La coopération entre le Japon et le Burkina Faso depuis la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) : 1993-2018.par Eric ZONGO Université Joseph Ki-Zerbo/Burkina Faso - Master en économie, population et relations internationales. 2019 |
II.2. L'aide bilatérale japonaiseL'aide japonaise à l'Afrique a principalement progressé à travers la promotion du processus de la TICAD. Le premier indicateur de l'impact de la TICAD, le plus simple et en même temps très représentatif de ce qu'est ce processus, reste l'évolution de la part de l'Afrique dans l'APD japonaise200(*). L'aide bilatérale du Japon au Burkina Faso se fait à travers la coopération financière non remboursable et la coopération technique. Tableau 3: Évolution de l'aide bilatérale japonaise au Burkina Faso de 1994 à 2018 (valeur en millions de dollars)
Source: Elaboré par nous-mêmes à partir des données des Livres blancs de l'APD Japonaise. Figure 1: Histogramme de l'aide bilatérale japonaise au Burkina Faso
Propre construction à partir des données du tableau Dans sa politique de coopération bilatérale avec le Burkina Faso, le Japon se positionne comme un véritable donateur. D'ailleurs selon Salif Sankara, depuis 1979, le Japon a décidé que ses interventions en faveur du Burkina Faso se feront essentiellement sous forme de dons ; et jusqu'à nos jours, l'essentiel de la coopération japonaise obéit à cette directive201(*). Le Japon accorde donc des dons bilatéraux sous forme de coopération technique et des dons non remboursables. Entre 1994 et 2018, la coopération financière non remboursable du Japon au Burkina Faso était de 374 250 000 dollars soit environ 217 065 000 000 FCFA202(*). Cette manne financière a permis le financement de plusieurs projets de développement au Burkina Faso notamment dans les secteurs de l'éducation, de la santé, de l'eau et assainissement et d'autres projets de développement. Quant à la coopération technique, les subventions du Japon entre 1994 et 2018 étaient de 179 810 000 dollars soit environ 104 289 800 000 FCFA. Elle a servi à l'envoi d'experts japonais au Burkina Faso, à la formation des cadres burkinabè au Japon et dans d'autres pays asiatiques, aux projets de coopération technique et d'études de développement au Burkina Faso. L'ensemble des subventions du Japon pour la période 1994-2018 est de 544 740 000 dollars soit environ 321 354 800 000 FCFA. Le graphique nous permet d'identifier plusieurs phases dans la coopération japonaise au Burkina Faso depuis 1994. Entre 1994 et 1998, c'est-à-dire la période couvrant la TICAD I, le volume d'aide japonaise est resté très faible. De 11 820 000 dollars en 1994, il a même chuté en 1998 passant à 8850000 dollars. Durant cette période, les subventions accordées par le Japon à titre de dons non remboursables sont relativement conséquentes avec un montant total de 44320000 de dollars. Mais les montants de la coopération technique sont restés faibles 6090000 dollars ce qui n'a pas permis à l'aide d'évoluer. Pendant la période qui a couvert la TICAD II, c'est-à-dire entre 1998 et 2003, le volume d'aide japonaise a dans un premier temps augmenté. Entre 1999 et 2001, le volume d'aide a dépassé les 20 millions de dollars par an. Cette croissance est due à l'augmentation des montants de la coopération technique. Entre ces trois années, 11530000 dollars ont été décaissés alors qu'ils n'étaient que de 6090000 dollars. Ensuite entre 2002 et 2003 et même jusqu'en 2004, l'assistance s'est effondrée de façon vertigineuse. Les montants de la coopération technique continuent d'augmenter mais les montants des dons non remboursables ont drastiquement chuté passant de 16,56 millions de dollars en 2001 à 3,32 millions de dollars en 2004. Cette situation est, sans doute, due à la diminution du budget de l'aide japonaise dans sa globalité causée par la situation économique et budgétaire difficile que le pays a connue pendant les années 1990. Durant la période de la TICAD III, c'est-à-dire entre 2004 et 2008, on observe une évolution constante de l'aide japonaise qui est passée de 8,49 millions de dollars à 20,97 millions de dollars. L'aide japonaise a plus que doublé. On peut donc conclure que le Burkina Faso a largement bénéficié des engagements pris par le Japon à propos de son APD en Afrique lors du sommet du G8 de Gleaneagles en 2005. En rappel, dans un discours adressé aux Etats africains, le premier ministre japonais Junichiro Koizumi a souligné que son pays s'engage à doubler en trois ans l'aide accordée à l'Afrique203(*). Entre 2008 et 2012, on observe une augmentation vertigineuse de l'aide japonaise qui est passée de 20,97 millions de dollars en 2008 à 56,36 millions de dollars en 2012. L'aide japonaise a presque triplé. Cette période couvre la TICAD IV dans lequel le Japon s'était engagé à doubler son APD à l'Afrique. Entre 2013 et 2018, c'est-à-dire la période couvrant la TICAD V et VI, l'aide japonaise a relativement chuté mais reste toujours dynamique. L'aide japonaise permet le financement des projets de développement au Burkina Faso. Ces projets de développements prennent en compte les secteurs de l'éducation, de l'agriculture, de la santé, de l'eau, de l'environnement, etc. * 200 OBAYASHI Minoru, 2004, « TICAD, un processus favorable au développement de l'Afrique ? », in Afriquecontemporaine, n°212, Paris, De Boeck supérieur, page81. * 201SANKARA Salif, 2018, la contribution de la coopération japonaise au développement économie et social du Burkina Faso : cas de l'aide alimentaire « KR 1 », mémoire de fin de cycle, INHEI, page 37. * 202Taux de change au 31 décembre 2018 (1 Dollar égal à 580 FCFA). * 203 MOFA, 2005, Japan's policy for African development: Prime Minister Koizumi's message to Africa in the context of the G8 Summit, disponible sur www.mofa.go.jp/region/africa/policy.pdf, consulté le 28 mai 2019. |
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