2- Les sous-préfets dans la résolution des
conflits
La région du Mayo-kebbi Est, dans sa globalité
compte dix sous-préfectures, mais nous nous sommes limités
à ceux habités par les massa. Généralement à
la suite d'un conflit ouvert entre les individus revendiquant un même
espace, les gendarmes sont les premiers à intervenir afin de mettre
l'ordre. Les protagonistes sont conduits à la brigade en charge du
territoire puis transférés chez le Sous-préfet. Ce dernier
essaye de concilier les parties en conflits. Si les protagonistes ne sont pas
satisfaits ou si l'affaire est complexe, le Sous-préfet peut renvoyer
l'affaire chef le chef de canton avec des consignes.
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Photo 13 : Monument indiquant la Sous-préfecture
de Nguelending
![](Acces--la-terre-et-conflit-au-tchad-cas-du-pays-massa-XXe-au-XXIe-siecle16.png)
Cliché : Kampété Dieudonné
Kingué à Nguelendeng le vendredi 13 octobre 1017.
3- Le gouvernorat et la justice
Des acteurs qui interviennent dans la résolution des
conflits fonciers, il est important d'énumérer le rôle que
joue le gouvernorat. Pour la région du May-kebbi Est, le siège du
gouverneur est installé à Bongor. Le gouverneur est ici, le
représentant direct du chef de l'État, il exerce son
autorité sur toute la région. Toutefois, il importe de
préciser que l'intervention du gouverneur dans les litiges fonciers
à une limite car il n'est pas présent dans tous les conflits. Son
intervention est plus visible dans les zones où les conflits sont
beaucoup plus violents comme dans le canton Koumi.
En 2015, lors du conflit violent qui a opposé les
biliam I aux biliam II, la présence des militaires n'a pas suffi pour
mettre de l'ordre. Le conflit a pratiquement
100
durée trois jours avec des conséquences
tragiques112. Ce conflit a vu la présence de l'ex premier
ministre Kalzeubé Pahimi Deubet accompagné du gouverneur. Ce
conflit est le plus violent et meurtrier dans l'histoire des Massa. C'est au
coeur de la résolution de ce conflit que les principaux protagonistes
des deux camps furent arrêtés et conduit au pénitencier de
Korotoro113.
4- Les faiblesses des mécanismes de
résolution des conflits dans le pays massa
La force des autorités dans la médiation et la
gestion des conflits liés aux ressources naturelles viennent de leur
grande influence et de la confiance que leur accordent les différents
utilisateurs des terres. Leur faiblesse dans la gestion et la médiation
en cas de conflits est due à leur partialité et manque de
moyens.
Aux yeux des communautés114, le recours aux
autorités administratives dans la gestion des conflits ne se
présente pas toujours comme une procédure viable et
satisfaisante. Selon ces derniers les décisions manquent de transparence
et conséquemment engendre la méfiance envers les services de
l'état115. Celui-ci devrait répondre à ce
défi par la mise en place des processus plus transparents de
règlement des conflits. Il se doit de garantir l'équité
dans l'accès et l'utilisation des ressources. Il s'agit surtout
d'éviter les risques de commercialisation des terres par les chefs
traditionnels116. Le manque de proximité en termes d'espace
et de temps est perçu par les communautés comme un
problème contraignant. Le manque de moyen a été
fréquemment évoqué par les autorités
administratives, les services techniques, la gendarmerie. Dans certains cas un
manque d'effectifs et de carburant rend impossible
112Entretien avec Le chef de canton de Koumi, Sampil
Dapsia, le vendredi 23 juin 2015 à Nolloy. 113Prison
situé dans le djourab, le désert.
114 Entretien avec Samma Tordina, chef de canton de Bongor, le
lundi 26 juin 2017, à Bongor.
115 Entretien avec Djoyang Laurent le lundi 26 juin 2017 à
Bongor.
116Ibid
l'envoi d'une équipe sur le terrain pour constater des
dégâts ou la médiation entre les
protagonistes117. Aussi l'innascibilité des certains village
est un handicap.
Les mutations fréquentes des agents de l'état
constituent un frein à la mise en place et à l'appui pour une
gestion participative et efficace des conflits118. Cette rotation
des fonctionnaires est à l'origine d'un manque de continuité et
de cohérence dans les prises de décisions. Ainsi la gestion des
conflits dans cette partie du Tchad semble difficile.
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117Ibid
118 Entretien avec SammaTordina, chef de canton de Bongor, le
lundi 26 juin 2017, à Bongor.
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