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Les transformations métropolitaines de Marseille

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par Grégoire Cizeron
Université Paris-Est Marne la vallée - Master Urbanisme, aménagement, transport spécialité stratégies métropolitaines 2013
  

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D. Un événement catalyseur...

Nous allons maintenant nous intéresser à ce qu'a entrainé MP 2013 au niveau des relations institutionnelles, et nous verrons comment le projet a été un événement catalyseur, a été suivi par le monde économique et les pouvoirs publics et comment celui-ci a favorisé la construction métropolitaine.

Avant tout il convient de préciser que le budget de MP 2013 était de 102,1 millions d'euros pour la durée du projet (2008-2013), auquel il convient d'ajouter les 4,75 millions d'euros correspondant à la phase de candidature.

A. É Suivi par le monde économique

Tout d'abord, nous l'avons évoqué, mais il est bon de le rappeler, le projet MP 2013 a été largement suivi et porté par le monde économique.

Dès 2003 des chefs d'entreprises, à travers le groupe des « Mécènes du Sud », avaient mis la culture au coeur de leur préoccupations et souhaitaient investir dans celle-ci. Soucieux de l'environnement dans lequel évoluaient les entreprises et leurs employés, Mécènes Sud a très tôt soutenu la création artistique liée au territoire Marseille-Provence. En parallèle la CCIMP menait depuis plusieurs années des études stratégiques sur le rayonnement et l'attractivité du territoire. La culture avait été identifiée comme un levier à renforcer pour attirer touristes et investisseurs. La perspective d'une Capitale Européenne de la Culture en France en 2013 est donc apparue comme une opportunité pour les acteurs économiques. De plus ce projet pouvait s'inscrire dans les réflexions des acteurs publics, et répondait à des intérêts partagés par le monde institutionnel et le monde économique.

Bien que la CCIMP ne soit pas l'instigateur du projet MP 2013, elle s'est beaucoup impliquée dans la candidature de Marseille et a produit de nombreuses études pour mieux définir le projet. L'étude « Que pourrait faire le monde économique dans une perspective d'une Capitale Européenne de la Culture », a par exemple abouti et débouché sur la proposition « 1 000 entreprises, 1 000 talents », qui s'est transformée et est devenue in fine « les ateliers de l'Euroméditerranée ».

Par ailleurs en confiant à Jacques Pfister, président de la CCIMP, le pilotage du projet de CEC, le maire de Marseille va envoyer un signal fort. Dans un premier temps il permet de réunir le monde économique, mais aussi de réunir les responsables politiques des différents territoires :

« J.Pifster est sollicité par le maire de Marseille car il rassemble, et peut rallier un territoire métropolitain. De plus J.Piefster n'est pas un politique, il n'est donc pas clivant et peut réunir le monde économique » 81 .

Les acteurs économiques vont alors fortement s'impliquer dans la candidature puis pendant la phase de conception du projet. Certains accompagneront même l'équipe de MP 2013 lors de déplacements dans des villes ayant été capitale, afin de capitaliser sur les expériences antérieures.

81 entretien avec M. Tissot, le 20 novembre 2014.

En 2008, à l'annonce de la désignation de Marseille-Provence comme CEC, le monde économique va renforcer sa mobilisation, notamment au niveau financier. Après 3 années de prospection, MP 2013 a pu compter sur l'engagement de 207 entreprises. Impliquées à tous les niveaux du dispositif de partenariat mis en place, ces entreprises ont apporté une contribution de plus de 16,5 millions d'euros.

Ces apports représentent 16% du budget de la CEC et sont supérieures aux 14,7 millions espérés. Par ailleurs ce montant intégre des contributions financières, des apports en nature, mais aussi en compétences. Une part non négligeable des contributions en nature, 2 millions d'euros, ne correspondait pas à des postes de dépenses prévus par l'association mais ont participé à la mise en oeuvre et à la promotion de la Capitale 82 .

Parmi les entreprises qui se sont mobilisées, il faut noter que les grandes entreprises locales se sont particulièrement investies car 8 des 12 premières entreprises du département, en termes de chiffre d'affaires, étaient partenaires de MP 2013. Il faut aussi noter que 14 entreprises ont apporté plus des 3/4 des recettes de mécénat et parrainages à elles seules.

Figure 30 : Ventilation des recettes de mécénats par niveau de partenariat

Source : Bilan Mécénat de MP 2013

Pour autant le système mis en place par l'association a aussi permis aux PME de s'investir dans le projet. Avec un « ticket d'entrée » de 1 000 euros pour rentrer dans le club, MP 2013 a permis de mobiliser largement les entreprises et plus que lors des précédentes CEC. En effet Lille 2004 s'était appuyé sur, seulement, 82 entreprises partenaires qui lui avaient apporté 13 millions d'euros.

Néanmoins le soutien des entreprises à la CEC ne s'est pas arrêté là car 30% des entreprises ont communiqué autour de la CEC, qu'elles soient impliquées ou non dans la préparation et la mise en oeuvre de la CEC. Les PME ont par ailleurs été plus de 25% à développer de nouveaux produits ou services en 2013. Cependant tous les secteurs ne se sont pas mobilisés de la même manière autour du projet ; c'est le cas des commerces. Bien que supportant la CEC au court de l'année 2013, 94 % d'entre eux n'avaient pas proposé d'actions spécifiques le week end d'ouverture.

82 MP 2013, Bilan du mécénat de Marseille-Provence.

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Enfin il faut noter que le monde économique a aussi eu une participation aux projets culturels. Grandes comme petites entreprises ont participé de façon renforcée à l'activité culturelle du territoire. Ceci a pu s'effectuer de deux manières : à travers l'engagement direct auprès des acteurs culturels et par la communication sur les projets culturels. Les Ateliers de l'Euroméditerranée ont montré que les entreprises se mobilisaient en faveur de la culture, car plus de 60 résidences de créations artistiques se sont déroulées dans des lieux non dédiés à l'art. D'autres part de nombreuses entreprises ont affiché leur soutien au projet à travers l'habillage de leurs agences, la création de dispositifs favorables à la culture comme par exemple la distribution de places aux employés.

Tous ces investissements n'ont bien sur pas été faits sans but. La CCIMP avait identifié depuis longtemps les bénéfices et les externalités positives d'un tel événement. Pour autant, le fait que le projet ait été suivi par le monde économique a permis d'envoyer un signal fort. Ceci a montré que l'ensemble du territoire était capable de se réunir autour d'un projet commun. La majorité des acteurs rencontrés est d'ailleurs satisfaite de cette union autour d'un projet commun, et trouvait la mobilisation des acteurs économiques exemplaire.

« On a besoin d'attractivité, il faut mailler toutes les forces vives de la ville, il faut donner une image générale de dynamique de la ville. » 83

La CEC a permis de montrer qu'aujourd'hui le territoire est l'un des plus dynamiques de France. De nombreuses entreprises s'installent sur celui-ci et Marseille devient une alternative à Paris ou Lyon. A grand renfort de campagnes et de spots publicitaires, la CCIMP vante les mérites de la ville et du territoire, pour montrer le dynamisme issu de l'année Capitale. Cherchant à « rester capitale », le territoire souhaite aujourd'hui et demain attirer plus d'entreprises ; ainsi ce dernier mise sur les entreprises pour encourager son développement. Devenant ainsi une métropole attractive sur le plan national mais aussi international, le monde économique a su tirer profit de 2013 en communiquant sur les externalités du territoire.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci