B. Marseille-Provence, une candidature
nécessaire suivie par l'ensemble du territoire
L'autre élément fort de la candidature et, qui
selon différents acteurs rencontrés, va être très
vite mis en avant, est la candidature d'un territoire dépassant les
limites de la ville. Contrairement à ce que pourrait dire Boris
Grésillon 56, l'idée d'une candidature au territoire
élargi n'est pas née avec la CCI, mais avec la coopération
métropolitaine.
«La coopération métropolitaine
s'intéresse aux transports, à l'emploi, aux services publics qui
concernent la jeunesse, à l'attractivité économique.
L'idée du volet culturel émerge ensuite. L'idée d'une
candidature large est alors née et a fait son chemin.
Différemment de ce que pense B. Grésillon, la CCI n'est pas
l'instigateur de la candidature élargie, mais elle a porté la
candidature métropolitaine. » 57
S'inspirant de Lille 2004, la candidature de Marseille va
rassembler l'ensemble du territoire métropolitain et proposer un
réel projet culturel de territoire. La candidature du territoire est
alors portée à l'échelle métropolitaine pour que
les autres villes profitent de la Capitale Européenne de la Culture et
de ses retombées, mais aussi pour qu'elles y contribuent. Significatif
d'un réel effort, le projet de MP 2013 est une vraie réussite en
terme de coopération territoriale dans une aire métropolitaine
où celle-ci n'est pas évidente.
« Par ailleurs le dossier de candidature était
d'une très grande qualité et il a visé juste en
réunissant les territoires. Le parti pris est excellent car la ville qui
a « pris » le plus, Marseille, est celle qui a le moins à
mettre en avant, hormis la réunion des territoire et des
identités. » 58
56 B.Grésillon, Un enjeu « capitale » :
Marseille Provence 2013.
57 entretien avec P. Challende, le 21 novembre 2014.
58 entretien avec A. Sorrentino, le 27 novembre 2014.
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Figure 21 : Territoire de Marseille-Provence 2013

Source : Dossier de sélection 2008
Cette coopération territoriale et le projet ont aussi
été fortement encouragés et portés par les discours
des acteurs locaux. Adoptant un ton et un langage appropriés, les
responsables politiques vont montrer lors de la candidature, une certaine
unité autour du projet et une nécessité concernant
l'accueil de cet événement. Il faut bien comprendre que le titre
de Capitale Européenne de la Culture n'est pas vu comme une
récompense pour le territoire, mais est là pour l'encourager.
Jean-Claude Gaudin, député-maire de Marseille, après avoir
vanté les mérites de sa ville, insiste sur l'apport positif que
pourrait avoir le titre de Capitale Européenne de la Culture.
« Cependant, de nombreux handicaps restent à
combler et la richesse constituée par les espaces, les hommes et femmes
du territoire est encore contrastée: la relative pauvreté du
territoire (économie, chômage...), le manque d'animation nocturne
des villes, les difficultés dans l'organisation des transports
collectifs, la propreté, la fragile attractivité internationale,
la faible reconnaissance et le manque de rayonnement au-delà de
certaines frontières... sont les défis à relever pour les
années à venir. Pour y parvenir, le titre de Capitale
Européenne de la Culture serait à la fois un irremplaçable
encouragement et la juste reconnaissance d'efforts déjà
accomplis. » 59
59 MP 2013, Capitale Européenne de la Culture Dossier
de candidature de 2007, p.5.
77
Même B.Latarjet, directeur de l'association MP 2013
jusqu'en 2010, souligne le fait que la candidature de Marseille a «
habilement défendu l'argument qu'il fallait nous sélectionner
parce que nous étions les plus mauvais (É) par rapport aux trois
autres villes finalistes, que nous avions le plus besoin du titre de capitale
culturelle » 60.
Contrairement à Essen, Capitale Européenne de la
Culture en 2010, le titre n'est donc pas venu pour récompenser le
territoire et la construction métropolitaine, mais pour l'encourager.
Ulrich Fuchs, directeur adjoint de MP 2013 à partir de 2010
résume et confirme ceci très simplement : « C'est le
projet culturel qui a lancé la métropole ». La CEC a
permis de faire discuter, échanger et travailler ensemble des villes et
des communautés urbaines qui n'avaient avant que très peu de
rapports. L'adhésion au projet ne s'est pas faite sans de nombreux
débats et discussions parfois houleuses entre responsables politiques.
Bien que certaines collectivités, comme Toulon, soient sorties du projet
MP 2013, le projet de territoire a été une réussite et il
constituait un vrai défi lors de la candidature en 2007.
La multi-territorialité de la programmation et son
ancrage sur les différents territoires de la capitale ont permis de
réaliser un réel projet culturel de territoire. Par ailleurs la
tenue de projet de MP 2013 se déroulant dans différents lieux a
favorisé la coopération territoriale et l'émergence d'un
projet commun là où ceci était impensable.
MP 2013 est donc à plusieurs égards un projet
réussi, tant au niveau culturel, qu'au niveau territorial. Au niveau
culturel le projet a proposé une programmation variée et s'est
inscrit dans le processus de Barcelone, à travers une mise en avant de
l'échange et de l'interculturalité ; au niveau territorial le
projet en réunissant les différentes collectivités
à permis de produire un réel projet commun ; il a ainsi
entrainé une coopération territoriale et a amorcé le
projet métropolitain.
Nous allons désormais voir comment le projet MP 2013
s'est inscrit dans l'espace public et quels ont été les grands
moments de l'année capitale.
60 B. Grésillon, Un enjeu « capitale
» : Marseille-Provence 2013,
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