ORGANISME UNIVERSITE DE YAOUNDE II
INTERGOUVERNEMENTAL
IFORD
INSTITUT DE FORMATION ET DE RECHERCHEDEMOGRAPHIQUE
Prix de lauréat des nations unis pour la population et
le développement 2011
FAMILLE ET ABANDON SCOLAIRE DES
ENFANTS DE 6 A 14 ANS EN GUINEE
Mémoire Présenté et soutenu par : LAMAH
FRANÇOIS XAVIER En vue de l'obtention du Diplôme
de
MASTER PROFESSIONNEL EN DEMOGRAPHIE
Comité d'encadrement
Pr. Hélène KAMDEM KAMGNO, Directeur M. Ambroise
HAKOUA, Lecteur
Yaoundé, Juillet 2018
IFORD.? BP 1556 - Yaoundé (CAMEROUN) .
Email: iford@iford-cm.org . Web:
www.iford-cm.org
Tél. : (+237) 222 22 24 71 / 222 23 29 47 / 222 03 44 12 /
222 22 35 79 . Fax: (+237) 622 22 67 93
ENGAGEMENT
Les opinions émises dans ce document
sont propres à son auteur et
n'engagent
en aucun cas la position de l'Institut de
Formation et de Recherche
Démographiques
(IFORD)
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page i
DEDICACE
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page ii
Je dédie ce travail
A ma mère Elisabeth LAMAH ;
A la mémoire de mon père Mathieu LAMAH
Qui, malgré toutes les difficultés de la vie,
n'ont ménagé aucun effort pour me garantir ce que j'appelle
« Le tout héritage », l'éducation par la
scolarisation.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page iii
REMERCIEMENTS
Ce travail ne saurait être réalisé sans la
contribution effective des efforts de certaines personnes à qui nous
voulons ici faire mention de reconnaissance. A cet effet, nous tenons à
adresser nos vifs remerciements à :
L'Etat Guinéen qui a bien voulu, par
le biais des bourses d'études de formation, nous permettre de participer
pleinement à cette prestigieuse formation. Ces bourses ont
été obtenues grâce à l'implication personnelle de
Son Excellence Monsieur le Ministre, Directeur de Cabinet à la
Présidence de la République de la Guinée, Dr KABA
Ibrahima Khalil ; de Monsieur le Directeur Général de
l'INS, KABA Aboubacar ; de Monsieur le
Directeur Général de l'ONABE, Dr
DIOUBATE Mohamed et de Monsieur le Directeur du Département
Archivage, Diffusion & Recherche de l'INS, Dr SOW
Mohamed. Nous vous remercions tous pour votre
générosité.
Pr KAMDEM KAMGNO Hélène qui,
malgré ses multiples occupations, a eu la disponibilité pour
diriger ce travail. Son encadrement dans la rigueur a donné à ce
travail un visage scientifique.
M. HAKOUA Ambroise, pour ses lectures et ses
pertinentes critiques et suggestions, qui ont été d'un apport
considérable à la confection de ce document.
Pr MIMCHE Honoré, pour la
documentation qu'il nous a livrée pendant la recherche.
Pr RWENGE MBURANO, pour ses remarques et
suggestions apportées à la dernière version de ce
document.
Le personnel enseignant et administratif de
l'IFORD, pour nous avoir accueillis dans cette grande famille et de
nous aider par des encouragements dans la réalisation de ce travail.
Nos collègues étudiants de la
37e, 38e et 39e promotions de l'IFORD
en particulier nos compatriotes : TOURE Souaïbou, BALDE
Mamadou Baïlo, KEITA Djenaba, BARRY Boubacar, GBANAMOU Kékoura,
CAMARA Aly et CHERIF Aboubacar Sidiki et notre voisin de banc
Voundi Elanga vincent de Paul pour l'esprit d'entraide, de
partage et de solidarité qui a prévalu dans nos rapports.
M. DIALLO Thierno Younoussa et sa famille
pour les aides qu'ils nous ont apportés durant notre séjour ici
au Cameroun.
Notre fiancée KOLIE Elisabeth et notre
fille LAMAH Laurencia, tous nos frères
et notre soeur, nos amis et nos
parents qui, dans le silence de leur affection et
prière, nous ont accompagné dans ce projet d'étude.
Trouvez tous ici, l'expression de nos sincères remerciements et
profondes gratitudes.
SIGLES ET ABREVIATIONS
AFCM : Analyse Factorielle de Correspondances Multiples
BAC : Baccalauréat
BEPC : Brevet d'Etude du Premier Cycle
CM : Chef de Ménage
CM1 : Cours Moyen 1
CM2 : Cours Moyen 2
CP1 : Cours Préparatoire 1
CP2 : Cours Préparatoire 2
CEPE : Certificat d'Etude Primaire Elémentaire
DSRP : Document Stratégique de Réduction de la
Pauvreté
EDS : Enquête Démographique et de Santé
ELEP : Enquête Légère pour
l'Évaluation de la Pauvreté
EPT : Education Pour Tous
IDH : Indice de Développement Humain
INS : Institut National de la Statistique
IPS : Indice de Parité Sexuelle
FoCEB : Fond Commun pour l'Éducations de Base
GPSE : Gouvernement Pour le Secteur de l'Éducation
LMD : Licence, Master, Doctorat
LPSE : Lettre de Politique Sectorielle de l'Education
METFP-ET : Ministère de l'Enseignement Technique, de la
Formation Professionnelle, de
l'Emploi et du Travail
MEPUA : Ministère de l'Enseignement
Préuniversitaire et de l'Alphabétisation ODD : Objectifs du
Développement Durable
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page iv
ONG : Organisme Non Gouvernemental
PADES : Programme d'Ajustement au Développement de
l'Enseignement Supérieur PASE : Programmes d'Ajustement Sectoriels de
l'Éducation
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PEPT : Programme Éducation Pour Tous PIB : Produit
Intérieur Brut
PSE : Programme Sectoriel de l'Education
PNUD : Fonds des Nations Unies pour le Développement
RGPH : Recensement Général de la Population et de
l'Habitation
RGPH-3 : Troisième Recensement Général de la
Population et de l'Habitation
ROC : Receving Opertion Characteristics
TAMA : Taux d'Accroissement Moyen Annuel
TS : Taux de Scolarisation
TBS : Taux Brut de Scolarisation
TNS : Taux Net de Scolarisation
UNESCO : Organisation des Nation Unies pour l'Education, la
Science et la Culture
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page v
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page vi
TABLE DES MATIERES
ENGAGEMENT i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
TABLE DES MATIERES vi
LISTE DES GRAPHIQUES xi
LISTE DES FIGURES xii
RESUME xiii
ABSTRACT xiv
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE I : CONTEXTE DE L'ETUDE 4
1.1 Contexte géographique 4
1.2 Contexte historique de l'école
guinéenne 5
1.3 Contexte sociodémographique 6
1.3.1 Evolution et répartition par âge et par sexe
de la population 7
1.3.2 Evolution et répartition par sexe de la population
en âge scolaire obligatoire 8
1.4 Contexte culturel 8
1.5 Contexte socioéconomique 10
1.5.1 Financement du système éducatif
guinéen 11
1.5.2 Répartition intra-sectorielle des dépenses
courantes de l'éducation 12
1.6 Contexte politique et administratif du système
éducatif guinéen 12
1.6.1 Politiques éducatives de la Guinée 12
1.6.2 Quelques dispositions juridiques 15
1.6.3 Organisation administrative du système
éducatif guinéen 16
1.7 L'offre scolaire 18
1.7.1 Etat et structure de l'offre scolaire 19
1.7.2 Evolution de l'offre scolaire publique 19
1.7.3 Evolution du nombre d'établissements et de salles de
classe 19
1.7.4 Continuité de l'offre scolaire au primaire 20
1.7.5 Disponibilité de latrines dans les écoles
publiques 20
1.7.6 Disponibilité de points d'eau dans les écoles
publiques 20
1.7.7 Disponibilité des cantines scolaires au public 20
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page vii
1.8 Impact des redoublements et abandons en termes de
gaspillage des ressources à l'élémentaire 21
1.9 Disparités entre filles et garçons en
matière de fréquentation scolaire 22
1.10 Famille et composition des familles en Guinée
22
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE 24
2.1 Revue de la littérature 24
2.1.1 Les approches explicatives de l'éducation 24
2.1.1.1 Approche socioculturelle 24
2.1.1.2 Approche psychologique 27
2.1.1.3 Approche économique 35
2.1.1.4 Approche institutionnelle 38
2.1.2 Résultats des études empiriques 40
2.1.2.1 Les facteurs individuels 40
2.1.2.2 Les facteurs familiaux 42
2.1.2.3 Facteurs scolaires 44
2.1.2.4 Les facteurs culturels 45
2.1.2.5 Les facteurs socioéconomiques 48
2.2.5.2 Le statut professionnel du chef de ménage 49
2.2 Cadre conceptuel 50
2.2.1 Hypothèse générale et Schéma
conceptuel 50
2.2.2 Définition des concepts 51
2.2.2.1 Famille 51
2.2.2.2 Abandon scolaire 51
2.2.2.3 Les caractéristiques individuelles des enfants
52
2.2.2.4 Environnement familial 52
2.2.2.5 Environnement scolaire 52
2.2.2.6 Contexte socioéconomique 52
2.2.2.7 Contexte culturel 52
2.3 Cadre l'analyse 52
2.3.1 Hypothèses spécifiques et Schéma
d'analyse 53
2.3.2 Définition des variables d'études et
indicateurs 55
2.3.2.1 Variable dépendante 55
2.3.2.2 Variable de contrôle 55
2.3.2.3 Variables indépendantes 55
CHAPITRE III : ASPECTS METHODOLOGIQUES 59
3.1.1 Source des données 59
3.1.3 Evaluation de la qualité des données 60
3.1.3.1 Examen des taux de non-réponse 61
3.1.3.2 Évaluation de la déclaration de l'âge
des enfants et des chefs de ménage 61
b) Age des chefs de ménages 63
3.2 Types et méthodes d'analyses 64
3.2.1 Analyse descriptive 65
3.2.1.1 Analyse descriptive bivariée 65
3.2.1.2 Analyse descriptive multidimensionnelle 65
3.2.2 Analyse explicative multivariée 66
3.2.2.1 Justification du choix de la méthode d'analyse
66
3.2.2.2 Modélisation de l'analyse logistique binomiale
66
3.2.2.3 Conditions d'application du modèle 68
3.2.2.4 Clarification du modèle d'analyse 68
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page viii
3.2.2.5 Limites du modèle d'analyse 70
CHAPITRE IV : ANALYSE DIFFERENTIELLE DE L'ABANDON SCOLAIRE DES
ENFANTS
EN GUINEE 72
4.1 Analyse descriptive bivariee 72
4.1.1 Abandon scolaire et type de ménage 72
4.1.2 Abandon scolaire et caractéristiques contextuelles
73
4.1.3 Abandon scolaire et caractéristiques des
ménages et chefs de ménage 75
4.1.4 Abandon scolaire et caractéristiques individuelles
80
4.2 Caractérisation des enfants ayant
abandonné l'école à partir de l'AFCM 82
4.2.2 Caractérisation du groupe cible 84
CHAPITRE V : ESSAI EXPLICATIF DE L'ABANDON SCOLAIRE DES ENFANTS
DE 6 A 14
ANS EN GUINEE : RECHERCHE DE QUELQUES FACTEURS EXPLICATIFS 87
5.1 Identification des facteurs explicatifs de l'abandon
scolaire des enfants en Guinée et leurs mécanismes
d'action 87
5.1.1 Caractéristiques contextuelles 87
5.1.2 Caractéristiques des ménages et chefs de
ménage 88
5.1.3 Caractéristiques individuelles 90
5.3 Hiérarchisation des facteurs explicatifs de
l'abandon scolaire 94
5.4 Discussion des résultats 95
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS 100
BIBLIOGRAPHIE 103
ANNEXE 110
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page ix
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 3. Taux de non réponse des variables de
l'étude 61
Tableau 4.1.1 : Modalités qui contribuent le plus
à la formation de l'Axe1 83
Tableau 4.1.2 : Modalités qui contribuent le plus
à la formation de l'Axe2 83
Tableau 5.1 Effets des variables indépendantes sur
l'abandon scolaire des enfants 92
Tableau 5.2 contribution relative des facteurs dans
l'explication de l'abandon scolaire
des enfants de 6 à 14 ans en Guinée 94
Tableau 5.3 Synthèse des résultats
d'hypothèses confirmées, partiellement confirmées
ou non confirmées 99
Tableau A1 : Eléments de calcul de l'indice de MYERS
110
Tableau A2 Abandon scolaire selon le type de ménage
111
Tableau A3 Proportion (%) d'abandon scolaire par milieu de
résidence selon le type de
ménage 111
Tableau A4 Proportion d'abandon scolaire par région
naturelle de résidence selon le
type de ménage 111
Tableau A5 proportion d'abandon scolaire par religion de
l'enfant selon le le type de
ménage 112
Tableau A6 proportion (%) d'abandon scolaire par niveau de vie
du ménage selon le
type de ménage 112
Tableau A7 proportion (%) d'abandon scolaire par sexe du CM
selon le type du ménage
112
Tableau A8 proportion (%) d'abandon scolaire par niveau
d'instruction du CM selon le
type de ménage 113
Tableau A9 proportion (%) d'abandon scolaire par statut
matrimonial du CM selon le
type de ménage 113
Tableau A10 proportion (%) d'abandon scolaire par statut
d'occupation du CM selon le
type de ménage 113
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page x
Tableau A11 proportion (%) d'abandon scolaire par survie des
parents biologiques
selon le type de ménage 114
Tableau A12 proportion (%) d'abandon scolaire par groupe
d'âge de l'enfant selon le
type de ménage 114
Tableau A13 proportion (%) d'abandon scolaire par sexe et
milieu de résidence selon le
type de famille 114
Tableau A14 : Les principales raisons de l'abandon scolaire
des enfants de 6 à 14 ans en
Guinée 115
Tableau A15 : Calcul du facteur d'inflation de la variance
115
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page xi
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Evolution des dépenses publiques totales
dans le secteur de l'éducation
(% du PIB) de 1991 à 2014 11
Graphique 3.1 Répartition des enfants selon l'âge
au moment du recensement 62
Graphique 3.2 : Répartition des enfants de 6 à
14 ans scolaire selon les groupes d'âge 63
Graphique 4.1 : Proportion (%) d'abandon scolaire selon le
type de ménage 73
Graphique4.2 : Proportion(%) d'abandon par type de
ménage selon le milieu de
résidence selon 73
Graphique 4.3 : Proportion (%) d'abandon par type de
ménage selon la région naturelle
de résidence 74
Graphique 4.4 : Proportion(%) d'abandon par type de
ménage selon la religion de
l'enfant 75
Graphique 4.5 : Proportion(%) d'abandon par type de
ménage selon le niveau du
ménage 76
Graphique 4.6 : Proportion (%) d'abandon par type de
ménage selon le sexe du CM 77
Graphique 4.7 : Proportion (%) d'abandon scolaire par type de
ménage selon le niveau
d'instruction du CM 78
Graphique 4.8 : Proportion (%) d'abandon scolaire par type de
ménage selon le statut
matrimonial du CM 79
Graphique 4.9 : Proportion (%) d'abandon scolaire par type de
ménage selon le statut
d'occupation du CM 79
Graphique 4.10 : Proportion (%) d'abandon scolaire par type de
ménage selon la survie
des parents biologiques de l'enfant 80
Graphique4.11: Proportion(%) d'abandon par groupe d'âge
de l'enfant selon le type de
ménage 81
Graphique 4.12 : Proportion (%) d'abandon par sexe de l'enfant
selon le type de ménage
82
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page xii
LISTE DES FIGURES
Figure 1.1: Répartition intra -sectorielle des
dépenses courantes d'éducation 12
Figure1.2 : Organisation du système éducatif
18
Figure 2.1 Schéma béhavioriste 31
Figure 2.2 Schéma du modèle de la demande
d'éducation 37
Figure 2.3 Schéma conceptuel 51
Figure 2.4 Schéma d'analyse 54
Figure 3. Courbe ROC issue du modèle saturé
(M15) 69
Figure 4 : Plan factoriel de l'abandon scolaire des enfants
85
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page xiii
RESUME
La question sur les déperditions scolaires est
d'actualité en Guinée. En effet, malgré des efforts
énormes consentis au cours de ces dernières décennies dans
le pays pour accroître les taux de scolarisation à tous les
niveaux de l'enseignement général, et en particulier celui du
primaire, les taux de redoublements et d'abandons y sont encore très
élevés. La présente étude s'est alors fixée
comme principal objectif spécifique de rechercher les facteurs
explicatifs de l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en
guinée et de les hiérarchiser.
Les données utilisées pour atteindre ces
objectifs sont celles du troisième RGPH réalisé en
Guinée en 2014. En claire, il s'agit des données contextuelles,
ménages et individuelles collectées pendant cette
opération démographique d'envergure nationale. Plusieurs
méthodes statistiques d'analyse ont été utilisées :
il s'agit notamment des tableaux croisés, accompagnés des tests
de chi-deux et de l'Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM)
respectivement au niveau bivarié et multivarié descriptif, et des
modèles multivariés explicatifs de régression
logistique.
Il ressort de l'analyse descriptive bivariée, que
toutes les variables indépendantes mobilisées sont
significativement associées à l'abandon scolaire des enfants. Au
niveau descriptif multivarié, un profil des enfants ayant
abandonné l'école a été dressé. Quant
à l'analyse explicative, toutes les variables explicatives sont
avérées facteurs explicatifs de l'abandon scolaire des enfants de
6 à 14 ans en Guinée. Cependant, cinq d'entre elles contribuent
plus dans l'explication de ce phénomène à savoir :
l'âge de l'enfant (groupe d'âge) ; il est suivi par la
région naturelle de résidence ; puis le milieu de
résidence, la survie de parents et le niveau de vie du ménage.
Au regard des résultats obtenus, des recommandations
ont été faites parmi lesquelles nous demandons aux
autorités politiques, de renforcer les politiques éducatives
permettant de maintenir longtemps les enfants à l'école,
notamment les politiques liées à la construction des cantines
scolaires, dans les régions de Moyenné Guinée et Haute
Guinée ; de mettre en place des politiques permettant aux parents
d'élèves vivant en milieu rural à garder le plus longtemps
possible leurs enfants à l'école. Nous demandons également
aux ONGs de veiller à ce que les enfants orphelins soient non seulement
scolarisés, mais aussi à ce qu'ils puissent rester le plus
longtemps possible à l'école.
Mots clés : Abandon scolaire ; Famille ; ménage ;
enfant.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page xiv
ABSTRACT
The question of school wastage is topical in Guinea. Despite
the enormous efforts made in recent decades in the country to increase
enrollment rates at all levels of general education, especially primary
education, repetition and drop-out rates are still very high. The present study
then set itself as the main specific objective to search for the factors
explaining the dropout of children aged 6 to 14 in Guinea and to prioritize
them.
The data used to reach these objectives are those of the third
RGPH carried out in Guinea in 2014. Clearly, this is the contextual, household
and individual data collected during this nationwide demographic operation.
Several statistical methods of analysis were used: these include
cross-tabulations, accompanied by chi-square tests and Factorial Multiple
Correspondence Analysis (FMA) respectively at bivariate and multivariate
descriptive level, and multivariate explanatory logistic regression models.
The bivariate descriptive analysis shows that all the
independent variables mobilized are significantly associated with school
drop-out. At the multivariate descriptive level, a profile of children who
dropped out of school was developed. As for the explanatory analysis, all the
explanatory variables have proved to be factors explaining the dropout of
children aged 6 to 14 in Guinea. However, five of them contribute more to the
explanation of this phenomenon, namely: the age of the child (age group); it is
followed by the natural region of residence; then the place of residence, the
survival of parents and the standard of living of the household.
In view of the results obtained, recommendations have been
made among which we ask the political authorities, to reinforce educational
policies to keep children in school for a long time, in particular the policies
related to the construction of school canteens, in the regions of Middle Guinea
and Upper Guinea; put in place policies that allow parents of rural students to
keep their children in school as long as possible. We also call on NGOs to
ensure that orphaned children are not only educated, but also that they can
stay in school as long as possible.
Key words: School dropout; Family; household; child.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 1
INTRODUCTION GENERALE
L'éducation par la scolarisation est l'une des pierres
angulaires pour le développement de toute population. Son importance
dans tout processus de développement n'est plus à
démontrer. Cependant, elle a suscité de nombreuses
difficultés qui ont souvent été l'objet de plusieurs
conférences internationales ainsi que des études
particulières. Depuis la déclaration de l'Education Pour Tous
(EPT) en 1990 à Jomtien (Thaïlande), renouvelée en 2000
à Dakar (Sénégal) puis à New York en 2015, tous les
pays en développement cherchent à tout prix à scolariser
et maintenir à l'école leur population en âge scolaire.
Par ailleurs, malgré des efforts consentis dans la
scolarisation des enfants en Afrique subsaharienne au cours de ces
dernières années, on observe à côté de cette
forte scolarisation, un nombre élevé d'élèves qui
n'achèvent même pas le cycle primaire. En Afrique subsaharienne,
le problème d'abandon scolaire reste encore un défi à
relever de nos jours. K. Franck (Afrique Renouveau, ODD, 2015) précise
qu'après les 15 ans d'adoption des OMD : « presque tous les
enfants d'âge scolaire des pays d'Afrique subsaharienne sont certes
scolarisés, mais la cible n'a pas été atteinte. La
région est parvenue à maintenir un plus grand nombre d'enfants
à l'école ; pour autant un enfant sur trois décrochera
probablement ».
Pour ce qui est de la Guinée, des efforts remarquables
ont été également consentis ces dernières
décennies pour améliorer son système éducatif. De
nombreux programmes d'éducation ont été notamment mis en
oeuvre dans ce cadre et sont en cours d'alimentation. On a par exemple, le
programme EPT (Education Pour Tous) qui découle de l'Objectif
n°2 des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD2), et de l'Objectif n°4 du
Développement Durable (ODD4), lequel vise à assurer
l'accès de tous à une éducation de qualité, sur un
même pied d'égalité, et promouvoir les possibilités
d'apprentissage tout au long de la vie. Ces derniers ont contribué
à l'élaboration et la planification des politiques
éducatives nationales qui à leurs tours, ont abouti au
relèvement des taux de scolarisation à tous les niveaux
d'enseignement, plus particulièrement celui du primaire. Au primaire, le
TBS qui était d'environ 30% en 1990, est passé à 70,3% en
2002 puis à 82,9% en 2014 (UNESCO, 2015).
Si de nos jours le système éducatif
guinéen est à la hauteur d'assurer une scolarisation effective
des enfants jusqu'à plus de 83% au niveau primaire, d'énormes
efforts restent
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 2
encore à mener pour assurer sa qualité : les
coefficients d'efficacité interne1 sont faibles à tous
niveaux : primaire (0,68) et secondaire premier cycle (0,53). Les taux
d'abandons et de redoublements scolaires y restent relativement à des
niveaux élevés. D'après le RGPH-3 de 2014, le taux
d'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans est de 11,4% au niveau
national. Pour tous les cycles, les abandons sont plus récurrents au
niveau des classes d'examens (MEPUA, 2012/2013). Il ressort dans le rapport
synthétique de la Guinée sur l'EPT à l'horizon 2015 que
l'atteinte des objectifs de l'EPT en Guinée a été
compromise en partie par le taux élevé d'abandon scolaire surtout
celui des filles (MEPUA, 2015). Cela a suscité une relance d'un
programme d'après 2015 allant jusqu'à 2017 pour réaliser
la troisième phase du Programme EPT afin d'atteindre les objectifs
assignés à ce programme.
Cependant, la plupart des études sur l'abandon scolaire
montrent que ce phénomène dépend de deux principaux
groupes de facteurs : d'un côté ceux de l'offre scolaire et de
l'autre ceux de la demande scolaire. L'offre scolaire comprend non seulement
les infrastructures scolaires, mais aussi le personnel enseignant, le
matériel didactique, le contenu de l'enseignement, etc. La demande
scolaire quant à elle, se ramène aux décisions que
prennent les parents d'envoyer leurs enfants à l'école et de les
encadrer jusqu'au terme de leurs études. A titre d'illustration, KOBIANE
(2001) affirme que l'abandon scolaire dépend (et peut-être
même davantage) des facteurs individuels, familiaux et contextuels.
Les intérêts de cette étude se situent
principalement à deux niveaux : Premièrement, l'étude
contribue de manière détaillée et approfondie aux
connaissances sur l'abandon scolaire des enfants en Guinée et de ce
fait, elle permet de mettre à la disposition des décideurs
politiques, des informations fiables en vue de l'atteinte de l'ODD 4.
Deuxièmement, elle est intéressante dans la mesure où,
à notre connaissance, peu sont des études qui se sont
intéressées à ce phénomène dans le contexte
guinéen.
Le phénomène d'abandon scolaire des enfants, des
enfants très jeunes, âgées de 6 à 14 ans, continue
encore d'être répandu en Guinée. C'est face à cette
situation et dans le souci de contribuer aux connaissances des facteurs qui
expliquent cette persistance, que cette étude s'interroge à la
question de savoir : Quels sont les facteurs familiaux qui expliquent
l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en Guinée ainsi que
leurs mécanismes d'action ? Pour répondre à cette
question, l'objectif de cette étude est de contribuer à une
amélioration des connaissances des facteurs explicatifs de l'abandon
scolaire en Guinée, et
1C'est le rapport entre le nombre d'années-
élèves théoriquement utiles pour former un nombre
donné de sortants et le nombre d'années- élèves
effectivement consommées (MEPUA, 2016).
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 3
par conséquent, identifier les facteurs clefs sur
lesquels des futures interventions pourront s'appuyer afin d'améliorer
la qualité du système éducatif guinéen. Plus
spécifiquement, il est question de :
? Décrire les variations de la proportion d'abandon
scolaire des enfants âgés de 6 à 14 ans selon les
caractéristiques des enfants et des chefs de ménages, les
caractéristiques économiques du ménage, et le contexte
socioculturel et économique ;
? Dresser le profil des enfants âgés de 6
à 14 ans vulnérables à l'abandon scolaire en Guinée
et ;
? Déterminer et hiérarchiser les facteurs
explicatifs de l'abandon scolaire des enfants âgés de 6 à
14 ans puis mettre en évidence les mécanismes d'action des
facteurs familiaux.
Ce travail est structuré en cinq chapitres. Le premier
consiste à présenter le contexte de l'étude dans sa
généralité en lien avec l'éducation scolaire. Le
deuxième a pour objectif de passer en revue des théories et
études antérieures portant sur l'abandon scolaire des
élèves ainsi que la présentation du cadre conceptuel et du
cadre d'analyse. Le troisième décrit les sources de
données, évalue leurs qualités et présente enfin
les méthodes d'analyse. Le quatrième porte sur les analyses
descriptives et le dernier, sur l'analyse explicative multivariée. On
retrouve à la fin du cinquième chapitre une conclusion
générale qui synthétise les principaux résultats,
suivie de quelques recommandations.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 4
CHAPITRE I : CONTEXTE DE L'ETUDE
Comme le soulignait Guy Archambault (cité par C.
Charbonneau, 1982) : c'est l'environnement physique et social qui
détermine la plupart des conduites humaines. Les comportements
individuels en matière de scolarisation reflètent l'environnement
global dans lequel vivent les individus (NGANAWARA, 2016). Il existe toujours
une interdépendance entre l'homme et son environnement en ce sens que le
comportement de l'homme soit négativement ou positivement
influencé par son environnement et vice-versa.
A cet effet, il importe de commencer cette étude par la
description des éléments du contexte, sur les plans
géographique, historique, démographique, économique,
culturelle et politique, en les mettant en lien avec l'éducation
scolaire et plus particulièrement l'abandon scolaire.
1.1 Contexte géographique
La Guinée, République de Guinée ou
Guinée-Conakry est un pays d'Afrique occidentale. Elle s'étend
sur une superficie de 245 857 Km2 avec une population de 10.523.261
habitants en 2014. Elle partage ses frontières avec le
Sénégal et le Mali au Nord, la Côte d'Ivoire à
l'Est, le Liberia et la Sierra Leone au Sud et, la Guinée-Bissau et
l'Océan Atlantique à l'Ouest.
Le paysage guinéen lui fait d'un pays naturellement et
inégalement subdivisé en quatre régions à savoir la
Basse Guinée, la Moyenne Guinée, la Haute Guinée et la
Guinée Forestière. Chacune de ces régions présente
des caractéristiques plus ou moins particulières. Sur le plan
administratif, le pays est subdivisé en sept régions2.
Ces régions sont composées de préfectures (33) et
trente-huit (38) communes urbaines dont cinq (5) à Conakry. Les
préfectures sont subdivisées en sous-préfectures (303) et,
enfin, les sous-préfectures sont composées de villages ou
districts.
L'abandon scolaire tout comme la fréquentation scolaire
présente des disparités pour chacune des subdivisions naturelles
et administratives. Pour le cas des abandons scolaires, d'après le RGPH
de 2014, le taux d'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans est de
11,4% sur le plan national. Selon les régions naturelles, il est de
10,2%, 13,3%, 14,9% et 9,2% respectivement en Basse-Guinée, Moyenne
Guinée, Haute Guinée et Guinée Forestière. On
observe également des disparités au niveau des régions
administratives avec une forte proportion dans la région de Faranah
(14,7%), suivie de la région de Kankan (14,4%) puis la
2 Boké, Kankan, Kindia, Labé, Mamou,
N'Zérékoré et la ville de Conakry, qui constitue une zone
spéciale.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 5
région de Labé (14%) et la région de
Mamou (11,9%). Par contre les quatre autres restant ont toutes des proportions
d'abandon scolaire inférieures à la moyenne nationale à
savoir la région de N'Zérékoré (8,5%) qui
présente la plus faible proportion. Elle est suivie de la capitale
Conakry (10,3%), puis de la région de Kindia (10,5%) et de la
région de Boké (10,6%). Les différentes disparités
ainsi observées entre régions naturelles tout comme dans le cas
des régions administratives en matière d'abandon scolaire,
seraient probablement des conséquences des différences des
cultures pour le cas des régions naturelles, et des différences
dans l'application des politiques d'éducation pour ce qui est le cas des
régions administratives.
1.2 Contexte historique de l'école
guinéenne3
Lorsqu'on parle d'école ici, on fait
référence à l'école française car bien avant
celle-ci et même jusqu'à nos jours, il existe l'école
coranique. L'histoire de l'école guinéenne remonte depuis la
période coloniale et s'articule principalement autour de quatre
périodes.
La première part de l'arrivée des missionnaires
colons jusqu'à l'indépendance du pays en 1958. Cette
période couvre également celle que nous appelons
communément période coloniale pour la Guinée. A
l'arrivée des colons en Guinée, avec pour mission officielle
l'évangélisation tout comme dans la plupart des pays de l'Afrique
francophone, ils construisirent des écoles, des églises et des
centres de santé. C'est cette administration française qui
d'ailleurs a créé les premières écoles et a
également formé la première génération des
cadres guinéens dont beaucoup d'entre eux ont poursuivi leur cycle
à Dakar, à l'école William Ponty, puis dans des
universités de l'hexagone. Parmi eux, nous pouvons citer Diallo Tely
(premier secrétaire général de l'UA), Sékou
Touré (premier président de la Guinée). Durant cette
période, il n'y avait pas d'enseignement supérieur en
Guinée.
La deuxième période part de la prise de
l'indépendance jusqu'à la fin de la première
république, de 1958 à 1984. A la prise de l'indépendance
après avoir dit non aux français, le Président feu Ahmed
Sékou Touré va se tourner vers l'Union Soviétique
(précisément la Russie) en matière d'éducation et
c'est ainsi que les premières universités
guinéennes4 furent construites dans les années 1960
par les russes. En 1970, le Président tentera d'introduire
l'enseignement des langues locales dans le système scolaire. Mais ce
programme n'a pas réussi à cause de la multiplicité des
langues qui ont contribué à limiter son succès.
3 Cette section est le résumé d'une
publication tirée sur le site
https://histoire-education,revues,org/2278
4 Il s'agit de l'Université Gamal Abdel Nasser
de Conakry et L'Université Julius Nyéréré de
Kankan.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 6
La troisième période quant à elle part de
1984 jusqu'à 2006. Les autorités de la deuxième
république ont jugé de réorienter le système
éducatif en vue de renforcer les capacités et rendre conforme aux
réalités socio-économiques. Désormais,
l'école guinéenne est à l'image du système
français et le pouvoir encouragea en même temps les initiatives
privées. En plus, le français fut introduit comme langue
d'enseignement à tous les niveaux et sur tout le territoire national.
Officiellement l'école est gratuite et obligatoire aux âges de 7
à 12 ans et les lois en vigueurs encouragent les parents d'envoyer les
enfants à l'école. Mais seulement 30% des enfants scolarisables
sont scolarisés en début des années 1990. Les zones
rurales et la couche féminine sont les plus touchées par cette
faible scolarisation.
En 1989 une nouvelle politique est adoptée avec pour
objectifs :
a) Relever le taux brut de scolarisation dans le cycle
primaire de 28% en 1990 à 53% en 2000 ;
b) Accroître l'efficacité interne ;
c) Utiliser de manière plus efficace les enseignants
en augmentant le rapport élèves/enseignants de 39/1 à
42/1.
Cette politique fut renforcée par la venue du Programme
d'Ajustement Sectoriel de l'Education adopté au cours de la
période de 1990-1993. Toutes ces politiques ont permis non seulement au
système éducatif guinéen d'accroître son taux brut
de scolarisation du primaire en passant de 30% en 1990 à 70% en 2000,
mais elles ont aussi contribué à l'amélioration de la
qualité de ce dernier.
La dernière période part de 2007 jusqu'à
nos jours, l'année à laquelle le pays a adopté le
système LMD (Licence, Master, Doctorat). En effet depuis 2007, le
système a connu des reformes dont certaines ont aboutis à la
suppression de certains examens : la suppression du Baccalauréat
première partie (BAC1) qui s'effectuait en classe de seconde et les
concours d'orientation à l'université après l'obtention du
baccalauréat 2ème partie (BA) qui s'effectuait en classe de
terminal. Désormais le baccalauréat unique permet d'avoir
accès à l'université.
1.3 Contexte sociodémographique
L'existence de l'inter dépendance entre les variables
démographiques et les variables de développement fait de sorte
que, dans un processus de développement, les variables
démographiques (notamment l'état et la structure par âge et
par sexe de la population) agissent sur les variables de développement
et en limitent les actions. C'est dans cette même
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 7
optique que Malthus dans son « essai sur le principe
de population », montre l'inconvénient d'une population
nombreuse (ou sans cesse croissante) dans un processus de développement
en affirmant que : « Le rythme d'accroissement de la population, de
période en période, l'emporte donc tellement sur celui de
l'augmentation des subsistances, que pour maintenir le niveau et pour que la
population existante trouve toujours des aliments en quantité
suffisante, il faut qu'à chaque instant une loi supérieure fasse
obstacle à son extension » (Malthus, 1798). Autrement dit,
S'il n'est pas freiné, le pouvoir multiplicateur de la population est
infiniment plus grand que le pouvoir de la terre de produire des subsistances
de l'homme. Cette idée de Malthus traduit une réalité dans
le système éducatif des pays en développement. En effet,
les pays en développement sont caractérisés par un fort
taux d'accroissement de la population (notamment celui de la population
scolarisable), alors que les ressources destinées à
l'enseignement sont généralement limitées dans ces
pays.
Dans cette section, est présenté avec un accent
sur la population scolarisable, l'évolution, la réparation
spatiale, par âge et par sexe de la population guinéenne de 1983
jusqu'en 2014 dans un premier temps et, dans un second temps, est
présentée l'évolution de la population scolaire.
1.3.1 Evolution et répartition par âge et par
sexe de la population
Lors du premier recensement en 1983, la population
guinéenne était de 4 660 582 habitants, celui de 1996 a
dénombré 7 156 406 habitants soit un taux de croissance
intercensitaire de 3,1% par an. Entre 1996 et 2014, elle a atteint 10 523 261
habitants soit un taux d'accroissement annuel de 2,2%. Durant ces
périodes, la proportion des femmes est restée toujours un peu
plus élevée par rapport celle des hommes. Mais elle n'a
significativement pas varié, environ 52 % de la population totale. Par
exemple il y avait 51,7% de femmes contre 48,3% d'hommes en 2014 (RGPH-3,
2014). L'Indice Synthétique de Fécondité a relativement
baissé entre 1999 et 2012 en passant de 5,7 enfants par femme à
5,1 enfants par femme (EDS II et IV).
D'après le troisième RGPH réalisé
en 2014, la population guinéenne est inégalement répartie
sur les 245.857 km2 du territoire guinéen. La majorité
de la population vit en milieu rural avec 65,2% contre 34,8% de citadins. Selon
les régions naturelles, on observe également des
disparités avec 37,8% ; 25,0% ; 19,5% et 17,7% de la population
respectivement en Basse Guinée, Haute Guinée, Moyenne
Guinée et Guinée Forestière. Même au niveau des
régions administratives, des disparités sont observées :
les régions administratives de Kankan (18,7%), Conakry (15,8%) et
Nzérékoré (15%) sont les plus
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 8
peuplées et comptent à elles seules près
de la moitié de la population guinéenne (49,5%). Les
régions les moins peuplées sont respectivement celles de Mamou
(6,9%), Faranah (8,9%) et Labé (9,5%).
Selon les groupes d'âge 0-14 ans, 15-64 ans et 65 ans et
plus, nous avons respectivement 44,9%, 51,3% et 3,8%. La population
guinéenne est relativement très jeune : elle a en moyenne un
âge de 21,8 ans ; la moitié de la population est âgée
de moins de 16,3 ans et plus de la moitié (51,04%) est âgée
de moins de 18 ans.
1.3.2 Evolution et répartition par sexe de la
population en âge scolaire obligatoire
Dans la population scolarisable, celle du primaire est
passée de 1286 490 enfants en 1999 à 1816383 en 2014 soit un
accroissement annuel de 2,75%. Concernant la fréquentation scolaire,
l'effectif des élèves a également évolué.
Elle est passée de 1 045 659 à 1 759 550 enfants, soit une
augmentation de 68% sur la même période. La forte croissance de la
population scolarisable ainsi constatée nécessite d'importants
efforts en matière d'investissement pour accroître l'offre
d'éducation. Elle constitue également l'un des facteurs qui
minimisent la portée des interventions (dans l'éducation et la
santé) pour la réduction de la pauvreté et le
développement humain (RGPH, 2014). L'effectif de la population de 6-14
ans en 2014 était de 2555833 soit 24,33% de population au niveau
national.
1.4 Contexte culturel
Pour un phénomène donné, les perceptions
et comportements varient généralement d'une société
à une autre. La culture d'une société peut être
cependant favorable ou au contraire défavorable selon que les coutumes
ou moeurs sont pour ou contre au phénomène. En matière
d'éducation, toutes les sociétés surtout africaines, n'ont
pas la même perception ou du moins ne sont pas toutes pros
éducatrices vis-à-vis de l'éducation occidentale,
jugée parfois imposée pour certains.
Le contact de l'Afrique avec l'Europe et l'Asie a grandement
bouleversé la culture Africaine à partir du moment où
certaines sociétés africaines ont été longtemps
exposées aux cultures arabo-musulmane et occidentale qui, une fois
installées se sont développées au détriment des
cultures ancestrales. Telle est la même situation observée dans le
contexte guinéen.
En Guinée, la présence de ces deux cultures
étrangères (caractérisées par l'islam et le
christianisme) présente deux conséquences néfastes : la
destruction des pratiques traditionnelles existantes d'une part ; et d'autre
part, ces religions constituent parfois l'origine
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 9
de certains conflits sociaux à partir du moment
où l'appartenance religieuse crée des différences et est
souvent à la base de plusieurs conflits socioculturelles même si
des lois sur la laïcité existent.
La majorité des groupes ethniques du pays sont
inégalement répartis entre ces cultures étrangères.
La culture arabo-musulmane caractérisée par l'islam, est
majoritairement pratiquée par les Malinkés, les Peulhs et les
Soussous. Par contre, la religion occidentale caractérisée par le
christianisme est pratiquée majoritairement de son côté par
les Kissis, les Tomas et les Guerzés. Il convient de souligner que ces
distinctions entre ethnies selon les religions ne sont pas strictes car il est
évident de trouver dans chaque groupe ethnique dont la majorité
est musulmane, une certaine proportion (minimum quand soit) qui pratique le
christianisme et vice-versa. Les ethnies Coniagui et Bassari vivant à
cheval entre la Guinée, la Guinée-Bissau et le Mali quant
à elles ont jusque-là préféré conserver
leurs pratiques traditionnelles. En plus de ces derniers, nous pouvons
également observer une certaine proportion non négligeable dans
chaque groupe ethnique et très variable d'ailleurs entre groupes
ethniques, des individus qui pratiquent la religion traditionnelle ou qui sont
sans religion.
Par ailleurs, l'une des causes des changements culturels en
Guinée est due au phénomène d'urbanisation qui
s'accompagne de l'ouverture de la population au reste du monde. Cette situation
pousse parfois la population à abandonner la plupart de ces pratiques
culturelles au détriment des cultures étrangères
généralement diffusées par les médias.
Dans le contexte guinéen, les populations (surtout
celles des zones rurales) ont parfois tendance à se reproduire
socialement vis-à-vis de leurs activités professionnelles. En
effet, il est vrai que la propagation et les mécanismes de la
scolarisation universelle poussent de nos jours les parents à envoyer
leurs enfants à l'école, et à les soutenir
progressivement. Mais à côté de cette fréquentation
scolaire, les enfants doivent également apprendre à exercer les
activités quotidiennes (agriculture, élevage, etc.) que
pratiquent leurs parents. Par exemple, les planteurs dès un certain
âge de leurs enfants, vont leur donner des portions de terrain pour
propriété, dans le but de les faire des champs de plantation.
Pour les éleveurs, cela se traduit par la mise à disposition
à leurs enfants un certain nombre de bétails qui devront
commencer eux-mêmes à élever de manière autonome.
Toutes ces activités s'exercent pendant que les enfants
fréquentent encore, et généralement ce qui se passe par la
suite est que, de plus en plus les enfants deviennent plus performants dans
l'agriculture ou l'élevage plutôt qu'à l'école. Ce
qui les confronte soit aux redoublements répétés, soit
à l'abandon total de l'école.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 10
1.5 Contexte socioéconomique
La Guinée est un pays naturellement doté de
potentielles ressources minières et agricoles mais elle reste encore de
nos jours parmi les pays pauvres de la planète. Le pays possède
près des 2/3 des réserves mondiales de bauxite avec une
pluviométrie de plus de 2500 mm par an. Bref, la situation
socioéconomique guinéenne est marquée par la
pauvreté. Par exemple, les résultats de l'ELEP (Enquête
Légère pour l'Evaluation de la Pauvreté)
réalisée en 2012, montrent que plus de la moitié (55,2%)
de la population guinéenne vie au-dessous du seuil de pauvreté.
Le milieu rural qui concentre 70% de la population est le plus touché
par cette pauvreté, l'incidence de la pauvreté en milieu rural
est de 63% (ELEP-2007).
En 2013, le revenu par tête de la Guinée ne
culmine seulement qu'à 440 dollars US/tête/ ans (BAD, 2013). Sur
le plan de développement humain, le pays a aussi un faible indice de
développement humain (IDH). D'après les classements du PNUD, son
IDH est de 0,392 en 2014, ce qui le place au 179ème rang sur
187 pays alors qu'elle était 178ème en 2011 pour le
même nombre de pays. Cette pauvreté pourrait être l'une des
conséquences de l'analphabétisme de la population qui, lui aussi
est conséquence de la non scolarisation et des abandons scolaires
précoces dont souffre une bonne partie de la population.
Les difficultés économiques récentes de
la Guinée remontent au début des années 2000. Dès
2002, le pays entre à la fois dans une profonde crise économique
et financière et de crises institutionnelles et politiques avec
diminution drastique de l'aide extérieure. Ces problèmes freinent
la croissance économique qui passe (en moyenne) de 4,5% durant les
années 1990 à 2,6% entre 2002 et 2007 entrainant la baisse du
revenu par tête5. Pendant ce temps l'inflation
s'accélère, passant de 5% à 39% (en glissement annuel),
rongeant le pouvoir d'achat de la population. La situation économique se
dégrade davantage à partir de 2008 à cause des crises
socio-politiques liées à la difficile transition
démocratique de 2008-2010 (RGPH, 2014). Nombreux programmes de
développement du pays (notamment le Programme Sectoriel de l'Education
(PSE1) se sont trouvés affecter par cet environnement
défavorable.
Sur le plan socioéconomique, la population
guinéenne est jeune, les résultats de l'ELEP de 2007 estiment que
42% de celle-ci est âgé de moins de 15 ans. Ce qui
représente une demande potentielle importante, en termes
d'éducation. Les problèmes économiques
5 Entre 2002 et 2007 la croissance du
PIB/tête est de - 0,6%
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 11
évoqués ci-haut n'ont pas permis au pays
d'assurer dans la totalité, l'éducation de cette proportion de la
population qui était censée être à
l'école.
A ces éléments, il importe de signaler que la
population guinéenne est majoritairement analphabète. Seulement
34,5% des adultes savent lire et écrire au moins dans une langue
(ELEP-2007). Toutes ces difficultés d'ordre macro-économiques
conjuguées aux crises socio-politiques, ont freiné la mise en
oeuvre de certains programmes clefs du secteur de l'éducation et par
conséquent, ont réduit le volume global de l'offre
d'éducation.
1.5.1 Financement du système éducatif
guinéen
La part du budget de l'enseignement dans le PI13 de la
Guinée est restée dans l'intervalle de 1,85% à 3,54%
durant la période de 1991 à 2014 (Graphique 1.1). Cette
proportion reste parmi les plus faibles dans le monde en général
et en Afrique en particulier. C'est seulement à partir de 2009 que cette
proportion a commencé à excéder 3% même si elle est
retombée au-dessous en 2012. La part du budget de l'enseignement dans le
PI13 est l'indicateur le plus utilisé pour traduire l'engagement de
l'Etat dans l'investissement en capital humain à travers
l'éducation et la formation de la population. L'attribution d'une faible
proportion du PI13 à l'éducation constitue l'une des causes
majeures qui n'ont pas permis au pays d'assurer, dans sa totalité,
l'éducation de toute la population scolarisable.
Graphique 1 : Evolution des dépenses publiques
totales dans le secteur de l'éducation (% du PIB) de 1991 à
2014
|
|
|
3,69 3,54
|
|
|
|
3,22
|
3
3,07
|
|
2,59 2,59
|
|
|
|
2,022,012,09
|
2,36 2,372
2,08 ,
|
21
|
2,44
|
2,47
|
|
|
1,85
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012
2014
Année
,21
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
pourcentage dans le PIB
0,5
0
Source : métadonnées de l'UNESCO (2016)
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 12
1.5.2 Répartition intra-sectorielle des
dépenses courantes de l'éducation
En termes de répartition intra-sectorielle des
dépenses courantes de l'éducation, de 2008 à 2014, la part
de l'enseignement primaire dans les ressources publiques allouées au
secteur de l'éducation a en moyenne diminué en passant de 45,6%
en 2008 à 42,4% en 2014 avec un pourcentage le plus bas observé
en 2011 soit 38%. Cette part est en dessous de l'objectif fixé par
l'Initiative de mise en OEuvre Accélérée de l'EPT qui est
de 50% des dépenses courantes de l'Education. Comme montre le tableau
ci-dessous, c'est l'enseignement supérieur qui détient la plus
grande proportion après le primaire. En effet, la part de l'enseignement
supérieur passe de 32,2% en 2014 à 45% en 2011 puis à
37,1% en 2014 tandis que la part de l'enseignement technique et professionnel
qui représente la seconde priorité après
l'élémentaire stagne autour de 5%. Cette répartition est
à améliorer pour répondre aux priorités en
matière d'éducation (UNESCO, 2015).
Figure 1.1: Répartition intra -sectorielle des
dépenses courantes d'éducation
Source : rapport synthétique de la Guinée sur l'EPT
à l'horizon 2015
1.6 Contexte politique et administratif du
système éducatif guinéen
Dans cette section on va présenter le contexte
politique et administratif du système éducatif guinéen. Il
s'agit plus spécifiquement, des politiques éducatives, des
dispositions juridiques et de l'organisation administrative du système
éducatif guinéen.
1.6.1 Politiques éducatives de la Guinée
Au cours des dernières décennies, la
communauté internationale s'est intéressée à
l'éducation, particulièrement celle du primaire, à cause
de sa plus-value en matière de
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 13
développement. Cela a suscité de multiples
conférences internationales, des études et l'élaboration
de documents de référence définissant non seulement les
objectifs mais également des stratégies de mise en oeuvre de ces
programmes (NGANAWARA, 2016).
La Guinée a mis l'éducation parmi ses
priorités en matière de politiques de développements
dès son indépendance. Mais ce n'est pratiquement qu'à
partir des années 1990 qu'elle a adopté d'ambitieux programmes et
projets de développement de son système éducatif. Parmi
les déclarations internationales et programmes d'éducation
auxquels le pays a ratifié, nous pouvons citer les jalons
ci-après :
V' La Déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948, qui affirme le droit à l'éducation pour toute
personne (Unesco, 1998) ;
V' La Convention relative aux droits de l'enfant de
1989, qui a reconnu dans son article 28 le droit de chaque enfant à
l'éducation (Nations Unies, 1989) ;
V' La Conférence de Jomtien (Thaïlande)
de 1990, qui a marqué le lancement de l'Éducation Pour Tous
(EPT), afin de traiter des insuffisances de l'éducation de base,
notamment dans les pays en développement (Unesco, 1998) ;
V' Le Sommet Mondial pour les Enfants (SME) de 1990
à New York (États-Unis), dont l'un des objectifs était
d'assurer l'accès et l'achèvement du cycle primaire par au moins
80 % d'enfants en âge d'aller à l'école (DSCN, 2001) ;
V' Le Forum Mondial sur l'Éducation de 2000
à Dakar (Sénégal) qui a fixé l'objectif de l'EPT
(Éducation pour Tous) de 2000 à 2015 (Unesco, 2003) ;
V' Le Sommet du Millénaire de 2000, au cours
duquel a été adoptée la Déclaration du
V' Millénaire constituée d'engagements
et d'objectifs vers lesquels il faut tendre (Nations Unies, 2005).
Ceux-ci ont contribué à l'élaboration et
la planification des politiques éducatives nationales en Guinée
à savoir :
V' Les Programmes d'Ajustement Sectoriels de
l'Éducation (PASE 1 et 2, 1986-2000) ;
V' Le Programme d'Ajustement au Développement de
l'Enseignement Supérieur
(PADES, 1998-2002) ;
V' Le Projet de Formation Initiale des Maîtres de
Guinée (FIMG, 1998-2002) ;
V' Le Programme Éducation Pour Tous (PEPT,
2001-2009) ;
V' Le Programme Sectoriel de l'Éducation (PSE) et
;
V' Le Fond Commun pour l'Éducations de Base
(FoCEB).
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 14
L'adoption et l'application de ces programmes
susmentionnés, ont abouti au relèvement du taux brut de
scolarisation en Guinée à tous les niveaux et plus
particulièrement celui du primaire. Au primaire, le TBS qui était
d'environ 30% en 1990, est passé à 70% en 2000 puis 82,91% en
2014.
En avril 1984, la Guinée a préféré
adopter le libéralisme économique au détriment de l'option
socialiste qui était en vigueur depuis l'indépendance. Ce sont
les travaux de la conférence nationale de l'éducation de juin
1984 que sont inspirées les politiques éducatives actuelles
(RGPH, 2014). Ces travaux ont assigné au secteur de l'éducation
trois grands objectifs pour son développement :
· La restructuration du système éducatif ;
· L'amélioration de la qualité de
l'enseignement et de la formation et ;
· Le renforcement des capacités de gestion, de
planification et d'administration de l'éducation.
Ces objectifs sont en conformité avec le DSRPIII et le
Programme Sectoriel de l'Éducation s'appuyant sur un Cadre de
Dépenses à Moyen Terme 2013-2015, en cohérence avec les
allocations budgétaires de l'Etat (RGPH, 2014).
Afin de mettre l'éducation au coeur des
préoccupations nationales en matière de développement, une
série de textes législatifs et règlementaires dont les
premiers remontent de 1984, sont :
· Les décisions issues de la conférence
nationale de l'éducation en juin 1984 ;
· La loi d'orientation N° L/97/022/AN du 19 juin 1997
;
· La lettre de politique sectorielle de l'éducation
;
· Les lettres de politiques sous sectorielles ;
· Les recommandations des assises nationales des
états généraux de l'éducation en octobre 2008 ;
· Les recommandations du Salon de l'éducation
organisé du 5 au 7 septembre 2011 à Conakry.
L'application de ces différentes recommandations et
reformes constitue une prémisse pour la formation de citoyens
responsables capable de s'intégrer harmonieusement dans le processus de
développement socio-économique du pays (RGPH-3, 2014).
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 15
Ces préoccupations nécessitent un
réajustement conséquent des recommandations et décisions
dans le but de poursuivre les priorités fixées par le
Gouvernement pour le secteur de l'Éducation (LPSE, 2014) :
? Priorité n° 1 : Poursuivre la scolarisation
primaire universelle de qualité en élargissant l'éducation
de base au premier cycle du secondaire et en veillant à la
réduction des disparités ;
? Priorité n° 2 : Améliorer la
qualité et la pertinence des enseignements et apprentissages à
tous les niveaux ;
? Priorité n° 3 : Développer des formations
en adéquation avec les besoins de l'économie nationale au niveau
des enseignements technique, professionnel et supérieur.
1.6.2 Quelques dispositions juridiques
La loi d'orientation promulguée en 1997 stipule que
l'éducation nationale en Guinée vise « à
élever le niveau de la population ; à former des hommes et des
femmes libres, capables de créer les conditions de leur
épanouissement à tous les niveaux, de contribuer au
développement de la science, de la technique et de la technologie, et
d'apporter des solutions efficaces aux problèmes de développement
national. Elle consiste à préparer les conditions d'un
développement intégral assumé par la nation toute
entière. Sa mission est de maintenir l'ensemble de la nation au courant
du progrès contemporain. » (Article 1). En outre, le
caractère démographique et laïc de l'éducation est
souligné (Article 2), et la formation au long de la vie est
érigée en principe (Article 4).
La loi n° L/97/022/AN du 19 juin 1997 adoptée et
promulguée par l'Assemblée Nationale portant orientation de
l'éducation nationale définit les caractéristiques
fondamentales de l'éducation en République de Guinée.
Le décret n°97/196/PRG/SGG du 1er août 1997
portant orientation du système d'éducation prend en charge les
principales innovations en matière d'organisation et de structures
introduites au cours des années 1990. Au plan général,
l'éducation est reconnue comme la première priorité
nationale. La scolarisation obligatoire se limite à l'enseignement
primaire mais elle est gratuite sur toute l'étendue du territoire
national jusqu'à l'université. Pour le primaire, le redoublement
est autorisé pendant deux ans. En milieu urbain, l'âge scolaire
est 6-14 ans et en milieu rural, il est de 6-16 ans.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 16
En dépit de l'article 4, la loi n° L/97/022/AN du
19 juin 1997 et le décret n°97/196/PRG/SGG du 1er août 1997
rendant gratuite l'enseignement des enfants en Guinée du primaire
jusqu'à l'Université quel que soit son lien de parenté
avec le chef de ménage, l'âge de l'enfant et le niveau
d'instruction de l'enfant. Nous considérons dans cette étude
enfant toute personne dont l'âge est entre 6 à 14 ans au moment du
recensement.
1.6.3 Organisation administrative du système
éducatif guinéen
Quatre départements ministériels intervenaient
dans le fonctionnement du système éducatif guinéen en 2014
à savoir :
y' Le Ministère de l'Action Sociale, de la Promotion
Féminine et de l'Enfance (MASPFE) : il est responsable du volet de
l'éducation préscolaire, notamment les maternelles ;
y' Le Ministère de l'Enseignement
Pré-Universitaire et de l'Alphabétisation (MEPUA) devenu
Ministère de l'Education Nationale et de l'Alphabétisation (MENA)
en 2018 : il s'occupe de l'enseignement primaire, de l'enseignement secondaire
général (collège et lycée) et de l'enseignement non
formel ;
y' Le Ministère de l'Enseignement Technique, de la
Formation Professionnelle, de l'Emploi et du Travail (METFP-ET) : il s'occupe
des institutions d'enseignement technique et professionnel qui forment aux
divers corps de métiers ;
y' Le Ministère de l'Enseignement Supérieur et
de la Recherche Scientifique (MESRS) : il s'occupe des Institutions
d'enseignement Supérieur et des Centres de recherche scientifique.
Concernant l'éducation préscolaire des enfants,
dont le MASPFE avait la charge, il a été recommandé dans
le rapport de synthèse de réflexion sur le système
éducatif guinéen réalisée en 2017, de créer
une Direction au sein du MEPUA pour assurer désormais cette
formation.
Dans le système éducatif Guinéen, on
distingue l'éducation formelle et l'éducation non formelle.
L'éducation formelle est constituée de l'Enseignement
Préscolaire, l'Enseignement Primaire, l'Enseignement Secondaire
Général, l'Enseignement Technique et la Formation Professionnelle
et l'Enseignement Supérieur.
L'enseignement maternel ou préscolaire : prépare
à la vie scolaire des jeunes enfants âgés de trois ans et
dure deux à trois ans.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 17
L'enseignement primaire : il dure six ans d'étude et a
trois sous-cycles de deux ans chacun. Le Cours Préparatoire1 (CP1) et le
Cours Préparatoire2 (CP2) ; le cours Elémentaire1 (CE1) et le
cours Elémentaire 2 (CE2) ; le Cours Moyen1 (CM1) et le Cours Moyen1
(CM2). La fin du cycle est sanctionnée par l'examen du Certificat
d'Etudes Primaires Élémentaires (CEPE). L'âge
théorique des élèves est de 6 à 11 ans. A ce
niveau, on apprend l'enfant à lire, à écrire et à
calculer et, on prépare aussi l'enfant à son intégration
progressive et harmonieuse à son environnement en lui donnant les moyens
soit d'accéder à un établissement d'enseignement
secondaire (général, technique et professionnel), soit à
l'insertion dans la vie active.
L'enseignement secondaire général
(collège et lycée) : il est assuré dans les
collèges et lycées. La durée totale des études est
de sept ans répartis en deux cycles d'études. Le premier cycle ou
collège couvre les quatre premières années (classes de
7ème, 8ème, 9ème et 10ème année) et le
second cycle ou lycée s'étend sur les trois dernières
années (classes de 11ème année, 12ème année
et la Terminale). La fin des études du premier cycle est
sanctionnée par le Brevet d'Études du Premier Cycle (BEPC) alors
que celle des études du second cycle est sanctionnée par le
Baccalauréat unique, diplôme permettant d'accéder à
l'enseignement supérieur. Il a pour vocation de former les agents de
niveau moyen.
L'enseignement technique et la formation professionnelle : il
vise à : (i) assurer aux apprenants ayant terminé le primaire
sans pouvoir accéder au secondaire, un encadrement adéquat pour
les corps de métiers ; (ii) aider les enfants non scolarisés et
déscolarisés et se trouvant dans les structures informelles
à mieux s'organiser et à planifier leur formation ; (iii)
préparer, à partir de la fin du premier cycle du secondaire, les
jeunes apprenants titulaires ou non du BEPC à faire des études
professionnelles dans les centres de formation professionnelle (CFP) ; (iv)
préparer, à partir de la fin du deuxième cycle du
secondaire, les jeunes apprenants titulaires ou non du baccalauréat
à faire des études techniques moyennes ou supérieures.
Toutes ces formations durent généralement trois (3) ans et sont
sanctionnées respectivement par une attestation, un brevet
d'études professionnelles (BEP), un Certificat d'Aptitude Professionnel
(CAP), un Brevet de Technicien Supérieur (BTS).
L'enseignement supérieur et la recherche scientifique :
L'enseignement supérieur comprend des formations générales
et des formations professionnelles et accueille, dans les facultés, les
écoles et les instituts supérieurs, les titulaires du
baccalauréat ou toute autre certification admise en équivalence
pour les préparer aux différents diplômes nationaux de
l'enseignement supérieur.
Quant à l'éducation non formelle,
organisée au niveau du MEPUA, regroupe l'alphabétisation et
l'éducation des adultes. L'enseignement non formel, selon l'article 7 de
la loi d'orientation de l'éducation de 1997, vise à donner aux
jeunes et aux adultes non scolarisés et enfants
déscolarisés, à travers une alphabétisation
fonctionnelle et d'autres actions de promotion, une éducation dont le
but est l'accroissement de la productivité du travail et l'accession des
hommes à d'autres modes de pensée (RGPH, 2014).
Figure1.2 : Organisation du système
éducatif
4
3
5
3
4
2
3
2
1
1
ETP
BTS, DUT
Type B
Universités
2
Instituts Supérieurs
1
24 6
23
22
21
20
19
7
18
2
17
6
1
16
5
15
4
14
3
2
13
12
1
S e c o n d a i re
1er cycle (Collège)
2nd cycle (Lycée)
ETP (CAP - BTP) Type A
11
6
Autorités de Tutelle :
10
5
Écoles Primaires
9
4
8
3
Scientifique
7
2
6
1
5
3
Préscolaire
4
2
3
1
Ministère de l'Enseignement Technique, de la formation
professionnelle, de l'Emploi et du Travail
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche
Ministre de l'Action Sociale de la Promotion Féminine et
de l'Enfance
Ministère de l'Enseignement Pré Universitaire et
de l'Alphabétisation
Source : Rapport RGPH-3, 201
1.7 L'offre scolaire
Cette section présente dans l'ensemble les principales
d'infrastructures scolaires publiques. Il s'agit de l'état et structure
de l'offre scolaire, l'évolution de l'offre publique scolaire, notamment
l'évolution du nombre d'établissements et de salles de classe, la
continuité de l'offre éducative au primaire, la
disponibilité de latrines dans les écoles publiques, la
disponibilité des cantines scolaires au public et la
disponibilité de points d'eau dans les écoles publiques.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 18
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 19
1.7.1 Etat et structure de l'offre scolaire
Les contextes économique, socioculturelle,
démographique, politique et institutionnel, présentés
ci-haut, affectent à des degrés divers l'offre d'éducation
du pays notamment son niveau, sa structure et sa répartition sur le
territoire national. L'offre d'éducation est l'un des principaux
facteurs explicatifs des disparités dans la scolarisation des enfants
ainsi que les déperditions scolaires.
Cette section dédiée à l'offre
d'éducation en Guinée s'articule autour des
éléments ci-après : l'évolution récente de
l'offre d'éducation, les types d'offres d'éducation et
équité dans sa répartition entre les milieux et
régions de résidence.
1.7.2 Evolution de l'offre scolaire publique
Malgré les difficultés économiques et
socio-économiques récentes de la Guinée, l'offre publique
d'éducation a continué de croître à un niveau
très appréciable. Entre 2008 et 2014 en moyenne le nombre
d'écoles au primaire, construites sur investissement public, a cru de 3%
passant de 7598 en 2008 à 8829 en 2014. Au cours de la même
période le nombre de salles de classes au primaire a cru à un
rythme de (3,5%) passant de 32.721 salles en 2008 à 38.853 salles en
2014. Au niveau du secondaire, au cours de cette période, on observe
également des niveaux de croissance aussi bien en termes d'école
(7,3%) qu'en termes de salles de classes (7,2%) (MEPUA, 2016).
1.7.3 Evolution du nombre d'établissements et de
salles de classe
De 2008 à 2012, le nombre d'écoles primaires est
passé globalement de 7 391 à 8 313 soit un Taux d'Accroissement
Moyen Annuel (TAMA) de 3,0% (MEPUA, 2012). Entre 2011 et 2016, ce nombre n'a
pas cessé d'augmenter en passant de 8 024 à 9 559, soit un TAMA
de 2,96%. Pour cette période, le nombre de salles de classe est
passé de 34 791 à 41 199, soit un TAMA de 2,86% (MEPUA, 2016).
Malgré cet accroissement sans cesse de l'offre scolaire
en termes d'école et de salles de classe, le rapport de l'offre publique
d'éducation à la demande potentielle montre l'insuffisance de
l'offre au niveau national. Au primaire, nous avons 1 école pour 328
enfants scolarisables et au secondaire 1 collège pour 2 146 enfants
scolarisables et 1 lycée pour 7 269 enfants en âge de
fréquenter ce cycle. Des disparités entre les régions
administratives existent. Concernant le niveau primaire, les régions de
Faranah et de Labé sont les mieux loties avec respectivement 1/213 et
1/217 écoles par enfants scolarisables et par contre la
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 20
région de Conakry est la moins bien lotie avec une
école pour 2013 enfants scolarisables. Des disparités
régionales existent également au niveau secondaire (MEPUA,
2012).
1.7.4 Continuité de l'offre scolaire au primaire
L'offre éducative au primaire est
caractérisée par une forte présence d'écoles
à cycle incomplet. En 2012, au niveau national, 67% des écoles
sont à cycle incomplet. Selon les régions administratives, la
situation est plus accentuée au niveau des régions de
Labé, Mamou, Faranah et Kankan avec 86,5%, 84,1%, 81,2% et 79,3%
d'écoles à cycle incomplet respectivement. Seul le cas de la
région de Conakry (11,4% d'écoles à cycle incomplet) peut
au moins être apprécié, sinon partout ailleurs nous sommes
au-delà des 65% de présence d'écoles à cycle
incomplet. Cette situation ne favorise pas la continuité
éducative et pourrait être à l'origine de nombreux cas
d'abandon (MEPUA, 2012).
1.7.5 Disponibilité de latrines dans les
écoles publiques
Dans une école, l'existence de latrines fonctionnelles
favorise l'accès et le maintien des enfants à l'école,
surtout les filles. Dans le compte de l'année académique
2015/2016, le quart des écoles primaires publiques ne disposent pas de
latrines. Sur les 6 638 écoles publiques, 75% sont dotées de
latrines contre 25% qui ne le sont pas. Cette dernière proportion varie
d'une région à une autre de sorte que les régions de
Labé (35%), Boké (28%), Nzérékoré (27%),
Kindia (25%) et Kankan (24%) ont les plus fortes proportions d'écoles
sans latrines. La région de Conakry a la faible proportion avec 4%
d'écoles sans latrines (MEPUA, 2016).
1.7.6 Disponibilité de points d'eau dans les
écoles publiques
Le problème d'eau se pose avec acuité dans la
grande majorité des écoles primaires publiques. Dans le rapport
des statistiques scolaires de 2015/2016, il ressort qu'en moyenne, sur le plan
national 76% des écoles publiques ne disposent pas de points d'eau. Un
énorme écart s'observe entre la zone urbaine (64%) et la zone
rurale (78%).
1.7.7 Disponibilité des cantines scolaires au
public
Dans un pays comme la Guinée où la
majorité de la population souffre de l'extrême pauvreté, la
plupart des parents d'élèves n'ont pas souvent les moyens
nécessaires pour donner régulièrement à leurs
enfants ce qu'ils doivent manger pendant qu'ils sont à l'école.
Cette situation rend les enfants issus des ménages pauvres
vulnérables puisqu'ils fréquentent les mêmes
établissements, dans la plupart des cas, avec les enfants issus des
ménages riches. L'un des moyens qui contribue non seulement à
améliorer la santé nutritionnelle des élèves
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 21
mais aussi favorise en même temps l'accès des
enfants à l'éducation et leur maintien à l'école
est la présence des cantines scolaires dans les
établissements.
En Guinée, l'UNCEF en collaboration avec le PAM ainsi
que le MEPUA et bien d'autres structures (notamment des ONG), s'est
engagé dans la construction des cantines scolaire afin de pouvoir tout
au moins maintenir les enfants déjà scolarisés à
l'école. En 2015/2016, le nombre d'écoles publiques qui
disposaient de cantines scolaires fonctionnelles était de 1348 (soit
20%) avec un effectif de 269 105 élèves
bénéficiaires (15% du total). La région de
Nzérékoré est la plus dotée de cantines scolaires
au public avec 45% du total. Elle est suivie par la région de
Boké (18%). Les régions de Kindia (8%) et de Mamou (1%) sont les
plus défavorisées après la capitale Conakry (MEPUA,
2016).
1.8 Impact des redoublements et abandons en termes de
gaspillage des ressources à l'élémentaire
Pour avoir une idée sur le coût unitaire de
l'élève du primaire, on va se servir de l'analyse faite dans le
rapport des statistiques scolaires 2011/2012. Pour ce faire, les analystes ont
considéré les dépenses courantes du primaire et les
effectifs pour les quatre dernières années. Pour chaque
année, il a été divisé les dépenses par le
nombre d'élèves. Ainsi, le coût unitaire moyen d'un
élève du primaire est de 242 000 FGNF en 2008, 228 000 FGNF en
2009, 296 000 FGNF en 2010 et 255 000 en 2011. En 2011, le coût global
dû aux redoublements, en milliers de GNF, est de 57 935 490 soit 14,8%
des dépenses courantes du primaire alors qu'il était de 51 539
950 en 2008 soit 15,6% des dépenses courantes. Le coût des
abandons quant à lui est passé, en milliers de GNF, de 37 654 474
soit 11,4% des dépenses courantes du primaire en 2008 à 46 078
755 en 2011 soit 11,7% des dépenses. Pour calculer le coût global
cumulé, ils ont fait la moyenne des coûts des quatre
dernières années. Ce qui leur a donné un coût
unitaire moyen de 255 000 GNF. Il a été supposé que le
coût unitaire est constant pour tous les niveaux d'étude.
En 2011, les abandons qui ont lieu entre la classe de CP1 et
celle du CM2 ont un coût global cumulé, en milliers de GNF, de 31
717 045. Quand on sait que tous les enfants qui quittent l'école
à ce niveau retombent dans l'illettrisme pur et simple, ce montant
représente donc un gaspillage des finances publiques et donc un exemple
type du désinvestissement social. (MEPU-A, 2012).
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 22
1.9 Disparités entre filles et garçons en
matière de fréquentation scolaire
Dans le contexte Guinée, même si la situation
s'est améliorée au cours de ces dernières
décennies, les filles restent encore non seulement les moins
scolarisées, mais aussi se sont-elles qui abandonnent précocement
l'école comparativement à leurs homologues garçons. Par
exemple, on voit même qu'entre 2008 et 2012 la différence s'est
creusée de plus dans le cadre d'accès au primaire. En effet, en
2008, le taux d'accès au primais était 79,3% pour les
garçons contre 70% pour les filles soit un indice de parité de
0,91 alors en 2012, c'était 88,9% pour les garçons contre 70,9%
pour les filles soit un indice de parité de 0,89 (MEPU-A, 2012). Cette
situation a préoccupé DIALLO M. B et all (2009) dans le cadre du
Programme des subventions ROCARE pour la recherche en éducation,
à rechercher les déterminants des disparités entre filles
et garçons en matière de scolarisation en Moyenne Guinée.
Les résultats descriptifs du troisième RPHH de 2014 montre
également une faible scolarisation des filles par rapport aux
garçons quelques soient le cycle d'étude considéré.
Au préscolaire, on enregistre 10,7% chez les garçons contre 10,1%
chez les filles ; au primaire, on a 79,5% chez les garçons contre 70,5%
chez les filles ; au secondaire cycle, on a 42,5% chez les garçons
contre 27% chez les filles et enfin on a au niveau universitaire, 15,1% chez
les garçons contre 6,8% chez les filles. Par ailleurs, pour ce qui est
de l'abandon scolaire, il ressort toujours des résultats descriptifs du
troisième RPHH de 2014 que, chez les enfants de 6 à 14 ans, la
proportion d'abandon est de 10,8% chez les garçons contre 12,1% chez les
filles.
1.10 Famille et composition des familles en
Guinée
La famille est définie comme une entité
démographique dont les membres sont très
généralement liés par les liens de sang, d'adoption ou de
mariage et vivant ou pas sous le même toit ou en proximité (RGPH,
2014). Cette entité, d'origine socioculturelle et historique,
connaît de nos jours une mutation due à la croissance
démographique conduisant souvent à son éclatement en des
entités de taille plus réduites appelées «
ménage ».
Culturellement en Guinée, la famille est
constituée autour des liens de sang, d'adoption, de confiage et surtout
autour d'un « noyau familial » déterminé par le
mariage. Chaque individu d'une famille est animé d'un souci, celui de
fonder un foyer, avoir un toit. Ce souci ancestral est encouragé par les
ascendants qui se placent au premier plan pour préparer le mariage de
leur enfant (Garçon/fille). La société guinéenne
confère à l'homme la responsabilité de la gestion de la
famille, du ménage. Il est difficilement admissible que la femme soit
chef de famille ou ménage mais, de manière circonstancielle, cet
état de fait est
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 23
toléré. La plupart des femmes devient souvent
chef de ménage après le décès du conjoint, ou le
divorce ou encore en cas d'absence prolongée du conjoint (RGPH,
2014).
La typologie des familles considérée dans ce
travail est la suivante :
Ménage non familial : c'est un ménage comprenant
le chef de ménage et éventuellement d'autres personnes, à
l'exclusion de tout autre membre de son noyau familial (conjoint et enfant)
;
Ménage familial conjugal : c'est un ménage
comprenant le chef de ménage ainsi que son ou ses conjoints et
éventuellement d'autres personnes, à l'exception de ses enfants
;
Ménage familial monoparental : c'est un ménage
comprenant le chef de ménage, ses enfants et éventuellement
d'autres personnes, à l'exclusion de son ou ses conjoints ;
Ménage familial : c'est un ménage comprenant le
chef de ménage, son ou ses conjoints, ses enfants et
éventuellement d'autres personnes apparentées avec le chef de
ménage.
En guise de conclusion, ce chapitre a permis de
présenter et de décrire les éléments contextuels
(géographique, historique, démographique, économique,
culturelle et politique) de cette étude. La connaissance de ce contexte
est indispensable pour la suite des étapes de cette étude. En
effet, on peut retenir qu'en Guinée, la population est relativement
jeune, près de la moitié (44,9%) est âgée de moins
de 15 ans. Cependant les ressources allouées à l'éducation
des jeunes sont généralement très insignifiantes. Il
ressort également de ce chapitre que le système éducatif
guinéen a connu plusieurs reformes jusqu'à nos jours. En plus,
malgré des efforts consentis au cours de ces dernières
années dans le renforcement des capacités du système
éducatif, les principaux indicateurs d'éducation restent encore,
en moyenne, relativement très « faibles ». Enfin, la notion de
famille (composition des familles) a aussi été
présentée.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 24
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
Antérieurement, des études fondées sur
différents paradigmes ont été réalisées et
suggèrent que l'explication de l'abandon scolaire des
élèves dépend de deux groupes de facteurs : les facteurs
de l'offre d'éducation et les facteurs de la demande d'éducation.
L'abandon scolaire des milliers de jeunes a une signification profonde et
complexe, et comporte certainement des messages qu'il importe de comprendre et
de décoder (B. SAWADOGO et B. SOURA, 2002). En effet, l'abandon scolaire
est un long processus cumulatif et hiérarchisé qui s'explique
à partir des facteurs personnels mais aussi familiaux et
scolaires6 (FORTIN & al, 2005). Ce chapitre est composé
de deux sections : la revue de la littérature et le cadre conceptuel.
2.1 Revue de la littérature
Dans ce chapitre, nous allons d'abord passer en revue des
approches théoriques développés antérieurement par
bon nombre de théoriciens pour comprendre les différences en
matière de réussite scolaire, et enfin seront
présentés les différents facteurs associés à
l'abandon scolaire des enfants relevés à partir des études
empiriques antérieures.
2.1.1 Les approches explicatives de l'éducation
Les approches explicatives de l'éducation sont des
éléments théoriques visant à donner des
orientations en matière de recherche sur les interactions entre la
trilogie élève, famille et école. En particulier, pour ce
qui est de l'abandon scolaire, elles visent à mettre en exergue les
principaux facteurs explicatifs. Il s'agit de l'approche socioculturelle,
l'approche psychologique, l'approche économique et l'approche
institutionnelle.
2.1.1.1 Approche socioculturelle
Le phénomène de l'abandon scolaire a
été clairement analysé sous l'angle sociologique
grâce aux travaux de Bourdieu et Passeron, de Boudon et de Bertrand.
Partant tous du constat selon lequel il y a des différences de
réussite scolaire selon l'origine sociale des enfants : les enfants des
cadres réussissent mieux que les enfants des ouvriers. On peut retenir
de ces études « Les Héritiers » et «
la reproduction » de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron et
« L'inégalité des chances » de Raymond Boudon.
Ces études expliquent clairement pour le cas de la France, au
début de la deuxième moitié du XXème siècle,
les différences de réussite scolaire entre les enfants des cadres
(des familles riches ou aisés) et les
6 Les facteurs personnels et
familiaux relèvent de la demande scolaire alors que les facteurs
scolaires sont de l'offre scolaire.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 25
enfants des ouvriers (des familles pauvres ou modestes) sur la
base d'un certain nombre de questionnements : Le système scolaire
contribue-t-il à atténuer l'inégalité des chances ?
L'aggrave-t-il au contraire ? Quels sont les facteurs extra-scolaires qui
déterminent cette inégalité des chances ? Cependant ces
études sont basées sur des approches diamétralement
opposées : les deux premières sont de la tradition
holiste, c'est-à-dire le tout l'emporte sur les parties. La
dernière quant à elle, est de la tradition individualiste
où on part des individus pour avoir l'ensemble des individus, le
tout est formé des éléments.
? Théorie de la reproduction sociale selon
Bourdieu et Passeron.
Pierre Bourdieu est de tradition holiste. Il suppose
que pour comprendre le fonctionnement de l'école face aux
inégalités en matière de réussite, il faut analyser
l'ensemble du système scolaire et non pas partir des choix des
individus. C'est en 1964 que Bourdieu et Passeron montraient pour la
première fois dans « Les héritiers », les
inégalités des chances d'accéder à l'enseignement
supérieur pour les fils de cadre et les fils d'ouvrier. En 1970, dans
« La reproduction », ils insistent à nouveau sur les
inégalités de chance de réussite scolaire et
dénoncent en même temps une tendance à la «
reproduction » des catégories sociales.
Pour eux, l'école est un instrument de reproduction
sociale au service des classes dominantes et que de génération en
génération, les individus ou les groupes d'individus cherchent
à maintenir ou à améliorer leur position sociale : c'est
le principe de la reproduction sociale. Cependant les stratégies de
reproduction ne sont pas toujours les mêmes, elles varient d'une
époque à une autre. Par exemple, dans les sociétés
traditionnelles, les stratégies matrimoniales permettaient d'assurer la
reproduction sociale. Par contre dans nos sociétés actuelles,
c'est le diplôme qui sert de « passeport » indispensable
à l'obtention d'un emploi.
? Analyse de Bourdieu et Passeron sur les
inégalités liées au fonctionnement de
l'école
La réussite scolaire des enfants des classes dominantes
ne s'explique pas par leur talent (leur don) mais par leur héritage
culturel ainsi que le fonctionnement de l'école. C'est-à-dire que
chaque participant au jeu social dispose de ressources assimilables à
des capitaux, largement léguées par les parents
(Bourdieu et Passeron, 1984).
PARENTS ========================================== > ENFANT
CAPITAUX (culturel, économique, social)
Le capital culturel peut être les connaissances, dont la
maîtrise de la langue, l'amour de l'Art. Le capital économique
quant à elle renvoie aux ressources matérielles, la
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 26
transmission d'un outil de travail par exemple. Quant au
capital social, c'est l'étendue des relations sociales, par exemple
héritage d'un carnet d'adresse. Les familles transmettent à leurs
enfants, un capital culturel que l'école va valoriser car celui-ci est
un prérequis des exigences de l'école (culture libre, langage,
mode de raisonnement...). L'école en privilégiant des
qualités comme l'expression orale ou écrite, la possession d'une
culture extra-scolaire conforme à la culture dominante, n'est qu'un
habitus pour les enfants des classes dominantes (même valeurs,
même goûts culturels...) et les favorisent dans le processus
d'apprentissage par rapport aux enfants des classes basses.
Le rôle que va jouer l'école dans la reproduction
sociale d'une génération à l'autre, ne favorise pas
l'égalité des chances mais elle renforce voire justifie
plutôt les inégalités, elle n'est donc pas neutre. Elle ne
serve qu'à la reproduction de la classe dominante. Pendant que la
socialisation de la famille et la socialisation scolaire se
complémentent pour la classe dominante, elles sont en même temps
diamétralement opposées pour la classe dominée. On a
parfois l'impression de l'égalité des chances, tout en faisant de
l'école, un instrument de sélection sociale. Dans ces conditions,
les enfants des classes populaires acceptent leur élimination et la
considèrent comme normale parce que tout simplement les enfants et leur
famille ne maîtrisent pas réellement leur destin scolaire.
Même la démocratisation de l'accès
à l'éducation n'entraine pas systématiquement la
réduction des inégalités sociale. Dans Les
héritiers, les auteurs précisent que « en dehors
des inégalités d'accès observées, on peut trouver
une preuve de l'importance des obstacles culturels dans le fait que, même
après quinze ans ou plus d'homogénéisation par
l'école, on remarque chez les étudiants des différences
d'attitudes et d'aptitudes liées à l'origine sociale
».
Théorie de l'inégalité des
chances selon Raymond Boudon
A l'opposé de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron,
Raymond Boudon est le Chef de file de l'individualisme méthodologique
(où on part des individus pour avoir l'ensemble des individus, on fait
la somme des comportements individuels, s'inspirant ainsi de Max Weber). Pour
lui, contrairement à Bourdieu et Passeron, pour comprendre
l'école, il faut partir de la stratégie des individus, il existe
dans ce cas ce qu'il appelle un « homo sociologicus »,
c'est-à-dire un individu rationnel, libre de ses choix et qui fait donc
la vie sociale (il est actif, acteur et non pas passif comme Bourdieu). De
même, il constate qu'il existe dans notre société une
« inégalité des chances » selon l'origine sociale mais,
son explication est différente de celle de Bourdieu.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 27
Boudon part du principe selon lequel l'école est neutre
et que les inégalités scolaires ne sont que le résultat
des différences des stratégies individuelles par rapport aux
origines sociales. Pour lui, l'école est constituée d'un ensemble
de points de bifurcation (choix de la langue, des options au collège,
choix des filières en première, choix post-bac : fac ou grandes
écoles) et qu'à chaque point de bifurcation, ils existent des
stratégies individuelles qui varient selon l'origine sociale.
En effet, les élèves et leur famille comparent
à chaque décision les coûts et avantages de leurs choix.
Où le coût renvoie au temps perdu, l'effort financier consenti,
rupture avec la culture du milieu familial, risque d'échec ... et les
avantages renvoient au salaire élevé et le niveau social plus
élevé. Tant que les avantages sont supérieurs au
coût, l'individu continue ses études. Mais dans cette logique, les
familles issues de milieux modestes surestiment le coût et sous-estiment
les avantages du diplôme alors que c'est le contraire pour les familles
issues de milieux privilégiés. Ce qui traduirait
évidemment qu'un élève issu d'un milieu modeste choisira
plus facilement de s'arrêter au BEPC ou au Bac (c'est déjà
une réussite par rapport aux parents) ou des filières courtes
(rentabilité immédiate) alors qu'un élève issu d'un
milieu aisé s'arrêtera rarement au niveau bac (coût
psychologique trop important de l'arrêt des études). Ainsi, les
inégalités scolaires s'expliquent par les actions, les
stratégies individuelles et des familles dans le système scolaire
et non pas par le fonctionnement de l'école que pense Bourdieu.
2.1.1.2 Approche psychologique
Nous avons retenu dans cette approche deux principaux groupes
de théories à savoir les théories de la motivation
présentées sous quatre principales dimensions et les
théories de l'apprentissage dont trois seulement ont été
retenues et présentées dans ce travail. Elles s'appuient sur des
concepts tels que la cognition, le comportement, la motivation, l'attitude,
l'aptitude, etc. Ces théories expliquent et permettent de comprendre les
changements plus ou moins néfastes dans un processus d'apprentissage.
a) Les théories de la motivation
Depuis les années soixante, les études portant
sur la motivation se sont multipliées, Lewin fut l'un des premiers
chercheurs à traiter le sujet avec une certaine rigueur scientifique.
D'après C. RIVALEAU (2003), la motivation est
« un processus psychologique qui cause le déclenchement,
l'orientation et le maintien d'un comportement ». Elle précise
bien avant sa définition, que la motivation n'explique pas totalement le
comportement d'un individu mais
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 28
qu'un comportement est motivé quand il est consciemment
voulu, quand il a un objectif et un sens. Par nature, habitude et
nécessité, les gens travaillent. Ils choisissent un travail plus
ou moins rentable parmi tant d'autres que les a imposés leur milieu et
leur cheminement antérieur. Ils accomplissent ce travail avec
zèle s'ils y trouvent un véritable sens. Pour REGINA-DEAU et
SABAN (2001), la motivation est l' « ensemble des facteurs qui
déterminent l'action et le comportement d'un individu pour atteindre un
objectif ou réaliser une activité ». C'est un processus
qui consiste à susciter chez l'apprenant l'envie, le désir
d'apprendre, à capter son attention, à s'intéresser. Chez
les élèves, la motivation à plusieurs fois
été déterminant en matière de la réussite
scolaire. Elle pousse l'élève à changer de comportement,
à s'intéresser de plus en plus aux activités de
l'école.
Les théories de la motivation sont fondées sur deux
hypothèses fondamentales que
sont :
? L'homme est libre du choix de ce qu'il fait ou ne fait pas ;
? Les actions de l'homme sont toujours orientées vers
un objectif, qu'il soit conscient ou non.
Du point de vue évolution, le contenu des motivations a
connu des changements dans l'histoire. Par exemple dans l'Antiquité, le
travail était réservé aux esclaves et le "non-travail" aux
hommes libres, riches ou non. A partir du Xème siècle,
le travail a pris une valeur salvatrice. Mais ce n'est qu'au XXème
siècle, dans les années trente, que le terme motivation est
apparu.
Il ressort des travaux de C. Charbonneau quatre dimensions de
la motivation qui sont pour lui les principales confrontant théoriciens
et chercheurs intéressés par la motivation. Il s'agit de :
la dimension chaud-froid ; la dimension
extrinsèque-intrinsèque ; la dimension
général-spécifique et la dimension «
inné-acquis ».
? La dimension chaud-froid
Dans cette dimension, la conception chaude consiste à
relier la motivation à l'affection. Toute conduite vise la recherche du
plaisir, de la satisfaction ainsi que la fuite de la douleur, de la
frustration. Plus l'élève a le plaisir ou le sentiment de
réussir, plus sa motivation sera forte. L'affectivité et les
émotions sont le substrat de la motivation. Un pareil point de vue
paraît a priori mieux adapté pour expliquer des conduites
liées à la curiosité ou à la prise de risque
(CHARBONNEAU, 2003). Quant à la conception froide, elle
relie la perception à la motivation. En effet, la perception que chacun
a de lui et de son
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 29
environnement à un moment donné induit la
motivation. Dans cette conception, il est supposé que face à une
situation, la motivation d'une personne est fonction de la complexité de
l'analyse de la situation. C'est-à-dire plus l'analyse de la situation
est complète, plus la personne est motivée. Dans ce cas, toute
conduite vise ce qui est perçu par la personne dans un contexte
donné.
? La dimension
extrinsèque-intrinsèque
Dans cette dimension, la motivation extrinsèque suppose
que toute conduite vise à respecter un ordre établi à
l'extérieur de soi. Elle se substitue à la locution je
dois le faire. En d'autres termes, cela signifie que plus on
conditionne, plus on renforce la motivation. Ainsi dit, l'impulsion de
départ de la conduite vient de l'extérieur de soi, d'une
obéissance au désir, à la perception d'un autre.
En ce qui concerne la motivation intrinsèque,
contrairement à la précédente, elle part du fait que toute
conduite vise à répondre à un besoin personnel. Autrement
dit, la forte conscience de soi s'accompagne d'une forte motivation. Elle se
substitue à la locution je veux le faire. A ce niveau,
l'impulsion de la conduite vient de l'intérieur de soi, d'une pulsion,
d'un désir, d'une perception personnelle (CHARBONNEAU, 2003).
Pour un peu plus de détail dans ce dernier cas, il importe de
retenir que trois besoins fondamentaux constituent ses fondements, selon les
théories modernes de la motivation: le besoin de compétence, il
renvoie à une nécessité de développer des
comportements offrant une satisfaction liée à la réussite
et à un sentiment de progrès ; le besoin
d'autodétermination, ce dernier estime que le sujet qui a conscience de
ses objectifs organise son activité autour de quatre pôles pour
les atteindre; et enfin le besoin d'appartenance sociale, il correspond
à une nécessité d'entretenir avec autrui des relations
sociales satisfaisantes et enrichissantes (REGINA-DEAU et SABAN, 2001).
? La dimension
général-spécifique
Le général ici substitue la vie à la
motivation et suppose qu'il n'y a qu'un seul but en motivation : vivre. Le seul
grand réservoir de la motivation n'est donc rien d'autre que celui de la
vie. La motivation spécifique quant à elle prône que la
force de la motivation dépend de la force du besoin vécu dans
l'instant et que les besoins varient selon les situations vécues. Quant
aux buts spécifiques, plusieurs apparaissent dans la vie des individus
selon la maturation et l'expérience de chacun (CHARBONNEAU,
2003).
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 30
? La dimension « inné-acquis
»
La conception « inné » de cette
dimension souligne que la plupart des buts poursuivis sont issus de la nature
humaine même, plus on laisse émerger les besoins personnels, plus
la force de la motivation sera grande. La recherche de l'actualisation de
chacun est à l'origine de la plupart des comportements. En ce qui
concerne la deuxième conception « acquis » de cette
dimension, elle postule que les gens poursuivent la plupart du temps les buts
qu'on leurs a appris à poursuivre. La force de la motivation est en
étroite relation avec la présence de stimuli significatifs dans
l'environnement immédiat de la personne (CHARBONNEAU, 2003).
C'est d'ailleurs cette idée qui considère
l'environnement physique et social comme déterminant de la plupart des
conduites humaines.
b) Les théories de l'apprentissage
Ce sont des théories qui se sont
développées en vue de comprendre les différences de niveau
d'adaptation généralement observées dans un groupe
d'apprenants tout en se basant sur les comportements de ces derniers. Elles ont
en commun une certaine idiologie : le fonctionnement psychique repose sur un
mécanisme essentiel, la réaction à des stimulations ; les
comportements nouveaux reposent sur la répétition des
expériences de stimulation, on parle alors de théorie du
conditionnement (ou de l'apprentissage) ; et enfin, les observations comme les
seuls stimuli et les réactions comportementales, principe du
Behaviorisme. Parmi ces théories nous avons principalement retenu le
behaviorisme, le cognitivisme et le constructivisme. Il est à
reconnaître avec conscience qu'il n'y a pas que ces trois modèles,
il en existence plusieurs autres modèles, mais nous pensons que ces
trois-là sont parmi les plus significatifs à l'heure actuelle et
qu'ils sont censés nous renseigner convenablement au regard de notre
phénomène.
? Le behaviorisme
D'après TARDIF et BIHAN7, le
béhaviorisme puise son origine de la tradition anglo-saxonne de la
philosophie empiriste. Ses ancêtres sont : John Locke, David Hume. Il
s'est développé aux États-Unis dans la première
moitié du XXème siècle. Ses principaux penseurs
sont Pavlov, Watson, Guthrie, Skinner et Gagne. Cette théorie est
fondée sur trois postulats que sont :
7 Dans cette section, les références liées
à ces deux auteurs renvoient au module_14 de leur note de cours
tiré sur le net à partir du lien suivant :
http://eta1001.crifpe.ca/docs/notes
de cours/Module 14.pdf
1.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 31
Le postulat épistémologique de l'unité de la
science : l'être humain est un animal ;
2. Le postulat méthodologique : il faut observer
uniquement les comportements, l'esprit est une « boîte noire
», on ne saura jamais ce qui s'y passe ;
3. Le postulat anthropologique de la plasticité de
l'être humain : aptitude à se « déformer ».
Du point de vue définition, le béhaviorisme se
veut une psychologie scientifique fondée sur l'observation et
l'expérimentation empirique des phénomènes
comportementaux. Il étudie les réactions et les actions
observables d'un organisme quelconque (animal ou humain) en réponse
à des stimuli observables. Cette psychologie cherche à
découvrir les lois qui régissent les comportements des organismes
vivants et donc à les prédire et à les contrôler.
Elle débouche donc sur une technologie de contrôle des
comportements des organismes.
Pour le béhaviorisme, on ne peut pas aller voir ce qui
se passe dans la tête d'un apprenant. Raison pour laquelle, celle-ci est
considérée comme une « boîte noire » dont la
connaissance n'est pas nécessaire à la compréhension de ce
qui est déterminant dans l'apprentissage. Ce qui est important, ce sont
les conditions dans lesquelles s'effectue un apprentissage. C'est pourquoi,
pour les behavioristes, comprendre le problème se ramène à
connaître les facteurs de l'environnement qui influencent
significativement cet apprentissage, des indicateurs essentiellement
comportementaux, donc observables (APSMS, 1997). Le schéma
béhavioriste simplifié de l'apprentissage est le suivant :
Figure 2.1 Schéma béhavioriste
Conditions extérieures (stimuli) Boîte Noire
Comportements observables
Dans sa conception de l'apprentissage spontané, les
êtres vivants apprennent en fonction des conséquences de leurs
actions : leurs comportements sont renforcés ou non
récompensés par l'environnement. Apprendre, c'est donc modifier
un comportement (une réponse) en fonction des réactions qu'il
engendre. Plus un comportement est renforcé, plus il tend à se
répéter (TARDIF et BIHAN).
Dans l'enseignement, le behaviorisme vise à ce que : la
psychologie de laboratoire recherche et énonce des lois de
l'apprentissage et des mécanismes de modifications des
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 32
comportements ; la psychopédagogie intègre ces
recherches dans la formation des enseignants conçue selon le
modèle des sciences appliquées et que l'enseignant en classe
applique les connaissances psychopédagogiques aux situations
concrètes. Il est un gestionnaire des comportements des
élèves (TARDIF et BIHAN).
Dans une perspective behavioriste, l'enseignant a des
rôles à jouer. Il doit pouvoir maintenir, développer ou
faire disparaître certains comportements à l'aide de renforcements
adéquats (récompenses, félicitation, etc.) ; l'enseignant
doit déterminer des objectifs d'apprentissage très précis
qui correspondent à des comportements observables chez les
élèves. Il doit organiser et sérier les objectifs qu'il se
propose d'atteindre. Une fois les objectifs précisés,
l'enseignant doit observer les comportements des élèves et
renforcer systématiquement et immédiatement les comportements
qu'il veut maintenir ou développer et ignorer les comportements qu'il
veut voir disparaître. Enfin, l'enseignant doit élaborer des
techniques de renforcement des comportements des élèves (TARDIF
et BIHAN).
Le béhaviorisme a été une contribution
importante à la compréhension des mécanismes
d'apprentissage chez les animaux notamment l'homme. Cependant des critiques lui
ont été faites et de nouveaux cadres conceptuels sont apparus
(par exemple la conception objectiviste de Lorenz et les modèles
constructivistes des éthologistes contemporains). En effet, le
béhavioriste ne prétend maintenant épuiser le
problème de l'apprentissage animal par la seule connaissance du couple
stimulus-réponse (S-R). Sur cette base, on pourrait faire apprendre
n'importe quoi à n'importe quel animal (même homme). Ce qui n'est
pas toujours le cas. Il y a des barrières infranchissables, des
mécanismes internes dont il faut tenir compte. Le concept de «
boîte noire » n'est plus défendable. L'un des plus
grands reproches est lié à son point de vue réductionniste
qui consiste à étendre ses conclusions d'expérimentation
sur des animaux (rats et pigeons) aux humains, comme si les deux se situaient
à la même échelle. C'est au regard de toutes ces critiques
qu'affirmait l'autre que le vieux rêve de Watson (1924) :
«donnez-moi une douzaine de bébés sains, bien
formés, et le monde que j'aurai moi-même défini pour les
éduquer, je vous garantis que je puisse prendre n'importe lequel au
hasard et faire de lui le spécialiste qu'il me plaira - médecin,
juriste, artiste, administrateur, et, si l'on veut, mendiant ou voleur, quels
que soient ses talents, ses penchants, ses tendances, ses aptitudes, sa
vocation, et la race de ses ancêtres», ne se réalisera
heureusement pas.
· LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 33
Le cognitivisme
Si le modèle behavioriste basait son raisonnement sur
l'environnement d'apprentissage et les comportements observables de
l'apprenant, le cognitivisme, comme son nom l'indique, va s'intéresser
à l'étude de la cognition (connaissance dans le sens du processus
et du produit). Il s'oppose ainsi au behaviorisme et en parallèle avec
le développement de l'informatique et de l'intelligence artificielle. En
sciences de l'éducation, le cognitivisme trouve son origine dans les
années 1950-1960 et s'intéresse soit au fonctionnement de
l'intelligence, à l'origine de nos connaissances ainsi que les
stratégies employées pour assimiler, retenir et réinvestir
ces connaissances. Pour les cognitivistes, les hommes peuvent être
considérés « comme des ensembles systémiques
ouverts qui ont la possibilité de communiquer avec l'environnement [...]
traitent l'information venant de l'extérieur et se régule en
fonction d'elle » (CRAHAY, 1999 p. 251, Cité par DA COSTA,
2014). Les théories cognitivistes partent du principe que le cerveau est
basé sur trois éléments fondateurs : La perception
sensorielle (processus de capture de l'information par nos 5 sens, avec
éventuellement un court traitement), la mémoire de travail
(stockage à court terme de plus ou moins 7 informations ou groupe
d'informations pour l'analyse) et la mémoire à long terme
(stockage de l'information pouvant ainsi être réutilisé
ultérieurement) (DA COSTA, 2014).
· Apports du cognitivisme à
l'apprentissage : conception cognitive de l'apprentissage selon
Tardif
Nombreux sont des auteurs (notamment J. TARDIF, 1992) qui se
sont intéressés au traitement de l'information par le cerveau et
en déduits des implications directes pour l'apprentissage. TARDIF a
présenté à cet effet, un modèle d'apprentissage
fondé sur l'importance de l'appropriation graduelle et effective des
stratégies cognitives. Son modèle admet un certain nombre de
principes de base d'apprentissage que sont :
· L'apprentissage est un processus dynamique de
construction des savoirs : sujet actif, constructif et motivé ;
· L'apprentissage suppose l'établissement de
liens entre les nouvelles informations et celles déjà
organisées (représentations) ;
· L'apprentissage exige l'organisation incessante des
connaissances ;
· L'apprentissage suppose la mobilisation des
stratégies cognitives et métacognitives ainsi que les savoirs
disciplinaires ;
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 34
? L'apprentissage produit renvoie aux connaissances
déclaratives, procédurales et conditionnelles (TARDIF, 1992).
Les enseignants auront dans ce cas, le rôle de
concepteur et de gestionnaire, le rôle d'entraîneur, le rôle
de médiateur et le rôle de motivateur. Ils doivent s'appuyer sur
une conception de modes d'évaluation : évaluation
fréquente ; évaluation des connaissances, des stratégies
cognitives et métacognitives ; évaluation souvent formative et
parfois sommative ; la rétroaction est centrée sur l'emploi des
stratégies utilisées et sur la construction des schémas
des sens que constituent les réponses.
? Le constructivisme
A l'égard des deux modèles
précédemment présentés, le constructivisme a
également oeuvré dans le domaine de l'apprentissage. A
l'opposé du behaviorisme, il va au contraire repositionner l'apprenant
au centre de ses analyses, en postulant que l'apprenant construit activement
ses connaissances au travers de ses interactions avec le réel et
l'assimilation avec ses connaissances antérieures. Du point de vue
définition, selon (PERRENOUD, 2003) : « Le
constructivisme n'est ni une mode, ni une doctrine, Ce n'est pas non plus, en
soi, une démarche pédagogique. C'est une " loi " de
l'apprentissage humain, qui dit que tout apprentissage passe par une
activité mentale du sujet, une activité de réorganisation
du système de schèmes et de connaissances existan., Sans cette
activité, invisible mais intense, aucun élément nouveau ne
peut être intégré ».
En termes de contribution à l'apprentissa ge, le
constructivisme a grandement contribué dans les pédagogies
modernes, il a profondément marqué les pédagogies
modernes. Comme le souligne PERRENOUD (2003), « nombre de
systèmes éducatifs ont fait du constructivisme leur
"théorie de référence ». Le constructivisme fait
aujourd'hui partie de l'outillage théorique de base des acteurs de
l'enseignement grâce aux travaux de J-S Bruner, qui s'appuyant sur les
travaux de Piaget et Vygotski, assoira les fondements modernes du
constructivisme PERRENOUD (2003). Pour DOOLITTLE (1999) cité par Julien
DA COSTA (2014), ils existent des conditions nécessaires (8 en nombre
résumé) à une pédagogie constructiviste. Ces
conditions sont présentées ci-dessous telles qu'elles sont
relevées et expliquées par Julien DA COSTA.
1. Présenter des situations d'apprentissage
complexes renfermant des activités authentiques : Les
élèves doivent résoudre des problèmes complexes
similaires à ceux qu'ils rencontrent dans la réalité ;
2.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 35
Procurer des interactions sociales : La collaboration
entre les apprenants procure des occasions de partager leur manière de
concevoir les choses ;
3. Un contenu et un savoir-faire signifiants à
l'élève : Le contenu et les habiletés qu'il se
propose d'acquérir doivent avoir un sens pour lui ;
4. Un contenu et un savoir-faire proches des acquis de
l'élève : Tout apprentissage doit partir des acquis de
l'élève ;
5. Les élèves doivent
bénéficier d'une évaluation formative continue :
Comme l'apprentissage est un processus continu, l'enseignant doit
régulièrement évaluer de façon formative
l'état de l'apprentissage actuel de l'élève en tenant
compte du processus plus large dans lequel il s'insère ;
6. Être responsable de son apprentissage :
L'apprentissage de l'apprenant dépend de lui-même et non de son
enseignant. Cet apprentissage nécessite un engagement profond de la part
de l'apprenant ;
7. Les enseignants sont d'abord des guides et des agents
facilitants de l'apprentissage. L'enseignant n'est pas un instructeur. Il
propose plutôt à l'élève des expériences
aptes à susciter des acquisitions significatives ;
8. Revoir des contenus et les présenter selon diverses
perspectives. La connaissance n'est pas unique. L'élève apprend
à percevoir une réalité selon divers points de vue afin de
construire sa propre vision de cette réalité perçue.
2.1.1.3 Approche économique
L'approche économique de l'abandon scolaire consiste
à l'explication théorique sous l'angle économique des
différences en matière de réussite scolaire. Le
modèle utilisé ici est la demande d'éducation, un
modèle de la théorie du capital humain.
a) La théorie du capital humain : le modèle
de la demande d'éducation
La théorie du capital humain fut initialement
développée par Gary Becker en 1964 et largement diffusé
par la publication de son ouvrage majeur intitulé « Human
capital ». Dans cet ouvrage une analyse économique des
différences en matière de poursuite scolaire a été
faite et largement diffusée. Le modèle théorique
étant la demande d'éducation.
Pour Patrick GUILLAUMONT cité par SHOUAME (2018), le
capital humain est « le capital incorporé dans l'homme, disons
encore l'ensemble des biens qui, incorporés dans l'homme permet
d'accroître la productivité du travail humain : il s'agit en fait
de l'éducation
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 36
et de la santé, qui ont le double caractère
d'être produit et d'être des biens de production ». Dans
cette définition, l'éducation et la santé sont
considérées dans un premier temps comme des biens produits,
résultant d'un ensemble d'activités. Dans un deuxième
temps, elles sont considérées comme des biens de production,
c'est-à-dire elles contribuent à la production d'autres biens. Le
capital humain étant ainsi globalement défini, nous allons par la
suite, nous contenter de sa deuxième dimension qui est celle liée
à l'éducation. Le modèle qui lui est associé est le
choix des études, donc la demande d'éducation (SHOUAME, 2018).
Le modèle de la demande d'éducation part de
l'idée selon laquelle le capital (la capacité de production d'un
individu) est difficilement perceptible par l'autrui, le diplôme est
cependant l'élément crédible à fournir de
l'information sur la productivité des travailleurs au moment de
l'embauche. Ainsi, plus l'individu à un diplôme
élevé plus sa capacité de production est grande. Pour
Becker, le choix de poursuivre ou au contraire d'arrêter l'école,
résulte d'un calcul purement économique basé sur le
principe coûts-bénéfices : les individus arrêtent de
fréquenter à partir du moment où ils ne pensent plus avoir
de gains (ils pensent perdre) en continuant l'école que s'ils se
limitaient au niveau atteint.
Dans ce cas une longue étude permet donc d'augmenter la
productivité des individus et de générer un flux de
bénéfices valorisable à la fois sur le marché du
travail et dans la production. Les moins diplômés ont en revanche
plus de difficultés à s'insérer en raison d'une plus
faible capacité productive. En outre, ces derniers ont également
une plus forte substituabilité du capital ce qui les rend plus
vulnérables sur le marché du travail (FLAYOLS, 2015).
b) Le modèle de la demande d'éducation et
ses limites
L'éducation étant supposée comme
investissement, il est normal de penser que chaque individu va chercher
à optimiser le rendement de son investissement éducatif ou
plutôt à continuer ces études tant que le taux de rendement
sera supérieur à celui des investissements alternatifs. Le
modèle de la demande d'éducation part donc de la comparaison
entre le coût des études et le supplément de gains
anticipés. En distinguant trois périodes à savoir :
? La période de scolarité obligatoire (0-t0) ? La
scolarité additionnelle (t0-t 1)
? La vie active (t0-tk ou t1-tk). Pour simplifier, nous
supposons que l'âge de fin de la vie active (noté tk) est le
même pour tous.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 37
Figure 2.2 Schéma du modèle de la demande
d'éducation
Un individu n'ayant pas poursuivi ses études
au-delà de la scolarité obligatoire perçoit un salaire
w0f(t) où w0 résultant du diplôme initial et f(t) traduit
l'effet de l'expérience professionnelle pendant la vie active. A
contrario, un individu effectuant un investissement en capital humain percevra
w1(t) où w1>w0 et pourra envisager une courbe d'expérience
professionnelle différente (9(t)). Afin d'assurer sa formation ce
dernier subira des coûts directs (CD) et des coûts
d'opportunité (CI) liés au renoncement du salaire qu'il aurait
perçu s'il était entré sur le marché du travail
directement après la période de scolarité obligatoire.
Nous pouvons alors calculer les bénéfices B(t) retirés
d'un investissement en capital humain :
tk
B(t) _ 1 (wi9(t) - wof (t))
(1 + r)t
t=t1
Les coûts de l'investissement sont les suivants :
tk
c(t) _ 1 (CD(t) - Ci(t))
(1 + r)t
t=to
|
tk
_ 1(CD (t) + wof (t))
(1 + r)t
t=to
|
La rentabilité de l'investissement en capital humain
est donc définie par la différence entre les gains et les
coûts associés à ce dernier, soit R(t)= B(t)-C(t).
L'investissement se poursuit tant qu'il est rentable (R(t)>0) et cesse
lorsque le profit est nul. À ce point, le taux de rendement (r) est
alors appelé le taux de rendement interne de l'investissement en capital
humain,
? Les limites du modèle
S'il est vrai que l'absence d'instruction est un handicap pour
la productivité, il reste difficile de fixer le seuil minimum à
partir duquel l'employé est le plus productif. Il est quasi impossible
de déterminer quelle instruction supplémentaire provoque quelle
productivité
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 38
marginale. Et même si l'instruction peut contribuer
à la croissance de la productivité, cette contribution n'est
possible que lorsque les structures économiques sont à même
d'absorber toutes les personnes scolarisées.
Il est manifestement contredit par des observations empiriques
relativement à sa conclusion sur la méritocratie. Il admet que
les plus doués font les études les plus longues et les plus
difficiles et que des individus également doués font les
mêmes études, plutôt qu'ils font tous des études
aussi longues et aussi difficiles, le choix précis du sujet
dépendant à taux de rendement égal, des gouts des
individus. Or le fait que les enfants d'origine sociale plus modeste quittent
l'école plutôt et ont tendance à choisir plus souvent des
filières dont le rendement des études est relativement bas n'est
clairement pas explicable par le modèle du capital humain. Pas plus
d'ailleurs que ne le sont les disparités géographiques dans les
taux de scolarisation (SCHOUAME, 2018).
Pour NOUMBA Issodor (2008), un double problème se pose
à ce modèle. Même dotés d'un même niveau
d'éducation, les individus ne sont pas traités de manière
symétrique sur le marché du travail. Le salaire peut varier en
fonction du secteur dans lequel l'individu est employé. On parle alors
de rendements variables de l'éducation. De même, investir dans
l'éducation constitue un risque à cause de la probabilité
d'abandonner l'école avant la fin du cycle où l'individu est
inscrit et d'achever ce cycle sans trouver un emploi
rémunérateur.
SCHOUAME (2018) exprime que si l'on analyse la logique du
modèle de demande d'éducation, on voit que l'on peut mettre en
question les hypothèses suivantes :
? L'éducation n'est demandée que dans un but
d'investissement ; ? La demande d'éducation ne dépend pas des
variables d'offre. 2.1.1.4 Approche institutionnelle
La plupart des travaux sur le décrochage (abandon)
scolaire convergent sur le fait que ce phénomène est
multidimensionnel, et que ses origines sont multiples et peuvent être
appréhendées par des cadres théoriques de
différentes disciplines (ROBERTSON et COLLERETTE, 2005). Si les
études en psychologie mettent surtout l'accent sur les dimensions
intrapsychiques, comportementales et socio-interactionnelles, des facteurs
structurants des institutions ou encore du rapport entre les classes sociales,
et que les sociologues et des historiens s'intéressent également
en examinant la problématique sous l'angle de la construction sociale du
phénomène, les chercheurs en éducation se penchent
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 39
davantage sur les liens entre le décrochage, les
méthodes pédagogiques et l'environnement éducatif (BRUNO
et all, 2017).
Dans cette dernière approche soutenue par les
chercheurs en science d'éducation, il est supposé que l'abandon
scolaire ou les inégalités en matière de réussite
scolaire, relèvent essentiellement des méthodes
pédagogiques ainsi que l'environnement éducatif. ROBERTSON et
COLLERETTE (2005) relèvent un certain nombre de facteurs de
l'environnement scolaire qui influencent l'abandon scolaire à partir des
études empiriques. En effet, d'après eux, plusieurs auteurs ont
démontré l'influence de l'école sur l'expérience
scolaire des adolescents, par ses structures, son organisation du curriculum et
son climat. Ils continuent en soulignant que « peu d'études ont
démontré un lien explicite entre l'environnement scolaire et le
décrochage ; néanmoins, les liens observés entre
l'absentéisme et le décrochage (Bos et al., 1990), de même
que les résultats d'études concernant l'influence de
l'environnement scolaire sur la réussite (Janosz et al., 1998)
suggèrent que l'école, en tant que milieu de vie, reste l'un des
principaux déterminants de la persévérance scolaire
».
L'organisation scolaire est également
considérée dans cette approche comme déterminant dans
l'explication de l'abandon scolaire des élèves. En effet, les
écoles qui incorporent une grande diversité de cheminements
éducatifs au secondaire et qui comportent une population très
diversifiée sur les plans ethniques, culturels, intellectuels semblent
moins efficaces (RUMBERGER, 1995 cité par ROBERTSON et COLLERETTE,
2005).
Les pratiques éducatives ont été
également relevées par ARCHAMBAULT et CHOUINARD (1996)
cité par JANOSZ (2000). Par exemple les écoles où l'on
utilise une gamme variée de pratiques pédagogiques semblent les
plus efficaces. De plus, ces écoles efficaces font usage de
stratégies de gestion novatrices, d'un bon système d'encadrement
ainsi que d'un système de reconnaissance axé sur le renforcement
plutôt que sur la punition.
FISCHER Lorenzo (2004) dans une recherche sur l'abandon
scolaire en Italie, suppose que « Si la baisse de la dispersion
scolaire constatée ces dernières années dans le
deuxième cycle du secondaire atteste d'une demande d'instruction accrue
dans la société italienne, elle pourrait en partie aussi masquer
les efforts déployés par les chefs d'établissement et les
enseignants pour éviter les fermetures de classes et les fusions
d'instituts que la baisse de la démographie serait susceptible
d'entraîner ». De cette hypothèse, il affirme que si
cette dernière hypothèse se révélait fondée,
« les indicateurs formels du pourcentage accru de réussite
scolaire ne correspondraient pas, dans les mêmes proportions, à de
réels progrès qualitatifs de l'offre éducative, ni
à une formation capable de
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 40
garantir, à un nombre croissant de jeunes,
l'acquisition effective de capacités et de compétences
».
Cette approche permet de comprendre comment l'organisation
dans établissement, notamment les règlements intérieurs,
peut favoriser ou non la réussite des élèves.
2.1.2 Résultats des études empiriques
Les théories susmentionnées ont été
vérifiées à partir des données d'enquêtes ou
de recensements dans plusieurs études antérieures.
Dans cette section, on va présenter la synthèse
des résultats auxquels ils sont parvenus en mettant en relation les
indicateurs de tel ou tel concept avec le phénomène
étudié ici.
2.1.2.1 Les facteurs individuels
L'élève est un acteur principal dans le
processus d'apprentissage, il est rationnel et participe pleinement aux jeux
éducatifs (BOUDON, 1984). Concernant l'abandon scolaire, des facteurs
tels que le sexe de l'enfant, son âge, son statut d'handicap, son lien de
parenté avec le chef de ménage ainsi que la survie de ces parents
biologiques, sont avérés dans la plupart des études
antérieurs comme déterminants (AKOUE, 2007 ; PILON, 2005 ;
SAWADOGO et SOURA, 2002 ; Diallo, 2001).
? Sexe de l'enfant
Contrairement aux observations faites dans la plupart des pays
développés, la réussite scolaire des enfants dans les pays
en développement en particulier ceux d'Afrique subsaharienne, est plus
favorable aux enfants de sexe masculin. En effet, les filles sont
généralement les plus vulnérables en matière de
fréquentation scolaire en Afrique : elles sont non seulement faiblement
inscrites en termes d'effectif mais aussi, si elles fréquentent, elles
sont encore les plus touchées par l'abandon scolaire précoce.
Dans de nombreuses études, le sexe de l'enfant a
été avéré comme déterminant de l'abandon
scolaire des élèves (SAWADOGO et SOURA, 2002). Par exemple,
SAWADOGO et SOURA en distinguant les trois niveaux d'enseignement du primaire
(CP, CE et CM), montrent qu'à partir du CM, ce sont les filles qui
abandonnent plus facilement par rapport aux garçons. Mais avec l'avenue
de la promotion des droits de la femme (notamment dans le domaine de
l'éducation), la modernisation et la démocratisation de
l'école ces dernières décennies dans les pays en voies de
développement, les différences en termes d'abandon scolaire entre
filles et garçons ne font que se réduire progressivement.
Cependant, dans les
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 41
zones rurales, de même que dans un pays où
règnent le mariage précoce, les filles sont
généralement plus enclines à la sortie scolaire
précoce que les garçons.
Anne LESSARD (2004) a de son côté, fait ressortir
dans sa thèse « Genre et abandon scolaire », les
différences des raisons d'abandon scolaire entre filles et
garçon. Elle est arrivée à conclure qu'outre le travail
qui consistait la raison la plus fréquemment citée chez les
filles (44%) et les garçons (75%), les filles abandonnait en raison de
problèmes personnels et familiaux, tandis que les garçons
abandonnaient pour des raisons scolaires. Les résultats de ces analyses
qualitatives indiquent que le processus d'abandon n'est pas vécu de la
même façon par les filles et garçons. L'abandon scolaire
est souvent précipité par un cumul de raisons et de facteurs de
risque (LESSARD, 2004).
Selon AKOUE (2007), la controverse demeure quant aux
écarts de réussite scolaire entre les filles et les
garçons. D'un côté dans le contexte des pays
industrialisés, les études montrent que, dans l'ensemble,
à tous les échelons du cursus scolaire, les filles obtiennent de
meilleurs résultats comparativement aux garçons. De l'autre
côté, dans les pays en voie de développent (notamment ceux
d'Afrique Subsaharienne) les recherches menées rapportent que les
garçons ont de meilleurs résultats scolaires. Même s'il
existe des inégalités de résultats scolaires entre les
genres au niveau des matières un fait demeure, les garçons
réussissent mieux à l'école que les filles dans les pays
en développement. Dans la même perspective, une étude
réalisée par la Banque mondiale affirme qu'en Afrique, même
si le taux de scolarisation des filles a doublé depuis 1965, 15 % de
celles-ci ne poursuivent pas leurs études secondaires (AKOUE, 2007).
? Lien de parenté avec le chef de
ménage
D'après Marc PILON (2005), la circulation des enfants
au sein de la parenté constitue un des traits traditionnels des
systèmes familiaux africains. La littérature confirme que la
pratique du confiage des enfants, dont ceux d'âge scolaire, continue
d'être répandue en Afrique de l'Ouest. Ces études montrent
par ailleurs le caractère ambivalent du confiage des enfants en relation
avec la scolarisation : d'un les enfants sont confiés pour être
scolarisés et ; de deux, les enfants (particulièrement les
filles) sont confiés avant tout pour travailler (PILON, 2005).
Les quelques études qui se sont
intéressées à la relation entre confiage et
fréquentation scolaire des enfants en Afrique corroborent que, dans un
même ménage, les enfants du chef
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 42
de ménage sont mieux scolarisés et soutenus que
les autres enfants « confiés » (PILON, 2003 ; PILON, 2005 ;
BALDE, 2017).
Parfait M. ELOUNDOU-ENYEGUE et David SHAPIRO dans un article
publié en 2005, se posent la question si la pratique du confiage
d'enfants peut-elle servir à niveler les inégalités
scolaires en Afrique ? Ils postulent donc que cet effet de nivellement
dépend de trois paramètres du confiage : sa prévalence, sa
distribution et son effet bénéfique sur l'éducation des
enfants confiés. Quant à la prévalence, ils aboutissent
aux résultats pour lesquels le confiage des enfants est en augmentation
au centre du Cameroun : « En termes bruts, la prévalence du
confiage s'est accrue dans le temps, par rapport à 1960-1969, la
prévalence du confiage s'est multipliée par 1,48 au cours de la
décennie 1970-1979 ; 1,97 au cours de la décennie 1980-1989 et
2,32 au cours de la période 1990-1995 » (ELOUNDOU-ENYEGUE et
SHAPIRO, 2005).
Le lien de parenté est l'une des variables les plus
utilisées dans le contexte africain pour expliquer des
différences en matière de réussite scolaire ou au
contraire l'abandon scolaire. Il ressort dans la plupart des études que
les enfants d'un chef de ménage sont mieux scolarisés (et mieux
suivis) que les autres enfants confiés vivant dans le ménage
(KOBIANE, 1999 ; Pilon, 2003, Pilon, 2005).
? Travail extrascolaire de l'enfant
Le travail extrascolaire ou domestique de l'enfant est un
facteur explicatif de l'abandon scolaire dans le contexte africain (MARCOUX,
1994 ; PILON, 2002 ; NTOUDA BETSOGO, 2011 ; OIT, 2007). Par exemple, dans le
mémoire de BETSOGO (2011) intitulé « travail des
enfants et abandon scolaire au Cameroun », il arrive aux
résultats selon lesquels, le travail des enfants à travers le
nombre d'heures effectué par semaine à une influence directe sur
l'abandon précoce de ces études. En effet, lorsque pour un enfant
le nombre d'heure de travail diminue, il a de forte chance pour qu'il
n'abandonne pas ces études en début de cycle.
2.1.2.2 Les facteurs familiaux
La famille, milieu extrascolaire des enfants, n'est pas neutre
dans l'explication de l'abandon scolaire, voir les différences en termes
de réussite scolaire des enfants. Au contraire, elle participe
activement. Les familles ont la responsabilité d'accompagner et de
soutenir l'éducation des enfants. Ainsi, des variables telles que la
structure familiale, le statut matrimonial du chef de famille ou de
ménage, la structure par âge et par sexe du ménage et la
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 43
taille du ménage sont généralement celles
utilisées dans la littérature pour appréhender l'effet de
la famille sur les résultats scolaires des enfants.
? Taille du ménage
Du point de vue théorique, les études
s'intéressant entre la taille du ménage (ou de la famille) et la
réussite scolaire des enfants s'inscrivent généralement
dans le courant des théories économiques. L'enfant étant
considéré comme un bien économique dont l'utilité
dépend de ses avantages et coûts perçus par les parents, sa
scolarisation résultera d'un calcul purement économique de type
coûts-bénéfices. Cette situation fera que dans les
ménages de grande taille (avec notamment des enfants en bas âge),
s'exerce une ponction importante sur les ressources financières du
ménage, et limite par conséquent les capacités de celui-ci
à investir dans la scolarisation des enfants (KOBIANE, 2002).
? Statut matrimonial du chef de ménage
Dans une recherche documentaire au compte du CREPAS en 2001
sous le thème « Les milieux à risque d'abandon scolaire.
Quand pauvreté, conditions de vie et décrochage scolaire vont de
pair », Isabelle Bouchard relève parmi les déterminants
familiaux de l'abandon scolaire, la structure familiale en confrontant famille
monoparentale (gynoparentale, une famille monoparentale dirigée par une
femme) et famille biparentale à l'aide des résultats de Lipman et
al. (1998). Cette distinction est une forme de catégorisation de la
variable statut matrimonial du chef de ménage. En effet, selon cette
étude, les enfants vivant dans des familles gynoparentales
éprouvaient des difficultés pour les mêmes raisons que ceux
évoluant dans des familles biparentales : sous-scolarisation et
état de santé mentale de la mère, faibles
compétences parentales, dysfonctionnement de la famille et soutien
social déficient obtenu par la mère. D'ailleurs, la
majorité des enfants à risque (75 %) vivaient avec leurs deux
parents. Cependant, un pourcentage particulièrement élevé
d'enfants vivant avec une mère seule avaient différents
problèmes. À titre d'exemple, les auteurs soulignent que 29 % des
enfants ayant des problèmes scolaires et 32,8 % des enfants socialement
mésadaptés sont issus d'une famille gynoparentale alors que ces
familles représentent environ 15 % du total des familles canadiennes.
Par ailleurs, les ménages polygames sont souvent
défavorables à la fréquentation scolaire et au soutien des
enfants à l'école. D'après NGANAWARA (2016), la polygamie
semble être plus néfaste pour la scolarisation des enfants. Les
enfants qui proviennent de familles désunies ou reconstituées
(remariages), des ménages dirigés par des célibataires,
sont
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 44
relativement plus vulnérables à l'abandon
scolaire. La composition familiale aurait des effets sur les résultats
scolaires des enfants.
? Sexe du chef de ménage
Les ménages en Afrique subsaharienne sont
généralement dirigés par les hommes qui sont en même
temps les principaux pourvoyeurs de l'économie du ménage. Les
ménages dirigés par les femmes sont donc susceptibles
d'être pauvres du fait même que ces dernières deviennent
dans la plupart des cas chef de ménage que dans des circonstances
particulières (décès du conjoint, déplacement du
conjoint, divorce, etc.). Plusieurs études ont montré l'existence
de lien entre le sexe du chef de ménage et la scolarisation des enfants
du ménage. Mais, contrairement à ce qu'on pourrait s'attendre,
pour la plupart d'entre elles, il ressort que c'est dans les ménages
dirigés par les femmes que les enfants sont plus scolarisés et
mieux encadrer dans la perspective de la poursuite scolaire. Parmi ces
études nous pouvons citer : NGANAVARA (2016) et WAKAM (2001) dans le
contexte Camerounais ; CLEVENOT et PILON (1996) dans une étude portant
sur sept pays d'Afrique subsaharienne (Ghana, Kenya, Madagascar, Malawi,
Rwanda, Sénégal, Zambie), M. Pilon dans le cas du Togo.
2.1.2.3 Facteurs scolaires
L'environnement scolaire est un déterminant qui a
été associé au processus de l'échec scolaire des
filles, Brookover et all, 1979 cités par AKOUE (2007) ont
suggéré que le climat de l'école aurait un impact
significatif sur les résultats scolaires des élèves. Pour
Ouellet (1987), il est clair qu'un climat sain et favorable à la
réussite dans une école est le reflet d'un leadership
pédagogique et d'un consensus sur des orientations précises,
aussi bien au niveau de l'apprentissage des élèves qu'au niveau
de leurs comportements.
Dans le cas des pays en développement, il importe de
souligner les travaux de Heyneman, (1986) portant sur l'efficacité des
systèmes éducatifs. En effet, il montre que la qualité des
écoles et des professeurs sont des facteurs déterminants pour
l'apprentissage scolaire. De nombreux auteurs corroborent aux résultats
selon lesquels, facteurs scolaires susceptibles d'influencer l'apprentissage
des élèves sont le type d'école, la taille de la classe et
l'équipement scolaire (Marceau & Cowley, 2004 ; AKOUE, 2007).
? Le type d'école
La performance scolaire des élèves est l'un des
indicateurs de la qualité dans le fonctionnement du système
scolaire. Elle est fonction du taux de réussite scolaire qui, à
son tour, sert d'indicateurs et détermine généralement le
choix des parents d'inscrire leurs enfants
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 45
dans une école. Par exemple dans une étude
réalisée dans les écoles secondaires au Canada, les
écoles privées et internationales présentent de bonnes
performances comparativement aux écoles publiques (Marceau & Cowley,
2004). Ce qui pourrait orienter les parents dans le choix d'école
secondaire que fréquentera leur enfant. Dans une étude
réalisée en 2008, à dresser un profil de l'abandon
scolaire au Cameroun. Il ressort de cette que le taux d'abandon scolaire est
plus élevé dans les établissements publics que dans les
établissements privés. Dans le contexte guinéen, on
distingue deux types d'école : le privé et le public.
? Taille de la classe
Comparativement aux pays développés, dans les
pays en développement notamment ceux d'Afrique Subsaharienne, les
enseignants gèrent souvent des classes avec de gros effectifs
d'élèves. Ce facteur semble important sur les résultats
scolaires des élèves. Mulligan, cité par AKOUE (2007),
rapporte que dans une classe de vingt élèves, le temps de travail
de l'enseignant est de 61 %, et de 12%, dans une classe de cent
élèves, le pourcentage de temps restant serait alloué
à la gestion de la discipline dans la classe. Un nombre
élevé d'élève par classe pourrait affaiblir la
performance scolaire, car les conditions de travail seront difficiles aussi
bien pour l'enseignant que pour l'élève.
2.1.2.4 Les facteurs culturels
La culture est un déterminant dans les analyses
comportementales, de perceptions ou d'attitudes des hommes. En matière
de scolarisation et de l'encadrement des enfants, toutes les cultures ne sont
pas à même d'intégrer l'éducation occidentale.
L'éducation traditionnelle à travers les camps d'initiations,
reste encore monnaies courantes dans certaines communautés de nos jours.
Ainsi, la religion, l'ethnie, le milieu de résidence et le niveau
d'instruction du chef de ménage (comme dans notre cas) sont
généralement des variables utilisées pour
appréhender la culturelle dans les analyses.
? Religion
L'appartenance à une confession religieuse est à
l'origine d'une certaine différence de perceptions, de comportements et
d'attitudes. Ces perceptions, attitudes et comportements ne sont pas identiques
selon que l'on se situe par rapport à une confession religieuse ou par
rapport à une autre (Tchango, 2014). C'est donc reconnaitre en la
religion un facteur important de différenciation sociale, en
matière de l'éducation occidentale. Droz et Séraphin (2004
cité par Basinga Herve 2017), expriment que les chrétiens ont
plus de chance de bénéficier de l'éducation occidentale
que les autres.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 46
? Ethnie
Le concept ethnie vient du grec « ethnos » qui
signifie ensemble des peuples qui n'étaient pas organisés en
cités (polis) et des groupes d'êtres vivants (humains ou animaux)
qui vivaient ensemble. Ce vocable fut introduit pour la première fois en
sciences sociales à la fin du XIXème siècle par
G. Vacher de LAPOUGE.
La prise en compte de cette variable dans les analyses
démographiques en générale et particulièrement dans
l'abandon scolaire est souvent discutée. Face à la question de
l'utilisation de la variable ethnie dans les recherches démographie.
SALA-DIAKANDA relève deux opinions qui s'affrontent. La première
consiste à dire que l'ethnie perd de plus en plus son rôle de
différentiation significative entre individus et que la
difficulté qu'il y a à définir ce concept, il devrait
être abandonné. La deuxième veut que des études
soient faites, dans le cadre africain particulièrement, afin de
déterminer si oui ou non l'appartenance à tel groupe culturel
plutôt qu'à tel autre n'est plus- ou n'a jamais été
- l'une des variables cruciales dans l'explication des comportements
démographiques des individus, surtout en milieu rural africain
(SALA-DIAKANDA, 1980). A ces difficultés, s'ajoute son caractère
délicat, Son utilisation, si elle n'est pas contrôlée, peut
être à l'origine des perturbations voir des conflits.
Le cas des Lobi du Sud-ouest du Burkina Faso correspond
à un refus, dans la mesure où ceux-ci sont connus pour
s'être farouchement opposés à la colonisation et
jusqu'à nos jours, ils manifestent une certaine méfiance face
à tout ce qui provient de l'administration DIALLO M. B et all (2009).
PERE M. (1995 cité par KOBIANE J. F, 2002) rappelle de son
côté que cette résistance des Lobi à la colonisation
a été telle que les responsables de l'époque avaient fait
le serment sacré « qu'aucun de leurs enfants ne suivra, de quelque
manière que ce soit, et sous peine de malédiction et de mort, la
« voie des Blancs », la « mauvaise voie des étrangers
», dont l'école était par excellence l'empreinte ».
? Milieu de résidence
La distribution de l'offre scolaire est fortement
corrélée au milieu de résidence dans tous les pays, En
effet, c'est généralement en milieu urbain que la population
bénéficie plus de l'offre scolaire et c'est dans ce milieu que
d'abandon scolaire est généralement moins élevé par
rapport au milieu rural (DIALLO, 2001 ; NOUMBA, 2006 ; NOUMBA, 2008).
En recherchant un profil de l'abandon scolaire au Cameroun,
NOUMBA (2008), arrive à trois résultats préoccupant parmi
lesquels le taux d'abandon en milieu rural est plus
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 47
élevé que la moyenne nationale. Il justifie ce
résultat par le fait qu'il facile à trouver une occupation en
milieu rural.
L'une des raisons les plus apparentes de l'abandon scolaire
dans la littérature est la distance qui sépare l'école des
résidences des enfants l'ampleur est due au manque d'écoles dans
des villages. On ne trouve que les écoles à cycle complet dans
les grandes villes où la densité de la population est forte. Ce
n'est que très récemment que certains gros villages ou districts
ont été dotés d'écoles à cycle incomplet
allant de la première année en sixième années et
accueillant parfois les enfants des villages environnants (DIALLO, 2001 ;
AKOUE, 2007). Cette disparité favorise les enfants vivant en milieu
urbain par rapport aux enfants vivant en milieu rural en matière de
poursuite scolaire.
? Niveau d'instruction du chef de
ménage
Tous les travaux liés à l'éducation
scolaire, s'accordent jusque-là sur l'effet positif du niveau
d'instruction du chef de ménage sur l'éducation scolaire des
enfants. En suivant la perspective de Bourdieu et Passeron, c'est-à-dire
l'idée selon laquelle les hommes sont par nature à même de
se reproduire socialement d'une génération à une autre,
nous pouvons confirmer à première vue que dans un ménage,
plus le niveau d'instruction du chef de ménage est élevé
plus la probabilité de poursuivre est grande pour l'enfant vivant dans
le ménage.
En matière de poursuite scolaire, la prise en compte de
cette variable s'avère pertinente pour au moins deux raisons :
Premièrement, les enfants ont souvent tendance de
suivre les pas de leurs parents, à les prendre pour modèle de
référence. Ce qui fait que, dans les ménages où le
chef de ménage a beaucoup fréquenté, les enfants une fois
scolarisés auront en idée d'atteindre un niveau
considérable, plus ou égal à celui du chef de
ménage ;
Deuxièmement, les chefs de ménage instruits ont
l'expérience de la scolarisation en termes d'avantages et exigences et
par conséquent, ils accorderont d'importance à celle des enfants.
C'est la même chose qu'exprime NGANAWARA (2016) en affirmant que
connaissant les avantages et les exigences de la scolarisation, les chefs de
ménage instruits offrent des conditions favorables et
privilégient l'acquisition du capital humain à leur
progéniture. Ils ont par ailleurs plus de compétences pour
encadrer leurs enfants dans leurs études, suscitant en eux des ambitions
scolaires et professionnelles élevées.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 48
WAKAM (2001), en utilisant les données du RGPH de 1987
du Cameroun, montre l'existence d'une association entre le niveau d'instruction
du chef de ménage et la scolarisation des enfants du ménage. Dans
cette étude, il ressort qu'à un même niveau
élevé donné pour deux chefs de ménages de sexes
opposés, les garçons ont tendance à être plus
scolarisés que les filles dans les ménages dirigés par les
hommes et, dans les ménages dirigés par les femmes c'est
plutôt les filles qui ont tendance à être plus
scolarisées. Dans cette même lancée, SIME NGONGANG (2010),
dans la recherche des facteurs liés à «
inégalités en matière de scolarisation chez les
enfants orphelins de 6-14 ans au Cameroun » , abouti au
résultat selon lequel, le niveau d'instruction du chef de ménage
est déterminant : les enfants vivants avec des chefs de ménage de
niveau primaire et les enfants vivants avec ceux de niveau secondaire ou plus
ont respectivement 1,414 fois et 1,529 fois plus de chances de
fréquenter que ceux vivant avec les chefs de ménage sans niveau
d'instruction. Ces résultats nous montrent implicitement l'importance
qu'accordent les chefs de ménage selon leur niveau d'instruction.
Concernant toujours le lien entre le niveau d'instruction du
chef de ménage et la scolarisation des enfants, VREYER (1993) estime de
son côté que les parents instruits sont davantage à
même de bien valoriser la scolarisation comme il faut, et sont aptes
à allonger la scolarisation de leurs enfants en minimisant les
coûts directs liés à la fréquentation scolaire.
LACHAUD (2007) confirme de son côté en disant que la scolarisation
n'est pas valorisée dans les ménages où le chef
lui-même n'a pas été scolarisé.
2.1.2.5 Les facteurs socioéconomiques
D'un côté malgré la gratuité de
l'école primaire ces dernières années, certaines
dépenses scolaires incombent encore aux familles. Les frais de
transport, l'achat des fournitures scolaires (tenues, cahiers, stylos, etc...)
sont bien des dépenses courantes que doivent assurer les parents
d'élèves. De l'autre côté, en s'appuyant sur
l'analyse économique de l'abandon scolaire selon Becker, où
l'éducation est considérée comme investissement, il est
claire que cela demande des dépenses financières. D'après
une étude menée par KHALID GUEDDARI (2015) en milieu rural du
Maroc, les participants dénoncent trois types de soutien familial
(notamment financier, intellectuel et affectif) qui conduiraient les enfants
à abandonner l'école. Les variables souvent utilisées dans
les analyses pour capter la position socioéconomique des ménages
sont le niveau de vie du ménage, le statut professionnel du chef de
ménage et bien d'autres (notamment le statut d'occupation, le type
d'emplois, le revenu du ménage, etc...).
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 49
? Le niveau de vie du ménage
La considération de l'enfant comme source de production
est souvent une conséquence de la pauvreté des ménages
(BONNET, 1993 ; Myers, 1992). Ce sont les ménages les plus pauvres qui
tenteront donc à soutenir moins l'éducation de leurs enfants. En
recherchant les facteurs explicatifs de l'abandon précoce de
l'école au Sud-Kivu en RDC, MURHI MIHIGO et BUCEKUDERHWA BASHIGE (2017)
ont montré qu'en majorité (58 %) des gens ont arrêté
les études pour cause des difficultés financières des
parents. Ce résultat confirme le lien étroit entre la
pauvreté des ménages et le décrochage scolaire dont
prône Bouchard en 2001. De même, l'étude de GUEDDARI (2015)
réalisée au Maroc montre que la pauvreté dans le milieu
rural au Maroc conduit les enfants à l'abandon scolaire
précoce.
AKOUÉ (2007) dans sa thèse « le
redoublement des filles dans les classes de 3e des écoles
secondaires de Libreville au Gabon » constate que le statut
socioéconomique des parents et leur niveau d'instruction sont favorables
à la réussite scolaire des leurs filles. De même, dans une
étude enquête réalisée par Fleuret et al. (1992) en
Ouganda sur 237 cas d'abandon scolaire, la raison fondamentale de la non
scolarisation des filles reste le manque de moyens financiers.
Nous avons souvent constaté dans nos
sociétés une distinction entre les pauvres et les riches. Et
cette classification a souvent servi de facteur de différenciation en
matière d'éducation. Nous pouvons à titre d'exemples citer
les oeuvres de Raymond Boudon (1973) « l'inégalité des
chances », de Pierre Bourdieu et Person (1964) « les
héritiers » et « la reproduction sociale »
de Bourdieu (1970). Ces travaux ont pris naissance de l'observation faite entre
les fils des cadres et les fils des domestiques en matière de
réussite scolaire.
2.2.5.2 Le statut professionnel du chef de
ménage
Le statut professionnel du chef de ménage décrit
l'activité exercée par le chef de ménage. Sa prise en
compte dans la recherche des facteurs de l'abandon scolaire est importante en
ce sens que certaines catégories professionnelles n'ont pas
nécessairement besoin d'un niveau d'instruction pour être
pratiquées ou apprises par les individus. Si tel est le cas, dans une
logique de reproduction sociale où dans les ménages les enfants
ont tendance à suivre les pas du chef de ménage sur le plan
professionnel, on remarquera par exemple que les enfants des ménages
dirigés par des cultivateurs (exemple de cas où on n'a pas
forcément
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 50
besoin d'un niveau d'instruction) ne trouveront pas assez
important de continuer les études s'ils ont en idée de devenir
aussi cultivateurs.
D'après les résultats de l'étude
réalisée par NGANAWARA (2016), il ressort que les enfants dont le
chef de ménage occupe un emploi permanent présentent de forts
taux de fréquentation scolaire.
2.2 Cadre conceptuel
Après une large connaissance de la littérature
sur l'abandon scolaire des enfants, il est à présent question
d'orienter notre étude. Pour ce faire, nous allons d'abord
énoncer l'hypothèse générale de cette étude,
laquelle découlera le schéma conceptuel. Puis, suivra enfin la
définition des concepts de l'étude.
2.2.1 Hypothèse générale et
Schéma conceptuel
L'hypothèse générale de cette
étude est la suivante : l'abandon scolaire des enfants est fonction des
caractéristiques individuelles des enfants. Ces caractéristiques
individuelles sont modulées par l'environnement familial et
l'environnement scolaire qui, à leurs tours dépendent des
contextes socioéconomique et culturel.
Figure 2.3 Schéma conceptuel
Environnement scolaire
Environnement familial
Contexte socioéconomique
|
Contexte culturel
|
|
Caractéristiques individuels des enfants
Abandon scolaire
2.2.2 Définition des concepts
2.2.2.1 Famille
La famille est définie comme une entité
démographique dont les membres sont très
généralement liés par les liens de sang, d'adoption ou de
mariage et vivant ou pas sous le même toit ou en proximité (RGPH,
2014). Dans ce travail, la famille est représentée par le «
ménage », entité dont les membres sont liés ou pas
par les liens de sang, d'adoption ou de mariage et résidant sous le
même toit au moment du recensement.
2.2.2.2 Abandon scolaire
C'est le fait pour un enfant d'âge compris entre 6
à 14 ans de cesser de fréquenter l'école, quelle que soit
la raison de cet arrêt. Il est appréhendé dans ce travail
par la variable abandon scolaire.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 51
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 52
2.2.2.3 Les caractéristiques individuelles des
enfants
Les caractéristiques individuelles de l'enfant
renvoient à la fois aux traits distinctifs des enfants et leurs
rôles dans leur propre apprentissage. Dans le cadre de cette
étude, il s'agit du sexe, de l'âge, du statut d'handicap et survie
des parents biologiques de l'enfant.
2.2.2.4 Environnement familial
C'est l'ensemble des caractéristiques liées au
milieu de vie (les ménages) des enfants après l'école. Il
s'agit de : type de famille, niveau de vie du ménage, niveau
d'instruction du chef de ménage, statut d'occupation du chef de
ménage, sexe du chef de ménage, l'âge du chef de
ménage statut d'alphabétisation et statut matrimonial du chef de
ménage.
2.2.2.5 Environnement scolaire
Environnement scolaire renvoie au milieu lequel
étudient les enfants. Il est caractérisé par l'ensemble
des infrastructures scolaires (type d'école, équipements,
matériels didactiques), le personnel enseignants et le contenu de
l'enseignement dispensé.
2.2.2.6 Contexte socioéconomique
C'est la situation macro-économique en termes
intervention financière de l'état, des organismes
(bilatéraux ou multilatéraux) ou des ONG dans le domaine de
l'éducation notamment celui du primaire. Il peut s'agir : la part de
l'éducation dans le budget national, les fonds extérieurs
mobilisés dans le cadre de renforcement des capacités du
système éducatif. Il sera déterminé dans le cas
espèce de ce travail par le milieu de résidence qui, sur le plan
macro-socioéconomique, n'a pas la même
représentativité en termes d'intervention éducative :
l'intervention en milieu urbain est différente de celle du milieu
rural.
2.2.2.7 Contexte culturel
Le contexte culturel renvoie à l'ensemble des
comportements culturels de la société vis-à-vis de
l'éducation des enfants. Elle est souvent appréhendée par
les coutumes, les moeurs et les perceptions de la population à
l'égard de l'éducation scolaire. Dans ce travail, elle sera
approchée par la région naturelle de résidence et la
religion de l'individu.
2.3 Cadre l'analyse
La clarté de l'hypothèse générale
précédemment émise, passe par l'émission d'un
certain nombre d'hypothèses spécifiques et
opérationnelles. Ce sont-elles qui sont testées par la suite, au
moyen des données empiriques pour pouvoir répondre à la
question de recherche.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 53
Elles [hypothèses] sont suivies du schéma
d'analyse de l'étude ainsi que la définition des variables
opérationnelles.
2.3.1 Hypothèses spécifiques et Schéma
d'analyse
H1. Les ménages non familiaux sont
généralement des ménages dans lesquels les enfants en
âge de fréquenter sont des enfants confiés. Nous supposons
que le type de ménage dans lequel vit l'enfant est associé
à l'abandon scolaire en Guinée de sorte que l'abandon scolaire
soit plus récurrent dans les ménages non familiaux que dans les
ménages familiaux.
H2. Puisque scolariser et maintenir à l'école
un enfant nécessite un investissement continu tout au long de sa
formation, nous supposons que les enfants issus des ménages pauvres sont
plus enclins à l'abandon scolaire que leurs homologues issus des
ménages riches.
H3. Toutes choses égales par ailleurs, l'abandon
scolaire des enfants en Guinée est lié au niveau d'instruction du
chef de ménage. Plus le niveau d'instruction du CM est
élevé plus le risque d'abandon scolaire est faible chez
l'enfant.
H4. Toutes choses égales par ailleurs. Nous supposons
que les enfants vivant en milieu rural courent plus de risque d'être
victime d'abandon scolaire que ceux du milieu urbain quelle que soit la
région naturelle de résidence.
H5. Toutes choses égales par ailleurs, l'abandon
scolaire des enfants en Guinée est lié au sexe du chef de
ménage dans lequel vit l'enfant. Le risque d'abandon scolaire est moins
élevé dans les ménages dirigés par les femmes que
dans ceux dirigés par les hommes.
H6. Toutes choses égales par ailleurs, la survie des
parents biologiques de l'enfant est associée à l'abandon scolaire
des enfants en Guinée. Les enfants orphelins sont plus susceptibles
d'être touchés par l'abandon scolaire que les enfants dont les
deux parents sont en vie.
H7. Nous supposons que le statut matrimonial du chef de
ménage est associé à l'abandon scolaire chez les enfants.
Les enfants vivant dans des ménages dont les chefs sont mariés
polygames sont enclins à l'abandon scolaire que les autres quel que soit
son statut d'occupation.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 54
Figure 2.4 Schéma d'analyse
Milieu de résidence
Statut matrimonial du CM
Niveau de vie du ménage
Age du CM
Age de l'enfant
Statut d'occupation du CM
Sexe du CM
Type de ménage
Sexe de l'enfant
Abandon scolaire
Survie des parents
Niveau
d'instruction du CM
Région naturelle de résidence
Statut d'handicap de l'enfant
Type d'école
Religion
Rapport élève/Enseig nant
Ethnie
Variable non opérationnelle
Rélation non vérifiée
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 55
2.3.2 Définition des variables d'études et
indicateurs
Pour tester les hypothèses de ce travail, on a fait
recours à des variables socioéconomiques, démographiques
et culturelles qui se distinguent en variable dépendante, variable de
contrôle et variables explicatives auxquelles nous tenons à les
définir ici dans ce travail et préciser les indicateurs de
chacune d'elle. Certaines variables ont été construites tandis
que d'autres ont été simplement recodées selon les
objectifs de l'étude.
2.3.2.1 Variable dépendante
La variable dépendante de cette étude est
abandon scolaire. C'est le fait qu'un enfant âgé de 6 à 14
ans inscrit dans un établissement de l'enseignement
général cesse de fréquenter quel que soit le motif de son
arrêt. C'est une variable dichotomique ayant pour modalités :
1 : si l'individu ne fréquente plus actuellement mais a
fréquenté dans le passé ; 0 : si l'individu
fréquente actuellement.
2.3.2.2 Variable de contrôle
La variable de contrôle dans cette étude est
l'âge de l'enfant. C'est le nombre d'années révolues
qu'à un enfant au moment du recensement. Il est
généralement obtenu en faisant la différence entre
l'année de naissance de chaque enfant et l'année du recensement
(2014 pour notre cas). Nous avons regroupé pour les enfants
âgés de 6 à 14 ans en trois catégories : 6 à
8 ans ; 9 à 11 ans et de 12 à 14 ans. Ce regroupe est basé
non seulement sur le critère de la représentativité des
modalités, mais aussi il garde la même amplitude pour chaque
classe d'mages.
2.3.2.3 Variables indépendantes
a) Variables contextuelles ? Milieu de
résidence
Le milieu de résidence désigne le lieu où
vit le ménage de résidence de l'enfant au moment du recensement.
On distingue le milieu urbain du milieu rural. Le premier étant
caractérisé généralement par un niveau
d'urbanisation et un effectif de population relativement élevé,
on y trouve également plus des valeurs dites modernes
véhiculées ou non, des emplois décents et
d'infrastructures sociales dont les écoles. Le second quant à
lui, à l'opposé du premier, est essentiellement
caractérisé par un niveau d'urbanisation et un effectif de
population relativement faible. Et c'est là où on enregistre
moins d'infrastructures d'une manière générale.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 56
s Région naturelle de résidence
Elle renvoie à un découpage du pays basé
sur des critères purement naturels : la végétation, le
climat et le relief. On en distingue quatre région naturelles en
Guinée à savoir : la Basse-Guinée ; la Moyenne
Guinée ; la Haute Guinée et la Guinée forestière.
Elle est considérée comme variable de différenciation car
à côté des critères naturels, on observe d'autres
disparités telles que l'effectif de la population (même celle
scolarisable ou scolarisé), niveau d'urbanisation notamment en termes
d'infrastructures dont scolaires.
s Religion de l'enfant
La religion est un système institutionnalisé de
croyances, de symboles, de valeurs et de pratiques auxquelles les individus se
réfèrent. Elle forme ses adeptes dans un même moule
doctrinal de référence. Certaines religions sont ouvertes au
« modernisme » (religions chrétiennes), d'autres par contre
(Islam, Animisme), sont renfermées dans des modèles culturels
traditionnels (Evina, 2007). Dans cette étude, les modalités de
cette variable sont les suivantes : Musulmane, Chrétienne et Autres.
b) variables liées au ménage et chef du
ménage s Type de ménage
C'est la composition familiale, la composition des
ménages de résidence des enfants ou encore la composition de
l'ensemble des habitants d'un ménage donné. Cette variable est
créée à partir de la variable lien de parenté avec
le chef de ménage. Dans ce travail, trois types de ménage sont
considérés comme modalités pour cette variable :
Ménage non familial : c'est un ménage comprenant
le chef de ménage et éventuellement d'autres personnes, à
l'exception de ses enfants ;
Ménage familial monoparental : c'est un ménage
comprenant le chef de ménage, ses enfants et éventuellement
d'autres personnes, à l'exclusion de son ou ses conjoints ;
Ménage familial : c'est un ménage comprenant le
chef de ménage, son ou ses conjoints, ses enfants et
éventuellement d'autres personnes apparentées avec le chef de
ménage.
s Sexe du chef de ménage
C'est au sexe biologique du chef de ménage que nous
faisons référence ici comme cela a été
précédemment dans le cas de la variable sexe de l'enfant. Cette
variable à également deux modalités : sexe masculin et
sexe féminin.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 57
s Niveau d'instruction du chef de
ménage
C'est le niveau de cycle atteint dans l'enseignement formel
par le chef du ménage dans lequel vit l'enfant. On a regroupé ces
différents niveaux en trois modalités dans le cas de ce travail :
sans niveau ou préscolaire, primaire et secondaire ou plus.
s Niveau de vie du ménage
Le niveau de vie du ménage permet de saisir la
capacité de recourir aux dépenses éducative dans un
ménage. Diverses approches peuvent être utilisées pour
mesurer le niveau de vie d'un ménage. Dans le cas du troisième
RGPH de la Guinée, six indicateurs ont été utilisés
pour construire de la variable niveau de vie des ménages à savoir
: logement, assainissement, accès à l'eau potable et à
l'électricité, combustible de cuisson, possession de
matériel de transport et de communication. Il se dégage cinq
modalités que nous avons regroupées en trois modalités :
pauvre (très pauvre et pauvre), moyen et riche (très riche et
riche).
s Survie des parents biologiques
C'est le fait que le père biologique ou la mère
biologique de l'enfant soit en vie ou pas au moment du recensement. Cette
variable à deux modalités que sont :
Tous en vie : si tous deux parents biologiques de l'enfant
sont en vie au moment du recensement qu'il soit dans le ménage ou pas
;
Un au moins est décédé : si un quelconque
au moins des deux parents biologiques de l'enfant ne vit plus au moment du
recensement ou lorsque la survie d'un parent est non déclarée.
C) Variables individuelles s Sexe de l'enfant
C'est au sexe biologique de l'enfant que nous
appréhendons ici par cette variable. Il s'agit bien évidemment
d'une variable à deux modalités : sexe masculin et sexe
féminin.
s Statut d'handicap
D'après l'OMS, la santé est «
l'état de complet bien-être physique, mental et social, et ne
consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité
», le statut d'handicap quant à lui, renvoie à l'«
infirmité physique ou mentale, acquise ou de naissance »
(dictionnaire Français, Encarta 2009).
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 58
Dans le cas espèce de ce travail, l'état de
santé de l'enfant est capté par le statut d'handicape et par
conséquent, un enfant est malade s'il présente une quelconque
forme d'handicap (mental ou physique) et non malade dans le cas contraire. Le
choix du statut d'handicape pour capter la santé de
l'élève s'explique par le fait que les élèves
handicapés, tel que nous avons défini, sont
généralement les plus vulnérables non seulement en termes
de scolarisation, mais aussi, s'ils ont la chance d'être
scolarisés, leur probabilité de réussite est
généralement relativement faible. Cette variable est
dichotomique.
Comme conclusion partielle nous pouvons retenir de ce chapitre
que plusieurs théories, d'ordre sociologique, psychologique,
économique, antérieurement développées ont
été utilisées pour expliquer les différences en
matière de réussite scolaire des élèves. Comme dans
notre contexte, les différences en matière de réussite ou
au contraire d'abandon scolaire des enfants, ne peuvent en aucun cas
s'expliquer que par une seule de ces théories, vu que dans l'un ou
l'autre cas nous sommes à même convaincus de la pertinence de
chacune d'elles, plutôt que de se fier à une, nous allons au
contraire les combiner afin que nous puissions voire le rôle de chacune
dans l'explication de notre phénomène. En effet, les abandons
scolaires ne sont pas que tributaires la stratégie des individus et de
leur famille, l'école n'est pas du tout neutre. Non plus cela ne peut
qu'être à la seule responsabilité du fonctionnement de
l'école, une explication économique est également
possible.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 59
CHAPITRE III : ASPECTS METHODOLOGIQUES
Ce chapitre se propose de décrire la source des
données utilisées, d'évaluer et d'apprécier la
qualité de ces données, de présenter les méthodes
et types d'analyse effectués et enfin, nous allons faire une
clarification sur le modèle d'analyse explicative (régression
logistique binomiale).
3.1 Source des données et évaluation de
la qualité des données
Il s'agit de préciser à ce niveau la source ou
provenance des données empiriques utilisées dans ce travail et de
donner une appréciation après l'évaluation de leurs
qualités.
3.1.1 Source des données
Les données utilisées dans ce travail sont
celles du troisième RGPH de la Guinée réalisé en
2014. Ces données ont été collectées sur la
période du 1er mars au 2 avril 2014 sur toute
l'étendue du territoire national auprès des chefs de
ménage ou d'autres membres (conjoint, fils/filles, etc.) capables de
fournir l'essentiel de l'information sur tous les membres du ménage. Les
données collectées lors de ce recensement fournissent des
informations sur toute la population, sur leurs caractéristiques
démographiques et socioéconomiques ainsi que sur les conditions
de leurs logements au moment du recensement.
Lors de ce recensement, des données ont
été également collectées sur l'éducation et
sur les caractéristiques familiales, mais elles ont été
analysées séparément sous forme de rapports d'analyse
thématiques. Pour l'éducation, c'est auprès des individus
âgés de trois (3) ans ou plus ans que des informations portant sur
l'alphabétisation, la fréquentation scolaire, le type
d'enseignement (enseignement général, technique ou
professionnel), la dernière classe fréquentée et le
diplôme obtenu le plus élevé ont été
collectées. A ces variables, s'ajoutent celles des
caractéristiques démographiques et socioéconomiques qui
nous serviront de variables explicatives dans les analyses.
C'est la variable « fréquentation scolaire
» qui est utilisée dans cette étude comme variable
opérationnelle de l'abandon scolaire. Elle permet de déterminer
si, au moment du dénombrement en 2014, l'individu recensé a
fréquenté dans le passé mais ne fréquente plus ou
non8 un établissement d'enseignement
général.
Cette étude concerne les enfants âgés de 6
à 14 ans ayant fréquenté dans le passé mais ne
fréquente plus ou qui continuent à fréquenter un
établissement d'enseignement général au
8Ce sont les individus qui continuent à
fréquenter au moment du recensement
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 60
moment du dénombrement en 2014. Au total, il y a
1.449.018 enfants dont 678.914 filles ; l'effectif des enfants ayant
abandonnés est de 165.127 soit une proportion de 11,4%.
3.1.2 Limites des données utilisées
Les données que nous utilisons présentent un
certain nombre de limites parmi lesquelles nous avons principalement :
? Le manque des variables liées à l'offre
d'éducation telles que le type d'école fréquentée
par l'élève, la distance entre le l'école
fréquentée et le domicile de l'élève, le rapport
enseignant/élèves, le nombre de redoublements et la
disponibilité d'école à cycle complet. Ces
dernières sont souvent utilisées comme variables de
différenciation de l'abandon scolaire des élèves
tributaires à l'offre d'éducation.
? Le type de données ne prend pas en compte le facteur
temps puisse qu'il s'agit des données du moment. L'utilisation des
données longitudinales issues des enquêtes à passages
serait plus judicieuse dans cette étude. Puisque certaines de nos
variables (par exemple le statut d'occupation du chef de ménage, son
âge, l'âge de l'enfant) sont très sensibles à la
variation du temps. Cela nous amènerait à avoir des
résultats qui s'écarteraient de la réalité si les
analyses étaient effectuées à partir des
caractéristiques des enfants et les ménages aux moments
mêmes où chaque enfant décide d'abandonner
l'école.
3.1.3 Evaluation de la qualité des
données
Les données issues du recensement peuvent avoir des
erreurs qui sont imputables notamment aux enquêteurs, aux
enquêtés voir même aux agents de saisie des données,
Comme le souligne Dackam (2014 cité par NGANAWARA, 2016) : «
Dans les opérations de collecte telles que celles liées
à un recensement général de la population, des erreurs de
natures diverses (erreurs de dénombrement, de contenu et d'exploitation)
sont susceptibles d'entacher la qualité des données,
particulièrement dans les pays en développement ». Par
exemple, il peut s'agir d'un refus de répondre à certaines
questions, ou bien les agents enquêteurs peuvent oublier de poser une
question. Il est donc nécessaire d'évaluer la qualité des
données et de procéder ensuite à des ajustements si
nécessaires. Ainsi, nous allons examiner le taux de non réponse
pour chaque variable du fichier d'analyse. Ensuite un accent est mis sur
l'évaluation de la qualité des données sur l'âge des
enfants et des chefs de ménage.
,
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 61
3.1.3.1 Examen des taux de non-réponse
L'examen du tableau 2.1 montre que les taux de
non-réponse des variables retenues pour l'étude sont
inférieurs à 1 %. Par conséquent, nos données sont
jugées de bonne qualité et toutes les variables peuvent
être utilisées pour nos analyses.
Tableau 3. Taux de non réponse des variables de
l'étude
Variables
|
Effectif valide
|
Effectif manquant
|
Taux de non réponse
|
Région Administrative
|
1449018
|
0
|
0.00
|
Milieu de résidence
|
1449018
|
0
|
0.00
|
Région naturelle
|
1449018
|
0
|
0.00
|
Sexe du CM
|
1449018
|
0
|
0.00
|
Âge du CM
|
1449018
|
0
|
0.00
|
Statut d'occupation
|
1448992
|
26
|
0.00
|
Etat matrimonial du CM
|
1448998
|
20
|
0.00
|
Type de de ménage
|
1449018
|
0
|
0.00
|
Niveau d'instruction du CM
|
1448979
|
39
|
0.00
|
Sexe population
|
1449018
|
0
|
0.00
|
Lien de parenté
|
1449018
|
0
|
0.00
|
Âge de l'enfant
|
1449018
|
0
|
0.00
|
Religion
|
1449018
|
1
|
0.00
|
Survie du père
|
1441134
|
7884
|
0.01
|
Survie de la mère
|
1441134
|
7884
|
0.01
|
Fréquentation scolaire
|
1449018
|
0
|
0.00
|
Raison de d'abandon scolaire
|
164668
|
459
|
0.00
|
Statut d'handicap de l'enfant
|
1449008
|
10
|
0.00
|
Quintile de niveau de vie
|
1449018
|
0
|
0.00
|
Source : Données du RGPH-3, Guinée
2014
3.1.3.2 Évaluation de la déclaration de
l'âge des enfants et des chefs de ménage
L'âge est une variable fondamentale dans l'analyse des
phénomènes démographiques. Dans le cas espèce de
cette étude, c'est d'ailleurs cette dernière, en combinaison avec
la variable fréquentation scolaire, qui nous a servi de critère
de sélection de la population d'étude. En effet, l'étude
concerne les enfants en âge scolaire obligatoire : les enfants
âgés de 6 à 14 ans révolus. Si l'âge est mal
déclaré ou mal enregistré, on serait à même
de faire des interprétations erronées sans pour autant se rendre
compte. Généralement l'évaluation des données sur
l'âge se fait suivant deux méthodes, toutes complémentaires
: la méthode graphique et la méthode numérique.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 62
D'après le rapport thématique sur
l'évaluation de la qualité des données du RGPH-3 sur
l'ensemble de la population recensée en 2014, les informations sur la
date de naissance des individus n'ont pas été suffisamment bien
déclarées. Avant l'apurement, seulement 14,9% de la population
ont pu fournir des informations sur le mois et l'année de naissance,
70,4% ont déclaré leur année de naissance, 99,1% le nombre
d'années d'âges et 14,8% ont déclaré le mois,
l'année et l'âge. Cette situation a amené les
évaluateurs à procéder à des ajustements qui ont
permis d'avoir un âge révolu pour tous les individus de la
population, et par la suite, ils ont jugé acceptable la qualité
des données sur l'âge tout en recommandant des méthodes de
regroupement (en groupe d'âge quinquennaux par exemple) afin
d'améliorer leur qualité pour des analyses approfondies. C'est
d'ailleurs au moyen de ces âges (ajustés) que la population
concernée par cette étude (population âgée de 6
à 14 ans) a été sélectionnée dans
l'ensemble.
a) Age des enfants
Le graphique 3.1 nous donne l'allure de la répartition
des enfants selon l'âge au moment du recensement de 2014. On observe une
progression en dents de scie de la courbe donnant l'évolution de
l'effectif des enfants par âge. Cette dernière présente des
pics, notamment à 10 ans et à 11 ans de sorte que pendant que
l'effectif de la population de 10 ans tire la courbe vers le haut, celui de la
population de 10 ans la tire vers le bas. Ce constat nous amène à
penser que, malgré les ajustements effectués par les
évaluateurs de la qualité des données de ce recensement,
les données concernant l'âge les enfants de 6 à 14 ans,
présentent encore quelques incohérences.
Graphique 3.1 Répartition des enfants selon
l'âge au moment du recensement
Effectif des enfants
250000
200000
150000
100000
50000
0
7 8 9 10 11 12 13 14 Age des enfants
Source : Données du RGPH-3, Guinée
2014
Dans le souci de minimiser les erreurs sur cette variable,
nous allons par la suite, conformément à la recommandation des
évaluateurs qui consiste à recourir à un
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 63
regroupement de l'âge afin d'améliorer la
qualité de cette variable pour une analyse approfondie, recoder la
variable âge en trois groupes : 6 à 8 ans, 9 à 11 ans et 12
à 14 ans. Ce regroupement permet non seulement à minimiser les
erreurs liées sur cette variable, dont la déclaration de
l'âge, mais il permet de réduire le nombre de modalité de
la variable : en pans de 9 modalité à 3, chose qui va faciliter
les analyses notamment les interprétations. Ainsi après ce
regroupement, la distribution de l'effectif des enfants en âge
obligatoire scolaire selon les groupes d'âge est le suivant : 522328 des
enfants ont un âge compris entre 6 et 9 ans, 468938 entre 9 et 11 ans et
457560 entre 12 et 14 ans (réf, graphique2).
Graphique 3.2 : Répartition des enfants de 6
à 14 ans scolaire selon les groupes d'âge
Effectif
400000
500000
300000
200000
100000
0
522328
6 à 8 9 à 11 12 à 14
Groupe d'âges de l'enfant
468938 457560
Source : Données du RGPH-3, Guinée
2014
b) Age des chefs de ménages
Le graphique 3.1 nous donne l'allure de la répartition
des chefs de ménages selon l'âge au moment du recensement de 2014.
On observe également une progression en dents de scie de la courbe
d'évolution de l'effectif des chefs par âge ainsi que des pics au
niveau des âges qui se terminent par 0 ou 5 notamment à 20 ans,
à 25 ans, à 30 ans 35 ans, 45 ans, 50 ans, 55 ans, 65 ans, 70
ans, 75 ans, 80 ans, 85 ans, 90 ans et 95 ans. Par contre on observe pour
certains âges des creux notamment, à 21 ans, à 26 ans,
à 31 ans et à 41 ans. Ce constat montre que l'âge des chefs
de ménages n'a pas été bien déclaré. On va
cependant utiliser une méthode analytique pour voir si réellement
l'âge des chefs de ménage n'a pas été bien
déclaré.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 64
Graphique 3.3 : Répartition des chefs de
ménage selon l'âge au moment du recensement de 2014
Effectif des chefs de ménage
40000
90000
80000
70000
60000
50000
30000
20000
10000
0
12 15 18 21 24 27 30 33 36 39 42 45 48 51 54 57 60 63 66 69 72
75 78 81 84 87 90 93
Age du chef de ménage
Source : Données du RGPH-3, Guinée
2014
Il existe plusieurs méthodes analytiques
d'évaluation de la qualité de la qualité des
données concernant l'âge. Dans ces méthodes, ce sont des
indices qui sont calculés pour préciser la qualité des
données. On a entre autres les indices de WHIPPLE, MYERS, BACHI l'indice
combiné des Nations Unies (ICNU). Pour notre analyse on va utiliser
l'indice de MYERS du fait des irrégularités observées tout
au long de la courbe des âges.
? Présentation de l'indice de
MYERS9
Dans cette méthode, l'indice calculé a une
valeur comprise entre 0 et 180. Plus la valeur trouvée est
élevée plus la qualité des données est mauvaise ;
et plus elle s'approche de faible c'est-à-dire proche de 0, plus elle
est de bonne qualité. Le procédé de calcul de cet indice
se trouve en annexe. Le tableau 3.2 (en annexe) montre que l'indice de Myers
pour les données de l'âge des chefs de ménage est d'une
valeur de 39,9. Cet indice de MYERS obtenu est élevé, ce qui
vient corroborer l'idée d'une mauvaise déclaration des âges
des enquêtés.
Vu la mauvaise qualité de l'âge des chefs de
ménage, cette variable ne sera plus utilisée dans les
analyses.
3.2 Types et méthodes d'analyses
L'étude va s'étendre sur tout le territoire
national de la Guinée, il s'agit donc d'une étude nationale.
Qu'en ce qui concerne les méthodes d'analyse, nous allons recourir
à deux méthodes : l'analyse descriptive et l'analyse
explicative.
9 Manuel de Yaoundé
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 65
3.2.1 Analyse descriptive
Elle consiste à l'examen des associations entre chaque
variable indépendante et la variable dépendante en occurrence
l'abandon scolaire d'une part et l'association entre l'ensemble des variables
indépendantes d'autre part.
3.2.1.1 Analyse descriptive bivariée
C'est à ce niveau d'analyse que seront établies
les associations entre variables indépendantes et la variable
dépendante. Elle permet de s'assurer au préalable que les
variables explicatives retenues pour l'analyse, ont, chacune pris
individuellement, effectivement un impact sur l'abandon scolaire des enfants.
L'examen se fait au moyen du test de Khi2. Vu que la proportion des
abandons scolaires est 11,4%, le seuil de significativité retenue dans
cette étude est de 5%. Ainsi, une association n'est statistiquement
significative dans cette étude que si elle l'est au moins au seuil de
5%.
3.2.1.2 Analyse descriptive multidimensionnelle
L'analyse descriptive multidimensionnelle permet de dresser
à la fois le profil des enfants « décrocheurs » et
« non décrocheurs » en fonction de certaines
caractéristiques socioéconomiques, culturelles et
démographiques, Nous allons pour ce faire utiliser l'Analyse Factorielle
des Correspondances Multiples (AFCM). L'AFCM est une technique de
réduction factorielle permettant d'avoir une vue globale en termes
d'associations entre l'ensemble des variables (dépendante et
indépendantes), une fois mises en ensemble. L'utilisation de cette
méthode dans la présente étude est justifiée par le
fait que la plupart des variables sont qualitatives, et qu'elle permet
d'étudier les relations existantes entre plusieurs variables à la
fois.
Cette analyse repose sur la notion de profil et d'inertie
entre les modalités des variables étudiées. On
caractérise d'abord les principaux axes factoriels. Ensuite, on utilise
le plan factoriel pour affiner la typologie afin de dégager le profil
des enfants ayant abandonné l'école. L'analyse est faite au moyen
du logiciel SPAD 5.5.
Statistiquement, l'utilisation de ces méthodes
descriptives a pour importance d'explorer au premier vu l'allure des relations
entre variables. Mais nous restons convaincus que ces méthodes à
elles seules ne permettent pas de mesurer de manière simultanée,
les influences des caractéristiques individuelles et familiales sur
l'abandon scolaire des enfants. En effet, ces types d'analyses ne tiennent pas
compte du fait que le lien entre deux variables prises isolement peut se
trouver modifier (se renforcer ou disparaître) en présence d'un
autre
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 66
facteur de différenciation. C'est dans cette optique
que nous avons recouru à un modèle explicatif
multivarié.
3.2.2 Analyse explicative multivariée
Comme énoncé précédemment, la
garantie de l'influence déterminée d'une variable
indépendante sur une variable dépendante ne peut, en aucun cas,
être valable sur la base de méthodes d'analyse purement
descriptives. C'est pourquoi des modèles explicatifs multivariés
ont été développés pour tenir compte des relations
entre variables explicatives, avant de mesurer l'influence de chacune d'elles
sur la variable expliquée. Cela permet de mesurer l'effet net de chaque
variable indépendante dans l'explication d'un phénomène
donné. Nombreux sont ces modèles, mais chacun a sa
spécificité et son domaine d'application. Leur utilisation est
généralement fonction des objectifs de l'étude d'une part
et de la variable expliquée d'autre part. Nous pouvons citer en guise
d'exemples, sans que la liste ne soit exhaustive : les modèles de
régression logistique (simple et multiple), les modèles
multiniveaux, le Modèle de régression linéaire multiple.
Ainsi, nous avons jugé bon d'utiliser les modèles de
régression logistique binomiale dans ce travail.
3.2.2.1 Justification du choix de la méthode
d'analyse
Le choix du modèle de régression logistique
binomial dans ce travail se justifie par le fait que cette méthode
d'analyse se prête à notre étude car notre variable
à expliquer (abandon scolaire) est dichotomique. Dans ce modèle
on part du principe (quasiment) toujours vérifié comme dans notre
cas, que les individus des deux catégories (ceux qui ont
abandonnés et ceux qui fréquentent encore) ne se ressemblent pas,
pour répondre à deux questions : sur quelles
caractéristiques se différencient-ils ces deux groupes
d'individus ? Et lesquelles [caractéristiques] jouent les premiers
rôles en la matière ? (AFSA, 2016).
Le modèle de régression logistique binomiale,
dit modèle logit, est tout à fait adapté à cette
problématique. Outre qu'il permet d'identifier les
caractéristiques distinguant les individus des deux groupes, il mesure
aussi l'influence de chacune d'entre elles dans cette distinction (AFSA,
2016).
L'analyse se fera au moyen du logiciel STATA 14.0.
3.2.2.2 Modélisation de l'analyse logistique
binomiale
Soit la variable Y (abandon scolaire), une
variable dichotomique ayant pour modalités "1" si l'individu ne
fréquente plus l'école au moment du recensement mais a
fréquenté dans le passé et "0" si l'individu
fréquente actuellement. Considérons l'ensemble des enfants
âgés
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 67
de 6 à 14 ans recensés lors du troisième
RGPH de la Guinée en 2014, appartenant à l'une des deux
modalités de la variable abandon scolaire précédemment
définie et dont on connait n de leurs caractéristiques,
représentées par les n variables x1, x2,...,xn
indépendantes.
Posons P, la probabilité que
l'évènement se réalise, c'est-à-dire que l'individu
i (compte tenu de ses caractéristiquesx1i, x2i,,,,, xni) abandonne
l'école et 1-P le cas contraire, c'est-à-dire
que l'individu i (compte tenu de ses caractéristiquesx1i, x2i,,,,, xni)
fréquente encore l'école.
Notre analyse consiste à estimer la probabilité
qu'un enfant âgé de 6 à 14 ans puisse abandonner
l'école, c'est-à-dire P (Y=1) en fonction de plusieurs variables
indépendantes, X1, X2,....,Xn. Au lieu d'utiliser la probabilité
elle-même, on peut calculer des « odds » (è), tels que
:
??
Pour linéariser è, on prend son logarithme
népérien, Ce qui nous donne
??????(??) = ?????? ( ?? 1 - ??) = ??0 +
??1??1 + ??2??2 + ? , + ????????
La procédure « logistic regression » de STATA
permet d'estimer les coefficients (30,..., (3n. Ces valeurs permettent ensuite
de calculer les valeurs de Z, puis les probabilités de
fréquentation scolaire (P) pour un individu dont les
caractéristiques (X1, ..., Xn) sont connues. Ce calcul se fait de la
manière suivante :
?? = ??0 + ??1??1 +
??2??2 + ?, + ???????? ???????? ?? = ?????? (??1-??) et
???? = ( ??
1-??)
On obtient finalement p ????
= (1+ ????).
Cette régression fournit plusieurs statistiques en
particulier le nombre d'observations, la probabilité du Chi-deux
associée au modèle, les rapports de chances (Odds ratios), le
seuil de signification P > |z| des paramètres (coefficients (3),
l'intervalle de confiance des Odds ratio pour chacune des modalités des
variables introduites dans le modèle. Celles-ci ont l'avantage de
faciliter l'interprétation des résultats obtenus.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 68
3.2.2.3 Conditions d'application du modèle
? La variable à expliquer doit être qualitative
et dichotomique, dans notre cas elle prend la valeur "1" si l'individu ne
fréquente plus l'école au moment du recensement mais a
fréquenté dans le passé et "0" si l'individu
fréquente actuellement ;
? Les variables explicatives doivent être
catégorielles et dichotomisées avant leur introduction dans le
modèle. On choisit une modalité pour chaque variable
(modalité de référence, celle qui servira de comparaison)
qui ne sera pas introduite dans le modèle mais servira de
référence dans les interprétations des paramètres
rattachés aux autres modalités de la variable
considérée.
3.2.2.4 Clarification du modèle d'analyse
a) Test de multicolinéarité
Selon BOUBA DJOURDEBBE (2015), un problème important
de multicolinéarité est décelé dans une
régression lorsque la VIF la plus élevée est plus grande
que 10 ou lorsque la moyenne des VIF est supérieure ou égale
à 2. De même, dans la note de cours de RWENGE (2017), il montre
comment effectuer ce test sous le logiciel STATA. En effet, il suffit de
calculer une mesure de changement de la variance de chacun des facteurs
lorsqu'on les introduit dans la régression. Cette mesure est souvent
notée VIF pour variance infation factor. La commande estat vif
réalise automatiquement ce travail. Dans la pratique, on mettra en
évidence la multicollinéarité dans la régression si
la VIF la plus élevée est plus grande que 10 ou si la moyenne de
tous les VIF est beaucoup plus fort que 1. Dans notre cas, la moyenne des VIF
est égale à 1,42 donc par conséquent, il n'y a pas de
multicolinéarité entre les variables explicatives (cf. Tableaua15
en annexe).
b) Adéquation du modèle aux
données
Premièrement nous allons nous intéresser au test
de significativité du modèle saturé au moyen du test de
khi-deux qui permet de vérifier l'hypothèse nulle H0 selon
laquelle tous les coefficients des variables explicatives sont nuls ou au
contraire l'hypothèse alternatives H1 selon laquelle il existe au moins
une variable dont le coefficient est différent de zéro. On
rejette H0 si P-value est significative au seuil fixé en avance. Dans
notre cas, les résultats du modèle saturé montrent que le
teste est significatif au seuil de 1%. Ce qui signifie qu'à ce seuil, il
existe au moins une variable dépendante dans le modèle
saturé qui détermine d'abandon scolaire des enfants en
Guinée.
0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
1 - Specificity
Area under ROC curve = 0.6268
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 70
(M1) à (M11) permettront de voir et d'examiner les
mécanismes d'action entre variables explicatives. Dans tous ces
modèles, les résultats sont exprimés en termes de «
odds ratios », c'est-à-dire les risques (ou probabilités)
relatifs des modalités d'une variable par rapport à la
modalité de référence.
Dans l'exécution des modèles, la variable de
contrôle est introduite en premier lieu. Celle-ci est suivie par les
variables socioéconomiques et culturelles, puis les variables
caractéristiques des chefs de ménage et des ménages et
enfin, les variables caractéristiques des enfants. Cette
procédure connue sous le nom de méthode « pas à pas
», permet de dégager à la fois les effets nets de chaque
variable explicative et les mécanismes d'action entre variables
explicatives.
3.2.2.5 Limites du modèle d'analyse
L'utilisation de ce modèle ne permet pas de
résoudre deux types d'erreurs fondamentales que l'on pouvait se passer
en utilisant un modèle logistique multiniveau. Il s'agit de :
l'erreur écologique (erreur qui consiste à
interpréter au niveau individuel les résultats des variables
contextuelles) et l'erreur atomiste (l'erreur qui consiste
à ignorer le contexte dans lequel évolue l'individu et
étendre à la dimension du contexte un ensemble d'effets
individuels). En effet, ce modèle ne prend pas en compte un effet
multiniveau ce qui revient notamment à sous-estimer la variance des
effets contextuels, et donc par conséquent surestimer leur
significativité.
Notons aussi que l'utilisation d'une analyse multiniveau
pouvait nous permettre de distinguer les effets des variables individuelles des
effets des variables relatives aux ménages et aux communautés.
Les modèles multiniveaux (parfois aussi désignés sous le
terme de modèles hiérarchiques, ou modèles mixtes), ont
été développés pour répondre aux
problèmes spécifiques posés par des données
structurées selon plusieurs niveaux (deux, trois par exemple selon les
cas), typiquement dans le cas où les individus partagent un
environnement commun qui peut affecter le comportement auquel on
s'intéresse (Givord & Guillerm, 2016). Elle permet alors d'adopter,
pour reprendre les affirmations de J. Brailly et E. Lazega (2014), «
une position regardant à la fois l'individu mais aussi le groupe,
supposant par la même d'alterner les deux positionnements
méthodologiques polaires, à savoir individualisme et
holisme[...]expliquant un comportement individuel par des
caractéristiques de la personne et des groupes auxquels elle est
reliée ».
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 71
Ce chapitre avait pour objectif de décrire la source
des données utilisées dans cette étude, d'évaluer
et d'apprécier leurs qualités, et enfin de présenter les
méthodes et types d'analyse effectués. Ainsi, les données
empiriques utilisées sont celles du troisième RGPH de la
Guinée réalisé en 2014 sur toute l'étendue du
territoire. Pour ce qui est de la qualité de ces données, il
ressort de l'évaluation basée sur les taux de non réponse
des variables de l'études et une évaluation particulière
sur la déclaration de l'âge des enfants ainsi que celui des CM,
que les données sont globalement de qualité acceptable. Cependant
l'âge du CM et le statut d'handicap de l'enfant ne seront pas
utilisées dans les analyses à cause leur mauvaise qualité.
Comme méthodes d'analyse, on a retenu deux méthodes : l'analyse
descriptive et l'analyse explicative. Plus spécifiquement, elles
s'agissent de deux analyses descriptives dont une bivariée,
explorée au moyen des tableaux croisés et le test de khi-deux et
l'autre multivariée réalisée avec l'AFCM ; et une analyse
explicative réalisée au moyen du modèle de
régression logistique binomiale.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 72
CHAPITRE IV : ANALYSE DIFFERENTIELLE DE L'ABANDON
SCOLAIRE DES ENFANTS EN GUINEE
Le présent chapitre sert à examiner le lien
entre les variables indépendantes et la variable dépendante. Deux
types d'analyse descriptive sont faites à cet effet : l'analyse
bivariée, explorée au moyen des tableaux croisés
accompagnés des tests de Khi-deux, permettra de mesurer les associations
entre les variables indépendantes et la variable dépendante ; et
l'analyse descriptive multivariée (AFCM) qui permettra de dresser le
profil des enfants ayant abandonné l'école.
4.1 Analyse descriptive bivariee
L'analyse bivariée consiste à l'étude des
relations entre l'abandon scolaire et les variables explicatives. La variable
dépendante « abandon scolaire » est appréhendée
ici par la proportion d'abandon scolaire, le rapport du nombre individus ayant
fréquenté dans le passé mais ne fréquentent plus
par le nombre d'individus ayant au moins une fois fréquenté et
ceux qui fréquentent actuellement.
Le premier croissement concerne le type de ménage et
l'abandon scolaire et par la suite, c'est cette relation qui est
contrôlée avec les variables contextuelles et celles liées
au ménage et chef du ménage. Il s'agit précisément,
des relations entre proportion d'abandon scolaire et type de ménage,
contrôler part les caractéristiques contextuelles (milieu de
résidence, région naturelle de résidence et la religion de
l'enfant) ; les caractéristiques des ménages avec celles du CM
(niveau de vie du ménage, âge du CM, sexe du chef de
ménage, son état matrimonial, son niveau d'instruction, son
statut d'occupation et survie des parents de l'enfant) et le contre par le type
de ménage de la relation proportion d'abandon scolaire et les
caractéristiques individuelles (âge et sexe).
4.1.1 Abandon scolaire et type de ménage
Le type de ménage dans lequel vit l'enfant est
significativement associé à l'abandon scolaire des enfants de 6
à 14 ans en Guinée. En effet, on enregistre la plus faible
proportion d'abandon dans les ménages monoparentaux (10,9%), ensuite
vient celle des ménages familiaux (11,3%) puis les ménages non
familiaux (12,3%) (Graphique 4.1).
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 73
Graphique 4.1 : Proportion (%) d'abandon scolaire selon
le type de ménage
Proportion d'abandonscolaire (%)
15
10
0
5
Ménage non familial
13,0
Type de ménage
Ménage monoparental
10,9 11,3
Ménage familial
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
4.1.2 Abandon scolaire et caractéristiques
contextuelles ? Milieu de résidence de l'enfant
La proportion d'abandon scolaire des enfants est
associée de façon significative au milieu de résidence de
l'enfant en Guinée. En effet, la proportion d'abandon scolaire est de
8,8% en milieu urbain contre 13,7% en milieu rural (tableau A3 en annexe).
Il ressort du Graphique 4.2 que, quel que soit le milieu de
résidence considéré, la proportion d'abandon scolaire est
plus élevée dans les ménages non familiaux. Elle est de
11,4% en milieu urbain contre 14,6% en milieu rural. Par ailleurs, en milieu
urbain, il n'y a pas de différence significative entre ménages
monoparentaux et ménages familiaux en terme d'abandon scolaire : il y
respectivement 8,9% et 8,6% d'abandon. Par contre en milieu rural, la
différence entre ces deux types de ménages est significative : il
y a 13% et 13,8% d'abandon respectivement dans les ménages monoparentaux
et dans les ménages familiaux.
Graphique4.2 : Proportion(%) d'abandon par type de
ménage selon le milieu de résidence selon
o n(%)
band
Proportion d 'a
15
10
0
5
11,4
Urbain Rural
8,9
Milieu de résidence
8,6
14,6 13,8
13,0
Ménage non
familial Ménage
monoparental Ménage familial
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
? Région naturelle de résidence de
l'enfant
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 74
Le tableau A4(en annexe) indique que d'abandon scolaire des
enfants est significativement associée à la région
naturelle de résidence de l'enfant en Guinée. La proportion
d'abandon scolaire est, de façon croissante, égale à 9,2%
en Guinée Forestière ; 10,2% en Basse Guinée ; 13,3% en
Moyenne Guinée et 14,9% en Haute Guinée.
Selon la région naturelle de résidence de
l'enfant, le Graphique 4.3 montre que, la proportion d'abandon scolaire reste
plus élevée dans les ménages non familiaux. En Basse
Guinée, elle est de 12,5% dans les ménages non familiaux et sans
différence significative entre ménages monoparentaux et
ménages familiaux soit 9,1% et 9% respectivement ; en Moyenne
Guinée, on a 14,4% dans les ménages non familiaux, 12,6% dans les
ménages monoparentaux et 13,4% dans les ménages ; en Haute
Guinée, on a 16,6% dans les ménages non familiaux et sans
différence significative entre ménages monoparentaux et
ménages familiaux soit 14,7% et 14,8% respectivement et en Guinée
Forestière, on a 10,3% dans les ménages non familiaux et sans
différence significative entre ménages monoparentaux et
ménages familiaux soit 9,4% et 9% respectivement.
Graphique 4.3 : Proportion (%) d'abandon par type de
ménage selon la région naturelle de résidence
on d'abandon (%)
Proporti
20
15
10
0
5
12,5
Guinée
Basse
9,910,0
Moyenne
14,4
12,613,4
Guinée
Région naturelle de résidence
16,6
Guinée
Haute
14,714,8
Forestière
10,39,49
Guinée
,0
familial
Ménage
monoparental Ménage familial
Ménage non
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 75
? Religion de l'enfant
La religion de l'enfant est associée à l'abandon
scolaire en Guinée. Il ressort du tableau A5 (en annexe) que la
proportion d'abandon scolaire est de 11,6% chez les enfants musulmans ; 9,1%
chez les enfants chrétiens et 11,2 chez les enfants de religion «
Autre ».
Le Graphique 4.4 montre la proportion d'abandon scolaire par
type de ménage selon la religion de l'enfant. En effet, chez les enfants
musulmans, la proportion d'abandon scolaire est de 13,4% dans les
ménages non familiaux, mais il n'y a pas de différence
significative entre ménages monoparentaux (11,2%) et ménages
familiaux (11,6%). Chez les enfants chrétiens, on a 10,7% dans les
ménages non familiaux, et il n'y a également pas de
différence significative entre ménages monoparentaux (8,7%) et
ménages familiaux (9%). Chez les enfants de religion « Autre
», il n'y a presque pas de différence quel que soit le type de
ménage en termes d'abandon scolaire. On a12% dans les ménages non
familiaux, 11,5% dans les ménages monoparentaux et 11,1% dans les
ménages familiaux.
Graphique 4.4 : Proportion(%) d'abandon par type de
ménage selon la religion de l'enfant
Proportion d'abandon (%)
14
12
10
4
8
0
6
2
Musulmane Chrétienne Autre
13,4
11,2 11,6
Religion de l'enfant
12,01
10,7
8,79
,0
1,5 1
1,1
Ménage non familial Ménage monoparental
Ménage familial
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
4.1.3 Abandon scolaire et caractéristiques des
ménages et chefs de ménage ? Niveau de vie du
ménage
L'abandon scolaire des enfants est significativement
associé au niveau de vie du ménage en Guinée. En effet, la
proportion d'abandon scolaire diminue lorsque le niveau de vie du ménage
augmente. Dans l'ensemble, la proportion d'abandon scolaire est de 14,9%
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 76
dans les ménages pauvres ; 12,5% dans les
ménages de niveau de vie moyen et 9,3% dans les ménages riches
(Tableau A6, en annexe).
En ce qui concerne la variation de la proportion par type de
ménage selon le niveau de vie du ménage, il ressort du graphique
4.5 que dans les ménages pauvres il n'y a pas assez de différence
entre type de ménage. On enregistre 15,5% dans les ménages non
familiaux, 14,5% dans les ménages monoparentaux et 14,9 dans les
ménages familiaux. Dans les ménages de niveau de vie moyen, on
enregistre respectivement, avec des différences significatives, 13,6%,
11,5% et 12,5% dans les ménages non familiaux, dans les ménages
monoparentaux et dans les ménages familiaux. Pour ce qui est des
ménages riches, la proportion est de 11,8% s'il s'agit de ménage
non familial et égale 9,2% dans les ménages monoparentaux et dans
les ménages familiaux.
Graphique 4.5 : Proportion(%) d'abandon par type de
ménage selon le niveau du ménage
Proportion d 'a ba nd
on
16
14
12
10
8
4
0
6
2
15,514,514,9
Pauvre Moyen Riche
Niveau de vie du ménage
13,6
1,5
12,5
11,8
9,2
9,2
Ménage non
familial Ménage
monoparental Ménage
familial
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée ? Sexe du chef de ménage
Le sexe du chef de ménage est associé
significativement à l'abandon scolaire des enfants en Guinée.
C'est dans les ménages dirigés par les hommes que la proportion
d'abandon scolaire est plus élevé avec 11,5% contre 11% dans les
ménagés dirigés par les femmes (Tableau A7, en Annexe).
Le Graphique 4.6 montre la variation de la proportion
d'abandon scolaire des enfants par type de ménage selon le sexe du chef
de ménage. Il ressort de ce dernier que dans les ménages
dirigés par les hommes, la proportion d'abandon scolaire est de 13,8%
s'il s'agit des ménages non familiaux, 12,2% dans le cas des
ménages monoparentaux et 11,3% pour les ménages familiaux. Par
contre, dans les ménages dirigés par les femmes, les
proportions
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 77
d'abandon scolaire sont voisines dans les ménages non
familiaux et dans les familiaux soit 12,1% et 11,6% respectivement. Elle est de
10,6% dans les ménages monoparentaux.
Graphique 4.6 : Proportion (%) d'abandon par type de
ménage selon le sexe du CM
don (%)
Proportion d 'aban
14
12
10
4
8
0
6
2
13,8
Masculin Féminin
12,2
12,1
11,3 11,6
10,6
Sexe du CM
familial
Ménage non
Ménage
monoparental
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée ? Niveau d'instruction du chef de ménage
Le niveau d'instruction du chef de ménage est
associé à l'abandon scolaire des enfants en Guinée. En
effet, la proportion d'abandon scolaire des enfants est de 11,9% dans les
ménages dont le CM est sans niveau d'instruction ou préscolaire,
12,8% lorsque le CM a un niveau primaire et 9,4% s'il a un niveau secondaire ou
plus (Tableau A8, en annexe).
Il ressort du Graphique 4.7 qu'il y a des différences
dans la variation de la proportion d'abandon scolaire par type de ménage
selon le niveau d'instruction du chef de manage. En effet, dans les
ménages dont les chefs sont sans niveau d'instruction ou de niveau
préscolaire, la proportion d'abandon scolaire des enfants est de 13%
dans les ménages non familiaux, 11,2% dans les ménages
monoparentaux et 11,9% dans les ménages familiaux. Dans les
ménages dont les chefs sont de niveau d'instruction primaire, la
proportion d'abandon scolaire des enfants est de 16,5% dans les ménages
non familiaux, 11,6% dans les ménages monoparentaux et 12,7% dans les
ménages familiaux. Par contre, dans les ménages dont les chefs
sont de niveau d'instruction secondaire ou plus, ces proportions sont
égales dans les ménages monoparentaux et dans les ménages
familiaux et valent 9,2%. Elle est de 11,9% dans les ménages non
parentaux.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 78
Graphique 4.7 : Proportion (%) d'abandon scolaire par
type de ménage selon le niveau d'instruction du CM
on (%)
rlion d'aband
Propo
20
15
10
0
5
Sans niveau ou
préscolaire
13,0
11,211,9
Niveau d'instruction du CM
16,5
Primaire Secondaire ou
12,7
11,6
11,9
plus
9,29,2
familial
Ménage monoparental
Ménage non
Ménage familial
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée ? Statut matrimonial du chef de ménage
Le statut matrimonial du chef de ménage est
significativement associé à l'abandon scolaire des enfants en
Guinée. Au niveau national, la proportion d'abandon scolaire des enfants
est de 10,8% si le CM est marié monogame ; 12,4% si le CM est
marié polygame et 10% si le statut du CM est de la catégorie
Autre (ce sont les célibataires, les veufs/veuves, les
divorcé(e)s et ceux en union libre) (tableau A9, en annexe).
Le Graphique 4.8 montre que la variation de la proportion
d'abandon scolaire par le type de ménage est fonction du statut
matrimonial du CM. Ce dernier montre que dans les ménages dont les chefs
sont mariés monogames, la proportion d'abandon scolaire est de de 14%
dans les ménages non familiaux, 11,4% dans les ménages
monoparentaux et 10,5% dans les ménages familiaux. Dans les
ménages dont les chefs sont mariés polygames, la proportion
d'abandon scolaire des enfants est de 13,6% dans les ménages non
familiaux, 11,6% dans les ménages monoparentaux et 12,4% dans les
ménages familiaux. Par contre, dans les ménages dont le statut
matrimonial des chefs est de la catégorie « Autre statut », on
enregistre 10,6% dans les ménages non familiaux, 9,7% dans les
ménages monoparentaux et 13,4% dans les ménages familiaux.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 79
Graphique 4.8 : Proportion (%) d'abandon scolaire par
type de ménage selon le statut matrimonial du CM
|
|
14,0 13,6 13,4
|
|
15 12,4
11,4 11,6
10,5 10,6
(%)
|
|
10
d'abandon
5
|
|
|
|
0
|
|
|
|
|
9,7
|
|
|
Ménage non familial Ménage monoparental
|
|
Marié Marié Autre statut
Proportion
|
monogame polygame Statut matrimonial du CM
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée ? Statut d'occupation du chef de ménage
Il ressort du tableau A10 (en annexe) que le statut
d'occupation du chef de ménage est significativement associé
à l'abandon scolaire des enfants en Guinée. Dans l'ensemble, la
proportion d'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans est de 11,5%
dans les ménages où le CM est occupé contre 10,8% dans les
ménages où le CM n'est pas occupé (ce sont des personnes
en chômage, en recherche d'emploi, femmes de foyer ou
élèves/étudiants).
Le Graphique 4.9 montre les variations de la proportion
d'abandon scolaire des enfants par type de ménage selon le statut
d'occupation du chef de ménage. Il ressort de ce dernier que dans les
ménages dont les chefs sont occupés, la proportion d'abandon
scolaire est de 14,2% s'il s'agit des ménages non familiaux. Cette
proportion est égale dans les ménages monoparentaux (11,3%) et
les ménages familiaux (11,4%). Par contre, dans les ménages dont
les chefs sont non occupés, égalité est plutôt
observée entre ménages non familiaux et ménages familiaux
avec 11,1% contre 10,3% dans les ménages monoparentaux.
Graphique 4.9 : Proportion (%) d'abandon scolaire par
type de ménage selon le statut d'occupation du CM
n d'abandon
Proportio
)
scolaire (%
15
10
0
5
14,2
Occupé Non occupé
Statut d'occupation du CM
11,311,4 11,110,311,1
Ménage non familial Ménage monoparental
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 80
? Survie des parents biologiques de l'enfant
Le lien entre survie des parents biologiques et abandon
scolaire des enfants est significatif en Guinée. Le Tableau A11(en
annexe) montre qu'au niveau national, c'est chez les enfants dont les parents
biologiques sont tous en vie, la proportion d'abandon est plus faible soit
11,1% contre 15,8% lorsque l'un au moins deux parents biologiques de l'enfant
est décédé.
Il ressort du Graphique 4.10 que la variation de la proportion
d'abandon scolaire par type de ménage, est fonction de la survie des
parents biologiques de l'enfant. Si les deux parents biologiques de l'enfant
sont tous en vie, la proportion d'abandon scolaire est de 12,4% s'il s'agit des
ménages non familiaux. Cette proportion est voisine dans les
ménages monoparentaux (10,5%) et les ménages familiaux (11,1%).
Par contre, lorsque l'un au moins des deux parents biologiques de l'enfant est
décédé, on enregistre 16,6% dans les ménages non
familiaux, 12,8% dans les ménages monoparentaux et 17,6% dans les
ménages familiaux.
Graphique 4.10 : Proportion (%) d'abandon scolaire par
type de ménage selon la survie des parents biologiques de
l'enfant
|
20 17,6
|
|
16,6
|
|
|
|
12,8
|
|
|
Ménage non
|
15 12,4
|
|
|
|
|
familial
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ménage
|
(%) n 10,5 11,1
n d'aban
0I-
|
|
|
u-1
|
|
|
monoparental Ménage familial
|
|
|
|
|
|
Tous en vie Au moins un décédé
Prop
|
Survie des parents
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée 4.1.4 Abandon scolaire et caractéristiques
individuelles
? Age de l'enfant
L'âge de l'enfant (Groupe d'âge) est positivement
associé à l'abandon scolaire de façon significative en
Guinée. En effet, plus l'âge de l'enfant augmente plus la
proportion d'abandon scolaire est grande. La proportion d'abandon scolaire est
de 9,4%, 10,3% et 14,8%
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 81
respectivement chez les enfants âgés de 6
à 8 ans, de 9 à 11 ans et de 12 à 14 ans au niveau
national (Tableau A12, en annexe).
Il ressort du Graphique 4.11 que, quel que soit le type de
ménage, les proportions d'abandon scolaire varient presque de la
même manière et c'est chez les enfants âgés de 12
à 14 ans qu'on enregistre les proportions les plus
élevées. Dans les ménages non familiaux, il n'y a pas de
différence en matière d'abandon scolaire entre les enfants
âgés de 6 à 8 ans (11,1%) et ceux âgés de 9
à 11ans (11,3%), alors que celle des enfants âgés de 12
à 14 ans est de 16,7%. Dans les ménages monoparentaux, la
proportion d'abandon scolaire est 8,8% chez les enfants âgés de 6
à 8 ans ; ensuite, vient, avec un léger dépassement, celle
des enfants âgés de 9 11ans (9,5%), alors que celle des enfants
âgés de 12 à 14 ans est de 14,4%. Dans les ménages
familiaux, cette proportion est de 9,4% ; 10,4% et 14,7% respectivement dans
les groupes d'âges de 6 à 8 ans, 9 à 11 ans et 12 à
14 ans des enfants.
Graphique4.11: Proportion(%) d'abandon par groupe
d'âge de l'enfant selon le type de ménage
'abandon (%)
Proportion d
20
15
10
0
5
Ménage non
11, 11,3
familial
16,7
Age de l'enfant
monoparental
Ménage
8,89,5
14,4
Ménage familial
10,4 9,4
14,7
9 à 11 ans
6 à 8 ans
12 à 14 ans
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée ? Sexe de l'enfant
Le sexe de l'enfant est significativement associé
à l'abandon scolaire en Guinée. La proportion d'abandon scolaire
est de 10,8% chez les garçons contre 12,1% chez les filles (Tableau A13,
en annexe).
Le Graphique 4.12 montre que, quel que soit le type de
ménage considéré, les filles sont plus touchées par
l'abandon scolaire que les garçons. En effet, la proportion d'abandon
scolaire est de 13,7% chez les filles contre 12,3% chez les garçons dans
les ménages non familiaux. Dans les ménages monoparentaux, cette
proportion est de 11,5% chez les filles contre 10,4% chez les garçons.
Concernant les ménages familiaux, on enregistre 12% chez les filles
contre 10,7% chez les garçons.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 82
Graphique 4.12 : Proportion (%) d'abandon par sexe de
l'enfant selon le type de ménage
d'abandon(%)
Proportion
14
12
10
8
4
0
6
2
Ménage non
familial
12,3
13,7
Sexe de l'enfant
monoparental
Ménage
11,5
10,7
10,4
Ménage familial
12,0
Masculin
Féminin
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
4.2 Caractérisation des enfants ayant
abandonné l'école à partir de l'AFCM
L'un des objectifs que nous nous sommes fixés dans ce
travail est de dresser le profil des enfants de 6 à 14 ans
touchés par l'abandon scolaire en Guinée. Nous allons pour ce
faire recourir à l'Analyse Factorielle des Correspondances Multiples
(AFCM). Cette méthode d'analyse permet d'examiner simultanément
les associations entre les modalités des variables d'étude et de
les classer selon leur proximité. L'analyse est faite au moyen du
logiciel SPAD version5.5.
4.2.1 Identification des axes factoriels à
partir de la matrice de configuration
4.2.1.1 Premier axe factoriel
Le tableau 4.1.1 donne les différentes modalités
ayant contribué le plus à la formation du premier axe factoriel.
Cet axe oppose d'un côté, les enfants résidant dans les
ménages non familiaux ou monoparentaux, dirigés par des femmes et
dont les chefs sont non occupés et, de l'autre, les enfants
résidant dans les ménages familiaux, dirigés par des
hommes et dont les chefs sont occupés.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 83
Tableau 4.1.1 : Modalités qui contribuent le plus
à la formation de l'Axe1
Axe1
|
Variables
|
Contribution positive
|
Contribution négative
|
Modalité
|
Modalité
|
Sexe du CM
|
Féminin
|
Masculin
|
Situation d'occupation
|
Non occupé
|
Occupé
|
Type de ménage
|
Ménage non familial; Ménage monoparental
|
Ménage familial
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée 4.2.1.2 Second axe factoriel
Le tableau 4.1.2 donne les différentes modalités
ayant contribué le plus à la formation du second axe factoriel.
Cet axe oppose également deux groupes d'individus :
Le premier, situé sur le côté
négatif de l'Axe2, est composé des enfants qui fréquentent
l'école, ils vivent en milieu urbain, dans la région de la Basse
Guinée et sont principalement dans les ménages où le CM
à un niveau d'instruction secondaire ou plus.
Le second, se trouvant sur le côté positif de
l'Axe2 est constitué des enfants qui ont abandonné
l'école. Ils résident principalement en milieu rural, dans les
régions de la Moyenne ou Haute Guinée ou en Guinée
Forestière. Ils vivent dans les ménages de niveau de vie pauvre
ou moyen et dont les chefs sont sans niveau d'instruction ou de niveau
préscolaire.
Tableau 4.1.2 : Modalités qui contribuent le plus
à la formation de l'Axe2
Axe2
|
Variables
|
Contribution positive
|
Contribution négative
|
Modalité
|
Modalité
|
Milieu de résidence
|
Rural
|
Urbain
|
Région de résidence
|
Moyenne Guinée; Guinée Forestière
|
Basse Guinée
|
Niveau de vie
|
Pauvre ; Moyen
|
Riche
|
Niveau d'instruction du CM
|
Sans niveau ou niveau
préscolaire
|
Secondaire ou plus
|
Abandon
|
A abandonné
|
Fréquente
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 84
4.2.2 Caractérisation du groupe cible
L'observation du plan factoriel (figure 4.1) met en exergue
deux groupes d'enfants parmi lesquels on retrouve celui d'enfants ayant
abandonné l'école. Ce dernier est constitué des enfants
résidant principalement en milieu rural, dans les régions de la
Moyenne Guinée ou Haute Guinée ou en Guinée
Forestière. Ils vivent dans des ménages de niveau de vie pauvre
ou moyen, où le CM est sans niveau d'instruction ou de niveau
préscolaire, les ménages familiaux dirigés par les hommes
occupés.
Le deuxième groupe quant à lui est
constitué des enfants fréquentant encore l'école au moment
du recensement. Ils vivent en milieu urbain, dans la région de la Basse
Guinée ; dans des ménages dont les chefs sont de niveau
d'instruction secondaire ou plus, des ménages non familiaux ou
monoparentaux dirigés par les femmes non occupées.
Figure 4 : Plan factoriel de l'abandon scolaire des
enfants
Guinée F oresti ére
Ménage monoparental
Rural
Féminin_CM
Groupe 2
Sans niveau ou préscolaire
0.5
Haute Guinée
Menage parental
1.50
0.75
225
Facteur 2
1.0
Pauvre
Moyen
Moyenne Gum
Ménage nonfamilial
Hon occu p
Marié monogame
Occupé
Masculin CM
Masculin
Frequente
Base Guinée
Secondaire et plus
Urbain
Facteur 1
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
LAM 1 -(Francois Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 85
Les analyses effectuées dans ce chapitre (analyses
descriptives bivariée et multivariée) ont permis d'examiner,
premièrement, le lien entre chacune des variables indépendantes
et la variable dépendante et, deuxièmement, de
caractériser au niveau brut les enfants ayant abandonné
l'école. Des analyses effectuées au niveau des tableaux
croisés, accompagnés des tests de chi-deux, et de l'AFCM, on a
constaté que toutes les variables indépendantes de l'étude
sont associées à l'abandon scolaire des enfants au seuil de 1% et
que les enfants ayant abandonné l'école résident
principalement en milieu rural dans les régions autres que celle de la
Basse Guinée, précisément dans des ménages non
familiaux, pauvres et dirigés par les femmes sans niveau d'instruction
ou de niveau préscolaire.
Par ailleurs les associations précédemment
relevées peuvent être fallacieuses et ne sont pas que de simples
corrélations. C'est pourquoi nous allons dans le chapitre suivant faire
une analyse explicative multivariée pour tenir compte des relations
entre variables explicatives, dans la détermination des associées
de chacune d'elles sur la variable expliquée. Cela permet de mesurer
l'effet net10 de chaque variable indépendante dans
l'explication de notre phénomène.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 86
10 C'est l'effet d'une variable indépendante
sur une variable dépendante mesurée en présences des
autres variables indépendantes.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 87
CHAPITRE V : ESSAI EXPLICATIF DE L'ABANDON SCOLAIRE DES
ENFANTS DE 6 A 14 ANS EN GUINEE : RECHERCHE DE QUELQUES FACTEURS
EXPLICATIFS
L'objet de ce chapitre consiste à déterminer les
facteurs associés à l'abandon scolaire des enfants de 6 à
14 ans en Guinée. Il s'agit plus spécifiquement de dégager
les effets nets de chacune des variables indépendantes sur l'abandon
scolaire des enfants ainsi que les mécanismes d'action entre les
variables. Ensuite, nous allons procéder à la discussion des
résultats obtenus par rapport à ceux des études
antérieures puis, à la hiérarchisation des variables
nettement associées (facteurs explicatifs) à l'abandon scolaire
des enfants en Guinée et à la vérification des
hypothèses émises au chapitre II. C'est à l'aide du
logiciel STATA 14,0 (avec le modèle de régression logistique
binaire) que les analyses seront faites.
5.1 Identification des facteurs explicatifs de
l'abandon scolaire des enfants en Guinée et leurs mécanismes
d'action
Il ressort du modèle saturé (M12), que toutes
les variables indépendantes sont significativement associées
à l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans. Par
conséquent, elles sont toutes des facteurs explicatifs de l'abandon
scolaire des enfants) âgés de 6 à 14 ans en
Guinée.
5.1.1 Caractéristiques contextuelles ? Milieu de
résidence de l'enfant
Le milieu de résidence est un facteur explicatif de
l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en Guinée. En effet,
le risque d'abandonner l'école est 0,7 fois moins élevé
chez un enfant vivant en milieu urbain que chez un enfant vivant en milieu
rural (Tableau 5.1).
? Région naturelle de résidence de
l'enfant
La région naturelle de résidence est un facteur
explicatif de l'abandon scolaire chez les enfants de 6 à 14 ans en
Guinée. En effet, le risque pour un enfant d'abandonner l'école
est plus élevé en Haute Guinée (OR=1,26) et Moyenne
Guinée (OR=1,02) qu'en Basse Guinée. En revanche, la
différence va dans le sens contraire entre la Basse Guinée et la
Guinée Forestière (OR=0,7). (Tableau 5.1). Ces différences
restent observables dans tous les douze modèles.
L'examen des modèles à pas croissants montre que
les différences des Odds Ratios sont restées significatives au
seuil de 1% mais le contrôle du milieu de résidence a
réduit, dans une certaine mesure, leur ordre de grandeur : la Basse
Guinée a connu une baisse de
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 88
23%, la Haute Guinée 17% et la Guinée
Forestière 18%. En d'autres termes, les différences
observées au départ entre les deux premières
régions sont dues au fait que ces régions sont moins
urbanisées que Basse Guinée. En revanche, pour ce qui est de la
différence entre Basse Guinée et Guinée Forestière
où, le risque d'abandon scolaire en Guinée forestière est
faible par rapport à celui de la Base Guinée, chose qui est
d'ailleurs étonnante, est sans doute, une des conséquences plus
ou moins directes, des interventions politiques pour maintenir les enfants
à l'école par la mise en place des cantines scolaires dans des
établissements publics. Puisque la région de la Guinée
Forestière est celle qui a plus bénéficié ce
programme vu que la région administrative de
Nzérékoré qui couvre plus de 70% de la Guinée
Forestière, abrite 45% des cantines scolaires publiques de la
Guinée.
Les analyses liées au milieu de résidence et
région naturelle de résidence confirment
l'hypothèse H4.
? Religion de l'enfant
La religion de l'enfant est un facteur explicatif de l'abandon
scolaire en Guinée. En effet, à commencer du modèle M0,
où l'effet brut de la variable religion de l'enfant est mesuré,
au modèle M12, où son effet net est mesuré, l'influence de
la religion de l'enfant sur l'abandon scolaire est significative.
Comparativement aux enfants de religion musulmane, les enfants de religion
chrétienne ont 0,93 fois moins de risque d'abandonner l'école. En
revanche, ceux de la religion « Autre » ont 1,09 fois plus de risque
d'abandonner l'école que du groupe de référence (Tableau
5.1).
5.1.2 Caractéristiques des ménages et chefs
de ménage
? Type de ménage
Le type de ménage dans lequel vit l'enfant a des effets
significatifs sur l'abandon scolaire de ce dernier en Guinée. En effet,
le modèle (M12) montre que, comparativement aux enfants vivant dans les
ménages familiaux, ceux vivant dans les ménages non familiaux ou
monoparentaux ont respectivement 1,27 et 1,12 fois plus de risque d'abandonner
l'école (Tableau 5.1). L'Hypothèse H1 est
confirmée.
Cependant, après contrôle des variables, cette
influence du type de ménage a diminué suite à
l'introduction de la variable région naturelle de résidence (M2).
Cela signifie que l'influence du type de ménage sur l'abandon scolaire
des enfants en Guinée passe nécessairement par la région
naturelle de résidence. En d'autres termes, les différences
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 89
d'abandon scolaire ainsi observées, sont dues à
une différentiation de l'environnement socioculturelle. Plus
précisément, ceux qui abandonnent moins ce sont les enfants qui
résident en Guinée Forestière et Basse Guinée. En
plus, l'examen des modèles à pas croissants montre que les
différences des Odds Ratios au niveau des ménages monoparentaux
ont baissé après contrôle de la région naturelle de
résidence. Ce qui signifie que ces différences passent
nécessairement par la région naturelle de résidence. Par
ailleurs, le contrôle du milieu de résidence a augmenté,
dans une certaine mesure, leur ordre de grandeur : les ménages non
familiaux ont connu une augmentation de 2% et les mélanges monoparentaux
aussi une augmentation de 3%. En d'autres termes, les différences
observées sont dues au fait que ces types de ménage se trouvent
principalement en milieu urbain.
? Niveau de vie du ménage
Il existe une relation négative entre niveau de vie du
ménage et l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en
Guinée. En effet, le risque d'abandon scolaire diminue significativement
avec le niveau de vie du ménage (OR=1,35 dans le cas des ménages
pauvres ; 1,14 dans le ceux de niveau de vie moyen et 1,00 dans les
ménages riches). Ces résultats confirment
l'hypothèse H2.
? Sexe du chef de ménage
Le sexe du chef de ménage est également un
facteur explicatif de l'abandon scolaire des enfants en Guinée. En
effet, du modèle M0 au modèle saturé M12, le sexe du CM
influence significativement l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans
Guinée. Dans le modèle M12, les enfants vivant dans les
ménages dirigés par les femmes ont 0,86 fois moins de risque
d'abandonner l'école que ceux vivant dans les ménages
dirigés par des hommes. Ce résultat confirme
l'hypothèse H5.
? Niveau d'instruction du chef de
ménage
Il ressort du modèle (M12) que le niveau d'instruction
du chef de ménage a un effet net sur l'abandon scolaire des enfants de 6
à 14 ans en Guinée. On constate notamment que, comparativement
aux enfants vivant dans les ménages dont les chefs sont sans niveau
d'instruction ou préscolaire, le niveau d'instruction du CM n'a
défet sur l'abandon scolaire qu'à son plus haut niveau (OR=0,97).
En revanche, au niveau primaire, la différence observée est
plutôt positive (OR=1,24). Il ressort de cette analyse que
l'hypothèse H3 est partiellement confirmée.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 90
s Statut d'occupation du chef de
ménage
Le statut d'occupation du chef de ménage et l'abandon
scolaire des enfants en Guinée sont nettement associés. Par
conséquent, le statut d'occupation du CM constitue un facteur explicatif
de l'abandon scolaire. La relation entre le statut d'occupation et l'abandon
scolaire est contraire à celle attendue. En effet, il ressort du
modèle suturé que les enfants vivant dans les ménages dont
le chef est non occupé ont 0,95 fois moins de risque que ceux vivant
dans les ménages dont le chef est occupé.
s Statut matrimonial du chef de ménage
Le statut matrimonial du CM est significativement
associé à l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en
Guinée. En effet, du modèle M8 à M12, l'influence du
statut matrimonial du CM sur l'abandon scolaire est significative. On remarque
que les enfants vivant dans les ménages dont les chefs sont
mariés polygames ont 1,04 fois plus de risque d'abandonner
l'école que ceux de ménages dont le chef sont mariés
monogames. Par contre, les enfants vivant dans les ménages dont les
chefs appartiennent à la catégorie « autre » du statut
matrimonial ont 0,83 fois moins de risque d'abandonner l'école que ceux
du groupe de référence (ménages dont les chefs sont
mariés monogames).
Les résultats liés au statut matrimonial et au
statut d'occupation du CM confirment partiellement l'hypothèse
H7.
s Survie des parents biologiques de l'enfant
La survie des parents biologiques de l'enfant est un facteur
explicatif de l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en
Guinée. En effet, comparativement au risque d'abandon scolaire des
enfants dont les deux parents sont en vie, il ressort du modèle
saturé (M12) que ce risque est de 1,87 plus élevé chez les
enfants dont l'un des parents biologiques est décédé. Ce
résultat confirme l'hypothèse H6.
5.1.3 Caractéristiques individuelles s Sexe de
l'enfant
Le sexe de l'enfant est également un facteur explicatif
de l'abandon scolaire des enfants en Guinée. Il ressort du Tableau 5.1
que les filles sont relativement plus touchées par l'abandon scolaire
(OR=1,17) que les garçons et ce, du modèle M0 au modèle
M12.
? Groupe d'âge de l'enfant
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 91
L'âge de l'enfant est un facteur explicatif de l'abandon
scolaire des enfants de 6 à 14 ans en Guinée. En effet, tel que
regroupé, pour rendre catégoriel et aussi faciliter les analyses,
il ressort de tous les modèles (de M0 à M12) que, le risque
d'abandon scolaire est nettement et positivement associé à
l'âge des enfants en Guinée. En faisant une comparaison par
rapport au risque d'abandon des enfants de 6 à 8 ans, on voit que les
risques des enfants de 9 à 11 ans et des enfants de 12 à 14 ans
sont respectivement 1,12 et 1,73 fois plus élevés.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 92
Tableau 5.1 Effets des variables indépendantes sur
l'abandon scolaire des enfants
Variables/Modalités
|
Effets bruts
|
Effets nets
|
M(0)
|
M(1) M(2) M(3) M(4) M(5) M(6) M(7) M(8) M(9)
|
M(10)
|
M(11)
|
M(12)
|
type de ménage
|
***
|
***
|
**
|
**
|
**
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Ménage non familial
|
1,172***
|
1,172***
|
1,192***
|
1,211***
|
1,211***
|
1,269***
|
1,273***
|
1,282***
|
1,322***
|
1,324***
|
1,289***
|
1,279***
|
1,272***
|
Ménage monoparental
|
0,959***
|
0,959***
|
0,987*
|
1,016**
|
1,015*
|
1,105***
|
1,104***
|
1,107***
|
1,146***
|
1,143***
|
1,132***
|
1,132***
|
1,122***
|
Ménage familial
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Région naturelle de résidence
|
***
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Base Guinée
|
Réf
|
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Moyenne Guinée
|
1,361***
|
|
1,357***
|
1,041***
|
1,043***
|
1,049***
|
1,050***
|
1,052***
|
1,050***
|
1,033***
|
1,041***
|
1,037***
|
1,016**
|
Haute Guinée
|
1,548***
|
|
1,554***
|
1,286***
|
1,287***
|
1,285***
|
1,290***
|
1,291***
|
1,286***
|
1,253***
|
1,250***
|
1,261***
|
1,263***
|
Guinée Forestière
|
0,891***
|
|
0,891***
|
0,729***
|
0,724***
|
0,724***
|
0,720***
|
0,719***
|
0,720***
|
0,697***
|
0,697***
|
0,701***
|
0,696***
|
Milieu de résidence
|
***
|
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Urbain
|
0,606***
|
|
|
0,607***
|
0,610***
|
0,610***
|
0,614***
|
0,616***
|
0,620***
|
0,722***
|
0,720***
|
0,716***
|
0,699***
|
Rural
|
Réf
|
|
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Religion de l'enfant
|
***
|
|
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Musulmane
|
Réf
|
|
|
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Chrétienne
|
0,756***
|
|
|
|
0,946***
|
0,944***
|
0,943***
|
0,943***
|
0,952***
|
0,946***
|
0,949***
|
0,943***
|
0,927***
|
Autre religion
|
0,960***
|
|
|
|
1,113***
|
1,113***
|
1,097***
|
1,097***
|
1,111***
|
1,098***
|
1,108***
|
1,103***
|
1,091***
|
Sexe du CM
|
***
|
|
|
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
MasculinCM
|
Réf
|
|
|
|
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
FémininCM
|
0,954***
|
|
|
|
|
0,895***
|
0,895***
|
0,906***
|
0,904***
|
0,912***
|
0,863***
|
0,859***
|
0,863***
|
Niveau d'instruction du CM
|
***
|
|
|
|
|
|
***
|
***
|
***
|
*
|
**
|
***
|
***
|
Sans niveau ou préscolaire
|
Réf
|
|
|
|
|
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Primaire
|
1,088***
|
|
|
|
|
|
1,230***
|
1,229***
|
1,231***
|
1,252***
|
1,245***
|
1,243***
|
1,239***
|
Secondaire ou plus
|
0,768***
|
|
|
|
|
|
0,955***
|
0,955***
|
0,959***
|
0,988ns
|
0,981**
|
0,978***
|
0,966***
|
Variables/Modalités
|
Effets bruts
|
Effets nets
|
M(0)
|
M(1)
|
M(2)
|
M(3)
|
M(4)
|
M(5)
|
M(6)
|
M(7)
|
M(8)
|
M(9)
|
M(10)
|
M(11)
|
M(12)
|
Statut d'occupation du CM
|
***
|
|
|
|
|
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Occupé
|
Réf
|
|
|
|
|
|
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Non occupé
|
0,934***
|
|
|
|
|
|
|
0,952***
|
0,953***
|
0,963***
|
0,961***
|
0,960***
|
0,951***
|
Statut Matrimonial du CM
|
***
|
|
|
|
|
|
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Marié monogame
|
Réf
|
|
|
|
|
|
|
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Marié polygame
|
1,166***
|
|
|
|
|
|
|
|
1,037***
|
1,041***
|
1,043***
|
1,043***
|
1,038***
|
Autre statut
|
0,916***
|
|
|
|
|
|
|
|
0,898***
|
0,895***
|
0,835***
|
0,836***
|
0,831***
|
Niveau de vie du ménage
|
***
|
|
|
|
|
|
|
|
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Pauvre
|
1,694***
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1,330***
|
1,329***
|
1,336***
|
1,350***
|
Moyen
|
1,383***
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1,136***
|
1,135***
|
1,138***
|
1,142***
|
Riche
|
Réf
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Survie des parents
|
***
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
***
|
***
|
***
|
Tous envie
|
Réf
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Réf
|
Réf
|
Réf
|
Aumoins un décédé
|
1,499***
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1,619***
|
1,621***
|
1,536***
|
Sexe de l'enfant
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
***
|
Masculin
|
Réf
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Réf
|
Réf
|
Féminin
|
1,137***
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1,184***
|
1,186***
|
Groupe d'âge
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
***
|
6 à 8 ans
|
Réf
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Réf
|
9 à 11 ans
|
1,107***
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1,111***
|
12 à 14 ans
|
1,674***
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1,725***
|
chi2 286,1
|
6616,5
|
13568,6
|
13666,8
|
13767
|
14488,7
|
14532
|
14658,1
|
15805,5
|
17995,2
|
19013
|
27319,9
|
Seuil de significativité ***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
NB: *** signification au seuil de 1%; ** signification au seuil
de 5%; * signification au seuil de 10%; ns=non significatif;
Réf=modalité de référence
|
Source: Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 93
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 94
5.3 Hiérarchisation des facteurs explicatifs de
l'abandon scolaire
Après avoir identifié les facteurs explicatifs
de l'abandon scolaire, nous allons à présent passer à leur
hiérarchisation. Cette activité consiste à classer par
ordre décroissant, selon les contributions de chaque facteur dans
l'explication du phénomène étudié. La
hiérarchisation des facteurs est importante car elle permet de prioriser
les actions à mener pour baisser les taux d'abandon scolaire des enfants
pendant des éventuelles interventions.
La formule de calcul de la contribution relative de chaque
variable est la suivante :
2
Ci = ????2-????
2 où ????
Ci est la contribution de la variable i dans l'explication du
phénomène ; ????2 représente le chi-deux du
modèle saturé et ;
??i 2 représente le chi-deux du modèle
sans la variable i,
D'après le tableau 5.2, de tous les facteurs
explicatifs de l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en
Guinée, c'est l'âge de l'enfant (groupe d'âge) qui contribue
le plus (30,4%). Il est suivi par la Région naturelle de
résidence (11,9%), puis le milieu de résidence (6,5%%), la survie
de parents (6,4%) et le niveau de vie du ménage (4,6%). Par contre, ceux
qui contribuent le moins dans l'explication de notre phénomène
sont : le statut d'occupation du CM (0,2%), la religion de l'enfant (0,4%), le
sexe de l'enfant (instruction du CM (0,6%), etc...
Tableau 5.2 contribution relative des facteurs dans
l'explication de l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en
Guinée
VARIABLES
|
Chi-deux du modèle saturé
(xs2 )
|
Chi-deux du modèle sans la variable (xi
2)
|
Contribution (en
%)
|
Rang
|
Groupe d'âge de l'enfant
|
27319,9
|
19013,0
|
30,4
|
1
|
Région naturelle de résidence
|
27319,9
|
24078,6
|
11,9
|
2
|
Milieu de résidence
|
27319,9
|
25551,0
|
6,5
|
3
|
Survie des parents biologiques
|
27319,9
|
25583,0
|
6,4
|
4
|
Niveau de vie du ménage
|
27319,9
|
26053,9
|
4,6
|
5
|
Sexe de l'enfant
|
27319,9
|
26283,9
|
3,8
|
6
|
Niveau d'instruction du CM
|
27319,9
|
26599,3
|
2,6
|
7
|
type de ménage
|
27319,9
|
26900,2
|
1,5
|
8
|
Statut Matrimonial du CM
|
27319,9
|
27057,7
|
1,0
|
9
|
Sexe du CM
|
27319,9
|
27160,2
|
0,6
|
10
|
Religion de l'enfant
|
27319,9
|
27217,8
|
0,4
|
11
|
Statut d'occupation du CM
|
27319,9
|
27276,0
|
0,2
|
12
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 95
5.4 Discussion des résultats
La discussion des résultats consiste à comparer
les résultats de l'étude à ceux des études
antérieures précédemment présentés au
chapitre II. Elle permet de savoir si les résultats obtenus de notre
étude corroborent ou au contraire s'opposent à ceux des
études antérieures. Une explication contextuelle de chaque
résultat est également donnée à la suite de chaque
comparaison.
? Milieu de résidence de l'enfant
Il ressort des analyses qu'en Guinée, l'abandon
scolaire des enfants est plus récurrent en milieu rural qu'en milieu
urbain. Ce résultat va dans le même sens que ceux des
études antérieures. Par exemple, dans l'étude de NOUMBA
(2006) au Cameroun, il arrive au résultat que taux d'abandon en milieu
rural est plus élevé que la moyenne nationale.
Au regard du contexte guinéen, ce résultat
s'explique par le fait qu'en milieu urbain, presque toutes les infrastructures
scolaires y sont au complet et les enfants sont moins exposés aux
activités extra-scolaires comparativement au milieu rural. A ces
éléments d'explication, s'ajoutent les problèmes de
distances qui séparent les domiciles des enfants à leur
école dont sont généralement confrontés les
élèves des zones rurales. En effet, de tous les abandons
scolaires des enfants de 6 à 14 ans déclarés en 2014 en
Guinée, 11,7% sont causés par le manque d'école ou
l'éloignement de l'école aux domiciles des enfants en milieu
urbain contre 17,6% en milieu rural (Tableau A14, en annexe).
? Région naturelle de résidence de
l'enfant
Les résultats montrent qu'en Guinée, le risque
d'abandonner l'école chez les enfants est plus élevé en
Haute Guinée et Moyenne Guinée par rapport en Basse
Guinée. Et plus faible en Guinée Forestière
comparativement à la Basse Guinée.
Les différences observées au départ entre
les deux premières régions (Moyenne Guinée et Basse
Guinée) et la région de la Basse Guinée sont dues au fait
que les deux premières sont moins urbanisées que la
troisième. Deux autres explications contextuelles peuvent intervenir
dans le cas de la différence entre la Haute Guinée et la Basse
Guinée : la première est liée à l'extraction
traditionnelle de l'or observée en Haute Guinée au cours de ces
dernières années. Plutôt que de continuer l'école,
la plupart des enfants de cette région seraient à même
d'aller dans des orpaillages pour vite devenir des « milliardaires »,
comme ils le disent généralement. En outre, cette pratique ouvre
la région de la Haute Guinée à l'immigration interne, pour
laquelle la plupart des immigrants sont des décrocheurs, des
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 96
enfants ayant abandonné l'école.
Deuxièmement, cette région est à forte densité de
population musulmane. C'est dans cette région que le
phénomène de mariage précoce est plus rependu (KEITA,
2017), l'une des causes de l'abandon scolaire des enfants.
Pour ce qui de la différence entre Basse Guinée
et Guinée Forestière où le risque d'abandon scolaire est
faible en Guinée forestière, chose qui est d'ailleurs
étonnante, est sans doute, une des conséquences plus ou moins
directes, des interventions politiques pour maintenir les enfants à
l'école par la mise en place des cantines scolaires dans des
établissements publics. Puisque la région de la Guinée
Forestière est celle qui a plus bénéficié ce
programme vu que la région administrative de
Nzérékoré qui couvre plus de 70% de la Guinée
Forestière, égorge 45% des cantines scolaires publiques de la
Guinée.
? Religion de l'enfant
Les résultats montrent que comparativement aux enfants
de religion musulmane, les enfants de religion chrétienne ont moins de
risque d'abandonner l'école alors que ceux de la religion « Autre
» ont plus de risque d'abandonner l'école que ceux du groupe de
référence.
Ces résultats peuvent également se justifier par
le fait que, certains abandons se font chez les enfants musulmans au profit de
fréquenter les écoles coraniques (Tableau A14, en annexe). Plus
encore, l'enseignement général et la religion chrétienne
sont issus de la même culture (culture occidentale). Par
conséquent, ils ont tendance à se compléter ; alors que la
religion musulmane est issue de la culture arabo-musulmane et envisage plus
l'école coranique qui, est d'ailleurs l'une des causes des abandons chez
les enfants musulmans.
? Type de ménage
Le type de ménage dans lequel vit l'enfant a des effets
significatifs sur l'abandon scolaire de ce dernier en Guinée. En effet,
comparativement aux enfants vivant dans les ménages familiaux, ceux
vivant dans les ménages non familiaux ou monoparentaux ont plus de
risque d'abandonner l'école. Ces résultats corroborent avec ceux
que Isabelle Bouchard relève au niveau des déterminants familiaux
de l'abandon scolaire dans sa revue, en confrontant famille monoparentale
(gynoparentale, famille monoparentale dirigée par une femme) et famille
biparentale à l'aide des résultats de Lipman et al. (1998).
Si les abandons scolaires sont plus récurrents dans les
ménages non familiaux, c'est parce que ces ménages abritent
principalement les enfants confiés (notamment les orphelins).
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 97
? Niveau de vie du ménage
Le risque d'abandon scolaire diminue significativement avec le
niveau de vie du ménage. Ce résultat vient confirmer ceux de la
littérature (Bourdieu, 1970 ; Fleuret et al., 1992 ; AKOUÉ, 2007
; GUEDDARI, 2015 ; NGANAWARA, 2016).
Ce résultat pourrait s'expliqués par les
coûts élevés des études et les manques de soutien
aux enfants qui sont aussi causes de l'abandon scolaire des enfants vue que,
23,55% des enfants déscolarisés ont déclaré au
moment du recensement que la principale cause de leur abandon est l'une des
deux susmentionnées (Tableau A14, en annexe). Déclarations qu'on
trouverait très probablement plus dans les ménages pauvres que
dans des ménages riches. En plus, on trouve principalement les
ménages riches en milieu urbain.
? Sexe du chef de ménage
Les enfants vivant dans les ménages dirigés par
les femmes ont moins de risque d'abandonner l'école que ceux vivant dans
les ménages dirigés par des hommes. Ce résultat corrobore
à ceux des études antérieures parmi lesquelles pouvons
citer : WAKAM (2001) dans le contexte Camerounais, CLEVENOT et PILON (1996)
dans une étude portant sur sept pays d'Afrique subsaharienne (Ghana,
Kenya, Madagascar, Malawi, Rwanda, Sénégal, Zambie) et Marc PILON
dans le cas du Togo.
Une explication contextuelle serait que, le moindre risque
d'abandon scolaire des enfants dans des ménages dirigés par les
femmes par rapport aux ménages dirigés par les hommes est l'une
des conséquences de l'autonomisation des femmes. Ces femmes sont
généralement autonomes surtout économiquement (par
exemple, veuve dont le mari défunt lui a laissé de bons
héritages, ou elle-même exerçant une activité
rémunératrice).
? Niveau d'instruction du chef de
ménage
On constate que, comparativement aux enfants dans les
ménages dont les chefs sont sans niveau d'instruction ou
préscolaire, le niveau d'instruction du CM n'a défet sur
l'abandon scolaire à son plus haut niveau. En revanche, au niveau
primaire, la différence observée est plutôt positive. Ce
dernier résultat s'oppose à ceux des études
antérieures. La reconnaissance de l'éducation scolaire comme
moyen efficace pour l'amélioration des conditions de vie par la
population analphabète pourrait justifier ce résultat.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 98
s Statut d'occupation du chef de
ménage
Les enfants vivant dans les ménages dont le chef est
non occupé ont moins de risque que ceux vivant dans les ménages
dont le chef est occupé. Ce résultat s'oppose à celui
attendu dans cette étude. On pourrait expliquer cela par le fait que la
catégorie des chefs de ménages occupés, telle que
définie dans ce travail, regroupe la quasi-totalité des chefs de
ménages vivant en milieu rural, alors que l'abandon scolaire des enfants
est beaucoup plus rependu dans ce milieu. Toutefois, ces différences
doivent être utilisées avec des réserves vue que le statut
d'occupation est une variable qui varie significativement avec le temps. Il est
très fort probable que les positions selon de statut d'occupation des
chefs de ménages pendant le recensement soient significativement
différentes de celles qu'avaient au moment où les enfants
abandonnaient l'école. C'est raison pour laquelle une étude
évolutive, permettant de suivre les enfants est mieux placée de
vérifier ce genre de relation avec toute certitude.
s Statut matrimonial du chef de ménage
On remarque que les enfants vivant dans les ménages
dont les chefs sont mariés polygames ont plus de risque d'abandonner
l'école que ceux des ménages dont les chefs sont mariés
monogames. Par contre, les enfants vivant dans les ménages dont les
chefs appartiennent à la catégorie « autre » du statut
matrimonial ont moins de risque d'abandonner l'école que ceux du groupe
de référence.
s Survie des parents biologiques de l'enfant
Comparativement au risque d'abandon scolaire des enfants dont
les deux parents sont en vie, ce risque est plus élevé chez les
enfants dont l'un au moins des parents biologiques est
décédé. Ce résultat corrobore avec ceux de la
littérature et peut s'expliquer par le manque de soutien et la «
non gratuité » de l'école telles que prévalent les
lois en vigueurs dans le contexte guinéen.
s Sexe de l'enfant
Les résultats montrent que les filles sont relativement
plus touchées par l'abandon scolaire que les garçons en
Guinée. Ce résultat est une confirmation de la plupart des
études antérieures. En Guinée, cette
vulnérabilité des filles d'être plus victimes de l'abandon
scolaire, s'explique par le fait que certaines d'entre elles sont
touchées par le phénomène de mariage précoce
accompagné des grossesses précoces vue que 0,2% des abandons
scolaires de ces enfants sont attribuables à ces deux
éléments. A cela s'ajoute, le moindre intérêt
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 99
longtemps accordé à la scolarisation et le
maintien des filles à l'école. Car dans certaines cultures en
Guinée, les femmes doivent être dans les foyers et par
conséquent, elles ne doivent pas rester longtemps à
l'école.
? Groupe d'âge de l'enfant
En faisant une comparaison par rapport au risque d'abandon des
enfants de 6 à 8 ans, on voit que les risques des enfants de 9 à
11 ans et des enfants de 12 à 14 ans sont tous plus
élevés. Ces résultats corroborent avec ceux de la
littérature et ne sont qu'une confirmation de ce qu'on pouvait attendre.
Car, l'abandon scolaire étant un processus dans lequel, un enfant
inscrit au compte d'un établissement d'enseignement
général, arrive à quitter l'école après un
nombre d'années d'étude. Vu que nous sommes en train de mener une
étude du moment, c'est-à-dire une étude qui cherche des
explications à un phénomène à un moment
donné, il est évident qu'en statique, qu'on pût observer
une relation positive entre proportion d'abandon scolaire et à âge
de l'enfant.
Tableau 5.3 Synthèse des résultats
d'hypothèses confirmées, partiellement confirmées ou non
confirmées
Hypothèse
|
Synthèse
|
H1. Le type de ménage dans lequel vit l'enfant est
associé à l'abandon scolaire en Guinée de sorte que
l'abandon scolaire soit plus récurrent dans les ménages non
familiaux que dans les ménages familiaux.
|
Confirmée
|
H2. Les enfants issus des ménages pauvres sont plus
enclins à l'abandon scolaire que leurs homologues issus des
ménages riches.
|
Confirmée
|
H3. Plus le niveau d'instruction du CM est élevé
plus le risque d'abandon scolaire est faible chez l'enfant.
|
Partiellement Confirmée
|
H4. Les enfants vivant en milieu rural courent plus de risque
d'être victime d'abandon scolaire que ceux du milieu urbain quelle que
soit la région naturelle de résidence.
|
Confirmé
|
H5. Le risque d'abandon scolaire est moins élevé
dans les ménages dirigés par les femmes que dans ceux
dirigés par les hommes.
|
Confirmé
|
H6. Les enfants orphelins sont plus susceptibles d'être
touchés par l'abandon scolaire que les enfants dont les deux parents
sont en vie.
|
Confirmée
|
H7. Les enfants vivant dans des ménages dont les chefs
sont mariés polygames sont enclins à l'abandon scolaire que les
autres quel que soit son statut d'occupation.
|
Partiellement confirmée
|
|
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 100
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
Cette étude avait pour objectif général
de contribuer à une amélioration aux connaissances des facteurs
explicatifs de l'abandon scolaire des élèves en Guinée.
Plus spécifiquement, il était question de :
? Décrire les variations de la proportion d'abandon
scolaire des enfants âgés de 6 à 14 ans selon les
caractéristiques des enfants et des chefs de ménages, les
caractéristiques économiques du ménage, et le contexte
socioculturel et économique ;
? Dresser le profil des enfants âgés de 6
à 14 ans vulnérables à l'abandon scolaire en Guinée
et ;
? Déterminer et hiérarchiser les facteurs
explicatifs de l'abandon scolaire des enfants âgés de 6 à
14 ans puis mettre en évidence les mécanismes d'action des
facteurs familiaux.
Pour atteindre ces objectifs on a en premier lieu passé
en revue des études antérieures portant sur l'abandon scolaire
des élèves. Cela nous a permis d'élaborer un cadre
conceptuel et de formulé des hypothèses. Puis, sur la base des
données du troisième RGPH de la Guinée, dont leurs
qualités, après avoir être évaluées, ont
été jugées acceptables, deux types d'analyses ont
été menés : analyses descriptives (bivariée et
multivariée) et analyse explicative multivariée.
Des résultats de l'analyse descriptive bivariée,
toutes les variables mobilisées ont été significativement
associées à l'abandon scolaire des enfants en Guinée. Ceux
de l'analyse descriptive multivariée ont également par ailleurs
permis de dresser le profil des enfants touchés par l'abandon scolaire
en Guinée. Pour ce qui est des résultats de l'analyse explicative
multivariée, il ressort que toutes nos variables explicatives sont
nettement associées à l'abandon scolaire des enfants et par
conséquent, elles sont considérées comme facteurs
explicatifs de l'abandon scolaire des enfants en Guinée. Cependant,
certaines influencent plus et se situent aux premiers rangs dans la
hiérarchie de leur contribution dans l'explication du
phénomène étudié. Les cinq premiers sont :
l'âge de l'enfant (groupe d'âge) qui contribue le plus ; il est
suivi par la région naturelle de résidence, puis le milieu de
résidence, la survie de parents et le niveau de vie du ménage.
Par ailleurs, cette étude comporte quelques limites
à relever afin que les résultats ainsi obtenus puissent
être utilisés avec toute prudence. Il y a entre autre :
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 101
? Le type des données utilisées pour les
analyses. En effet, plutôt que d'utiliser des données du moment,
l'utilisation des données longitudinales issues des enquêtes
à passages répétés serait plus judicieuse dans
cette étude. Puisque certaines de nos variables (par exemple le statut
d'occupation du chef de ménage, l'âge de l'enfant, etc...) sont
très sensibles à la variation du temps. Cela nous
amènerait à avoir des résultats qui s'écarteraient
de la réalité si les analyses étaient effectuées
à partir des caractéristiques des enfants et les ménages
aux moments mêmes où chaque enfant décide d'abandonner
l'école.
? La non prise en compte des variables de l'offre scolaire
dans les analyses ;
? Le modèle d'analyse explicative utilisé
présente aussi des limites parmi lesquelles nous avons les deux types
d'erreurs fondamentales à savoir l'erreur écologique et l'erreur
atomiste. En effet, le modèle que nous avions utilisé ne prend
pas en compte un effet multiniveau ce qui revient notamment à
sous-estimer la variance des effets contextuels, et donc par conséquent
surestimer leur significativité.
Sur la base des résultats ainsi obtenus, nous nous
proposons formuler quelques recommandations à l'endroit de la
communauté scientifique, aux décideurs politiques ainsi qu'aux
organismes et ONGs intervenant dans le domaine de l'éducation scolaire
en Guinée.
A la communauté scientifique
Nous recommandons aux structures en charge de la production
des données statistiques (notamment l'INS et la Direction Nationale des
Statistiques Scolaires) de renforcer les capacités des données
statistiques scolaires en intégrant dans la collecte des données,
celles liées aux caractéristiques familiales, économiques
et socioculturelles. De mener également des enquêtes à
passages répétés permettant de faire des études
longitudinales qui sont les mieux adaptées pour expliquer l'abandon
scolaire des élèves.
Aux autorités politiques
Renforcer les politiques éducatives permettant de
maintenir longtemps les enfants à l'école, surtout celle
liée à la construction des cantines scolaires, dans les
régions de Moyenné Guinée et Haute Guinée.
Mettre en place des politiques permettant aux parents
d'élèves vivant en milieu rural à garder le plus longtemps
possible leurs enfants à l'école. Une politique de
sensibilisation
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 102
accompagnée d'une augmentation des infrastructures
scolaires en milieu rural pourra être utilisée à cet
effet.
Aux Organismes et Organisations Non Gouvernementales (ONG)
Veiller à ce que les enfants orphelins soient non
seulement scolarisés, mais aussi à ce qu'ils puissent rester
longtemps à l'école. La mise en place d'un programme de lutte
contre d'abandon scolaire des enfants orphelins, qui viserait la prise en
charge des dépenses scolaires y compris les fournitures scolaires de ces
derniers, pourra servir à cet effet.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 103
BIBLIOGRAPHIE
a) Articles dans des revues
BRUNO Françoise et all (2017), «
L'évolution des approches du décrochage scolaire »,
Carrefours de l'éducation, Armand Colin, n°43, pp.246-271.
FISCHER Lorenzo (2011), « L'abandon scolaire en Italie
», Revue internationale d'éducation de Sèvres, n°35,
pp. 31-42.
FLAVIER Éric et MEARD Jacques (2016), « L'approche
du décrochage scolaire selon les théories culturalistes de
l'activité. Bénéfices et perspectives »,
Activités [En ligne], mis en ligne le 15 octobre 2016, 17 p.
FORTIN Laurier (2005), « Facteurs personnels, scolaires
et familiaux différenciant les garçons en problèmes de
comportement du secondaire qui ont décroché ou non de
l'école », Nouveaux cahiers de la recherche en
éducation, vol 8, n°2, pp.79-88.
JANOSZ Michel. (2000), « L'abandon scolaire chez les
adolescents : perspective nord-américaine », Enjeux, n°122,
pp.105-127.
MURHI MIHIGO Isidore et BUCEKUDERHWA BASHIGE Célestin
(2017), « Abandon scolaire au Sud-Kivu », Formation et profession,
vol 25, n °2, pp. 49-64.
NOUMBA Issidor (2008), « Un profil de l'abandon scolaire
au Cameroun », Revue d'économie du développement, Vol. 16,
n°1, pp. 37-62.
Raymond Boudon, Nathalie Bulle, Mohamed Cherkaoui (2001),
« Les changements de l'école accompagnent-ils les changements
sociaux ? », Ecole et Société - Les paradoxes de la
démocratie. Paris : Presses universitaires de France., Revue des
sciences de l'éducation, Vol 28, n°3, pp.1-11.
ROBERTSON André et COLLERETTE Pierre (2005), «
L'abandon scolaire au secondaire : prévention et interventions »,
Revue des sciences de l'éducation, vol 31, n°3, pp. 687- 707.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 104
b) Chapitre d'ouvrage
BERTRAND Yves (1990), Théories contemporaines de
l'éducation, Chronique sociale - Edition nouvelles, 7 p.
ELOUNDOU-ENYEGUE Parfait M. et SHAPIRO David, Confiage
d'enfants et nivellement des inégalités scolaires au Cameroun,
1960-1995, Cahiers québécois de démographie Vol. 34,
no 1, printemps 2005, pp. 47-75.
KOBIANE Jean-François (2003), « Pauvreté,
structures familiales et stratégies éducatives à
Ouagadougou », in : M. Cosio, R. Marcoux, M. Pilon et A. Quesnel,
Éducation, famille et dynamiques démographiques, Paris,
CICRED, pp. 153-182.
Marc PILON (1996), « Les déterminants de la
scolarisation des enfants de 6 à 14 ans au Togo en 1981 : apports et
limites des données censitaires », in Marie-France LANGE et
Jean-Yves., Cahiers ORSTOM, vol. 31, n° 3, pp. 697-718.
PILON Marc (1996), « Genre et scolarisation des enfants
en Afrique », in : Locoh T., Labourie-Racapé A. et
Tichit C. (éds.), Genre et développement : des pistes
à suivre, documents et Manuels du CEPED n05, CEPED, Paris, pp.
25-34.
c) Ouvrages
AFSA Cédric (2016), Le modèle Logit Théorie
et application, Méthodologie Statistique, ISEE, 112 p.
BOURDIEU Pierre et PASSERON Jean-Claude (1970), la
reproduction, les éditions de minuit, 284 p.
BOURDIEU Pierre et PASSERON Jean-Claude (1964), Les
Héritiers, BRUNO Alain, Ellipses Edition Marketing S.A., 2009, 160
p.
BOUDON Raymond (1984), L'Inégalité des
chances, Edition pluriel 2010, 314 p.
BRIGNE Arnaud et GOLAZ Valérie (2017), Manuel pratique
d'analyse multiniveau, INED, Paris, 2017, 118 p.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 105
MALTHUS Thomas-Robert (1798), Essaie sur le principe de
population, Edition les classiques des sciences sociales
réalisée par Jean-Marie Tremblay en 2001, 153 p.
MARCOUX Richard, Fréquentation scolaire et
structure démographique des ménages en milieu urbain au
Mali, Département de démographie, Université de
Montréal, 20 p.
PILON Marc (2003), Gonfiage et scolarisation en Afrique de
l'ouest : un état des connaissances, IRD - UERD, 13p.
TARDIF Jacques (1992), Pour un enseignement
stratégique : l'apport de la psychologie cognitive,
Montréal, 421p.
d) Thèses et
mémoires
BALDE Mamadou Baïlo (2017), « scolarisation
différentielle des enfants de 6-24 ans en Guinée selon le de
parenté avec le chef de ménage », Mémoire en
Démographie professionnelle, IFORD, Université de Yaouné
II, 176 p.
BOUBA DJOURDEBBE Franklin (2015), « Facteurs
environnementaux immédiats santé des enfants dans les zones de
l'Observatoire de population de Ouagadougou (Burkina Faso), thèse
de Doctorat en Démographie, Université de Montréal, 264
p.
DA COSTA Julien (2014), « BPMN 2.0 pour la
modélisation et l'implémentation de dispositifs
pédagogiques orientés processus », maîtrise en
sciences de l'éducation, Université de Genèse, 112 p.
DIALLO Koura (2001), « L'influence
des facteurs familiaux, scolaires et individuels sur l'abandon scolaire des
filles en milieu rural, de la région de Ségou (Mali) »,
Thèse de Doctorat (Ph,D,) en sciences de l'éducation,
Université de Montréal, 391p.
FLAYOLS Alexandra (2015), « Accumulation du capital
humain et employabilité : une mise en perspective empirique »,
Thèse de doctorat en économies et finances, Université de
Toulon, France, 356 p.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 106
KEITA Djanaba (2017), « mariage précoce des
jeunes filles en moyenne et haute Guinée entre 2005 et 2012 »,
Mémoire en Démographie professionnelle, IFORD, Université
de Yaouné II, 153 p.
KHALID Gueddari (2015), « L'abandon scolaire en
milieu rural marocain : une analyse interactionniste du point de vue des
familles », Maîtrise en éducation comparée et
fondements de l'éducation, Université de Montréal, 157
p.
LESSARD Anne (2004), « Genre et abandon scolaire
», Thèse de doctorat en science d'éducation,
Université de Sherbrooke, 164 p.
MARIE-COLETTE AKOUE (2007), « le redoublement des
filles dans les classes de 3e des écoles secondaires de Libreville au
Gabon », Thèse de Doctorat en administration et politique
scolaires, Université Laval, 150 p. + annexes.
MILLIARD Marjorie (2015), « Prédiction de
l'abandon institutionnel au premier cycle universitaire à partir des
principaux facteurs associés au phénomène »,
Mémoire science d'éducation, UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE,
Faculté d'éducation, 135 p.
NTOUDA BETSOGO Julien (2011), « Travail des enfants
et abandon scolaire au Cameroun », Mémoire de master
professionnel en démographie, Université de Yaoundé II
SOA, IFORD, 123 p.
SIME NGONGANG Edvige Nadie (2010), «
Inégalités en matière de scolarisation chez les
enfants orphelins de 6-14 ans au Cameroun », Mémoire de master
professionnel en démographie, Université de Yaoundé II
SOA, IFORD, 113 p.
e) Documents de travail et rapports
BARRY Mamadou Saliou et all (2010), L'impact de
l'éducation préscolaire sur la performance des
élèves au primaire en Guinée, Programme des subventions
ROCARE pour la recherche en éducation, Edition 2010, République
de Guinée, 43 p.
COUPEZ Carole., PRUCHON Florine., all (2013), Dossier
pédagogique Panorama de l'éducation en Guinée
Conakry, Solidarité Laïque - 2013, 20 p.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 107
DIALLO Mamadou Boye et all (2009), Les déterminants
des disparités entre filles et garçons en matière de
scolarisation en Moyenne Guinée, Programme des subventions ROCARE
pour la recherche en éducation, Edition 2009, République de
Guinée, 48 p.
DIAOUNÉ Thierno Moussa et all (2008), Le LMD en
Guinée et la problématique de la construction des
compétences par les étudiants, Programme des subventions
ROCARE pour la recherche en éducation, Edition 2008, République
de Guinée, 41 p.
FOERTIN Daniel et all, Wolves influencenelk movements :
Behavoirshapes a trophic cascade, Département de biologie,
Université de Laval, Saint-Foy, Québec, 25 p.
IFORD (2012), Guide pour la préparation du
mémoire de master professionnel en Démographie,
Université de Yaoundé II, IFORD, 12p.
INS (2006), Enquête Démographique et de
Santé de la Guinée 2005, Rapport principal, Calverton,
Maryland, USA, 443 p.
INS (2012), Enquête Légère pour
l'Évaluation de la Pauvreté en Guinée 2012.
INS (2013), Enquête Démographique et de
Santé et à Indicateurs Multiples de la Guinée 2012,
Rapport principal, Calverton, Maryland, USA, 510 p.
INS (2017), Troisième Recensement General de la
Population et de l'Habitation de la Guinée 2014, Rapports.
LACHAUD Jean-Pierre (2007), Scolarisation et travail des
enfants : un modèle économétrique à régimes
endogènes appliqué à madagascar-2001-2005, Document de
travail, 29 p.
MARCOUX Richard (1994), Le travail ou l'école.
L'activité des enfants et les caractéristiques des ménages
en milieu urbain au Mali, Etudes et travaux du CERPOD, n°12 (Bamako),
212 pp.
MEPUA (2012), Rapport d'analyse des statistiques scolaires
2011-2012, Guinée, 36 p. MEPUA (2016), Rapport d'analyse des
statistiques scolaires 2015-2016, Guinée, 75 p.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 108
MPCI., INS., et BCR. (2017), Rapport du Recensement
général de la population et de l'habitat, Guinée.
MPCI., INS., et BCR. (2017), EDUCATION : Scolarisation,
Alphabétisation et Niveau d'instruction, Rapport du RGPH3,
Guinée, 114 p.
NGANAWARA Didier (2016), Famille et scolarisation des
enfants en âge obligatoire scolaire au Cameroun : une analyse à
partir du recensement de 2005, Rapport de recherche, ODSEF, 51 p.
RWENGE MBURANO (2017), Note de cours Analyse
Multivariée, Université de Yaoundé II, IFORD, 82p.
RIVALEAU Chantal (2003), Les théories de la
motivation, 8 p.
SAWADOGO Janvier B. et SOURA Abdramane B. (2002),
L'abandon précoce en milieu scolaire : Analyse et recherche de
modèle explicatif, Ouagadougou, BURKINA FASO, 65 p.
SCHOUAME Alexandre Magloire, (2018), Note de cours
Economie et Ressources Humaines, Université de Yaoundé II,
IFORD, 41p.
UNESCO (2015), Examen national 2015 de l'Éducation
pour tous : Guinée, rapport synthétique de la Guinée
sur l'EPT à l'horizon 2015, 28 p.
f) Communication à des rencontres
scientifiques
CHARBONNEAU Claude (1982), LA MOTIVATION : Synthèse
et applications, (Actes du second colloque de l'Association
québécoise de pédagogie collégiale, 1982 pp.
135171).
CLEVENOT Denis et PILON Marc (1996), Femmes et
scolarisation des enfants (communication présentée au
Séminaire International de Yaoundé « Femmes et gestion des
ressources », IFORD, Yaoundé, 5-7 février 1996).
KOBIANE Jean-François (1999) : « Pauvreté,
structures familiales et stratégies éducatives à
Ouagadougou », - Ouagadougou, Burkina Faso, 21 p. (Communication au
Séminaire
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 109
International CICRED « Stratégies
éducatives, familles et dynamiques démographiques », 15-19
novembre 1999).
NOUMBA Issidor (2006), Un profil de l'abandon scolaire au
Cameroun, 30 p. (Communication aux journées scientifiques du
réseau Analyse économique et Développement de l'AUF
», « Institution, développement économique et
transition », IRD, Paris, DIAL).
PILON M arc (2002), Scolarisation et travail des enfants
en Afrique : apports et limites des sources de données
démographiques (Colloque international de l'AIDELF Enfants
d'aujourd'hui diversité des contextes, pluralité des parcours,
Dakar, 10-13 décembre 2002) 11 p.
PILON Marc (2005), Confiage et scolarisation en Afrique de
l'Ouest : Eclairages à partir des sources de donnes
démographiques (Communication présentée au
Congrès de L'UIESP, Séance N°751), 18 p.
WAKAM Jean, (2001), La situation des enfants orphelins en
matière de scolarisation en Afrique, Le cas du Cameroun, 15p.
(Communication aux journées démographiques du RDAUF «
Jeunesse et Vieillesse, Quels défis pour les sociétés
d'aujourd'hui et demain ? », Louvain, Belgique, 29 mai au 1er juin
2001).
g) Référence du web : site en
détail+ jour de consultation
http://www,crepas,qc,ca/userfiles/ancien_site/editeur10/DOC_9_16,pdf
(consulté le 02 janvier 2018).
https://histoire-education,revues,org/2278
(consulté le 12 Décembre 2017).
https://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_20032003_22.html
(consulté le 8 mars 2018).
https://docplayer.fr/475802244-Maurice-tartif-en-collaboration-avec-alain-bihan-le-cognitivisme.html
(consulté le 8 mars 2018).
http://eta1001.crifpe.ca/docs/notesdecours/Module14.pdf
(consulté le 02 janvier 2018)
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 110
ANNEXE
b) Procédure de calcul
Le calcul de l'indice de MYERS se déroule en quatre (04)
étapes :
· Étape n°1
On calcule les sommes « Su » des effectifs des
personnes de 10 ans et plus, dont les âges se terminent respectivement
par chacun des chiffres de 0 à 9. Soit P(10d+u), l'effectif des
personnes dont l'âge a pour chiffre des dizaines d et pour chiffre des
unités u. La somme Su pour les 10 ans et plus est :
Su=Ó(10d+u)dmaxd=1
· Étape n°2
On calcule de même les sommes Su' pour les 20 ans et plus
: S'u=Ó(10d+u)dmaxd=2
· Étape n°3
Les effectifs remaniés de Myers sont les quantités
Tu définies par :
Tu=(u+1)Su+(9-u)S'u
· Étape 4
On calcul l'effectif remanié total T :
T=ÓTu9u=0
· Étape n°5
L'indice de Myers vaut alors :
I=Ó|100*TuT-10|9u=0. Les calculs sont
présentés dans le tableau 3.2.
Tableau A1 : Eléments de calcul de l'indice de
MYERS
U
|
S
|
U+1
|
S'u
|
9- U
|
(U+1)*S
|
(9- U)*S'u
|
Tu
|
100*Tu/T
|
(100*Tu/T)-
10
|
|(100*Tu/T)-10|
|
0
|
336023
|
1
|
326036
|
9
|
336023
|
2934324
|
3270347
|
22.45
|
12.45
|
12.5
|
1
|
75806
|
2
|
71799
|
8
|
151612
|
574392
|
726004
|
4.98
|
-5.02
|
5.0
|
2
|
135506
|
3
|
135405
|
7
|
406518
|
947835
|
1354353
|
9.30
|
-0.70
|
0.7
|
3
|
85763
|
4
|
85658
|
6
|
343052
|
513948
|
857000
|
5.88
|
-4.12
|
4.1
|
4
|
125724
|
5
|
125593
|
5
|
628620
|
627965
|
1256585
|
8.63
|
-1.37
|
1.4
|
5
|
255370
|
6
|
254389
|
4
|
1532220
|
1017556
|
2549776
|
17.50
|
7.50
|
7.5
|
6
|
117384
|
7
|
116397
|
3
|
821688
|
349191
|
1170879
|
8.04
|
-1.96
|
2.0
|
7
|
112153
|
8
|
110711
|
2
|
897224
|
221422
|
1118646
|
7.68
|
-2.32
|
2.3
|
8
|
134090
|
9
|
130454
|
1
|
1206810
|
130454
|
1337264
|
9.18
|
-0.82
|
0.8
|
9
|
92566
|
10
|
89496
|
0
|
925660
|
0
|
925660
|
6.35
|
-3.65
|
3.6
|
Total . 14566514 INDICE 39.9
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 111
Tableau A2 Abandon scolaire selon le type de
ménage
Type de ménage
|
Abandon scolaire
|
Poids de la modalité (%)
|
A
abandonné (%)
|
Effectif
|
Fréquente (%)
|
Effectif
|
Ménage non familial
|
13.0
|
12230
|
7.4
|
81600
|
648.0
|
Ménage
monoparental
|
10.9
|
21144
|
12.8
|
172399
|
1336.0
|
Ménage familial
|
11.3
|
131753
|
79.8
|
1029892
|
8016.0
|
Total
|
11.4
|
165127
|
100.0
|
1283891
|
10000.0
|
Khi2 de Person
|
295,33***
|
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
Tableau A3 Proportion (%) d'abandon scolaire par
milieu de résidence selon le type de ménage
Milieu de résidence
|
Type de famille
|
Ménage non familial
|
Ménage monoparental
|
Ménage familial
|
Ensemble
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Urbain
|
5257a
|
11.4
|
8767a
|
8.9
|
46632a
|
8.6
|
60656a
|
8.8
|
Rural
|
6973b
|
14.6
|
12377b
|
13.0
|
85121b
|
13.8
|
104471b
|
13.7
|
Khi2 de Person
|
203.80***
|
847.81***
|
7824.08***
|
8705.91***
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
Tableau A4 Proportion d'abandon scolaire par
région naturelle de résidence selon le type de
ménage
Région naturelle
|
Type de famille
|
Ménage non familial
|
Ménage monoparental
|
Ménage familial
|
Ensemble
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Basse Guinée
|
5367a
|
12.5
|
8544a
|
9.9
|
51791a
|
10.0
|
65702a
|
10.2
|
Moyenne Guinée
|
3307b
|
14.4
|
6024b
|
12.6
|
26443b
|
13.4
|
35774b
|
13.3
|
Haute Guinée
|
1752c
|
16.6
|
2616c
|
14.7
|
33838c
|
14.8
|
38206c
|
14.9
|
Guinée Forestière
|
1804d
|
10.3
|
3960d
|
9.4
|
19681d
|
9.0
|
25445d
|
9.2
|
Khi2 de Person
|
281.73***
|
597.28****
|
5684.44***
|
6483.76***
|
Source: Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 112
Tableau A5 proportion d'abandon scolaire par religion
de l'enfant selon le le type de ménage
Religion de l'enfant
|
Type de famille
|
Ménage non familial
|
Ménage
monoparental
|
Ménage familial
|
Ensemble
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Musulmane
|
10699a
|
13.4
|
17878a
|
11.2
|
118390a
|
11.6
|
146967a
|
11.6
|
Chrétienne
|
999b
|
10.7 1864b
|
8.7
|
8396b
|
9.0 11259b
|
9.1
|
Autre
|
532c
|
12.0
|
1402a
|
11.5
|
4967c
|
11.1
|
6901c
|
11.2
|
Khi2 de Person
|
58.21***
|
122.04***
|
579.68***
|
747.65***
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
Tableau A6 proportion (%) d'abandon scolaire par
niveau de vie du ménage selon le type de ménage
Niveau de vie du ménage
|
|
|
Type de famille
|
|
Ménage non familial
|
|
Ménage monoparental
|
Ménage familial
|
Ensemble
|
N
|
|
%
|
N
|
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Pauvre
|
|
3197a
|
15.5
|
|
6404a
|
14.5
|
45373a
|
14.9
|
54974a
|
14.9
|
Moyen
|
|
2905b
|
13.6
|
|
4830b
|
11.5
|
29426b
|
12.5 37161b
|
12.5
|
Riche
|
|
6128c
|
11.8
|
|
9910c
|
9.2
|
56954c
|
9.2
|
72992c
|
9.3
|
Khi2 de Person
|
|
189.555***
|
|
936.179***
|
7039.272***
|
8009.622***
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
Tableau A7 proportion (%) d'abandon scolaire par sexe du
CM selon le type du ménage
Sexe du CM
|
Type de famille
|
Ménage non familial
|
Ménage monoparental
|
Ménage familial
|
Ensemble
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Masculin
|
7090a
|
13.8
|
4749a
|
12.2
|
128599a
|
11.3
|
140438a
|
11.5
|
Féminin
|
5140b
|
12.1
|
16395b
|
10.6
|
3154a
|
11.6
|
24689b
|
11.0
|
Khi2 de Person
|
64.036***
|
82.12***
|
1.39ns
|
41.69***
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 113
Tableau A8 proportion (%) d'abandon scolaire par
niveau d'instruction du CM selon le type de ménage
Niveau d'instruction du CM
|
Type de famille
|
Ménage non familial
|
Ménage monoparental
|
Ménage familial
|
Ensemble
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Sans niveau ou préscolaire
|
7812a
|
13.0
|
16180a
|
11.2
|
89729a
|
11.9
|
113721a
|
11.9
|
Primaire
|
1493b
|
16.5
|
2190a
|
11.6
|
15917b
|
12.7
|
19600b
|
12.8
|
Secondaire ou plus
|
2925c
|
11.9
|
2774b
|
9.2
|
26107c
|
9.2
|
31806c
|
9.4
|
Khi2 de Person
|
123.57***
|
110.7***
|
1802.36***
|
1875.02***
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
Tableau A9 proportion (%) d'abandon scolaire par
statut matrimonial du CM selon le type de ménage
Statut matrimonial du
CM
|
Type de famille
|
Ménage non familial
|
Ménage monoparental
|
Ménage familial
|
Ensemble
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Marié monogame
|
6054a
|
14.0
|
7929a
|
11.4
|
68656a
|
10.5
|
82639a
|
10.8
|
Marié polygame
|
3690a
|
13.6
|
7481a
|
11.6
|
63088b
|
12.4 74259b
|
12.4
|
Autre statut
|
2486b
|
10.6
|
5734b
|
9.7
|
9a, b
|
13.4
|
8229c
|
10.0
|
Khi2 de Person
|
161.697***
|
127.373***
|
998.528***
|
998.528***
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
Tableau A10 proportion (%) d'abandon scolaire par
statut d'occupation du CM selon le type de ménage
Statut
d'occupation du CM
|
Type de famille
|
Ménage non familial
|
Ménage
monoparental
|
Ménage familial
|
Ensemble
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Occupé
|
8388a
|
14.2
|
13907a
|
11.3
|
116244a
|
11.4
|
138539a
|
11.5
|
Non occupé
|
3842b
|
11.1
|
7237b
|
10.3
|
15509b
|
11.1
|
26588b
|
10.8
|
Khi2 de Person
|
178.178***
|
51.297***
|
13.053***
|
92.669***
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 114
Tableau A11 proportion (%) d'abandon scolaire par
survie des parents biologiques selon le type de ménage
Survie des parents
|
Type de famille
|
Ménage non familial
|
Ménage monoparental
|
Ménage familial
|
Ensemble
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Tous en vie
|
9845a
|
12.4
|
16908a
|
10.5
|
123748a
|
11.1
|
150501a
|
11.1
|
Au moins un décédé
|
2385b
|
16.6
|
4236b
|
12.8
|
8005b
|
17.6
|
14626b
|
15.8
|
Khi2 de Person
|
192.186***
|
150.455***
|
1843.234***
|
1868.956***
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
Tableau A12 proportion (%) d'abandon scolaire par
groupe d'âge de l'enfant selon le type de ménage
Groupe d'âge de l'enfant
|
Type de famille
|
Ménage non familial
|
Ménage monoparental
|
Ménage familial
|
Ensemble
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
6 à 8 ans
|
3512a
|
11.1
|
5677a
|
8.8
|
39904a
|
9.4
|
49093a
|
9.4
|
9 à 11 ans
|
3382a
|
11.3
|
5998b
|
9.5
|
38937b
|
10.4
|
48317b
|
10.3
|
12 à 14 ans
|
5336b
|
16.7
|
9469c
|
14.4
|
52912c
|
14.7
|
67717c
|
14.8
|
Khi2 de Person
|
563.714***
|
1240.35***
|
6054.388***
|
7850.205***
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
Tableau A13 proportion (%) d'abandon scolaire par sexe
et milieu de résidence selon le type de famille
Sexe de l'enfant
|
Type de famille
|
Ménage non familial
|
Ménage monoparental
|
Ménage familial
|
Ensemble
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Masculin
|
5472a
|
12.3
|
10268a
|
10.4
|
67319a
|
10.7
|
83059a
|
10.8
|
Féminin
|
6758b
|
13.7
|
10876b
|
11.5
|
64434b
|
12.0
|
82068b
|
12.1
|
Khi2 de Person
|
37.377***
|
63.407***
|
487.927***
|
606.432***
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 115
Tableau A14 : Les principales raisons de l'abandon
scolaire des enfants de 6 à 14 ans en Guinée
Raisons de l'abandon
|
Milieu Urbain
|
Milieu Rural
|
Ensemble
|
M
|
F
|
M+F
|
M
|
F
|
M+F
|
M
|
F
|
M+F
|
Pas d'école/école
éloignée
|
12,43
|
11,12
|
11,73
|
18,61
|
16,45
|
17,58
|
16,50
|
14,35
|
15,43
|
coût élevé des
frais/manque de soutien
|
25,72
|
24,89
|
25,28
|
22,13
|
23,01
|
22,55
|
23,35
|
23,75
|
23,55
|
redoublement/échecs répétés
|
7,43
|
7,63
|
7,53
|
7,36
|
8,50
|
7,90
|
7,38
|
8,16
|
7,77
|
Manque d'intérêt
|
15,30
|
16,11
|
15,73
|
11,65
|
12,18
|
11,90
|
12,90
|
13,73
|
13,31
|
Apprentissage/école coranique
|
26,42
|
19,78
|
22,88
|
20,15
|
12,11
|
16,32
|
22,29
|
15,13
|
18,73
|
Aide aux parents
|
7,91
|
14,85
|
11,61
|
16,73
|
20,96
|
18,74
|
13,72
|
18,55
|
16,12
|
Autres
|
4,79
|
5,63
|
5,23
|
3,37
|
6,79
|
5,00
|
3,86
|
6,33
|
5,09
|
Ensemble
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
Tableau A15 : Calcul du facteur d'inflation de la
variance
ariable
|
VIF
|
1/VIF
|
milieu
|
2.14
|
0.467649
|
nivie
|
2.13
|
0.469921
|
sexecm
|
1.79
|
0.557837
|
typomen
|
1.61
|
0.61993
|
regnat
|
1.42
|
0.702021
|
religion
|
1.33
|
0.751625
|
stamatricm
|
1.19
|
0.83922
|
nivincm
|
1.19
|
0.842342
|
stactivcm
|
1.11
|
0.897545
|
survieparent
|
1.06
|
0.939265
|
sexe
|
1.01
|
0.993182
|
grpage
|
1.01
|
0.99346
|
Moyenne VIF
|
1.42
|
|
Source : Traitement des données du RGPH-3,
Guinée
|