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Urbanisme et santé


par ERIC Omar MOUSTAQIL
Institut d'urbanisme de Lyon - Master 2 Urbanisme et aménagement 2020
  

Disponible en mode multipage

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    Urbanisme et santé :

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire

    dans une démarche préventionnelle

    pour limiter le tout-médical ?

    Eric, Omar Moustaqil

    Mémoire présenté pour le Master 2 URBANISME ET
    AMÉNAGEMENT / PROGRAMMATION, CONCEPTION ET
    CONDUITE DE PROJETS URBAINS

    2020-2021

    Sous la direction de Paul BOINO, Professeur des Universités

    Remerciements

    J'adresse tout d'abord mes remerciements à Monsieur Paul BOINO, professeur des Univeristés, mon directeur de mémoire, pour sa disponibilité, son écoute, ses remarques et conseils constructifs et notamment sa très GRANDE patience et les nombreuses heures qu'il m'a accordé.

    Je remercie également tous les enseignants de l'IUL et de L'ANTPE que j'ai pu rencontrer au cours de ma formation universitaire, notamment Madame Rachel LINOSSIER et Monsieur Reolof VERHADGE de m'avoir admis à cette formation de Master 2 en urbanisme et aménagement.

    Je tiens à remercie mes amis Jérémie ROUAULT et Réda Kertit ainsi que mon épouse Lucie VALLIN pour leur disponibilité, leurs conseils et leur soutien moral.

    Je remercie mes deux camarades Hippolyté CHAUBERT, Sarah ALLEYSSON pour m'avoir aidé à élargir ma base de données relative à cette thématique.

    Je remercie également l'ensemble des camarades de promotion avec qui j'ai travaillé en équipe pour des projets relatifs à ce Master.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 1 | 1 4 8

    SOMMAIRE

    I-Introduction 3

    II-La santé : Un facteur déterminant de l'architecture des villes 6

    II.1-L'urbanisme et santé - Aperçu historique 6

    II.2-L'antiquité : la naissance de la pensée hippocratique 6

    II.3-Le Moyen âge : La suite de la pensée hippocratique 7

    II.4-Le XIXe siècle : naissance de l'hygiénisme 9

    II.5-Le XXe siècle : l'urbanisme moderne et fonctionnaliste 14

    II.6-Urbanisme et santé : la rupture relationnelle 15

    III-Ville pathogène: Émergence de nouvelles épidémies (maladies chroniques) 18

    III.1-La sédentarité dans un milieu urbain : un phénomène épidémiologique 20

    III.2-La densité 28

    III.3-La pollution 30

    III.3.a- Pollution atmosphérique et pollution des eaux/sols 30

    III.3.b- Pollution sonore 33

    III.3.c- Pollution lumineuse 33

    III.3.d- Conséquences multiples : 34

    III.4-Les inégalités sociales de santé (ISS) 37

    III.5-La temporalité de la ville : synchronisation des temps sociaux 41

    IV-Évolutions des approches de la santé 45

    IV.1-L'essor du modèle biomédical : une approche curative et réductionniste 45

    IV.2-La santé et le développement durable : approche environnementaliste de la santé 48

    IV.3-Une approche globale et positive : L'OMS vers un nouveau paradigme 51

    IV.3.a- Une approche globale de la santé et de l'urbanisme 51

    IV.3.b- Les déterminants de la santé 56

    IV.3.c- À l'origine d'un concept : la santé dans le processus d'urbanisation 64

    V-Les villes-santé : de la promotion de la santé vers un urbanisme favorable à la santé 67

    V.1-Contexte complexe : mobilisation et investissement de l'OMS 67

    V.2-Genèse et évolution : vers une vision populationnelle 68

    V.3-Le concept urbanisme favorable à la santé : un changement de paradigme. 71

    V.4-Les démarches et outils pour un urbanisme favorable à la santé, l'institutionnalisation du

    concept : une approche volontariste de la santé en ville 75

    V.4.a- Échelle internationale : Organisation de Conférence, déclaration 75

    V.4.b- La Conception d'un environnement préventionnel pour la santé : Quels outils ? 76

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 2 | 1 4 8

    V.4.c- Les principes et les valeurs de l'EIS : Intersectorialité, interdisciplinarité, équité et

    démocratie. 78

    V.4.d- Les différents types d'EIS : Prospective, Concomitante et rétrospective 79

    V.4.e- Échelle nationale : Orientations nationales et leur déclinaison territoriale 80

    V.4.f- Échelle locale 83

    VI-Sortir du tout-médical : les exemples de la mobilité active et de l'activité physique 86

    VI.1-Méthodologie et motivations de l'étude 86

    VI.2-En quoi la mobilité active et l'activité physique sont des facteurs permettant de limiter le

    (( tout-médical » ? 88

    VI.2.a- Mobilité 88

    VI.2.b- L'essor de la mobilité active 90

    VI.2.c- La nécessité de l'activité physique 93

    VI.3-Comparaison des contextes des villes : limites qualitatives de notre analyse 98

    VI.3.a- Rennes : ville pionnière : réseau Villes-santé 98

    Contexte socio-urbain 98

    La prise en compte de la santé 99

    VI.3.b- Avignon : ville métamorphose 100

    Contexte socio-urbain 100

    VI.3.c- Lausanne : ville Métasanté, ville labélisée : ville active 102

    Contexte socio-urbain 102

    VI.4-Comment la prise en compte de la santé par l'urbanisme peut orienter ses actions et projets ?

    Urbanisme favorable à la santé ou urbanisme préventionnel pour la santé? 104

    VI.5-De la densité à la (( compacité qualitative » : quelle importance pour les déterminants de

    santé ? 105

    VI.6-L'intégration de la santé dans la politique urbaine : Analyse interne de la prise en compte des

    déterminants de santé. 107

    VI.7-La déclinaison des planifications stratégiques sur le terrain : Analyse externe de la prise en

    compte de la santé- Opérationnalité ? 119

    VI.8-Comment l'intégration de la santé dans les documents d'urbanisme peut permettre de

    recréer le lien entre médecine et urbanisme ? 135

    VII-Conclusion 137

    Bibliographie 140

    Annexes 148

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 3 | 1 4 8

    I- Introduction

    En 2050, 68 % de la population mondiale vivra en ville, contre 55 % aujourd'hui1, il est donc fort probable que les villes connaissent une forte densité populationnelle : soit deux individus sur trois vivront dans des villes ou dans d'autres milieux urbains d'ici 2050, selon de nouvelles données des Nations Unies. Selon le Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l'Organisation des Nations Unies (ONU), cela indique qu'approximativement 2,5 milliards de personnes pourraient éventuellement s'être additionnées aux espaces urbains d'ici le milieu du siècle, en raison des mutations et de la hausse démographique.2 L'évolution démographique des villes et de la dynamique urbaine, liées à des facteurs sociaux, économiques et environnementaux, déterminent de nouvelles problématiques sanitaires.

    L'épidémie actuelle de Covid-19 nous ramène à la question des liens entre urbanisme et santé. Cette question est légitime mais reste réductrice. Historiquement, à chaque nouvelle épidémie ou nouveau cas de maladies infectieuses, tels que le choléra, la peste, la tuberculose, ou, aujourd'hui, la Covid-19, les acteurs de santé ont fait appel à l'urbanisme.

    Or, la conception et l'organisation contemporaines des villes amènent à de nouvelles problématiques de santé autour de ce qu'on appelle les maladies chroniques ou maladies non-transmissibles (MNT)3. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ces maladies sont de longue durée et causées par des facteurs génétiques, mais aussi comportementaux et environnementaux. Parmi ces MNT, nous trouvons les pathologies cardio-vasculaires, les cancers, l'obésité etc.4

    Malgré l'investissement de l'OMS en la matière, aujourd'hui, subsiste une vision « tout-médical » de la santé. Depuis les années 60, il existe une rupture entre médecine et urbanisme. La première s'est modernisée et a profité des développements technologique et économique. Elle a traité la question de la santé, par la guérison de maladies physiques, laissant de côté une vision globale de la santé. La seconde, développant une vision fonctionnaliste du milieu urbain, s'est concentrée sur la mission particulière de chaque

    1 Chloë Voisin-Bormuth, « Des villes productrices de santé? », s. d., 98.

    2 OMS, « 2,5 milliards de personnes de plus habiteront dans les villes d'ici 2050 » (NEW YORK: OMS, 16 mai 2018), https://www.un.org/development/desa/fr/news/population/2018-world-urbanization-prospects.html.

    3 OMS, « Maladies non transmissibles », 1 juin 2018, https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/noncommunicable-diseases.

    4 Idem, art déjà cité

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 4 | 1 4 8

    construction, abandonnant également une vision globale de la ville et donc n'intégrant pas la santé. Elle s'est concentrée entre les mains des politiques et des ingénieurs.

    Pour autant, l'organisation de la ville est déterminante sur les facteurs des maladies chroniques. Ces derniers sont : la sédentarité, la densité, la pollution, les inégalités sociales de santé et la temporalité urbaine etc. L'urbanisme constitue un déterminant important pour l'action sur chacune de ces causes. Au regard de ce constat, nous considérons que l'urbanisme peut avoir une démarche préventionnelle pour la santé, au sens où il cherche à agir en amont consciemment sur ces facteurs pour lutter contre les MNT.

    Aujourd'hui, malgré une littérature scientifique fournie sur le sujet, comme les travaux d'Albert Lévy5, Thierry Paquot,6 Sabine Barles7, Didier Fassin8 ou encore de l'OMS, etc. Nous constatons que l'action concrète dans les villes reste limitée. Depuis des années, l'OMS mène une réflexion théorique sur la santé et les villes mais également fait preuve d'initiative avec le programme « ville-santé ». Malgré ces efforts, peu de municipalités ont engagé un projet politique de développement urbain prenant en compte la santé et les intégrant dans les divers plans (En France, SCOT, PLU, PADD, PDU, etc.).

    Ainsi, nous pouvons nous interroger sur comment l'urbanisme peut, aujourd'hui, s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour la santé pour limiter le « tout-médical ».

    Dans ce mémoire, nous ne pourrons mener une étude exhaustive du sujet. Nous nous concentrerons sur la mobilité active et l'activité physique comme éléments phares de cette démarche. Le choix de la mobilité active repose sur sa place essentielle dans un projet d'urbanisation qui est à même de s'attaquer à tous les facteurs de MNT cités, notamment, toutes les formes de pollution, les inégalités sociales, la densité incontrôlée, la sédentarité etc. Celui de l'activité physique, lié à la mobilité active, par l'investissement dans les équipements sportifs urbains (parcours de santé, fitness en plein air, dog park, skate parcs etc.), s'attaque aux mêmes causes.

    5 Albert Levy, Ville, urbanisme & santé: les trois révolutions, Société & santé (Paris [Paris]: Éd. Pascal Mutualité française, 2012).

    6 « Paquot - L'urbanisme, c'est notre affaire ! - Le Hub | Éditions L'Atalante », consulté le 31 octobre 2021, https://www.l-atalante.com/revues-de-presse/paquot-l-urbanisme-c-est-notre-affaire-le-hub/.

    7 Sabine Barles, « Les villes transformées par la santé, XVIIIe-XXe siècles », Les Tribunes de la santé n° 33, no 4 (2011): 31, https://doi.org/10.3917/seve.033.0031.

    8 Didier Fassin, De l'inégalité des vies, Leçons inaugurales du Collège de France, no 293 (Paris: Collège de France : Fayard, 2020).

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 5 | 1 4 8

    Dans une première partie, nous donnons un aperçu historique de l'évolution commune de l'urbanisme et de la santé. Nous nous concentrerons ensuite sur l'émergence de nouvelles épidémies, celles des maladies chroniques. Nous développerons donc l'ensemble des facteurs causant ces MNT.

    La seconde partie aura pour objet les évolutions des approches de santé. Nous étudierons donc le modèle biomédical et sa vision réductionniste de la santé, l'approche environnementaliste de la santé qui se concentre sur l'environnement et dont la santé n'est qu'une conséquence. Enfin, nous développerons la vision globale et positive de l'OMS, qui considère la santé comme un état de complet bien-être9, et cherche à orienter la réflexion sur l'urbanisme comme élément principal dans l'amélioration de la santé. Nous verrons donc également l'intervention publique et institutionnelle sur les questions de santé.

    Enfin, dans une dernière partie, nous chercherons à apporter des éléments concrets de réponse à notre problématique, à partir des exemples de Rennes, Lausanne et Avignon. À partir d'une analyse comparative basée sur des interviews avec des professionnels et des élus, nous vérifierons la prise en considération effective ou non de la santé, en interne dans les stratégies et dans les plans urbains et en externe dans la réalité du terrain. Cette enquête nous permettra également d'identifier la démarche globale et la méthodologie de chacune des municipalités, les acteurs agissant, et les aides des institutions.

    9 OMS, « La Constitution a été adoptée par la Conférence internationale de la Santé, tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946, signée par les représentants de 61 Etats le 22 juillet 1946 (Actes off. Org. mond. Santé, 2, 100) et est entrée en vigueur le 7 avril 1948. Les amendements adoptés par la Vingt-Sixième, la Vingt-Neu_vième, la Trente-Neuvième et la Cinquante et Unième Assemblée mondiale de la Santé (résolutions WHA26.37, WHA29.38, WHA39.6 et WHA51.23) sont entrés en vigueur le 3 février 1977, le 20 janvier 1984, le 11 juillet 1994 et le 15 septembre 2005 respectivement; ils sont incorporés au présent texte », 22 juillet 1946.

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    II- La santé : Un facteur déterminant de l'architecture des

    villes

    II.1- L'urbanisme et santé - Aperçu historique

    Bien que les villes soient conçues sous le prisme économique, la santé s'est toujours imposée comme une thématique de grande ampleur. L'histoire de nos milieux urbains l'affirme : la perspective de la santé, à travers les époques, a conditionné les orientations et les réflexions de la pensée politico-urbaine, qui ont beaucoup influencé sur la conception morphologique et l'organisation spatiale de nos villes. La première partie de ce mémoire est composée de deux objectifs majeurs : d'une part, rapporter comment la question de la santé en ville a évolué à travers les siècles (partie 1) et d'autre part, mettre en exergue sa relation avec l'urbanisme et son inscription essentielle dans l'espace. Le choix des époques est axé sur les moments forts de l'histoire des épidémies qui ont marqué la science et la recherche en santé dans un milieu perpétuellement pathogène (l'urbain). Ce choix périodique de l'histoire, de l'époque antique jusqu'à aujourd'hui, sert à élucider les évolutions des paradigmes que la santé a imposées dans la sphère de l'urbanisme.

    II.2- L'antiquité : la naissance de la pensée hippocratique10

    Nous remontons donc à la Grèce Antique, au Vème siècle avant notre ère. Dans un traité, intitulé « Des airs, des eaux et des lieux » Hippocrate donnait une importance à l'environnement pour aborder les maladies.11 Il préconisait aux médecins, alors nomades d'un lieu à un autre, de s'informer de la nature et de la périphérie de l'environnement pathogène du lieu où ils allaient exercer.12 Cette théorie qui traite le corps, son fonctionnement et surtout son environnement a marqué la médecine occidentale jusqu'au début du XXe siècle.

    10 Cette partie est tiréé des travaux de Sébastien fleuret, Florence Gherchanoc, Mirko Drazen Grmek

    11 « HIPPOCRATE : Traité des Airs, des Eaux et des Lieux. », consulté le 31 octobre 2021, http://remacle.org/bloodwolf/erudits/Hippocrate/eaux1.htm.

    12 Sebastien Fleuret, « l'évolution des savoirs en santé et la place de la médecine dans la société, dans les territoires et dans la ville - ESPACES Et SOCIETES - UMR 6590 CNRS- UNIVERSITE D'ANGERS », Eso Angers, s. d.

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    Hippocrate voulait interpeller les médecins sur l'importance du contexte, du climat, de l'influence déployée sur l'organisme par le milieu extérieur, ainsi que de son impact sur les facultés psychique de l'individu et sur les institutions des sociétés13. Il insistait déjà sur la nécessité d'une topographie médicale. Dans son étiologie des maladies, Hippocrate a accordé une grande importance à l'air. Sa doctrine va dominer la pensée médicale jusqu'à la fin du XIXe siècle, jusqu'à la révolution pastorienne. Ainsi les romains avaient adopté les thermes pour l'hygiène du corps, cette pratique étaient accessible à tous (nobles et esclaves). La question de l'hygiène chez les romains était aussi bien d'ordre individuel que collectif afin d'améliorer l'hygiène publiques. Les thermes jouaient également un rôle de sociabilisation et de culture.14 Les romains donnaient également une grande importance à l'assainissement et à la gestion de l'eau. Ainsi pour l'adduction de l'eau potable (sources) et pour l'évacuation des eaux usées hors de la ville, ils construisaient des aqueducs.15

    Au Ier siècle avant notre ère, Vitruve va se servir de cette théorie pour inciter les architectes à connaitre la médecine, car selon lui, sans cette connaissance, il serait difficile voire impossible d'assurer la salubrité dans un milieu urbanisé16.

    II.3- Le Moyen âge : La suite de la pensée hippocratique

    Au XIIe siècle, la médecine commençait à se restructurer et à connaître une certaine évolution. Son utilité sociale et l'essor des villes ont impulsé la réorganisation scientifique de la médecine. Ainsi, des textes grecs et arabes ont été traduits en latin à partir de la fin du XIe siècle, concédaient à la reconstitution d'une théorie médicale, qui ont pu guider la rationalité de la pratique et de la recherche médicale. En effet, parallèlement se développait la pratique clandestine et sauvage de la médecine, considérée comme déviante. Les autorités

    13 Mirko Grmek, « Géographie Médicale et Histoire Des Civilisations », Annales. Histoire, Sciences Sociales 18, no 6 (décembre 1963): 1071-97, https://doi.org/10.3406/ahess.1963.421086.

    14 Florence Gherchanoc et Institut des sciences et techniques de l'Antiquité, éd., L' histoire du corps dans l'Antiquité: bilan historiographique; journée de printemps de la SOPHAU du 25 Mai 2013, Dialogues d'histoire ancienne Supplément 14 (Besançon: Presses Univ. de Franche-Comté, 2015).

    15 Encyclopædia Universalis, « AQUEDUCS, Antiquité », Encyclopædia Universalis, consulté le 31 octobre 2021, https://www.universalis.fr/encyclopedie/aqueducs-antiquite/.

    16 Martin Galinier, « L'eau et l'hygiène dans la Rome antique », in Cadre de vie, équipement, santé dans les sociétés méditerranéennes, éd. par Jean-Michel Goger et Nicolas Marty (Presses universitaires de Perpignan, 2005), 261-73, https://doi.org/10.4000/books.pupvd.11503.

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    ecclésiastiques, constituant alors le « biopouvoir »17 et auprès desquelles se cantonnait le savoir scientifique, luttaient et interdisaient le recours à ces pratiques entretenant un certain charlatanisme, ce qui explique partiellement, l'évolution du savoir médical. C'est alors que la médecine imposait, pour être exercée, des connaissances et des savoirs scientifiques, notamment la connaissance de l'anatomie et de la physiologie du corps humain.18

    « Au Moyen-âge, les épidémies de peste ont donné lieu à des initiatives que l'on pourrait comparer aujourd'hui à des mesures de santé publique urbaine. Par exemple, en 1347, en Italie, on instaura une surveillance des provenances de marchandises sur les marchés (on interdit la revente de vêtements ayant appartenu à des pestiférés) et des contrôles aux portes des villes, dans les ports assortis de mesures de quarantaine et d'isolement. Ce type de mesures, si elles ne permettaient pas de soigner ni même de comprendre la maladie, permettaient de la contenir ».19 On constate que la pensée hippocratique a bien marqué la médecine du Moyen-Âge. L'importance donnée à la connaissance et à la gestion de l'espace pour limiter les contaminations ainsi que la recherche des causes des maladies avant d'administrer un remède constituaient le principe même de la doctrine Hippocratique.

    Le Moyen-Âge, marqué, historiquement, par sa longue période de dix siècles, débute à partir de la chute de l'Empire romain à la Renaissance, agitée par de nombreux conflits et guerres entre tribus et pays.20 Cependant, elle connait également une étape importante pour la médecine, qui devenait alors une discipline importante à s'approprier. Pour lui donner forme et développer sa scientificité, des universités s'étaient alors développées pour enseigner ses connaissances et ses savoir-faire extraits de l'Antiquité (Cf. figure n°1)21.

    17 Katia Genel, « Le biopouvoir chez Foucault et Agamben », Methodos. Savoirs et textes, no 4 (2 mai 2004), https://doi.org/10.4000/methodos.131.

    18 Danielle Jacquart, « Quelle médecine pratiquait-on au Moyen Âge ? -CONFÉRENCES- », 2017, https://www.franceculture.fr/conferences/palais-de-la-decouverte-et-cite-des-sciences-et-de-lindustrie/quelle-medecine-pratiquait.

    19 Fleuret, « l'évolution des savoirs en santé et la place de la médecine dans la société, dans les territoires et dans la ville - ESPACES Et SOCIETES - UMR 6590 CNRS- UNIVERSITE D'ANGERS ». art déjà cité.

    20 « Comment se soignait-on au Moyen-Âge? », https://www.passeportsante.net/, 4 janvier 2016, https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=medecin-moyen-age.

    21 Idem, art. déjà cité

    Source : ENCYCLOPEDIA UNIVERSALIS. SALERNE, Ecole de Médecine de [en ligne] http://www.universalis.fr/ (Comment se soignait-on au Moyen-Âge ? - La théorie des humeurs ( passeportsante.net)

    Figure n°1 : L'école de Salerne : la première faculté de médecine

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    II.4- Le XIXe siècle : naissance de l'hygiénisme 22

    Au XIXème siècle, la ville telle qu'elle est construite à cette période, connait un bouleversement radical avec son expansion et le développement de l'industrie. Plusieurs villes avaient enregistré une densité populaire et une expansion urbaine sans précédent. Elle leur imposait une logique de rentabilité et de productivité détruisant le système socioculturel et empêchant tout développement personnel. La vie citadine s'est vue alors imposer une temporalité quotidienne axée sur l'organisation du système industriel. Les villes industrielles ne cessaient d'enregistrer et d'observer une dégradation de la vie mentale et sociale.23 A Paris, on a pu enregistrer une forte hausse de la démographie : sa population a doublé en moins de 50 ans entre 1800 et 1851, à cause de l'exode rural. Cela a créé une concentration ainsi qu'une densité humaine et animale dans les logements pauvres. Cette recrudescence industrielle a créé un exode rural important et une urbanisation désordonnée, entraînant la

    22 Cette partie traitant la période du mouvement hygiéniste est tirée des travaux de : S. Barles, S. Fleuret, G. Jorland, M. Coornaert, P. Bourdelais, C. Chaline etc.

    23 Laurence Costes, « Le Droit à la ville de Henri Lefebvre : quel héritage politique et scientifique? », Espaces et sociétés 140-141, no 1 (2010): 177, https://doi.org/10.3917/esp.140.0177.

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    dégradation de la qualité de l'environnement et la vétusté de l'habitat ouvrier entrainant ainsi l'émergence des épidémies infectieuses (typhoïde, variole, syphilis, choléra etc.).

    Le choléra, épidémie qui a affecté l'Europe et la France entre 1830-1892, est caractérisé par la déshydratation complète de l'organisme et une cyanose au visage. Elle a pris le nom de «peur bleue» (la peste était noire), appellation toujours utilisée de nos jours.24 Aucune étude scientifique n'avait pu déterminer officiellement son origine, il était donc communément établi que l'épidémie provenait de l'air que l'on respirait. La méconnaissance de la cause de la maladie n'a pas permis à la médecine de trouver un remède et a encouragé en conséquence l'organisation et l'évolution de la recherche scientifique.

    Sabine Barles explique que : « La médecine était impuissante dans la compréhension et le traitement de cette maladie. On pensait qu'elle avait pour origine les miasmes putrides qui stagnaient dans l'air souillé des villes qui provenait de la décomposition de tous les détritus et déchets, organiques ou non, produits des activités urbaines, rejetés dans l'espace urbain »25.

    À ce constat, nous pouvons ajouter le phénomène de l'expansion urbaine pour subvenir aux besoins de l'industrialisation galopante qui a engendré une extrême insalubrité, infectant l'air, les eaux, les sols et les sous-sols. Cette expansion est également la cause principale de la formation des boues, des miasmes, des exhalaisons méphitiques et par conséquent une prévalence de mortalité supérieure à ceux des campagnes.26 Plusieurs phénomènes vont alors apparaître pour faire face à cette situation. Nous observons l'exode de la classe bourgeoise vers la campagne pour fuir ces miasmes et l'organisation multidisciplinaire regroupant des médecins et des ingénieurs27. Deux communautés de professionnels vont collaborer ensemble pour intervenir. C'est cette intersectorialité amorcée dès la fin de l'Ancien Régime, puis systématisée durant la Monarchie de Juillet et le Second Empire, notamment à Paris28, qui prendra le nom d'Hygiénisme. Ainsi, à partir du milieu du XIXe siècle, le mouvement hygiéniste étend sa philosophie et marque l'histoire de la pensée de la médecine. Il s'inscrit alors dans la lutte contre l'insalubrité et installe la doctrine d'urbanisme de la moitié du XIXème siècle. Ce

    24 Lucie Coignerai-Devillers, « La France et le choléra : Patrice Bourdelais, Jean- Yves Raulot, Une peur bleue. Histoire du choléra en France 1832-1854. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 76e année, n°276, 1988. pp. 101103. », s. d., http://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_1988_num_76_276_2939_t1_0101_0000_4.

    25 Sabine Barles, L'invention des déchets urbains: France, 1790-1970, Collection milieux (Seyssel: Champ Vallon, 2005).

    26 Sabine Barles, La ville délétère: médecins et ingénieurs dans l'espace urbain, XVIIIe-XIXe siècle, Collection Milieux (Seyssel: Champ Vallon, 1999).

    27 Idem, art déjà cité

    28 Idem, art déjà cité

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    volontarisme et ce militantisme aigus sont, en outre, appuyés par un engagement politique et un cadre législatif.

    Pour les hygiénistes, il fallait alors opérer par l'éradication des odeurs nauséabondes constituant, selon eux, la cause de la propagation des épidémies en agissant sur l'espace urbain. Il est donc communément admis qu'il faut « aérer, ventiler, dédensifier l'espace, purifier l'air en chassant les odeurs méphitiques »29. Pour cela, il fallait transformer la ville en l'assainissant, faire circuler et apporter « l'eau pure, évacuer les eaux usées, assécher le sol, étanchéifier les chaussées, favoriser les écoulements et flux, éviter la stagnation, séparer les éléments (air/eau/sol) et empêcher leur mélange qui produit pourrissement et odeurs morbides. Il fallait aussi éliminer les fortes densités et la promiscuité qui facilitent la contagion, déplacer les populations, planter arbres et végétaux, jardins et parcs pour purifier l'air, ouvrir et dégager les espaces par des percées et des places pour faire circuler l'air, éloigner les activités polluantes, démolir les constructions insalubres..., toute une multitude d'actions et de mesures hygiénistes qui développent une diversité d'expériences (urbanistiques) et donnent la naissance de l'urbanisme comme discours théorique ». 30

    L'urbanisme naissant s'est donc développé comme nouvelle discipline de l'aménagement, de la gestion et de l'organisation de l'espace urbain. Il s'est vu doté d'une mission sanitaire : combattre et éradiquer les foyers d'infection dont les formes urbaines anciennes pathogènes étaient la cause. L'objectif de l'urbanisme consiste à remodeler l'espace urbain, créer de nouvelles formes urbaines et de nouveaux aménagements ainsi que des équipements destinés à traiter et éliminer les épidémies afin de protéger et sauvegarder la santé des citadins. Telle était la mission prophylactique et thérapeutique affectée à l'architecture et à l'urbanisme. Ainsi se développe une incontestable « science appliquée à l'amélioration de l'espace urbain exercée par les ingénieurs et les architectes ».31

    29 Par Richard_admin, « Urbanisme et médecine, une brève histoire des rapports », Réseau Environnement Santé (blog), 7 janvier 2016, https://www.reseau-environnement-sante.fr/urbanisme-et-medecine-une-breve-histoire-des-rapports/.

    30 M. Coornaert, « Choay F, L'urbanisme, utopies et réalités. Une anthologie- Revue française de sociologie/ année 1966, 7-4.pp. 551-552; », 1966.

    31 Sabine Barles, « Les villes transformées par l'hygiénisme : cent ans d'innovations locales », Métropolitiques, 3 décembre 2014, https://metropolitiques.eu/Les-villes-transformees-par-l.html.

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    Le mouvement hygiéniste a influencé la pensé « Médico-urbanistique » jusqu'au XXe siècle. Cette pensée, associée à la science, a fondé « l'hygiène publique qui s'institutionnalise dans divers conseils et comités. Le mouvement publie et diffuse ses observations, surmonte les obstacles, combat l'obscurantisme et les inerties administratives, se crée une idéologie et conquiert le pouvoir, puis légifère pour le bien de la société »32. En effet, ce mouvement interdisciplinaire porté par des médecins, des ingénieurs, des philosophes, notamment Lavoisier, Hallé, Villermé, Pasteur etc. a marqué le progrès de la science et de la politique en France.

    Ainsi l'épidémiologie aura commencé à faire son chemin. Elle sera fondée sur une démarche d'observation scientifique de l'environnement. L'histoire du Dr John Snow en est une parfaite illustration : en 1854, il avait identifié la cause de l'épidémie de choléra du quartier londonien de Soho en cartographiant les cas énumérés pour ainsi constater que le choléra n'avait dévasté qu'une zone bien délimitée. Au centre de cette zone se trouvait Broad Street et sa vieille pompe qui fournissait l'eau potable à toute la communauté. La carte de Snow avait montré qu'on n'enregistrait pas de cas de choléra là où les gens s'approvisionnaient en eau dans d'autres pompes que celle de Broad Street (Cf. figue n°2). En fin, La fermeture de la pompe stoppa l'épidémie.33

    32 Barles. Art. déjà cité.

    33 Fleuret, « l'évolution des savoirs en santé et la place de la médecine dans la société, dans les territoires et dans la ville - ESPACES Et SOCIETES - UMR 6590 CNRS- UNIVERSITE D'ANGERS ». art. déjà cité

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    Figure n° 2 : Cartographie du Choléra par le Dr John Snow

    Source : snow.gif (544×421) ( healthcybermap.org)

    Cette naissance de l'épidémiologie est parallèle à des progrès médicaux majeurs (travaux de Pasteur ou de Koch par exemple). La médecine et l'épidémiologie vont être à l'origine de l'hygiénisme dont la portée dépasse le seul champ de la santé pour se définir comme la recherche de réponses aux maladies endémiques et épidémiques dans les conditions d'environnement.34 Ainsi, courant le XIXe siècle, l'hygiénisme et la médecine sont inséparables. L'hygiénisme du XIXème siècle a laissé des traces dans l'espace, particulièrement dans l'espace urbain et ces traces sont visibles encore aujourd'hui.35

    L'essor de l'hygiénisme s'accompagne de grandes transmutations des espaces urbains qui sont déléguées, généralement, aux ingénieurs qui ont développé les connaissances de la nouvelle profession relative à la conception de l'urbain.36

    34 idem

    35 idem

    36 Barles, « Les villes transformées par l'hygiénisme ».

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    II.5- Le XXe siècle : l'urbanisme moderne et fonctionnaliste37

    Ce lien entre urbanisme et santé perdure jusqu'au début du mouvement fonctionnaliste, soit au début du XXème siècle. Des études épidémiologiques démontrent que le choléra est éradiqué, mais la tuberculose reste le problème à résorber dont les logements et bâtiments sont identifiés comme la cause principale. En effet, le fonctionnalisme est arrivé, non seulement pour concevoir une ville efficiente, mais également pour apporter une solution à la cause de la tuberculose. Étant donné qu'aucun traitement n'existait, l'urbanisme a donc été sollicité, en se basant sur les principes d'Hippocrate. En effet, le sanatorium, considéré comme étant un traitement contre la tuberculose, notamment grâce à l'air pur et au soleil, représente tout à fait cette doctrine. Nous allons, en effet, faire appel à l'urbanisme et à l'espace, encore une fois, pour apporter des soins, toujours inspirés de l'hygiénisme (Air, Lumière et soleil). Cependant cette nouvelle doctrine urbanistique va réexaminer et interroger la forme traditionnelle et radioconcentrique de la ville compacte et ses îlots.38

    En revanche, doter l'ensemble des bâtiments anciens de la ville de la lumière du jour et de l'air afin de lutter contre l'épidémie exige une intervention « chirurgicale » très complexe au regard de la morphologie moyenâgeuse des bâtiments. Cela concerne effectivement la morphologie des îlots. Nous observons donc un changement de paradigme dans l'aménagement de l'espace au regard du modèle haussmannien : le modèle qui avait marqué la pensée urbanistique avec ses « 3 systèmes39:

    · Système des percés et des îlots afin d'aérer la ville

    · Système d'espace vert, pour apporter plus d'oxygène

    · Système d'adduction d'eau pure et d'assainissement des eaux usées »

    En effet, l'action urbanistique fonctionnaliste concernera non seulement l'espace public (Voiries, jardins, parcs, réseaux etc.), mais également l'espace privé (logements).

    37 Cette partie est tirée des travaux de : S. Barles, P. Panerai, P. Castex, T. Paquot, A. Levy etc.

    38 Philippe Panerai, Jean Castex, et Jean-Charles Depaule, « www.editionsparentheses.com / Panerai,
    Castex, Depaule -- Formes urbaines, de l'îlot à la barre / ISBN 2-86364-602-8 », s. d., 20.

    39 EIVP, « Urbanisme et Santé, Transition ou Effondrement ? » - Université du Génie Urbain - EIVP - Partie 1 ( Albert Levy, Thierry Paquot et al, 2021, https://www.youtube.com/watch?v=ggGGabvVUJk.

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    En considération de la contrainte sanitaire, la ville fonctionnaliste naît des CIAM- Congrès International d'Architecture Moderne (1928) et de sa proclamation, la Charte d'Athènes (1933), a ébranlé le principe traditionnel de la forme urbaine (l'îlot fermé) estimé source de la propagation de l'épidémie40. Elle préconise que la conception de la ville doit remplir quatre critères de besoins et de fonctions : (habiter, travailler, circuler, se récréer) et elle est présentée comme solution thérapeutique de nature spatiale (A. Lévy préfère que l'on utilise le néologisme SPATIALISME)41.

    Cette doctrine de la table rase s'inscrit comme un nouveau paradigme de la chimère d'une nouvelle conception du tissu urbain moderne et fonctionnel, marquant ainsi une rupture avec l'idée de la ville historique considérée comme pathogène. En effet, face à la menace de la tuberculose, la priorité sanitaire a été primordiale et indiscutable pour Le Corbusier. Ainsi, nous observons que «l'organisation de l'espace urbain apparait alors comme un moyen thérapeutique, les formes urbaines sont employées comme pharmakon ».42

    II.6- Urbanisme et santé : la rupture relationnelle43

    L'histoire de nos villes témoigne du lien ontologique étroit et varié que nourrissent l'urbanisme et la santé. L'urbanisme est donc le traitement idéal contre les différentes épidémies rencontrées au cours du XIXème siècle (peste, choléra) et au début du XXème siècle (la tuberculose). Ce lien s'est délité progressivement depuis 1920 et l'articulation entre la médecine et l'urbanisme ne fonctionne plus. Nous observons deux phénomènes concomitants qui vont provoquer une rupture entre la santé et l'urbanisme.44

    40 Par Richard_admin, « Urbanisme et médecine, une brève histoire des rapports », Réseau Environnement Santé (blog), 7 janvier 2016, https://www.reseau-environnement-sante.fr/urbanisme-et-medecine-une-breve-histoire-des-rapports/.

    41 Maurice Blanc, « Albert Lévy (coord.), Ville, urbanisme et santé. Les trois révolutions », Revue des sciences sociales, no 52 (16 mars 2015): 159-60, https://doi.org/10.4000/revss.3306.

    42 Albert Lévy, « Sortir de l'impasse du débat moderne/post-moderne. Pour la recherche d'un nouveau rapport théorie/pratique en urbanisme », Villes en parallèle 17, no 1 (1991): 314-23, https://doi.org/10.3406/vilpa.1991.1150.

    43 Cette partie est tirée des travaux de : M. Blanc, P.Boino (IUL), A. Levy, M.- J. Imbault-Huart , W.Dab, S. Fleuret etc.

    44 PAUL BOINO, « Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages » (2020).

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    Premièrement, les politiques de santé se sectorisent. Dans cette logique, le Ministère de la Santé a vu le jour en 1920. Une rationalité médicale s'installe. La santé est donc abordée et confortée dans une approche biomédicale, elle n'aborde que les problématiques des maladies que seul le corps médical peut traiter, grâce à la médication bien sûr.

    En effet, Durant les 30 Glorieuses, l'essor économique a permis à la médecine de faire un progrès spectaculaire en matière de recherche biomédicale et biotechnologique. En effet, cet essor de la connaissance médicale n'a pu être ajusté « qu'au prix d'une hyperspécialisation qui conduit le médecin, d'une part à chercher toujours plus de certitudes dans la seule technologie, d'autre part, à se désintéresser de l'évolution de la société dans laquelle il vit et à négliger le poids de l'environnement, des mentalités et de l'héritage culturel dans l'apparition de la maladie et de son vécu ».45 Cette idée du progrès scientifique et cette tendance à faire appel à la technologie pour tout diagnostic et thérapie, sont renforcées par le fait que le médecin perd la maîtrise du progrès médical.46

    En effet, la recherche scientifique, notamment celle relative aux laboratoires pharmaceutiques, associée à celle de l'industrie évolue principalement sans la participation des médecins, ce qui est aux antipodes de ce qui se pratiquait au XIXe siècle. Le corps médical, confronté à une crise importante, doit gérer une forte transformation qu'il lui est impossible d'appréhender sereinement de par sa formation très technique. 47

    Progrès médical et croissance économique interagissent continuellement pour permettre aux budgets de santé d'augmenter. Tous (l'Etat et la société) s'accordent à considérer la santé comme étant précieuse et inestimable et que si l'on donne une place importante à la médecine, la santé n'en sera que meilleure. Aujourd'hui, la santé n'est pas seulement le fait de vaincre les maladies par des traitements, c'est aussi le bien-être dans son ensemble. Mais la médecine actuelle prône la santé par la médication, la technologie, le biomédical, etc. Elle en oublie la prévention, essentielle pour éviter certaines maladies et ne laisse que peu de place à la santé environnementale, très compliquée à mettre en oeuvre de par les différents

    45 Marie-José Imbault-Huart, « Où va l'histoire de la médecine? », in Pour l'histoire de la médecine: autour de l'oeuvre de Jacques Léonard: actes de la journée d'études, Presses universitaires de Rennes, 1994.

    46 idem

    47 idem

    facteurs dont elle dépend : génétique, psychologique, socio-économique,

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    environnementaux48

    L'évolution technologique et l'industrialisation de la médicalisation, associée à la spécialisation croissante de la médecine, au cours du XXème siècle, vont peu à peu écarter les médecins et les « encelluler » dans des cabinets. Ces deux éléments vont également inciter à la « rupture de l'union sacrée entre santé et urbanisme »49

    La médecine scientifique continue de progresser à grands pas et durant une grande partie du XXème siècle, elle éclipsera assez largement l'idée de prévention collective contenue dans l'hygiénisme.50 Le modèle biomédical centré sur le soin du corps va s'imposer et peu à peu va se construire «un paradoxe entre le rôle réel de l'environnement comme facteur de santé et l'importance relative qui lui est accordée aujourd'hui dans le champ sanitaire » 51

    Deuxièmement, de son côté, l'urbanisme se sectorise avec la création du ministère de l'équipement. Il suit son propre chemin, en laissant de côté la question de la santé qui ne fait plus partie de ses attributions. L'urbanisme va plutôt se consacrer aux problématiques de fonctionnement de la ville, aux flux et à la mobilité, à l'esthétique, à la gestion du foncier, produisant de nouveaux modèles urbains52. En effet nous observons actuellement un fonctionnement fermé et en silo des professionnels de la médecine, de l'environnement et de l'urbanisme. Ils sont réfractaires à une réflexion intersectorielle et transdisciplinaire ainsi qu'à l'adoption d'une approche systémique de la santé nécessaire à la promotion d'un urbanisme53 préventionnel et favorable à la santé.

    48 Marie-José Imbault-Huart, « Histoire de la médecine. Luxe ou nécessité à la fin du XXe siècle », Histoire, économie et société 3, no 4 (1984): 629-40, https://doi.org/10.3406/hes.1984.1382.

    49 Fleuret, S-L 'évolution de la santé et la place de la médecine dans la société- Janvier 2012- ESO Angers- Espace et société-UMR 6590 CNRS - université d'Angers

    50 idem

    51 William Dab, Santé et environnement, 4e éd. mise à jour, Que sais-je?, n° 3771 (Paris: Presses universitaires de France, 2012).

    52 « Urbanisme et santé : de l'hygiénisme à l'écologisme - ContreTemps la revue », consulté le 16 novembre 2021, http://lesdossiers-contretemps.org/2020/03/14/urbanisme-et-sante-de-lhygieniste-a-lecologisme/.

    53 Anne Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. », Guide (EHESP, 2014).

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    III- Ville pathogène54: Émergence de nouvelles épidémies

    (maladies chroniques)

    Nous traitons dans cette partie de différentes problématiques de santé conséquentes à l'organisation urbaine moderne. Dans cette partie, en accord avec la constitution de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)55, nous définissons donc la santé comme un état de complet bien-être mental, physique et social, et non comme une absence de maladie ou d'infirmité. Nous développerons cet aspect dans une partie suivante, et nous concentrons sur les problématiques en respect avec la définition de l'OMS.

    La ville est une espèce d'écosystème en perpétuel développement56. En 2050, 68 % de la population mondiale habitera en milieu urbain. Aujourd'hui on en recense 55%., soit deux individus sur trois qui habiteront probablement en ville, selon de nouvelles données des Nations Unies. Ce qui indique que près de 2,5 milliards d'individus pourraient éventuellement s'être additionnés aux milieux urbains d'ici quelques décennies, du fait des évolutions et de la croissance démographiques d'ordre général, a précisé le Département des affaires économiques et sociales de l'ONU (DESA).57

    Ces prévisions de l'Organisation des Nations Unies (ONU) montrent à quel point les villes sont sources d'attrait. La vie urbaine apporte de nombreux bienfaits à l'homme : les services sanitaires, éducatifs, sociaux et financiers sont plus faciles d'accès qu'à la campagne. La vie communautaire peut être épanouissante et enrichissante socio-économiquement. L'environnement urbain est varié, stimulant et favorable aux nouvelles opportunités.

    54 Cette partie est tirée des travaux de : P. Boino (IUL), OMS, Anthony J. McMichael, etc.

    55 OMS, « La Constitution a été adoptée par la Conférence internationale de la Santé, tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946, signée par les représentants de 61 Etats le 22 juillet 1946 (Actes off. Org. mond. Santé, 2, 100) et est entrée en vigueur le 7 avril 1948. Les amendements adoptés par la Vingt-Sixième, la Vingt-Neu_vième, la Trente-Neuvième et la Cinquante et Unième Assemblée mondiale de la Santé (résolutions WHA26.37, WHA29.38, WHA39.6 et WHA51.23) sont entrés en vigueur le 3 février 1977, le 20 janvier 1984, le 11 juillet 1994 et le 15 septembre 2005 respectivement; ils sont incorporés au présent texte ».

    56 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

    57 OMS, « 2,5 milliards de personnes de plus habiteront dans les villes d'ici 2050 ». art. déjà cité

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    En revanche, les villes sont souvent dépersonnalisées, asservissantes, voire inquiétantes.58 L'environnement urbain moderne combine industrialisation, surpeuplement, production de déchets et densité des systèmes de transport. Ces facteurs sont aggravés par la pauvreté périurbaine et la pauvreté des quartiers déshérités, la sédentarité et une temporalité désavantageuse. La conception et l'organisation du milieu urbain ont toujours été pensées à travers une vision pragmatique axée sur le tout économique : transport rapide pour acheminer la marchandise et la force du travail dans une temporalité optimale, déforestation, urbanisation incontrôlée, industrialisation des centres-villes, et construction de l'outil de production à côté de l'habitat, etc. Cette vision capitaliste de concevoir la ville a en effet créé, d'une manière cyclique, certains dysfonctionnements, notamment en matière de santé. En tant qu'écosystème, l'environnement urbain provoque des pathologies appelées écopathies59 liées au regroupement de populations.

    Selon l'OMS, ces pathologies ou maladies chroniques, aussi appelées maladies non transmissibles (MNT), émanent généralement de nos comportements, de nos modes de vie et de l'environnement notamment dans les milieux urbains. D'après l'article « Maladies non-transmissibles » de l'OMS, chaque année :

    · « 41 millions de personnes en meurent, soit 71% des décès dans le monde.

    · 15 millions de personnes, âgées entre 30 à 69 ans, en décèdent ; plus de 85% de ces décès « prématurés » surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

    · Parmi les MNT, les maladies cardio-vasculaires causent le plus de décès : 17,9 millions, suivies des cancers (9 millions), des maladies respiratoires (3,9 millions) et du diabète (1,6 million), ces 4 types de pathologies représentant plus de 80% des décès prématurés. »60

    Elles peuvent être évitées en agissant sur leurs facteurs de risques : le tabagisme, la sédentarité, la pollution, la mauvaise nutrition, le stress, etc. Ces derniers dépendent directement du mode de vie dans un milieu urbain, de la densité des transports et du bâti,

    58 Anthony J. McMichael, « La Santé En Milieu Urbain : Conséquences de La Mondialisation Pour Les Pays En Développement », Bulletin de l' Organisation Mondiale de La Santé: La Revue Internationale de Santé Publique : Recueil d' Articles 2001 ; 4 : 53-61, 2001, https://apps.who.int/iris/handle/10665/74839.

    59 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

    60 OMS, « Maladies non transmissibles ».

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    d'une urbanisation incontrôlée, de la pollution, des inégalités sociales de santé61 en ville ainsi que de la conception et de l'organisation temporelle de celle-ci.

    En effet, l'étalement urbain et la périurbanisation que les territoires ont subi, ne va pas sans impact sur l'environnement. Ils conditionnent l'usage d'un véhicule individuel motorisé, aujourd'hui incriminé de générer une pollution atmosphérique et sonore, la sédentarité des individus et, de ce fait, d'accroître le risque d'obésité. Nous considérons que l'urbanisation sous le prisme économique et par conséquent la mobilité qui résulte du temps que tout individu consacre pour satisfaire ses besoins en se déplaçant. Ainsi la morphologie urbaine dans sa conception tend à répondre à la maximisation de l'interaction entre l'appareil productif et sa main d'oeuvre. Cette tendance a pris de l'ampleur depuis les années 1970 avec la double motorisation rendue abordable au plus grand nombre. Aujourd'hui, on compte même, en moyenne, une triple motorisation. La forme urbaine de la mobilité généralisée facilite également l'expansion de ce phénomène.

    III.1- La sédentarité62 dans un milieu urbain : un phénomène

    épidémiologique

    La sédentarité fait partie des quatre principales causes des maladies chroniques63. Elle est classée responsable d'environ de 3,2 à 5 millions de décès par an à l'échelle mondiale et de près d'un million de décès en Europe.64 En plus d'être associée fortement à l'obésité, la sédentarité est un facteur de risque considérable pour le niveau de la prévalence de nombreuses pathologies chroniques : 27 % des cas de diabète, de 30 % des cas de cardiopathie ischémique et 21 % à 25 % des cas de cancer du sein et du côlon, le diabète, l'ostéoporose, les maladies coronariennes65, etc.

    61 Didier Fassin, « Un aveuglement face aux inégalités sociales de santé », entretien avec Didier Fassin, directeur d'études à l'EHESS", OBSERVATOIRE DES INEGALITES, 8 février 2008, https://www.inegalites.fr/Un-aveuglement-face-aux-inegalites-sociales-de-sante-entretien-avec-Didier.

    62 Cette partie est tirée des travaux de : P. Boino (cours IUL), J. Bazex et al, L. D. Frank et al, OMS etc.

    63 OMS, « Maladies non transmissibles ». art. déjà cité.

    64 Idem

    65 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

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    De plus, selon des enquêtes, il a été observé, depuis quelques décennies, que l'activité physique a beaucoup baissé chez toutes les catégories d'âge. En effet, nous évoluons dans un monde où l'utilisation journalière de l'énergie du corps humain a beaucoup baissé. Selon certaines études, beaucoup d'individus ne prennent pas conscience de l'impact de l'inactivité physique. Cet état de sédentarité grandissant s'explique par plusieurs facteurs.

    L'organisation et la conception urbaine, selon les principes fonctionnalistes, favorisent l'utilisation de l'automobile. En effet, l'étalement urbain et la périurbanisation amènent certains services à être à une distance nécessitant l'utilisation de la voiture. Par exemple, nous utilisons nos voitures pour aller aux centres commerciaux en périphérie. Nous précisons qu'il s'agit d'un choix politique de mettre en avant l'usage de l'automobile par rapport à l'utilisation des transports en commun ou d'autres moyens de transport alternatifs. Par ailleurs, l'environnement obésogène constitue généralement la conséquence de certaines formes physico-spatiales typiques de l'urbanisme moderne : faible densité d'occupation du sol, localisation des activités professionnelles dans des zones à l'écart des centres urbains, espaces verts et de loisirs actifs peu nombreux et peu accessibles, des logements en périphérie, notamment les grands ensembles etc. En effet, la conception de la ville avec les principes fonctionnalistes, rend difficiles voire impossibles, selon les lieux, les modes de vie physiquement actifs, en particulier dans un contexte socio-économique d'accélération du temps et de la conciliation travail /famille (école)/amis/loisirs. Ce qui rend l'usage du véhicule individuel plus commode.

    De plus, les différentes enquêtes en France révèlent un désintéressement pour les activités physiques et sportives et les multiples mesures et politiques actuellement envisagées ne modifient pas le comportement des individus : il s'agit souvent de mesures ponctuelles, négligeant le sport pour la santé, promouvant trop souvent le sport spectacle, ne facilitant pas la pratique sportive pour tous, n'encourageant pas les éventuels pratiquants avec des installations adaptées, et par des politiques visant à minimiser les innombrables difficultés y compris financières66 , les pouvoirs publics, le corps médical, la société se trouvent devant un enjeu majeur de santé.

    66 Jacques Bazex, Pierre Pène, et Daniel Rivière, « Les activités physiques et sportives -- la santé -- la société », Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine 196, no 7 (octobre 2012): 1429-42, https://doi.org/10.1016/S0001-4079(19)31722-4.

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    D'ailleurs, une heure de voiture quotidienne fait augmenter de 6 % le risque de développer de l'obésité67. Les résidents des banlieues sont, par exemple, plus à risque de surpoids en raison de l'usage généralisé de l'automobile. Les habitants des grands ensembles, de par la typomorphologie de leurs quartiers, n'échappent pas à l'éloignement des centralités et la complexité des déplacements et par conséquent la sédentarité devient une norme socioculturelle. Une étude menée à Lausanne en Suisse, démontre la problématique de la sédentarité dans les quartiers défavorisés (Cf. figure n°3).

    Figure n° 3: Cartographie de la répartition spatiale de l'obésité à Lausanne

    Source : https://www.letemps.ch/sciences/lausanne-obesite-une-question-quartier

    Cette étude montre que ce phénomène est relatif aux questions d'urbanisme et à l'influence des systèmes sociaux et culturels du quartier.68

    67 Lawrence D. Frank, Martin A. Andresen, et Thomas L. Schmid, « Obesity Relationships with Community Design, Physical Activity, and Time Spent in Cars », American Journal of Preventive Medicine 27, no 2 (août 2004): 87-96, https://doi.org/10.1016/j.amepre.2004.04.011.

    68 « A Lausanne, l'obésité est une question de quartier », Le Temps, 5 janvier 2016, https://www.letemps.ch/sciences/lausanne-lobesite-une-question-quartier.

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    Les quartiers concernés se situent à l'Ouest de Lausanne (en rouge sur la carte), ce sont des quartiers populaires constitués de grands ensembles, tandis que les quartiers à l'Est de la ville échappent bel est bien à ce phénomène en concentrant une population dont l'indice de masse corporel (IMC) est plus bas que la moyenne. Évidemment, quand les gens rentrent chez eux (4eme ou 5eme étage), ils n'ont plus envie de ressortir. La hauteur des bâtiments rend donc difficile la mobilité active des habitants.

    Concernant le reste de la ville l'étude n'a pas observé de lien entre l'habitat et l'IMC. Selon le Docteur Idris Guessoous, membre de l'équipe de recherche, les gens qui vivent dans un territoire marqué par des coupures urbaines, notamment par des axes routiers et ferroviaires, sont généralement exposés au phénomène de la sédentarité et donc de surpoids.69

    Cependant, en France, nous pouvons généralement observer ce phénomène sur des populations excentrées et loin de tout équipement et service public. Elles se trouvent souvent dans l'obligation de faire un usage trop excessif de l'automobile et moins de mobilité active et d'activité physique. De plus, nous observons l'impact du progrès technique qui a favorisé non seulement l'avènement des transports motorisés, mais également la domotique ou encore le développement des télécommunications. Cela a engendré une réduction de l'activité physique puisque les besoins peuvent être accomplis immédiatement sans bouger ou en prenant la voiture.

    En parallèle, la tertiarisation de l'économie a amené une augmentation du nombre d'employés de bureau, c'est-à-dire des métiers assis une grande partie de la journée. Cela conduit également à un manque d'activité physique. En moyenne, les Européens sont assis 7h26 par jour et pour ceux qui travaillent en bureau cette moyenne est beaucoup plus élevée70. Par ailleurs, quelle que soit l'activité, l'organisation urbaine amène à une gestion particulière des temps sociaux conduisant à la sédentarité. Selon une expression populaire, il s'agit du « métro, boulot, dodo ».

    Nous rappelons que la sédentarité dont les causes sont traitées ci-dessus, est un facteur des maladies cardio-vasculaires, d'accidents vasculaires cérébraux (AVC), de ruptures d'anévrisme, de problèmes de pancréas, de vaisseaux, et d'obésité, de cancers, de diabète type 2, etc. En

    69 Idem, art. déjà cité

    70 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

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    France, en 20 ans le pourcentage d'obésité a doublé (de 6 % en 1989 à 12 % en 2011), cependant, sur la même période le pourcentage des individus en surpoids est passé de 30 % à 38 %71.

    Selon l'OMS, la prééminence de l'obésité a pris une dimension « épidémique » à l'échelle mondiale depuis ces dernières décennies en doublant dans moins de 30 ans72. En effet, ce phénomène préoccupant est observé à l'échelle internationale notamment dans les pays développés (Cf. figue n°4). Ainsi en 2016, plus de 1,9 milliards d'adultes soit 40% de la population adulte mondiale étaient en embonpoint, sur ce total plus de 650 millions étaient obèses soit 13% de la population adulte mondiale.73

    Selon L'OMS, cette épidémie peut s'expliquer par de multiples causes, elle n'est pas seulement le fait des choix individuels. Cependant, le développement d'un environnement « obésogène » émane principalement de l'évolution de la consommation excessive de nourriture trop riche en calories (acides gras saturés, sel et sucre) et trop faible en nutriments essentiels au bon fonctionnement du corps humain associée à une carence en activité physique74. À cela nous rajoutons que l'organisation de la ville et notamment la mobilité en son sein peut être obésogène, si elle n'incite pas les gens à l'usage de la force physique (la marche et le vélo). Ainsi les villes se trouvent face un enjeu important liant la pratique de l'activité physique à la mobilité active pour orienter leur politique d'urbanisme vers une démarche préventionnelle pour la santé.

    71 Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse (Ministère des Sports, 31 janvier 2018).

    72 « Obésité et surpoids », consulté le 8 octobre 2021, https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight.

    73 « Obésité et surpoids », https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight.

    74 Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques ».

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    Figure n°4 : Évolution et projection de l'obésité dans les pays de l'OCDE

    Source : Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse (Ministère des Sports, 31 janvier 2018).

    Aujourd'hui, 28% des gens seulement connaissent les dangers de l'excès de sédentarité. Elle est responsable de 4% des décès prématurés par an : c'est 433 000 décès dans le monde et 21 000 décès en France75. Cela dépasse les décès des accidents de la route. Les risques varient en fonction du temps d'inactivité : 4h d'inactivité par jour fait augmenter le risque de 2%, 8h d'inactivité par jour de +8% et 10h d'inactivité par jour : +34% de risques.76

    À travers cet éclairage, nous observons donc que l'inactivité physique serait la cause principale directe de ces décès prématurés. En effet, il est prouvé scientifiquement que la relation entre l'activité physique et l'état de santé est incontestable (conSSENSUS) et ce depuis l'antiquité. Selon les résultats de l'étude de l'Eurobaromètre, réalisée en 2014 dans les 28 pays membres de l'Union Européenne, 59 % des citoyens de l'UE signalent ne pas pratiquer régulièrement une activité physique et sportive, voire « jamais » pour 42 % d'entre eux 77(Cf. figure n° 5). Cette étude érige un bilan assez alarmiste des habitudes des citoyens européens en termes d'activité physique.

    75 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

    76 BOINO. Doc. déjà cité

    77 « Special Eurobarometer 412: Sport and physical activity - Data Europa EU », consulté le 23 octobre 2021, https://data.europa.eu/data/datasets/s1116_80_2_412?locale=en.

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    Figure n°5 : La pratique de l'activité physique au sein de l'union européenne

    Source : Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse (Ministère des Sports, 31 janvier 2018).

    La même étude révèle qu'en 2009 la pratique du sport d'une manière régulière avait même reculé dans l'ensemble (Cf. figure n°6) : la part des personnes déclarant pratiquer une activité physique régulière perd 5 points (13 % en 2009 contre 8 % en 2013) tandis que celle des personnes affirmant ne jamais pratiquer une activité sportive prend 8 points (34 % contre 42 %)78.

    Figure n°6 : Évolution de la pratique de l'activité physique en France

    Source : Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse (Ministère des Sports, 31 janvier 2018).

    78 Idem, art. déjà cité

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 2 7 | 1 4 8

    En sus de son influence sur la santé, la sédentarité impacte également l'économie de la santé79 puisque les coûts sont passés à 67,5 Mds à l'échelle mondiale, soit plus que le produit intérieur brut (PIB) d'un pays comme le Costa Rica, d'après une étude publiée par la revue médicale britannique « The Lancet »80. En France les coûts sont estimés à plus de 17 Mds € en 2013 : dont 13,4 Mds € en coûts directs (dépenses en santé) estimés sur la base de 25% du taux de pratique d'activité physique (Cf. figure n°7).81 Dans une publication du ministère des Sports, pour étudier les dépenses relatives à la sédentarité, on se base sur trois types de coûts 82 :

    · « Les coûts directs constituent l'ensemble des prestations de services de santé. Ils sont relatifs aux hospitalisations, aux consultations médicales (généralistes, spécialistes), à la consommation de médicaments, aux dépenses d'imagerie, de biologie, de transport médical ou encore de soins infirmiers ;

    · Les coûts indirects sont relatifs au recul de la productivité, lorsque les employés doivent s'absenter pour des raisons de santé, de façon temporaire (absentéisme) ou permanente (invalidité ou mortalité prématurée). Ces coûts sont calculés sur la base de la contribution que ces individus auraient pu faire à l'économie. Parmi les coûts indirects, certaines conséquences économiques ne sont en revanche que très rarement comptabilisées (travail non salarié) ;

    · Les coûts « intangibles » correspondent à la souffrance physique (douleur) ou morale (peine) des individus concernés et de leurs proches. Par définition très difficiles à exprimer en termes monétaires, ils sont généralement exclus des analyses »83

    79 Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques ».

    80 « L'inactivité physique coûte au monde 67,5 milliards de dollars par an », Le Monde.fr, 28 juillet 2016, https://www.lemonde.fr/planete/article/2016/07/28/l-inactivite-physique-coute-au-monde-67-5-milliards-de-dollars-par-an_4975571_3244.html.

    81 Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques ».

    82 Idem, art. déjà cité

    83 Idem, art déjà cité

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    Figure n°7 : Estimation du coût de la sédentarité en France par type de coût et par pathologie

    Source : Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse (Ministère des Sports, 31 janvier 2018).

    III.2- La densité

    Les villes denses sont développées depuis longtemps pour leurs avantages. Elles sont construites selon des modèles d'urbanisation compacts qui visent à une meilleure accessibilité des services et emplois locaux, à la réduction des distances intra-urbaines et à la promotion des systèmes de transports publics. Ces aspects contribuent positivement à l'efficacité et à l'efficience des investissements en infrastructures de base, à la maîtrise de la consommation d'énergie et à la résilience face au changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES), ainsi qu'à l'accès à la connaissance et à la croissance socio-économique. En effet, la densité peut présenter des effets positifs pour l'environnement et la santé si elle est accompagnée par une mixité de fonction, ainsi qu'une organisation des déplacements actifs et en transport en commun au détriment du véhicule individuel motorisé84. En effet, la densité si elle n'est pas organisée et réfléchie peut conduire aux désastres urbains et à l'apparition et à la propagation des maladies.

    De plus, le mode de vie urbain se fonde sur un système complexe : la population et les commensaux, c'est-à-dire les animaux qui vivent avec nous (puces, tiques, rats, souris etc.).

    84 Aurélien BOUTAUD, Santé & environnement Décryptage - Tendances - interviews - initiatives Métropole de Lyon-Albert Lévy, Architecte urbaniste, chercheur associé LAVUE UMR/CNRS 7218, membre du Réseau Environnement Santé (interview du 15/07/2017, 2017.

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    Ces derniers provoquent des maladies dites vectorielles. En effet, le fait que l'on fasse cohabiter beaucoup d'habitants et d'animaux engendre des problèmes de zoonoses (maladies transmises par les animaux). Nous avons 65 maladies en commun avec les chiens, 26 maladies avec les poules etc. La concentration liée à la densité fait donc exploser les risques d'épidémies et de pandémies (virales ou bactériennes)85.

    Récemment, nous avons constaté la propagation rapide de la Covid-19 dans les grandes villes, ce qui a rouvert le débat sur la densité et les questions relatives à la santé publique. En plus de la propagation facilitée, la concentration demande une offre de soins importante. Par exemple, malgré une offre d'hôpitaux très importante dans les grandes villes comme Lyon, la ville a peiné à faciliter l'accès aux soins à un grand nombre de malades (surcharge des urgences, manque de moyens, rupture de certains produits sanitaires etc.). En effet, la densité est développée pour corriger certains dysfonctionnements relatifs à la circulation et aux flux, à la sédentarité et ses pathologies, à la pollution atmosphérique et sonore etc. Mais elle est questionnée encore une fois aujourd'hui par rapport à sa contribution dans la propagation de la pandémie Covid-19.

    La période récente de pandémie a également révélé un autre phénomène, celui de l'exode urbain. Les citadins ont cherché à retourner à la campagne pour être en contact avec la nature, profiter d'espaces moins denses afin d'éviter les contaminations.

    Historiquement, les villes ont connu, en accusant la densité, des problèmes similaires notamment avec le choléra qui a fait un million de morts en Russie et la peste noire qui a décimé 30% à 50% de la population mondiale86. La Covid-19 a provoqué à ce jour plus de 4,7 millions de décès à l'échelle mondiale87.

    Outre les pandémies, au regard de sa morphologie dense, la ville est source d'ilots de chaleur. En effet, en premier lieu, la densité des bâtiments retient la chaleur de la journée. De plus, la densité urbaine implique une végétalisation très faible ainsi qu'une imperméabilisation des sols empêchant l'infiltration des eaux, une utilisation de matériaux à faible albédo, créant également ces ilots de chaleur. Enfin, l'utilisation de la voiture dans un milieu dense crée une

    85 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

    86 BOINO. Art. déjà cité

    87 « Coronavirus : chiffres clés et évolution de la COVID-19 en France et dans le Monde », consulté le 6 octobre 2021, https://www.santepubliquefrance.fr/dossiers/coronavirus-covid-19/coronavirus-chiffres-cles-et-evolution-de-la-covid-19-en-france-et-dans-le-monde.

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    congestion de la circulation régulière, amenant de nouveau à une production de chaleur mais également à une émission de gaz à effet de serre et une mauvaise dispersion des polluants atmosphériques liée à la morphologie dense des bâtiments et des trames viaires (rues, boulevard, chemin etc.) provoquant des maladies chroniques (respiratoires, cancers etc.). La concentration dans les zones urbaines amène souvent à une surpopulation dans ces milieux. Celle-ci génère des nuisances sonores, des comportements anxieux, des relations conflictuelles entre citadins, ainsi qu'une inadaptation potentielle des services (gestion des déchets, hôpitaux etc.) face au surnombre. La densité et l'organisation économique autour de la ville augmentent d'autres risques, entre autres, les risques industriels. Par exemple, il existe les zones SEVESO qui préviennent ce genre de risques. Historiquement, nous comptons plusieurs accidents qui ont décimé des villes et des populations : Toulouse avec l'explosion d'AZF, Tchernobyl, et récemment la double explosion du port de Beyrouth. Enfin, la concentration et la densité créent un marché immobilier très tendu apportant des inégalités d'accès au logement et aux services.

    III.3- La pollution88

    III.3.a- Pollution atmosphérique et pollution des eaux/sols

    Le mode de vie urbain provoque des émissions avec 5 grands types de polluants

    atmosphériques : GES, AEP, POP, PM, ML89 :

    GES : Les gaz à effet de serre, une des causes principales du réchauffement climatique

    AEP : Les gaz provoquant une acidification, une eutrophisation ou une pollution

    photochimique

    POP : Les polluants organiques persistants

    PM : Les particules en suspension

    ML : Les métaux lourds

    La pollution de l'air constitue un enjeu considérable de santé publique et compose, selon

    l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le risque majeur environnemental pour la santé

    dans le monde. De ce fait, l'OMS préconise des valeurs-guides en matière des particules fines

    88 Cette partie est tirée des travaux de : P. Boino (IUL), OMS, Le Monde,

    89 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 3 1 | 1 4 8

    dans l'air ambiant. Aujourd'hui, le non-respect de ces valeurs constitue la cause chaque année d'environ 3,7 millions de décès prématurés90. D'après une étude de Harvard, en France, les particules fines générées par la combustion fossile seraient responsables de près de 100 000 décès91.

    On compte deux origines principales de la pollution : phénomènes naturels (un éclair, une éruption volcanique etc.), et activités humaines (industrie, transport concentré (transports routiers et bateaux).

    Le transport est considéré comme l'une des grandes causes (plus de 29,7% de CO2) devançant les autres secteurs. La voiture individuelle représente 15,7%, se classant en tête devant les autres moyens de transport92. Le transport émet plusieurs types de polluants qui diminuent les capacités respiratoires. Il est donc responsable de93:

    · « 61 % des émissions de monoxyde et de dioxyde d'azote (NOx) ;

    · 8 % des émissions de Composés organiques volatiles non méthaniques (COV) ;

    · 14 % des particules de matière inférieures à 10 micromètres (PM10) ;

    · 18 % des particules de matière inférieures à 2,5 micromètres (PM2,5) ;

    · 2% du dioxyde de souffre (SO2) ;

    · 1% de l'ammoniac (NH3 ) »

    Nous avons également d'autres émetteurs de gaz à effet de serre, comme les bâtiments résidentiels et tertiaires via le chauffage, l'utilisation des solvants pour les devantures, les sols, la construction, l'entretien et leur fonctionnement. L'industrie, l'agriculture intensive sont également responsables de la pollution atmosphérique. Leur processus de diffusion passe d'abord par l'émission des polluants primaires qui montent dans l'atmosphère, les vents les déplacent, ensuite sous l'action du soleil ou de la pluie des réactions chimiques peuvent survenir et les transformer en polluants secondaires qui vont ensuite revenir sur terre via les précipitations.

    90 « OMS | 7 millions de décès prématurés sont liés à la pollution de l'air chaque année », WHO (World Health Organization), consulté le 6 octobre 2021, https://apps.who.int/mediacentre/news/releases/2014/air-pollution/fr/index.html.

    91 « Un décès sur cinq dans le monde serait lié à la pollution de l'air », Le Monde.fr, 9 février 2021, https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/02/09/un-deces-sur-cinq-dans-le-monde-serait-lie-a-la-pollution-de-l-air_6069304_3244.html.

    92 « Voiture, industrie, viande... Quelles sont les causes du réchauffement climatique en France? », Le Monde.fr, 8 juillet 2019, https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/08/voiture-industrie-viande-quelles-sont-les-causes-du-rechauffement-climatique-en-france_5486767_4355770.html.

    93 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

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    En effet, la pollution pose un grand problème de santé publique. Selon la durée d'exposition de la majorité de la population, des impacts sur la santé sont susceptibles de survenir : une exposition de courte durée engendre des maladies aigues et une exposition de longue durée engendre des maladies chroniques94

    De nombreuses études épidémiologiques et toxicologiques démontrent l'impact sanitaire de nombreux polluants de l'air, générant ou amplifiant de nombreuses pathologies en grande majorité respiratoires et cardiovasculaires, l'asthme et certains cancers. Ces impacts sont étudiés polluant par polluant car il est très compliqué de prouver les effets causés par le mélange de certains polluants circulant dans notre environnement. Toutefois, certaines interactions commencent à être mises en évidence telles que l'interaction des températures et de certains polluants. De cette manière, en octobre 2013, le Centre International sur le Cancer a déclaré la pollution de l'air extérieur et les particules fines de l'air comme étant cancérogènes pour l'Homme.95

    Selon l'OMS, 4,2 millions de morts prématurées (< 65 ans), à l'échelle mondiale, sont dues à la pollution atmosphérique extérieure et plus particulièrement aux PM 2.5 en 2016 et 3,8 millions de morts prématurées dues à la pollution atmosphérique à l'intérieur des habitations ; soit près de 8 millions de morts prématurés par an.96

    Selon le scientifique Johan Rockstorm, l'humanité a repoussé les limites qui ont permis à la terre de préserver sa stabilité pendant 10 000 ans. Il explique que la pression exponentielle sur la Terre a été accélérée durant la période de l'industrialisation. Il affirme qu'en seulement 50 ans, l'humanité a réussi à s'extraire d'un état dans lequel elle vivait depuis 10 000 ans « Depuis les toutes premières civilisations, nous dépendons de l'état stable de notre planète : une planète avec deux calottes glaciaires, des rivières d'eau pure, un manteau de forêts, un climat fiable et une vie abondante. Tout au long de l'Holocène (période interglaciaire), cette planète stable nous a donné de quoi manger, de l'eau à boire, de l'air à respirer, mais nous venons de quitter l'Holocène. Nous avons créé nous même une époque géologique :

    94 « ehesp_dgs_outil_d_aide_analyse_des_plu_enjeux_de_sante_0.pdf », consulté le 16 novembre 2021, https://www.bretagne.ars.sante.fr/sites/default/files/2016-12/ehesp_dgs_outil_d_aide_analyse_des_plu_enjeux_de_sante_0.pdf.

    95 « La pollution de l'air extérieur est classée cancérogène certain pour l'homme », Actu-Environnement (Actu-environnement), consulté le 6 octobre 2021, https://www.actu-environnement.com/ae/news/pollution-air-exterieur-classement-circ-oms-cancerogene-19735.php4.

    96 Idem, art. déjà cité.

    l'Anthropocène (période de l'Homme)97 ». En effet, l'urbanisation généralisée sous le prisme économique a engendré une rapide dégradation des écosystèmes.

    III.3.b- Pollution sonore

    La pollution sonore est due aux transports (souvent dans les périphéries), aux nuisances humaines (centre-ville et concentrations dans les quartiers), à la logistique urbaine, aux activités industrielles. Ce qui provoque stress, manque de concentration, dérèglement du sommeil, modification des comportements, conséquences somatiques diverses, risque de surmortalité à cause de la fatigue ou du stress accumulés et le mal être urbain.

    III.3.c- Pollution lumineuse

    La pollution lumineuse est en général, due à l'éclairage public qui a été utilisé au XIXème siècle pour créer un sentiment de sécurité, puis surtout pour la circulation automobile. Il s'inscrit dans la démarche de prévention situationnelle. Depuis, l'éclairage a évolué vers d'autres usages, notamment, l'éclairage publicitaire et patrimonial, l'éclairage festif, l'éclairage domestique concentré, etc. Son usage ne va pas sans conséquences dramatiques sur l'écosystème. Il est source de stress et d'inconfort. Son impact sur l'air par opération photochimique des polluants a de fortes conséquences sur la flore et la faune (oiseaux, insectes etc.).

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    97 « Notre planète a ses limites : L'alerte de la science | Site officiel de Netflix- Documentaire scientifique-2021 », s. d., https://www.netflix.com/fr/title/81336476.

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    Selon une étude américaine, « plus de 600 millions d'oiseaux mourraient chaque année en percutant des gratte-ciels aux États-Unis. Un phénomène dramatique dont la pollution lumineuse nocturne serait l'un des principaux facteurs »98. En milieu urbain on ne voit plus le ciel nocturne, cela constitue l'une des causes de perturbation de l'écosystème et du sommeil. Il est la cause même de la désynchronisation hormonale augmentant le risque de cancer du sein. Il augmente également les troubles de la vision.

    III.3.d- Conséquences multiples :99

    Le modèle urbain fonctionnaliste a considérablement influencé l'environnement et la santé des habitants en milieux urbains. En effet, il a été démontré par des études scientifiques que la pollution de l'air par l'ozone et autres polluants constitue une source de plusieurs problèmes sanitaires, environnementaux, sociaux et économiques100 :

    · La santé : les poumons, les fonctions vitales sont touchées par les pollutions atmosphériques. Dans le monde, 4.2 millions de morts prématurés sont dus à la pollution atmosphérique extérieure en 2016, 3.8 millions de morts pour la pollution intérieure des bâtiments, soit 8 millions de morts au total. 21% de maladies pulmonaires, 20% d'AVC, 34% de cardiopathies, 7% de cancers. Dans le monde, voici les pays les plus impactés : 2 Millions en Chine, 1 Million en Afrique. En France 9% de

    98 EMELINE FERARD, « Aux Etats-Unis, plus de 600 millions d'oiseaux meurent chaque année à cause des gratte-ciels », GEO, 10 avril 2019, https://www.geo.fr/environnement/aux-etats-unis-plus-de-600-millions-doiseaux-meurent-chaque-annee-a-cause-des-gratte-ciels-195230.

    99 Cette partie relative aux conséquences multiples est tirée des travaux de : E. Ferard, P. Boino (IUL) A. BOUTAUD (A. Levy) etc.

    100 ADDIN ZOTERO_ITEM CSL_CITATION {"citationID":"MRW1iJmx","properties":{"formattedCitation":"PAUL BOINO, \\uc0\\u171{}\\uc0\\u160{}Ville et sant\\uc0\\u233{}: Port\\uc0\\u233{}e et limites d\\uc0\\u8217{}une construction objectiv\\uc0\\u233{}e des probl\\uc0\\u232{}mes publics-M1 Urbanisme et am\\uc0\\u233{}nagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d\\uc0\\u8217{}Urbanisme de Lyon (IUL) Universit\\uc0\\u233{} Lyon 2- 75 pages\\uc0\\u160{}\\uc0\\u187{} (2020).","plainCitation":"PAUL BOINO, « Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages » (2020).","noteIndex":100},"citationItems":[{"id":100,"uris":[" http://zotero.org/users/local/P1d2aBMC/items/UI 6A8LNM"],"uri":[" http://zotero.org/users/local/P1d2aBMC/items/UI6A8LNM"],"itemData":{"id":100,"type":"bi ll","abstract":"M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020","event-place":"Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2","page":"75 pages","publisher-place":"Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2","title":"Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages","author":[{"family":"BOINO","given":"PAUL"}],"issued":{"date-parts":[["2020"]]}}}],"schema":" https://github.com/citation-style-language/schema/raw/master/csl-citation.json"} PAUL BOINO, « Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages » (2020).

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 3 5 | 1 4 8

    la mortalité est liée à la pollution atmosphérique. Du fait de la concentration moyenne des particules fines dans les zones urbaines de plus de 100.000 habitants, 15 mois d'espérance de vie à 30 ans sont perdus à cause des PM 2.5 et dans les zones rurales, c'est 9 mois d'espérance de vie perdus.

    · Conséquence sur l'environnement bâti : perte de masse des façades des constructions: elles perdent leur couleur, s'écroulent, problèmes de transparence du verre, pour les vitraux anciens. La pollution rend des quartiers invivables, notamment ceux à proximité des axes routiers. Le coût global pour la pollution atmosphérique est de 3.4 milliards d'euros en 2000.

    · Économie : en 1 an, la pollution atmosphérique engendre 101.3 milliards d'euros de coûts directs et indirects, majoritairement des coûts sanitaires (selon le rapport du Sénat en 2015). Mais la pollution ne reste pas cantonnée aux seules villes. En effet, les zones rurales sont également impactées et voient la santé des cultures et des élevages se dégrader. Il a été scientifiquement prouvé que la pollution atmosphérique par l'ozone est dangereuse pour nos écosystèmes. En effet, elle provoque des perturbations de la photosynthèse et une baisse de production des cultures. Les rendements peuvent ainsi diminuer de 5 à 20%.

    · Les écosystèmes : certains polluants contaminent les sols et les eaux, acidifient les océans, attaquent les arbres avec les pluies acides, diminuent la biodiversité, modifient la zonation des espèces en flore et faune. Nous observons également des proliférations d'algues vertes sur les plages bretonnes, la flore des rivières disparait, etc.

    · Climat : La pollution provoque une tendance au réchauffement climatique. Nous observons les effets sur les glaciers, sur l'augmentation du niveau de la mer, sur la météorologie. Cela perturbe les mouvements classiques de transferts atmosphériques qui sont à la base de nos saisons. Nous assistons donc à un dérèglement climatique qui impacte la vie urbaine.

    L'environnement a toujours été l'élément considérable et primordial dans la santé des individus. Avec la crise sanitaire, la situation actuelle nous incite à nous interroger sur les liens entre environnement, santé et urbanisme. Les pandémies et les maladies que le monde a connues autrefois avaient eu un fort impact sur les villes et sur leur évolution. « Avec la Covid-19, nous subissons aujourd'hui une double épidémie : en fragilisant le système immunitaire,

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    notamment des personnes âgées, les maladies chroniques rendent plus vulnérables aux maladies infectieuses »101 (Alerte Albert Levy). L'épidémie nous a permis de prendre plus conscience que notre époque est marquée par la déflagration des maladies chroniques. Albert Lévy souligne que « Nous vivons actuellement une véritable transition épidémiologique, marquée par une explosion des maladies chroniques (...) ce sont les tendances contemporaines de l'urbanisme qui sont interrogées : la métropolisation ou croissance illimitée des métropoles, l'étalement urbain et l'artificialisation des sols, la périurbanisation excessive, la congestion des centres sur-densifiés, mais aussi le développement urbain hors-sol, c'est à dire la déterritorialisation, l'indifférence au lieu... Toutes ces tendances, qui affectent nos lieux de vie, sont des causes probables du développement des maladies chroniques »102

    Les maladies chroniques sont qualifiées d'épidémie mondiale par l'OMS : les maladies cardiaques, les maladies cardio-vasculaires, le cancer, les problèmes respiratoires chroniques, le diabète, les problèmes de vue ou d'ouïe sont responsables de plus de 17 millions de décès par an. Elles sont classées première cause de décès à l'échelle mondiale103. C'est le cas des décès prématurés des moins de 65 ans. Ces maladies chroniques sont liées à l'environnement économique et social des individus. La grande majorité des décès (plus de 80%) sont recensés dans des foyers à revenus faibles104. Selon l'OMS, le taux de ces maladies ne cessera d'augmenter sans que des actions globales et intégrées, à même de sauver des vies, ne soient menées.

    III.4- Les inégalités sociales de santé105 (ISS)

    Du fait des nombreux risques de santé existants, les villes souffrent d'une image peu engageante d'un point de vue de la santé 106 . En plus des maladies liées à la pollution, s'ajoutent également d'autres phénomènes relevant de la psychologie et de la psychiatrie : le surmenage, les divorces, les précarités, l'isolement social, l'éloignement des équipements, etc.

    101 « Que peut l'urbanisme contre les épidémies? », Demain La Ville - Bouygues Immobilier (blog), 26 mars 2020, https://www.demainlaville.com/que-peut-lurbanisme-contre-les-epidemies/.

    102 BOUTAUD, Santé & environnement Décryptage - Tendances - interviews - initiatives Métropole de Lyon-Albert Lévy, Architecte urbaniste, chercheur associé LAVUE UMR/CNRS 7218, membre du Réseau Environnement Santé (interview du 15/07/2017.

    103 « https://www.who.int/fr/director-general/speeches/detail/launch-of-the-report-on-women-and-health-today-s-evidence-tomorrow-s-agenda », s. d.

    104 Idem, art. déjà cité.

    105 Cette partie est tirée des travaux de : D. Fassin, P. Boino, L. Bourdeau-Lepage, L. Potvin et al

    106 Gérard Salem et Alain Vaguet, « Éditorial », Espace populations sociétés, no 2006/2-3 (1 décembre 2006): 221-26, https://doi.org/10.4000/eps.1421.

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    Les situations socioprofessionnelles, familiales et culturelles sont considérées comme des éléments majeurs d'augmentation des risques sanitaires. En effet, certains citadins sont plus exposés à ces facteurs, ce qui favorise l'augmentation des inégalités sociales de santé entre eux107. Elles sont corrélées à une myriade d'indicateurs de santé englobant ceux relatifs aux risques et aux résultats des soins. Ce qui produit l'existence de ces inégalités, entre les groupes sociaux, notamment dans le domaine sanitaire.

    En effet, lorsque l'on observe l'évolution urbaine des villes, on constate que l'approche fonctionnaliste prime sur l'aspect social, sur l'occupation des espaces par les citadins et sur l'aménagement des espaces108. Les typologies de discrimination engendrent la relégation de certaines populations à l'extérieur de la ville. Dans tous les domaines de la vie socio-urbaine, la discrimination intègre la société entière, la désunit et la décompose. Les individus sont dispersés ou relégués selon leur appartenance sociale, leur ethnie, leur âge, ainsi nait le phénomène de la ghettoïsation.109 De ce fait, d'autres phénomènes sociaux se créent : communautarisme, paupérisation et repli sur soi. En outre, dans d'autres lieux urbains de la même ville, nous observons des quartiers résidentiels avec tous les paramètres du bien-être. Cela reflète le dysfonctionnement urbain du fonctionnalisme qui pèse encore dans la typo-morphologie de nos villes : les populations ouvrières sont reléguées loin des centres historiques des villes, dans des grands ensembles éloignés des équipements et des services, généralement implantés dans les banlieues et les périphéries110. À cet effet, « l'appropriation de la ville leur a été ôtée, le temps leur échappe ».111 L'industrialisation, comme nous l'avons exprimée auparavant, a engendré « un éclatement de la ville traditionnelle, lui imposant une logique de rentabilité et de productivité qui détruit toute forme de créativité, de spontanéité et d'échange jusque dans la vie quotidienne, désormais aliénée et marquée par une désagrégation de la vie mentale et sociale».112 D'où la définition des inégalités sociales de santé selon Anne Guichard : «[...] toute relation entre la santé et l'appartenance à une catégorie

    107 Lise Bourdeau-Lepage & Virginie Chasles, « Ville et santé », Métropolitiques, 4 juin 2014, https://metropolitiques.eu/Ville-et-sante.html.

    108 Laurence Costes, « Le Droit à la ville de Henri Lefebvre : quel héritage politique et scientifique ? », Espaces et sociétés 140-141, no 1 (2010): 177, https://doi.org/10.3917/esp.140.0177.

    109 Costes. Art. déjà cité.

    110 Laurence Costes, « Le Droit à la ville de Henri Lefebvre : quel héritage politique et scientifique ? », Espaces et sociétés 140-141, no 1 (2010): 177, https://doi.org/10.3917/esp.140.0177.

    111 Costes.

    112 Idem

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    sociale »113 à partir de cela, on en déduit que toute organisation socio-spatiale séparative, associée à un modèle économique ultralibéral favorisent l'installation des Inégalités Sociales de Santé en ville.

    Les facteurs de ces inégalités de vies ont fait l'objet d'une myriade de recherches. En effet, celles-ci ont été réalisées sur les conditions de travail, les conditions et les modes de vie, les catégories socio-professionnelles, les comportements à risques, l'âge de la retraite, la politique de l'habitat, les relations sociales, les politiques distributives à travers la fiscalité et les aides financières directes. D'autres études ont plus porté sur les comportements de chaque individu par rapport à la santé qui sont étroitement liés avec les facteurs sociaux114. À ces facteurs, on peut bien évidemment rajouter l'accès aux soins primaires et également les transports facilitant l`accès aux différents services urbains, aux lieux de travail, aux lieux d'enseignement et aux espaces de loisirs. Malheureusement, on constate qu'une grande partie des habitants sont limités en termes de transports et ne peuvent pas ou peu accéder à tous ces sites. Les causes de cette limite de transports sont multiples : économique (prix du transport), géographique (selon la situation de la résidence et la distance des arrêts de bus, par exemple) ou physique (une personne à mobilité réduite, âgée, etc.). Toutes ces causes découragent certains habitants à se déplacer de façon active et en particulier les personnes âgées, les étudiants, les personnes à mobilité réduite ou ayant un autre handicap, les populations les plus pauvres et les plus défavorisées. De plus, les difficultés de transport constituent également des obstacles à l'emploi, ce qui contribue à installer les personnes les plus démunies dans une situation précaire durable. Il en découle que le fait de ne pas pouvoir accéder aux transports est une cause de la pauvreté et de l'exclusion sociale et pas seulement une conséquence115.

    Ces inégalités sociales de santé (ISS) sont généralement marquées par des écarts socio-économiques. Elles sont bien évidemment évitables et/ou modifiables. Elles existent à toutes les échelles : entre les femmes et les hommes mais également selon les catégories socioprofessionnelles et les territoires. Les ISS ont une incidence forte sur la santé des

    113 Louise Potvin, Marie-José Moquet, et Catherine Marie Jones, Réduire les inégalités sociales en santé, Dossiers santé en action (Saint-Denis: INPES, 2010).

    114 Fassin, De l'inégalité des vies.

    115 François Desbiens, « Mémoire sur la mobilité durable et la santé -Centre universitaire intégré de santé et de service sociaux- de la Capitale-Nationale- Quebec 2017- », s. d.

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    populations116. En France, les ISS sont considérées comme étant les plus importantes d'Europe de l'Ouest. Paradoxalement, son système de soins est évalué parmi les meilleurs du monde : selon l'OMS, il est au premier rang de son classement117.

    Selon des études faites pour le compte de l'INSEE, ce progrès sanitaire ne profite pas à tous de manière équitable. Nous observons que ce progrès a été profitable pour une minorité de la population, notamment la plus favorisée. Si l'on compare à aujourd'hui l'espérance de vie d'un cadre avec celle d'un ouvrier : l'espérance de vie d'un ouvrier de 35 ans est de 7 ans de moins que celle d'un cadre ou d'un professionnel libéral - pour les femmes, la différence est de 3 ans118. On peut déduire que l'état de santé et du bien-être d'un individu est fortement lié à sa position socio-économique et culturelle. Cependant, ces inégalités suivent une classification sociale parmi les individus : une catégorie sociale correspond à un niveau de morbidité ou de mortalité plus élevé que la catégorie sociale supérieure119. Par exemple, un habitant à proximité immédiate du boulevard Bonnevay à Lyon est plus exposé à des risques relatifs à la pollution qu'un habitant du boulevard des Belges.

    Un autre phénomène émerge de ces inégalités sociales de santé : du fait de leurs faibles revenus ou parce qu'elles ne connaissent pas très bien le fonctionnement du système de santé, de trop nombreuses personnes se voient dans l'obligation de renoncer aux soins dont elles ont besoin120. En France, des enquêtes ont démontré qu'« En 2014, une personne sur quatre déclare avoir renoncé à au moins un soin dans l'année pour des raisons financières. C'est notamment le cas pour les soins dentaires, les équipements d'optique médicale et les audioprothèses. En 2014, 17 % des personnes déclarent avoir renoncé à des soins dentaires pour des raisons financières, et 5 % à des soins médicaux. Les dépassements sur les prothèses dentaires ont augmenté de 66 % en 10 ans, et le taux de dépassement moyen des médecins de secteur 2 s'élève encore en 2016 à plus de 33 % des honoraires malgré les mesures

    116 « Léa-Roback centre de recherche sur les inégalités sociales de santé de Montréal : LES INÉGALITÉS SOCIALES DE SANTÉ: QU'EST-CE QUE C'EST?. », consulté le 17 novembre 2021, http://centrelearoback.org/coup_d_oeil/.

    117 Didier Fassin, « Un aveuglement face aux inégalités sociales de santé », entretien avec Didier Fassin, directeur d'études à l'EHESS", OBSERVATOIRE DES INEGALITES, 8 février 2008, https://www.inegalites.fr/Un-aveuglement-face-aux-inegalites-sociales-de-sante-entretien-avec-Didier.

    118 Marie-José Moquet, « la santé de l'homme », no 397 (2008), http://www.inpes.sante.fr/.

    119 Idem, art. déjà cité

    120 « adsp n° 102 - Reste à charge et santé », consulté le 7 octobre 2021, https://www.hcsp.fr/explore.cgi/Adsp?clef=159.

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    d'encadrement mises en place depuis 2011 ».121

    À travers l'éclairage apporté par les différentes études et enquêtes, nous constatons que les inégalités sociales de santé se sont catégoriquement aggravées en France depuis les années 1970.122 Elles sont le résultat de différentes politiques de rigueur menées en France et qui ont engendré une régression des politiques sociales : baisse des dépenses publiques, notamment en matière de santé, augmentation des emplois précaires et baisse du pouvoir d'achat123 , etc.

    Nous constatons donc que les politiques publiques sont généralement responsables de l'aggravation des inégalités sociales de santé, ainsi D. Fassin explique, dans une interview : «on constate en France une tendance structurelle des politiques : d'un côté, on produit davantage d'inégalités sociales, notamment par les politiques fiscales mais aussi de l'éducation et de l'emploi, et de l'autre, on s'attaque à la pauvreté extrême : on se souci moins de la justice sociale, mais on développe les programmes d'assistance- ce décalage est caractéristique de toutes politiques libérales dont on constate qu'elles finissent par se retourner contre les pauvres, accusés de contribuer à leur propre misère»124

    De plus, dans son rapport de 2010, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) soulignait qu'en France nous enregistrons les inégalités sociales de santé les plus élevées des pays d'Europe. Par ailleurs, elles ne cessent de s'aggraver au cours de ces dernières décennies. Nous constatons également d'autres formes d'inégalités : celles qui concernent les territoires et les régions. Il existe une variation de l'espérance de vie entre les habitants du Nord et du Sud. En effet, un homme vivant en Ile de France a une espérance de vie de 77 ans contrairement à un homme vivant dans le Pas de Calais dont l'espérance est de seulement 73 ans. Pour les femmes : 84 ans en Ile de France et 81 ans dans le Pas de Calais125.

    Cela réside forcément dans la temporalité et dans la complexité de la composition socioéconomique de chaque territoire et régions, par rapport à d'autres, et se traduit par des politiques de santé publiques plus au moins favorables au droit à la santé des populations, ainsi Paul Boino explique dans une interview que « Les territoires budgétairement riches

    121 « adsp n° 102 - Reste à charge et santé », consulté le 7 octobre 2021, https://www.hcsp.fr/explore.cgi/Adsp?clef=159.

    122 Fassin, De l'inégalité des vies.

    123 Idem, art. déjà cité

    124 Fassin, « Un aveuglement face aux inégalités sociales de santé », entretien avec Didier Fassin, directeur d'études à l'EHESS".

    125 Marie-José Moquet, « Inégalités sociales de santé : des déterminants multiples -LA SANTÉ DE L'HOMME - N° 397 - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2008 -département Qualité des pratiques et formation, Ddeset, INPES », s. d.

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    étaient aussi les territoires socialement pauvres. Industriels et ouvriers, ils disposaient de ressources plus importantes mais devaient supporter des charges plus fortes du fait des besoins en services publics et en services sociaux de leurs administrés. À l'inverse, d'autres territoires plus résidentiels étaient sans doute riches socialement mais ils étaient pauvres budgétairement, car ils n'accueillaient pas beaucoup d'entreprises. Là aussi, il n'y avait pas de problème en soi : les inégalités territoriales généraient de la justice sociale ; les moyens se situaient là où étaient les besoins. La situation actuelle est sensiblement différente. Certains territoires se retrouvent tout à la fois socialement et budgétairement pauvres tandis que d'autres sont simultanément riches de leur population et de leurs entreprises »126. En effet, certains territoires pauvres se voient vidés, progressivement, de leur population et par conséquent de leur richesse socio-économique.

    III.5- La temporalité de la ville : synchronisation des temps sociaux

    L'histoire et l'organisation de nos sociétés occidentales sont marquées par une approche économique de l'espace et du temps. Plus précisément, l'organisation sociale du temps est structurée par la gestion de l'espace en imposant un rythme aux individus dans une logique d'accumulation de profits qui ne cesse de progresser depuis la première révolution industrielle127. Concrètement, au XIXème siècle notamment, la conception urbaine a été pensée pour faciliter l'accès aux usines dans une temporalité optimale.

    126 PAUL BOINO, LES ENJEUX DE SOLIDARITÉ POUR LE GRAND LYON., https://www.millenaire3.com, 18 décembre 2012, https://www.millenaire3.com/Interview/2013/les-enjeux-de-solidarite-pour-le-grand-lyon.

    127 François Ascher, « Du vivre en juste à temps au chrono-urbanisme », Les Annales de la recherche urbaine 77, no 1 (1997): 112-22, https://doi.org/10.3406/aru.1997.2145.

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    Le temps n'est pas une notion unique.128 En effet, il correspond à plusieurs réalités sociales comme personnelles. Ainsi, le temps est différencié par rapport à des caractéristiques fonctionnelles ou sociales. Il existe donc quatre temps principaux rythmant le quotidien. Le premier temps est physiologique, à savoir les rythmes de repas, de sommeil, de bain etc. Le deuxième temps relève de la vie professionnelle et estudiantine et est donc structuré par les horaires de travail et de cours. Le troisième est consacré aux travaux domestiques et comprend également le temps consacré à l'éducation des enfants. Enfin, le dernier temps est celui des loisirs privés (lecture chez soi par exemple) comme à l'extérieur (aller au cinéma, au théâtre, au sport etc.). Les quatre temps présentés ne peuvent être réalisés en dehors d'un cadre social. L'ensemble de ces activités sont donc elles-mêmes des produits sociaux. En cela, nous pouvons déjà penser ces temps comme des temps sociaux en tant que partie prenante des activités de la société. Nous ne nous limitons à cette définition. Plus que partie prenante, nous définissons le temps social comme produit de la diversité des activités sociales qu'il organise et qu'il rythme129. Cette notion n'est pas nouvelle, elle est empruntée aux travaux de Durkheim130 (Durkheim,1912). Nous l'adoptons car nous adhérons au point de vue que la société constitue une unité qui structure les vies des individus. En revanche, nous adoptons le point de vue de temps sociaux multiples. En effet, toute pratique sociale amène à la production d'un temps social. Par exemple, aller au marché, à l'école, au travail, constitue un certain temps d'activité quotidienne pour un individu. Ces temps se coordonnent et s'organisent entre eux. Par exemple, un certain temps passé au marché sera au sacrifice d'une autre activité, aller à la bibliothèque. De même, le temps passé dans les transports indique les activités possiblement réalisables131.

    Par la suite, nous faisons l'hypothèse que les temps sociaux sont majoritairement structurés en ville. Ceci est une assomption raisonnable car comme nous l'avons montré le mouvement historique est celui d'un exode rural vers la ville et aujourd'hui plus d'un individu sur deux vit en ville dans le monde 132. Nous pouvons donc négliger l'étude des campagnes concernant les

    128 Joseph Moreau, « Le Temps selon Aristote (à suivre) », Revue Philosophique de Louvain 46, no 9 (1948): 57-84, https://doi.org/10.3406/phlou.1948.4129.

    129 Roger Sue, « La sociologie des temps sociaux : une voie de recherche en éducation », Revue française de pédagogie 104, no 1 (1993): 61-72, https://doi.org/10.3406/rfp.1993.1289.

    130 Igor Martinache, « Emile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse », Lectures, 20 février 2009, https://doi.org/10.4000/lectures.726.

    131 Sue, « La sociologie des temps sociaux ».art. déjà cité

    132 Jacques Véron, « La moitié de la population mondiale vit en ville », Population & Sociétés 435, no 6 (2007):

    1-4.

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    temps sociaux133. Les différents temps sociaux en ville se matérialisent dans des espaces (les bâtiments d'administration, les entreprises, les écoles, les parcs, les centres commerciaux etc.). De fait, les emplois des espaces urbains sont liés aux emplois du temps. Ce principe s'appelle « chronotopie »134. L'approche par ce principe permet de définir les chronotopes comme «lieux de confluence de la dimension spatiale et de la dimension temporelle» 135.

    La ville concrétise donc des rythmes coexistant et interagissant entre eux. Il s'agit alors de s'intéresser concrètement à cette polyrythmie afin de comprendre les problématiques et enjeux qu'elle engendre. Cette polyrythmie est prise en compte à partir de trois formes principales, à savoir, les temps sociaux multiples, l'utilisation multiple simultanée (polychronie) des lieux ou l'utilisation différée (polyvalence séquentielle) des espaces. L'absence de vision globale intégrant ces trois problématiques empêche l'avènement d'un urbanisme pensé par le rythme. Ainsi, la vision urbanistique majoritaire aujourd'hui ne prend pas suffisamment en compte l'articulation des temps urbains. La majorité des temps sont standardisés en fonction des horaires de travail. L'organisation de la ville a concentré les espaces relatifs à certaines activités entre eux (Zone industrielle, Zone d'activité, Zone résidentielle etc.) et a calé les transports en fonction de leurs horaires. Ce manque d'articulation entraîne une synchronisation trop importante des temps sociaux, ce qui engendre des congestions sur les routes aux heures de pointe, de la pollution, de l'anxiété etc.

    Depuis une trentaine d'années, nous constatons une accélération des changements dans notre organisation des temps journaliers. En effet, plusieurs facteurs conduisent à ces transformations. Premièrement, nous observons une évolution dans l'organisation du travail. En France, les temps de travail ont évolué avec les changements de contrat de travail. Les 35h hebdomadaires ont engendré du temps libre. Les emplois intérimaires, l'ubérisation du travail, les contrats de mission, les CDD courts, les temps partiels ainsi que l'augmentation du chômage conduisent également à du temps libre et à une transformation des horaires et jours de travail. À cela, il s'ajoute le développement technologique qui crée une connexion quasi-permanente à des activités sociales induisant des temps artificiels. Cela perturbe également les rapports entre individus qui peuvent se contacter en temps réel. De fait, la temporalité

    133 Nous négligeons l'étude des campagnes sans pour autant dire que cette étude ne mérite pas une attention.

    134 Sandra Mallet, « Aménager les rythmes : politiques temporelles et urbanisme. », EspacesTemps.net Revue électronique des sciences humaines et sociales., 2013, https://www.espacestemps.net/articles/amenager-les-rythmes-politiques-temporelles-et-urbanisme/#.

    135 Luc Gwiazdzinski, « Chronotopies - L'événementiel et l'éphémère dans la ville des 24 heures (Chronotopia - The happening and the ephemeral in the 24 hour city) », Bulletin de l'Association de géographes français 86, no 3 (2009): 345-57, https://doi.org/10.3406/bagf.2009.2679.

    entre les moments de travail et de non-travail est poreuse. De plus, les transports permettent aujourd'hui une accessibilité plus rapide des lieux. Ainsi, les rythmes sociaux s'accélèrent, et les activités se concentrent sur des temps de plus en plus courts. Cela a pour conséquence de créer des sentiments d'urgence, une certaine pression temporelle, du stress, ainsi qu'une peur de ne plus suivre le rythme136. L'ensemble de ces évolutions engendre plusieurs problèmes. Premièrement, des inégalités sociales naissent du fait qu'en fonction de notre niveau social, l'usage et la maîtrise du temps diffèrent car l'accessibilité aux chronotopes n'est pas égale. Ainsi, certaines classes sociales peuvent suivre l'accélération des rythmes et des besoins engendrés quand d'autres ne le peuvent pas. Deuxièmement, la pression temporelle augmente les conflits à divers moments. Enfin, l'accélération des temps sociaux implique des perturbations des rythmes biologiques. En effet, notre repos et notre sommeil sont perturbés, nos temps de repas également, ainsi que notre niveau de bien-être avec l'augmentation du stress. De ce fait, l'organisation du temps représente un enjeu d'aménagement urbain capital depuis ces dernières décennies137. En France, s'inspirant du modèle italien, les politiques temporelles naissent à la fin des années 1990. Elles cherchent à influencer des temps journaliers, des chronotopes et sur l'accessibilité à ces derniers afin que les divers temps des individus puissent être coordonnés. Cette volonté a amené à la création en 2001 des Bureaux des Temps, aussi appelés Espaces des Temps, Maison du Temps, Mission Temps de la ville138, etc.

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    136 Elodie Wahl, « Hartmut Rosa, Accélération. Une critique sociale du temps », Lectures, 16 avril 2010, https://doi.org/10.4000/lectures.990.

    137 Mallet, « Aménager les rythmes : politiques temporelles et urbanisme. » art. déjà cité.

    138 Idem, art. déjà cité

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 4 5 | 1 4 8

    IV- Évolutions des approches de la santé

    IV.1- L'essor du modèle biomédical : une approche curative et

    réductionniste

    La résolution des problématiques de santé invite directement à réfléchir à la définition de celle-ci. Cette tâche est complexe et il nous importe de l'aborder par une approche historique qui confronte les différentes conceptions existantes.

    Le modèle biomédical a une approche de la santé uniquement biologique axée sur le corps humain. Les caractéristiques biologiques sont donc les facteurs déterminants dans la définition de la santé. Rapportée à cette approche, la santé peut être définie comme l'absence de maladie et le traitement est réservé uniquement au corps médical.

    Ce modèle se développe depuis la révolution pasteurienne139 avec les vaccins contre les maladies. Il a dominé toutes les époques jusqu'à notre ère. En effet, les trente glorieuses ont appuyé ce modèle en investissant massivement dans l'industrie pharmaceutique et dans la technologie médicale.

    Pourtant, cette approche est critiquée dès l'Antiquité par les enseignements d'Hippocrate qui lie la santé à la place de l'humain dans l'environnement. Dans son Traité des airs, des eaux, des lieux140, Hippocrate invite les médecins de son temps à s'intéresser aux causes environnementales (saisons, vents etc.) dans les villes, aux comportements particuliers, afin de déterminer les déclenchements possibles de maladie.

    Impulsé par le progrès technique et les trente glorieuses, l'essor de ce modèle a axé sa stratégie sur le développement de nouveaux processus et établissements à finalité curative. Ce développement, qui est toujours en vigueur, s'articule par d'importantes dépenses pour investir dans le tout-médical. Son approche privilégie la pathogénèse (recherche sur les maladies) ou le corps humain et ses organes en négligeant la doctrine Hippocratique. Ce modèle ne considère pas les aspects extérieurs et ignore les facteurs clés qui déterminent la santé. Il est confronté, à l'échelle mondiale, et notamment dans les pays développés, à une

    139 Blanc, « Albert Lévy (coord.), Ville, urbanisme et santé. Les trois révolutions ».

    140 « HIPPOCRATE : Traité des Airs, des Eaux et des Lieux. », art. déjà cité. http://remacle.org/bloodwolf/erudits/Hippocrate/eaux1.htm.

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    profonde mutation de la nature des problèmes de santé, ce que de nombreux chercheurs et scientifiques ont qualifié de transition épidémiologique.141 Par ailleurs, cette approche est critiquée par le plus grand nombre, notamment sur son aspect très réducteur142.

    Aujourd'hui, malgré les critiques du modèle biomédical qui n'est plus pris stricto sensus, les pratiques médicales et politiques se poursuivent pourtant selon celui-ci. En effet, nous constatons qu'en général, une ordonnance médicale contient en moyenne 3,4 lignes de médicaments143. La pratique médicale s'appuyant sur cette approche exclut donc généralement les causes environnementales et sociales comme facteurs déterminants de la santé. « En France, 90 % des consultations de médecine générale aboutissent à une prescription médicamenteuse, versus 83 % en Espagne, 72 % en Allemagne et 43 % aux Pays-Bas»144.

    L'usage du médicament conséquent à cette approche implique plusieurs problèmes. Une contradiction existe, le médicament monopole pour « faire santé » est également une source polluante. En effet, premièrement, l'industrie pharmaceutique est un maillon dans la chaîne de production de la pollution. Selon Chahnez Antri-Bouzar (Antri-Bouzar, 2017)145, diverses analyses à proximité des établissements industriels pharmaceutiques ont révélé la présence de substances chimiques médicamenteuses dans l'environnement. Deuxièmement, il existe également une pollution à la consommation. Lorsqu'un médicament est administré à un individu, le corps humain ne l'absorbe pas entièrement et des substances peuvent se retrouver dans les eaux usées. De plus, les stations d'épuration chargées de les traiter ne peuvent faire disparaître entièrement les substances médicamenteuses. De ce fait, elles se retrouvent dans les eaux de surface et plus tard dans les eaux potables146.

    141 Henri Leridon, « La prévention dans la transition épidémiologique », in La prévention du risque en médecine: D'une approche populationnelle à une approche personnalisée, éd. par Pierre Corvol, Conférences (Paris: Collège de France, 2013), http://books.openedition.org/cdf/1665.

    142 Laurent Chambaud, « Territoires, incubateurs de santé ? Les Cahiers de l'IAU îdF n° 170-171 - septembre 2014 », s. d., https://www.institutparisregion.fr/fileadmin/NewEtudes/Etude_1101/C_170-171_web.pdf.

    143 Laurence Auvray et Catherine Sermet, « Consommations et prescriptions pharmaceutiques chez les personnes âgées: Un état des lieux », Gérontologie et société 25 / n° 103, no 4 (2002): 13, https://doi.org/10.3917/gs.103.0013.

    144 David Darmon et al., « Facteurs associés à la prescription médicamenteuse en médecine générale : une étude transversale multicentrique », Santé Publique 27, no 3 (2015): 353, https://doi.org/10.3917/spub.153.0353.

    145 Chahnez Antri-Bouzar, « La gestion des risques liés à la pollution médicamenteuse » (Université Côte d'Azur, 2017).

    146 Idem

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    Aujourd'hui, plusieurs études contradictoires sur les effets de la pollution médicamenteuse existent. Certaines indiquent que les effets sur le corps humain sont faibles. En revanche, d'autres remettent en cause la méthodologie de telles études car plusieurs points de méthodologie sont critiquables car elle ne prend pas en compte des populations à risque (personnes âgées, enfants, diabétiques etc.).

    Enfin, le médicament visant à guérir peut-être également facteur de dégradation de santé au sens où un médicament est iatrogène (possède des effets secondaires néfastes sur le corps). Or, la prise de médicaments devient un fait de plus en plus commun, que ce soit par prescription ou par automédication. Par exemple, en France, en 2021, selon un article d'une revue mutualiste, Viva Magazine147, « 13.4% de la population a déjà consommé au moins une fois des benzodiazépines de la classe des anxiolytiques ». Cette classe de médicaments comporte de nombreux effets secondaires graves comme diverses réactions psychiatriques, des amnésies, des somnolences voire même des comas. Elles sont donc responsables de nombreux accidents de la route. Une réponse du Ministère de la Santé et des Sports à un sénateur indiquait : « Les résultats, communiqués par l'AFSSAPS au mois de septembre 2008, sont très proches de ceux de 1998, soit un taux d'incidence de 3,60 %, entraînant en moyenne 10,29 jours d'hospitalisation et, toujours par extrapolation, au niveau national, 143 915 hospitalisations liées à un effet indésirable médicamenteux par an » (souligné par nous).148 Nous pouvons alors nous interroger sur la raison de la surconsommation de médicaments. L'article cité de Viva Magazine149 indique que selon plusieurs experts, la prise en charge des médicaments par l'Assurance Maladie, et non celle de traitements alternatifs, incite à l'achat puis la consommation de médicaments, notamment pour les maladies évitables.

    Cette approche repose sur cette hyperconsommation des soins primaires, dont les coûts sont exorbitants, comme nous l'avons indiqué précédemment pour les soins relatifs à la sédentarité. Bien évidemment, des coûts qui peuvent être évités en agissant sur leurs causes par une approche préventionnelle.

    147 Anne-Marie Thomazeau, « Les Français consomment-ils trop de médicaments ? », Viva Magazine (blog), 11 janvier 2021, https://www.vivamagazine.fr/les-francais-consomment-ils-trop-de-medicaments/.

    148 « La surconsommation de médicaments, un problème de santé publique - Sénat », consulté le 1 novembre 2021, https://www.senat.fr/questions/base/2009/qSEQ090709333.html.

    149 Thomazeau, « Les Français consomment-ils trop de médicaments ? »

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 4 8 | 1 4 8

    IV.2- La santé et le développement durable : approche

    environnementaliste de la santé

    Le concept de développement durable naît formellement avec le rapport Brundtland150 en 1987 à la suite de la prise en compte des effets du modèle de production sur l'environnement. Avec la première révolution industrielle et les évolutions politiques151 152, l'humanité entre dans une ère de domination avancée de la nature. De fait, la maîtrise progressive des énergies et des ressources par l'industrie, combinée à des rapports de production capitalistes recherchant le profit, amène à une production intense paraissant illimitée aux acteurs. Or, ceci est une vision réductrice de l'économie. Il est impossible de penser l'économie et la production, c'est-à-dire une activité humaine, hors de l'environnement qu'elle transforme et qui la transforme à son tour. Par exemple, l'activité humaine est un facteur de réchauffement climatique153, ce même réchauffement climatique oblige à la résilience. L'activité humaine, conduite par le prisme économique, a amené à diverses conséquences écologiques (pollution, épuisement des ressources, dérèglement climatique etc.). La prise de conscience de ce rapport entre production et environnement a amené l'ONU en 1972, à Stockholm, à tenir une conférence sur l'Homme et son milieu. Cette conférence voit la naissance du Programme des Nations Unies pour l'Environnement. En 1983, l'Assemblée des Nations Unies crée la Commission Mondiale pour l'Environnement et le Développement, présidée par Mme Gro Harlem Brundtland, premier ministre de Norvège. Cette dernière remettra, en 1987, un rapport intitulé, Notre avenir à tous, aussi appelé rapport Brundtland154. Ce rapport définira alors le concept de développement durable qui prendra toute son ampleur pendant le Sommet de la Terre de Rio en 1992. Trois piliers composent alors le concept de développement durable : le social, l'économie et l'environnement dans l'objectif de gérer aujourd'hui les

    150 Office fédéral du développement territorial ARE, « 1987: Le Rapport Brundtland », consulté le 25 octobre 2021, https://www.are.admin.ch/are/fr/home/medien-und-publikationen/publikationen/nachhaltige-entwicklung/brundtland-report.html.

    151 René Passet, « Chapitre II. La réduction du champ de la pensée économique », in L'Économique et Le Vivant, Hors collection (Paris: Economica, 1996), 27-49, https://www.cairn.info/l-economique-et-le-vivant--9782717831047-p-27.htm.

    152 Eric J. Hobsbawm et Eric J. Hobsbawm, L' ère des révolutions, Historiques 40 (Bruxelles: Éd. Complexe, 1988).

    153 Sans discuter de l'importance de ce facteur, question que nous laissons aux experts.

    154 ARE, « 1987 ». (rapport Brundtland) art. déjà cité.

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    ressources en répondant «aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs »155.

    Pendant ce Sommet, la question des villes et du développement durable se posera. En conséquence, le concept de ville durable va apparaître. Haughton et Hunter définissent la ville durable comme « Une ville durable est une ville dans laquelle les habitants et les activités économiques s'efforcent continuellement d'améliorer leur environnement naturel, bâti et culturel au niveau du voisinage et au niveau régional, tout en travaillant de manière à défendre toujours l'objectif d'un développement durable global» (Haughton & Hunter, 2016)156.

    En 1994, la charte d'Aalborg157 , en opposition avec la Chartes d'Athènes158, défend une gestion de la densité et des fonctions urbaines en relation avec le développement durable. La ville durable comme concept remet en cause la vision fonctionnaliste de l'urbanisme moderne. La critique de l'urbanisme moderne élaborée par Françoise Choay dans son parcours universitaire a été reprise politiquement par le Livre vert sur l'environnement urbain159 de la Commission des Communautés Européennes, (1990).

    Ce livre est un témoin de ce que nous pouvons appeler une approche environnementaliste de la santé. La question de la santé est posée uniquement comme conséquence de considérations environnementales. Par exemple, dans le Livre vert sur l'environnement urbain, chapitre premier, section 2, des paragraphes sont centrés sur les effets de la pollution sur la santé. On y retrouve également en Annexe I des articles du Traité relatif à l'environnement, notamment l'article 130R 160:

    « 1. L'action de la communauté en matière d'environnement a pour objet

    · de préserver, de protéger et d'améliorer la qualité de I 'environnement;

    · de contribuer à la protection de la santé des personnes;

    155 ARE. (rapport Brundtland) art. déjà cité.

    156 Graham Haughton et Colin Hunter, Sustainable Cities, First issued in hardback, Regional Development and Public Policy (London New York: Routledge, Taylor & Francis Group, 2016).

    157 « Charte des villes européennes pour la durabilité : Charte d'Aalborg (27 mai 1994) », consulté le 25 octobre 2021, http://i.ville.gouv.fr/index.php/sfPropelFileAssoc/download/file_id/250.

    158 « Et si on relisait vraiment la Charte d'Athènes? », Chroniques d`architecture, 31 mars 2020, https://chroniques-architecture.com/et-si-on-lisait-vraiment-la-charte-dathenes/.

    159 Commision des communautés européennes, Livre vert sur l'environnement urbain, 1990.

    160 Idem, art. déjà cité

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 5 0 | 1 4 8

    ? d'assurer une utilisation prudente et rationnelle des ressources naturelles 161»

    Nous avons donc une démonstration, qu'implicitement les politiques mises en oeuvre en termes de développement durable tendent à considérer les problématiques de santé comme liées à celles environnementales. Nous précisons qu'il s'agit d'une tendance implicite et non d'une volonté marquée. Cette approche limitée néglige donc d'autres aspects sociaux, économiques, et urbains. Il semble pour autant qu'il faille nuancer le propos. L'objectif 3 du développement durable (Cf. figure n°8), promulgué par l'ONU162 prend en compte une notion plus large que la santé : le bien-être. Dès lors, il semble que l'ONU fasse siennes des conclusions de l'OMS. En revanche, les cibles des politiques liées à ces objectifs relèvent principalement de considérations physiques (lutte anti-tabac ; accès aux services de soins, réduire la pollution etc.). Dès lors, les limites de l'approche ne sont pas réellement dépassées et il semble alors opportun de s'intéresser aux définitions et préconisations de l'OMS en termes de santé.

    161 Idem, art déjà cité

    162 Sophie Farigoul, « Objectif 3 : Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge », Développement durable (blog), consulté le 16 septembre 2021, https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/health/.

    Figure n° 8: 17 objectifs ont été adoptés fin 2015 par l'ensemble des États réunis au sein de l'ONU

    Source : Les Objectifs de développement durable - Développement durable ( un.org)

    IV.3- Une approche globale et positive : L'OMS vers un nouveau

    paradigme

    IV.3.a- Une approche globale de la santé et de l'urbanisme

    Avant la mise en place de l'OMS, d'autres organisations mondiales étaient en charge des problématiques de la santé. Tout d'abord, la Société des Nations Unies avait mis en place un comité provisoire sur la santé. Il était constitué par une autre organisation : l'Office International d'Hygiène Publique (OIHP) établi en 1907. Cette organisation s'est vue confier plusieurs missions qui seront par la suite reprises par l'OMS : faciliter la collaboration internationale pour la lutte contre les maladies, favoriser les échanges de connaissances et d'expériences entre les différents pays étant membres de l'OMS163. L'Organisation Panaméricaine de la Santé était la troisième organisation, elle s'attelait à la santé aux États-Unis. Cette dernière organisation va devenir plus tard le bureau de l'OMS aux États-Unis.

    163 Céline Paillette, « De l'Organisation d'hygiène de la SDN à l'OMS: Mondialisation et régionalisme européen dans le domaine de la santé, 1919-1954 », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin 32, no 2 (2010): 193, https://doi.org/10.3917/bipr.032.0193.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 5 1 | 1 4 8

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    Face à l'évolution rapide des écopathies et à l'urgence de préserver l'écosystème, une transformation de la vision devient alors primordiale. Le système de santé, doit être repensé en cherchant clairement ce qui fait la santé et non pas ce qui soigne la santé. En effet, la santé n'est pas seulement en rapport avec le biomédical et l'environnement.

    En continuité de la réflexion sur la problématique sanitaire et sur la transition épidémiologique164, l'OMS considère les MNT comme une « épidémie » qu'il faut combattre. Selon le rapport sur la situation des maladies non transmissibles (2014) publié par l'OMS, une très grande partie des décès liés aux MNT peuvent être évités. En 2012, parmi les 38 millions de décès liés aux MNT, 16 millions (soit 42%) ont été prématurés et évitables, contre 14,6 millions en 2000165.

    L'OMS va donc pousser la recherche vers une nouvelle révolution sanitaire plus globale et positive : globale car cette approche s'intéresse à l'ensemble des facteurs qui déterminent la santé. Ils peuvent être d'ordre environnemental, social, économique ou biologique. Positive car elle ne s'intéresse pas uniquement à maitriser et à éradiquer les risques ou les pathologies, mais elle donne de l'ampleur à la promotion de la santé.166

    Ainsi, elle axe son orientation sur ce qui fait santé, c'est-à-dire, que l'action doit être menée sur les facteurs qui déterminent et qui font santé. La santé doit être englobée avec la qualité de l'environnement dans lequel vivent les populations. Afin qu'une population soit en bonne santé, elle doit vivre dans un environnement sain. Peut-on alors être dans un état de complet bien-être dans un monde malade ?167. En effet, le constat est fait à travers les données statistiques à l'échelle mondiale, sur le dysfonctionnement de l'ensemble des facteurs dont la santé des individus a besoin pour se développer : une société malade168, dont le volontarisme politique et volontairement absent, ne peut pas offrir une meilleure santé à sa population.

    Cette approche holistique de la santé s'intéressant aux facteurs qui déterminent la santé est apparue vers la moitié du XXe siècle et plus précisément depuis que l'OMS, en 1946, a défini

    164 Henri Picheral, « Géographie de la transition épidémiologique », Annales de Géographie 98, no 546 (1989): 129-51, https://doi.org/10.3406/geo.1989.20898.

    165 OMS, « Maladies non transmissibles ».

    166 Anne Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. », Guide (EHESP, 2014).

    167 Chantal Godin, « Jean Lebel, La santé: Une approche écosystémique: Ottawa, Canada, CRDI, Un focus, 84 p., 2003 », VertigO, 1 septembre 2005, https://doi.org/10.4000/vertigo.4726.

    168 Pierre Guillaume, « Une société à soigner: Hygiène et salubrité publique en France au XIXe siècle: Gérard Jorland , Paris, Bibliothèque des histoires, Gallimard, 2010, 361 p., 27 €, ISBN : 978-2-07-012615-6 », Revue d'histoire de la protection sociale 3, no 1 (2010): 140, https://doi.org/10.3917/rhps.003.0140.

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    la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social et [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité»169. Projetée au rang des droits de l'Homme, elle devient pour l'OMS une «condition fondamentale de la paix dans le monde»170.

    En dépit de ce nouveau paradigme, les recherches scientifiques sont restées longtemps, jusqu'aux années 1970, cantonnées dans le giron de l'approche biomédicale. Elles étaient principalement concentrées sur la pathogénèse (Diagnostics et recherches sur les causes des maladies).

    Cette approche globale et positive de la santé a déjà fait l'objet d'une étude et d'un rapport précisant, pour la première fois, l'influence d'un ensemble de facteurs interagissant ensemble sur la santé. En 1974, Marc LALONDE, alors Ministre de la Santé du Canada, présente dans son rapport sur les quatre influences principales sur la santé : la biologie humaine, l'environnement, les soins de santé et les modes de vies qu'il faut bien prendre en compte pour parler santé.171

    169 OMS, « La Constitution a été adoptée par la Conférence internationale de la Santé, tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946, signée par les représentants de 61 Etats le 22 juillet 1946 (Actes off. Org. mond. Santé, 2, 100) et est entrée en vigueur le 7 avril 1948. Les amendements adoptés par la Vingt-Sixième, la Vingt-Neu_vième, la Trente-Neuvième et la Cinquante et Unième Assemblée mondiale de la Santé (résolutions WHA26.37, WHA29.38, WHA39.6 et WHA51.23) sont entrés en vigueur le 3 février 1977, le 20 janvier 1984, le 11 juillet 1994 et le 15 septembre 2005 respectivement; ils sont incorporés au présent texte », 22 juillet 1946.

    170 OMS, « La Constitution a été adoptée par la Conférence internationale de la Santé, tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946, signée par les représentants de 61 Etats le 22 juillet 1946 (Actes off. Org. mond. Santé, 2, 100) et est entrée en vigueur le 7 avril 1948. Les amendements adoptés par la Vingt-Sixième, la Vingt-Neu_vième, la Trente-Neuvième et la Cinquante et Unième Assemblée mondiale de la Santé (résolutions WHA26.37, WHA29.38, WHA39.6 et WHA51.23) sont entrés en vigueur le 3 février 1977, le 20 janvier 1984, le 11 juillet 1994 et le 15 septembre 2005 respectivement; ils sont incorporés au présent texte ».

    171 Godin, « Jean Lebel, La santé ». art. déjà cité

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    Ces facteurs (les déterminants de la santé) se définissent comme des éléments qui influencent l'état de santé et du bien-être des individus, de façon isolée ou en interaction avec d'autres facteurs.

    Ces déterminants de santé peuvent être :

    - Individuels : âge, sexe, patrimoine génétique, comportement.

    - Socio-économiques : accès au logement, à l'emploi, à la culture, à l'éducation, relations humaines, vie sociale, accès aux services et produits de consommation.

    - Environnementaux : qualité de l'air, de l'eau, de l'environnement (Bâti et non bâti)

    - Politiques (urbaines, habitat, transport, emploi, soins primaires172

    Après les travaux de Lalonde, en 1978, la déclaration d'Alma-Ata relative aux soins de santé primaire est venue à son tour renforcer cette approche holistique en alertant les gouvernements sur l'urgence de la mise en oeuvre d'une action à l'échelle mondiale afin de préserver la santé des habitants du monde173. Ensuite la charte d'Ottawa, pour la promotion de la santé, en 1986 a conforté cette conception de la santé en prenant comme base les principes de la déclaration d'Alma-Ata, les aspirations de l'OMS par rapport à sa stratégie de la Santé pour tous ainsi que le changement de paradigme sur l'action intersectorielle et interdisciplinaire pour la santé174. Sa vision de la promotion de la santé réside dans le fait que chaque individu peut davantage maitriser et améliorer sa santé. L'individu doit donc « pouvoir identifier et réaliser ses ambitions, satisfaire ses besoins et évoluer avec son milieu ou s'y adapter ».175 La santé est donc plus qu'un état. Elle est observée comme une ressource que l'individu peut employer quotidiennement dans sa vie et non comme une finalité totale à atteindre dans la vie176. C'est une conception positive dont l'ambition est le bien-être complet de l'individu. Elle présente cette ambition en proposant la promotion de la santé selon 5 axes :

    · « Élaborer des politiques favorables à la santé

    172 Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. »

    173 « Déclaration d'Alma-Ata », s. d., 3.

    174 Éric Breton, « La Charte d'Ottawa : 30 ans sans plan d'action ? », Santé Publique 28, no 6 (2016): 721, https://doi.org/10.3917/spub.166.0721.

    175Idem, art. déjà cité 176 Idem, art. déjà cité

    ·

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    Créer des environnements favorables ;

    · Renforcer l'action communautaire ;

    · Acquérir des aptitudes individuelles ;

    · Élargir le mandat des services de santé au-delà de l'offre de services cliniques et curatifs, dans le sens de la promotion de la santé».177

    Cette stratégie de promotion de la santé se veut ambitieuse et dépassant le cadre de l'organisation des soins et de la recherche sur les risques, tout en inscrivant cette conception de la santé au coeur de toute action publique178 (Healt in the all policy)179. Elle remet donc la santé des populations comme une ressource dépendant des conditions de vie et de l'implication des décideurs politiques.

    Eric Breton, constate que malgré l'engouement que la charte d'Ottawa a suscité, le mouvement de promotion de la santé désespère toujours à institutionnaliser sa vision de la santé publique. Ce constat est tiré de son analyse de l'évolution du concept en France. Selon lui, il existe peu de référence à la promotion de la santé comme l'entend la charte d'Ottawa. Il donne l'exemple de l'absence de la promotion de la santé de l'organigramme du ministère de la santé180. En effet, la promotion de la santé, en France réside uniquement dans l'éducation.

    Il fallut attendre 20 ans plus tard après l'analyse de LALONDE, plus précisément en 1990, que la recherche ait pu avancer pour passer de la pathogénèse à la salutogénèse181. Elle s'intéresse plus précisément à ce qui fait santé, c'est à dire à l'ensemble des facteurs qui déterminent et qui renforcent l'état de santé. Ce changement de paradigme s'explique par l'évolution des maladies chroniques, la hausse des coûts des soins, la précarité sanitaire relative aux inégalités sociales de santé qui ne cesse d'augmenter, l'incapacité du biomédical à éradiquer certaines pathologies chroniques et la forte conscientisation sur l'importance et l'ampleur des facteurs déterminants la santé. En effet, cette approche globale et positive de la santé vient s'inscrire

    177 Idem, art. déjà cité

    178 Sébastien Guigner, « De « la santé dans toutes les politiques » à « toutes les politiques dans la santé » : le régime de visibilité de la prise en compte de la santé dans les politiques de l'Union européenne: Commentaire », Sciences sociales et santé 34, no 2 (2016): 71, https://doi.org/10.3917/sss.342.0071.

    179 « WOH-Health in All Policies (HiAP) Framework for Country Action January 2014 », s. d.

    180 Breton, « La Charte d'Ottawa ».

    181 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants » (OMS, 2000).

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 5 6 | 1 4 8

    dans une démarche pour rompre avec l'approche biomédicale qui s'intéresse à la santé uniquement via le prisme médicamenteux et pathologique, selon lequel la santé et son traitement appartiennent au corps médical.

    IV.3.b- Les déterminants de la santé

    À travers cette approche holistique, la santé devient alors, comme l'a bien expliqué LALONDE, une question de plusieurs facteurs qui interagissent entre eux, qu'ils soient individuels (biologique), collectifs (sociaux), économiques ou environnementaux (Figure n°9)182.

    Figure n° 9 : : Principales caractéristiques des 4 grandes familles de déterminants selon Lalonde (1974)

    Source : Anne Roué Le Gall, « « Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. », Guide (EHESP, 2014).

    182 Roué Le Gall, « « Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. »

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 5 7 | 1 4 8

    Ils peuvent interagir d'une manière différente et complexe sur notre santé. Ils peuvent également l'impacter positivement ou négativement. Ces facteurs déterminant la santé, présentés par LALONDE, ont fait l'objet d'une évolution. Ainsi, d'autres chercheurs se sont penchés sur cette question de déterminants qui permettent de poser une évaluation de la santé des individus. Les chercheurs Dahlgren et Withehead (1991) ont donc fait évoluer les déterminants en les détaillant avec plus de précisions. Ils les présentent sous forme de graphique en cercles concentriques détaillant les 4 facteurs (figure n°10).

    Figure n° 10: Carte des déterminants de la santé selon le Modèle de Dahlgren & Withehead (1991)

     
     

    Source Source : Modèle des déterminants de la santé de Whitehead & Dahlgren (1991).... | Download Scientific Diagram

    ( researchgate.net)

     
     

    Plusieurs recherches ont traité la question en déterminant le poids de chaque déterminant dans la santé d'une population ou d'un individu. Notamment l'étude de G. E. Alan Dever en 1975183, en étudiant les causes de mortalités en Géorgie (États-Unis), il a défini la part de chaque facteur dans les causes de mortalité des individus. Selon son étude, le premier facteur d'ordre biologique n'est responsable que de 27%, le mode de vie de 43%, l'environnement de

    183 G. E. Alan Dever, « An Epidemiological Model for Health Policy Analysis », Social Indicators Research 2, no 4 (mars 1976): 453-66, https://doi.org/10.1007/BF00303847.

    19% et l'organisation du système de soin de 11%. Bien évidemment, ces statistiques peuvent être différentes en fonction du milieu étudié et de son évolution dans la transition épidémiologique184. Ce que l'on peut retenir de cette étude de Dever, c'est qu'elle illustre précisément le poids et l'ampleur de chaque déterminant dans la santé d'une population ou d'un individu. Elle remet en question l'idée communément admise, que la santé relève systématiquement du système médical. Ainsi elle nous interroge également, sur l'hégémonie du tout-médical (système de soins) (Cf. figure n°11).

    Figure n° 11: La poids de chaque facteur dans la santé

    Source : : déterminants de santé | Le club des médecins blogueurs ( clubdesmedecinsblogueurs.com) Tiré de : G. E.

    Alan Dever, « An Epidemiological Model for Health Policy Analysis », Social Indicators Research 2, no 4 (mars 1976): pp453-466

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 5 8 | 1 4 8

    184 Picheral, « Géographie de la transition épidémiologique ».

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 5 9 | 1 4 8

    Nous allons donc faire un éclairage sur chaque facteur déterminant la santé185 (186 187 188 189):

    > Le premier facteur est d'ordre biologique, psychologique et physiologique (âge, sexe, taille) qui font référence à l'organisme individuel à sa résistance (immunité) et à sa temporalité. Ils sont généralement liés à l'hérédité et ils sont non modifiables. L'état de santé d'un individu dépend en partie de ces éléments individuels. Ils peuvent combattre, être résilients ou non face à une maladie. Ainsi l'avancement dans l'âge peut expliquer certaines fragilités du corps humain et le rendre vulnérable et sujet à certaines pathologies liées uniquement à la vieillesse. (Comme le cancer, l'Alzheimer, le diabète, les maladies cardiovasculaires etc). Ce facteur peut interagir avec d'autres déterminants, selon leurs qualités, d'une manière négative ou positive.

    > Le deuxième facteur lié au mode et aux habitudes de vie personnels est relatif aux comportements individuels, lesquels peuvent influencer positivement ou négativement l'état de santé. Cela s'explique par notre alimentation, nos passe-temps, nos choix de moyens de transport, nos consommations, notre hygiène et nos activités quotidiennes. Ainsi, par exemple, la consommation de tabac augmente les risques de contracter certaines maladies non transmissibles comme le cancer pulmonaire et des problèmes cardiovasculaires chez les adultes. Une trop grande consommation de sel favorise l'hypertension artérielle alors que l'excès de sucre augmente les risques d'obésité et de diabète de type 2.

    > Le troisième facteur lié à la vie en société : le milieu familial, l'appartenance à un groupe, l'estime de soi, la relation avec les autres, le milieu d'habitation (voisinage etc.), les relations humaines (amis, collègues de travail et de sport, etc.). Tous ces éléments créent des interactions sociales. Ils ont une influence sur l'état psychique et

    185 Cette partie est tirée des travaux de : Dr Sylvain FEVRE, Erwan Le Goff, Anne Roué le Gall, Dr Erold Joseph etc. :

    186 « déterminants de santé | Le club des médecins blogueurs », consulté le 26 octobre 2021, https://www.clubdesmedecinsblogueurs.com/category/determinants-de-sante/.

    187 Erwan Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?. Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT : 2012REN20051ff. fftel-00772443 » (2012).

    188 Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. »

    189 « COMPRENDRE LA SANTÉ AUTREMENT (Suite) Le Décès Du Petit Gabo Troisième Partie Par Dr Erold JOSEPH 1/11/19 », lenational.org/, consulté le 23 septembre 2021, https://lenational.org/post_free.php?elif=1_CONTENUE/societes&rebmun=3510.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 6 0 | 1 4 8

    sur l'état de santé en général d'un individu. Ils peuvent être positifs ou négatifs pour la santé.

    > Le quatrième facteur est lié aux différentes conditions : sociaux-économiques, culturelles et environnementales. Ce facteur est relatif à un ensemble d'éléments influençant l'état de santé d'un individu :

    · Socio-économique : cet environnement est relatif à la situation sociale et économique de l'individu, de sa ville et de son pays. Un pays riche a plus de possibilités d'offrir une situation socio-économique favorable à sa population (Système de soin de qualité et accessible à tous, la recherche biologique, alimentation de qualité, la sécurité, un niveau de revenus convenable pour subvenir aux besoins, une éducation et une formation de qualité, des équipements de qualité, des logements décents, des emplois de qualité, etc. Par conséquent, ce facteur peut se traduire par le développement du phénomène des inégalités sociales de santé. Comme nous l'avons évoqué précédemment, ce phénomène résulte du niveau social et économique de l'individu. Plus une personne a un niveau de vie élevé, une place importante dans la hiérarchie sociale et plus sa probabilité d'être en meilleure santé augmente. L'inverse est aussi vrai : plus une personne a des revenus faibles et une place au bas de l'échelle sociale, moins il a de chances d'être en bonne santé. Ce facteur conditionne, dans la majorité des cas, le mode et le style de vie des gens.

    · Culturelles : cet environnement lié à la culture de l'individu, sa vision du monde et sa façon d'appréhender les choses. Ainsi les habitants d'un pays où les croyances sont prédominantes où se développe l'idée de la santé étant relative à des pratiques ancestrales transmises par les coutumes et les traditions. L'évo-lution de la technologie peut également bouleverser les cultures et influencer la santé des individus. On assiste à l'évolution de la télémédecine (consultation en ligne).

    > Environnementales : ce facteur fait référence à deux catégories d'environnements :

    · L'environnement naturel lié à l'écosystème et à la nature : la trame verte et la trame bleu, la faune et la flore. Il peut influencer la santé par son état : sain ou pollué, végétalisé ou non, protégé ou non.

    · L'environnement bâti lié à la nature de l'ensemble des éléments bâtis par l'Homme : il s'agit de l'urbanisation et de l'aménagement de l'espace (habitat, aménagement de l'espace publique, constructions d'équipements économiques et sociales, les routes, les autoroutes, les transports etc. leur qualité peut avoir un impact important dans l'état de santé d'un individu.

    La santé reste donc un état dynamique dépendant de l'ensemble de ces déterminants dont les interactions entre eux demeurent évidentes et complexes. Cependant, l'affectation des ressources au système de la santé demeure incohérente au regard du poids de chaque déterminant de santé. En effet, nous observons dans les pays développés, en particulier aux États-Unis (selon G. E. Alan Dever), que le système de soin représente plus de 90% des dépenses de santé tandis que seulement 11% de ces dépenses sont affectés à la réduction de la mortalité et de la morbidité et moins de 2% des dépenses sont liés au comportement (mode de vie) et à l'environnement social, économique et environnemental alors que ces derniers permettraient de réduire de pratiquement 50% la mortalité et la morbidité190.

    Malgré la clarification du poids de chaque déterminant dans l'état de santé, l'étude de Dever montre la disproportionnalité dans les dépenses pour la santé (Cf. figure n° 12 & 13).

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 6 1 | 1 4 8

    190 « déterminants de santé | Le club des médecins blogueurs », consulté le 26 octobre 2021, https://www.clubdesmedecinsblogueurs.com/category/determinants-de-sante/.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 6 2 | 1 4 8

    Figure n° 12 : Affectation des dépenses de santé aux États-Unis (G.E. Alan Dever)

    Source : déterminants de santé | Le club des médecins blogueurs ( clubdesmedecinsblogueurs.com) Tiré de : G. E. Alan Dever, « An Epidemiological Model for Health Policy Analysis », Social Indicators Research 2, no 4 (mars 1976): pp453-466

    Figure n° 13 : Le poids de chaque facteur dans la santé et les dépenses y affectées

    Source : déterminants de santé | Le club des médecins blogueurs ( clubdesmedecinsblogueurs.com) Tiré de : G. E.

    Alan Dever, « An Epidemiological Model for Health Policy Analysis », Social Indicators Research 2, no 4 (mars 1976): pp453-466

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 6 3 | 1 4 8

    En outre, l'environnement au sens large du terme n'a jamais eu autant d'influence sur la santé que de nos jours. En 2005, une étude a été dirigée par l'Institut Canadien de Recherche Avancée et publiée en 2010 par l'Institut National de Santé publique du Québec (INSPQ). Elle nous informe que pendant le siècle dernier, au Canada, l'espérance de vie a augmenté de trente ans. Cette évolution sociale a été rendue possible grâce à un changement positif radical de l'environnement à 60% (50% lié à l'environnement social et économique, 10% à l'environnement physique)191. Cette étude ne tient pas compte du mode et habitudes de vie. En effet, cela nous renvoie à l'idée Wébérienne, selon laquelle, notre comportement et notre mode de vie sont un choix dicté par notre situation sociale192.

    Nous sommes d'accord avec le fait que l'amélioration des environnements au sens large développe le bien-être. Ainsi plusieurs études ont démontré que plus la réalisation et la satisfaction de l'ensemble des déterminants est effective, plus la santé et le bien-être deviennent accessibles pour les populations.

    Pour aller plus loin dans cette approche populationnelle de la santé, il est judicieux d'aborder les déterminants de santé d'un point de vue de la psychologie des individus. Le paradigme de la médecine holistique conçoit l'être humain comme un tout et segmente le corps en plusieurs éléments et établit le lien entre l'esprit (psychique) et le corps (physique). Ainsi un mal être psychique peut se répercuter sur le physique193. Nous développons cette conception par l'approche de Harold Maslow avec sa théorie de la motivation. Nous considérons donc que tout individu, pour être en bonne santé, doit en partie avoir un esprit sain. Il a donc besoin de s'épanouir, de se réaliser et d'être bien psychologiquement. Pour ce faire, il doit satisfaire certains besoins qui impactent fortement sa santé mentale. Nous empruntons donc la pyramide de Maslow et nous l'appliquons aux déterminants de la santé d'un individu dans un milieu urbain. (Cf figure 14).

    191 « COMPRENDRE LA SANTÉ AUTREMENT (suite) », RHJS (blog), 24 février 2020, https://rhjs.ht/2020/02/24/comprendre-la-sante-autrement-suite-2/.

    192 Yves Laberge, « Sociologie du corps en bonne santé : sur quelques théories américaines émergentes en sociologie médicale », Recherches sociologiques et anthropologiques 45, no 2 (1 décembre 2014): 185-93, https://doi.org/10.4000/rsa.1333.

    193 Thierry Janssen, « Lien entre physique et psychique », Futura, consulté le 27 octobre 2021, https://www.futura-sciences.com/sante/dossiers/medecine-sante-solution-interieure-705/page/2/.

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    Figure n° 14: La pyramide de Maslow : l'urbanisme et les besoins pour la santé

    Source : création personnelle

    La figure illustre les besoins pouvant influencer la psychologie d'un individu et par conséquent sa santé physique. Un besoin qui n'est pas satisfait ou présente des complexités peut entrainer une perturbation psychologique et qui peut se traduire dans le temps par une dégradation de la santé physique. Nous partons du principe que la santé physique et mentale sont étroitement liées (physique et mentale). Elles sont indissociables et nécessitent de fortes actions sur les environnements extérieurs. Il est donc nécessaire d'interroger ces facteurs externes et leurs interactions complexes. Car la santé et le bien-être s'obtiennent généralement par l'action combinée de tous ces besoins, de manière hiérarchique.

    IV.3.c- À l'origine d'un concept : la santé dans le processus d'urbanisation

    Dans ce mémoire nous nous intéressons à l'approche globale de la santé promue par l'OMS. Après avoir dressé un éclairage sur la santé et ses approches, nous allons maintenant étudier la place de l'urbanisme que l'OMS lui accorde dans son approche globale.

    En effet, l'OMS depuis sa création en 1946, n'a cessé d'investir dans la recherche pour la santé et le bien-être des individus. Après une succession de déclarations et conférences internationales, l'OMS a choisi d'aborder la question de la santé au travers d'un nouveau

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    concept (l'urbanisme favorable à la santé194). Il s'est donc orienté vers les villes estimées acteurs principales de toutes politiques locales qui historiquement ont été les premières à être chargées de la santé de leurs habitants.

    En effet, nous l'avons observé avec l'avènement de la pandémie de la Covid-19, les villes se sont trouvées au front de ce phénomène sanitaire et se sont organisées de manière efficace et efficiente pour gérer l'épidémie malgré les restrictions budgétaires. Elles ont pu anticiper les besoins en aménagement, en créant des micro-projets urbains, notamment ceux relatifs à l'urbanisme tactique qui sont destinés à la fois à satisfaire des besoins nouveaux, à s'adapter au bouleversement de la gestion de l'espace par la crise et de la même manière à profiter de la situation pour mettre en place des mesures de protection de l'environnement (comme les pistes cyclables « Coronapistes »)195.

    Un grand nombre de villes en France ont mis en place ou étudie la possibilité d'élaborer des stratégies permettant de développer des investissements dans une infrastructure de mobilité active, ainsi que des stratégies pour maintenir l'activité socio-économique. À Lyon, par exemple, pour pallier au confinement et aux restrictions de sortie, la municipalité avait mis en en place un système organisant les points de collectes et facilitant les relations commerciales entre producteurs et consommateurs. Ces décisions ont été mises en oeuvre à la demande de producteurs souhaitant proposer une alternative aux transports et à la logistique en ville196.

    En effet, les villes se sont vues vidées de leurs activités sociales. Le confinement dans les grandes villes, a engendré un fort besoin de renouer avec la nature, ce qui a entrainé un quasi-exode urbain de certaines catégories de personnes, généralement des ménages de classe supérieure voire moyenne, vers les campagnes. Au regard des mesures draconiennes mises en place, notamment en matière de distanciations sociales, de fermetures de parcs, de retour au tout voiture, de télétravail, etc., un grand nombre de citadins ont commencé à réfléchir sur leur intérêt à rester en ville. La vie à la campagne ou en périphérie de la ville devient de plus en plus concurrente à la vie citadine en ce moment de crise sanitaire. Pendant le confinement, une grande partie de la population a vécu des moments extrêmement différents. La

    194 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants » (OMS, 2000).

    195 Éric Verdeil, « La Métropolisation, Coupable Idéale de La Pandémie? », The Conversation, consulté le 27 octobre 2021, http://theconversation.com/la-metropolisation-coupable-ideale-de-la-pandemie-135226.

    196 « Coronavirus COVID 19: Lyon fait face à l'interdiction des marchés en proposant un «drive» des producteurs », France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, consulté le 27 octobre 2021, https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/coronavirus-covid-19-lyon-fait-face-interdiction-marches-proposant-drive-producteurs-1807430.html.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 6 6 | 1 4 8

    motivation à rester en sécurité à la maison a engendré d'importants changements de comportement que certains universitaires ont qualifié d'expérience de grande ampleur. La majorité de ces changements dans la manière de faire et d'agir ont eu un impact durable, comme la réduction de la majorité des déplacements de longues distances. Ceci, a conduit à la plus grande diminution d'émissions de carbone jamais observée.

    L'urbanisme, une fois de plus, s'est montré un incontournable facteur déterminant de la santé. Il est directement lié à la réalisation de la santé et du bien-être des citadins, tout en tenant compte des perspectives de développement des villes.

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    V- Les villes-santé : de la promotion de la santé vers un

    urbanisme favorable à la santé

    V.1- Contexte complexe : mobilisation et investissement de l'OMS

    Durant les années 70, le monde évolue dans un contexte socio-politique où la santé devient un phénomène de plus en plus complexe. Ce même contexte est marqué par l'incapacité du système médical à répondre aux besoins, aux attentes et aux exigences exprimées à l'égard de la santé. Dans le cadre de sa mission, l'OMS a pour projet de réformer et de faire évoluer la santé publique. C'est alors que la première action a été menée en 1979 par le lancement d'une stratégie de La santé pour tous en 2000197, en mettant l'accent sur les principaux secteurs sur lesquels la réflexion pour améliorer la santé et le bien-être, devrait être menée. Elle va au-delà de celui du secteur de soin. À la suite de cela, en 1998, l'OMS lance une nouvelle stratégie pour une réactualisation visant La santé pour tous pour le vingt-et-unième siècle, associée à un outil politique de la santé pour tous appelé SANTE 21, pour la Région d'Europe. Il définit 21 objectifs pour le XXIe siècle, avec trois valeurs fondamentales198:

    · « La santé est considérée comme un droit fondamental de l'être humain,

    · L'égalité devant la santé et la solidarité active entre les pays, entre les groupes d'individus au sein des pays et entre les sexes,

    · La participation et la responsabilité des individus, des groupes, des collectivités et des institutions, des organismes et des services oeuvrant au développement de la santé»199.

    Lors d'une conférence internationale en 1986, La charte d'Ottawa pour la promotion de la santé a été adoptée sur le principe d'une politique de la « Santé pour tous » en précisant que la construction des sociétés favorables à la santé ne relève pas uniquement du secteur médical.200 Depuis l'OMS, malgré un contexte très complexe marqué par des crises

    197 World Health Organization, éd., Global strategy for health for all by the year 2000, « Health for all » series, no. 3 (Geneva: World Health Organization, 1981).

    198 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants ».

    199 Hugh Barton & Catherine Tsourou.(art. déjà cité)

    200 idem

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    géopolitiques, n'a cessé son investissement dans l'organisation de déclarations et de conférences internationales en faveur de la promotion et de l'amélioration de la santé. Encore, L'agenda 21 a été lancé lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, accentuée par l'avènement la charte d'Aalborg en 1994 pour les villes européennes durables. De plus, des publications et des rapports sont publiés sur les pathologies, l'environnement de leur évolution et les mesures à prendre afin de les éradiquer. Ceci s'inscrit dans une démarche de conscientisation de l'ensemble des acteurs et des populations aux problèmes et aux facteurs clés de la santé.

    V.2- Genèse et évolution201 : vers une vision populationnelle

    Après avoir couvert le monde de déclarations et de conférences internationales, après le colloque et la charte d'Ottawa en 1986, l'OMS avec le bureau européen de l'OMS à Copenhague au Danemark lance le programme des villes-santé. Ce projet s'inscrit dans les deux dernières approches de santé évoquées précédemment (l'approche de développement durable et l'approche globale et positive prônée par le l'OMS). Son ambition étant de garantir à tous les moyens (éducation, travail, vie sociale, environnement sain, etc.) pour atteindre un bien-être physique et mental. Cet objectif s'inscrit dans la volonté de décliner à l'échelle locale, les principes de la santé pour tous et de la promotion de la santé (Charte d'Ottawa). Ce programme s'est développé en réseau à l'échelle européenne puis mondiale. Il évolue par phases successives de cinq ans, chaque phase ayant ses propres objectifs. Aujourd'hui, ce programme est à sa VII phase (2019-2024) ouverte avec la signature du consensus de Copenhague Une meilleure santé et plus de bonheur dans les villes, pour toutes et tous202. Au commencement de ce programme, 11 villes européennes ont adhéré à ce mouvement ville-santé : « Barcelone (Espagne), Bloomsburry-Camden (Royaume-Uni), Brême (Allemagne), Düsseldorf (Allemagne), Horsens (Danemark), Liverpool, (Royaume-Uni), Pecs (Hongrie), Rennes (France), Sofia (Bulgarie), Stockholm (Suède), Turku (Finlande) »203. On constate qu'en

    201 « Les Villes-Santé de l'OMS | Réseau français des Villes-Santé de l'OMS », 12 décembre 2016, https://www.villes-sante.com/oms-europe/villes-sante-oms/. (cette partie est tirée du site du réseau ville santé Français, E. Le Goff)

    202 « Les Villes-Santé de l'OMS | Réseau français des Villes-Santé de l'OMS », https://www.villes-sante.com/oms-europe/villes-sante-oms/.

    203 Erwan Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des
    espaces ?. Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT : 2012REN20051ff. fftel-00772443 » (2012).

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 6 9 | 1 4 8

    France, seule la ville de Rennes a fait le choix d'adhérer ce nouveau concept dès sa création. Aujourd'hui, le mouvement compte une trentaine de réseaux nationaux couvrant plus de 1500 municipalités à l'échelle mondiale. En France, le réseau national compte 91 villes et intercommunalités soit plus de 13 millions d'individus représentés par les villes-santé françaises204.

    Le réseau français s'organise par groupe de travail thématique : « vaccinations, santé mentale et habitat, sport-santé sur ordonnance, services municipaux de santé scolaire; un nouveau groupe est en projet concernant les perturbateurs endocriniens. D'autres thèmes sont également prioritaires pour cette année : le changement climatique, les espaces verts, les mobilités (transports, déplacements), la petite enfance, le tabac, l'urbanisme ».205

    En effet, ce réseau Villes-Santé promeut la collaboration entre les villes ou les EPCI qui veulent favoriser des politiques d'amélioration de la santé et de la qualité de vie citadine (partage d'expériences, de statistiques, réunions, actions communes)206. Au regard de la proximité entre les populations et les municipalités, ce programme part du principe que les villes sont la bonne échelle pour appliquer et développer des projets en faveur de la santé207. Effectivement, les municipalités sont au fait des besoins et des exigences des populations ainsi que l'ensemble des éléments de leur vie quotidienne. Cela étant, elles s'engagent à donner une orientation populationnelle à leur projet de développement urbain en créant plus de justice sociale de santé, de la promotion de la santé et des soins préventifs.

    Ainsi Hancock & Duhl ont donné une définition de la ville-santé comme étant « [...] une ville qui créé et améliore continuellement les environnements physiques et sociaux et qui développe les ressources de la collectivité, permettant ainsi aux individus de s'entraider dans l'accomplissement de l'ensemble des fonctions inhérentes à la vie et permettant à ceux-ci de développer au maximum leur potentiel personnel »208.

    204 Ville d'Aubagne, « Aubagne dans le réseau des villes-santé de l'OMS », Ville d'Aubagne : Site Internet, consulté le 18 novembre 2021, https://www.aubagne.fr/actualites-109/aubagne-dans-le-reseau-des-villes-sante-de-l-oms-1604.html?cHash=917ba0c4d3ce2da2a5e7780a6fba6b18.

    205 « Les Villes-Santé de l'OMS | Réseau français des Villes-Santé de l'OMS ».

    206 Idem, art. déjà cité

    207 Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?. Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT : 2012REN20051ff. fftel-00772443 ».

    208 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants ».

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 7 0 | 1 4 8

    Cette définition a été enrichie par la définition suivante : « Une Ville-Santé se définit en référence à une démarche et non pas simplement en termes de résultat. Une Ville-Santé n'est pas une ville qui a atteint un niveau particulier d'état de santé, mais une ville qui se préoccupe de la santé et s'efforce de l'améliorer. Ainsi toute ville quelle qu'elle soit peut prétendre être une Ville-Santé indépendamment de son état de santé du moment ; ce qui est exigé d'elle, c'est un engagement vis-à-vis de la santé avec l'établissement d'une organisation et d'une démarche permettant d'y parvenir. » 209 210

    Ce nouveau paradigme d'appréhender la santé en ville, repose donc sur la volonté politique de se préoccuper de la santé des habitants et de rester en perpétuelle recherche sur le développement et l'amélioration des facteurs qui se traduiront dans le temps par l'amélioration de la santé et du bien-être. Ainsi, ce programme prend comme référentiel le paradigme de la charte d'Ottawa et notamment l'un de ses principes qui encourage à « Créer des milieux favorables ». Cela incite donc les villes à offrir un environnement favorable à la santé, en intégrant dans leur politique urbaine des modes d'urbanisme favorables à la santé211.

    Ce programme se traduit globalement en une référence à partir de laquelle l'ensemble des protagonistes agissant sur les espaces de vie des populations. Ils pourront agir stratégiquement selon des approches globales, intersectorielles, partenariales et participatives pour une finalité populationnelle.

    V.3- Le concept urbanisme favorable à la santé : un changement de

    paradigme.

    L'urbanisme est l'action visant à organiser les villes afin d'en optimiser le fonctionnement et de l'adapter aux besoins de ses habitants », d'après Merlin P. & Choay F., 2000, Dictionnaire de l'aménagement et de l'urbanisme, Paris, PUF212.

    Nous avons vu, historiquement, comment l'urbanisme a évolué et nous avons bien noté son lien complexe avec la santé. Son impact temporel sur l'humain pousse les scientifiques à

    209 idem

    210 Agis TSOUROS, « World Health Organization Healthy Cities project : a project becomes a movement - review of progress 1987 to 1990. Copenhague: FADL, 1990. » (Copenhague, 1990).

    211 Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?. Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT : 2012REN20051ff. fftel-00772443 ».

    212 PAUL BOINO, « UE: mode de régulation de la productionet de la gestion de la ville (MRP)- 2020- Université Lyon 2 -Institut d'urbanisme de Lyon (IUL)- M2 Urbanisme et aménagement - » (2020).

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 7 1 | 1 4 8

    accentuer l'observation et la recherche sur l'émergence d'une nouvelle méthode. Aujourd'hui, la réflexion s'oriente vers un nouveau paradigme permettant de dissiper cette relation complexe. Le concept d'un urbanisme favorable à la santé est né de l'évolution des travaux du mouvement ville-santé. Il en constitue l'élément essentiel de tout processus de prise de décision permettant d'améliorer la santé par la qualité de l'environnement bâti. Un urbanisme favorable à la santé est en effet un urbanisme centré sur l'humain213 et sur les besoins essentiels à sa santé. Il constitue l'un des piliers du programme ville-santé. Il s'agit donc de changer de registre et de ne pas se focaliser que sur les risques de l'urbanisme sur la santé mais surtout sur les éléments urbanistiques qui favorisent la santé humaine dans une ville. De ce fait, nous allons donc utiliser la carte des déterminants de santé de Hugh Barton qui avec Cathrine Tsourou (C. figure n°14) définissent l'urbanisme favorable à la santé comme un urbanisme qui « [..] implique des aménagements qui tendent à promouvoir la santé et le bien-être des populations tout en respectant les trois piliers du développement durable. Il porte également les valeurs d'égalité, de coopération intersectorielle et de participation, valeurs clés de la politique de l'OMS « la santé pour tous »214.

    213 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants ».

    214 Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. »

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 7 2 | 1 4 8

    Figure n° 14 : Déterminant de santé à travers le prisme de l'aménagement du territoire (Barton 2006 et C.

    Tsourou

    Source : Guide Agir pour un urbanisme favorable à la santé : Anne Roué Le Gall, «; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. », Guide (EHESP, 2014).

    Cette carte graphique illustre les déterminants de santé dans les municipalités à travers le prisme de l'aménagement de l'espace. Elle prend uniquement en compte que des facteurs modifiables.

    Dans un article publié en 2009 par le journal ELSEVIER.com, Hugh Barton utilise ce modèle pour démontrer la particularité de l'écosystème et son influence sur les déterminants de santé. Selon lui, un aménagement favorable à la santé dépend principalement des politiques de planifications stratégiques qui sont à même de215 :

    215 Hugh Barton, « Land use planning and health and well-being-2009 », WHO Collaborating Centre for Healthy Urban Environments, School of Built and Natural Environment, University of the West of England, Frenchay, Bristol BS16 1QY, United Kingdom, 2009.

    ·

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 7 3 | 1 4 8

    « Lutter contre les inégalités sociales de santé qui existent en matière d'accès au logement décents, aux équipements et au transport tout en protégeant les populations les plus vulnérables.

    · Lutter contre la menace du changement climatique et contre les émissions de gaz à effet de serre et autres polluants contenus dans l'air, l'eau et le sol ainsi que les pollutions sonores et lumineuses ;

    · Lutter contre la mortalité et la morbidité dues à des modes de sédentarité en promouvant la mobilité active et en améliorant la quantité de l'activité physique par des équipements et infrastructures facilement accessibles.

    · Contribuer à l'évolution de l'environnement social en améliorant la qualité des espaces publics, la sécurité, la solidarité et le bien -être des habitants ».216

    Toutefois, ces planifications stratégiques nécessitent aussi bien une collaboration entre l'ensemble des importantes organisations publiques et privées qui agissent sur l'environnement bâti qu'une véritable participation des habitants à la prise de décision.

    En effet, ce concept de l'urbanisme favorable à la santé s'inscrit parfaitement dans l'approche globale, positive et intersectorielle de la santé. Il est en parfaite cohérence avec les 3 piliers du développement durable. Cependant, nous avons observé à travers l'étude des déterminants de santé, la prédominance du déterminant socio-économique dans la santé des individus. L'urbanisme et l'aménagement à eux seuls ne peuvent répondre directement à ce déterminant. Mais l'organisation et la conception de l'environnement bâti a une influence importante dans la vie quotidienne des individus. À titre d'exemple, une politique de l'habitat mixant des logements publics et privés dans chaque quartier de la ville, associée à une intensification urbaine favorisera la mixité sociale, la mobilité active, l'accès facile aux équipements. Une telle organisation de l'environnement bâti apaisera également la temporalité de la ville et évitera la périurbanisation et l'étalement urbain qui ne sont pas sans impact sur la santé des habitants. En effet la proximité des axes routiers facilite l'utilisation systématique du véhicule individuel pour les déplacements quotidiens et par conséquent plus de stress et d'angoisse, plus de pollution etc.

    216 idem

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 7 4 | 1 4 8

    L'urbanisme d'aujourd'hui se veut un urbanisme de santé, écosystémique, global et positif par la construction des Ecoquartiers, des opérations d'aménagement vert ou l'intervention sur les plans de circulation pour apaiser les quartiers ou encore des opérations de l'urbanisme tactique. Il n'en demeure pas moins que la ville héritière de la charte d'Athènes composée de plus de deux tiers de son emprise foncière, par l'urbanisme fonctionnaliste rend complexe la transition urbaine souhaitée par l'urbanisme d'aujourd'hui. Le défi qui se pose donc et se posera encore dans le futur aux urbanistes est d'assurer cette transition urbaine qui, en effet, nécessitera sûrement, sans avoir recours à la doctrine de « la table rase », de refaire la ville sur la ville en intégrant à la réflexion urbanistique l'habitat, la mobilité, la nature en ville, la temporalité de la ville voire du territoire, la requalification des espaces et des équipements publics, l'offre commerciale de proximité, la sauvegarde des écosystèmes, etc. En effet, cette transition repose sur le paradigme d'un du New Urbanism217 qui rompt définitivement avec la doctrine du zonage.

    Selon Albert Levy218, cette transition doit s'opérer à toutes les échelles : internationales, nationales et locales. Il met en cause le lobby industriel et les crises géopolitiques qui bloquent toute recherche et projet relatifs à la transition écologique et urbaine. De ce fait, la transition urbaine devient de plus en plus complexe. Cependant, certains territoires réussissent mieux que d'autres ou du moins entament cette transition malgré le contexte socio-économique, environnemental et réglementaire peu favorable.

    V.4- Les démarches et outils pour un urbanisme favorable à la santé,

    l'institutionnalisation du concept : une approche volontariste de la santé en ville

    V.4.a- Échelle internationale : Organisation de Conférence, déclaration

    À l'échelle internationale, les Nations Unis par l'intermédiaire de l'OMS depuis sa création 1946, multipliait les déclarations et les conférences internationales pour sensibiliser l'opinion

    217 Stefan Reyburn, Stefan Reyburn, « L'urbanisme favorable à la santé : une revue des connaissances actuelles sur l'obésité et l'environnement bâti », Environnement Urbain / Urban Environment [En ligne], Volume 4 | 2010, mis en ligne le 09 septembre 2010, consulté le 30 avril 2019. URL : http:// journals.openedition.org/eue/788, 2019.

    218 EIVP, "Urbanisme et Santé, Transition ou Effondrement?

    publique et les décideurs à agir pour la santé (Cf. figure n°15). Nous avons vu précédemment les différents déclarations et conférences et leurs orientations et objectifs.

    Figure n° 15: Récapitulatif de l'ensemble des déclaration et conférence lié à la santé

    Source : tiré de la thèse de Erwan Le Goff : « Les villes santé en Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces »

    Cette figure illustre la chronologie de ces conférences et déclarations organisées et tenues à travers le monde. D'autres acteurs, notamment la communauté scientifique (médecins, sociologues, psychologues, géographes, etc.) se sont également organisés et emparés du sujet sur le plan national et international219. Ainsi, nous disposons aujourd'hui de nombreuses études apportant des éléments de preuve de l'impact des décisions politiques en matière d'urbanisme sur la santé : déplacement urbain, formes urbaines, espaces verts, habitat etc.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 7 5 | 1 4 8

    219 Erwan Le Goff, « Les Villes-Santé en Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces » (Géographie, Rnnes, Rennes, 2012).

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 7 6 | 1 4 8

    L'urbanisme favorable à la santé a été introduit dans la 3eme phase (1998-2002) du réseau ville-santé de l'OMS, ainsi que certaines actions d'évaluation et de suivi.

    V.4.b- La Conception d'un environnement préventionnel pour la santé : Quels

    outils ?220

    L'approche globale et positive de la santé qui s'inscrit dans le principe scientifique de la salutogénèse221, nous amène en effet à prendre en considération le fait que la santé des individus est faite des interactions complexes entre les déterminants sociaux et économiques, le comportement individuel et l'environnement222. Ces mêmes déterminants constituent un référentiel qui valorise la bonne prise en compte de la santé et qui se base sur des données probantes pour démontrer que ces mêmes déterminants peuvent être influencés par les politiques publiques ne relevant pas du champ d'action des autorités sanitaires. Il est donc primordial de prévoir les effets de ce type de mesures sur la santé des populations dès la conception de ces politiques223.

    L'OMS et les Villes-Santé encouragent les études d'impacts sur la santé (EIS). En effet, elles permettent de mieux appréhender la santé et le bien-être lors de la mise en place des politiques. Les études d'impact sur la santé (EIS) pourraient être un outil permettant de réduire les risques pour la santé tout en créant un environnement favorable à la santé. Aujourd'hui, en France, les études d'impact sur la santé ne sont menées que de façon sporadique (seulement 10 EIS à l'échelle nationale) car la santé reste toujours perçue sous le prisme biomédical224. En revanche, d'autres pays développés ont intégré ces études d'impact sur la santé dans leurs lois mais pour l'instant, les résultats sont peu significatifs225.

    220 Cette partie est tirée des travaux de Erwan Le Goff, du guide de la plateforme Suisse sur les EIS, de H. Barton et C. Tsourou (OMS) et de L. Tollec et al.

    221 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants ».

    222 Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?. Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT : 2012REN20051ff. fftel-00772443 ».

    223 « DIALLO, T. (2010). Guide d'introduction à l'Evaluation d'Impact sur la Santé en Suisse. Plateforme Suisse sur l'EIS avec le soutien de Promotion Santé Suisse. », s. d.

    224 Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?. Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT : 2012REN20051ff. fftel-00772443 ».

    225 Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?. Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT : 2012REN20051ff. fftel-00772443 ».

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 7 7 | 1 4 8

    La conduite d'une EIS est une occasion d'alerter les décideurs et les acteurs, de promouvoir une démarche prévisionnelle sur la santé en agissant sur des facteurs déterminant la santé. En effet, elle répond à la volonté intentionnelle de mieux intégrer la santé au sens large (dans toutes les politiques locales). Elle peut concerner différentes sortes de projets, notamment ceux relatifs à l'aménagement du territoire. L'EIS englobe les principes et les valeurs de la santé sur le plan environnemental, promotionnel et sur la lutte contre l'inégalité sociale de santé. L'EIS permet donc de lutter contre les inégalités sociales de santé de deux façon différentes226 (ISS) :

    l « Un outil opérationnel permettant d'appréhender la santé dans la mise en oeuvre de politiques pouvant agir entre autres sur les déterminants sociaux de santé.

    l Un outl d'étude sur la distributon des éventuels impacts sanitaires du projet sur l'ensemble de la population »227

    En effet, à l'instar de l'approche environnementaliste avec son étude d'impact sur l'environnement, soutenue par un cadre juridique (loi LAURE) qui l'impose, l'approche globale et positive de l'OMS dispose également d'une évaluation d'impact sur la santé et qui reste pour le moment, en France, sur le principe du volontariat sans cadre juridique pouvant l'imposer. Ce n'est pas le cas du Canada qui a adopté une loi imposant cette étude d'impact sur la santé228. Sa finalité est d'anticiper les éventuels impacts de toutes les politiques sur la santé. L'OMS la définit, dans le Consensus de Göteborg, comme « une combinaison de procédures, de méthodes et d'outils par lesquels une politique, un programme ou un projet peut être évalué selon ses effets potentiels sur la santé de la population (positifs ou négatifs, directs ou indirects) et la distribution de ces effets au sein de la population »229 (OMS, 1999).

    226 Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. »

    227 Idem, ar. Déjà cité

    228 « Evaluation d'impact sur la santé lors de l'élaboration de projets de loi et de règlement au Québec - Guide pratique - Publications du ministère de la Santé et des Services sociaux », https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-000541/.

    229 « ETUDE DE L'IMPACT SUR LA SANTE PRINCIPAUX CONCEPTS ET METHODE PROPOSEE Consensus de Göteborg-1999 », 1999.

    V.4.c- Les principes et les valeurs de l'EIS : Intersectorialité, interdisciplinarité, équité et démocratie.

    Basé sur des principes en commun avec ceux du développement durable et inscrit dans l'approche holistique de la santé, l'EIS prend en compte les enjeux sociétaux, économiques, environnementaux et sanitaires. La mise en place d'une EIS se traduit donc dans une démarche intersectorielle et interdisciplinaire. Elle se veut fédératrice et participative, rassemblant l'ensemble des parties prenantes. L'objectif est d'intégrer la vision de l'ensemble des protagonistes à la réflexion et à la réalisation de tout programme, projet ou politique publique qui peut potentiellement impacter la santé humaine. Cependant, la participation citoyenne s'inscrit non seulement dans une démarche démocratique mais également dans une démarche collaborative, permettant de collecter des données probantes autour des déterminants de santé retenus pour le projet et de vérifier la relation existante entre les déterminants et le projet230. Ex : vérifier le lien entre la luminosité, le sentiment de sécurité et la protection de l'écosystème, ou encore la densité, l'intensité et la mobilité active.

    L'EIS doit s'orienter principalement sur les questions de justice, d'équités sociales et environnementales. En effet, l'EIS est considéré comme un outil d'aide à la décision et permet de s'orienter vers des mesures à même de favoriser et de prévenir la santé et le bien être des individus, notamment les plus vulnérables. Contrairement à l'étude d'impact environnementale, la particularité de l'EIS réside sur le fait qu'elle ne vise pas uniquement les impacts négatifs (risques) mais elle les corrige ou les minimise. L'EIS s'intéresse également aux impacts positifs afin de les maximiser et de distribuer l'ensemble des impacts au sein de la population.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 7 8 | 1 4 8

    230 « DIALLO, T. (2010). Guide d'introduction à l'Evaluation d'Impact sur la Santé en Suisse. Plateforme Suisse sur l'EIS avec le soutien de Promotion Santé Suisse. » (art. déjà cité)

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 7 9 | 1 4 8

    V.4.d- Les différents types d'EIS : Prospective, Concomitante et rétrospective231

    La réalisation d'une EIS dépend du moment et du contexte du projet et par conséquent la détermination de sa qualification. Elle peut être prospective, c'est la plus fréquente : elle se réalise en amont du projet en particulier à la phase de conception. Cela permet d'anticiper les effets négatifs et les corriger et de mettre en valeur et maximiser les effets positifs. Cette temporalité est judicieuse pour pouvoir prendre en compte les recommandations fournies par l'étude, de les orienter ou de les abandonner. Elle peut être également réalisée en même temps que la réalisation du projet. De ce fait, tout au long de la mise en oeuvre du projet, elle aidera à évaluer les décisions prises sans pour autant pouvoir les modifier. Elle peut être également rétrospective en aval de la réalisation du projet. Elle permettra d'évaluer les décisions prises et d'en tirer les enseignements pour corriger la méthodologie appliquée au projet et éviter les mêmes erreurs lors des prochaines EIS.

    Au regard de la méthodologique de son application, elle est similaire à l'évaluation environnementale. Elle est préconisée par l'OMS comme étant un outil favorisant la prise en compte et la réalisation de la santé et le bien-être en ville. Elle est également encouragé par le réseau ville-santé. Elle s'organise en six grandes étapes (cf. Figure n° 16) et offre ainsi un principe méthodologique intégrant des objectifs de santé dans le déroulement de la conception des projets et de planification urbaine.232 233

    231 Idem (cette partie est tirée de cet article)

    232 Laurine Tollec et al., « L'Évaluation d'Impacts sur la Santé (EIS) : une démarche d'intégration des champs santé-environnement dans la voie du développement durable Application à un projet d'aménagement urbain: la halte ferroviaire », Développement durable et territoires, no Vol. 4, n°2 (8 mai 2013), https://doi.org/10.4000/developpementdurable.9815.

    233 Laurence Carmichael et al., « Integration of Health into Urban Spatial Planning through Impact Assessment: Identifying Governance and Policy Barriers and Facilitators », Environmental Impact Assessment Review 32, no 1 (janvier 2012): 187-94, https://doi.org/10.1016/j.eiar.2011.08.003.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 8 0 | 1 4 8

    Figure n° 16 : Les étapes du processus EIS. (Taylor L et Blair-Stevens C, 2002)

    Source : DIALLO, T. (2010). Guide d'introduction à l'Évaluation d'Impact sur la Santé en Suisse. Plateforme Suisse sur l'EIS avec le soutien de Promotion Santé Suisse.

    V.4.e- Échelle nationale : Orientations nationales et leur déclinaison territoriale

    En France, la santé ne réside pas uniquement à l'échelle nationale. En effet, dans l'objectif d'améliorer la santé de la population française, le territoire est aujourd'hui au centre de nombreuses réformes, notamment les réformes hospitalières avec la mise en place de la loi de 2009 relative aux patients, à la santé et aux territoires « Loi Hôpital Patient Santé et Territoire » (HPST). Cette loi est née de la révision générale des politiques publiques (RGPP) elle comprend quatre grands objectifs234 :

    · « La modernisation des établissements de santé

    · L'amélioration de l'accès à des soins de qualité

    234 « La loi HPST (hôpital, patients, santé et territoires) », Fédération Addiction (blog), 9 août 2011, https://www.federationaddiction.fr/la-loi-hpst-hopital-patients-sante-et-territoires/.

    ·

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 8 1 | 1 4 8

    La prévention et la santé publique

    · L'organisation territoriale du système de santé »235

    Elle crée des Agences Régionales de Santé (ARS) dont la mission est de coordonner et d'organiser à l'échelle territoriale des politiques de santé (Hôpital, médecine de ville, santé publique etc.). Elles mettent en oeuvre l'ensemble des mesures prévues par la loi. Elles réunissent dans une seule institution les moyens de l'État et ceux de l'Assurance Maladie. Elles sont missionnées pour décliner à l'échelle régionale la politique de santé définie à l'échelle nationale et l'adapter aux réalités des territoires.

    En France, c'est à partir de 2010, au travers de la loi Grenelle 2 et la création des ARS que le concept d'urbanisme favorable à la santé a commencé à être pris en compte, indirectement, dans les évaluations. Cela repose bien évidement sur les enjeux environnementaux et de santé publique.

    Depuis 2004, suite à la conférence de Budapest, l'État par l'intermédiaire de 4 ministères : Le Ministère de la Santé, le Ministère de l'Écologie et du Développement durable, le Ministère de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale et le Ministère délégué à la Recherche, élabore tous les 5 ans un plan national santé environnement (PNSE). Il est basé sur le diagnostic des risques sanitaires liés à l'environnement et inscrit, dans le code de la santé publique. Il identifie des actions à mettre en oeuvre afin que la santé environnement soit mieux considérée dans la totalité du territoire. Le premier PNSE (2004-2009) visait 3 objectifs prioritaires236 :

    · « Respirer un air et boire une eau de bonne qualité

    · Prévenir les pathologies d'origine environnementale et notamment les cancers

    · Informer le public et protéger les populations sensibles »237

    Aujourd'hui, nous sommes à la quatrième génération de ce plan -PNSE4 (2021-2025), ce dernier s'inscrit dans un contexte particulier, marqué d'une part par une forte demande de la population en matière de santé et environnement, d'autre part la crise de la Covid-19 a bouleversé le champ de la réflexion et du débat en nous interrogeant sur notre comportement

    235 Idem, art. déjà cité

    236 « Le plan national santé environnement (PNSE) », Ministère de la Transition écologique, consulté le 5 octobre 2021, https://www.ecologie.gouv.fr/plan-national-sante-environnement-pnse.

    237 Idem, art. déjà cité

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 8 2 | 1 4 8

    par rapport à l'écosystème. Il propose des actions visant à diminuer tout risque lié aux substances chimiques, aux bruits et ondes ainsi qu'aux zoonoses (maladies transmissibles de l'animal à l'Homme). Le PNSE 4 est donc en totale cohérence avec le concept « une seule santé»238 (One Health)239. Il comprend 4 axes et une vingtaine d'actions. Les 4 axes sont240:

    · « Axe 1 : S'informer, se former et informer sur l'état de mon environnement et les bons gestes à adopter pour notre santé et celle des écosystèmes

    · Axe 2 : Réduire les expositions environnementales affectant la santé humaine et celle des écosystèmes sur l'ensemble du territoire

    · Axe 3 : Démultiplier les actions concrètes menées par les collectivités dans les territoires

    · Axe 4 : Mieux connaître les expositions et les effets de l'environnement sur la santé des populations et des écosystèmes».241

    Toutefois, l'action 17, portée par le 3ème axe, a pour but de sensibiliser significativement les urbanistes et les aménageurs du territoire afin qu'ils prennent en considération la santé environnementale dans leurs programmes d'aménagements242. De plus, elle encourage le développement d'un urbanisme favorable à la santé, en établissant le lien entre l'urbanisme, la mobilité, l'aménagement urbain et la santé.

    On trouve la déclinaison de ces PNSE à l'échelle régionale dans les projets régionaux de santé environnement (PRSE). En effet, les ARS, dans le cadre de leur mission, élaborent à travers le PNSE et en fonction des réalités de leurs territoires, un PRSE renouvelable également tous les 5 ans. Les ARS ont aussi un rôle d'analyse des documents de planification (SCOT, PLU, CC) et des projets urbains afin d'émettre un avis sanitaire et environnemental. Mais leurs avis restent, aujourd'hui portés essentiellement sur les éléments relatifs à la santé

    238 DGS_Céline.M et DGS_Céline.M, « Plan National Santé-Environnement 4 (PNSE 4) : «un environnement, une santé» (2021-2025) », Ministère des Solidarités et de la Santé, 27 octobre 2021, https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-nationaux-sante-environnement/article/plan-national-sante-environnement-4-pnse-4-un-environnement-une-sante-2021-2025.

    239 « Tribune | «Il faut institutionnaliser le concept «One Health» pour prévenir de nouvelles épidémies à l'échelle mondiale» | Cirad », consulté le 27 octobre 2021, https://www.cirad.fr/les-actualites-du-cirad/actualites/2020/institutionnel/tribune-le-monde-institutionnaliser-le-concept-one-health-pour-prevenir-les-epidemies.

    240 DGS_Céline.M et DGS_Céline.M, « Plan National Santé-Environnement 4 (PNSE 4) : «un environnement, une santé» (2021-2025) », Ministère des Solidarités et de la Santé, 27 octobre 2021, https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-nationaux-sante-environnement/article/plan-national-sante-environnement-4-pnse-4-un-environnement-une-sante-2021-2025.

    241 Idem, art. déjà cité

    242 Idem, art. déjà cité

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 8 3 | 1 4 8

    environnementale (une démarche environnementaliste). En revanche, comme nous l'avons vu précédemment, les déterminants de santé ne se limitent pas uniquement à l'environnement physique.

    Par ces avancées, le contexte institutionnel donne des signes de volonté pour la promotion de la santé dans toutes les politiques, mais la question reste toujours à ces balbutiements. Les PNSE, lois Grenelle 1 &2, loi de réforme du système de santé : malgré ces textes la situation reste préoccupante pour les scientifiques qui ne cessent d'alerter les autorités publiques sur les problématiques relatives à l'environnement et à la santé. Le cadre juridique qui s'inscrit uniquement dans une démarche curative en matière d'environnement se confronte à des difficultés pour résorber l'ensemble des problèmes environnementaux. Il légifère des problématiques déjà connues. Or la santé et l'environnement ne doivent pas attendre la révélation du risque réel pour légiférer243 une activité ou un processus. Le droit peut-il alors s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour la santé ?

    V.4.f- Échelle locale

    Au niveau des communes, la santé repose généralement sur une démarche hygiéniste relative à la gestion de la salubrité publique. Leurs actions s'orientent généralement vers des interventions pour lutter contre l'habitat insalubre, pour protéger la population contre les produits toxiques (plomb, amiante), pour contrôler la présence des animaux errants, la qualité de l'air et de l'eau, pour gérer les déchets et les traiter et rendre les quartiers propres, etc. L'Etat intègre donc la santé dans les contrats de ville puis il intègre les ateliers santé ville (ASV) qui ont été introduits en 2000 par le Comité interministériel faisant suite à la loi relative à la lutte contre les exclusions dont le but de rendre la santé des individus meilleure et notamment celle des plus vulnérables et plus pauvres244. Ces ateliers concernent principalement les quartiers de la politique de la ville avec l'objectif d'imbriquer l'ensemble des politiques de la ville (sociale, santé etc.).

    243 Myriam Legendre, « Environnement et santé », Santé Publique 15, no 3 (2003): 291, https://doi.org/10.3917/spub.033.0291.

    244 « L'Atelier santé ville, c'est quoi? | Fabrique Territoire Santé », consulté le 5 octobre 2021, https://www.fabrique-territoires-sante.org/tout-savoir-sur-les-asv/latelier-sante-ville-cest-quoi.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 8 4 | 1 4 8

    Certaines municipalités sont entrées en lien avec les politiques nationales et régionales en matière de santé publique et tentaient tant bien que mal de mettre en place des actions en faveur de la promotion de la santé auprès de leurs populations en les sensibilisant à la bonne hygiène de vie, à une alimentation saine et à la pratique de l'activité physique. Les ASV et les contrats locaux de santé (CLS) ont le même objectif visant à prévenir les maladies, à la promotion de la santé et à la réduction des inégalités sociales de santé. Les CLS sont des méthodes dispensées par la loi (HPST) et appliquées par l'ARS en partenariat avec une collectivité territoriale. Le but étant de faire baisser les inégalités sociales de santé et d'établir des actions au plus près de la population. Ils permettent, dans l'esprit d'intersectorialité, de rassembler un ensemble d'acteurs de secteurs et de disciplines différents sur les enjeux de santé d'un territoire donné afin de concevoir un projet de santé autour des déterminants de santé définis en amont245. Le Plan Local de Santé (PLS) encore appelé le Plan Santé Municipal, est l'opportunité pour les municipalités d'affirmer ou de repenser sa politique locale de santé.246. Il permet de vérifier la cohérence des politiques sur la santé, appliquées au niveau local. Préconisés par l'OMS, ces documents stratégiques issus d'une concertation et dont l'objectif est de déterminer les principales orientations concernant la santé pour tous dans une ville. Selon l'OMS un Plan Santé Municipal est « un plan qui établit un lien entre la stratégie de la Santé pour tous et une analyse locale des priorités de santé, et énonce les engagements que les autorités locales et d'autres organismes prennent en matière d'amélioration de la santé à l'échelle locale»247.

    D'autres municipalités ont fait le choix d'aller encore plus loin en adhérant au réseau français villes-santé afin d'agir pour un urbanisme favorable à la santé. Actuellement, le réseau français villes-santé compte une centaine de villes adhérentes. Ces dernières années, plusieurs villes ont franchi le pas en intégrant la santé dans les plans de planification stratégique (Schémas de cohérence territoriale (Scot), Plan local d'urbanisme etc.), d'autres agissent, d'une manière environnementaliste, pour la santé à travers d'autres documents : plan de protection de l'atmosphère (PPA), plan local d'amélioration de la qualité de l'air (PLQA), plan climat air énergie territoriaux (PCAET). Toutefois, les Scot et les PLU constituent des leviers de haute importance pour aller vers un urbanisme favorable à la santé.

    245 « Les contrats locaux de santé », consulté le 5 octobre 2021, http://www.ars.sante.fr/les-contrats-locaux-de-sante.

    246 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants ».

    247 « Plan d'action des villes pour la santé et le développement durable, OMS, 2000, p.51 », s. d.

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    Après avoir fait un rappel historique des problématiques autour du lien entre l'urbanisme et la santé, présenter et critiquer le tout-médical, présenter le nouveau paradigme de l'OMS autour de la santé, aujourd'hui, la question de la transition du tout-médical au nouveau paradigme se pose.

    La problématique qui va orienter notre réflexion réside dans l'idée de savoir comment l'urbanisme peut-il changer l'ordre des choses en matière de santé. Devons-nous attendre de tomber malade pour aller chez le médecin, qui à son tour nous prescrit des médicaments qui pourront nous soigner ou non, ou prévenir ?

    Comment l'urbanisme peut-il donc s'inscrire dans une démarche préventionnelle contre les maladies chroniques, que nous appelons « les pathologies silencieuses », par conséquent limiter le recours automatique aux soins médicamenteux ? Comment la mobilité active et l'activité physique, comme déterminant de la santé, peuvent-elles s'inscrire dans cette démarche ? Et pour pousser un peu plus loin la problématique de base, comment l'urbanisme et la médecine peuvent se réconcilier pour favoriser et « créer » la santé et le bien être ?

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 8 6 | 1 4 8

    VI- Sortir du tout-médical : les exemples de la mobilité

    active et de l'activité physique

    VI.1- Méthodologie et motivations de l'étude

    Le choix pour ce thème découle de l'apprentissage et des connaissances acquises lors des cours donnés à IUL, en particulier l'unité d'enseignement Question de Recherche en Urbanisme (QRU), dispensé par le professeur BOINO, pour lequel en collaboration avec une camarade de promotion, nous étions amenés à rédiger une problématique sur un thème choisi. Nous avions donc choisi de traiter l'impact de la Covid-19 sur l'environnement économique, social et physique. Nous avions réparti le travail entre nous : en deux parties, l'auteur de ce mémoire avait donc traité la deuxième partie de l'exercice qui repose sur l'impact de la Covid 19 sur l'environnement. C'est à partir de ce travail, qu'il a découvert l'ampleur du lien entre l'urbanisme et la santé et s'est plongé dans la riche littérature scientifique afférente.

    Pour ce travail de mémoire, nous nous intéressons au contexte des villes de Rennes, Avignon et Lausanne comme territoire d'étude. Le choix de ces villes repose essentiellement sur les caractéristiques de chacune d'elles, leur intérêt pour la santé en ville, leur méthode adoptée pour intégrer la santé dans les politiques et projets urbains :

    · Avignon : Ville où l'auteur habite et effectue son stage

    · Rennes : Ville pionnière en matière de santé en ville et ville en santé : première ville française à adhérer au programme ville-santé

    · Lausanne : Ville étrangère dont l'intégration de la santé dans les documents de planification résulte d'un atelier Métasanté regroupant médecins et urbanistes.

    La démarche d'étude et d'analyse est scindée en deux parties : la première réside dans la recherche de la littérature scientifique liée à la santé, puis à la santé en ville, à l'urbanisme, etc. La deuxième partie repose sur une vérification de la déclinaison de cette littérature sur le terrain. Concrètement, il s'agit d'une étude sur la manière dont la santé est prise en compte

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    en interne, dans la stratégie et dans la planification, et la manière dont elle est exprimée en externe sur le terrain.

    Pour ce faire, nous avons commencé par une analyse documentaire de l'ensemble des documents des trois villes. Ceci a permis de cerner comment la santé, en général, est prise en compte en interne (documents stratégiques). Dans le même registre, nous avons étudié la prise en compte de la mobilité physique et de l'activité physique en particulier. Notre analyse s'inspire des travaux d'Anne Roué Le GALL de l'école de haute étude de santé publique (EHESP), notamment le guide « Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils »248.

    L'auteur a également pris contact avec des responsables de chaque ville, opérant dans l'urbanisme et l'aménagement pour Rennes et Avignon, ou en lien avec des projets urbains traitant la santé pour Lausanne.

    Au départ, pour ses entretiens, l'auteur a arrêté une liste de 3 personnes (une personne par ville). Au regard de ses questions et la volonté de chercher d'autres informations, la liste de personnes à interviewer s'est élargie à 10 personnes (Cf. Liste en Annexe 1).

    L'auteur a commencé par Avignon, le 17 mai, un entretien avec une technicienne du PLU, puis un rendez-vous avec l'élu adjoint à l'urbanisme a été fixé le 7 juillet. Au regard du résultat des deux entretiens, un autre rendez-vous a été fixé, cette fois-ci, avec l'ARS le 31 août et avec l'AURAV le 13 septembre (Agence d'urbanisme Rhône Avignon Vaucluse) afin de pousser et vérifier ses informations.

    Avec la ville de Rennes l'entretien a commencé avec la responsable du service santé et environnement le 23 août. Au regard des questions et ses prérogatives professionnelles, elle a orienté l'auteur vers le responsable de la planification et études urbaines avec qui il a eu un entretien le 9 septembre.

    Quant à la ville de Lausanne, l'adjointe administrative l'avait orienté vers la direction de l'école polytechnique fédérale de Lausanne. L'auteur a eu donc un entretien avec le docteur Stephan JOOT qui a participé à la réalisation du projet métasanté en vue de la réalisation du projet métamorphose à Lausanne. (Ecoquartier les Plaines du Loup)

    248 Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. »

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    En annexe, les lecteurs trouveront les questions préparées pour chaque interlocuteur en fonction de sa ville, de ses fonctions et de la réalité et caractéristiques du terrain (Cf. Annexe2).

    VI.2- En quoi la mobilité active et l'activité physique sont des facteurs

    permettant de limiter le « tout-médical » ?

    VI.2.a- Mobilité249

    Pour le Forum Vies Mobiles, « la mobilité est entendue comme la façon dont les individus franchissent les distances pour déployer dans le temps et dans l'espace les activités qui composent leurs modes de vie. Ces pratiques de déplacements sont enchâssées dans des systèmes socio-techniques produits par des industries, des techniques de transport et de communication et des discours normatifs. Cela implique des impacts sociaux, environnementaux et spatiaux considérables, ainsi que des expériences de déplacements très diverses »250.

    Nous avons indiqué précédemment que la ville est conçue par les transports : le lien entre urbanisme et mobilité a donc toujours été au coeur des évolutions territoriales, et les questions du transport urbain sont également plus anciennes que la ville251.

    Nous avons effectivement observé durant la décennie 2000-2010, une accélération des prises de conscience, et de la sensibilisation au réchauffement climatique lié à l'évolution et l'intensité de l'activité humaine et en particulier à la dynamique des transports, mais aussi de la limitation des ressources. Comme évoqué précédemment, les facteurs ayant contribué à accélérer les changements de paradigme : les problèmes de temporalité et de congestion, la prédominance économique du pétrole, la croissance effrénée des émissions de gaz à effet de serre, le vieillissement de la population et les questions d'accessibilité, l'exclusion et les inégalités sociales, la hausse des prix des logements en ville, notamment par la pression foncière, l'augmentation des dépenses publiques et la transition épidémiologique. Il est communément admis que les déplacements en véhicules thermiques impactent

    249 Cette partie est tirée des travaux de : T. Paquot, G. Beaudet, L. Andres, réseau Villes-santé français etc.

    250 « le Forum Vies Mobiles - Recherche Google », consulté le 17 novembre 2021, https://www.google.fr/search?q=le+Forum+Vies+Mobiles&.

    251 Gérard Beaudet et Pauline Wolff, « La circulation, la ville et l'urbanisme : de la technicisation des transports au concept de mobilité. », VertigO, no Hors-série 11 (7 mai 2012), https://doi.org/10.4000/vertigo.11703.

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    l'environnement et la santé, ainsi que des externalités négatives participant à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et à la dégradation de la qualité de l'air. En effet, ce nouveau paradigme généralement exposé permet de limiter et de lutter contre l'étalement urbain, la périurbanisation, la congestion, les nuisances sonores et la pollution atmosphérique et de mettre en avant des moyens de transport alternatifs respectueux de l'environnement. En effet, la réflexion et la mise en oeuvre de politiques contre l'étalement urbain est un but mais elle soulève la problématique de la densité urbaine252. Les mérites des fortes densités en termes de mobilité, mais également de mixité sociale, ont mené à produire le modèle de « ville compacte » favorable à la ville active253.

    Cependant, ce modèle de ville compacte qui repose sur les courtes distances et favorise la mobilité active n'impacte pas seulement l'environnement mais également la santé des citadins. Ainsi les Villes-Santé de l'OMS, en France et en Europe, accordent une place importante aux déplacements quotidiens de leurs populations254. Ainsi, la mobilité active est mise en lumière car ce mode de déplacement permet de pratiquer une activité physique (marche à pied, vélo) tout en respectant l'environnement (pas d'émission de gaz à effets de serre). En effet, nous sommes d'accord avec le constat du réseau Villes-Santé, sur le fait qu'il ne suffit pas de promouvoir la mobilité active auprès des habitants pour qu'ils la pratiquent. L'aménagement de sites et lieux favorisant la santé tout en intégrant l'environnement peut amener progressivement les individus à adhérer à la mobilité active255. On peut tout à fait créer des quartiers mixant les habitations et les lieux de travail, les écoles, les terrasses de café, les espaces verts et les commerces avec des pistes cyclables sécurisées et déterminées ainsi que de larges trottoirs avec des éclairages et une offre de transport collectifs conséquente256.

    252 Sylvain Rode, « Reconquérir les cours d'eau pour aménager la ville », Cybergeo, 30 janvier 2017, https://doi.org/10.4000/cybergeo.27933.

    253 Lauren Andres et Béatrice Bochet, « Ville durable, ville mutable : quelle convergence en France et en Suisse? », Revue d'Économie Régionale & Urbaine octobre, no 4 (2010): 729, https://doi.org/10.3917/reru.104.0729.

    254 « Les Villes-Santé de l'OMS | Réseau français des Villes-Santé de l'OMS », 12 décembre 2016, https://www.villes-sante.com/oms-europe/villes-sante-oms/.

    255 « « Défendre l'esprit de la ville» : entretien avec le philosophe Thierry Paquot », Observatoire du design urbain, 8 juillet 2014, https://obs-urbain.fr/defendre-esprit-ville-thierry-paquot/.

    256 « Les Villes-Santé de l'OMS | Réseau français des Villes-Santé de l'OMS ».

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    VI.2.b- L'essor de la mobilité active

    Pour sauvegarder et entretenir notre santé, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise la pratique d'une activité physique d'un minimum de 60 minutes par jour pour les enfants et 30 minutes par jour pour les adultes ou 150 minutes par semaine d'un sport d'endurance avec une intensité moyenne257.

    L'OMS affirme que le fait de se déplacer activement grâce à la marche ou au vélo est une manière de pratiquer une activité physique. Cette activité permet de diminuer et même de supprimer les maladies non transmissibles comme le sont les maladies respiratoires, l'obésité, les maladies cardio-vasculaires et quelques cancers. Ces maladies sont généralement liées au phénomène de la sédentarité. Nous avons vu comment cette dernière est devenue une norme socio-culturelle dans nos sociétés contemporaines. La mobilité active devient alors un levier de haute importance pour lutter contre ce phénomène. Il est clair que les mobilités actives permettent d'améliorer la santé physique en développant et entretenant la force et le tonus, en améliorant l'endurance, en développant la masse musculaire. Elles agissent aussi sur la santé mentale et le bien-être en améliorant la qualité du sommeil, en réduisant le stress et les anxiétés. La mobilité active, en plus de favoriser la pratique d'une activité physique, permet de réduire considérablement la pollution atmosphérique et sonore, elle permet également de décongestionner les rues. Le fait de réaliser et de prendre conscience que les modes de déplacements actifs doivent être avantagés par rapport à l'usage de la voiture démontre une évolution sociologique non négligeable.

    Longtemps ce mode de déplacement était considéré comme l'attribut des personnes défavorisées et l'automobile, socialement valorisée, réservée pour les personnes aisées. Aujourd'hui, les questions relatives à l'environnements intègrent tous les milieux sociaux. La prise de conscience de l'impact du « tout voiture », la volonté des collectivités de s'emparer des enjeux du développement durable, l'évolution des modes de vie ainsi que l'accès à l'information rapide, l'émergence du l'urbanisme tactique, recentrent les débats autour de la mobilité active. En effet, ce mode de déplacement prend plusieurs aspects : naturel en faisant

    257 « Activité physique », consulté le 27 octobre 2021, https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/physical-activity.

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    appel au corps physique, social en favorisant les interactions dans les sociétés et psychique en développant sa vision et sa sensibilité au monde.258

    Selon une étude de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), le vélo et la trottinette sont les moyens de déplacement urbain les plus rapides sur des distances inférieures à 6 km. Cet essor peut avoir plusieurs explications, notamment la volonté des villes à aménager des espaces incitatifs et favorables à ce mode de déplacement259. De ce fait et comme nous l'avons observé lors du confinement contre la Covid-19, les collectivités sont les moteurs de la mise en oeuvre et de la promotion des mobilités actives. En effet, l'orientation vers les modes de déplacements actifs quotidiens permet d'atteindre le quota d'activité physique quotidienne recommandé par l'OMS. La mobilité active a donc un double bénéfice : elle a une incidence positive sur la santé physique des individus et sur l'environnement car elle contribue à la réduction de l'utilisation de véhicules motorisés. Par ailleurs, il est prouvé que marcher quotidiennement 30 minutes apporte :260

    · « Zéro émission de GES et zéro consommation d'énergie fossile ;

    · Zéro stationnement;

    · 200 calories brulées ;

    · Moins de contrainte, de stress, un corps musclé etc.

    · Des rencontres et des interactions sociales dans des espaces appropriés » etc.261

    Une étude pilotée par le Ministère de la Transition Écologique indique un changement de 2008 à 2019 dans les manières de se déplacer (Cf. figure n°17) : « l'usage de la voiture baisse sensiblement (-1,8 point) à l'avantage de la marche à pied, second mode de déplacement (+1,2 point) et des transports en commun (+0,8 point). Avec 2,8% des modes de déplacement la part du vélo quant à elle demeure stable sur la même période »262.

    258 Pascal Amphoux, « Marcher en ville », Les Annales de la recherche urbaine 97, no 1 (2004): 136-40, https://doi.org/10.3406/aru.2004.2587.

    259 Smart Mobility, « L'essor de la mobilité douce », consulté le 28 octobre 2021, https://www.innovation24.news/2020/03/06/lessor-de-la-mobilite-douce/.

    260 Réseau français des villes santé de l'OMS, éd., Mobilités actives au quotidien: le rôle des collectivités (Rennes: Presses de l'École des hautes études en santé publique, 2013).

    261 idem

    262 « Transports : le défi écologique des nouvelles mobilités », Vie publique.fr, consulté le 28 octobre 2021, https://www.vie-publique.fr/eclairage/279082-transports-le-defi-ecologique-des-nouvelles-mobilites.

    Figure n° 17: Évolution des parts des modes de transport (en nombre de déplacements (2008 à 2019

    Source : Transports : le défi écologique des nouvelles mobilités | Vie publique.fr ( vie-publique.fr)

    Selon toujours cette étude, le vélo progresse de 2 points entre 2015 et 2020. Encouragée par l'arrivée des vélos en libre-service, la pratique du vélo évolue, notamment dans les centre-villes de plus de 100 000 habitants. Néanmoins, cette pratique urbaine ne dépasse pas 5 km par jour. Nous observons que cette orientation politique vers la pratique du vélo en ville notamment dans certaines métropoles s'est accentuée depuis les Assises nationales de la mobilité en 2017. Cette politique est inscrite dans la loi d'orientation des mobilités (loi LOM 2019). Elle incite les territoires à investir dans la réalisation des infrastructures consacrés à l'usage du vélo.263

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    263 idem

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    VI.2.c- La nécessité de l'activité physique

    Selon l'OMS l'activité physique se définit comme : « tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques qui requiert une dépense d'énergie »264. Il s'agit de tous les mouvements du corps que l'on réalise par tout : dans le cadre des loisirs, sur le lieu de travail ou pour notre mobilité pour aller d'un lieu à l'autre. L'activité physique revêt donc un large éventail de choix, le sport n'en constituant qu'une partie. La marche, le vélo, la trottinette, le skatebord, les rollers (la mobilité active), la détente active (jardiner, flâner, bricoler etc.) et le jeu constituent des méthodes primaires et à la portées de tous de pratiquer une activité physique265.

    Nous avons vu l'impact négatif de la sédentarité sur la santé. En effet, l'inactivité physique est source de nombreuses complications, évitables, pour la santé de l'individu. En revanche l'activité physique peut diminuer considérablement la mortalité précoce. Ainsi, un mode de vie incluant, au minimum, 15 à 20 minutes d'activité physique quotidienne réduit la mortalité de 14% indifféremment de l'âge et du genre266. On constate donc que la pratique d'une activité physique avec une intensité moyenne ou soutenue permet d'améliorer considérablement la santé des individus267. Parmi les facteurs réduisant mécaniquement le risque de tomber malade, il y a la marche pendant vingt minutes par jour. Dix minutes d'activités intenses réduisent quasiment à néant les risques liés à la sédentarité268.

    Selon une expertise de l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) publiée en 2008, d'après une étude réalisée sur 5 000 individus et suivis pendant 5 ans minimum, on constate que les risques de décès sont considérablement réduits chez les personnes pratiquant une activité physique régulière par rapport aux personnes peu voire non actives physiquement. Ce résultat est valable chez tous les individus quels que soient l'âge et l'étiologie des maladies ou du décès. La réduction de la mortalité varie entre 2% et 58% selon

    264 « Activité physique ». art déjà cité

    265 Idem, art déjà cité

    266 Chi Pang Wen et al., « Minimum Amount of Physical Activity for Reduced Mortality and Extended Life Expectancy: A Prospective Cohort Study », The Lancet 378, no 9798 (1 octobre 2011): 1244-53, https://doi.org/10.1016/S0140-6736(11)60749-6.

    267 Organisation mondiale de la Santé, Lignes directrices de l'OMS sur l'activité physique et la sédentarité : en un coup d'oeil (Genève: Organisation mondiale de la Santé, 2020), https://apps.who.int/iris/handle/10665/337003.

    268 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

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    le niveau d'activité physique pratiqué269.

    Il est donc scientifiquement prouvé que l'activité physique impacte positivement la santé des individus. Elle apporte donc des bienfaits dont le corps, dans sa globalité, a besoin. Ainsi pour les personnes âgées, elle ralentit et /ou arrête certains processus délétères relatifs au vieillissement. De plus, elle favorise le maintien de la bonne santé tout au long de la vie et de la prise d'âge. En maintenant le bon fonctionnement de la masse musculaire, elle permet également de diminuer les chutes et donc les risques de fractures du col du fémur, ce qui freine l'échéance de la dépendance. Enfin, la santé mentale est également influencée par la pratique d'une activité physique. En effet, l'activité sportive permet d'atteindre un bien-être mental car elle aide à réduire le stress, elle fait prendre conscience de son corps, elle participe à la vie sociale, elle améliore la capacité intellectuelle et cognitive, l'estime de soi et permet de contrôler ses émotions et la dépression270.

    En France depuis 2017, le décret n° 2016-1990 du 30 décembre 2016 permet de prescrire la pratique d'une activité physique adaptée (APA), uniquement, aux patients atteints d'une affection de longue durée271. En effet, l'APA s'inscrit : « en prévention secondaire et tertiaire des maladies chroniques. La recherche scientifique a dénombré dix maladies chroniques pour lesquelles l'APA est considéré comme un traitement nécessaire : le diabète de type II, l'obésité, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l'asthme, le cancer, les syndromes coronaires aigus, l'insuffisance cardiaque, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies ostéoarticulaires, la dépression et la schizophrénie »272.

    Cette volonté politique de reconnaitre l'activité physique comme un traitement non médicamenteux, correspond globalement à la démarche de la promotion de la santé. Mais cette volonté politique s'inscrit dans une approche curative. Peut-on alors lui donner une orientation préventionnelle en l'élargissant à l'ensemble de la population ? Si cette mesure, pour des raisons économiques, ne peut être élargie à l'ensemble de la population, elle mérite au moins une analyse des coûts et bénéfices. En effet l'activité physique n'impacte pas uniquement la santé mais également l'économie et notamment celle de la santé. Une activité sportive pratiquée régulièrement aide également à l'amélioration de l'efficacité économique

    269 « Activité physique -Contexte et effet sur la santé- Expertise collective- Inserm- Institut national de la santé et de la recherche médicale- @édition Inserm, 2008 », s. d.

    270 Emmanuel Poirel, « Bienfaits psychologiques de l'activité physique pour la santé mentale optimale », Santé mentale au Québec 42, no 1 (2017): 147, https://doi.org/10.7202/1040248ar.

    271 « Décret n° 2016-1990 du 30 décembre 2016 relatif aux conditions de dispensation de l'activité physique adaptée prescrite par le médecin traitant à des patients atteints d'une affection de longue durée », 2016-1990 § (2016).

    272 Fédération National d'Education et de la promotion de la Santé, « PROMOUVOIR L'ACTIVITÉ PHYSIQUE DANS LES TERRITOIRES- D-CoDé Santé », février 2021, www.fnes.fr.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 9 5 | 1 4 8

    car elle aurait une incidence sur la productivité. Récemment, une étude a démontré que lorsqu'une personne travaillant de façon sédentaire commence la pratique d'une activité physique régulière, son rendement augmente entre 6% et 9% selon son degré d'engagement dans la pratique de cette activité sportive273. Nous avons évoqué, précédemment, les coûts relatifs à la sédentarité, nous allons maintenant voir les bénéfices (coûts évités) de la pratique de l'activité physique. Rapprochées aux coûts directs et indirects liés à la pratique physique, les retombées économiques nettes de développement de l'exercice physique peuvent être estimées à 7,7Mds€274 (Cf. figure n° 18).

    Figure n° 18: Économie générale par un développement de la pratique physique

    Source : Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse (Ministère des Sports, 31 janvier 2018).

    Plus les gens sont physiquement actifs plus les économies augmentent. Si on généralise la pratique physique à toute la population, l'économie réalisée serait de 16,7Mds€. À cette somme, 9Mds€ de coûts supplémentaires seraient à déduire (frais correspondants aux accidents liés à l'activité physique). Nous atteindrions donc une économie nette (gain) de 7,7MDs€.

    273 idem

    274 Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques ».

    Nous sommes donc face à un défi selon lequel, la politique locale, ne pourra pas imposer ou rendre obligatoire l'activité physique. La médecine n'a, elle non plus, pas de médicaments pour faire bouger les gens275. Mais la réflexion urbaine peut s'inscrire dans une démarche préventionnelle et « provoquer » un comportement actif en ville. L'étude ci-dessous démontre que cette démarche est tout à fait réalisable.

    Enquêtes sur l'environnement physique et contexte social et géographique

    « Une enquête internationale parue en 2001 a pour cadre d'analyse plusieurs pays européens: Belgique, Finlande, Allemagne de l'Ouest et de l'Est, Pays Bas, Espagne et Suisse. Elle a porté sur un total de 3 342 personnes adultes (18 ans et plus) joints par téléphone (Stahl et coll., 2001). Les individus étaient classés en deux groupes : actifs (70 %) ou inactifs (30 %) du point de vue des activités physiques, avec cependant d'importantes différences selon les pays. Les facteurs de l'environnement social et géographique, les caractéristiques des politiques environnementales étaient également précisés. Un modèle théorique cognitif a permis d'exploiter les données recueillies. La qualité de l'environnement social apparaît comme assez déterminante pour comprendre l'activité physique ou la « sédentarité physique »276

     

    Cette étude, menée par des spécialistes de la planification urbaine, de l'aménagement ou de l'urbanisme277, vise à comprendre l'influence de l'environnement construit dans lequel évoluent les populations sur l'activité physique. Elle détermine l'environnement aménagé sur une base de six paramètres : la densité, l'intensité urbaine, la connexion entre les réseaux de communication, le niveau de hiérarchisation de la trame viaire, les qualités physiques des espaces et la topographie ainsi que la morphologie du territoire278. Ces dernières constituent un critère déterminant car il définit la proportion spatiale attribuée à la voiture (plus rapide) par rapport à la mobilité active. Pour 25% des déplacements inférieurs à 1,5 Km, l'incitation à la mobilité active pourrait être envisagée, quelles que soient la topographie et la morphologie de l'espace279. Par ailleurs, en rendant certains espaces plus attractifs, notamment la nature en ville, des barrières psychologiques entravant l'usage de la mobilité active seront supprimés280.

    275 « Espace public, santé, marchabilité Vers des environnements urbains qui invitent à bouger- Rue de l'Avenir-2015 », s. d., www.rue-avenir.ch.

    276 « Activité physique -Contexte et effet sur la santé- Expertise collective- Inserm- Institut national de la santé et de la recherche médicale- @édition Inserm, 2008 ».

    277 Idem, art. déjà cité

    278 Idem, art. déjà cité

    279 Idem, art. déjà cité

    280 Idem, art. déjà cité

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 9 6 | 1 4 8

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 9 7 | 1 4 8

    En effet, il est scientifiquement prouvé que pratiquer une activité physique dans la nature est très bénéfique pour la santé physique et mentale. La combinaison des deux révèle un avantage synergique281. En Amérique du Nord, des études ont démontré qu'il existe un lien entre la fréquentation des parcs en ville (Central Park, Dog Park, etc.) et la pratique de l'activité physique.282 En effet, la nature dans les villes constitue un critère de motivation important pour la pratique d'une activité physique (marche, course à pied, gymnastique d'entretien).

    Par ailleurs, une étude britannique poussée a mis en avant ce lien entre nature et santé mentale et physique et cherche à prouver qu'un avantage synergétique existe lorsque la pratique d'une activité physique s'effectue dans un cadre de nature283. Cette étude traite de l'environnement et de l'impact psychologique qu'il peut avoir en fonction de l'image qu'il renvoie :

    « Elle s'appuie sur 5 groupes de 20 personnes exposées à une séquence de 30 scènes projetées sur un mur tandis qu'ils sont occupés à une activité d'entretien physique. Quatre catégories de scènes peuvent être projetées : une scène rurale plaisante, une scène rurale désagréable, une scène urbaine plaisante, une scène urbaine désagréable. Les auteurs mesuraient la tension des sujets ainsi que deux critères psychologiques : l'estime de soi et l'humeur, avant et après l'intervention. L'exercice seul (sans les images) réduit la tension, accroît l'estime de soi et a un effet positif sur les traits d'humeur. Les scènes rurales et urbaines agréables produisent un effet positif plus grand encore sur l'estime de soi. Ceci montre, de l'avis des auteurs, l'effet synergétique du cadre. En revanche, les scènes désagréables urbaines et rurales réduisent l'effet positif sur l'estime de soi. Enfin, les scènes rurales désagréables et dramatiques ont le plus grand effet, diminuant les effets bénéfiques de l'exercice. Pour autant, un tel protocole nous paraît bien artificiel (il nous semble relever d'une psychologie de laboratoire) pour qu'on puisse transposer à la nature elle-même les exercices dits exercices verts (green exercice) qui sont effectués en tenant compte d'un environnement plaisant. »284

    Les deux études démontrent clairement que l'environnement de vie physique, socio-culturel et spatiale d'un individu détermine sa motivation à la pratique de l'activité physique. Elle ne relève donc pas que de sa seule volonté à pratiquer ou non une activité physique. De ce fait nous déduisons que l'action politique sur l'environnement urbain est donc primordiale en

    281 Idem, art. déjà cité

    282 Idem, art. déjà cité

    283 Idem, art. déjà cité

    284 « Activité physique -Contexte et effet sur la santé- Expertise collective- Inserm- Institut national de la santé et de la recherche médicale- @édition Inserm, 2008 ».

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 9 8 | 1 4 8

    matière d'activité physique, elle peut orienter et développer la motivation pour la pratique d'une activité physique quotidienne. Au regard de leur proximité avec les habitants et leurs prérogatives, les collectivités territoriales constituent l'institution pertinente de l'application d'actions développant l'activité physique à travers la conception et l'organisation de la ville. Cela a été démontré avec l'avènement de la Covid-19.

    VI.3- Comparaison des contextes des villes : limites qualitatives de

    notre analyse

    VI.3.a- Rennes : ville pionnière : réseau Villes-santé

    Contexte socio-urbain285

    Les informations suivantes sont tirées du PLUi (Plan Local d'Urbanisme intercommunal) de la ville de Rennes286.

    Rennes située à l'entrée de la Bretagne, est la capitale de cette région classée 4ème destination touristique française d'un point de vue de sa fréquentation (cf PLUi 2019). Plus de 217 728 personnes vivent à Rennes. L'agglomération de Rennes regroupant 43 communes s'est changée en métropole en 2015, elle a pu ainsi pallier aux besoins des 400 000 habitants qui la composent. La métropole est située dans une aire urbaine composée de 188 communes basées globalement en Ille-et-Vilaine et regroupant plus de 650 000 habitants.

    La ville de Rennes est en constante croissance démographique. Elle compte environ 5 000 nouveaux habitants par an ; soit une croissance annuelle de 1.2%. En 2016, on recensait 443 000 habitants (INSEE) et en 2018 on ne comptait pas moins de 454 000 (Omphale INSEE). L'origine de cette forte croissance démographique est l'emploi et l'enseignement. En effet, les Universités sont fortement développées en implantées dans cette métropole : 60 000 étudiants en 2004 et 68 000 étudiants en 2016. Le pôle universitaire rennais est au 8ème rang en tant que pôle d'enseignement supérieur en France. Il est le premier du Grand Ouest (Bretagne, Normandie, Pays de la Loire). Dans les universités de Rennes, 46 000 étudiants sont

    285 « Plan Local d'Urbanisme intercommunal de Rennes Métropole - A - RAPPORT DE PRÉSENTATION-Élaboration approuvée par délibération du Conseil de Rennes Métropole du 19/12/2019 », s. d.

    286 Cette partie est tirée du PLUi de Rennes

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 9 9 | 1 4 8

    scolarisés et les 12 000 étudiants restants ont rejoint les 17 grandes écoles rennaises. Un habitant rennais sur quatre est étudiant en 2017 source PLUi).

    Autour de Rennes, les habitants se répartissent de façon concentrique par rapport au centre-ville. Cette ville est la plus dense de la métropole avec 4 170 habitants au km2. Plus l'on s'éloigne de Rennes, plus la densité de population au km2 diminue mais elle reste supérieure à 100 hab/km2 sur toute la Métropole. Depuis 1983, les élus de l'agglomération ont oeuvré pour éviter au maximum l'étalement urbain et conserver les terres agricoles ainsi que les espaces naturels existants. Pour ce faire, l'agglomération a été pensée et aménagée selon le modèle de « Ville-Archipel ». Ce schéma sera référencé dans le SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) de 2007 et dans celui de 2015. Le SCOT permet de structurer l'organisation de la « Ville-Archipel » en se basant sur le modèle polycentrique de l'agglomération de Rennes. Il vise également à préserver les environnements naturels ainsi que la trame verte et bleue. Le rapport villes-campagnes est également pris en compte dans la définition des projets paysagers1.

    En effet, le concept de "Ville-Archipel" définit un territoire comme un espace urbain de toutes les échelles par les diversités de modes d'habitat, de transports, de biodiversité, de proximité des commerces, des équipements etc. Il constitue des polarités avec une continuité urbaine et il répond directement aux nombreuses questions environnementale et même sanitaire.

    La prise en compte de la santé

    La ville de Rennes s'est inscrite dans l'approche de la santé globale et positive depuis plus de 30 ans. Étant la ville française pionnière en la matière, elle rejoint le programme Ville-Santé en 1987 et occupe une place parmi les onze premières villes européennes adhérentes au programme.287 Cette dynamique et cette orientation vers la santé ne s'est pas produite par hasard. L'engagement d'Edmond Hervé, alors maire de Rennes depuis 1977 et secrétaire d'État à la santé entre mars 1983 et mars 1986, a été très significatif dans cette démarche288. De par ses fonctions politiques et la présence, à Rennes, d'une université de médecine et de l'école de hautes études de santé publique (EHESP), les rencontres avec les dirigeants de l'OMS ont été facilitées et la création du réseau villes-santé en France a pu voir le jour. Il est à noter que Rennes abrite, depuis 1989, le siège du centre collaborateur de l'OMS. De ce fait,

    287 Le Goff, « Erwan Le Goff. Les Villes-Santé en Bretagne : quels choix de gestion et d'aménagement des espaces ?. Géographie. Université Rennes 2, 2012. Français. ffNNT : 2012REN20051ff. fftel-00772443 ».

    288 Le Goff.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 1 0 0 | 1 4 8

    elle préside le réseau français villes-santé et constitue le coeur de l'organisation, la communication, l'information et la diffusion des expériences au sein du réseau villes-santé.

    Cependant, La santé est restée depuis 1987 que dans les réflexions et discussions, il fallait attendre l'an 2000 que Rennes a commencé à passer à l'action. Avec l'intégration des études d'impact sur la santé dans deux projets urbains. Au niveau de la mobilité : d'après une enquête de 2018 sur les déplacements, les habitants de la métropole réalisent 1.5 millions de déplacements par jour dont 47 % accomplis par les rennais. La mobilité des habitants de Rennes et de Rennes Métropole est restée stable depuis 2007. En effet, le nombre global de déplacements des habitants de Rennes Métropole a augmenté de 6 % (+3 % à Rennes, + 17 % pour le reste de la Métropole) par rapport à 2007, tandis que la population a augmenté de plus de 8 %. Entre 1999 et 2007, le nombre de déplacements avait augmenté de 13 %289.

    VI.3.b- Avignon : ville métamorphose

    Contexte socio-urbain290

    Les éléments qui suivent, sont extraits du PLU et de la convention NPNRU d'Avignon.291

    Avignon, surnommée la « Cité des Papes » ou encore « Altera Roma », se trouve au Sud de la France. Elle est marquée par le passage des Papes entre ses murs et a été la capitale de l'Occident médiéval pendant quelques années.

    Avignon a évolué en forme de cercle concentrique, notamment au Sud et à l'Est de son centre historique. La ville a été modelée en suivant les évolutions historiques en formant des coupures urbaines qui délimitent les différentes phases: les remparts du XIVème siècle, la voie ferrée puis plus tardivement, la rocade urbaine. Au cours des 30 Glorieuses, la ville a vu sa population augmenter de 30 000 habitants, passant de 60 000 dans les années 1950 à 90 000 au milieu des années 1970. Pour cette nouvelle population, des quartiers d'immeubles ont été construits au Sud et à l'Est de la ville : plus de 5 000 logement au total. En conséquence, des

    289 « Enquête ménages-déplacements en Ille-et-Vilaine 2018 | Audiar », consulté le 17 novembre 2021, https://www.audiar.org/publication/mobilites/deplacements/enquete-menages-deplacements-en-ille-et-vilaine-2018.

    290 Cette partie est tirée du PLU (en cours de révision) et de la convention du NPNRU

    291 « CONVENTION PLURIANNUELLE DU PROJET DE RENOUVELLEMENT URBAIN DES QUARTIERS SUD ET SAINT CHAMAND D'AVIGNON GRAND AVIGNON », 2019.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 1 0 1 | 1 4 8

    zones commerciales périphériques ont vu le jour, favorisant ainsi l'utilisation de moyen de transports individuels, tels que la voiture.

    En effet, la ville a connu plusieurs périodes de transformation urbaine. Sa modernisation s'est régulièrement effectuée sans tenir compte de son patrimoine historique très riche : agrandissement des places, élargissement des voies routières. Appelée autrefois Rue Bonaparte, la Rue de la République est élargie au XIXème siècle pour oxygéner le centre historique et relier la Place de l'Horloge à la nouvelle gare ferroviaire inaugurée en juin 1853292. L'architecture de la rue de la République porte l'empreinte du modèle Haussmannien. La transformation de la ville d'Avignon s'est effectuée autour de l'industrie du tourisme et de l'agroalimentaire. Sur une superficie de 64,91 km2, Avignon attire des entreprises oeuvrant dans ces deux secteurs et de la même manière une nouvelle population pour y travailler. En 2016 plus 92 000 habitants y ont été recensés. En tant que ville centre d'une aire urbaine de plus de 530 000 habitants, Avignon dispose d'une densité de population de 1 406,30 habitants/km2.

    Elle a connu depuis sa création, une multitude de manières de se produire. Chaque quartier porte l'empreinte d'un modèle d'urbanisme. Au centre, on observe des constructions du Moyen-Age, de la Renaissance et puis du modèle haussmannien. A l'extérieur des remparts on observe le modèle moderniste et fonctionnaliste des années 60 et 70, marqué par l'alignement des grands ensembles au long d'un axe routier « La Rocade » qui génère, par jour, un flux de plus de 40 000 véhicules, constituant ainsi dans sa temporalité une source de nuisance sonore et de pollutions atmosphériques pour les habitants.

    En décembre 2000, la communauté du Grand Avignon a été créé et constituée de de 8 communes et passée à 16 communes depuis le 1er janvier 2018 regroupant 193 000 habitants, elle présente la particularité d'être à cheval sur 2 départements et 2 régions. Sept communes sont situées dans le département du Gard, neuf dans le Vaucluse. Le coeur urbain dense de l'agglomération est essentiellement resserré autour de quelques communes : Avignon, Le Pontet, Villeneuve-lès-Avignon, Les Angles.

    292 « Histoire d'Avignon », in Wikipédia, 1 août 2021,

    https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Histoire_d%27Avignon&oldid=185122496.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 1 0 2 | 1 4 8

    Elle bénéficie d'une image de marque positive tout en étant confrontée à une réalité sociale dégradée. Il s'agit de la 14ème ville la plus pauvre de France en 2011, parmi les 100 plus grandes villes, plus pauvre que Marseille :

    · Plus du quart de la population d'Avignon (26%) vit dans les quartiers prioritaires.

    · Plus du tiers des ménages à bas revenus d'Avignon (36%) vivent dans les quartiers prioritaires.

    · Plus de la moitié des ménages des quartiers prioritaires (59%) vivent sous le seuil de bas revenus.

    VI.3.c- Lausanne : ville Métasanté, ville labélisée : ville active

    Contexte socio-urbain293 294

    Située en Suisse, au bord du Lac Léman en plein coeur de l'Europe, la ville de Lausanne jouit d'une situation géographique favorable à sa connectivité avec le monde extérieur. D'excellentes connexions avec la France et l'Italie lui permettent d'enrichir et développer, depuis des siècles son identité et les activités qui y s'installent. L'enseignement supérieur est un domaine qui profite particulièrement de ce rayonnement international, de nombreuses écoles y étant implantées depuis longtemps.

    Elle est également un modèle référent dans le monde du sport avec une cinquantaine d'associations sportives internationales y siégeant. La plus emblématique est le Comité International Olympique qui donne à Lausanne le statut de « Capitale Olympique » depuis 1994. La ville de Lausanne est en pente, son dénivelé est de plus de 500 mètres, elle bénéficie donc d'une vue imprenable sur le Lac Léman et les Alpes. Sa topographie est extrêmement accidentée et pose des problèmes en matière d'urbanisation.

    En effet, l'urbanisation de la ville en contrebas des collines l'a inscrit dans un vaste territoire à multiples contraintes, sur lesquelles l'urbanisme a su produire un modèle à part entière. Depuis la fin XIXe siècle et l'expansion urbaine, la ville, dans le cadre de son développement, ne cesse de négocier avec une pente imposante et parfois paralysante. Cassant les fluctuations

    293 Tiré de « Plan directeur communal- Ville de Lausanne- Version adoption Conseil communal Mars 2021 » (Ville de Lausanne, mars 2021) et du site officiel de la ville.

    294 Bureau de la communication-Web & multimédia - webmaster@lausanne.ch, « Site officiel de l'administration communale de la Ville de Lausanne, capitale olympique », Site officiel de la Ville de Lausanne, consulté le 20 novembre 2021, https://www.lausanne.ch/lausanne.html.

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    du relief pour mieux le dompter, l'urbanisme lausannois a comblé les dépressions, percé et creusé les versants, traçant même des ponts qui prolongent les courbes d'une colline à l'autre.

    Bâtie autour de trois collines, Lausanne constitue la plus grande ville du Canton de Vaud et 4e agglomération au niveau national, elle compte plus de 145 000 habitants. Elle jouit d'un environnement atypique, encadrée de montagnes et au pied de l'un des plus grands lacs d'Europe. Grâce à cette situation, c'est une ville d'une grande importance tant pour les Suisses que pour les pendulaires venant de France. Elle est constituée de plusieurs centralités et se développe vers l'ouest. Sa densité est de 3 369 habitants/km2. Plus l'on s'approche de l'hyper-centre de Lausanne, plus la densité de population est forte. Le centre de la ville de Lausanne est majoritairement minéralisé avec du béton, de l'asphalte et de la pierre, ce qui ne laisse que peu de place aux végétaux, favorisant ainsi les îlots de chaleur. Ceci affecte bien entendu le bien-être des habitants de la ville.

    Jusqu'à la fin des années 90, Lausanne a vu sa population baisser. Cette tendance a été inversée et aujourd'hui, la population lausannoise est en perpétuelle augmentation. La ville devient très rapidement la 4ème ville de Suisse avec la densité de sa population et son attractivité mais elle est confrontée à une forte pénurie de logements. 20% des habitants du canton de Vaud résident à Lausanne, 50% vivent dans l'agglomération de Lausanne. Pour faire face à cette forte croissance démographique, Lausanne s'est lancé le challenge de pouvoir accueillir 30 000 nouveaux habitants d'ici 2030, avec des logements et des équipements publics permettant d'avoir une très bonne qualité de vie295.

    Nous pouvons constater que l'accueil de nouveaux habitants venant de l'étranger renforce l'aspect cosmopolite de Lausanne. Aujourd'hui, 40% de la population n'est pas de nationalité suisse. Chez les jeunes, ce chiffre s'élève à 50% et conforte pour les années à venir l'identité multiculturelle de la ville296.

    295 editeur, « Diagnostic des espaces publics du centre-ville de Lausanne », Rue de l'avenir (blog), 10 avril 2021, https://rue-avenir.ch/actualites/diagnostic-des-espaces-publics-du-centre-ville-de-lausanne/.

    296 Bureau de la communication-Web & multimédia - webmaster@lausanne.ch, « Lausanne: la petite ville qui a tout le potentiel d'une grande », Site officiel de la Ville de Lausanne, consulté le 19 octobre 2021, https://www.lausanne.ch/officiel/administration/finances-et-mobilite/routes-et-mobilite/a-propos/projets/lausanne-la-petite-ville-potentiel-grande.html.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 1 0 4 | 1 4 8

    VI.4- Comment la prise en compte de la santé par l'urbanisme peut

    orienter ses actions et projets ? Urbanisme favorable à la santé ou urbanisme préventionnel pour la santé ?

    Pour répondre correctement à cette problématique, il nous faut, premièrement, préciser notre objet d'étude. Lors de nos entretiens, et de notre étude, nous nous sommes confrontés à une difficulté. Si nous étudions les documents de planification urbaine (PLU(i), PADD, PDCom etc.), nous remarquons que la santé est en général intégrée dans ces derniers. En revanche, elle n'y est pas intégrée explicitement. Comme nous le verrons, Avignon est un exemple de ce cas. En effet, Avignon dispose d'une OAP « Mobilité Active »297 dans laquelle elle n'exprime pas directement les considérations autour de la santé de son action, laissant paraître une approche environnementaliste. Nous montrerons que la réalité est plus nuancée. Pourtant, les décisions d'urbanisme que prend la ville ont des conséquences sur l'évolution de la santé des populations.

    Ainsi, dans cette partie, nous justifierons concrètement la distinction entre un « urbanisme favorable à la santé » et une « démarche préventionnelle pour la santé ». Cette distinction s'avère importante. En effet, une « démarche préventionnelle » suppose des choix urbanistiques pris en conscience des déterminants de santé. Pour répondre à notre problématique principale, il ne s'agit donc pas d'étudier les conséquences de choix d'urbanisme sur la santé, mais bien d'étudier comment la prise en compte des déterminants de santé par l'urbanisme oriente ses actions et projets.

    A partir des entretiens et de l'étude des documents de planification selon la méthodologie précédemment expliquée, et de la comparaison entre nos trois villes, nous traiterons de plusieurs variables d'aménagement et analyserons comment leur traitement en fonction des déterminants de santé amène à modifier l'action des villes.

    297 OAP thématique -mobilité active- PLU en cours de révision

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 1 0 5 | 1 4 8

    VI.5- De la densité à la « compacité qualitative » : quelle importance

    pour les déterminants de santé ?

    Depuis les années 90, la ville de Rennes sous l'impulsion de la réflexion de Jean-Yves Chapuis298 a développé le concept de « ville-archipel » en lien avec les communes environnantes. Cette réflexion amena à la création de « Rennes Métropole » en 2000 puis à l'élaboration du SCOT entre les communes collaborant.

    Derrière ce concept, il y a un constat : celui de la périurbanisation. Jean-Marie Halleux explique que celle-ci a été rendue possible par une mobilité facilitée grâce à l'utilisation de la voiture mais qu'elle résulte de l'aspiration résidentielle individuelle299. Les populations, principalement issues de la classe moyenne, aspirent à la nature, au jardin privé tout en pouvant se déplacer aisément vers les destinations choisies.

    Alain Bourdin explique dans la Métropole des individus300, que l'individu devient le centre du monde, où dans son monde propre, il doit faire des choix individuels pour le faire évoluer. En prenant en compte cette dimension, les pouvoirs publics et les urbanistes ne pourront proposer des évolutions qu'en s'y adaptant, c'est-à-dire, selon Bourdin, en produisant des offres attirantes ou du moins satisfaisantes pour la majorité de la population. Mais ces offres ne répondent aux besoins que des personnes qui attendent la généralisation de la mobilité active pour laisser leurs voitures et se déplacer par ce biais. Que peut-on instaurer pour rendre la mobilité active accessible et attractive pour tous ? En ce sens, la ville d'Avignon se base sur le modèle des villes des Pays-Bas, du Danemark entre autre. Elle met en avant tous les éléments facilitant les déplacements grâce à la mobilité active et fait tout pour restreindre l'utilisation de la voiture. Cette stratégie est approuvée par les urbanistes. Dans les pays nordiques, une grande place est accordée à la mobilité active au détriment de la mobilité passive. En effet, circuler dans ces villes en voiture est compliqué aussi bien d'un point de vue spatial que temporel. Les géographes, les sociologues, et les philosophent sont en accord sur ce constat. Le fonctionnement de la mobilité active dans les pays du Nord s'explique par le fait

    298 Jean-Yves Chapuis a été directeur de l'école d'architecture et adjoint à la ville de Rennes. Il est vice-président de Rennes Métropole, délégué aux formes urbaines. Dernier ouvrage paru : Rennes, la ville archipel, éditions de l'Aube.

    299 Jean-Marie Halleux, « Vers la ville compacte qualitative ? Gestion de la périurbanisation et actions publiques », Belgeo, no 1-2 (8 mars 2012), https://doi.org/10.4000/belgeo.7070.

    300 Alain Bourdin, La métropole des individus, Monde en cours (La Tour d'Aigues: Aube, 2005).

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 1 0 6 | 1 4 8

    que le parc automobile est trop important, créant un engorgement et embouteillages. D'autre part, les villes nordiques revoient leurs plans de circulation routière afin de rendre la circulation plus fluide et favorisant l'adoption de modes de déplacement alternatifs et durables. Il en résulte que pour réussir l'adoption de la mobilité active pour tous, deux démarches peuvent être mise en oeuvre : l'approche facilitatrice de la pratique de la mobilité active et l'approche dissuasive de la pratique de la mobilité passive (la voiture). (Cf. Figure 19 : extrait de l'OAP thématique mobilité active -Vers la fin du tout-voiture)

    Ainsi, depuis les années 2000, plusieurs courants d'urbanisme (urbanisme durable, New urbanism301 , etc.) ont cherché à s'adapter aux situations dans lesquelles les villes étaient, et à agir sur plusieurs variables d'aménagement afin de développer une ville plus durable.

    Dans ce cadre, les urbanistes ont développé les grands principes de la « compacité qualitative » qui conjuguent une politique spatiale et temporelle. Parmi, ces grands principes, le premier est la réduction de l'usage de l'automobile. En développant une offre de transports en commun et la possibilité d'employer les modes doux, il est ainsi possible de réimaginer les proximités spatiales. Rennes cherche à développer précisément la « ville-archipel » par la métropolisation. Elle veut recomposer l'espace urbain à partir des villes périphériques et des centralités secondaires existantes, en les densifiant, et en créant une connexité grâce à un réseau de transports en commun et de mobilités actives. Le second principe est de mettre en place des urbanisations résidentielles compactes et attractives, au sein de la trame bâtie existante et en extension autour des réseaux de transports en commun302. Cette résidentialisation prenant en compte les besoins sociaux d'espaces verts doit alors proposer une offre d'espaces verts publics. C'est ce que Rennes réalise à travers la métropole en réfléchissant à une urbanisation qui dépasse désormais la rupture urbaine/rurale, en profitant de l'urbanisation intra-rocade, mais également des ceintures vertes environnant la ville.

    Nous ne développerons pas plus sur l'idée de cette ville « éco-efficiente ». À diverses échelles, c'est ce que grand nombre de villes cherchent aujourd'hui à réaliser et nous développerons cette description pour Lausanne et Avignon. Ce qui nous intéresse est de repartir du constat initial qui mène à la conception d'une ville « compacte qualitative » et d'étudier comment la prise en compte récente des déterminants de santé (Rennes et Lausanne) ou leur non-prise

    301 Reyburn, Stefan Reyburn, « L'urbanisme favorable à la santé: une revue des connaissances actuelles sur
    l'obésité et l'environnement bâti », Environnement Urbain / Urban Environment [En ligne], Volume 4 | 2010,
    mis en ligne le 09 septembre 2010, consulté le 30 avril 2019. URL :
    http:// journals.openedition.org/eue/788.

    302 Halleux, « Vers la ville compacte qualitative ? »

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    en compte explicite, actuelle303, conduit l'urbanisme à modifier son action. En se concentrant sur l'exemple de la mobilité active, nous allons tout d'abord réfléchir aux réseaux de mobilité. Nous nous concentrerons ensuite sur la question de la densité et du polycentrisme à travers une comparaison entre l'éco-quartier de Beauregard à Rennes, le futur éco-quartier des Plaines-du-Loup à Lausanne, et le quartier Joly-Jean ainsi que par une étude du Plan Faubourg de la ville Avignon.

    VI.6- L'intégration de la santé dans la politique urbaine : Analyse

    interne de la prise en compte des déterminants de santé.

    Selon une étude sur les politiques urbaines de Rennes, Avignon et Lausanne, nous faisons le constat que Rennes prend en compte les déterminants de santé à travers divers documents de planification. Même si la ville est membre du réseau français ville-santé depuis 1987, elle a initié une politique urbaine intégrant la santé au début des années 2007/2010, par deux projets faisant l'objet d'une Évaluation d'Impact sur la Santé (EIS) : la crèche Colette et la Halte ferroviaire proche de l'Hôpital dans le quartier Pontchaillou. Le premier projet s'inscrit dans une démarche rétrospective et le second dans une démarche prospective. À partir de ces deux expériences, la ville et la métropole de Rennes ont commencé un travail réflexif afin d'intégrer la santé dans les politiques urbaines comme l'a bien expliqué Fréderic AUFFRAY lors de notre entretien sur Rennes. « Ces deux projets ont impulsé une réflexion sur cette thématique, un comité interdisciplinaire (EHESP, Ville de Rennes, Université Rennes 2 etc.) a été créé afin de mener une réflexion sur l'intégration, d'abord, de la santé dans la politique urbaine puis dans tous les services. Le service santé-environnement était l'instigateur du projet de promotion d'un environnement urbain favorable à la santé en sollicitant le service d'urbanisme. Dans un premier temps, il a été important de mener une analyse réflexive sur l'organisation du projet, les questions soulevées étaient d'abord d'ordre organisationnel afin d'éviter le travail en silo: qu'est ce qui lie les services ? quelles sont les connexions et sur quel thème pourront travailler en mode projet ? » 304

    303Nous nuançons car dans le NPNRU, la santé est explicitement prise en compte avec un « plan marche » (cf.NPNRU, Convention)

    304 Lors de l'entretien avec M. Frédéric AUFFRAY, qui nous a expliqué la genèse de l'intégration de la santé dans les politiques urbaines. Notamment dans la planification.

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    Un travail d'acculturation a commencé à se déployer dans les services, notamment dans celui de l'urbanisme, tâche qui n'était pas très facile à réaliser car 305 : « Les agents du service urbanisme étaient réticents à l'idée d'intégrer la santé dans la planification. Ils avaient besoin d'être acculturés et convaincus de ce nouveau concept. Pourtant cela va de soi, lorsque nous évoquons l'activité physique automatiquement, nous évoquons la santé et de la même manière, l'alimentation, la nature en ville, la lutte contre la pollution, contre les ilots de chaleur, la gestion de l'eau etc. ». Dans une démarche interdisciplinaire, Rennes a commencé par l'installation des échanges avec l'université et les étudiants, notamment l'EHESP et le CHUR (centre hospitalier universitaire de Rennes).306

    De ce fait, Rennes a inclus la notion d'urbanisme favorable à la santé dans son tout premier Contrat Local de Santé (CLS) 2013/2015, à son deuxième PLS et à son EIS307. Il est à noter que le fait que la majorité des élus de la ville soient déjà acculturés sur ce thème a facilité son intégration dans la politique urbaine. Sur le plan méthodologique, une EIS a été élaborée pour la réalisation du PLUi. Celle-ci a sorti au grand jour la problématique de l'obésité et des problèmes dentaires chez les enfants. La ville de Rennes, souhaitant aller plus loin dans le développement de cette thématique et dans l'acculturation de l'ensemble des agents de la ville et de la métropole, a mis en place des mesures importantes pour la maitrise de cette thématique qui reste complexe. Elle créé donc des référents santé dans chaque service pour faciliter la communication et le travail des services en synergie, organise des conférences internes, présente des études, met en place des rencontres avec l'EHESP afin de les doter d'outils et de méthodologie. La ville s'est également inscrite en partenariat avec l'EHESP, dans une démarche internationale, Complex Urban Systems for Sustainability and Health (CUSSH)308, qui a pour objectif de transformer les engagements environnementaux et sanitaires en action urgente. Il est à noter qu'un tel projet ne peut se réaliser qu'avec une implication et une forte volonté politique. À ce titre, M. F. AUFFRAY lance un projet de haute importance : la création d'une instance urbanisme santé, composée d'élus et de techniciens, coprésidée par la ville et la métropole. Cette instance s'inscrit non seulement dans une démarche réflexive visant à intégrer la santé dans toutes les politiques publiques mais

    305 Entretien avec M. AUFFRAY

    306 Idem

    307« CLS Rennes_2013-15_.pdf », https://www.bretagne.ars.sante.fr/sites/default/files/2016-12/CLS%20Rennes_2013-15_.pdf. (AXE 6 : « Promouvoir un environnement urbain favorable à la santé » Objectif 17 et action 34, p57.

    308 CUSSH, « Rennes -- Complex Urban Systems for Sustainability and Health (CUSSH) », CUSSH, consulté le 17 novembre 2021, https://projectcussh.org/fr/cities/rennes/.

    également pour prévenir et mettre en place des mesures qui sont à même de faire face à des crises épidémiques comme la Covid-19. En effet, la Covid-19 a bouleversé le fonctionnement décisionnel et organisationnel de la ville et connait l'émergence et la pratique d'un urbanisme tactique qui est toujours d'actualité au regard de l'avancement de l'épidémie. À ce jour la ville n'a pas assez de recul sur les décisions prises pour y faire face.

    Quant à Lausanne, elle a intégré la santé dans le Plan Directeur Communal (PDcom de mars 2021). À l'origine, ce sont les conseillers municipaux (Vert) qui ont formulé dans des postulats (Cf. Annexe 3) en invitant la municipalité à étudier la question de la santé en ville. Trois questions ont été envoyées à la municipalité à différentes temporalités, ainsi « Mme Natacha Litzistorf a envoyé le postulat « La santé des populations, c'est aussi l'affaire des Villes I », déposé le 19 janvier 2010 et renvoyé à la Municipalité pour étude et rapport le 15 février 2011, le postulat de Mme Sophie Michaud Gigon et de M. Valéry Beaud intitulé « Doter le Nord-Ouest lausannois d'un parcours santé (type piste vita)», déposé le 27 novembre 2012 et renvoyé à la Municipalité pour étude et rapport le 4 février 2014, ainsi que le postulat de Mme Sophie Michaud Gigon et consorts intitulé « Agir sur l'environnement construit pour la santé de toutes et tous », déposé le 22 septembre 2015 et renvoyé à la Municipalité pour étude et rapport le 27 octobre 2015 ».309

    Dans un rapport-préavis (Cf. Annexe 3), la municipalité formule sa réponse favorable à ces trois postulats et signale qu'ils s'inscrivent parfaitement dans la politique de promotion de la santé que la municipalité envisage de mettre en place et notamment dans l'opportunité offerte par l'urbanisation des Plaines-du-Loup (Ecoquartier). En effet, sa philosophie est construite à partir du projet Métasanté, que nous développerons dans la dernière partie. La municipalité souhaite donc s'appuyer sur trois outils pour réussir cette démarche :

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    309 Cf. annexe n°3 : Rapport-préavis de la ville de Lausanne

    1)

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    Global active city est porté par les associations evaleo, qui a pour but le développement et la promotion active de la santé durable pour tous, et Tafisa, association internationale pour le Sport pour tous. Le Comité International Olympique (CIO) soutient ce projet. Global active city propose aux villes une démarche et des outils, formalisés dans une norme, pour fédérer et développer les initiatives sur leur territoire et mutualiser les ressources pour une meilleure efficacité de la promotion de l'activité physique et la santé durable pour tous. Cette démarche débouche sur une certification. Du point de vue du CIO, la démarche « global active city » peut également constituer un élément de pré-héritage (pregacy) dans le cadre des jeux olympiques de la jeunesse et constituer une partie de son héritage (legacy) pour la Ville. Lausanne est une des sept villes-pilotes engagée dans le projet ;

    2) Le label Communes en santé a été développé par Promotion santé Valais puis repris et adapté par les cantons de Vaud, du Jura, de Thurgovie et Genève. Dans le Canton de Vaud, le projet est mené par le programme « ça marche, bouger plus, manger mieux » des Ligues de la santé. Il permet d'effectuer un diagnostic du degré d'implication de la Commune en termes de promotion de la santé. Ce diagnostic terrain, agrémenté d'un catalogue de programmes d'actions, sert de base à la construction d'une stratégie intégrant les axes forts et les points d'amélioration identifiés. Cette démarche débouche sur une labellisation ;

    3) Le concept de Ville-Santé de l'OMS se base sur la stratégie de la Santé pour tous de l'OMS, la charte d'Ottawa1 (1986) et les Agendas 21 locaux. Il se concentre sur l'ancrage stratégique de politiques publiques orientées vers la promotion de la santé, s'appuyant sur les processus d'amélioration continue. Une ville santé est « une ville qui crée, améliore constamment l'environnement physique et social et qui développe les ressources humaines permettant aux personnes d'être utiles les unes aux autres et de développer au mieux leurs potentialités ». Le concept de Ville-Santé OMS est une approche socio-écologique de la santé, se fondant sur les déterminants de la santé. Il est porté par des réseaux nationaux : en Europe, environ 1600 Villes en font partie et on dénombre 30 réseaux nationaux constitués. Ces trois démarches sont en réalité complémentaires. Elles solliciteront, de manière concertée, les mêmes acteurs et ressources au sein de la Ville »310

    Afin d'appliquer cette vision, la ville veut faire appel au meilleur des trois moyens mis à sa disposition, c'est-à-dire :311

    310 Idem (rapport préavis de la ville)

    311 Idem (rapport préavis de la ville)

    · Global active city : c'est le principal outil pour promouvoir et développer l'activité physique. Le but est que la majorité des habitants de la ville pratique une activité physique, surtout les personnes qui aujourd'hui n'en pratique aucune.

    · Commune en santé : les plans d'action mis en oeuvre dans la ville sont listés ; une analyse des différentes actions réparties sur les catégories de la population sera effectuée afin de corriger les probables carences.

    · Ville-santé de l'OMS : c'est un moyen d'établir une stratégie globale en définissant les fondations du projet et en dirigeant la mise en oeuvre globale312.

    Lausanne a le projet de devenir membre du réseau Ville-Santé d'ici quelques mois.

    À Avignon, le PLU, en cours de révision, n'intègre pas la santé en tant que telle. Mais en étudiant les documents du futur PLU, Avignon s'oriente vers l'urbanisme favorable à la santé. Elle fait partie des villes qui agissent sur la santé sans pour autant l'exprimer en tant que thème à part entière. Des actions restent relativement inscrites dans l'approche environnementaliste de la santé. Par ailleurs, les projets urbains et les projets d'aménagement en cours illustrent cette analyse. Actuellement, Avignon a lancé le plan Faubourg, le développement des pistes cyclables, le réaménagement des rues en zone de rencontre, le plan climat, etc. C'est ce qu'explique l'adjoint à l'urbanisme de la ville d'Avignon, Paul-Roger Gontard, élu en mars 2020 : « La santé est présente de partout, quand on fabrique des logements durables (Equoqaurtier) quand on cherche à développer la mobilité active, quand on crée un mode de cantine pour les enfants, basé sur un circuit court avec une production bio, on fait de la santé, c'est ce qui me fait penser qu'on le fait déjà ». En effet, la question de la santé n'est pas prise en compte à l'échelle de la planification, mais « la thématique est présente dans les discussions mais pas la commune dans le réseau villes-santé. Politiquement, la santé fait partie de notre ADN, de prendre soin de ceux qui en ont le plus besoins, d'être soucieux des plus démunis et de ceux qui sont exposés aux risques. On a peut-être loupé la déclinaison de ce qui est objectivé aujourd'hui par l'ONU, on va voir comment on va renforcer la démarche ».

    En effet, la municipalité est très attentive à ces questions, la volonté exprimée d'aller plus loin dans cette approche, d'aller sur le label Villes-Santé afin de se remettre en question, positivement, sur la thématique de la santé, en laisse apparaitre un fort intérêt. De ce fait, la

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    312 Idem (rapport préavis de la ville)

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    majorité des élus et des techniciens du Vaucluse n'ont pas ou peu d'informations sur cette thématique. C'est pour cela que l'AURAV a répondu à un appel à projet de l'ARS afin d'organiser au mois de Janvier 2022 un webinaire sur le thème « un urbanisme favorable à la santé ». Ce webinaire s'inscrit parfaitement dans la démarche d'acculturation de d'information sur cette thématique qui reste aujourd'hui floue pour un grand nombre d'élus et de techniciens. Comme le dit M. AUFFRAY : « Aujourd'hui, le concept de l'urbanisme et santé est à ses débuts, comme il y a 30 ans, le concept du développement durable ». La différence réside dans le fait que la réglementation a accompagné le concept du développement durable.

    En effet, le Plan Local d'Urbanisme intercommunal (PLUi) de Rennes, notamment son orientation d'aménagement programmée (OAP) : santé, climat, énergie, le Plan Local de Santé (PLS), et le PADD, la ville a défini de grandes orientations et principes intégrant la santé. Cette thématique est intégrée avec des déterminants de santé sous le prisme environnemental : la gestion de l'eau, de la pollution, du climat etc. Autant, sur la mobilité active, nous ne retrouvons actuellement dans ces documents seulement des lignes directrices sans un programme opérationnel construit à partir des déterminants de santé. Cependant, l'ancien CLS porte un objectif clair pour favoriser l'activité physique et la mobilité active dans la ville313. Nous pouvons noter également qu'en 2019, la ville de Rennes est classée 3ème du palmarès des villes cyclables dans la catégorie des villes de plus de 200 000 habitants314. Nous pouvons donc observer que les orientations générales exprimées dans les documents de planifications se déclinent sur le terrain par d'autres documents notamment le CLS et le PLS

    Le Plan de Déplacement Urbain (PDU)315, nouvellement appelé Plan de mobilité (Cf. Loi LOM)316, intègre divers diagnostics et axes autour de la mobilité active et particulièrement du vélo. Nous notons dans le PDU, un certain nombre de données intéressantes regroupées dans le tableau suivant (Figure n°19) :

    313 Idem (objectif 16 action 30, 31 et 32)

    314 « Enquête vélo - Infographie RM », consulté le 10 novembre 2021, https://infographies.rennesmetropole.fr/enquete-velo/.

    315 « PDU 2019-2030.pdf », https://metropole.rennes.fr/sites/default/files/file-PolPub/PDU%202019-2030.pdf.

    316 « LOI n° 2019-1428 du 24 décembre 2019 d'orientation des mobilités (1) », 2019-1428 § (2019).

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    Figure n°19 : Parts modales des déplacements au sein de la Métropole de Rennes (2007 à 2018)

    Source : PADD Rennes Metropole

    Nous notons donc que par la politique urbaine de la métropole rennaise, la part modale de la marche a augmenté significativement de 5% entre 2007 et 2018, alors que celle du vélo et autres modes actifs sont restés stable. Le PDU explique cet effet par le fait que pour des distances inférieures à 3km, le vélo est délaissé au profit de la marche. Or, le vélo est utilisé majoritairement pour des distances moyennes. Ici, il est délaissé pour la marche, et pour la voiture ou les transports en commun sur des distances longues. L'un des axes prioritaires du PDU est donc le renforcement du Réseau Vélo Express qui sera centralisé sur les axes reliant domicile travail entre la ville centre et les communes de de la première ceinture. Le PDU envisage de créer 100 Km de voies cyclables généralement constituées en pistes bidirectionnelles.317 Outre, les distances moyennes, la métropole a su développer des centralités intermédiaires (polycentrisme), motivant la marche. Sur des distances inférieures à 1,5km, le PDU nous précise que la marche représente 63% des déplacements. La motivation à la mobilité active n'est pas ici directement liée à un déterminant de santé, elle est motivée uniquement par un argument de densité dans le quartier (proximité des services). La

    317 « PDU 2019-2030.pdf ».

    Métropole rennaise souhaite provoquer le changement de comportement des habitants au respect des modes alternatifs de mobilité. Ceci à travers des opération de communication et de sensibilisation comme l'opération Mobil'acteurs318.

    Pour 2030, le PDU de Rennes affiche une ambition pour accompagner le changement de comportement en développant la part modale de la mobilité active et des transports en communs ainsi que réduire la part modale de l'automobile. (Cf. Figure n°20).

    Figure n° 20 : Objectifs d'évolution des parts modales à l'échelle de Rennes Métropole (2019-2030)

    Source : PDU Rennes Metropole

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    318 « Mobil'acteurs 2021 : ensemble, décrochons la lune ! », consulté le 21 novembre 2021, https://metropole.rennes.fr/mobilacteurs-2021-ensemble-decrochons-la-lune.

    Figure n°21 : Parts modales des déplacements au sein de de la ville de Lausanne et du

    Caton de Vaud

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    Le PDU traite également la question de la logistique urbaine du centre-ville de Rennes avec un objectif en 2030 : « Zéro livraison réalisée en diesel » (hors dérogation) et au profit de la mobilité active. La ville de Rennes a déjà enregistré en 2014, que 10% des livraisons du centre-ville étaient réalisées par des livreurs à vélos. Elle encourage les partenariats publics/privés autour de la logistique du « dernier kilomètre ».

    La ville de Lausanne dans son PDcom intègre la mobilité active sur deux chapitres : un dédié à la marchabilité et un autre au vélo.

    Dans celui-ci, la mobilité est traitée et en particulier le déplacement piéton et vélo. Ainsi, Lausanne possède déjà plusieurs cheminements piétons sur l'entièreté de la ville, et cherche à en développer d'autres. On constate donc une part modale de la marche importante sur la ville de Lausanne et le canton de Vaud (Figure n°21).

    Source : Observatoire de la mobilité lausannoise Indicateurs de suivi de la mobilité Edition 2021

    En revanche, sur le vélo, la part modale est particulièrement faible. Cela s'explique en grande partie par la topographie de la ville avec ses pentes, empêchant le développement de ce mode de mobilité. Nonobstant la topographie de la ville, la commune adopte une politique volontariste poursuivant les objectifs de développement de la mobilité active, notamment le vélo. Il est à noter que la ville de Lausanne s'est inscrite dans cette démarche depuis le premier

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 1 1 6 | 1 4 8

    projet de Métasanté conduit par une équipe interdisciplinaire travaillant sur des thèmes relatifs à la santé comme étoile polaire pour réaliser des projets urbains. Ainsi la ville de Lausanne projette une forte augmentation de la part modale de la mobilité active et une baisse drastique de l'automobile. (Cf. Figure n°22)

    Figure n°22 : Parts modales des déplacements au sein de de la ville de Lausanne et son ambition pour 2030

    Source : Observatoire de la mobilité lausannoise Indicateurs de suivi de la mobilité Edition 2021

    La ville d'Avignon n'intègre pas explicitement, à l'heure actuelle dans ses documents de planification, la santé. La ville d'Avignon, et l'intercommunalité du Grand Avignon, se sont reposées depuis la seconde partie du XXème siècle, sur un réseau routier automobile dense, laissant peu de place aux autres modalités. Ceci est en train d'évoluer avec les nouveaux plans de planification et les réalisations depuis 2015 de la ville d'Avignon qui cherchent à apaiser la trame viaire et à développer les transports en commun et la modalité active, notamment à travers une OAP thématique « Modalité Active » conséquente au PLU (en cours de révision). De fait, nous constatons que la mobilité active occupe une place moins importante que dans les autres villes faute de politique d'aménagement.

    Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 1 1 7 | 1 4 8

    De plus, le PDU sous l'approche environnementaliste (améliorer la qualité de l'air et faire face à la transition énergétique) donne des orientations pour apaiser la circulation et tendre à la réduction de 10% de la part modale de l'automobile (figure n°23). Il s'inscrit dans une stratégie visant à réduire la vitesse des véhicules. Ainsi une hiérarchisation de la voirie tendant à créer des zones 30 pour les dessertes et des zones de rencontres en centres urbains. Il vise également à assurer des continuités des voies cyclables au sein des villes et entre les communes du territoire. 319

    Figure n°23 : Parts modales des déplacements au sein de l'Agglomération d'Avignon et son ambition pour 2025

    Source : Plan de Déplacement Urbains du Grand Avignon (PDU)

    Le PDU de Rennes intègre un axe de priorité sur le développement du Réseau Express Vélo (REV). Il est intéressant de noter que dans le PDU, une grande place est faite à l'extension de ce réseau, au partage de cette modalité avec celle piétonne ou les transports communs, ainsi qu'à la promotion du vélo électrique. Cependant, l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP) en lien avec la ville de Rennes et d'autres, développent le projet ISadOrA320 (Intégration de la santé dans les opérations d'aménagement urbain). Ce projet, notamment sur la mobilité active, part des considérations de santé (sédentarité etc.), définit des

    319 « synthese_du_pdu.pdf », https://www.grandavignon.fr/sites/default/files/2020-02/synthese_du_pdu.pdf.

    320 « 001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf », consulté le 17 novembre 2021, https://www.ehesp.fr/wp-content/uploads/2020/06/001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf.

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    déterminants de santé sur la mobilité active et les relie à des variables d'aménagement selon le schéma suivant (figure n°24) :

    Figure n°24 : Lien entre variables d'aménagement et les déterminants de santé321

    Source : Le guide Isadora (Intégration de la Santé dans les Opérations d'Aménagement urbain)

    À partir de ces principes, le projet définit les leviers sur lesquels l'urbanisme peut intervenir et un cahier des charges pour agir sur ceux-ci. Parmi les points sur ce cahier des charges, on peut relever trois types : 322

    · La mixité fonctionnelle qui cherche à créer des perméabilités et des connexions entre les réseaux de transports, les bâtiments et les voies de modes actifs.

    · L'aménagement qui cherche à créer le plus possible des voies et des réseaux sécurisés dédiés aux piétons et vélos, et à contraindre l'utilisation de la voiture.

    321 « 001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf », consulté le 17 novembre 2021, https://www.ehesp.fr/wp-content/uploads/2020/06/001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf.

    322 « 001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf », consulté le 17 novembre 2021, https://www.ehesp.fr/wp-content/uploads/2020/06/001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf.

    ·

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    L'attractivité qui cherche à inciter à se mouvoir à pied ou vélo, non seulement en rendant agréable l'environnement paysager comme urbain, mais en disposant également des éléments attracteurs. Ces éléments attracteurs peuvent être directement un aménagement spatial (placette etc.) comme du mobilier urbain destiné au sport (fitness en plein air), aux loisirs (aires de jeux, tables d'échec, jardinage etc.), au repos, mais également à la facilitation de la pratique de la marche ou du vélo (point d'eau etc.).

    A partir donc de la définition et de la prise en compte explicite des déterminants de santé ISadOrA est capable de motiver des choix d'urbanisme. Or, à l'heure actuelle, le PDU de Rennes, n'intègre pas cette dimension et se limite donc aux perspectives d'extension sans une pensée plus précise sur l'aménagement contraignant et incitant à la mobilité active et à l'activité physique dans le milieu urbain.

    VI.7- La déclinaison des planifications stratégiques sur le terrain :

    Analyse externe de la prise en compte de la santé- Opérationnalité ?

    Il est intéressant de noter que pour Avignon, l'OAP « Mobilité active », sans être explicite sur les déterminants de santé intègre certaines des recommandations du projet ISadOrA323. En effet, dans l'OAP thématique « Mobilité active »324, la ville d'Avignon présente une restructuration de la trame viaire contraignant l'utilisation de la voiture et créant des continuités, des perméabilités et des liaisons avec les bâtiments pour les modes actifs (figure n° 25). La ville préconise un apaisement du flux routier, un partage des voies entre modes actifs et véhicules quand le flux est faible à modéré, et la création de voies spécifiques lorsque le flux routier est important.

    323 « 001-Guide-entier-ISadOrA-version-web.pdf ».

    324 OAP thématique -Mobilité active- PLU en cours de révision

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    Figure n° 25 : OAP (Orientation d'aménagement programmée) thématique modes actifs

    Source : OAP- Ville d'Avignon -mars 2021

    L'OAP ne se limite, par ailleurs, pas à la restructuration de la trame viaire mais pose des premiers principes d'aménagement incitatif à la mobilité active. Nous notons parmi ces aménagements325 :

    · « utiliser des matériaux différents pour distinguer piétons et cyclistes.

    · Afin que la rue ait un aspect moins routier, il est recommandé d'utiliser un matériau autre que l'enrobé sur les trottoirs ;

    · utiliser des matériaux respectueux de l'environnement ;

    · utiliser des matériaux de couleur claire, à fort albédo avec une émissivité élevée, en évitant les phénomènes d'éblouissement ;

    325 OAP - Ville d'Avignon- mars 2021 (PLU en cours de révision)

    ·

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    pour les aménagements dédiés aux vélos, utiliser des revêtements très roulants pour assurer un confort d'usage».326

    A ces aménagements, s'ajoutent des recommandations sur la largeur des voies, mais également des recommandations sur les façades des bâtiments qui doivent être dynamiques et attractives. Il existe donc une réflexion autour de la contrainte et de l'attractivité pour inciter à la mobilité active. Avignon intègre dans sa réflexion plusieurs points de l'analyse du projet ISadOrA comme la continuité des modes actifs, la sécurité, l'accessibilité simplifiée aux services mais également l'attractivité. En revanche, sur ce dernier point, il est intéressant de noter que l'attractivité est majoritairement traduite par une action sur l'aménagement paysager. Nous pensons qu'il serait intéressant de prendre en compte les déterminants de santé et donc d'axer également l'attractivité sur des éléments d'aménagements tels que ceux cités précédemment pour les loisirs, le sport, ou encore d'autres facilitant la mobilité active. Sans prétendre qu'Avignon ne prévoit pas ces types d'équipements, nous notons que dans leur document de planification (OAP Mobilité active), ces aménagements ne sont pas prévus en principe. Il nous semble que cela démontre bien que lorsque l'on ne prend pas en compte explicitement les déterminants de santé, les possibilités de l'action de l'urbanisme s'en trouvent donc réduites au prisme environnemental. Par ailleurs, l'absence en principe de ces équipements, limite également leur potentiel mise en place dans la ville et donc l'effet sur la santé.

    Un fait actuel intéressant à noter est le dépassement de la rupture rurale et urbaine. Sur Rennes, la ville-Archipel, a pour objectif de dépasser cela327, sans la dépasser entièrement encore. La ville-Archipel, dans sa structure, se veut une ville aérée et connectée permettant l'accès facile aux différents services et espaces publics ainsi que privés. Néanmoins elle présente des contraintes pour les communes excentrées, notamment sur l'accès au centre de Rennes. En effet, elle ne propose pas d'offre de mobilité à même de désengorger la rocade qui présente une problématique à la fois environnementale et sanitaire (pollution et sédentarité). Ainsi, Jean-Yves Chapuis préconise aux entreprises de retravailler et de décaler les horaires de travail, de développer le télétravail qui permettra de diminuer la part modale de déplacement individuel motorisé. La Rocade rennaise, selon nous, marque donc encore une rupture urbaine importante, bien que des perméabilités ait été créées. C'est un défi actuel

    326 Idem,

    327 Jean-Yves Chapuis et Jean Viard, Rennes, la ville archipel, Bibliothèque des territoires (La Tour-d'Aigues: Ed. de l'Aube, 2013).

    et futur pour la métropole rennaise. La ville-Archipel ne peut fonctionner qu'avec l'intégration de la mobilité douce à sa conception. Malgré tout, si nous étudions la géographie rennaise et les applications concrètes de la ville-Archipel, aujourd'hui, nous pouvons grossièrement indiquer que la ville entre en campagne (par le mouvement de périurbanisation du XXème siècle puis par la densification) et que la campagne entre en ville (par l'aménagement mais aussi par la réduction des frontières). Rennes profite de ce fait en voulant développer le Réseau Express Vélo (REV). Ce fait, du point de vue de la mobilité active devient intéressant à étudier. En effet, nous avons noté qu'aujourd'hui les modes actifs sont employés majoritairement en raison de la proximité des services créée par la naissance de nouvelles centralités (ce que nous étudierons plus loin). Nous constatons donc, que pour certaines villes, les populations pour du trajet court, marchent ou prennent le vélo. En revanche, pour du trajet moyen, la part modale des modes actifs chute. Le point étudié précédemment sur l'aménagement des voies pour les modes actifs est une première réponse. Elle ne répond que partiellement à la problématique d'incitation à la marche ou au vélo. De ce fait, il faut profiter de réduction de la fracture entre la campagne et la ville pour passer d'une mobilité active uniquement de court trajet à une également de moyen trajet. De plus, Rennes dispose d'un bureau des temps, celui-ci tient des cartes qui montrent globalement les disparités des éloignements tout mode de transport confondu y compris piétons et vélo. Il cherche à répondre aux questions relatives à la temporalité de la ville et de la métropole : Comment faire une ville de proximité ? Comment les communes limitrophes peuvent accéder aux services et équipements de la ville centre ? Comment organiser la ville archipel autour des bus, métro, et mode actif ? etc.328

    Outre l'exemple du REV rennais et sa gestion de la temporalité, il est intéressant d'étudier de nouveau l'OAP avignonnaise (figure n°26).

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    328 Entretien avec Frédéric AUFFRAY, Directeur responsable de la planification, maitre de conférence à l'université Rennes 2.

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    Figure n° 26 : Les grands principes du maillage des modes actifs (OAP)

    Source : OAP- Ville d'Avignon -mars 2021

    Sur cette carte, concernant le vélo (mais cela peut s'appliquer à la marche), nous notons, à ce stade, deux faits. Si nous négligeons pour l'instant, le maillage avec le centre-ville comme point attracteur (ce que nous traiterons ensuite), nous remarquons que la ville compte mettre en place une vélo-route suivant la trame bleue, ainsi que des boucles locales autour de son patrimoine naturel. Plus précisément, la Ceinture Verte avignonnaise, espace agricole, et l'Île de la Barthelasse, peu urbanisée, constituent des espaces « de campagne » au sein de la ville. Avec la vélo-route, la ville rend aisément accessible ces espaces à n'importe quel avignonnais. De plus, elle s'appuie sur l'île de la Barthelasse, Montfavet (avec son aspect village), pour inciter la population au moyen trajet, en mode actif. Elle fait donc de ses trames verte et bleue des attracteurs pour inciter à marcher et à faire du vélo. Il serait intéressant de réfléchir à des aménagements de santé précédemment cités, tout en préservant l'ambiance de l'espace, pour en faire des « centralités d'activités physiques et touristiques » accessibles uniquement en mode doux lorsque possible. Par exemple, cela nous semble réalisable pour l'Ile de la

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    Barthelasse qui pourrait être accessible uniquement en mode doux (sauf pour les riverains), en profitant de la vélo-route y passant mais également de la navette fluviale et du bus arrivant à l'Ile Piot (liée à la Barthelasse). La Barthelasse deviendrait ainsi un parc urbain dédié à l'activité physique et au tourisme vert.

    La requalification de la trame viaire pour les modes doux ne redéfinit pas seulement l'espace urbain mais également sa temporalité. En effet, Rennes, Lausanne comme Avignon, travaillent sur un double axe pour la mobilité active : l'attractivité et la contrainte à l'usage du véhicule motorisé. Comme nous l'avons vu, le développement des voies de partage et des voies spécifiques au mode doux contraint déjà l'utilisation de la voiture. Elles travaillent également à des limitations spécifiques y compris sur les voies routières en réfléchissant par exemple à des sens de circulation, ou à l'abaissement des limites de vitesse. Ainsi, la temporalité est redéfinie, au sens où, ce qui était accessible en un certain temps dans un certain mode ne l'est plus ou le devient. Par exemple, Avignon, avec ce projet de maillage, peut rendre accessible le centre-ville en vélo, en moins d'un quart d'heure, pour des habitants de la troisième couronne derrière la Rocade. Aujourd'hui, cela est difficilement réalisable car ne serait-ce que pour traverser la Rocade, il faut un certain temps. La création d'une continuité en mode actif à travers la Rocade permettrait donc de réduire le temps de traversée modifiant ainsi le temps d'accès au centre-ville. Réciproquement, la création de continuité en mode actif à travers la Rocade, augmente le temps de traversée en voiture. La temporalité ainsi modifiée par la contrainte à l'usage du véhicule individuel est un véritable facteur d'adoption de la mobilité active. Elle devient donc un facteur d'aménagement sur lequel nous pouvons agir en réfléchissant aux déterminants de santé.

    La contrainte sur l'usage du véhicule personnel motorisé, implique nécessairement une offre alternative. Cette offre alternative est une offre en mode doux, c'est-à-dire, en transport en commun ou en mode actif. Jusqu'à présent, les villes ont souvent présenté et appliqué cette alternative en proposant des transports en commun et en incitant à la mobilité active (zones de rencontre ou encore vélos libre-service) sans réfléchir à l'adéquation entre les deux. En effet, d'un point de vue environnementaliste, il n'est pas nécessaire d'y réfléchir puisque l'objectif est de développer la part modale des modes doux pour réduire la pollution (atmosphérique, sonore, visuelle etc.). En revanche, d'un point réflexif sanitaire, il faut réfléchir qualitativement à l'adéquation entre les transports en commun et les modes actifs (voirie, aménagements, attracteurs), et quantitativement à la part modale de chaque mode

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    en fonction des objectifs de trajet, et de la distance. Par exemple, Avignon dispose d'un parking relais, le parking des Italiens, se situant en moyenne, à pied, à moins de 10 minutes de l'entrée des remparts (Porte Saint-Lazare), et à moins de 20 minutes du centre-ville (Place Pie). Ce parking dispose d'une navette le reliant au centre-ville avec une fréquence de 5 à 12 minutes. D'un point de vue environnementaliste, cela est suffisant puisque le parking relais avec la navette permettent effectivement d'atteindre les objectifs environnementaux. En revanche, avec une approche positive et globale de la santé, l'objectif serait d'augmenter la part modale active entre le parking et le centre-ville. Aujourd'hui, les usagers du parking ont tendance à utiliser le bus puisqu'il est fréquent et que l'aménagement n'incite pas à la mobilité active (trottoirs réduits, voies vélo, Avenue de la synagogue, dangereuses). Si nous prenons en compte, les déterminants de santé, alors Avignon aménagerait les deux avenues reliant le parking au centre-ville, de telle sorte à faciliter les modes actifs et à les rendre attrayantes. De plus, elle réduirait la fréquence des navettes, sans les supprimer, de telle sorte à contraindre à la mobilité active, puisque les usagers d'un point de vue temporel y verraient un avantage. Enfin, ces aménagements spatiaux et temporels seraient accompagnés d'une campagne de promotion de la mobilité active comme facteur de santé, combattant la sédentarité (panneaux publicitaires, flyers de la ville etc.).

    Lausanne intègre la mobilité active dans son PDcom par deux chapitres : piétons et vélos. Ci-dessous, nous disposons deux cartes, provenant du Programme d'actions du PDcom (équivalent des OAP en France).

    Ces deux cartes (Figure n°27 et 28) montrent l'existence d'itinéraires piétons et vélos couvrant la quasi-entièreté de la ville. Les liaisons, connexions et perméabilités manquantes sont prévues dans le dernier PDcom. Lausanne dans le développement de sa « trame viaire active » a dû prendre en compte la topographie particulière de la ville. En effet, du lac vers le Nord, Lausanne doit composer avec des dénivelés plus ou moins importants.

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    Figure n° 27 : Programme d'action thématique- Mobilité- Vélos

    Source : PDcom- Programme action - Ville de Lausanne mars 2021

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    Figure n°28 : Programme d'action thématique- Mobilité- Piétons

    Source : PDcom- Programme action - Ville de Lausanne mars 2021

    Pour le vélo qui représentait en 2015, 2% des modes utilisés, l'objectif est de 15% en 2030329 Lausanne, prenant en compte des nécessités de combat contre la sédentarité, souhaite, malgré la topographie, encourager le mode actif qu'est le vélo. Ainsi, la ville mise sur le « Bike and Ride»330, c'est-à-dire une offre combinée de transports en commun, de mise à disposition de vélos libre-service et de stationnements pour vélo, permettant d'utiliser le vélo sur un faible dénivelé ou un dénivelé négatif et lorsque le dénivelé est positif et important, prendre un transport en commun.331 Il est alors intéressant de voir que la ville qui pourrait se limiter

    329 Bureau de la communication-Web & multimédia - webmaster@lausanne.ch, « Observatoire de la mobilité », Site officiel de la Ville de Lausanne, consulté le 17 novembre 2021, https://www.lausanne.ch/vie-pratique/mobilite/mobilite-douce-et-trafic/observatoire-mobilite.html.

    330 Bureau de la communication-Web & multimédia - webmaster@lausanne.ch, « Stationnement pour vélos », Site officiel de la Ville de Lausanne, consulté le 21 novembre 2021, https://www.lausanne.ch/vie-pratique/mobilite/mobilite-douce-et-trafic/a-velo/stationnement-velos.html.

    331 Bureau de la communication-Web & multimédia - webmaster@lausanne.ch, « Stationnement pour vélos », Site officiel de la Ville de Lausanne, consulté le 17 novembre 2021, https://www.lausanne.ch/vie-pratique/mobilite/mobilite-douce-et-trafic/a-velo/stationnement-velos.html.

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    aux transports en commun pour faciliter les déplacements, dans une approche environnementaliste, souhaite ne pas se réduire à cela, et développer l'approche santé. De plus, la topographie peut représenter, certes, une contrainte à la mobilité active, mais également être un avantage. En effet, si nous prenons des trajets courts, l'effort produit sur un dénivelé positif sera plus important que sur un dénivelé nul. Ainsi, marcher 15 minutes à Avignon, ne représentera pas 15 minutes de marche à Lausanne (rue en pente). La ville peut donc d'un point de vue santé aussi adapter son offre, en encourageant fortement la mobilité active sur des courts trajets et en adaptant sur des trajets moyens.

    Cependant, toutes les démarches que nous avons présentées, rencontrent certaines limites, notamment pour la gestion des flux des villes voisines de la métropole de Rennes et de l'agglomération d'Avignon.

    Si nous reprenons l'exemple d'Avignon, une des applications de ce que nous avons présentée est le Plan Faubourg332

    Figure n° 29 : Desserte par boucles au sein du Faubourg- Avignon

    Source : Plan Faubourg- la Ville d' Avignon- September 2021

    332 Plan Faubourg- esprit village- ville d'Avignon

    Source : Plan Faubourg- la Ville d' Avignon- September 2021

    Figure n° 29 : Sens de circulation Faubourg- Septembre 2021

    Le Plan Faubourg prévoit entre le Boulevard Saint-Roch et la Rocade ainsi qu'entre Route de Marseille et le Boulevard Eisenhower, un apaisement, par des zones de rencontre, zones 30, des sens uniques, ainsi qu'un maillage et des aménagements pour la mobilité active.

    Or, l'application du Plan Faubourg va certes fonctionner dans la zone concernée, mais la contrainte sur la voiture va créer de nouvelles problématiques. En effet, la contrainte sur la voiture au sein d'Avignon, combinée à la mobilité pendulaire des habitants de l'agglomération, traversant la ville pourra créer des congestions plus importantes. Ainsi, l'application de ces plans doit nécessairement intégrer une vision géographique plus globale intégrant les communes du Grand Avignon. L'esprit développé, notamment dans le Plan Faubourg doit s'étendre aux plans de l'agglomération voire même à l'aire urbaine, comme le fait aujourd'hui Rennes dans le cadre de la métropole. Sans discuter précisément de ce qui pourrait être aménagé, le Grand Avignon doit répondre à cette problématique. La réponse à cette problématique dépendra du point de vue adopté. En effet, comme certaines villes l'ont fait, il est possible d'étudier des déviations, mais également d'étudier comment adapter les déplacements des populations au sein de l'agglomération et du territoire. À partir d'ici, le Grand Avignon aura le choix entre une offre de transports en commun, ou une réflexion intégrant les déterminants de santé et proposant donc un maillage, une offre modale, qui

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    combinent transports en commun et modes actifs. Concrètement, à partir d'une EIS, le Grand Avignon peut étudier une offre globale par la mise en place de transports en commun (BHNS, voies bus etc.) conjointement à la mise en place de voies pour les modes actifs, comme le REV à Rennes en fonction des nécessités, de la distance des communes, et de la topographie.

    Aujourd'hui le Grand Avignon porte le projet NPNRU (Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain). Trois grands quartiers d'Avignon, s'étalant sur 2 km sont concernés par ce programme. Cependant, au regard de la convention pluriannuelle, on constate que peu de place est accordée à la problématique de la santé en ville. En effet, le NPNRU du Grand Avignon consacre seulement un article très succinct à ce sujet (« L'urbanisme favorable à la santé »), qui prévoit un plan Marche sur un périmètre très réduit. En outre, le Grand Avignon intègre cet article dans son Plan Intercommunal de Santé Publique 2020-2022 (PLS). Ce PLS n'est qu'un simple Atelier Santé Ville (ASV) qui comporte des données sans pour autant proposer un plan d'action pouvant favoriser la santé dans l'agglomération. En parallèle du NPNRU, nous avons vu qu'Avignon mettait en oeuvre un Plan Faubourg visant à réduire le « tout-voiture ». Sa philosophie est une bénédiction pour la santé publique. Il est clair que le NPNRU serait une aubaine pour intégrer la santé en ville de manière plus globale. En effet, le Grand Avignon pourrait s'appuyer sur les plans d'action du Plan Faubourg d'Avignon en les intégrant à son NPNRU et à son Plan Intercommunal de Santé Publique pour généraliser cette problématique à toute l'agglomération avignonnaise. De cette manière, le Plan Faubourg serait soutenu par le NPNRU, ce qui lui permettrait d'être appliqué de manière efficiente. Dans cette optique, avec cette stratégie de renouvellement urbain, le Grand Avignon profitera de mettre une nouvelle stratégie de mobilité urbaine qui est à même d'accompagner la réussite du Plan Faubourg et du NPNRU.

    Plus généralement, l'application globale de la mobilité engendre une réflexion au niveau de l'agglomération et de la métropole. Cette stratégie ne sera pas totalement efficace si une EIS n'est pas réalisée. En effet, elle permettra de diriger les différents changements vers un urbanisme de prévention pour la santé et vers le sentiment que les habitants s'approprient leur espace, c'est le « droit à l'espace »333. Ce droit à l'espace ne peut s'exercer qu'à partir

    333 Thierry Paquot, « Redécouvrir Henri Lefebvre », Rue Descartes 63, no 1 (2009): 8, https://doi.org/10.3917/rdes.063.0008.

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    d'une connaissance considérable du territoire qui se traduira par une réponse à «l'exigence de beauté urbaine, de confort urbain, de bien-être environnemental»334.

    Nous avons développé plusieurs arguments d'un point de vue d'organisation générale de la ville. Il est désormais intéressant d'étudier la démarche des trois villes à des époques différentes, au travers d'une étude comparative de la conception de trois écoquartiers : Beauregard (Rennes), Plaines-du-Loup (Lausanne) et Joly-Jean (Avignon).

    La conception et construction du quartier Beauregard (Cf. figure n° 30) a commencé dans les années 90 avec une volonté de préserver l'esprit de la trame agricole alors existante. Pour étudier ce quartier, nous nous appuyons sur une étude menée par Audiar en 2014, qui se fonde sur des témoignages d'habitants335. Nous sommes particulièrement intéressés par l'aspect mobilité détaillée dans l'étude. Nous notons que les habitants marchent globalement dans leur quartier de l'Est à l'Ouest, notamment pour les loisirs. En revanche, les habitants témoignent des difficultés à se déplacer à pied pour sortir du quartier, mais également à l'intérieur, sur certaines voies, en raison de leur discontinuité pour les modes actifs. Les déplacements à vélo sont peu usités. Le manque d'éclairage de certaines rues pour marcher, crée des conflits entre vélos et piétons et diminuent le sentiment de sécurité. Également, le rapport soulève une remarque qui indique une discontinuité de la piste cyclable, « [...]où il faut s'arrêter tous les 100 »336. Enfin, dans certains îlots, un certain nombre de vols dissuadent les habitants de disposer d'un vélo et d'en faire. Pour les enfants, les parents ne laissent que très rarement leurs enfants aller à l'école ou sortir seuls. Le Pédibus est lui globalement inconnu par les habitants malgré son développement. Nous notons enfin une circulation automobile existante et potentiellement dangereuse au sein du quartier.

    En résumé, le quartier évoluera certainement dans le temps, intégrant les nouveaux objectifs de Rennes autour de la santé.

    334Idem

    335 « synthese_beauregard_web.pdf », consulté le 17 novembre 2021,

    https://www.audiar.org/sites/default/files/documents/editeur/etudes/synthese_beauregard_web.pdf.

    336 Témoignage d'un habitat de Beauregard- Rapport Audiar- Beauregard, Regards d'habitants.

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    Figure n°30 : Quartier Beauregard

    Source : Deux nouvelles cartes à Rennes - deux degrés ( deuxdegres.net)

    À Avignon, la conception de la ZAC Joly Jean (Cf. figure n°31) a débuté en 2009 avec un écoquartier ne correspondant pas au principe d'un écoquartier, créant un conflit avec le voisinage. En 2014, la municipalité actuelle a donné une nouvelle orientation à ce quartier, intégrant les principes d'écoquartier, notamment les bâtiments à bas étages, la nature dans le quartier et la mobilité active.

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    Figure n°31 : Carte espace vert et axe mode actif centraux

    Source : Avignon - Joly Jean - Citadis (Citadis Aménageur)

    Le quartier est, comme montré sur la carte, structuré autour d'un axe fort de déplacements en mode actif, intégrant la nature et divers éléments d'attractivité. Parmi ces éléments d'attractivité, nous retrouvons plusieurs jeux d'eau (l'eau étant le thème central du quartier), mais également un théâtre de plein air, par exemple, ainsi qu'une trame verte, existante, traversant le quartier. Parallèlement à ce projet

    Enfin, le quartier en construction Plaines-du-Loup (Cf. figure n°32) intègre dans son programme un atelier Métasanté, équivalent d'une EIS. À partir de cet atelier, les déterminants de santé ont été pris en compte dans la conception même du quartier. Ainsi, dans la carte ci-dessous, nous observons que le quartier est structuré autour d'un axe de mobilité active avec des centralités équidistantes. L'atelier Métasanté intègre une vision particulière de cet axe à travers les « rues actives ». Concrètement, les rues actives disposeront d'un certain nombre d'éléments attracteurs motivant l'intérêt et répondant aux besoins de tous les âges. Ainsi, le long de ces rues, nous trouverons des équipements de loisirs, d'activité physique, des points d'eau, des points de jardinage etc. Les centralités du quartier seront des parcs avec de tels aménagements mais également la rue du marché au centre des Plaines-du-Loup incitant également à la mobilité active. L'aménagement paysager permettra également la motivation à la pratique de l'activité physique. Notons également que le quartier disposera de connexions avec d'autres en mobilité active et en transports en commun. Les

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    stationnements seront centralisés en extrémité du quartier pour réduire au maximum la voiture au sein de celui-ci. Un certain nombre de garderies, d'équipements pour les enfants seront disposés dans tout le quartier, les incitant également à se déplacer à pied. Enfin, suivant l'exemple de New-York, le quartier cherche à favoriser la marche, donc l'utilisation des escaliers jusque dans les bâtiments.

    Figure n°32 : Carte de synthèse de l'atelier Métasanté- Ecoquartier Plaines du loup

    Source : Ville de Lausane-Projet Métamorphose- realisation Urbaplan 2015

    Nous voyons donc que les différences entre ces quartiers dépendent directement du point de vue initialement choisi pour leur conception. Ainsi, Beauregard, à l'époque, mettant au centre la préservation de la trame agricole, ne s'est peu soucié de la mobilité active et des conséquences sur la santé. Joly Jean constitue une transition entre Beauregard et Plaines-du-Loup où la mobilité active est prise sous le prisme de l'environnement pour un quartier sans voiture. Enfin, Lausanne intègre directement la santé dans la conception des Plaines-du-Loup où dans l'organisation du quartier (centralités, trame viaire interne, desserte, parkings), la construction des bâtiments, la mise à disposition des services, et une attractivité pensée, cherche à faire bouger les futurs habitants.

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    Nous avons donc vu, à travers la mobilité active, qu'en prenant en compte les déterminants de santé, l'urbanisme acquiert une démarche préventionnelle, et développe ses possibilités d'action.

    VI.8- Comment l'intégration de la santé dans les documents

    d'urbanisme peut permettre de recréer le lien entre médecine et urbanisme ?

    Nous nous posons enfin la question de comment intégrer explicitement la santé dans les documents de planification afin que l'urbanisme puisse avoir une démarche préventionnelle pour la santé limitant le tout médical. Nous constatons à Rennes que le PADD fournit, aujourd'hui, une orientation trop générale en principes. De même, le PLS donne des orientations et des initiatives très générales, et pouvant être difficilement appliquées dans l'aménagement. Autrement dit, la non-intégration explicite et concrète des déterminants de santé marque sur ce sujet une « rupture entre urbanisme de planification et urbanisme opérationnel ». À Lausanne, Métasanté intégré dans le projet Métamorphose est un projet intégrant des principes généraux posés par l'OMS mais également et surtout l'équivalent d'une EIS. Cet équivalent marque des principes mais agit également dans une opération concrète dont on voit les effets avec la conception du projet Plaines du Loup. À partir de Métasanté et de la volonté d'un atelier Métasanté dans la conception des Plaines-du-Loup, la ville a intégré la santé dans le PDcom. Elle rétablit sur la santé le lien entre urbanisme de planification en planifiant la santé avec des objectifs concrets (même partiellement aujourd'hui) et urbanisme opérationnel en appliquant dans divers projets dont le projet phare : les Plaines-du-Loup. Notons que Métasanté a été motivé suite à la démarche du Dr.Cornuz, directeur de la polyclinique Unisanté de Lausanne auprès de la municipalité. Le projet Métasanté regroupe ainsi des spécialistes de l'urbanisme, de l'architecture, des géographes, des sociologues et surtout des médecins et des spécialistes de la santé. Nous affirmons que c'est la collaboration retrouvée entre médecine et urbanisme qui permet aujourd'hui de telles avancées.

    À Rennes, une telle démarche de collaboration et d'interdisciplinarité est en cours et en construction. En effet, la ville et la métropole de Rennes, fait de plus en plus appel à l'EHESP dont la collaboration étroite a permis l'émergence du projet ISadOrA, véritable guide théorique et schéma directeur de ce que l'urbanisme de planification doit intégrer pour la santé. Il s'agit d'un

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    projet qui permettrait également comme à Lausanne, sur la santé, de retrouver le lien entre les deux disciplines (médecine et urbanisme). Ici aussi, c'est la coopération interdisciplinaire qui doit permettre de retrouver ce lien. Également, dans un objectif d'intégrer rapidement dans les révisions futures des documents de planification, Rennes fait partie du projet CUSSH337 (Complex Urban Systems for Sustainability and Health). Un projet de recherche scientifique qui tend à alimenter les décideurs d'informations solides et des connaissances scientifique afin de les aider dans leur choix en matière d'aménagement favorable à la santé338. De notre point de vue, il est extrêmement important de matérialiser de nouveau les liens entre urbanisme et médecine afin que l'urbanisme ait une démarche préventionnelle. Pour cela, il faut que l'État réglemente l'intégration de la santé dans les documents de planification, au même titre que le développement durable. Une telle réglementation pourrait agir à plusieurs échelons en s'appuyant sur différents types d'EIS. Au niveau du territoire, le SCOT devrait s'appuyer sur une évaluation (regroupée) d'impact sur la santé et sur l'environnement (EISE) de planification pour établir ses objectifs. Ainsi, dans le SCOT, il devrait y avoir des objectifs et une orientation qualitatifs et quantitatifs de santé et d'environnement, en plus de ce qu'il prévoit déjà aujourd'hui. Chaque commune, relevant du SCOT, pour appliquer ces objectifs généraux dans le cadre de leur ville, devrait alors établir une EISE de planification au niveau de la ville pour établir un PLU(i)SE intégrant donc les objectifs de santé et d'environnement dans toutes les variables d'aménagement (logements, trame viaire, transports etc.). Enfin, sur chaque projet d'aménagement, une EISE d'aménagement, devrait être réalisée sur le périmètre du projet en collaboration étroite avec des médecins. Chaque EISE comporterait une analyse du projet, mais également une projection ou un retour sur les conséquences. Ce sont ces EISE qui permettraient de retrouver le cadre commun entre urbanisme et médecine. Pour réaliser tout cela, l'État doit codifier ces étapes et la nature de ces nouveaux documents dans le Code de l'urbanisme afin qu'il puisse commencer à prendre en compte ces facteurs partout et qu'ils soient inscrits dans les prochaines années, dans les documents.

    337 CUSSH, « Rennes -- Complex Urban Systems for Sustainability and Health (CUSSH) », CUSSH, consulté le 17 novembre 2021, https://projectcussh.org/fr/cities/rennes/.

    338 CUSSH, « Nos villes -- Complex Urban Systems for Sustainability and Health (CUSSH) », CUSSH, consulté le 21 novembre 2021, https://projectcussh.org/fr/cities/.

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    VII- Conclusion

    Bien que la santé n'ait toujours été prise en compte dans les stratégies urbaines qu'à partir de l'émergence de grande pandémie - ce que nous a démontré l'histoire de nos villes - elle a su pourtant s'imposer au progrès scientifique, technologique et économique de nos milieux urbains.

    Aujourd'hui, le changement de paradigme nous a amené à penser autrement. Nous passons donc de la pathogénèse à la salutogénèse339. Ce paradigme qui apporte et précise une méthodologie qui est à même de répondre à l'approche globale et positive de la santé prônée par l'OMS : la prise en compte des déterminants de santé dans une étude d'impact sur la santé en amont de toute politique urbaine. En effet, cette même approche globale et positive de la santé tend à rompre avec le tout médical et à interagir avec l'approche environnementaliste.

    Dans ce mémoire, nous avons essayé de chercher et de démontrer que la santé et le bien-être des individus peuvent se faire en dehors du corps médical et aussi de réduire l'emprise du tout médical dans le système de la santé. En se basant sur des études et recherches scientifiques, il nous a apparait que l'urbanisme et l'aménagement peuvent s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour la santé. Cette démarche nécessite la réconciliation entre la médecine et l'urbanisme en intégrant, bien évidemment, l'approche hippocratique de la médecine, dans la recherche de la santé et le bien- être des individus. En effet, l'urbanisme à lui seul ne pourra exprimer une telle ambition sans une démarche interdisciplinaire et intersectorielle, nécessaires à penser et étudier le comportement de l'homme et la santé humaine dans un milieu urbain et ne pas tomber dans le spatialisme.340

    Les défis auxquels cette démarche interdisciplinaire et intersectorielle doit faire face dans les années à venir s'inscrivent dans l'impact « épidémique » des pathologies chroniques, notamment celle relatives au comportement individuel et à l'environnement bâti.

    339 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants » (OMS, 2000).

    340 Maurice Blanc, « Albert Lévy (coord.), Ville, urbanisme et santé. Les trois révolutions », Revue des sciences sociales, no 52 (16 mars 2015): 159-60, https://doi.org/10.4000/revss.3306.

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    Le programme villes-santé, lancé par l'OMS, constitue un outil à la disposition des collectivités pour rompre avec le travail en silo en intégrant la santé dans tous les services et dans toutes les politiques locales. Le réseau français reste peu développé, puisqu'il compte seulement une centaine de communes sur 34 965. Et pourtant il constitue non seulement un label encourageant les communes volontaristes en matière de santé mais également une plateforme d'échange d'expériences et de recherche pour un urbanisme favorable à la santé. Mais cet urbanisme favorable à la santé ne doit-il pas tendre vers un urbanisme préventionnel pour la santé qui, non seulement est automatiquement favorable à la santé, puisqu'il conjugue la méthode de l'urbanisme favorable à la santé, mais qui s'inscrit surtout dans une démarche préventionnelle intégrant un paradigme global et positif de la santé ? Les facteurs de risques relatifs à la dimension sociale de la vie en ville, la temporalité et la sédentarité, sont parmi les facteurs auxquels il faudrait apporter une solution rapide.

    Comme nous l'avons évoqué, la question de la santé en ville reste sur la logique du volontariat et de l'engagement des élus en matière de santé publique. Comme l'a bien expliqué Fréderic Auffray, la santé en ville est à ses débuts comme le développement durable il y a 30 ans.

    Cette thématique a besoin d'un nouveau coup de pouce, n'émanant pas cette fois-ci des déclarations et des conférences de l'OMS, mais d'une réglementation qui est à même d'imposer non seulement la santé humaine mais également la santé animale, et environnementale (une seule santé) (One health)341 comme la promeut le PNSE 4-. À travers les observations du terrain et l'analyse des documents de planification stratégiques, la thématique de la santé peine à s'intégrer dans les politiques et projets urbains. Il est donc nécessaire de l'accompagner par une nouvelle loi sur l'urbanisme et santé qui est à même de l'imposer et d'orienter l'urbanisme vers un nouveau paradigme favorisant une réelle transition urbaine.

    Pourquoi pas une nouvelle loi SRU (S) qui met la santé au centre de la planification et des projets urbains ? Ainsi le Scot se verra appeler SCOT (ES) Environnement et santé, le PLU se verra évoluer vers le PLUSE en intégrant la santé dans sa réglementation et dans l'ensemble des OAP.

    341 ADDIN ZOTERO_ITEM CSL_CITATION « Tribune | «Il faut institutionnaliser le concept «One Health» pour prévenir de nouvelles épidémies à l'échelle mondiale» | Cirad », consulté le 27 octobre 2021, https://www.cirad.fr/les-actualites-du-cirad/actualites/2020/institutionnel/tribune-le-monde-institutionnaliser-le-concept-one-health-pour-prevenir-les-epidemies.

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    Les villes choisies ne sont pas comparables au regard de leur taille et de leur topographie mais leur étude repose uniquement sur la volonté d'intégrer et de prendre en compte la thématique de la santé dans la conception de la ville.

    Cependant, ce mémoire n'a pu traiter qu'un seul déterminant de santé et a essayé d'apporter une connaissance sur la problématique de base qui consiste à réduire les prises de médicaments et à développer les facteurs qui font santé, notamment l'activité physique. Il serait judicieux de continuer les recherches sur d'autres déterminants et refaire un long mémoire complet sur l'intégration de l'ensemble des déterminants dans toutes les politiques (réglementaires et stratégiques).

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    IX- Annexes

    Liste des sigles utilisés

    ADEME : : Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie

    AFSSAPS : Agence Française de Sécurité Sanitaire et des Produits de Santé

    APP : Activité physique adaptée

    ARS : Agence régionale de Santé

    AUDIAR : Agence d'urbanisme et de développement intercommunal de l'agglomération

    Rennaise

    AURAV : Agence d'urbanisme d'Avignon Vaucluse

    ASV : Atelier ville santé

    AVC : Accident vasculaire cérébral

    CC : Carte communale

    CIAM : Congrès international de l'architecture moderne

    CLS : Contrat local de santé

    DESA (ang) : Département des affaires économiques et sociales (de l'ONU)

    EIS : Évaluation des impacts sur la santé

    GES : Gaz à effet de serre

    HCSP : Haut conseil de santé publique

    HPST : Hôpital patient santé territoire

    IMC : Indice de masse corporel

    INSEE : Institut national de la statistique et des études économiques

    INSERM : l'Institut national de la santé et de la recherche médicale

    INSPQ : Institut National de Santé publique du Québec

    ISS : Inégalités sociales de santé

    LOM : Loi orientation mobilité

    MNT : Maladie non-transmissible

    OMS : Organisation mondiale de santé

    ONU : Organisation des nations unis

    OIHP : Office international d'hygiène publique

    PCAET : Plan climat air énergie territoire

    PNSE : Plan national santé environnement

    PLQA : Plan local d'amélioration de la qualité de l'air

    PLU : Plan local d'uranisme

    PLS : Plan local de santé

    PRSE : Plan régional de santé environnement

    PPA : Plan de protection de l'atmosphère

    PSM : Plan de santé municipal

    RGPP : Révision générale des politiques publiques

    Scot : Schéma de cohérence territorial

    SDN : Société des nations

    Liste des personnes interviewées

    Nom

    Prénonm

    Organisme

    Fonction

    Gontard

    Paul-Roger

    Ville d'Avignon

    Elu adjoint à l'urbanisme

    Sylvail

    Agatha

    ARS

    Responsable d'unité Eau de
    consommation et Environnement

    Lauriane

    Delorme

    ARS

    Techncienne de sécurité sanitaire

    Auriane

    Brousse

    AURAV

    Technicienne d'étude

    Laura

    Bernard

    AURAV

    PLanification

    Véronnique

    Zeigler

    Ville de Lausane

    Adjointe administrative

    Stephane

    JOOST

    Ecole Polytechnique fédéral
    Lausanne

    Dr Laboratory of Geographic
    Information Systems

    Audrey

    Martin

    Rennes Métropole

    Responsable service santé -
    environnnement

    Frederic

    AUFRRAY

    Rennes Métropole et Université
    Rennes

    Enseignant chercheur et
    réspoansable planification Rennes
    métropole

    Questions Entretiens :

    Avignon:

    Présentation de mon interlocuteur : Nom Prénom, fonction, mission

    1- En parcourant les documents d'urbanisme et en analysant les projets urbains en cours, la ville ne prend pas en compte, explicitement, la santé ? Envisagez-vous l'intégration de la santé dans les documents de planification et dans vos projets urbains ?

    AURAV :

    1- Nous constatons que la ville d'Avignon est en pleine transformation, mais elle ne prend pas explicitement la santé dans ses projets en cours et dans les documents de planification. L'AURAV est chargée de l'élaboration du PLU, avez-vous conseillé à la municipalité d'Avignon d'intégrer la santé dans le PLU ?

    2- Quelle est votre plan d'action pour sensibiliser les collectivités à ce concept ?

    ARS

    1- Les services d'Avignon ne sont pas informés de l'intégration de la santé dans la politique urbaine. Dans le cadre du PRSE, avez-vous essayer de contacter le service urbanisme pour l'informer du concept Urbanisme favorable à la santé et pourvoir l'inscrire dans leur politique urbaine ?

    2- Quelle est votre plan d'action pour sensibiliser les collectivités à ce concept ?

    3- Y a-t-il des médecins à Avignon qui sont sensibles à la démarche d'articulation de l'urbanisme et la médecine (urbanisme et santé) ?

    4- Avignon a lancé un vaste programme de renouvellement urbain (NPNRU, Plan Faubourg etc.) nous constatons qu'aucun projet ne fait l'objet d'une EIS. Pourquoi ?

    5- Quelles sont les aides et les subventions pour accompagner les communes à intégrer la santé dans toutes les politiques ?

    15- Quels conseils et arguments offrez-vous à une commune pour intégrer la santé dans sa politique municipale ?

    Questions Entretiens :

    Rennes :

    Présentation de mon interlocuteur : Nom Prénom, fonction, mission

    1- Rennes ville pionnière en matière d'urbanisme et santé, Quelle a été la genèse de ce concept dans la ville ? Qui a eu l'idée ? comment elle a été présentée, développée et déclinée en projet ? Et quel a été le premier projet ayant fait l'objet d'intégration de ce concept?

    2- Selon vous quels sont les enjeux sanitaires à Rennes et quels sont les impacts de la planification territoriale sur la santé ?

    3- En quoi la réflexion autour du concept urbanisme et santé incite-t-elle à réinterroger le PLU ?

    4- Comment Rennes s'est organisée pour intégrer la santé dans le PLU ? À

    5- quelle date ? Quels sont les acteurs partenaires ? Quelles sont les difficultés rencontrées et comment vous les avez surmontés ?

    6- Le PLU a -t-il fait l'objet d'une EIS ? Si oui, quels sont les acteurs et comment vous avez procéder à sa mise en oeuvre ?

    7- Quel rôle L'ARS a-t-elle joué dans vos projets ?

    8- Comment les déterminants de santé pris en compte dans le PLU se déclinent sur le terrain ? et Quel retour d'expérience ?

    9- En quoi la covid-19 a pu influencer votre politique d'urbanisme ?

    10- Avez-vous constitué une vision cartographique des maladies chroniques à Rennes ? Et comment vous envisagez y remédier à travers la planification locale ?

    11- De quelle manière la mobilité active et l'activité physique sont prises en compte dans le PLU ? Avez-vous fait une évaluation rétrospective de vos actions sur la baisse de la pollution atmosphérique et sonore, la sédentarité et les maladies chroniques associées ?

    12- Pensez-vous qu'une solution au dernier km pour le traitement la logistique urbaine est possible ?

    13- Comment le réseau villes-santé s'organise pour promouvoir le concept urbanisme favorable à la santé à travers la France et inciter les villes à y adhérer ? Certaines villes ne sont pas informées de l'existence du réseau.

    14- Le dernier PNSE (PNSE4) s'inscrit dans une approche intégrée de la santé publique, One Health (Animal, humaine et environnementale). Comment vous vous réorientez vers ce nouveau concept ?

    16- A ce jour, le tout-médical a pris de l'ampleur dans la vie des gens, puisqu'ils sont nombreux à penser que la santé est faite à 65% par le traitement médical. Pensez-vous que l'urbanisme pourra, un jour, inverser la donne ? Selon vous à quel rythme nous devons mener nos actions en faveur d'un urbanisme sanitaire et à quel niveau ?

    17- Avez-vous fait une évaluation économique de la mobilité active (HEAT) ?

    18- Pensez-vous que l'organisation temporelle en ville à un impact sur la santé ? (Temps de travail, temps familiale, temps loisir, temps trajet, temps administratif) Avez-vous un projet pour traiter cette question ?

    Questions Entretiens :

    Lausanne :

    Présentation de mon interlocuteur : Nom Prénom, fonction, mission

    1- Comment la santé est-elle intégrée dans votre projet urbain métamorphose ?

    2- Quelles sont les éléments qui vous ont poussé à mener une réflexion autour de cette thématique ?

    3- Les documents de planification ont-ils suivis la démarche d'intégrer la santé dans toutes les politiques ? (PDcom)

    4- Comment la commune a accueilli ce projet métasanté ?

    5- Le projet métasanté porte uniquement sur la sédentarité, qu'en est-il des autres déterminants de santé?

    6- En quoi la covid-19 a pu influencer votre vision de l'environnement ?

    7- Quel rôle a joué la population dans le projet métasanté ?

    8- De quelle manière la mobilité active et l'activité physique sont prises en compte dans ce projet ?

    9- Pensez-vous qu'une solution au dernier km pour le traitement la logistique urbaine est possible dans la ville?

    10- Pour quelles raisons la ville de Lausanne ne fait pas partie des villes-santé de l'OMS ?

    11- L'activité physique par la mobilité active constitue un axe majeur pour la politique urbaine de la ville. Au regard de la topographie de la ville, ceci ne constitue pas une contrainte ?

    12- Avez-vous fait une évaluation économique de la mobilité active (HEAT) ?

    13- Pensez-vous que l'organisation temporelle en ville à un impact sur la santé ? (Temps de travail, temps familiale, temps loisir, temps trajet, temps administratif) Avez-vous un projet pour traiter cette question ?

    Culture et développement urbain Sports et cohésion sociale Logement, environnement et architecture Enfance, jeunesse et quartiers Finances et mobilité

    Réponse au postulat de Mme Natacha Litzistorf
    « La santé des populations, c'est aussi l'affaire des Villes ! »
    Réponse au postulat de Mme Sophie Michaud Gigon et M. Valéry Beaud
    « Doter le Nord-Ouest lausannois d'un parcours santé (type piste vita) »

    Réponse au postulat de Mme Sophie Michaud Gigon et consorts

    « Agir sur l'environnement construit pour la santé de toutes et tous »

    Rapport-préavis N° 2017/43

    Lausanne, le 7 septembre 2017

    Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs,

    1. Objet du rapport-préavis

    Le présent rapport-préavis répond au postulat de Mme Natacha Litzistorf intitulé « La santé des populations, c'est aussi l'affaire des Villes ! », déposé le 19 janvier 2010 et renvoyé à la Municipalité pour étude et rapport le 15 février 2011, au postulat Mme Sophie Michaud Gigon et M. Valéry Beaud intitulé « Doter le Nord-Ouest lausannois d'un parcours santé (type piste vita)», déposé le 27 novembre 2012 et renvoyé à la Municipalité pour étude et rapport le 4 février 2014, ainsi qu'au postulat de Mme Sophie Michaud Gigon et consorts intitulé « Agir sur l'environnement construit pour la santé de toutes et tous », déposé le 22 septembre 2015 et renvoyé à la Municipalité pour étude et rapport le 27 octobre 2015.

    La Municipalité entend répondre favorablement à ces trois postulats qui s'inscrivent dans la politique publique de promotion de la santé que la Municipalité souhaite mettre en place et dans les opportunités offertes par l'urbanisation des Plaines-du-Loup, tout en prenant en compte la protection de la faune et de la flore qui nécessite de préserver certains espaces des activités humaines.

    2. Rappel des postulats

    Dans le premier postulat « La santé des populations, c'est aussi l'affaire des Villes ! », il est
    demandé à la Municipalité de définir une politique publique lausannoise de la promotion de la

    2 Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre 2017

    santé, afin d'agir sur les déterminants de la santé environnementaux, sociaux et économiques qui sont en main des collectivités publiques. Les vecteurs clés cités sont : la nature en Ville, l'urbanisme et le patrimoine bâti, les transports, la politique énergétique, l'atténuation des disparités sociales et l'accès au service de la santé. Une attention particulière serait à porter aux populations vulnérables (enfants, seniors, ...).

    Le processus suggéré est, par exemple, de mettre en place un diagnostic des actions déjà menées, d'identifier le potentiel d'amélioration de l'action publique, de participer activement au Réseau Ville-Santé de l'OMS, de déterminer le format adéquat d'une politique publique de promotion de la santé à Lausanne.

    Dans le second postulat « Doter le Nord-Ouest lausannois d'un parcours santé (type piste vita)», il est demandé à la Municipalité d'évaluer le meilleur emplacement et d'entreprendre les démarches permettant de doter le Nord-Ouest lausannois d'un parcours santé de type piste vita. Par le dernier postulat « Agir sur l'environnement construit pour la santé de toutes et tous », complémentaire au précédent, la Municipalité est priée d'étudier l'opportunité de mettre en place, non seulement dans le cadre du réaménagement à venir des Plaines-du-Loup, mais également sur l'ensemble du territoire lausannois, un environnement permettant la pratique d'activités physiques, par exemple par un réseau de cheminements agréables, à la portée du plus grand nombre notamment afin de pouvoir marcher ou faire du sport.

    Le texte de ce troisième postulat fait référence au projet MétaSanté de la Policlinique médicale universitaire (PMU) qui propose, sur le site des Plaines-du-Loup dans le cadre du projet métamorphose, des aménagements urbains susceptibles de stimuler l'activité physique. Le rapport de recherche constate que l'exercice physique de proximité accessible à toute personne, quels que soient son revenu et ses disponibilités, est source de santé et de bien-être. Les effets bénéfiques pour la santé peuvent être obtenus par une activité physique régulière d'intensité modérée assimilable à une activité quotidienne, comme faire les courses à pied ou marcher plus lors des déplacements ordinaires. Ce travail est un exemple de prise en compte de la dimension santé dans l'aménagement urbain pour aboutir à ce qu'on pourrait définir comme un environnement favorable à la santé.

    3. Table des matières

    1. Objet du rapport-préavis 1

    2. Rappel des postulats 1

    3. Table des matières 2

    4. Mise en place d'une démarche de promotion de la santé 3

    4.1 Les enjeux 3

    4.2 Les moyens d'actions 3

    4.3 Les outils 4

    4.4 La démarche 4

    5. MétaSanté : promouvoir l'activité physique et la santé dans le projet Métamorphose 5

    6. Un parcours santé dans le Nord-Ouest lausannois 6

    6.1 Bouger au quotidien 6

    6.2 Sports et mouvements faciles d'accès 7

    6.3 Un projet concret 8

    7. Réponse de la Municipalité 9

    8. Cohérence avec le développement durable 9

    9. Aspects financiers 9

    Rapport-préavis No 2017/43 du 7 septembre 2017 3

    9.1 Incidences sur le budget d'investissement 9

    9.2 Incidences sur le budget de fonctionnement 9

    10. Conclusions 10

    4. Mise en place d'une démarche de promotion de la santé

    Partant du constat que les villes disposent de levier pour agir sur la santé et le bien-être de leurs habitants, la Municipalité s'engage dans une démarche de promotion de la santé, qui s'articule autour de trois outils. Cette démarche s'appuiera sur un réseau de compétences externes afin de poser une stratégie globale en matière de promotion de la santé.

    4.1 Les enjeux

    La mise en place d'une politique publique de promotion de la santé se fonde sur les enjeux croissants et majeurs en termes de santé publique, en particulier la sédentarité, l'alimentation et le vieillissement de la population.

    La sédentarisation et les mauvaises habitudes alimentaires sont responsables de l'augmentation des maladies dites « non-transmissibles » telles que les maladies cardiaques, l'hypertension, le diabète, certains cancers et les problèmes psychiques. Ces maladies sont dorénavant responsables de sept décès sur dix dans le monde. Les maladies coronariennes et les accidents vasculaires cérébraux sont les premières causes de mort prématurée, dans les pays dont l'indice sociodémographique est élevé ou moyen.

    Il s'agit d'un enjeu dont les moyens à déployer sont systémiques et touchent toutes les catégories d'âges et de classe sociale de la population.

    4.2 Les moyens d'actions

    Parmi de nombreux domaines, la promotion de l'activité physique, du lien social et d'une alimentation saine sont ceux où les villes ont le plus de moyen d'agir. L'aménagement urbain (environnement construit et espaces verts) est également un vecteur pour intégrer la promotion de la santé au sens large dans les quartiers.

    Promouvoir la santé signifie agir sur les déterminants de la santé, notamment :

    - les conditions de vie (logement, nourriture, transport, ...) ;

    - les conditions de travail ;

    - la qualité de l'environnement physique, social et culturel.

    Parmi les nombreux enjeux liés à une politique multisectorielle de la santé, on peut citer :

    - lutter contre les inégalités en matière de santé ;

    - favoriser les modes de vie sains ;

    - promouvoir un environnement et un aménagement urbains respectueux de la santé ;

    - promouvoir l'activité physique et l'alimentation saine ;

    - mettre en place les conditions pour vieillir en bonne santé ;

    La Ville de Lausanne ne part pas de zéro et de nombreux programmes et actions sont déjà en

    place. On peut notamment citer :

    - les réseaux de cheminement piétonniers ou l'action Pédibus ;

    - la zone fair-play de Vidy ;

    - sport passion ;

    - la restauration collective durable ;

    - la fête des voisins ;

    4 Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre 2017

    - la lutte contre les pollutions sonore et lumineuse ;

    - les aménagements pour tous et multi-usages dans les parcs et espaces publics.

    Une meilleure coordination des différents acteurs-clés internes et externes, afin d'une part de valoriser les efforts menés et d'autre part d'identifier les domaines qui devraient davantage être investis sera mise en place.

    4.3 Les outils

    La Municipalité a retenu trois outils complémentaires pour favoriser la promotion de la santé :

    1. Global active city est porté par les associations evaleo, qui a pour but le développement et la promotion active de la santé durable pour tous, et Tafisa, association internationale pour le Sport pour tous. Le Comité International Olympique (CIO) soutient ce projet. Global active city propose aux villes une démarche et des outils, formalisés dans une norme, pour fédérer et développer les initiatives sur leur territoire et mutualiser les ressources pour une meilleure efficacité de la promotion de l'activité physique et la santé durable pour tous. Cette démarche débouche sur une certification. Du point de vue du CIO, la démarche « global active city » peut également constituer un élément de pré-héritage (pregacy) dans le cadre des jeux olympiques de la jeunesse et constituer une partie de son héritage (legacy) pour la Ville. Lausanne est une des sept villes-pilotes engagée dans le projet ;

    2. le label Communes en santé a été développé par Promotion santé Valais puis repris et adapté par les cantons de Vaud, du Jura, de Thurgovie et Genève. Dans le Canton de Vaud, le projet est mené par le programme « ça marche, bouger plus, manger mieux » des Ligues de la santé. Il permet d'effectuer un diagnostic du degré d'implication de la Commune en termes de promotion de la santé. Ce diagnostic terrain, agrémenté d'un catalogue de programmes d'actions, sert de base à la construction d'une stratégie intégrant les axes forts et les points d'amélioration identifiés. Cette démarche débouche sur une labellisation ;

    3. le concept de Ville-Santé de l'OMS se base sur la stratégie de la Santé pour tous de l'OMS, la charte d'Ottawa1 (1986) et les Agendas 21 locaux. Il se concentre sur l'ancrage stratégique de politiques publiques orientées vers la promotion de la santé, s'appuyant sur les processus d'amélioration continue. Une ville santé est « une ville qui crée, améliore constamment l'environnement physique et social et qui développe les ressources humaines permettant aux personnes d'être utiles les unes aux autres et de développer au mieux leurs potentialités ». Le concept de Ville-Santé OMS est une approche socio-écologique de la santé, se fondant sur les déterminants de la santé. Il est porté par des réseaux nationaux : en Europe, environ 1600 Villes en font partie et on dénombre 30 réseaux nationaux constitués.

    Ces trois démarches sont en réalité complémentaires. Elle solliciteront, de manière concertée, les mêmes acteurs et ressources au sein de la Ville.

    4.4 La démarche

    La démarche proposée consiste en une articulation des outils à disposition pour tirer le meilleur parti de chacun et de leur complémentarité :

    Global active city sera l'outil central pour développer le volet de la stratégie concernant l'activité physique avec pour objectif de mettre en mouvement l'ensemble de la population, en particulier les personnes qui aujourd'hui ne bougent pas ou peu. Il propose des outils pour établir une stratégie coordonnée avec un plan d'actions et des indicateurs clés de performance, ainsi que pour construire une alliance autour du projet et en assurer la mise en oeuvre.

    1 Document fondateur de la promotion de la santé

    Rapport-préavis No 2017/43 du 7 septembre 2017 5

    Quant à « Communes en santé », il permettra d'établir un inventaire des mesures existantes dans la commune et un bilan de situation sur la répartition des actions en fonction des cibles notamment afin d'identifier les manques éventuels. Ce bilan nourrira la stratégie qui pourra être élaborée sur la base de cet inventaire.

    Enfin, Ville-Santé de l'OMS permettra de construire la stratégie globale, d'assurer le cadre de référence et de chapeauter l'ensemble du processus.

    Les premières actions ou programmes d'actions devraient voir le jour dans le courant de l'année 2018.

    5. MétaSanté : promouvoir l'activité physique et la santé dans le projet Métamorphose2

    Le rôle favorable que l'environnement construit peut jouer dans la promotion de l'activité physique a été démontré sur le plan scientifique. Sur la base de ces constats, le projet MétaSanté a été initié par la PMU afin d'intégrer la dimension de la promotion du mouvement et de la santé dans le programme urbanistique Métamorphose pour le site des Plaines-du-Loup.

    Les objectifs poursuivis sont de permettre un accès à l'activité physique de proximité à toute personne, quels que soient son revenu et ses disponibilités, promouvoir la santé de manière structurelle grâce à l'urbanisme et aux aménagements urbains et faire bouger les personnes sédentaires réfractaires au mouvement sans qu'elles n'aient l'impression de faire un effort particulier.

    Outre la collaboration active de la Ville de Lausanne, de nombreux partenaires se sont investis dans ce projet, parmi lesquels : le Service des sports (UNIL), la Faculté Environnement naturel, architectural et construit (EPFL), le laboratoire Transport et mobilité, les Ligues de la santé du Canton de Vaud, l'Institut des sciences du mouvement et de la médecine du sport (UNIGE) Genève, la Communauté d'études pour l'aménagement du territoire (CEAT-EPFL), de la Faculté de géosciences et de l'environnement (UNIL), de l'Institut des sciences de l'environnement (UNIGE), de l'Institut de l'urbain et des territoires (EPFL), etc..

    Pour atteindre une intégration pratique de MétaSanté dans Métamorphose, un atelier de dialogue entre les regards des « théoriciens » et des « praticiens » a été élaboré afin d'imaginer des parcours de marche balisés et adaptés à différents publics en tirant profit de l'étendue du quartier et de ses pôles d'attraction.

    Cet atelier a débouché sur huit propositions concrètes qui ont été intégrées dans le cahier des charges de l'écoquartier des Plaines du Loup :

    - le parcours : générer à travers un réseau de parcours une perméabilité forte au sein de l`écoquartier en continuité des quartiers voisins, afin de créer de multiples cheminements continus et en boucle adaptés à de multiples usages à tous les âges ;

    - les attracteurs : encourager la mobilité active à l'intérieur du quartier en ponctuant les parcours avec des attracteurs (point de vue, parc, équipement, etc.) et des éléments de destination quotidienne (places de jeux, commerces, etc.) répartis et en lien avec les quartiers voisins ;

    - les liens interquartiers : connecter le quartier aux quartiers voisins par des

    cheminements aménagés continus (promenades, boucles, passages piétons, etc.) ;

    - le balcon public : poursuivre le parcours jusqu'à un balcon public en hauteur offrant un point de vue sur le grand paysage ;

    2 Bize Raphaël, Auer Reto et Cornuz Michel « Métasanté : promouvoir l'activité physique et la santé au sein du programme urbanistique lausannois Métamorphose », Les Cahiers du Développement Urbain Durable, Urbia : ville, santé et urbanisme 18, pp. 57-69, décembre 2015.

    6 Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre 2017

    - l'esplanade des loisirs : aménager un espace public pour tous avec des activités de loisirs, des attracteurs publics (point d'eau, etc.) ;

    - la rue du marché : programmer une rue commerçante dans laquelle prend place le marché du quartier ;

    - la maison de quartier dans le parc : proposer une programmation d'évènements intérieurs et extérieurs à travers la maison de quartier, ouverte sur le parc qui animent de façon éphémère l'espace public ;

    - les rues actives : aménager des espaces pour des activités diverses réparties dans les rues (jardinage, jeux, etc.).

    6. Un parcours santé dans le Nord-Ouest lausannois
    6.1 Bouger au quotidien

    Si les conseils favorables à la santé sont bien connus (cinq fruits et légumes quotidiens, bouger plus, etc.) leur application journalière n'est pas toujours aisée. Ainsi, pour la majorité des personnes, l'exercice le plus simple à accomplir est la marche à pied. La campagne « Lacets » de la Ville de Lausanne a rappelé que « Marcher c'est se dépenser ... sans dépenser », mais aussi que dès une demi-heure de pratique quotidienne, la capacité respiratoire est augmentée et l'entretien des muscles et des articulations est assuré (voir annexe). L'activité physique est un facteur essentiel pour agir non seulement sur la santé en général mais également pour prévenir ou atténuer certaines maladies liées au mode de vie et à la sédentarité, comme les maladies cardiaques, l'hypertension artérielle, le diabète, le cancer du sein et les problèmes psychiques3.

    Une étude se basant sur les données collectées en Suisse a estimé que le manque d'activité physique avait été potentiellement responsable de plus de 1'100 décès et de plus de 300'000 cas de maladies en 2011. Cette étude estime par ailleurs que les coûts directs liés au manque d'activité physique se sont montés à 1.2 milliards de francs durant cette même année4. Ce constat fait de la promotion de l'activité physique un objectif prioritaire de santé publique.

    Les recommandations médicales en matière d'activité physique pour les adultes préconisent d'effectuer 150 minutes d'activités physique d'intensité modérée par semaine ou 75 minutes d'activité physique d'intensité élevée par semaine5. Selon l'enquête suisse sur la santé conduite en 2012, 44% des répondant-e-s déclarent effectuer au moins 150 minutes d'activité physique d'intensité modérée par semaine et 28% d'autres répondant-e-s déclarent effectuer une activité physique entraînant la transpiration au moins trois fois par semaine6. Si l'on considère que ces deux catégories pratiquent un volume suffisant d'activité pour la santé, il reste 28% des répondant-e-s qui seraient insuffisamment actifs. Les femmes, les personnes âgées et les migrant-e-s sont en moyenne davantage concerné-e-s par le manque d'activité physique que le reste de la population.

    3 Bize R. (2012), Promotion de l'activité physique au cabinet médical : manuel de référence à l'intention des médecins, Lausanne - Policlinique.

    4 Mattli R., Hess S., Maurer M., Eichler K., Pletscher M. et Wieser S. (2014). Les coûts sociaux de l'inactivité physique engendrés en Suisse. Bulletin de l'Office fédéral de la santé publique, 36/14, pages 587-590.

    5 Réseau suisse santé et activités physique ( HEPA.ch).

    6 Office fédéral de la statistique (OFS) (2012). Enquête suisse sur la santé 2012 : Vue d'ensemble publication ID : 5353.

    Rapport-préavis No 2017/43 du 7 septembre 2017 7

    6.2 Sports et mouvements faciles d'accès

    Les offres traditionnelles de sport et de mouvement sont nombreuses à Lausanne, qui compte plus de 40'000 membres de clubs sportifs, dont plus de 20'000 licenciés pratiquant plus d'une septantaine de sports différents dans plusieurs centaines de clubs et associations.

    Sans être membre d'un club sportif, les conditions générales de vie à Lausanne sont propices à la détente en plein air et à la pratique d'une grande diversité d'activités physiques (lacs, grandes forêts, parcs publics, quais, places de jeux, skate parcs, zones sportives, terrains multisports, fitness urbain, pistes finlandaises, etc.). Une carte recensant ces équipements a été publiée par la Direction de l'enfance, jeunesse, et quartiers.

    Une attention particulière est portée aux seniors et aux personnes à mobilité réduite avec l'aménagement de cheminements sécurisés et l'installation de bancs conçus pour répondre à leurs besoins spécifiques en termes d'hauteur d'assise, d'inclinaison du dossier et de présence d'accoudoirs.

    En dehors de l'offre à disposition dans l'espace public et hors du cadre des clubs de sport, il existe plusieurs possibilités pour les enfants et les jeunes de pratiquer une activité sportive. « Sports passion » propose aux enfants, dès l'âge de 9 ans, de s'initier gratuitement à plus de quarante sports différents le mercredi après-midi. Pour les jeunes de 13 à 25 ans, il existe également des opportunités informelles de pratiquer divers sports sans faire partie d'un club. La Direction de l'enfance, de la jeunesse et des quartiers met plusieurs salles de sport à disposition des jeunes sportives et sportifs, d'octobre à mai, sous l'égide du médiateur sportif de la Ville, afin de pratiquer notamment le basket et le football. En plus de ces offres concrètes, le médiateur sportif de la Ville soutient et encourage les pratiques sportives émergentes et spontanées ou non reconnues officiellement telles que le roller, le skateboard, la slackline, le parkour, le roller Derby ou encore le vélo de descente. Il accompagne des groupes de jeunes ou nouvelles associations pour leur permettre de trouver des lieux de pratique et d'organiser leur activité, afin que ces pratiques soient reconnues comme une activité de loisir sportif à part entière, et de manière générale de répondre aux besoins des pratiquantes et pratiquants de sports non fédérés.

    Accessible à tous, ou presque, la marche à pied est l'activité physique la plus facile d'accès. Selon les résultats du micro-recensement mobilité et transports de 2015, il ressort qu'en moyenne les habitants7 de l'agglomération lausannoise marchent trente minutes par jour et parcourent un peu plus de deux kilomètres. C'est dans les villes que les habitants marchent le plus (33 minutes dans les villes-centres d'agglomération et villes isolées, 28 minutes dans les autres communes d'agglomération et 27 dans les communes rurales). La marche a une place importante par rapport au nombre d'étape. Une étape est définie comme une partie d'un déplacement qui est parcourue avec le même moyen de transport, par exemple se rendre de son domicile à la garderie à pied, puis de cette dernière à son lieu de travail en bus représente deux étapes d'un déplacement. Dans l'agglomération lausannoise, 2.75 étapes sont effectuées à pied sur la moyenne des 5.5 étapes quotidiennes par personne.

    En ce qui concerne le vélo, bien que les chiffres tirés du micro-recensement mobilité et transports soient très faibles (en moyenne, 800 mètres et 4 minutes par jour et par personne sont parcourus en vélo par jour en Suisse), le recours au vélo est de plus en plus courant en Ville8. Une augmentation du nombre de cyclistes est également observée à Lausanne9. Le vélo est un mode de transport économe en énergie et en espace, rapide, efficace et bon pour la santé. La

    7 Echantillon de 2'553 personnes (population résidante permanente de 6 ans et plus) dont le domicile se trouve dans l'agglomération lausannoise

    8 Le nombre de vélos dans notre pays est estimé à 4,2 millions dont près de 3 millions seraient effectivement en mouvement selon l'office suisse de conseil pour deux-roues (OSCD).

    9 Service des routes et de la mobilité, Observatoire de la mobilité, édition 2013.

    8 Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre 2017

    Ville soutient activement l'usage du vélo (aménagements de pistes cyclables, subvention à l'acquisition de vélos électriques, mise à disposition de places de stationnement, installation de places de stationnement sécurisées, PubliBike, formation des écoliers, projet pilote de déploiement d'un système de localisation des vélos volés, etc.).

    6.3 Un projet concret

    Le Nord-Ouest lausannois comporte de nombreux quartiers d'habitation et le nombre d'habitants et d'emplois va encore croître fortement ces prochaines années, avec le développement de l'écoquartier des Plaines-du-Loup notamment. Densifier la ville permet d'augmenter le nombre d'habitants tout en y développant la qualité de vie, notamment en termes de mobilité, d'espaces publics et d'espaces de sport et de détente. Les deux forêts urbaines du Bois-Mermet et du Désert sont des espaces de ressourcement qui se trouvent de part et d'autre du futur écoquartier des Plaines-du- Loup. Il conviendra alors de trouver un équilibre entre un usage récréatif et la sauvegarde de la faune et de la flore, à l'exemple de ce qui a été fait autour du parc de Sauvabelin.

    Afin que chacun trouve sa place, il sera nécessaire lors de la planification et la réalisation des projets de définir clairement la localisation et l'ampleur des passages de mobilité douce et de mutualiser l'emplacement des équipements sportifs en certains lieux pour ne pas pénaliser les espaces naturels et préserver des zones de tranquillité pour la nature. Ainsi, certaines zones de forêts conserveront leur caractère naturel. En cas de création de nouveaux itinéraires de mobilité douce, la Direction générale de l'environnement (DGE-VD) pourra exiger la destruction d'autres cheminements et de certaines infrastructures.

    Parallèlement, pour éviter l'étalement urbain et optimiser l'usage du sol en centre urbain, il faudra savoir mutualiser les différents usages et opter pour une multifonctionnalité des lieux de vie : travailler, se récréer et habiter au même endroit fait désormais partie des objectifs urbanistiques de la ville. Ainsi, il sera possible, par exemple, d'éviter de recourir à la voiture pour aller faire du sport en plein air tel la course à pied.

    Par conséquent, dans le cadre des aménagements futurs de l'écoquartier des Plaines-du-Loup, il est tout à fait pertinent de penser relier les deux grands éléments paysagers de ce secteur. Ces aménagements permettront non seulement aux riverains de se les approprier mais également à la faune et la flore de bénéficier de liaisons biologiques valorisées. Ils seront le support pour la mobilité douce et pour le développement d'un parcours attrayant à travers le quartier. Le Bois-Mermet possède déjà une piste finlandaise et pourrait aisément comporter plusieurs postes de parcours santé. Le Bois du Désert serait à aménager vraisemblablement de manière plus modeste, de nombreux cheminements propices y existant déjà.

    A ce stade du projet, il n'est pas encore possible de présenter des plans de réalisation précis. Cependant, un groupe de travail est actuellement en train de réfléchir à la meilleure manière de réaliser ces parcours, pour en faire des itinéraires proches des habitants et agréables à parcourir selon les envies et capacités de chacun et chacune. Les premiers travaux ont permis de définir des principes sur lesquels la réalisation pourra s'appuyer. Notamment, les parcours utiliseront des sentiers existants dans les espaces forestiers, il ne s'agit pas d'y créer de nouveaux cheminements. Des boucles seront identifiées par exemple dans la forêt du Désert, aux Plaines-du-Loup, au Bois Mermet et à Sauvabelin, ces boucles seront reliées entre elles par des cheminements de transition, afin de permettre des parcours courts, longs, voire très longs selon les envies et capacités des utilisateurs. Aucun équipement lourd ne doit être installé dans les zones naturelles. Les parcours seront identifiés par une signalétique commune, à deux échelles, (par boucle et pour le parcours complet). Cette signalétique sera discrète par exemple par des marquages au sol. Ces principes pourraient être repris pour la création et le marquage éventuels d'autres parcours en ville (par exemple, le jalonnage permanent du parcours des « 20 km de Lausanne »).

    Rapport-préavis No 2017/43 du 7 septembre 2017 9

    En conclusion, il est tout à fait souhaitable d'offrir des zones de mouvement, de délassement et de pratique du sport de proximité dans l'ensemble de la ville, comme il en existe déjà grâce aux parcs publics, aux pistes finlandaises et aux fitness urbains. Le Nord-Ouest lausannois recèle plusieurs lieux de délassement à valoriser en faveur de la population tout préservant certaines zones de la pression humaine. Des aménagements en des lieux regroupés (bancs et matériels simples) invitant au mouvement seront prévus en priorité dans le cadre du travail urbanistique des Plaines-du-Loup.

    7. Réponse de la Municipalité

    L'engagement de la Municipalité dans une démarche de promotion de la santé avec les acteurs clés du domaine et la prise en compte de la promotion de l'activité physique, du lien social et d'une alimentation saine comme axes d'actions permet d'avoir une démarche inclusive et cohérente de la promotion de la santé. Sur la base des outils décrits au point 4.3, la Municipalité présentera, dans le courant de la législature, un préavis sur la promotion de la santé.

    Une des réalisations concrètes de cette démarche sera la mise en place d'un parcours santé dans le Nord-Ouest lausannois qui donnera la possibilité aux habitants de pratiquer une activité physique de proximité, accessible au plus grand nombre.

    Par ailleurs, suite au travail élaboré par MétaSanté, une attention particulière sera portée par les services compétents à offrir de nouveaux cheminements élargissant la démarche des Plaines-du-Loup aux autres quartiers de la Ville. Il est à noter que le Service de l'urbanisme dans sa pratique quotidienne promeut la mixité des usages, la marchabilité et la création d'espaces conviviaux. Des recommandations du projet MétaSanté, comme le fait de concevoir des escaliers avenants, de les signaler au moyen de messages encourageant à les emprunter, etc., présentent un potentiel de promotion du mouvement encore inexploité à mettre en place.

    8. Cohérence avec le développement durable

    La réponse aux postulats est cohérente avec le développement durable. Concernant le parcours santé, une part raisonnable des zones forestières doit être réservée à la conservation de la nature, hors cheminements et postes sportifs.

    9. Aspects financiers

    9.1 Incidences sur le budget d'investissement

    Ce préavis n'a pas d'incidence sur le budget d'investissement de la Ville. Les conséquences financières liées aux aménagements urbanistiques des Plaines-du-Loup seront traitées dans un préavis spécifique.

    9.2 Incidences sur le budget de fonctionnement

    Ce préavis n'a pas d'incidence sur le budget de fonctionnement de la Ville. Une fois le cheminement existant, l'entretien sera financé par le budget de fonctionnement ordinaire des services concernés. Les préavis qui demanderont les crédits de réalisation préciseront les coûts de fonctionnement induit.

    10 Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre 2017

    Annexes : Annexe n° 1 - carte vélo

    Annexe n° 2 - campagne « Lacets »

    10. Conclusions

    Eu égard à ce qui précède, la Municipalité vous prie, Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, de bien vouloir prendre les résolutions suivantes :

    Le Conseil communal de Lausanne,
    vu le rapport-préavis N° 2017/43 de la Municipalité, du 7 septembre 2017 ;
    ouï le rapport de la commission nommée pour examiner cette affaire ;
    considérant que cet objet a été porté à l'ordre du jour,
    décide :

    de prendre acte des développements des intentions municipales ;

    1. d'adopter la réponse de la Municipalité au postulat de Mme Natacha Litzistorf « La santé des populations, c'est aussi l'affaire des Villes ! » ;

    2. d'adopter la réponse de la Municipalité au postulat de Mme Sophie Michaud Gigon et M. Valéry Beaud intitulé « Doter le Nord-Ouest lausannois d'un parcours santé (type piste vita) » ;

    3. d'adopter la réponse de la Municipalité au postulat de Mme Sophie Michaud Gigon et consorts intitulé « Agir sur l'environnement construit pour la santé de toutes et tous ».

    Au nom de la Municipalité :

    Le syndic : Grégoire Junod

    Le secrétaire : Simon Affolter

    Rapport-préavis No 2017/43 du 7 septembre 2017 11

    Annexe n° 1 - carte vélo :

    12

    Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre 2017

    Annexe no 2 - campagne « Lacets » :

    Montolleu rmz-seenaud

    la Rosi=

    Par-ei, par-Là, partout...

    ...Lausanne eat à portée de pais

    Temps de déplacement et pied exprimé minutes. calculé sur one base deg km/h. Voua berce peut-dire mieux!

    Ylata' e-Leman --_

    Valmont


    ·

    Z a û s a n n e
    ·

    IWS vit

    à pied Bel

    Boieeonnet

    VaLLI

    Bleeherette

    Pi

    ly-gare

    Bourdonnette

    norlgny-UNIL

    1'

    Marcher c'est la liberté! A toute heure, vous déambulez comme bon voue semble. Rapidement ou tranquillement. oeul ou en compagnie. voua paoaez d'un endroit d l'autre en

    empruntant la ligne droite ou les chemina de traverse. A chacun sa voie.

    Marcher c'est la santé. Avec une
    demi-heure de pratique
    quotidienne,
    on augmente sa
    capacité respiratoire. on entretient
    ses muselez et des articulation,:
    on lutte contre la prise de poids,
    l'hypertension, le diabète et
    l'ostéoparade.

    CO puis ai la montée voue tait rougir,
    essayez la deaeente. Faites-u°ve
    plaisir,
    'la marched pied cet encore
    le meilleur des exercices" disait Gide.

    Marcher c'est se rencontrer,
    Rien de tel que l'espace publie
    pour nouer des contacta et
    joindre l'utile h l'agréable.

    Vive y. ulo-mobèlité I

    Marcher c'est respecter con.
    environnement Pas besoin
    cistre Nobel de chimie pour

    s r que les

    en monoxyde de l'homo da piens dont égaies d zéro.

    Merci pour lee autres
    d'avoir de l'égard pour soi

    Renoeignemento: ozi/yi5 55 t5

    Marcher 'cet ee
    dépenser..snne dépenser.

    inutile d'y aller
    par quatre chemine.
    zoo pieds représentent
    toujours le moyen de
    locomotion le
    meilleur
    marché qui soit.

    a~ a a II °e
    ·
    ·

    il fiait bon marcher

    êtes-voua
    auto-mobile?

    Par-ci, par-la, partout...

    ... Lausanne eat à portée de pais

    Suite page 2

    Direction générale des affaires institutionnelles et des communes (DGAIC)

     

    Traitement d'une motion - d'un postulat

     
     

    Oui

    Non

    La proposition est classée

    La motion - le postulat est porté à l'ordre du jour

    Le conseil examine la proposition :
    la motion - le postulat est-il recevable ?

    (Le règlement du conseil précise la procédure à suivre)

    Non

    Oui

    Après audition de l'auteur de la proposition, de la municipalité et du président, le conseil statue immédiatement après délibération (art. 33 LC)

    Le conseil statue : la proposition est-elle prise en considération immédiatement ?

    La proposition est renvoyée à l'examen d'une commission de prise en considération qui préavise et délivre son rapport

    Pas immédiatement

    Oui

    Le conseil statue :
    la proposition est-elle prise en
    considération ?

    La proposition est renvoyée à la municipalité

    Non

    Page 1/2

    Remise de la motion - du postulat par écrit au président du conseil (art. 32 LC)

    Page 2/2

    Direction générale des affaires institutionnelles et des communes (DGAIC)

    La municipalité examine la proposition : répond-elle aux critères de recevabilité ?

    Non

    La municipalité rédige un rapport
    expliquant le refus de la proposition

    Recours

    La municipalité rédige une réponse dans la forme adéquate (rapport, étude ou projet de décision, préavis, contre-projet)

    Oui

    La commission délivre un rapport

    Débat au conseil et vote






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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon