I.2.3-
L'hétérogénéité du marché des biens
et services
Il est important de reconnaitre actuellement que dans la zone
UEMOA, même si les différents marchés nationaux sont mis en
relation directe, ils restent pour ainsi dire juxtaposés, et certaines
règles du jeu économique sont fixées par chaque
État. Ce qui constitue un puissant obstacle aux échanges à
l'intérieur du marché unique. Ainsi, malgré les
progrès de l'intégration économique, les échanges
commerciaux restent soumis aux barrières non tarifaires (comme des
réglementations différentes dans les différents
États) et les économies restent aussi très diverses en
matière d'institutions et de systèmes sociaux.
En outre, la concurrence sur le marché sous
régional de l'UEMOA a accentué
l'hétérogénéité en matière de
spécialisation productive : la libéralisation des échanges
pousse certains pays comme la Côte d'Ivoire et le
Sénégal (plus industrialisés) à polariser le
marché sur certains produits comme le ciment,l'engrais et les produits
pétroliers par rapport au reste de l'union. En situation d'incertitude,
les entreprises vont en effet profiter de la faible distance qui les
sépare les unes des autres pour bénéficier des
fournisseurs et des clients des autres, de la diversité de l'offre de
production, de l'importance du marché du travail et du partage des
infrastructures.
Dans l'UEMOA, Akpo (2017) a étudié
l'hétérogénéité du marché des biens
et services en utilisant le déflateur du PIB. Les résultats
concluent que les déflateurs via le taux d'inflation sont très
hétérogènes : les chiffres en moyennes pour la
période de 1980 à 2014 révèlent que cet indicateur
varie d'un pays à l'autre. Il est de (79%) pour le Mali ; (72 %) au
Niger ; (72%) pour le Sénégal ; (70%) au Burkina Faso alors que
pour d'autres il se situe à (65%) pour le Togo ; (66%) au Bénin
et (65%) pour la Côte d'Ivoire.
Ndiaye et Konte (2012) à partir d'un modèle VAR
Bayésien en panel, montrent que l'efficacité relative d'une
politique monétaire se manifeste à travers le degré de
réaction pour les chocs affectant l'inflation, le taux d'importation et
les termes de l'échange. Cette situation, combinée au
degré élevé d'ouverture des économies, accentue la
vulnérabilité en raison de la forte dépendance en biens
d'investissement, en produits pétroliers et en certaines denrées
alimentaires. Les travaux s'inspirant de la théorie de la croissance
mettent en évidence les processus de â convergence et de convergence. Honohan et Lane (2003) analysent
l'hétérogénéité du marché des biens
et services en mettant en exergue les facteurs cycliques tels que les
différentiels de productivité, le degré d'ouverture des
économies, les effets du taux de change à partir de la
â convergence. Parallèlement, Angeloni et Ehrmann (2004) ont
utilisé les variations du prix du baril de pétrole, ou encore le
niveau de l'activité, mesuré par le gap de production pour
apprécier le degré de convergence des pays en union. Doré
et Masson (2002) affirment que les divergences portent sur les structures
économiques ; en particulier le marché des biens et services.
La question de
l'hétérogénéité structurelle au sein d'une
union monétaire compromet l'efficacité des mesures de politique
économique. L'une des solutionsque propose la littérature est de
partir d'une convergence nominale (via la convergence des variables
budgétaires) pour réduire les différents niveaux
d'hétérogénéités structurelles que l'on
pourrait observer au sein d'une union monétaire. Cette idée
défendue par les auteurs Asensio et al., (2003) pour qui, la convergence
budgétaire n'est pas seulement un phénomène
exogène, mais peut résulter d'une réduction de
l'hétérogénéité structurelle. Mieux, Villieu
(2001) postule qu'il existe une relation entre la convergence budgétaire
et l'hétérogénéité structurelle.
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