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La coopération entre le Japon et le Burkina Faso depuis la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) : 1993-2018.par Eric ZONGO Université Joseph Ki-Zerbo/Burkina Faso - Master en économie, population et relations internationales. 2019 |
II.2. Les axes prioritaires de l'aide japonaiseSelon la charte révisée de 2003, les enjeux prioritaires de l'aide Japonaise sont les suivantes: la réduction de la pauvreté, la croissance durable et les problèmes d'envergure mondiale51(*). · La réduction de la pauvreté Les principes généraux énoncés dans les Chartes guident la stratégie du Japon en matière de réduction de la pauvreté. L'aide du Japon se divise comme suit: ü aide à l'éducation (primaire, supérieure, technique, formation professionnelle, accueil d'étudiants étrangers) ; ü aide à la santé: ce volet comprend des mesures au niveau de la santé de l'enfant et la santé maternelle, ainsi que la collaboration avec des entités locales. ü accès à l'eau et aux installations sanitaires ; ü aide à l'agriculture, au développement rural et maritime. · La croissance durable : Le Japon apporte son aide en priorité au développement : ü des infrastructures économiques et sociales, un facteur important pour l'activité économique, ainsi qu'à l'élaboration des politiques, le renforcement des institutions, et le développement des ressources humaines. Le Japon soutient le développement des infrastructures et encourage les ressources humaines à entretenir, gérer et exploiter ces infrastructures conformément aux politiques de développement des pays en développement. Des infrastructures spécifiques sont mises en place sur les routes, les ports, les aéroports, etc. ü la coopération dans le secteur commercial et des investissements: le Japon utilise l'APD pour soutenir le développement des petites et moyennes entreprises (PME) dans les pays en développement, le transfert de la technologie industrielle japonaise et la formulation de politiques économiques. ü la coopération dans le secteur des technologies de l'information et des communications (TIC). La part de l'aide à ce secteur reste marginale car le Japon estime que le secteur peut être développé par le biais d'initiatives privées. · Les problèmes d'envergure mondiale. Les mesures d'aide japonaise concernant les problèmes d'envergure mondiale se répartissent comme suit: ü environnement et changement climatique (lutte contre la pollution, préservation de l'environnement), ü lutte contre les épidémies (SIDA, tuberculose, paludisme, poliomyélite, etc.), ü consolidation de la paix, démocratie et bonne gouvernance. II.3. Les catégories d'aide japonaiseSelon le rapport annuel de la JICA 2015, l'APD japonaise se répartit en deux catégories: l'aide bilatérale et l'aide multilatérale.52(*) · L'aide multilatérale C'est une aide indirecte aux pays en développement sous la forme de financements ou de dons aux organisations internationales. Acteur de premier plan au niveau multilatéral, le Japon apporte des contributions non négligeables à 57 organisations et fonds multilatéraux en moyenne chaque année53(*). Les contributions sont versées aux agences spécialisées des Nations-Unies, dont le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations-Unies pour la population (FNUAP), le Fonds des Nations-Unies pour l'enfance (UNICEF), et les financements sont alloués aux banques multilatérales de développement (BMD), dont la Banque mondiale, l'Association internationale de développement (AID), la Banque asiatique de développement (BASD), et le Fonds de développement africain54(*). En 2015, 79,7% de l'APD du Japon ont été dispensés sous forme d'aide bilatérale. Le Japon a affecté 20,3% de son APD totale aux contributions au budget central des organisations internationales. Il a aussi dirigé 13, 9% de son APD bilatérale vers des projets précis exécutés par des organisations multilatérales55(*). · L'aide bilatérale Elle comprend la coopération technique, les dons et les prêts: ü La coopération technique : elle fait appel à la technologie, au savoir-faire et à l'expérience du Japon pour former les ressources humaines appelées à jouer un rôle clé dans l'évolution socio-économique des pays en développement. De plus, en planifiant conjointement avec les pays partenaires des programmes d'aide répondant aux besoins locaux, la coopération technique permet de développer et de perfectionner des technologies adaptées aux conditions de chaque pays, tout en rehaussant le niveau technologique général et en mettant en place de nouveaux cadres institutionnels et organisationnels. Les pays partenaires peuvent ainsi développer leurs capacités à résoudre les problèmes et parvenir à la croissance économique. La coopération technique comprend la formation des cadres de pays partenaires, l'envoi d'experts, la fourniture d'équipements et la réalisation d'études destinée à soutenir l'élaboration de politiques et la planification de projets de travaux publics (coopération technique pour la planification du développement). ü Les dons: ils constituent un apport de fonds destiné à promouvoir le développement socio-économique. C'est une aide financière sans obligation de remboursement. Dans les pays à faible revenu, les dons sont généralement utilisés pour construire des infrastructures socio-économiques, comme les hôpitaux et les ponts, ainsi que de promouvoir l'éducation, la santé et les activités environnementales, ce qui contribue directement à l'amélioration du niveau de vie56(*). ü Les prêts: les prêts soutiennent les efforts des pays en développent pour parvenir à la croissance en leur fournissant les capitaux nécessaires à long terme et à des taux d'intérêts bien inférieur à ceux du marché. Les formes principales de cette aide sont les prêts d'APD et le programme de financement des investissements du secteur privé (PSIF). Comparés à la coopération technique ou aux dons, les prêts d'APD permettent des financements plus importants et sont donc surtout utilisés pour la construction d'infrastructures de base de grande envergure dans les pays en développement. Les prêts d'APD doivent être intégralement remboursés, ce qui incite le pays bénéficiaire à se concentrer sur l'importance et la priorité des projets, et à faire des efforts pour affecter et utiliser les fonds de manière aussi efficace que possible. · L'aide des ONG japonaises Les organisations non gouvernementales sont des institutions privées mais à but non lucratif. Les ONG japonaises agissent de manière très visible et sont en contact direct avec les populations locales des pays en développement en réalisant des projets de petites tailles (constructions d'écoles de village, reboisement, animation villageoise...). Elles permettent donc de faire un travail complémentaire à celui du gouvernement en donnant une touche humaine aux grands projets d'infrastructures. Elles sont aussi un vecteur de sensibilisation de l'opinion publique sur les problèmes des populations des pays en développement57(*). Selon le réseau des ONG japonaises JANIC, il existe actuellement plus de 400 ONG de coopération internationale au Japon, qui sont actives dans plus de 100 pays à travers le monde pour résoudre des problèmes sociaux tels que la pauvreté, la faim, la destruction de l'environnement, les conflits et les catastrophes58(*). * 51Charte de l'aide publique au développement du Japon de 2003, pp 6-8. * 52 D'après le rapport annuel de la JICA 2015, disponible sur https://www.jica.go.jp/french/publications/annual/2015/c8h0vm00009wukdf-att/2015_0-1.pdf, consulté le 12 aout 2019. * 53 Examen par les pairs 2014, op.cit., page 7. * 54 Rapport annuel de la JICA 2015, op.cit. https://www.jica.go.jp/french/publications/annual/2015/c8h0vm00009wukdf-att/2015_0-1.pdf, consulté le 12 aout 2019. * 55 D'après le rapport sur la coopération au développement 2017/Japon de l'OCDE, page 251. * 56 Rapport annuel de la JICA 2015, op.cit. https://www.jica.go.jp/french/publications/annual/2015/c8h0vm00009wukdf-att/2015_0-1.pdf, consulté le 12 aout 2019. * 57QUÉFÉLEC Stéphane, 1997, « L'aide publique au développement dans La coopération économique japonaise », in Ebisu, Paris, Maison franco-japonaise, pp. 141-142. * 58 D'après le site web de JANIC, disponible sur www.janic.org/janic/ consulté le 21 août 2019. |
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