I.3- Chocs économiques et leurs absorptions
Trichet (2005) faisait remarquer à l'OCDE que
?l'économie ne dort jamais ; elle est affectée en permanence
par des perturbations de toute nature : chocs financiers, chocs de demande,
chocs d'offre, etc. Il n'est pas aisé d'identifier ces chocs en temps
réel, et encore moins de les prévoir. ?7 On peut
définir un choc économique comme une modification imprévue
de l'offre et/ou de la demande agrégées. Les chocs sont, dans une
large mesure, imprévus et non anticipés sur les marchés.
Il existe deux (02) types de chocs dans les unions monétaires :
les chocs symétriques et les chocs asymétriques. L'analyse
économique prédit qu'en cas de choc symétrique, il est
efficace d'appartenir à une union monétaire. Ce qui évite
des mouvements sur les taux de change (facteurs d'instabilité) et qui
évite d'augmenter les taux d'intérêt pour résister
à des attaques spéculatives sur les parités. Alors il
serait judicieux pour nous d'aborder la sensibilité des économies
aux chocs asymétriques, ensuite parler des politiques de stabilisations
des chocs asymétriques et enfin les mécanismes d'ajustement aux
chocs asymétriques.
I.3.1- La sensibilité des économies aux
chocs asymétriques
La sensibilité aux chocs asymétriques tient aux
caractéristiques structurelles et
à un manque d'intégration. Le degré de
synchronisation des cycles économiques
7 TRICHET J. C. (2005) : « La politique
monétaire européenne : du bon usage des statistiques »,
Observateur de l'OCDE N° 246/247. Décembre
2004-Janvier 2005. P 25.
dépend des facteurs tels que la similarité de
structure économique, l'ouverture commerciale et financière, la
présence de type de chocs idiosyncratique et l'efficacité des
mécanismes d'ajustement face à ces chocs (De Grauwe, 2005).
Certains auteurs (Frankel et Rose, 1998) ont fait valoir que le
caractère synchrone des cycles économiques peut être
endogène et s'accroitre dans le temps avec le niveau
d'intégration économique au sein d'une union monétaire.
Les pays de l'UEMOA se caractérisent par des structures
économiques hétérogènes. En outre, une
diversification économique limitée et la diversité des
conditions géographiques les rendent sensibles à la
volatilité de la production. Bien qu'ils appartiennent à une
union monétaire depuis des décennies, l'intégration des
échanges et des marchés du travail et des capitaux n'a pas
sensiblement progressé. La volatilité de la production reste
forte. Le graphique n°1 suivant illustre la vulnérabilité
des économies de l'UEMOA.
Graphique 1 : Vulnérabilité des
économies de l'UEMOA
Source : Tiré du rapport du FMI (2013)
Au-delà de la dimension d'absorption des chocs, il se
pose la synchronisation des cycles économiques au sein de l'UEMOA. Au
cours de la période de 1980 à 2012, la synchronisation de cycles
économiques au sein de l'UEMOA a été faible (en moyenne
0,2 environ), variant d'à peu près (-0,2) pour le Togo
(économie dont le cycle est le moins synchronisé) à
environ (0,5) pour le Mali et (0,6) pour le Burkina Faso (cycle le plus
synchronisé). Le degré de synchronisation des cycles
économiques varie au cours des trois décennies passées,
passant par un creux durant les années 1990 avant d'augmenter dans les
années 2000. Il a diminué de nouveau dans les dernières
années ; la raison possible en étant l'instabilité
politique dans un certain nombre de pays (Cote d'Ivoire, Guinée Biseau,
Mali). La corrélation des cycles économiques a eu tendance
à être plus forte pour les pays enclavés (Burkina Faso,
Mali, Niger) qui dépendent plus du commerce intra- UEMOA et plus faible
pour les pays qui ont des liens commerciaux plus étroits hors de la zone
(Bénin, Sénégal et Togo) (FMI, 2013). L'utilisation du
tableau n°2 nous permet de représenter cette corrélation des
cycles économiques.
Tableau 2: Corrélation des cycles
économiques entre les divers pays et l'ensemble de l'UEMOA de 1980
à 2012.
|
Années 80
|
Années 90
|
Années 2000
|
Depuis 2007-2012
|
Bénin
|
0,37
|
0,12
|
0,47
|
-0,11
|
Burkina Faso
|
0,76
|
0,57
|
0,71
|
0,44
|
Côte d'Ivoire
|
0,35
|
-0,13
|
0,26
|
0,03
|
Guinée Biseau
|
0,63
|
0,03
|
0,30
|
0,15
|
Mali
|
0,36
|
0,63
|
0,90
|
0,43
|
Niger
|
0,34
|
0,11
|
0,56
|
0,41
|
Sénégal
|
0,12
|
0,14
|
0,39
|
0,05
|
Togo
|
0,22
|
-0,80
|
-0,03
|
0,17
|
UEMOA
|
0,39
|
0,08
|
0,45
|
0,20
|
Source : FMI (2013)
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