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La différenciation par attributs dans la CEMAC.


par Franck OBAME NGUEMA
Université Omar Bongo - Master 2 recherche en Economie Appliquée, option: Economie Internationale 2004
  

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SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 2

Première partie- Différenciation par attributs, une source d'échanges

intracommunautaires 9

Chapitre I- Attributs de qualité et échange intra-branche 10

Section 1- Préférence des consommateurs et qualité des produits 10

Section 2- Attributs de qualité et échange intracommunautaire 18

Chapitre II- Attributs variétés et échange intra-branche 22

Section 1-Variété des produits et préférence des consommateurs 22

Section 2- Attributs de variété et échange intracommunautaire 25

Deuxième partie : Détermination de la différenciation par attributs dans la

Communauté Economie et Monétaire 29

Chapitre III- Le choix de la méthodologie de détermination 30

Section 1- Présentation du modèle 30

Section 2- La spécification et l'estimation du modèle 38

Chapitre IV- Présentations, interprétations des résultats et les

recommandations 48

Section 1- Présentation des résultats 48

Section 2- Les attributs des produits et les caractéristiques propres aux consommateurs affectent significativement l'achat des produits et favorise l'échange intra-branche 49

CONCLUSION GENERALE 61

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DIFFERENCIATION PAR ATTRIBUTS DANS LA CEMAC

INTRODUCTION GENERALE

Il ne suffit pas pour un producteur de différencier son produit par rapport à ceux des concurrents, mais encore faut-il que les consommateurs perçoivent ces différences et les valorisent (Rainelli, 1997). La perception et la valorisation de ces différences par les consommateurs mettent en lumière la théorie de la différenciation par attributs.

« Les biens en eux-mêmes ne procurent aucune utilité aux consommateurs, ils possèdent des caractéristiques et ces caractéristiques fournissent une utilité » (Lancaster, 1966). Ainsi, les produits sont consommés pour l'utilité procurée par leurs attributs. Les décisions de production, de consommation avec les problèmes que pose l'intégration des marchés remettent au goût du jour l'intérêt porté sur la notion différenciation par attributs.

Un attribut de produit peut se définir comme un ensemble de caractéristiques ou de qualités spécifiques qui rend un produit attractif sur le marché (exemple : le prix, la dimension, la matière, la couleur, la vitesse, la forme...)

Ces attributs confèrent à l'entreprise qui différencie son produit un avantage relatif sur ses concurrents. Doter son produit de nouveaux attributs (innovation) ou copier les attributs existants (imitation) d'un produit rival sont des pratiques courantes d'entreprises présentes sur les marchés de biens différenciés, et les consommateurs prennent des décisions d'achats des produits sur la base de ses attributs. Ces derniers sont au coeur du processus des choix des consommateurs : ils servent de critères de sélection (Restle, 1961) ou d'élimination (Tversky, 1972a, b).

La question des attributs joue un rôle majeur dans la différenciation des produits en ce qu'elle englobe les dimensions horizontales et verticales de différenciation.

On parle de différenciation horizontale lorsque la combinaison de divers attributs est impossible à hiérarchiser objectivement (couleur par exemple). Les produits

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DIFFERENCIATION PAR ATTRIBUTS DANS LA CEMAC

différenciés horizontalement confèrent un large choix aux consommateurs ce qui accroit leur utilité en raison de leur goût pour la variété (Krugman, 1979, 1980) ou leur rapprochement pour la variété idéale (Lancaster, 1980).

En revanche, les biens sont différenciés verticalement lorsque tous les consommateurs s'accordent sur le classement de ces variétés dans leur ordre de préférence (Fontagné et al, 2006). Dans ce cas, les firmes proposent des produits répondant au même besoin mais qui sont de qualité différente ou dont les attributs diffèrent. La qualité des produits peut être objective ou subjective (la firme a su persuader ses clients que le produit était de meilleur qualité que celui des concurrents) Chamberlin, (1933).

La différenciation par attribut est un facteur explicatif des échanges internationaux contemporains et de l'intégration économique, surtout dans les pays développés. En effet, depuis les années 80, c'est l'échange des produits similaires mais différenciés par leurs attributs qui prédomine. Cet échange se développe dans le cadre du commerce intra-branche qui représente 70% du commerce mondial (Ngangoué, 2016). Ainsi, sur le marché européen, on retrouve par exemple des voitures de même marque ou de marques différentes mais différenciés par leurs attributs, de qualités ou de variétés, ce qui est favorable à l'intégration par le marché car le marché européen propose aux consommateurs un grand nombre de voitures qui répond à leurs préférences hétérogènes. Cependant, cette réalité n'est pas identique dans les pays en développement tels que ceux de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) dont l'échange intracommunautaire est très faible et de ce fait, l'intégration par le marché peine à voir le jour.

En effet, les échanges en zone CEMAC sont très faible, les statistiques officielles et les études empiriques confirment bien cette réalité (Carrère, 2013). Ainsi, la part du commerce intracommunautaire est restée relativement stable entre 1980 et 2003, avec un commerce estimé en moyenne à 1,5 % malgré quelques épisodes de légère hausse observés notamment en 1990 (2,3 %) et 1995 (2,1 %) (Moussone,

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DIFFERENCIATION PAR ATTRIBUTS DANS LA CEMAC

2010). De plus, les échanges intra-branches sont faibles voire marginaux, les pays de la CEMAC ne sont pas performants dans ce type de transactions qui domine l'économie mondiale. La faiblesse des transactions croisées enregistrées par les pays de la sous-région incline à penser que le développement des économies d'échelle et la différenciation du produit sont des processus de production encore peu développés dans cette sous-région. De même, la structure économique des différents pays de la CEMAC, qui sont des nations à économie de rente, dont les produits issus des secteurs pétrolier, forestier et minier, et dont les revenus alloués à la Recherche Développement sont inexistants justifie la faiblesse du commerce intra-branche.

De ce fait, compte tenu du rôle joué par les attributs sur les décisions de consommation, de production et sur l'intégration par le marché, et au regard et des faiblesses récurrentes de la zone CEMAC en matière de commerce, la question qui se pose est celle de savoir si la différenciation par attribut (de variété ou de qualité) peut favoriser l'intensification et la diversification des flux commerciaux dans la Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC).

Le modèle de différenciation par attributs trouve son origine sur dans les théories actuelles de la différenciation des produits. En effet, il est plausible de placer la différenciation par attributs en perspectives des modèles d'économie industrielle consacré à l'analyse des marchés des biens différenciés. Notons que les marchés de biens différenciés s'inscrivent dans un contexte de concurrence imparfaite souligné par la Nouvelle Economie Internationale initiée par Brander et Spencer, et repris par Krugman (1979). "l'essentiel du commerce industriel est réalisé pour des produits de secteurs que nous considérons comme des oligopoles lorsque nous les étudions sous leur aspect domestique" (Krugman, 1989).

Sur ces marchés, les consommateurs se comportent de façon déterministe ils prennent en compte des attributs des produits sur le marché et choisissent celui qu'ils préfèrent c'est-à-dire celui qui maximise leur utilité sans allé au-delà

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DIFFERENCIATION PAR ATTRIBUTS DANS LA CEMAC

contrainte liée à leurs ressources disponibles. Deux principales formes différenciation ont alors été mises en évidence dans la littérature : la différenciation horizontale et la différenciation verticale.

En présence de différenciation horizontale, les attributs des produits portent sur la variété. Les préférences des consommateurs sont hétérogènes sur cette variété des produits : si les produits disponibles sont vendus au même prix, les consommateurs font des choix différents. Prenons l'exemple de deux cafés A et B, ils sont de prix identiques, de qualités et de Label identiques. Le café A est un café traditionnel et le café B est décaféiné. En présence de ces deux variétés de café, ayant des préférences hétérogènes, un consommateur choisira le café B (décaféiné) et un autre consommateur choisira le café A (traditionnel).

Deux approches doivent être distinguées en présence de différenciation horizontale. D'une part, les modèles spatiaux ou Kaldoriens supposent que les goûts des consommateurs sont différents et leurs préférences sont décrites dans un espace de caractéristiques ou d'attributs : les plus connus ont été modélisés par Hoteling (1929, espace linéaire) et Salop (1979, espace circulaire). Chaque consommateur, en fonction du prix, achète la variété qui lui procure la plus grande utilité. Dans ce cadre, l'intensité de la concurrence est plus forte entre les entreprises peu éloignés car leurs produits sont de proches substituts. D'autre part, nous avons les modèles avec consommateurs représentatifs qui s'inspirent des modèles Chamberliniens (Chamberlin, 1933). Dans ces modèles, les consommateurs possèdent une préférence pour la diversité qui est illustré par un paramètre dans leur fonction d'utilité. La satisfaction des agents peut provenir de la consommation de plusieurs variétés de produits (goût pour les mélanges) comme dans le modèle de Dixit et Stiglitz (1977). Par exemple, un individu peut préférer consommer le café B (décaféiné) au repas de midi et le café A (traditionnel ou non-décaféiné) en soirée.

Par contre, en présence de différenciation verticale, les attributs des produits portent sur la qualité. En effet, il existe une hiérarchie des préférences des

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DIFFERENCIATION PAR ATTRIBUTS DANS LA CEMAC

consommateurs sur les produits : au même prix, tous les consommateurs préfèrent acheter les produits qui ont la qualité la plus élevée c'est-à-dire dont les attributs sont meilleurs. Ainsi, si les cafés A et B ne diffèrent que par leur qualité, tous consommateurs préfèrent consommer le B (décaféiné) plutôt que le café A (traditionnel). Cependant, les consommateurs ont des revenus différents et des goûts pour la qualité, ce qui explique pourquoi il y a différentes qualités d'un même produit sur le marché. Mussa et Rosen (1978), Gabszewicz et Thisse (1979) ont élaboré les premiers modèles de différenciation verticale. Dans le modèle de Gabszewicz et Thisse (1979), les consommateurs diffèrent par leurs revenus et ces derniers affectent significativement l'utilité du consommateur. Par contre dans le modèle de Mussa et Rosen (1978), c'est l'intensité de préférence pour la qualité (qui peut d'ailleurs être corrélée au revenu) qui affecte le choix du consommateur ayant une préférence pour la qualité.

Ainsi, une différenciation des produits efficace, qui génère des gains dépend d'une prise en compte des préférences des consommateurs. En effet, le comportement du consommateur est un sous-ensemble du comportement individuel constitué par des actions spécifiques et des choix réalisés sur les activités de consommation. Du point de vue marketing, le besoin d'étudier le comportement du consommateur (qui est d'abord client) est expliqué par le fait que, le comportement d'achat des consommateurs « détermine la viabilité économique de l'entreprise » (Mostert, 2002. Une stratégie de différenciation est alors efficace si les attributs des produits (qualité et/ou variété) sont valorisés par les potentiels acheteurs. Du point de l'économie, le comportement du consommateurs sont définis par des « préférences économiques » et/ou des règles de décision (Hauser et al., 2014). Plus les préférences sont sophistiquées, plus le choix l'est aussi. Un niveau de satisfaction plus élevé incite les individus à consommer des produits qui répondent mieux à leurs besoins. Dans ce cas, l'introduction de nouveaux attributs sur un produit, par exemple, est un moyen de donner aux consommateurs des stimulus pour la consommation, en proposant des produits plus adaptés à leurs préférences (Witt, 2001).

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DIFFERENCIATION PAR ATTRIBUTS DANS LA CEMAC

De même, la différenciation par attributs agit sur positivement sur l'intégration régionale au travers du commerce intra-branche et le commerce intra-européen en est la parfaite illustration. En effet, L'expression « échanges intra-branche » désigne les importations et exportations de produits similaires entre pays. A l'origine, ce phénomène fut mis en évidence de manière empirique par les travaux de Verdoorn (1960), Balassa (1966), Grubel (1967), Finger (1967, 1975) et de Grubel et Lloyd (1975). Ces auteurs avaient détecté que l'apparition du commerce intra-branche était concomitante avec les débuts de l'intégration européenne. Le commerce sur le marché européen s'est intensifié par l'apparition des produits hétérogènes possédant des attributs de qualités ou de variétés valorisés par les consommateurs européens. La différenciation des produits est donc au centre de l'échange intra-branche. A cet effet, Greenaway et Milner (1994, 1995) ; Fontagné, Freudenberg et Péridy (1997) ; Durkin et Krygier (2000) ont clairement montré que les produits échangés en Europe ne se différencient pas simplement horizontalement (par leurs variétés) mais aussi en grande partie verticalement (par leurs niveaux de qualités). Ainsi, en France en Allemagne, en Italie par exemple, on retrouve sur le marché des produits domestiques et étrangers qui répondent aux préférences des consommateurs ce qui favorisent l'intégration régionale en Europe. Le commerce intra-branche apparaît donc plus marqué au sein des unions régionales et en particulier entre les pays à niveau de développement comparable, ce qui lui donne tout son sens. Les premiers indicateurs montrent que plus les économies se ressembles (coûts relatifs proches, dotations factorielles semblables, prix des facteurs comparables, savoir-faire identique), plus le commerce intra-branche est significatif (Slim, 2009).

La zone CEMAC regorge un certain nombre de ressources (minières, pétrolières et forestières) qui sont être similaires à tous les Etats membres et les produits issus de ses ressources naturelles sont les mêmes dans toute la zone communautaire. Les conditions sont propices à un système d'échanges intra-branche. Mais, paradoxalement, les échanges pratiqués par ces états sont majoritairement interbranches.

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DIFFERENCIATION PAR ATTRIBUTS DANS LA CEMAC

Le choix de la CEMAC comme zone d'étude peut s'expliquer par le fait que les pays de la CEMAC disposent des avantages qui peuvent contribuer à l'amélioration des flux de l'échange intra-communautaire notamment la similarité dans les produits qui peuvent faire l'objet d'une politique différenciation des produits qui tient compte des préférences des consommateurs en plus de la proximité géographique, linguistique et de la possession d'une monnaie commune qui est un acquis.

Pour répondre à notre problématique, la présente étude se propose dans une première partie de monter la différenciation par attributs est une source d'échanges intracommunautaires, dans une seconde partie elle se propose de vérifier empiriquement la relation entre l'achat des produits et attributs des produits en zone CEMAC.

De ce fait, nous fixons comme hypothèse de travail que les attributs des produits et les caractéristiques propres aux consommateurs favorisent l'intensification des échanges. Nous utilisons un modèle de choix discret que nous spécifions et estimons par la méthode de nested logit.

DIFFERENCIATION PAR ATTRIBUTS DANS LA CEMAC

DIFFERENCIATION PAR ATTRIBUT, UNE SOURCE D'ECHANGES INTRACOMMUNAUTAIRE.

PREMIERE PARTIE :

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La différenciation par attributs est une source d'échange d'intracommunautaire en ce sens qu'elle favorise l'apparition le commerce de qualité et de variété. La différenciation verticale porte sur la qualité du produit, le principe de base est que les produits présentés sur un marché donné ne sont pas considérés comme parfaitement substituables par les consommateurs, en raison d'une différenciation subjective ou objective (Ndo Ndong, 2005).

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus