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Accord cadre d'Addis-Abeba : analyse de l'incidence sur la RDC six ans après.


par Modeste Keta Ibutshi
Université Nationale Pédagogique - Licence en relations internationales  2018
  

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Section II.LES DIFFERENTS ENGAGEMENTS DES PARTIES PRENANTES

Parmi tous les acteurs que nous venons de recensé, à la section précédente, nous considérons les engagements au niveau national, au niveau régionale et au niveau international.

II.2.1. LES ENGAGEMENTS AU NIVEAU NATIONAL : LES ENGAGEMENTS DE LA RDC

Outre les engagements régionaux et internationaux, l'Accord-cadre a donné le détail des engagements à entreprendre par le Gouvernement de la RDC au niveau national. Ces engagements nationaux sont inextricablement liés aux engagements de la région et ont des répercussions sur la mise en oeuvre du plan régional d'action.

Il y a lieu de reconnaître que le Gouvernement de la RDC a fait des progrès dans la mise en oeuvre de ses engagements nationaux. Toutefois, dans certains domaines, le rythme et l'opérationnalisation des réformes ont été trop lents pour atteindre les résultats voulus. De nombreuses lois relatives aux réformes ont été adoptées, mais leur mise en oeuvre reste encore un sujet de préoccupation.

Il est important de noter que la RDC est depuis plusieurs années, sur le chemin de la relance économique. Le PIB a augmenté au cours des dernières années; la croissance économique était de 2,8 % en 2009, et supérieure à 7 % en 2011 et 2013. Elle devrait être d'environ 8 % en 2014. L'inflation a également diminué, passant de 10 % en 2010 à 3 % en 2013. Compte tenu des problèmes que le pays a connus et du niveau très faible de cette croissance au départ, ces chiffres démontrent une bonne reprise économique. L'exécution des principales réformes dans les domaines définis au titre de l'Accord-cadre fondera solidement le développement durable à l'avenir.

1. Mécanisme national de suivi

En mai 2013, le gouvernement de la RDC a mis en place un mécanisme national de suivi pour faciliter le dialogue avec les différents ministères et garantir la mise en oeuvre intégrale des engagements nationaux. Un comité directeur sous la présidence du Président de la république a été constitué pour faciliter le travail du mécanisme national de suivi. Un conseil consultatif comprenant des acteurs publics ainsi que non gouvernementaux a également été créé pour servir de forum pour les engagements nationaux.

Le 12 juillet 2014, le Mécanisme national de suivi a approuvé et publié les critères et indicateurs relatifs aux engagements nationaux. Ils sont considérés comme une étape cruciale qui conduira à l'élaboration du Plan d'action pour la mise en oeuvre des engagements nationaux souscrits au titre de l'Accord-cadre, d'une feuille de route et de rapports périodiques.

2. Réforme du secteur de la sécurité

Le Gouvernement de la RDC a fait des progrès en ce qui concerne la réforme de la police et de l'armée. S'agissant de la police, le gouvernement a promulgué une loi de réforme de la police, établi des centres de formation et lancé un projet pilote de police communautaire. La réforme de l'armée a également commencé, trop lentement toutefois que pour obtenir l'ampleur et l'impact indispensables. Un entrainement initial de l'armée a commencé avec l'aide de la MONUSCO et des partenaires au développement. Cette formation vise à renforcer la capacité de l'armée et créer une unité de réaction rapide.

L'utilisation de la biométrie pour vérifier le nombre réel des effectifs de l'armée constitue un progrès important dans le cadre de la réforme de l'armée. Les effectifs vérifiés ont reçu des cartes d'identification. Ces mesures ont été prises afin d'assurer que le gouvernement connaisse le nombre exact de soldats en service. Elles permettent également de réconcilier les effectifs avec les salaires payés et prévenir la mauvaise gestion des fonds.

3. Consolider l'autorité de l'État dans l'est de la RDC

L'Accord-cadre a donné la priorité à la consolidation de l'autorité de l'État dans l'est de la RDC parce que l'administration de cette région manquait de capacité, les institutions ne disposaient pas de ressources, et la présence policière était insuffisante, autant d'éléments qui ont permis aux réseaux criminels et aux groupes armés d'affaiblir l'autorité de l'État.

Des progrès ont été réalisés dans la consolidation de l'autorité de l'État dans l'est de la RDC, mais la présence continue de réseaux criminels et de groupes armés, nationaux et étrangers, ne permet pas au gouvernement de la RDC d'asseoir totalement son autorité sur l'ensemble de l'est du pays. Néanmoins, dans le territoire du Nord-Kivu abandonné par le M23, il existe plusieurs « îlots de stabilité » où le gouvernement a envoyé des policiers et se prépare à offrir d'autres services. Les écoles et les centres médicaux ont rouvert leurs portes. Le gouvernement est également en train de recruter et de former des fonctionnaires qui seront déployés dans ces zones. Certains agents du gouvernement ont souligné que la situation s'est un peu améliorée au Sud-Kivu, surtout dans les zones d'où les groupes armés ont été expulsés. Le gouvernement de la RDC a commencé la reconstruction d'infrastructures et la fourniture d'autres services de base.

Afin de consolider davantage l'autorité de l'État, il faut mettre en place de solides institutions administratives et de justice pénale, qui doivent s'appuyer sur la reconstruction d'infrastructures et la fourniture de services de bases. Il faut reconnaître, toutefois, que la fourniture adéquate de ces services pourrait prendre du temps, car elle nécessite des ressources importantes. Toutefois, une fois mis en place, ces services font renaître la confiance des gens dans le Gouvernement et offrent une base solide pour la fourniture d'autres services.

4. Réformes de décentralisation

La Constitution de la RDC prévoit la décentralisation, qui a été adoptée comme un moyen de répondre à certaines des causes profondes du conflit dans le pays. Elle prévoit une répartition équitable des services et des ressources. Elle a également pour effet defavoriser une intégration efficace des groupes numériquement moins importants qui sont souvent marginalisés en tant que minorité.

Depuis la signature de l'Accord-cadre, le Gouvernement a préparé plusieurs projets de loi qui, s'ils sont adoptés, feront avancer la réforme de la décentralisation, notamment les lois relatives aux modalités de planification de nouvelles provinces et de délimitation des frontières. L'exigence selon laquelle les provinces doivent recevoir 40 % des revenus n'a pu être respectée, parce que les recettes générées n'atteignent pas le seuil requis. En outre, la capacité de certaines unités décentralisées à assumer les fonctions qui leur incombent est assez limitée. Le fondement de la décentralisation est en place, parce les provinces ont actuellement des assemblées provinciales qui sont de plein droit des éléments importants de la décentralisation. Cependant, la création d'unités par la subdivision d'unités existantes a provoqué des résistances et a bloqué toute évolution.

La décentralisation, et en particulier l'aspect de dévolution, ont le potentiel de résoudre les causes profondes des conflits dans l'est de la RDC. Ils favorisent la gouvernance au niveau local et permet aux communautés de participer efficacement à l'élaboration des politiques qui les concernent. Ils permettent également la mobilisation de ressources locales pour le développement local. Si elle s'accompagne d'autres mécanismes d'ordre institutionnel tels qu'un gouvernement inclusif et la promotion des droits de la minorité, la décentralisation peut permettre de relever efficacement les défis dans l'est du pays.

5. Réconciliation nationale

En septembre 2013, le Gouvernement de la RDC a organisé des consultations nationales sur la réconciliation. Quelque cent recommandations prioritaires ont été formulées dans le but de promouvoir la réconciliation dans le pays, y compris mener à bien la réforme judiciaire en cours, la décentralisation et mettre en place un gouvernement d'unité nationale.

Le 11 février 2014, le gouvernement a adopté la loi d'amnistie conformément aux Déclarations de Nairobi. La loi s'applique exclusivement aux personnes qui n'ont pas commis de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité, de viol et autres formes de violence sexuelle et qui n'ont pas participé au recrutement d'enfants soldats. La manière dont cette loi est administrée est essentielle à sa réussite. Afin d'améliorer encore la responsabilisation pénale en cas de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, une loi relative aux chambres mixtes a été préparée et débattue au Parlement, mais finalement rejetée. De nouveaux efforts sont donc nécessaires pour mettre en place un mécanisme de responsabilisation acceptable.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius