2.4. Causes et origine des conflits « Homme - Faune
sauvage »
En tant qu'éléments de richesse et
potentialités du milieu (faune, flore, sol, sous sol, etc.), les
ressources sont l'une des principales causes de conflits. En effet elles
procurent des revenus qui expliquent leur caractère très
prisé et les convoitises qui s'exercent sur elles. Dès lors la
conciliation des différents usages - ou sollicitations d'usages - est
incompatible du fait des contradictions qui existent entre protection et
exploitation. Comment harmoniser les usages culturels et traditionnels des
ressources naturelles avec les textes officiels qui réglementent leur
mode d'exploitation. La difficulté s'accentue lorsque interviennent des
rapports de force qui sont en défaveur des populations locales qui
estiment être dans leur droit.
Lorsque les activités humaines s'intensifient à
l'intérieur et autour des aires protégées et que la faune
sauvage menace la sécurité économique, les moyens
d'existence et même la vie humaine, on constate une escalade des conflits
entre l'homme et la faune sauvage.
En conséquence, si les responsables des aires
protégées et autres autorités compétentes ne
réussissent pas à résoudre les conflits de manière
satisfaisante, l'appui accordé à la conservation, au niveau
local, diminue.
Les conflits entre l'homme et la faune sauvage surgissent
lorsque les besoins et le comportement des animaux sauvages ont des incidences
négatives sur les objectifs de l'homme et lorsque les objectifs de
l'homme vont à l'encontre des besoins des animaux. En effet, les animaux
sauvages ravagent les cultures, blessent ou tuent des animaux domestiques,
menacent ou tuent des êtres humains.
2.5. Etendue de dégâts et attaques par les
animaux sauvages
Les impacts négatifs de la faune sauvage sur les
activités humaines se caractérisent par des pertes du
bétail (par milliers de têtes), des dégâts aux
cultures vivrières et aux greniers (figures 2 et 3) ; ces impacts
concernent aussi bien les attaques et les agressions mortelles des êtres
humains.
Damas, KOUELY., 2006-2007. Conflit homme
faune sauvage autour des aires protégées d'Afrique.
Synthèse bibliographique - Master agronomie et Agro Alimentaire - PARC.
Cirad-Emvt / Montpellier SupAgro. 24 pages
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Figure 2: grenier saccagé par des Figure 3 :
dégât des éléphants sur une
éléphants (R. Hoare) rizière / village de
Mloka /Tanzanie
((c)WWF/Cyprian Malima)
En Tanzanie la faune sauvage tue environ 200 personnes chaque
année; les lions (50 % des cas de mortalité humaine) et crocodile
en sont les principaux prédateurs. Entre 1999 et février 2004,
dans la WMA, une zone de gestion de la faune de Jukumu dans
périphérie nord de la réserve de Selous on a
enregistré plus de 28 personnes tuées et 57 autres
blessées par des crocodiles. Dans un seul village de ce regroupement on
a totalisé 11 attaques mortelles, 53 têtes de bétail
tuées et 41 blessées par les crocodiles pendant la même
période.
Autour du parc national de la Lopé au Gabon dans le
district de Mokéko (province de l'Ogooué-Ivindo) ; l'année
2003 a été marquée par la dévastation de 273
plantations, des agressions sévères et mort d'homme dues aux
attaques des bêtes sauvages.
Selon Ir. Etotépé A. SOGBOHOSSOU (2003), autour
de la Réserve de la Biosphère de Pendjari au Bénin, les
animaux qui causent le plus de préjudices sont les singes (dans 85% des
champs) suivis des phacochères (56,7%), des oiseaux (43,3%) et des
éléphants (41,7%); les carnivores (74,5%) pour des cas d'attaques
(figure 4). En une année la perte du bétail par attaques de
carnivores peut avoisiner 3 011 000 F CFA.
Figure 4: Importance des pertes d'animaux domestiques par
espèces et par cause (Ir. Etotépé, A. S.,
2003)
Les données de juillet à décembre 2003
(tableaux 2 et 3), sur les dégâts des éléphants,
dans le cadre du Projet Selou du WWF (Fond mondial pour la nature) en Tanzanie
montrent que les récoltes prises d'assaut par les
éléphants varient selon les saisons et les localités;
à l'exemple de Kilwa (K), Liwale (L) et Rufiji (R); la
préférence étant pour les maïs, les petits pois, les
champs de manioc et les noix de cajou, les bananiers, et manguiers
Tableau 2 : Incursions dans les cultures Tableau 3 : Incursions
dans les fruitiers
vivrières
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D'une façon générale il est
démontré que malgré la taille des dégâts
ponctuels impressionnants qu'ils occasionnent, les éléphants ne
sont pas les principaux ravageurs des cultures vivrières en Afrique
(tableau 4). D'autres espèces de faune sauvage (lion, hippopotame,
panthère, hyène, phacochère, primates (gorille,
chimpanzé), buffle, etc) en sont aussi responsables des
dégâts et attaques.
Tableau 4 : Part réelle des pertes agricoles
causées par l'éléphant dans quelques régions
d'Afrique (Source : François LAMARQUE Mars 2006)
Après ces brèves illustrations nous convenons
que les conflits sont une donnée permanente et constante de la vie des
sociétés humaines. Il n'y a pas de sociétés
humaines ou d'organisations sociales qui ne connaissent pas de conflits. Tant
que la forêt continuera à exister et être exploitée,
il y aura toujours des conflits entre les différents acteurs.
L'approche participative étant de règle, il
importe de savoir quelles sont les mesures envisageable à
côté des pratiques traditionnelles des populations qui peuvent
aider ou au contraire desservir la conservation dans le cadre du
règlement des conflits entre la faune sauvage et les humains autour des
aires protégées. Le problème n'est
donc pas de faire disparaître les conflits, mais de les
gérer au mieux et si possible de les prévenir.
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