6.2.1 Liaisons intra site
L'objectif de l'étude des liaisons entre
caractères aide à identifier les traits qui varient ensemble et
ceux qui sont indépendants. La sélection sur la base d'un
caractère engendre forcément des changements dans les moyennes
des caractères qui lui sont liés, dans le sens positif ou
négatif selon le signe de la corrélation. Par contre les
changements chez les caractères non liées peuvent être
positifs, négatifs ou neutres ; selon le génotype et les
conditions.
Dans la présente étude, sur le site Oued Smar,
le nombre d'épis/m2 est positivement corrélé
avec le nombre de talles herbacées, ce qui paraît logique. La
hauteur du chaume l'est positivement avec la durée de la phase
végétative, la longueur de l'épi avec le poids de 1000
grains ainsi que le poids de 1000 grains avec le rendement en grains (Tableau
6.9).
89
Ces résultats suggèrent que sur ce site, les
génotypes qui produisent beaucoup de talles herbacées, produisent
aussi plus d`épis/m2. La sélection précoce sur
la capacité de tallage herbacé engendre celle de
l'épis/m2, avec le jeu de variétés
étudiées. Les génotypes tardifs au stade épiaison,
présentent une hauteur de végétation plus importante.
D'après BERGER (1985) [153] La précocité au stade
épiaison est associée à la réduction de la hauteur
du chaume et à l'augmentation de la capacité de tallage
épi.
Les génotypes dont l'épi est long, se
caractérisent aussi par un poids de 1000 grains élevé. Les
génotypes dont le poids de 1000 grains est élevé, donnent
un haut rendement en grains, qui est le plus souvent noté chez les
génotypes dont la durée de la phase végétative est
courte (génotypes précoces), suite à la corrélation
négative entre le rendement et la durée de la phase
végétative (Tableau 6.9). Selon GOSS et al., (1986) in
RIOU, (1993) [154], le rendement dépend de la période de
croissance de la plante et la vitesse à la quelle le feuillage se met en
place.
Sur le site du Khroub, nous notons une corrélation
positive entre la capacité de tallage herbacé et le nombre
d'épis/m2. Ceci traduirait une influence déterminante
du tallage dans les conditions non limitantes. La hauteur du chaume est
positivement corrélée avec le poids de 1000 grains et
négativement avec le nombre de grains par épi. Ces deux
dernières variables sont négativement corrélées
entre elles (Tableau 6.9).
SLAFER et SAVIN, (1994) [155] interprètent la liaison
négative entre le nombre de grains par unité de surface et le
poids de mille grains par, le fait que, l'augmentation du nombre de grains est
induite par une biomasse aérienne élevée au stade
épiaison. Le nombre de grains, en plus, se situe en des endroits
éloignés du tiers médian de l'épi. Ces grains
acquièrent un poids individuel plus faible que celui des grains du tiers
médian. Le poids moyen du grain est globalement réduit, suite
à la répartition de la même quantité d'assimilats
entre un nombre de grains plus élevé.
90
D'autre part, le rendement est corrélé
positivement seulement avec le nombre d'épis/m2 (Tableau
6.9), ceci est en parfait accord avec les conclusions de l'équipe de
cette station qui sélectionnent indirectement pour le rendement sur la
base du nombre d'épis. MONNEVEUX et al., 1993 [156], sont
arrivées aussi à la même conclusion car ils ont
trouvé que les hauts rendements sont associés à un
tallage-épis élevé ou au maintient d'une bonne
fertilité de l'épi.
Il est important de noter que sur ces deux sites d' Oued Smar
et du khroub, il y a peu de ressemblance pour les corrélations inter
caractères, hormis le tallage herbacé et le nombre
d'épis/m2.
Tableau 6.9 : Coefficient de corrélation
phénotypique entre les variables mesurées par site et pour les
quatre sites (en gras coefficients statistiquement significatifs)
Trait
Ligne
|
Tall
|
NE
|
PHT
|
LE
|
NGE
|
PMG
|
RDT
|
DVP
|
Tall L1
|
|
0.481
|
0.199
|
0.041
|
-0.084
|
-0.179
|
0.081
|
0.358
|
L2
|
|
0.441
|
0.318
|
-0.206
|
-0.397
|
0.048
|
0.149
|
-0.051
|
NE L1
|
0.023
|
|
-0.085
|
-0.139
|
-0.205
|
-0.156
|
0.227
|
0.125
|
L2
|
0.348
|
|
0.163
|
-0.344
|
-0.260
|
-0.097
|
0.333
|
-0.310
|
PHT
|
-0.223
|
-0.209
|
|
0.215
|
0.170
|
-0.084
|
-0.091
|
0.362
|
|
-0.200
|
0.108
|
|
-0.210
|
0.440
|
0.381
|
0.279
|
0.107
|
LE
|
0.285
|
-0.157
|
0.024
|
|
-0.109
|
0.472
|
0.207
|
0.027
|
|
-0.152
|
-0.240
|
0.027
|
|
0.123
|
-0.215
|
-0.200
|
0.127
|
NGE
|
0.157
|
-0.334
|
-0.262
|
0.033
|
|
-0.208
|
0.014
|
-0.092
|
|
-0.207
|
-0.199
|
-0.036
|
0.361
|
|
-0.439
|
-0.115
|
0.239
|
PMG
|
-0.058
|
-0.273
|
0.283
|
0.078
|
-0.537
|
|
0.749
|
-0.225
|
|
-0.046
|
-0.065
|
0.170
|
0.055
|
-0.435
|
|
-0.071
|
0.179
|
RDT
|
0.318
|
0.030
|
-0.272
|
-0.036
|
0.380
|
0.129
|
|
-0.419
|
|
-0.365
|
-0.030
|
0.323
|
0.229
|
0.437
|
0.062
|
|
-0.165
|
DVP
|
0.239
|
-0.011
|
-0.144
|
0.218
|
0.110
|
-0.208
|
-0.027
|
|
|
0.353
|
-0.132
|
-0.378
|
-0.172
|
0.102
|
0.122
|
-0.257
|
|
Au dessus L1 = OSM, L2= KHR, en dessous, L1 = SET, L2 = TRT,
n-2 = 28, r5%= 0.361, r1% =0.463.
Sur le site de Sétif, les seules liaisons
significatives et notables sont entre le poids de 1000 grains et le nombre de
grains par épi et entre le rendement et le nombre de grains par
épi, confirmant ainsi les résultats de GRIGNAC (1973) [157] qui a
trouvé que le nombre de grains par épi est la composante la plus
étroitement liée au rendement. Celle-ci augmente rapidement avec
l'amélioration de l'environnement de la culture.
Le peu de liaisons entre les variables mesurées par
site est suggestif de la variabilité des itinéraires ou
alternatives qui conduisent à l'expression du
91
Les mêmes liaisons sont aussi notées sur le site
de Tiaret où la hauteur du chaume est négativement liée
avec la durée de la phase végétative et le tallage
herbacé est négativement corrélé avec le rendement
(Tableau 6.9).
Il ressort de l'analyse des liaisons inter caractères,
que le nombre d'épis/m2 est dépendant de la
capacité de tallage herbacé sur les deux sites les plus
favorables Oued Smar et Khroub. Sur les sites du Khroub, Sétif et
Tiaret, le poids de 1000 grains se matérialise au détriment du
nombre de grains par épi, probablement par l'effet de concurrence pour
les assimilats. Les conditions climatiques de ces sites ne permettent pas la
réalisation concomitante d'un nombre de grains par épi et d'un
poids élevé de 1000 grains. Sur les sites de Sétif et
Tiaret, les différences de rendement en grains entre génotypes
émergent le plus souvent suite à des différences du nombre
de grains par épi (Tableau 6.9).
En matière de sélection de nouvelles
variétés, le caractère le plus intéressant est
surtout le rendement en grains. L'étude des corrélations indique
que sur le site du Khroub, suite à l'existence d'une liaison entre le
rendement et le nombre d'épi/m2, une sélection
précoce sur la capacité de ce dernier peut contribuer au
classement des génotypes performants. HSU et WALTAN (1971) [158] ont
noté que le nombre d'épi est la composante la plus importante
dans la détermination du rendement.
Sur le site d'Oued Smar, une courte durée de la phase
végétative et un poids élevé de 1000 grains peuvent
aider à l'identification de génotypes à haut rendement en
grains. La variation du rendement grain est, donc, étroitement
liée à l'expression du poids de mille grains pour cette zone
d'étude. MC NEAL et al., (1978) [159] indiquent que le poids du
grain est un bon critère de sélection indirecte pour
améliorer le rendement. Par contre, sur les sites de Sétif et
Tiaret, seul le nombre de grains par épi semble faire la
différence entre génotypes à haut rendement et ceux dont
le potentiel est faible. La fertilité de l'épi peut être
définie comme objectif de sélection [160].
92
rendement en grains chez les génotypes
étudiés. Ceci a pour effet de compliquer la sélection
indirecte, dans un site pour les autres sites et induit la sélection
spécifique à chaque site, sur la seule base du rendement en
grains.
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