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La coopération entre le Japon et le Burkina Faso depuis la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) : 1993-2018.


par Eric ZONGO
Université Joseph Ki-Zerbo/Burkina Faso  - Master en économie, population et relations internationales. 2019
  

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I.3. Le Japon dans les relations internationales

Le 15 août 1945, le Japon accepta la Déclaration de Potsdam juste après les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki et l'entrée en guerre de la Russie contre le Japon. Sa défaite ruina à la fois sa puissance et sa légitimité. Les Alliés attribuèrent la catastrophe de la Guerre du Pacifique au militarisme et au centralisme impérialiste japonais33(*). Le Japon, agresseur des années 1930, se calma. Il abandonna son régime autoritaire pour accepter les valeurs occidentales de démocratie et de justice. Sa constitution de 1947 en fait un acteur pacifique. L'article 9 de la constitution établit: « Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l'ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ainsi qu'à la menace ou à l'usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux. Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l'État ne sera pas reconnu34(*) ».

Sa modernisation a donc été poursuivie en dehors de tout programme militaire et à l'adhésion aux principales organisations internationales. Il signa un traité de sécurité avec les Etats-Unis le 8 septembre 1951, devenant ainsi l'un de leurs alliés les plus importants du « monde libre ». C'est le premier ministre Yoshida Shigeru qui a fait entrer le Japon dans cette nouvelle phase de sa diplomatie. Appelée la « doctrine Yoshida », cette orientation diplomatique est un modèle de politique étrangère d'après-guerre. Ce qui caractérise la doctrine Yoshida, c'est d'abord que le Japon axait sa politique étrangère sur le bloc de l'Ouest, et surtout sur l'alliance avec les Etats-Unis, dans le contexte de la guerre froide. Dépendant de la force militaire américaine pour affronter les pays communistes hostiles, le Japon a autorisé l'armée américaine à utiliser des terrains de l'archipel pour ses bases. En attendant le redressement économique, le gouvernement Yoshida a décidé de limiter les dépenses pour les forces d'autodéfense, et de les augmenter à mesure que l'économie reprendrait35(*). Pour Yoshida «just as the United States was once a colony of Great Britain but is now the stronger of the two, if Japan becomes a colony of the United States it will eventually become the stronger36(*)». Traduction : « Tout comme les Etats-Unis ont été autrefois une colonie de la Grande-Bretagne mais sont désormais le plus fort des deux, si le Japon devient une colonie des Etats-Unis, il deviendra éventuellement le plus fort ».

Dans les années 1980, la stratégie de l'ancien premier ministre Yoshida Shigeru de faire du Japon une superpuissance économique sous la protection militaire des Etats-Unis se réalise37(*). Le Japon a su passer d'une position mineure et subordonnée à celle d'un partenaire majeur, incontournable et privilégié pour Washington. Il a développé ses capacités économiques et financières jusqu'au point où elles lui ont assuré une place dans le club des grands.

Après la fin de la guerre froide, la situation internationale changea profondément. Avec la disparition de l'URSS en 1991, et la fin du monde bipolaire, la scène internationale s'offrait enfin une possibilité bien réelle de mettre fin à l'état de crise. En 1990- 1991, la guerre du Golfe donne une occasion au Conseil de sécurité, le policier mondial, de fonctionner. L'occupation puis l'annexion du Koweit par l'Irak de Saddam Hussein entrainent une escalade de mesures conduisant à la libération de l'Emirat par une coalition sous mandat de l'ONU38(*). Cette direction collégiale d'une affaire internationale ouvre la porte au Japon qui pouvait enfin prétendre jouer un rôle sur la scène internationale.

La fin de la guerre froide n'a cependant pas donné naissance à un pacifisme effectif à la fois mondial et cosmopolite. Au contraire, l'état de crise s'est accentué sous les effets déstabilisateurs de la mondialisation et la multiplication des sources d'insécurité et de violence. Pendant les années 1990, les gouvernements et les organisations internationales ont été confrontés à des défis sans précédents allant de la prolifération nucléaire au génocide rwandais, de la dévastatrice guerre civile au Congo au nombre croissant de réfugiés, du nettoyage ethnique dans les Balkans à la violation systématique et généralisée des droits de l'homme s'étirant de la Birmanie à Haïti et de la Sierra Leone à la Corée du Nord39(*). Ces épisodes sont venus confirmer au peuple japonais que la politique de puissance ne laisse toujours guerre la place à un pacifisme constitutionnel40(*). Dans son environnement géographique immédiat, le Japon doit s'adapter à une Chine plus puissante économiquement, politiquement et militairement et à une Corée du Nord menaçante avec ses tests de missiles et son programme nucléaire41(*). Pour jouer un rôle important sur la scène internationale, le Japon doit s'adapter et redéfinir son rôle en modifiant les orientations de sa politique étrangère. Le Japon décida alors de mettre l'accent sur deux volets de politique étrangère : une participation accrue aux activités des Nations-Unies et une politique axée sur l'aide publique au développement.

Toutefois, les contributions japonaises aux Opérations de maintien de la paix (OMP) sont restées limitées, qualitativement et quantitativement. La Constitution japonaise n'autorisant pas l'usage de la force pour résoudre les différends internationaux, la contribution directe du pays s'est restreinte aux opérations non militaires, à l'envoi de personnels pour des missions non combattantes, tels le soutien logistique, les contributions en nature, ou le soutien technique. En septembre 2010, Tokyo avait contribué à une dizaine d'opérations de maintien de la paix de l'ONU : Angola (1992), Cambodge (1992), Mozambique (1993), Salvador (1994), Golan (1996), Timor-Leste (2007 et 2010), Népal (2007), Soudan (2008), Haïti (2010). Le Japon a aussi contribué à des opérations internationales au Rwanda (1994), au Timor-Leste (1999), en Afghanistan (2001) et en Irak (2003)42(*). Le second volet de la politique étrangère du Japon est sa politique d'aide publique au développement. L'APD constitue la pierre angulaire de la diplomatie japonaise depuis la fin de la guerre froide.

* 33 WATANABE Hirota, 2001, « La diplomatie japonaise après la Deuxième guerre mondiale, in Annuaire français de Relations internationales, Bruxelles, Editions Bruylant, page 63.

* 34 D'après la constitution du Japon du 3 novembre 1946, disponible sur www.mjp.univ-perp.fr/constit/jp1946.htm, consulté le 25 septembre 2019.

* 35WATANABE Hirota, 2001, op.cit., , pp. 64-65.

* 36 P.H.M. Bell and Mark Gilbert, 2017, op.cit, page 254.

* 37BOULANGER, Eric 2013, « L'ambiguïté de l'identité japonaise en relations internationales et la montée en puissance de la Chine: la fin du pacifisme constitutionnel », in Relations internationales, n°154, Paris, Presses universitaire de France(PUF), page 138.

* 38DEFARGES Philippe Moreau, 2004, « De la SDN à l'ONU », in revue Pouvoirs, n°109, Paris, Le Seuil, p. 22.

* 39 KINGSTON Jeff, 2013, contemporary Japan: history, politics and social change since 1980s, second edition, Wiley-Blackwell, page 115.

* 40.BOULANGER, Eric 2013, op.cit, page 139.

* 41PAJON Céline, 2014, « Le Japon d'Abe face à la Chine de XI: de la paix froide à la guerre chaude?, in Politique étrangère, Paris, IFRI, page 24.

* 42AKAHA Tsuneo, 2011, « Japon: trouver l'équilibre entre soft power et hard power », in Politique étrangère, Paris, IFRI, page 118.

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