WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

état français et associations de solidarité internationale: quel partenariat pour le développement ?

( Télécharger le fichier original )
par Thaïs ABOUT
Sciences Po Toulouse - Master 2 Développement économique et Coopération internationale 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

56

CONCLUSION

Les relations entre l'État et les acteurs non gouvernementaux, du secteur privé non lucratif ou lucratif, sont devenues de plus en plus importantes depuis une trentaine d'années. D'abord, la crise économique structurelle et le déficit des comptes publics ont engendré une délégation des compétences classiques de l'État à ces autres acteurs, qui se sont donc considérablement développés. Ensuite, la globalisation non seulement économique et financière mais aussi des risques (climat, terrorisme, criminalité internationale...) a acté la nécessaire collaboration de ces différents acteurs aux échelles locales, nationales et mondiales pour faire face à ces enjeux nouveaux.

En matière de relations entre l'État français et les associations de solidarité internationale, on se trouve tout à fait dans ce registre : il s'est constitué au fur et à mesure un espace d'interaction entre les deux entités.

À partir des années 1980-1990, les ONG internationales se coordonnent en réseau et pilotent de grandes campagnes de plaidoyer pour promouvoir auprès des instances multilatérales des sujets tels que le développement durable et la lutte contre le changement climatique. Le succès de ces actions de lobbying et la visibilité croissante des ONG ont incroyablement accru leur légitimité auprès des populations et des décideurs, et en ont fait des acteurs à part entière du développement et de la solidarité internationale.

Ces tendances à l'international se sont traduites par des changements au niveau français. En écho à l'action des ONG internationales, les associations de solidarité internationale se sont organisées en réseau pour peser vis-à-vis des pouvoirs publics. Elles se sont ainsi renforcées mutuellement, en favorisant leur connaissance du secteur et en s'accordant sur des éléments de plaidoyer clairs auprès des pouvoirs publics. Le dialogue entre État et ONG a donc connu d'importantes évolutions durant cette période, impulsées à la fois par le milieu associatif et par la force publique, qui a largement soutenu ces restructurations.

Pourtant, la tradition politique française, très centralisée et verticale, n'offre pas un cadre idéal aux associations de solidarité internationale. Aujourd'hui encore, des zones d'ombres persistent, notamment en matière d'aide publique au développement qui transite par les ASI, où la France se classe en avant-dernière position au sein de l'OCDE.

Néanmoins, les grands rendez-vous internationaux qu'a connus l'année 2015 ont accéléré la dynamique partenariale entre pouvoirs publics et ASI en France. Parallèlement, le quinquennat 2012-2017 a été particulièrement engagé en la matière, avec plusieurs décisions politiques et mesures législatives phares qui ont favorisé une meilleure reconnaissance du tissu associatif et un dialogue apaisé.

Cependant, au sein de ce cadre rénové, des carences persistent.

Premièrement, les petites associations de solidarité internationale sont exclues des mécanismes de financements publics. Ainsi, la plupart disparaissent ou fusionnent, ce qui a pour conséquence la perte de la diversité du paysage associatif français, qui constitue pourtant une force d'innovation et de proposition en matière de développement. Cet écueil est structurel puisqu'il est inhérent aux évolutions du milieu associatif français, qui se calque de plus en plus sur le modèle anglo-saxon composé en majorité de très grosses structures de plaidoyer.95

La professionnalisation grandissante des ASI, dans un contexte concurrentiel d'accès aux financements et de recherche de légitimité, questionne en profondeur leur nature et constitue un enjeu majeur de ce nouveau paradigme à l'oeuvre depuis les années 1990. Par ailleurs, un point d'attention particulier doit être donné à la question de l'indépendance des ASI. En effet, si les sphères publiques et associatives s'interpénètrent et s'influencent l'une l'autre dans le cadre de ce partenariat, leurs relations sont forcément déséquilibrées. L'État détient malgré tout le monopole de la décision en dernier lieu, et c'est lui qui finance les associations. Il y a donc un danger que les ASI, pour garder des liens avec la puissance publique, déroge à leur statut de contre-pouvoir.

Enfin, la volonté de dialogue avec toutes les parties prenantes de la coopération internationale (État, entreprises, etc.) ne doit pas pour autant niveler les positions : les associations existent d'abord pour protéger l'intérêt général universel ; ce qui n'est pas forcément l'objectif de l'État, ni celui des structures privées.

En tout état de cause, ces évolutions demeurent fragiles, rien n'est acquis. Les contextes internationaux et nationaux évoluent au gré des mutations géopolitiques, des rapports de force, des grandes tendances philosophiques et économiques d'une époque. De

57

95 En Europe, ce sont les ONG britanniques qui possèdent les plus gros budgets propres.

58

fait, il n'y a pas de « mobiles » dans la structure des relations entre l'État français et les ASI : le partenariat que ces deux acteurs entretiennent est soumis à beaucoup de variables et est particulièrement fluctuant.

L'éclosion de la pression populiste à travers le monde, les récentes déclarations de Donald Trump sur le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris pourraient ralentir la dynamique internationale actuelle et avoir un « effet papillon » sur le partenariat entre l'État et les associations de solidarité internationale en France. Les prises de position du gouvernement d'Emmanuel Macron sur la baisse de l'APD française inquiètent également l'avenir des relations État / ASI. Bien que le Président ait affirmé son engagement pour le développement à l'occasion de sa rencontre avec Bono et Rihanna le 25 juillet dernier96 ou encore de son discours à la semaine des ambassadeurs le 29 août dernier97, la visibilité reste limitée sur ce que deviendront les progrès enregistrés sur le dernier quinquennat.

96Cf. Communiqué de presse de Coordination SUD du 25 juillet 2017 : https://www.coordinationsud.org/wp-content/uploads/250717-CP-Coordination-SUD-APD-l%E2%80%99annonce-pr%C3%A9sidentielle-doit-se-traduire-dans-les-faits-VF.pdf

97 Cf. Discours d'Emmanuel Macron à l'ouverture de la Conférence des Ambassadeurs http://www.elysee.fr/declarations/article/discours-du-president-de-la-republique-a-l-ouverture-de-la-conference-des-ambassadeurs/

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams