3- Conflits au sein d'une même famille
L'expérience que nous vivons aujourd'hui sur la
question foncière, nous révèle que la terre soulève
toujours de sérieux problèmes dans beaucoup de familles. Parce
que l'existence de l'homme est liée à celle-ci et à ce qui
en est extrait. La terre revêt une importance capitale tant qu'elle est
source du développement économique. De cette importance
découle également un nombre élevé des conflits.
À Béding, frontalier avec le village Beiga, les
Birlim et les Bandè entrent en conflit suite à une
mésentente sur une parcelle. Issus d'un même village, la
première famille voudrait bien exploiter l'espace pour l'agriculture or
la seconde ayant des espaces suffisants pour leur culture voudrait l'utiliser
pour faire paitre leur troupeau. C'est ainsi qu'en 2015, lors d'une dispute, un
conflit ouvert est déclenché mais tranché sur le champ par
le chef du village. Il n'y avait pas de mort mais plusieurs blessés.
C'est dans ce même contexte que des frères issus
d'un même père dans le village Biliam-oursi I, entre en conflit
ouvert pendant plus d'un mois à cause d'un espace que leur père
décédé avait laissé. En effet après sa mort,
Djouvounna Braham laisse à sa famille un espace de 3 à 4 hectares
sans laisser des consignes au préalable. Son frère Kounna
autorise les enfants de la deuxième femme à exploiter le champ,
chose qui n'a pas du tout plu aux enfants de la première épouse.
Ces derniers refusent de céder à la demande de leur oncle. C'est
ainsi qu'on assista en 2014 à un conflit acharné entre les
antagonistes avec comme conséquence des graves blessures64.
Cette situation a été tranchée à la brigade de
Rigaza. Selon le Commandant de Brigade de la sous-préfecture de Rigaza,
ces conflits ont pour fondement le taux croissant de natalité dans
certaines familles. Un père de famille n'ayant qu'une petite parcelle de
terre
64Entretien avec le commandant de Brigade de la
sous-préfecture de Rigaza, Perssou Dalbé, le 23 juin 2017.
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« prend le risque de mettre au monde beaucoup
d'enfants sans se soucier de leur futur 65». Cette
situation est la cause des éventuels conflits souvent rangés.
Après la mort du chef de la famille, les enfants se disputent les
terres, denrées précieuses de la nature.
En 2016 par exemple, un conflit oppose deux familles du
même village. Il s'agit de la famille Denguel et Houma. Mise en location,
un terrain de 4 hectares fait l'objet de labour par la famille Denguel depuis
1967, est réclamé par les Houmi, présumés
propriétaires dudit terrain66. Ce type de rixe sur les
parcelles de quelques hectares oppose aussi la famille Zizou au Chef de
village, un certain Hamana. En effet le champ faisant l'objet de conflit fut
dans le passé un terrain vide, propriété des grands
parents du chef de village. Vivant en harmonie, les grands parents auraient
donné le terrain à la famille Zizou qui l'occupe jusqu'en 2010,
date de sa mise en culture. Le chef de village étant le petit fils,
réclame le terrain prétextant qu'il est en manque d'espace
après plusieurs années d'exploitation par la famille
Zizou67. Cette situation a entraîné le
déclanchement d'une batail ayant entrainé une animosité
dans les familles, laquelle a obligée certaines personnes à
quitter leur village. La terre est transformée en un instrument des
conflits au lieu qu'elle soit un moyen de production. Cette dissension entre
les deux camps, fut tranchée chez le chef de canton, chez les Noloye.
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