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La fermeture des maternités en Basse-Normandie: état des lieux et causes des fermetures

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par Amélie Lamotte
Université de Caen Normandie  - Maîtrise de géographie 2017
  

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b. L'évolution de l'offre

L'offre de soins périnatals est en restructuration depuis les années quatre-vingt-dix en Basse-Normandie. (Voir la figure 13 ci-dessous). Dès 1990, cinq maternités ferment : l'hôpital d'Aunay-sur-Odon et la clinique de Bayeux dans le Calvados, le centre hospitalier de Saint-Hilaire-du-Harcouët, la clinique Saint-Jean de Saint-Lô et celle de Carentan dans la Manche, ainsi que Domfront-La Ferté-Macé dans l'Orne37.

Au début des années 2000, la polyclinique de Lisieux, le centre hospitalier de Valognes, la clinique de la Miséricorde de Caen et la clinique d'Alençon ont cessé leurs activités.

La maternité de Granville et la clinique St-Martin de Caen ont arrêté les accouchements en 2007, le Centre Hospitalier Régional (CHR) de Caen en 2009 puis la Polyclinique de Deauville.

Enfin, depuis 2010, les maternités de Vire (en 2013), de Cricqueboeuf (en 2014), de Falaise (en 2015) et de Coutances (en 2016) ne réalisent plus d'accouchements.

Au cours de cette période, aucune nouvelle maternité n'a ouvert ses portes dans la région. Pour mon mémoire, je m'intéresse spécifiquement aux maternités fermées depuis 2010.

Pour résumer l'évolution de l'offre en termes de maternité, en 2000, la Basse-Normandie comptait vingt-et-une maternités sur son territoire alors qu'en 2017, seulement onze maternités sont en activité en Basse-Normandie.

37 Grimbert I et Massif J.B., « Naitre en Basse-Normandie, maternités et naissances en 2001 », Cent pour Cent, INSEE, n°121, mai 2003

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En moins de vingt ans, la capacité d'accueil et le nombre d'établissements bas-normands se sont réduits, et ils se sont concentrés en grands pôles. L'expression retenue est que l'offre de soins en maternité a été rationalisée et restructurée.

Figure 13: Localisation et évolution des maternités depuis 1989 en Basse-Normandie

D'après la carte ci-dessus, les fermetures de maternités ont eu lieu dans des villes de toutes dimensions (Saint-Lô, Caen ou La Ferté-Macé par exemple) mais majoritairement, ce sont les villes de tailles moyennes qui sont les plus touchées (Aunay Sur Odon, Saint-Hilaire-Du-Harcouët, Coutances). En effet, dans ces villes, le faible nombre d'accouchements et le coût des mises aux normes pour obtenir les certifications sont les

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principales causes de fermeture. De nombreux établissements privés ont préféré cesser leurs activités liées à la maternité, celles-ci étant jugées trop coûteuses et peu lucratives pour des établissements de tailles moyennes. C'est le cas pour les maternités de Saint-Martin à Caen, où de Lisieux et Saint-Lô notamment. En 2017, il ne reste qu'une seule maternité privée en Basse-Normandie, celle de la Polyclinique du Parc à Caen, une maternité de niveau 2. À titre de comparaison, elles étaient neuf maternités privées en 1990. Aujourd'hui, les villes où une maternité est présente ne disposent que d'une seule maternité exceptée à Caen. Il n'y a pas deux maternités dans une même ville contrairement aux années 1990, où la combinaison "maternité privée et maternité publique" était présente dans cinq villes (St-Lô, Caen, Lisieux, Bayeux et Alençon). La cessation d'activité d'accouchement est présente dans tout le territoire normand et elle concerne les structures privées majoritairement (neuf maternités fermées sur quatorze étaient des maternités privées).

Afin de comprendre comment une fermeture de maternité se déroule, je prends les exemples des fermetures des maternités de Vire et de Falaise.

En ce qui concerne la fermeture de Vire : au printemps de l'année 2010, le chef de service quitte ses fonctions. Il n'a pas été remplacé. Selon les sages-femmes ce chef de service n'a rien fait pour être remplacé. Au même moment, un nouveau directeur est recruté à l'hôpital de Vire, Monsieur Tsuji. Sa mission officieuse aurait été de devoir fermer la maternité et de mettre en place un centre périnatal de proximité (CPP) avec la présence du gynécologue de Flers, Monsieur Labbé. En juillet de cette même année, le directeur annonce la fermeture imminente de la maternité. Lors de l'annonce de cette fermeture aux salariés, une sage-femme demande à Monsieur Labbé de prendre la fonction de chef de service de la maternité afin de pouvoir poursuivre l'activité de la

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maternité, ce qu'il fait. Selon les sages-femmes, c'est à ce moment que le directeur harcèle moralement le gynécologue pour le pousser à partir, et pouvoir fermer le service de maternité. Monsieur Labbé donne sa démission en janvier 2012 après de nombreux différends. La maternité tournait donc avec un seul gynécologue titulaire. Le recrutement du nouveau gynécologue s'est déroulé difficilement : un gynécologue radié de l'Ordre a été recruté. L'image de la maternité de Vire s'est un peu plus détériorée, et les fautes médicales que ce gynécologue a pu réaliser ont étaient très médiatisées. L'ARS décide donc de fermer définitivement la maternité de Vire en janvier 2013 pour des raisons de sécurité, après de nombreux mois de négociations avec l'ARS. Les nombreuses manifestations n'y ont rien changé. Le directeur de l'ARS demande à l'hôpital de Vire « d'aller de l'avant et encourage fortement un rapprochement des hôpitaux de Vire et de Flers ». Ainsi, le centre périnatal de proximité (CPP) fonctionne aujourd'hui avec des praticiens de Flers. Les maternités les plus proches sont celles de Flers (trente-cinq minutes par les départementales 524 et 924), de Saint-Lô (trente-cinq minutes en empruntant la Nationale 174) et d'Avranches (quarante-cinq minutes en prenant l'A84).

La maternité de Falaise cesse ses activités le 28 septembre 2015, peu de temps après avoir obtenu la certification de gestion des risques avec perfection en mars 2014. Au début du mois de juin ; le maire, Monsieur Macé, reçoit une lettre de l'ARS lui demandant de signer sous quarante-huit heures la fermeture de la maternité. Dans l'entretien que j'ai réalisé, il dit qu'il s'attendait à une fermeture, mais pas si rapidement, ni si brusquement. Le nombre d'accouchement y était en diminution depuis 2012 (392 en 2014 alors qu'il y a avait 422 en 2012), mais ce n'est pas la seule explication. Selon le directeur adjoint de l'ARS, Monsieur Kauffmann : « les raisons de l'arrêt des accouchements à la maternité de Falaise sont essentiellement liées aux difficultés de la

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démographie médicale. Pour assurer un service 24h/24, nous avions besoin au moins d'un gynécologue, d'un anesthésiste et d'un pédiatre », et la maternité de Falaise, mais également celle d'Argentan avaient du mal à recruter ces praticiens. C'est pourquoi il a été décidé que les deux équipes travaillent ensemble pour maintenir au moins une maternité. En effet, les deux établissements de tailles moyennes ont préféré se rapprocher plutôt que de fermer chacune leur tour. Le rapprochement est effectif puisque le prochain directeur sera le même pour les deux structures. Aujourd'hui, un centre périnatal de proximité (CPP) a remplacé la maternité. La contrepartie de cette fermeture était qu'un pôle orthopédique soit installé à Falaise avec les médecins d'Argentan, mais ce contrat n'est pas encore respecté. Les maternités les plus proches sont désormais celles d'Argentan (20 minutes de trajet par l'autoroute A88) mais aussi la Polyclinique du Parc de Caen (30 minutes de trajet par la nationale 158, lors de conditions de trafic normal).

Ces deux exemples concernent des maternités de niveau 1, aucune maternité de niveaux 2 ou 3 n'a fermé ses portes en Basse-Normandie.

Bien que souvent, les femmes fassent le choix d'accoucher dans la maternité la plus proche de leur domicile, il reste que le choix d'une maternité n'est pas seulement une question de distance. L'exemple de la maternité de Bayeux, de niveau 1, en est un exemple parmi tant d'autres. En effet, elle est l'une des trois maternités de niveau 1 restantes en Basse-Normandie, c'est la seule dans le Calvados. Sur la page officielle de la maternité de Bayeux38, des femmes ont été invité à répondre pourquoi elles avaient choisi la maternité de Bayeux pour leur accouchement. J'ai repris quelques citations que je trouvais pertinentes. Une mère évoque qu'elle a accouché à Bayeux alors que c'est à deux heures

38 https://www.facebook.com/maternite.bayeux.14/

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de son domicile et elle « ne regrette absolument pas » (Victoria. P). Sabrina. M explique que pour son premier enfant, elle avait accouché à Bayeux, et que pour son deuxième enfant, bien qu'elle habite à St-Lô, elle a préféré accoucher à Bayeux. Lily. B souligne qu'elle vit « à côté de Thury-Harcourt, et même avec une heure de route ça vaut le coup : deux accouchements de rêves et le personnel est plus que disponible. À Bayeux nous ne sommes pas des numéros ! ». Une femme habitant aux « portes de Caen » a préféré choisir la maternité de Bayeux « pour son écoute et sa proximité humaine ». Un « choix capital » selon elle (Isabelle. D). Les choix des parturientes pour la maternité de Bayeux se justifient donc par rapport à sa petite taille et au personnel dit « de proximité ». Cette petite structure attire des femmes extra-départementales pour leurs attachements et les relations de proximités qu'elles jugent primordiales entre les parents et le corps médical-soignant. Bien sûr, le choix d'une maternité de niveau 1 peut se faire lorsque la grossesse est sans risques majeurs.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius