D. Un événement catalyseur...
Nous allons maintenant nous intéresser à ce qu'a
entrainé MP 2013 au niveau des relations institutionnelles, et nous
verrons comment le projet a été un événement
catalyseur, a été suivi par le monde économique et les
pouvoirs publics et comment celui-ci a favorisé la construction
métropolitaine.
Avant tout il convient de préciser que le budget de MP
2013 était de 102,1 millions d'euros pour la durée du projet
(2008-2013), auquel il convient d'ajouter les 4,75 millions d'euros
correspondant à la phase de candidature.
A. É Suivi par le monde économique
Tout d'abord, nous l'avons évoqué, mais il est
bon de le rappeler, le projet MP 2013 a été largement suivi et
porté par le monde économique.
Dès 2003 des chefs d'entreprises, à travers le
groupe des « Mécènes du Sud », avaient mis la culture
au coeur de leur préoccupations et souhaitaient investir dans celle-ci.
Soucieux de l'environnement dans lequel évoluaient les entreprises et
leurs employés, Mécènes Sud a très tôt
soutenu la création artistique liée au territoire
Marseille-Provence. En parallèle la CCIMP menait depuis plusieurs
années des études stratégiques sur le rayonnement et
l'attractivité du territoire. La culture avait été
identifiée comme un levier à renforcer pour attirer touristes et
investisseurs. La perspective d'une Capitale Européenne de la Culture en
France en 2013 est donc apparue comme une opportunité pour les acteurs
économiques. De plus ce projet pouvait s'inscrire dans les
réflexions des acteurs publics, et répondait à des
intérêts partagés par le monde institutionnel et le monde
économique.
Bien que la CCIMP ne soit pas l'instigateur du projet MP 2013,
elle s'est beaucoup impliquée dans la candidature de Marseille et a
produit de nombreuses études pour mieux définir le projet.
L'étude « Que pourrait faire le monde économique dans
une perspective d'une Capitale Européenne de la Culture », a
par exemple abouti et débouché sur la proposition « 1 000
entreprises, 1 000 talents », qui s'est transformée et est devenue
in fine « les ateliers de l'Euroméditerranée ».
Par ailleurs en confiant à Jacques Pfister,
président de la CCIMP, le pilotage du projet de CEC, le maire de
Marseille va envoyer un signal fort. Dans un premier temps il permet de
réunir le monde économique, mais aussi de réunir les
responsables politiques des différents territoires :
« J.Pifster est sollicité par le maire de
Marseille car il rassemble, et peut rallier un territoire métropolitain.
De plus J.Piefster n'est pas un politique, il n'est donc pas clivant et peut
réunir le monde économique » 81 .
Les acteurs économiques vont alors fortement
s'impliquer dans la candidature puis pendant la phase de conception du projet.
Certains accompagneront même l'équipe de MP 2013 lors de
déplacements dans des villes ayant été capitale, afin de
capitaliser sur les expériences antérieures.
81 entretien avec M. Tissot, le 20 novembre 2014.
En 2008, à l'annonce de la désignation de
Marseille-Provence comme CEC, le monde économique va renforcer sa
mobilisation, notamment au niveau financier. Après 3 années de
prospection, MP 2013 a pu compter sur l'engagement de 207 entreprises.
Impliquées à tous les niveaux du dispositif de partenariat mis en
place, ces entreprises ont apporté une contribution de plus de 16,5
millions d'euros.
Ces apports représentent 16% du budget de la CEC et
sont supérieures aux 14,7 millions espérés. Par ailleurs
ce montant intégre des contributions financières, des apports en
nature, mais aussi en compétences. Une part non négligeable des
contributions en nature, 2 millions d'euros, ne correspondait pas à des
postes de dépenses prévus par l'association mais ont
participé à la mise en oeuvre et à la promotion de la
Capitale 82 .
Parmi les entreprises qui se sont mobilisées, il faut
noter que les grandes entreprises locales se sont particulièrement
investies car 8 des 12 premières entreprises du département, en
termes de chiffre d'affaires, étaient partenaires de MP 2013. Il faut
aussi noter que 14 entreprises ont apporté plus des 3/4 des recettes de
mécénat et parrainages à elles seules.
Figure 30 : Ventilation des recettes de
mécénats par niveau de partenariat
Source : Bilan Mécénat de MP 2013
Pour autant le système mis en place par l'association a
aussi permis aux PME de s'investir dans le projet. Avec un « ticket
d'entrée » de 1 000 euros pour rentrer dans le club, MP 2013 a
permis de mobiliser largement les entreprises et plus que lors des
précédentes CEC. En effet Lille 2004 s'était appuyé
sur, seulement, 82 entreprises partenaires qui lui avaient apporté 13
millions d'euros.
Néanmoins le soutien des entreprises à la CEC ne
s'est pas arrêté là car 30% des entreprises ont
communiqué autour de la CEC, qu'elles soient impliquées ou non
dans la préparation et la mise en oeuvre de la CEC. Les PME ont par
ailleurs été plus de 25% à développer de nouveaux
produits ou services en 2013. Cependant tous les secteurs ne se sont pas
mobilisés de la même manière autour du projet ; c'est le
cas des commerces. Bien que supportant la CEC au court de l'année 2013,
94 % d'entre eux n'avaient pas proposé d'actions spécifiques le
week end d'ouverture.
82 MP 2013, Bilan du mécénat de
Marseille-Provence.
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Enfin il faut noter que le monde économique a aussi eu
une participation aux projets culturels. Grandes comme petites entreprises ont
participé de façon renforcée à l'activité
culturelle du territoire. Ceci a pu s'effectuer de deux manières :
à travers l'engagement direct auprès des acteurs culturels et par
la communication sur les projets culturels. Les Ateliers de
l'Euroméditerranée ont montré que les entreprises se
mobilisaient en faveur de la culture, car plus de 60 résidences de
créations artistiques se sont déroulées dans des lieux non
dédiés à l'art. D'autres part de nombreuses entreprises
ont affiché leur soutien au projet à travers l'habillage de leurs
agences, la création de dispositifs favorables à la culture comme
par exemple la distribution de places aux employés.
Tous ces investissements n'ont bien sur pas été
faits sans but. La CCIMP avait identifié depuis longtemps les
bénéfices et les externalités positives d'un tel
événement. Pour autant, le fait que le projet ait
été suivi par le monde économique a permis d'envoyer un
signal fort. Ceci a montré que l'ensemble du territoire était
capable de se réunir autour d'un projet commun. La majorité des
acteurs rencontrés est d'ailleurs satisfaite de cette union autour d'un
projet commun, et trouvait la mobilisation des acteurs économiques
exemplaire.
« On a besoin d'attractivité, il faut mailler
toutes les forces vives de la ville, il faut donner une image
générale de dynamique de la ville. » 83
La CEC a permis de montrer qu'aujourd'hui le territoire est
l'un des plus dynamiques de France. De nombreuses entreprises s'installent sur
celui-ci et Marseille devient une alternative à Paris ou Lyon. A grand
renfort de campagnes et de spots publicitaires, la CCIMP vante les
mérites de la ville et du territoire, pour montrer le dynamisme issu de
l'année Capitale. Cherchant à « rester capitale »,
le territoire souhaite aujourd'hui et demain attirer plus d'entreprises ;
ainsi ce dernier mise sur les entreprises pour encourager son
développement. Devenant ainsi une métropole attractive sur le
plan national mais aussi international, le monde économique a su tirer
profit de 2013 en communiquant sur les externalités du territoire.
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