3.5.1.- Stratégies des ménages face à
l'insécurité alimentaire
Tous les ménages ne sont pas exposés au
même degré à l'insécurité alimentaire. Les
principales victimes se trouvent en milieu rural où 74 % de la
population vit dans la pauvreté79. 400 000 ménages en
milieu rural sont à la merci des aléas climatiques. Les paysans
pauvres, fort souvent, détruisent l'environnement pour survivre. Ce qui,
à terme, les plonge davantage dans la pauvreté.
Le rapport de la PFNSA, pour sa part, souligne un accès
inégal aux ressources, expliqué par la différence du
niveau d'étude. Ainsi, 74,4 % des ménages n'ayant aucun niveau
d'étude ont un revenu de moins de 10 000 gourdes. De même, les
individus qui ont un niveau d'étude supérieure gagnent en moyenne
: 2 fois et demie de plus que ceux qui ont niveau secondaire, 4 fois par
rapport à ceux qui n'ont fait que l'école primaire et 7 fois par
rapport à ceux qui n'ont aucun niveau de scolarisation. Le pourcentage
d'individus ayant une formation supérieure en Haïti (1,5 %)
étant tellement faible que la faiblesse des revenus dans cette situation
touche un nombre très élevé de ménages.
Face à l'insécurité alimentaire, les
ménages adoptent différentes stratégies : diminution de la
consommation de biens alimentaires, diminution des dépenses
consacrées à
77 CNSA, 2002, p. 6
78 Ibidem
79 Ibidem
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l'alimentation, achat à crédit et emprunt. Des
changements dans les habitudes de consommation constituent une autre forme de
stratégie adoptée.
Pour réagir face à l'insécurité
alimentaire, les ménages ont recours à des solutions de court
terme hypothéquant, parfois, une amélioration de leur situation
dans le futur. Ils se livrent, parfois, à une surexploitation du milieu
naturel et à l'augmentation des prélèvements miniers dans
l'écosystème. Les agriculteurs, par exemple, utilisent ce type
d'actions, en réponse à l'insécurité alimentaire.
Quand les ressources à exploiter atteignent un point critique, ils
migrent ou émigrent.
En milieu urbain, l'adoption de nouveaux modes de
consommation, le surendettement, l'intégration dans des réseaux
de solidarité et le développement du petit commerce de
détail sont les moyens généralement utilisés pour
affronter l'insécurité alimentaire. Du fait que ces
réponses n'apportent pas toujours les résultats escomptés,
les gens profitent par moment pour s'émigrer en terre
étrangère, dès que l'opportunité se
présente.
Certaines études réalisées mettent en
évidence l'instabilité qui caractérise la
disponibilité des produits, notamment sous l'effet des fluctuations de
la production (Josué, 1986 ; UNICEF, 1994). L'instabilité existe
aussi de mois en mois et d'une zone géographique à une autre.
(CNSA, 1996; UNICEF, 1994).
En effet, un nombre important d'Haïtiens souffrent de
sous-alimentation, tant du point de vue qualitatif que quantitatif. Haïti
est en 6ème position dans le monde en terme de proportion de
sa population qui est sous-alimentée (61 %), après la Somalie (73
%), l'Erythrée (67 %), la Mozambique (63 %), le Burundi (63 %) et
l'Afghanistan (62 %) (FAQ, 1999). Selon la FAQ (2002), le niveau des besoins
énergétiques requis est de 2150 Kilocalories/personne/jour pour
une activité normale et de 2250 Kilocalories pour une activité
plus soutenue. La quantité d'Haïtiens à pouvoir atteindre ce
niveau est très limitée. Selon la Banque Mondiale (2004), le
pourcentage de la population en dessous du niveau minimum de consommation
d'énergie diététique s'élevait à 65 % en
1990, 60 % en 1995 et 49 % en 2001. De même, les pourcentages d'enfants
de moins de cinq ans touchés par la malnutrition pour les mêmes
années ont été respectivement de 26,8 %, 27,5% et 17,3%
(Vérification des données). Si au niveau de la malnutrition il y
a eu des améliorations, sur le plan de la consommation d'énergie
diététique, la situation a été marquée par
une détérioration.
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