
physique. Le rapport de recherche constate que l'exercice physique de
proximité accessible à toute personne, quels que soient son
revenu et ses disponibilités, est source de santé et de
bien-être. Les effets bénéfiques pour la santé
peuvent être obtenus par une activité physique
régulière d'intensité modérée assimilable
à une activité quotidienne, comme faire les courses à pied
ou marcher plus lors des déplacements ordinaires. Ce travail est un
exemple de prise en compte de la dimension santé dans
l'aménagement urbain pour aboutir à ce qu'on pourrait
définir comme un environnement favorable à la
santé.
3. Table des matières
1. Objet du rapport-préavis 1
2. Rappel des postulats 1
3. Table des matières 2
4. Mise en place d'une démarche de promotion de
la santé 3
4.1 Les enjeux 3
4.2 Les moyens d'actions 3
4.3 Les outils 4
4.4 La démarche 4
5. MétaSanté : promouvoir
l'activité physique et la santé dans le projet
Métamorphose 5
6. Un parcours santé dans le Nord-Ouest
lausannois 6
6.1 Bouger au quotidien 6
6.2 Sports et mouvements faciles d'accès
7
6.3 Un projet concret 8
7. Réponse de la Municipalité
9
8. Cohérence avec le développement durable
9
9. Aspects financiers 9
Rapport-préavis No 2017/43 du 7
septembre 2017 3
9.1 Incidences sur le budget d'investissement
9
9.2 Incidences sur le budget de fonctionnement
9
10. Conclusions 10
4. Mise en place d'une démarche de promotion de la
santé
Partant du constat que les villes disposent de levier
pour agir sur la santé et le bien-être de leurs habitants, la
Municipalité s'engage dans une démarche de promotion de la
santé, qui s'articule autour de trois outils. Cette démarche
s'appuiera sur un réseau de compétences externes afin de poser
une stratégie globale en matière de promotion de la
santé.
4.1 Les enjeux
La mise en place d'une politique publique de promotion
de la santé se fonde sur les enjeux croissants et majeurs en termes de
santé publique, en particulier la sédentarité,
l'alimentation et le vieillissement de la population.
La sédentarisation et les mauvaises habitudes
alimentaires sont responsables de l'augmentation des maladies dites «
non-transmissibles » telles que les maladies cardiaques, l'hypertension,
le diabète, certains cancers et les problèmes psychiques. Ces
maladies sont dorénavant responsables de sept décès sur
dix dans le monde. Les maladies coronariennes et les accidents vasculaires
cérébraux sont les premières causes de mort
prématurée, dans les pays dont l'indice sociodémographique
est élevé ou moyen.
Il s'agit d'un enjeu dont les moyens à
déployer sont systémiques et touchent toutes les
catégories d'âges et de classe sociale de la
population.
4.2 Les moyens d'actions
Parmi de nombreux domaines, la promotion de
l'activité physique, du lien social et d'une alimentation saine sont
ceux où les villes ont le plus de moyen d'agir. L'aménagement
urbain (environnement construit et espaces verts) est également un
vecteur pour intégrer la promotion de la santé au sens large dans
les quartiers.
Promouvoir la santé signifie agir sur les
déterminants de la santé, notamment :
- les conditions de vie (logement, nourriture, transport,
...) ;
- les conditions de travail ;
- la qualité de l'environnement physique, social
et culturel.
Parmi les nombreux enjeux liés à une
politique multisectorielle de la santé, on peut citer :
- lutter contre les inégalités en
matière de santé ;
- favoriser les modes de vie sains ;
- promouvoir un environnement et un aménagement
urbains respectueux de la santé ;
- promouvoir l'activité physique et l'alimentation
saine ;
- mettre en place les conditions pour vieillir en bonne
santé ;
La Ville de Lausanne ne part pas de zéro et de
nombreux programmes et actions sont déjà en
place. On peut notamment citer :
- les réseaux de cheminement piétonniers ou
l'action Pédibus ;
- la zone fair-play de Vidy ;
- sport passion ;
- la restauration collective durable ;
- la fête des voisins ;
4 Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre
2017
- la lutte contre les pollutions sonore et lumineuse
;
- les aménagements pour tous et multi-usages dans
les parcs et espaces publics.
Une meilleure coordination des différents
acteurs-clés internes et externes, afin d'une part de valoriser les
efforts menés et d'autre part d'identifier les domaines qui devraient
davantage être investis sera mise en place.
4.3 Les outils
La Municipalité a retenu trois outils
complémentaires pour favoriser la promotion de la santé
:
1. Global active city est porté par
les associations evaleo, qui a pour but le développement et la promotion
active de la santé durable pour tous, et Tafisa, association
internationale pour le Sport pour tous. Le Comité International
Olympique (CIO) soutient ce projet. Global active city propose aux
villes une démarche et des outils, formalisés dans une norme,
pour fédérer et développer les initiatives sur leur
territoire et mutualiser les ressources pour une meilleure efficacité de
la promotion de l'activité physique et la santé durable pour
tous. Cette démarche débouche sur une certification. Du point de
vue du CIO, la démarche « global active city » peut
également constituer un élément de
pré-héritage (pregacy) dans le cadre des jeux olympiques de la
jeunesse et constituer une partie de son héritage (legacy) pour la
Ville. Lausanne est une des sept villes-pilotes engagée dans le projet
;
2. le label Communes en santé a
été développé par Promotion santé Valais
puis repris et adapté par les cantons de Vaud, du Jura, de Thurgovie et
Genève. Dans le Canton de Vaud, le projet est mené par le
programme « ça marche, bouger plus, manger mieux » des Ligues
de la santé. Il permet d'effectuer un diagnostic du degré
d'implication de la Commune en termes de promotion de la santé. Ce
diagnostic terrain, agrémenté d'un catalogue de programmes
d'actions, sert de base à la construction d'une stratégie
intégrant les axes forts et les points d'amélioration
identifiés. Cette démarche débouche sur une labellisation
;
3. le concept de Ville-Santé de l'OMS
se base sur la stratégie de la Santé pour tous de l'OMS, la
charte d'Ottawa1 (1986) et les Agendas 21 locaux. Il se concentre
sur l'ancrage stratégique de politiques publiques orientées vers
la promotion de la santé, s'appuyant sur les processus
d'amélioration continue. Une ville santé est « une ville qui
crée, améliore constamment l'environnement physique et social et
qui développe les ressources humaines permettant aux personnes
d'être utiles les unes aux autres et de développer au mieux leurs
potentialités ». Le concept de Ville-Santé OMS est
une approche socio-écologique de la santé, se fondant sur les
déterminants de la santé. Il est porté par des
réseaux nationaux : en Europe, environ 1600 Villes en font partie et on
dénombre 30 réseaux nationaux constitués.
Ces trois démarches sont en
réalité complémentaires. Elle solliciteront, de
manière concertée, les mêmes acteurs et ressources au sein
de la Ville.
4.4 La démarche
La démarche proposée consiste en une
articulation des outils à disposition pour tirer le meilleur parti de
chacun et de leur complémentarité :
Global active city sera l'outil central pour
développer le volet de la stratégie concernant l'activité
physique avec pour objectif de mettre en mouvement l'ensemble de la population,
en particulier les personnes qui aujourd'hui ne bougent pas ou peu. Il propose
des outils pour établir une stratégie coordonnée avec un
plan d'actions et des indicateurs clés de performance, ainsi que pour
construire une alliance autour du projet et en assurer la mise en
oeuvre.
1 Document fondateur de la promotion de la
santé
Rapport-préavis No 2017/43 du 7
septembre 2017 5
Quant à « Communes en santé
», il permettra d'établir un inventaire des mesures existantes
dans la commune et un bilan de situation sur la répartition des actions
en fonction des cibles notamment afin d'identifier les manques
éventuels. Ce bilan nourrira la stratégie qui pourra être
élaborée sur la base de cet inventaire.
Enfin, Ville-Santé de l'OMS permettra
de construire la stratégie globale, d'assurer le cadre de
référence et de chapeauter l'ensemble du processus.
Les premières actions ou programmes d'actions
devraient voir le jour dans le courant de l'année 2018.
5. MétaSanté : promouvoir l'activité
physique et la santé dans le projet
Métamorphose2
Le rôle favorable que l'environnement construit
peut jouer dans la promotion de l'activité physique a été
démontré sur le plan scientifique. Sur la base de ces constats,
le projet MétaSanté a été initié par la PMU
afin d'intégrer la dimension de la promotion du mouvement et de la
santé dans le programme urbanistique Métamorphose pour le site
des Plaines-du-Loup.
Les objectifs poursuivis sont de permettre un
accès à l'activité physique de proximité à
toute personne, quels que soient son revenu et ses disponibilités,
promouvoir la santé de manière structurelle grâce à
l'urbanisme et aux aménagements urbains et faire bouger les personnes
sédentaires réfractaires au mouvement sans qu'elles n'aient
l'impression de faire un effort particulier.
Outre la collaboration active de la Ville de Lausanne,
de nombreux partenaires se sont investis dans ce projet, parmi lesquels : le
Service des sports (UNIL), la Faculté Environnement naturel,
architectural et construit (EPFL), le laboratoire Transport et mobilité,
les Ligues de la santé du Canton de Vaud, l'Institut des sciences du
mouvement et de la médecine du sport (UNIGE) Genève, la
Communauté d'études pour l'aménagement du territoire
(CEAT-EPFL), de la Faculté de géosciences et de l'environnement
(UNIL), de l'Institut des sciences de l'environnement (UNIGE), de l'Institut de
l'urbain et des territoires (EPFL), etc..
Pour atteindre une intégration pratique de
MétaSanté dans Métamorphose, un atelier de dialogue entre
les regards des « théoriciens » et des « praticiens
» a été élaboré afin d'imaginer des parcours
de marche balisés et adaptés à différents publics
en tirant profit de l'étendue du quartier et de ses pôles
d'attraction.
Cet atelier a débouché sur huit
propositions concrètes qui ont été intégrées
dans le cahier des charges de l'écoquartier des Plaines du Loup
:
- le parcours : générer à travers
un réseau de parcours une perméabilité forte au sein de
l`écoquartier en continuité des quartiers voisins, afin de
créer de multiples cheminements continus et en boucle adaptés
à de multiples usages à tous les âges ;
- les attracteurs : encourager la mobilité
active à l'intérieur du quartier en ponctuant les parcours avec
des attracteurs (point de vue, parc, équipement, etc.) et des
éléments de destination quotidienne (places de jeux, commerces,
etc.) répartis et en lien avec les quartiers voisins ;
- les liens interquartiers : connecter le quartier aux
quartiers voisins par des
cheminements aménagés continus (promenades,
boucles, passages piétons, etc.) ;
- le balcon public : poursuivre le parcours
jusqu'à un balcon public en hauteur offrant un point de vue sur le grand
paysage ;
2 Bize Raphaël, Auer Reto et Cornuz Michel «
Métasanté : promouvoir l'activité physique et la
santé au sein du programme urbanistique lausannois Métamorphose
», Les Cahiers du Développement Urbain Durable, Urbia : ville,
santé et urbanisme 18, pp. 57-69, décembre 2015.
6 Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre
2017
- l'esplanade des loisirs : aménager un espace
public pour tous avec des activités de loisirs, des attracteurs publics
(point d'eau, etc.) ;
- la rue du marché : programmer une rue
commerçante dans laquelle prend place le marché du quartier
;
- la maison de quartier dans le parc : proposer une
programmation d'évènements intérieurs et extérieurs
à travers la maison de quartier, ouverte sur le parc qui animent de
façon éphémère l'espace public ;
- les rues actives : aménager des espaces pour
des activités diverses réparties dans les rues (jardinage, jeux,
etc.).
6. Un parcours santé dans le Nord-Ouest
lausannois
6.1 Bouger au quotidien
Si les conseils favorables à la santé
sont bien connus (cinq fruits et légumes quotidiens, bouger plus, etc.)
leur application journalière n'est pas toujours aisée. Ainsi,
pour la majorité des personnes, l'exercice le plus simple à
accomplir est la marche à pied. La campagne « Lacets
» de la Ville de Lausanne a rappelé que « Marcher
c'est se dépenser ... sans dépenser », mais aussi que
dès une demi-heure de pratique quotidienne, la capacité
respiratoire est augmentée et l'entretien des muscles et des
articulations est assuré (voir annexe). L'activité physique est
un facteur essentiel pour agir non seulement sur la santé en
général mais également pour prévenir ou
atténuer certaines maladies liées au mode de vie et à la
sédentarité, comme les maladies cardiaques, l'hypertension
artérielle, le diabète, le cancer du sein et les problèmes
psychiques3.
Une étude se basant sur les données
collectées en Suisse a estimé que le manque d'activité
physique avait été potentiellement responsable de plus de 1'100
décès et de plus de 300'000 cas de maladies en 2011. Cette
étude estime par ailleurs que les coûts directs liés au
manque d'activité physique se sont montés à 1.2 milliards
de francs durant cette même année4. Ce constat fait de
la promotion de l'activité physique un objectif prioritaire de
santé publique.
Les recommandations médicales en matière
d'activité physique pour les adultes préconisent d'effectuer 150
minutes d'activités physique d'intensité modérée
par semaine ou 75 minutes d'activité physique d'intensité
élevée par semaine5. Selon l'enquête suisse sur
la santé conduite en 2012, 44% des répondant-e-s déclarent
effectuer au moins 150 minutes d'activité physique d'intensité
modérée par semaine et 28% d'autres répondant-e-s
déclarent effectuer une activité physique entraînant la
transpiration au moins trois fois par semaine6. Si l'on
considère que ces deux catégories pratiquent un volume suffisant
d'activité pour la santé, il reste 28% des répondant-e-s
qui seraient insuffisamment actifs. Les femmes, les personnes
âgées et les migrant-e-s sont en moyenne davantage
concerné-e-s par le manque d'activité physique que le reste de la
population.
3 Bize R. (2012), Promotion de l'activité
physique au cabinet médical : manuel de référence à
l'intention des médecins, Lausanne - Policlinique.
4 Mattli R., Hess S., Maurer M., Eichler K., Pletscher
M. et Wieser S. (2014). Les coûts sociaux de l'inactivité physique
engendrés en Suisse. Bulletin de l'Office fédéral de la
santé publique, 36/14, pages 587-590.
5 Réseau suisse santé et activités
physique (
HEPA.ch).
6 Office fédéral de la statistique (OFS)
(2012). Enquête suisse sur la santé 2012 : Vue d'ensemble
publication ID : 5353.
Rapport-préavis No 2017/43 du 7
septembre 2017 7
6.2 Sports et mouvements faciles
d'accès
Les offres traditionnelles de sport et de mouvement
sont nombreuses à Lausanne, qui compte plus de 40'000 membres de clubs
sportifs, dont plus de 20'000 licenciés pratiquant plus d'une
septantaine de sports différents dans plusieurs centaines de clubs et
associations.
Sans être membre d'un club sportif, les
conditions générales de vie à Lausanne sont propices
à la détente en plein air et à la pratique d'une grande
diversité d'activités physiques (lacs, grandes forêts,
parcs publics, quais, places de jeux, skate parcs, zones sportives, terrains
multisports, fitness urbain, pistes finlandaises, etc.). Une carte recensant
ces équipements a été publiée par la Direction de
l'enfance, jeunesse, et quartiers.
Une attention particulière est portée
aux seniors et aux personnes à mobilité réduite avec
l'aménagement de cheminements sécurisés et l'installation
de bancs conçus pour répondre à leurs besoins
spécifiques en termes d'hauteur d'assise, d'inclinaison du dossier et de
présence d'accoudoirs.
En dehors de l'offre à disposition dans
l'espace public et hors du cadre des clubs de sport, il existe plusieurs
possibilités pour les enfants et les jeunes de pratiquer une
activité sportive. « Sports passion » propose aux enfants,
dès l'âge de 9 ans, de s'initier gratuitement à plus de
quarante sports différents le mercredi après-midi. Pour les
jeunes de 13 à 25 ans, il existe également des
opportunités informelles de pratiquer divers sports sans faire partie
d'un club. La Direction de l'enfance, de la jeunesse et des quartiers met
plusieurs salles de sport à disposition des jeunes sportives et
sportifs, d'octobre à mai, sous l'égide du médiateur
sportif de la Ville, afin de pratiquer notamment le basket et le football. En
plus de ces offres concrètes, le médiateur sportif de la Ville
soutient et encourage les pratiques sportives émergentes et
spontanées ou non reconnues officiellement telles que le roller, le
skateboard, la slackline, le parkour, le roller Derby ou encore le vélo
de descente. Il accompagne des groupes de jeunes ou nouvelles associations pour
leur permettre de trouver des lieux de pratique et d'organiser leur
activité, afin que ces pratiques soient reconnues comme une
activité de loisir sportif à part entière, et de
manière générale de répondre aux besoins des
pratiquantes et pratiquants de sports non
fédérés.
Accessible à tous, ou presque, la marche
à pied est l'activité physique la plus facile d'accès.
Selon les résultats du micro-recensement mobilité et transports
de 2015, il ressort qu'en moyenne les habitants7 de
l'agglomération lausannoise marchent trente minutes par jour et
parcourent un peu plus de deux kilomètres. C'est dans les villes que les
habitants marchent le plus (33 minutes dans les villes-centres
d'agglomération et villes isolées, 28 minutes dans les autres
communes d'agglomération et 27 dans les communes rurales). La marche a
une place importante par rapport au nombre d'étape. Une étape est
définie comme une partie d'un déplacement qui est parcourue avec
le même moyen de transport, par exemple se rendre de son domicile
à la garderie à pied, puis de cette dernière à son
lieu de travail en bus représente deux étapes d'un
déplacement. Dans l'agglomération lausannoise, 2.75 étapes
sont effectuées à pied sur la moyenne des 5.5 étapes
quotidiennes par personne.
En ce qui concerne le vélo, bien que les
chiffres tirés du micro-recensement mobilité et transports soient
très faibles (en moyenne, 800 mètres et 4 minutes par jour et par
personne sont parcourus en vélo par jour en Suisse), le recours au
vélo est de plus en plus courant en Ville8. Une augmentation
du nombre de cyclistes est également observée à
Lausanne9. Le vélo est un mode de transport économe en
énergie et en espace, rapide, efficace et bon pour la santé.
La
7 Echantillon de 2'553 personnes (population
résidante permanente de 6 ans et plus) dont le domicile se trouve dans
l'agglomération lausannoise
8 Le nombre de vélos dans notre pays est
estimé à 4,2 millions dont près de 3 millions seraient
effectivement en mouvement selon l'office suisse de conseil pour deux-roues
(OSCD).
9 Service des routes et de la mobilité,
Observatoire de la mobilité, édition 2013.
8 Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre
2017
Ville soutient activement l'usage du vélo
(aménagements de pistes cyclables, subvention à l'acquisition de
vélos électriques, mise à disposition de places de
stationnement, installation de places de stationnement
sécurisées, PubliBike, formation des écoliers, projet
pilote de déploiement d'un système de localisation des
vélos volés, etc.).
6.3 Un projet concret
Le Nord-Ouest lausannois comporte de nombreux
quartiers d'habitation et le nombre d'habitants et d'emplois va encore
croître fortement ces prochaines années, avec le
développement de l'écoquartier des Plaines-du-Loup notamment.
Densifier la ville permet d'augmenter le nombre d'habitants tout en y
développant la qualité de vie, notamment en termes de
mobilité, d'espaces publics et d'espaces de sport et de détente.
Les deux forêts urbaines du Bois-Mermet et du Désert sont des
espaces de ressourcement qui se trouvent de part et d'autre du futur
écoquartier des Plaines-du- Loup. Il conviendra alors de trouver un
équilibre entre un usage récréatif et la sauvegarde de la
faune et de la flore, à l'exemple de ce qui a été fait
autour du parc de Sauvabelin.
Afin que chacun trouve sa place, il sera
nécessaire lors de la planification et la réalisation des projets
de définir clairement la localisation et l'ampleur des passages de
mobilité douce et de mutualiser l'emplacement des équipements
sportifs en certains lieux pour ne pas pénaliser les espaces naturels et
préserver des zones de tranquillité pour la nature. Ainsi,
certaines zones de forêts conserveront leur caractère naturel. En
cas de création de nouveaux itinéraires de mobilité douce,
la Direction générale de l'environnement (DGE-VD) pourra exiger
la destruction d'autres cheminements et de certaines
infrastructures.
Parallèlement, pour éviter
l'étalement urbain et optimiser l'usage du sol en centre urbain, il
faudra savoir mutualiser les différents usages et opter pour une
multifonctionnalité des lieux de vie : travailler, se
récréer et habiter au même endroit fait désormais
partie des objectifs urbanistiques de la ville. Ainsi, il sera possible, par
exemple, d'éviter de recourir à la voiture pour aller faire du
sport en plein air tel la course à pied.
Par conséquent, dans le cadre des
aménagements futurs de l'écoquartier des Plaines-du-Loup, il est
tout à fait pertinent de penser relier les deux grands
éléments paysagers de ce secteur. Ces aménagements
permettront non seulement aux riverains de se les approprier mais
également à la faune et la flore de bénéficier de
liaisons biologiques valorisées. Ils seront le support pour la
mobilité douce et pour le développement d'un parcours attrayant
à travers le quartier. Le Bois-Mermet possède déjà
une piste finlandaise et pourrait aisément comporter plusieurs postes de
parcours santé. Le Bois du Désert serait à aménager
vraisemblablement de manière plus modeste, de nombreux cheminements
propices y existant déjà.
A ce stade du projet, il n'est pas encore possible de
présenter des plans de réalisation précis. Cependant, un
groupe de travail est actuellement en train de réfléchir à
la meilleure manière de réaliser ces parcours, pour en faire des
itinéraires proches des habitants et agréables à parcourir
selon les envies et capacités de chacun et chacune. Les premiers travaux
ont permis de définir des principes sur lesquels la réalisation
pourra s'appuyer. Notamment, les parcours utiliseront des sentiers existants
dans les espaces forestiers, il ne s'agit pas d'y créer de nouveaux
cheminements. Des boucles seront identifiées par exemple dans la
forêt du Désert, aux Plaines-du-Loup, au Bois Mermet et à
Sauvabelin, ces boucles seront reliées entre elles par des cheminements
de transition, afin de permettre des parcours courts, longs, voire très
longs selon les envies et capacités des utilisateurs. Aucun
équipement lourd ne doit être installé dans les zones
naturelles. Les parcours seront identifiés par une signalétique
commune, à deux échelles, (par boucle et pour le parcours
complet). Cette signalétique sera discrète par exemple par des
marquages au sol. Ces principes pourraient être repris pour la
création et le marquage éventuels d'autres parcours en ville (par
exemple, le jalonnage permanent du parcours des « 20 km de Lausanne
»).
Rapport-préavis No 2017/43 du 7
septembre 2017 9
En conclusion, il est tout à fait souhaitable
d'offrir des zones de mouvement, de délassement et de pratique du sport
de proximité dans l'ensemble de la ville, comme il en existe
déjà grâce aux parcs publics, aux pistes finlandaises et
aux fitness urbains. Le Nord-Ouest lausannois recèle plusieurs lieux de
délassement à valoriser en faveur de la population tout
préservant certaines zones de la pression humaine. Des
aménagements en des lieux regroupés (bancs et matériels
simples) invitant au mouvement seront prévus en priorité dans le
cadre du travail urbanistique des Plaines-du-Loup.
7. Réponse de la Municipalité
L'engagement de la Municipalité dans une
démarche de promotion de la santé avec les acteurs clés du
domaine et la prise en compte de la promotion de l'activité physique, du
lien social et d'une alimentation saine comme axes d'actions permet d'avoir une
démarche inclusive et cohérente de la promotion de la
santé. Sur la base des outils décrits au point 4.3, la
Municipalité présentera, dans le courant de la
législature, un préavis sur la promotion de la
santé.
Une des réalisations concrètes de cette
démarche sera la mise en place d'un parcours santé dans le
Nord-Ouest lausannois qui donnera la possibilité aux habitants de
pratiquer une activité physique de proximité, accessible au plus
grand nombre.
Par ailleurs, suite au travail élaboré
par MétaSanté, une attention particulière sera
portée par les services compétents à offrir de nouveaux
cheminements élargissant la démarche des Plaines-du-Loup aux
autres quartiers de la Ville. Il est à noter que le Service de
l'urbanisme dans sa pratique quotidienne promeut la mixité des usages,
la marchabilité et la création d'espaces conviviaux. Des
recommandations du projet MétaSanté, comme le fait de concevoir
des escaliers avenants, de les signaler au moyen de messages encourageant
à les emprunter, etc., présentent un potentiel de promotion du
mouvement encore inexploité à mettre en place.
8. Cohérence avec le développement
durable
La réponse aux postulats est cohérente
avec le développement durable. Concernant le parcours santé, une
part raisonnable des zones forestières doit être
réservée à la conservation de la nature, hors cheminements
et postes sportifs.
9. Aspects financiers
9.1 Incidences sur le budget d'investissement
Ce préavis n'a pas d'incidence sur le budget
d'investissement de la Ville. Les conséquences financières
liées aux aménagements urbanistiques des Plaines-du-Loup seront
traitées dans un préavis spécifique.
9.2 Incidences sur le budget de fonctionnement
Ce préavis n'a pas d'incidence sur le budget de
fonctionnement de la Ville. Une fois le cheminement existant, l'entretien sera
financé par le budget de fonctionnement ordinaire des services
concernés. Les préavis qui demanderont les crédits de
réalisation préciseront les coûts de fonctionnement
induit.
10 Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre
2017
Annexes : Annexe n° 1 - carte
vélo
Annexe n° 2 - campagne « Lacets
»
10. Conclusions
Eu égard à ce qui précède,
la Municipalité vous prie, Madame la Présidente, Mesdames et
Messieurs, de bien vouloir prendre les résolutions suivantes
:
Le Conseil communal de Lausanne,
vu le
rapport-préavis N° 2017/43 de la Municipalité, du 7
septembre 2017 ;
ouï le rapport de la commission nommée pour
examiner cette affaire ;
considérant que cet objet a
été porté à l'ordre du jour,
décide
:
de prendre acte des développements des
intentions municipales ;
1. d'adopter la réponse de la
Municipalité au postulat de Mme Natacha Litzistorf « La
santé des populations, c'est aussi l'affaire des Villes ! »
;
2. d'adopter la réponse de la
Municipalité au postulat de Mme Sophie Michaud Gigon et M. Valéry
Beaud intitulé « Doter le Nord-Ouest lausannois d'un parcours
santé (type piste vita) » ;
3. d'adopter la réponse de la
Municipalité au postulat de Mme Sophie Michaud Gigon et consorts
intitulé « Agir sur l'environnement construit pour la santé
de toutes et tous ».
Au nom de la Municipalité :
Le syndic : Grégoire Junod
Le secrétaire : Simon Affolter
Rapport-préavis No 2017/43 du 7
septembre 2017 11
Annexe n° 1 - carte vélo :
12
|
Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre 2017
|
Annexe no 2 - campagne « Lacets » :
Montolleu rmz-seenaud
la Rosi=
Par-ei, par-Là, partout...
...Lausanne eat à portée de
pais
Temps de déplacement et pied exprimé
minutes. calculé sur one base deg km/h. Voua berce
peut-dire mieux!
Ylata' e-Leman --_
Valmont
·
Z a û s a n n e
·
IWS vit
à pied Bel
Boieeonnet
VaLLI
Bleeherette
Pi
ly-gare
Bourdonnette
norlgny-UNIL
1'
Marcher c'est la liberté! A toute heure, vous
déambulez comme bon voue semble. Rapidement ou
tranquillement. oeul ou en compagnie. voua paoaez d'un endroit d
l'autre en
empruntant la ligne droite ou les chemina de
traverse. A chacun sa voie.
Marcher c'est la santé. Avec une
demi-heure de
pratique
quotidienne, on augmente sa
capacité
respiratoire. on entretient
ses muselez et des articulation,:
on
lutte contre la prise de poids,
l'hypertension, le diabète
et
l'ostéoparade.
CO puis ai la montée voue tait rougir,
essayez la
deaeente. Faites-u°ve
plaisir, 'la marched pied cet encore
le
meilleur des exercices" disait Gide.
Marcher c'est se rencontrer,
Rien de tel que l'espace
publie
pour nouer des contacta et
joindre l'utile h
l'agréable.
Vive y. ulo-mobèlité I
Marcher c'est respecter
con.
environnement Pas besoin
cistre Nobel de
chimie pour
s r que les
en monoxyde de l'homo da piens dont égaies
d zéro.
Merci pour lee autres
d'avoir de l'égard
pour soi
Renoeignemento: ozi/yi5 55 t5
Marcher 'cet ee
dépenser..snne
dépenser.
inutile d'y aller
par quatre
chemine.
zoo pieds représentent
toujours le moyen
de
locomotion le meilleur
marché qui soit.
a~ a a II °e
·
·
il fiait bon marcher
êtes-voua
auto-mobile?
Par-ci, par-la, partout...
... Lausanne eat à portée de pais
Suite page 2
Direction générale des affaires
institutionnelles et des communes (DGAIC)
|
Traitement d'une motion - d'un postulat
|
|
|
Oui
Non
La proposition est classée
La motion - le postulat est porté à l'ordre du
jour
Le conseil examine la proposition :
la motion - le postulat
est-il recevable ?
(Le règlement du conseil précise la
procédure à suivre)
Non
Oui
Après audition de l'auteur de la proposition, de la
municipalité et du président, le conseil statue
immédiatement après délibération (art. 33 LC)
Le conseil statue : la proposition est-elle prise en
considération immédiatement ?
La proposition est renvoyée à l'examen d'une
commission de prise en considération qui préavise et
délivre son rapport
Pas immédiatement
Oui
Le conseil statue :
la proposition est-elle prise
en
considération ?
La proposition est renvoyée à la
municipalité
Non
Page 1/2
Remise de la motion - du postulat par écrit au
président du conseil (art. 32 LC)
Page 2/2
Direction générale des affaires
institutionnelles et des communes (DGAIC)
La municipalité examine la proposition :
répond-elle aux critères de recevabilité ?
Non
La municipalité rédige un rapport
expliquant
le refus de la proposition
Recours
La municipalité rédige une réponse dans
la forme adéquate (rapport, étude ou projet de
décision, préavis, contre-projet)
Oui
La commission délivre un rapport
Débat au conseil et vote